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GA/SM/192

NOUS DEVONS NOUS ABSTENIR DES PRATIQUES HABITUELLES ET PROMOUVOIR LE PARTENARIAT ET LA SOLIDARITE,SUGGERE LE PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE

5 septembre 2000


Communiqué de Presse
GA/SM/192


NOUS DEVONS NOUS ABSTENIR DES PRATIQUES HABITUELLES ET PROMOUVOIR LE PARTENARIAT ET LA SOLIDARITE,SUGGERE LE PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE

20000905

On trouvera ci-après le texte de la déclaration que le Président de l’Assemblée générale, Harri Holkeri (Finlande), a prononcée à la suite de son élection à la présidence de la cinquante-cinquième session de l’Assemblée :

Je suis très touché par la confiance qui, à travers cette élection, s’est manifestée à l’égard de mon pays et de moi-même. Je ferai de mon mieux pour me montrer digne de l’honneur d’avoir été élu Président de la cinquante-cinquième Assemblée générale. Soyez assurés qu’à compter de ce jour, je suis le Président de tous ses Membres.

Le fait que cette session de l’Assemblée générale ait été désignée Assemblée du millénaire de l’Organisation des Nations Unies confère au privilège de servir les États Membres une importance capitale. Le Sommet du Millénaire qui va se tenir cette semaine rassemblera un nombre sans précédent de chefs d’État ou de gouvernement. Coprésidé par les Présidents Tarja Halonen de la Finlande et Sam Nujoma de la Namibie, le Sommet est un moment symbolique exceptionnel. La Déclaration du Sommet rendra compte du projet commun aux États Membres à ce moment-là. Elle orientera nos travaux non seulement pendant l’Assemblée du Millénaire, mais pour des années.

Je suis profondément reconnaissant à mon très illustre prédécesseur, Theo- Ben Gurirab, Président de la cinquante-quatrième session de l’Assemblée générale de n’avoir épargné aucun effort pour assurer le succès du Sommet du Millénaire et de la session de l’Assemblée. Tous mes voeux de réussite l’accompagnent alors qu’il reste au service de son peuple en sa qualité de Ministre des affaires étrangères de la Namibie.

Je tiens également à rendre hommage à M. Kofi Annan, le Secrétaire général, pour l’esprit d’initiative, le courage et la vision dont il a une fois de plus fait preuve. Son rapport – « Nous les peuples » – a ouvert la voie au Sommet. Il nous a également fixé de nouvelles normes en ce qui concerne la clarté des objectifs, la pertinence et la lisibilité.

En remerciant tous les États Membres de leur confiance, je suis plus particulièrement reconnaissant de son appui au Groupe des États d’Europe occidentale et autres États. Pour la Finlande, cette présidence survient alors que le pays est Membre de l’Organisation des Nations Unies depuis près de 45 ans. Au cours des dernières décennies, la Finlande et les Finlandais ont eu

la possibilité de se mettre au service de l’Organisation de bien des façons. Il m’incombe à présent de servir l’Organisation et son Assemblée générale, qui est le principal organe délibérant, directif et représentatif de l’Organisation des Nations Unies.

L’Organisation a été – et est encore – l’une des pierres angulaires de la politique étrangère finlandaise. La Finlande entend servir dans un cadre multilatéral les buts et principes de l’Organisation des Nations Unies consacrés par la Charte.

Pour mon pays, le multilatéralisme est donc un moyen de promouvoir une plus grande égalité sociale, la démocratie et les droits de l’homme, et en particulier les droits de la femme et des fillettes. La coopération finlandaise pour le développement s’articule également autour de ces objectifs et des objectifs généraux du développement humain durable, de l’atténuation de la pauvreté et de la lutte contre les menaces qui pèsent sur l’environnement mondial.

Dans l’esprit du multilatéralisme, la Finlande a également participé activement aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies depuis la crise de Suez jusqu’au sud du Liban et les Balkans. Depuis les années 50, des milliers d’hommes et de femmes finlandais ont servi avec dévouement la cause du maintien de la paix et de la sécurité des Nations Unies.

Le Sommet du Millénaire qui se tient cette semaine et sa déclaration vont enclencher une dynamique qui contribuera puissamment à la mise en oeuvre de l’ordre du jour mondial et ses objectifs de développement tels qu’ils ont été définis dans les conférences mondiales tenues au cours des années 90. La Déclaration représentera un mandat officiel pour nos travaux et pour ma présidence. Notre ordre du jour comporte un point qui m’est cher. Il s’agit de l’enseignement primaire et secondaire, en particulier féminin. L’éducation est un élément essentiel de l’économie mondiale et nous devons honorer les engagements que nous avons pris dans ce domaine.

Il appartiendra à l'Assemblée générale de saisir cette occasion pour concrétiser l’engagement politique des chefs d’État ou de gouvernement ici réunis. L’Assemblée générale et ses grandes commissions doivent encadrer les autres instances du système des Nations Unies et tenir compte des résultats du Sommet dans leurs travaux. Nous devons nous abstenir de toute mentalité qui suppose le maintien des pratiques habituelles.

Il est également indispensable de procéder sans retard à l’examen des recommandations du rapport du Groupe d’étude sur les opérations de paix des Nations Unies.

Nous ne devons épargner aucun effort pour mettre à un coût peu élevé les nouvelles technologies à la disposition de tous. Je suis convaincu que les technologies de l’information et de la communication peuvent beaucoup pour le développement, qu’il s’agisse de diminuer la pauvreté, d’améliorer l’éducation ou de lutter contre le VIH/sida et les autres maladies infectieuses. Elles peuvent nous aider à mieux comprendre les changements climatiques et les autres problèmes liés à l’environnement, voire à aménager de meilleurs quartiers venant remplacer les taudis. En d’autres termes, elles favorisent la réalisation d’objectifs concrets qui vont figurer dans la Déclaration du Sommet.

Pour l’Assemblée générale, il s’agit bien là d’une tâche immense. Je vais à présent indiquer comment nous pouvons l’exécuter. Nous devons solliciter la coopération du monde entier, renforcer la transparence de l’Assemblée générale et améliorer son efficacité. La politique d’ouverture en direction de la société civile est étroitement liée à la raison d’être de l’Organisation des Nations Unies. C’est un défi que l’Organisation peut accepter et qui peut lui permettre de progresser ou qu’elle peut s’abstenir de relever, en s’interdisant alors de progresser. Le dialogue et l’inclusion devraient être de règle. L’apparition d’un réseau mondial fort et viable d’organisations non gouvernementales est un fait. Nous savons tous que leurs travaux sont indispensables et complètent dans bien des domaines l’action de l’Organisation des Nations Unies. On en a eu une preuve tout à fait récente lors du Forum du Millénaire; j’espère que les gouvernements prendront le temps de réfléchir à ses résultats.

Le secteur privé fait partie de la société civile. L’Organisation des Nations Unies étudie actuellement de nouveaux moyens de collaborer avec le secteur privé afin de s’assurer que celui-ci tienne dûment compte de notre action et des normes définies pour le bienfait de tous. À cet égard, je tiens à exprimer mon appui aux initiatives récemment prises par le Secrétaire général.

Par ailleurs, notre objectif doit être d’améliorer la compréhension, la collaboration et la complémentarité des activités entre l’Organisation des Nations Unies et les institutions financières internationales.

Afin d’être efficace et d’obtenir la reconnaissance qu’elle mérite, l’Assemblée générale doit travailler de manière transparente et compréhensible. Si l’Assemblée générale ne veut pas se transformer en tour d’ivoire, dont les travaux ne seraient compris que par des experts des Nations Unies, elle doit être capable d’expliquer en quoi son action intéresse le monde entier. En tant que Président, mon objectif est de travailler dans la transparence et ce sera d’ailleurs l’une de mes requêtes aux présidents des grandes commissions et au Secrétariat.

Je suis convaincu que pour faire la différence et valoriser son action, l’Assemblée générale doit régler de manière ciblée, cohérente et rapide les défis que posent la mondialisation et les mutations rapides. Ce faisant, elle doit répondre aux priorités actuelles de ses États Membres, ce qui exige de la volonté pour réexaminer les intentions initiales des organes délibérants de l’Assemblée générale et étudier la meilleure façon d’en tenir compte dans les activités de l’Organisation.

Toutefois, l’Assemblée générale n’est pas seulement synonyme de mandats et de réalisations concrètes. Afin d’engager un dialogue sur un pied d’égalité, la communauté internationale a besoin de l’Assemblée générale. Pour les pays, même le dialogue le plus onéreux revient considérablement moins cher que le conflit armé le moins onéreux. Les objectifs définis lors des grandes conférences mondiales tenues dans les années 90 témoignent de l’importance du dialogue pour le développement.

Comme dans tout organe délibérant, il y a forcément un certain degré d’esprit partisan et de manoeuvres politiques au sein de l’Assemblée générale. Après tout, il existe vraiment des différences d’intérêts et de points de vue entre les États Membres. Toutefois, l’Assemblée générale perd toute efficacité lorsqu’elle se transforme en organe monolithique et lorsqu’il y règne le « nous- contre-eux ». À l’occasion de cette Assemblée du Millénaire, j’engage les États Membres à oeuvrer dans un esprit de partenariat et de solidarité.

À mon sens, le rôle du Président de l’Assemblée générale est celui d’un facilitateur, d’un conciliateur et d’un créateur de consensus. Il doit faire preuve d’un esprit d’initiative, ce à quoi je m’emploierai, mais sans l’appui des autres membres, son rôle de précurseur ne servirait à rien. Au cours de cette session de l’Assemblée générale, il nous faudra prendre des décisions difficiles, dans certains cas à contrecoeur. Ces décisions exigent de nous un esprit de dialogue et de participation.

Je n’épargnerai aucun effort pour orienter les travaux de l’Assemblée avec efficacité. Je ne me fais aucune illusion sur le fait que l’on puisse trouver des solutions rapides. Je crois que ce sont souvent les petites choses concrètes qui comptent et finissent par faire la différence. L’une des premières mesures consistera à commencer toujours à l’heure les séances plénières de l’Assemblée. J’espère que les présidents des grandes commissions s’engageront également à faire de même. Le but n’est pas seulement d’utiliser nos ressources communes de manière rationnelle mais c’est le minimum que nous puissions faire pour faire preuve de respect et de courtoisie les uns à l’égard des autres.

Je m’emploierai aussi à maintenir un dialogue étroit avec les présidents et les bureaux des grandes commissions, ainsi qu’avec le Secrétariat. Les six présidents qui sont sur le point d’être élus constituent la pierre angulaire des travaux quotidiens de l’Assemblée générale. J’entends également entretenir des contacts étroits avec les Présidents du Conseil de sécurité et du Conseil économique et social.

En ce qui concerne le Secrétariat, il est un partenaire indispensable sans lequel nos actions s’enliseraient. Je félicite les fonctionnaires de l’Organisation, tant au Siège que sur le terrain, pour leur dévouement, leur détermination et leur acharnement au travail. Je tiens en particulier à rendre hommage aux fonctionnaires qui, en ce moment même, mettent leur vie en danger pour servir cette Organisation.

Je crois en l’être humain et je crois en l’Organisation des Nations Unies. Je suis convaincu que nous pouvons vivre en paix et en harmonie parce que le pouvoir de nos valeurs et objectifs communs dépasse nos différences. Notre force réside dans la diversité des êtres humains et dans la différence des origines sociales, des compétences et des connaissances. En tant que père et grand-père, je rêve d’un monde meilleur pour mes enfants et mes petits-enfants.

Au cours de mon mandat, je ferai tout mon possible pour servir au mieux l’Organisation des Nations Unies et tous ses États Membres. Pour ce faire, j’ai besoin de votre appui et de votre aide. Je souhaiterais inviter tout le monde à oeuvrer ensemble au cours de cette Assemblée du Millénaire. Ne soyons pas effrayés par les difficultés et les incertitudes à venir, faisons plutôt le choix de la coopération, de la compréhension mutuelle et de la confiance.

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.