LA NOUVELLE DIPLOMATIE DEMOCRATIQUE DOIT SE TRADUIRE PAR UNE PLUS GRANDE PARTICIPATION DE LA SOCIETE CIVILE AUX NEGOCIATIONS INTERNATIONALES
Communiqué de Presse
ONG/369
LA NOUVELLE DIPLOMATIE DEMOCRATIQUE DOIT SE TRADUIRE PAR UNE PLUS GRANDE PARTICIPATION DE LA SOCIETE CIVILE AUX NEGOCIATIONS INTERNATIONALES
20000829La 53ème Conférence annuelle du Département de linformation des Nations Unies et des organisations non gouvernementales (DPI/ONG), qui fait partie intégrante du processus du millénaire a poursuivi ce matin ses travaux et a organisé dans ce cadre un groupe de réflexion sur le thème : La nouvelle diplomatie démocratique: la société civile en tant que partenaire de lOrganisation des Nations Unies et des gouvernements.
Destinée à développer lapplication concrète dune nouvelle diplomatie démocratique, à savoir le partenariat pratique entre les gouvernements, lOrganisation des Nations Unies et la société civile, pour négocier des changements sociaux propres à améliorer la condition humaine, la nouvelle diplomatie démocratique part du postulat vérifié que lorsque les gouvernements négocient seuls les problèmes et les conflits, les voix de la société civile sont rarement entendues et les résultats souhaités sont rarement obtenus.
Ouvrant la réunion de ce matin, M. Jayantha Dhanapala, Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires de désarmement, a déclaré que les efforts internationaux de désarmement aboutiraient à de meilleurs résultats si les populations et la société civile étaient mieux informées des enjeux et de la nature des négociations. Tout en reconnaissant que les ONG et la société civile avaient souvent fait entendre leurs demandes de réduction des armements nucléaires, M. Dhanapala a regretté quil nen soit pas de même en ce qui concerne les armements classiques. Pire, a-t-il déploré, même du côté des ONG, on remarque que sur les presque 2000 dentre elles qui sont accréditées auprès de lONU, seul un petit nombre sont originaires des pays du Sud qui sont pourtant les plus affectés par des conflits faisant usage darmes classiques et de petit calibre. La nouvelle diplomatie démocratique, a-t-il estimé, devrait mettre laccent sur la participation des sociétés civiles et des populations des pays concernés à tout débat sur le contrôle de ces armements dont la fabrication, le transfert et lusage affectent leurs conditions de vie.
Intervenant après M. Dhanapala, plusieurs orateurs ont présenté des exposés mettant en relief le manque de cadres et de structures de consultation permettant une participation de la société civile aux réflexions et aux prises de décisions internationales, notamment en matière économique, financière, politique et de droits de la personne humaine. A ce sujet M. Alejandro Bendaña, Directeur du
Centre détudes internationales de Managua au Nicaragua a estimé que même si le phénomène de la mondialisation était aussi inévitable que celui de la gravité, il est cependant évident quil ne favorise pas le développement durable et doit, de ce fait, être remis en question. Arguant que la solution aux problèmes de développement nest pas la libéralisation, M. Bendaña a exprimé ses craintes face à linfluence croissante donnée par lONU au secteur privé par lintermédiaire du Contrat mondial passé il y a quelques mois. Les bonnes intentions ne suffisent pas, a-t-il souligné, en relevant aussi que tous les gouvernements qui financent les groupes de pression et des campagnes favorables à laide publique au développement sont, parallèlement, membres du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale où ils défendent radicalement les mesures dajustement structurel. Parlant du rôle de la société civile dans la nouvelle diplomatie démocratique, M. Bendaña a regretté que de nombreuses ONG subissent linfluence de certains donateurs et de gouvernements, oubliant leur principe directeur de base qui est celui de lalliance sociale en faveur des populations.
Ont également pris la parole ce matin, M. Pierre Schori, Représentant permanent de la Suède auprès des Nations Unies, Mme Betty Murungi (Kenya), Membre de la Fédération internationale des femmes avocates , et Mme Indira Rosenthal, Avocate-Conseil à Human Rights Watch.
La Conférence DP/ONG poursuivra ses travaux cet après-midi à 15 heures par un groupe de réflexion sur la politique dintervention humanitaire dans ses rapports avec les ONG et leur interaction avec les organes de décision de la communauté internationale, en particulier lONU.
La nouvelle diplomatie démocratique: la société civile en tant que partenaire de lOrganisation des Nations Unies et des gouvernements
Exposés liminaires
M. JAYANTHA DHANAPALA, Secrétaire général adjoint aux affaires de désarmement des Nations Unies, animateur de ce groupe de réflexion, a relevé limportance du thème de réflexion de ce matin. Le rôle des diplomates a changé de manière dramatique ces dernières décennies grâce aux nouvelles technologies des transports et des communications. Les diplomates sont beaucoup moins isolés que par le passé par rapport à leur capitale. Cette nouvelle révolution amène à redéfinir la profession même de diplomate. De nouveaux participants sont aussi entrés dans le jeu diplomatique. La nature de la transmission passive des messages et les fonctions de représentation ont changé, la société civile devenant un acteur actif et un moyen dinfluence des politiques. Personne par exemple, du côté des Etats, naurait pu contester le bien-fondé des plaidoyers en faveur de lélimination des mines terrestres antipersonnel, et il en est de même de la campagne en faveur de la création de la Cour pénale internationale. Il peut cependant exister des dangers liés à lusage des médias et des campagnes dinformation. Les grands tyrans que le monde a connus lont amplement démontré. Aussi, en fin de compte, la diplomatie ne doit-elle pas forcément se laisser influencer par les médias ou les campagnes dopinion. Il en va de la souveraineté des Etats.
Il existe un créneau pour la participation des ONG et de la société civile dans les discussions concernant le désarmement. Mais lon constate que si les pays sont prêts à voir les ONG prendre part à tout ce qui concerne le nucléaire et lélimination des armes nucléaires, il nen est pas de même en ce qui concerne les armes classiques. Nous pensons, en ce qui nous concerne, que les démarches visant à contrôler la prolifération des armes classiques devraient sappuyer sur une bonne information du public, et les populations des pays en développement, qui souffrent énormément de lusage illicite de ces armes seraient certainement prêtes à prendre part à ces efforts. Les tentatives damélioration de la transparence pourraient être favorisées par lusage des nouvelles technologies. Nous avons vu, par exemple, comment la Fédération des scientifiques américains a fait usage dimages par satellites pour faire connaître au grand public létat davancement des efforts darmement nucléaire ou classique de certains Etats. Ces techniques pourraient aussi servir à la défense de lenvironnement. Car même si les armes nucléaires, par exemple, ne sont pas employées, leur simple fabrication et stockage, ou même recyclage, créent des dangers de pollution dont le grand public na pas conscience. Le désarmement doit se manifester comme une demande endogène aux sociétés, et non comme quelque chose dextérieur, initié ou animé par une poignée de spécialistes ou de gouvernements. Les ONG peuvent jouer un rôle utile et primordial dans ce sens.
Exposés
M. ALEJANDRO BENDAÑA, Directeur du Centre détudes internationales de Managua au Nicaragua, a réagi à des idées exprimées hier sur le processus de mondialisation et son caractère, qui serait aussi inéluctable que la gravité. Nous luttons contre la gravité tous les jours et, sans lutte contre la gravité, imaginez que laviation naurait jamais décollé, a-t-il fait remarquer. M. Bendaña a estimé que la mondialisation nest quun processus militarisé de règne des entreprises sur le monde. Il a ajouté que cela fait plus de 15 ans que ce phénomène est à
loeuvre en Amérique latine et que cette région voit son niveau de vie dégringoler. Ce modèle, construit par des humains pour assurer les intérêts des entreprises et des élites financières, est contraire au développement. Il ne faut pas sen prendre au Fonds monétaire international (FMI) ni à la Banque mondiale car plus que de sources de pouvoir, il sagit dinstruments de pouvoir.A cet égard, M. Bendaña a craint que les Nations Unies ne souvrent à ce type dinfluence des grandes entreprises, ce qui serait une mauvaise nouvelle. Ce qui a été annoncé en juillet dernier par M. Kofi Annan concernant Global compact allait pourtant dans ce sens, a-t-il regretté. Selon le représentant, les gouvernements du Nord et du Sud participent du problème. Il a noté que tous les gouvernements qui financent les groupes de pression et les campagnes daide publique au développement sont, parallèlement, membres du FMI et de la Banque mondiale où ils défendent dune façon radicale les mesures dajustement structurel. Ces mesures sont cependant contraires au développement. Nous ne pouvons pas nous en tenir aux bonnes intentions, a poursuivi M. Bendaña. Il est absolument clair que la solution aux problèmes de développement nest pas la libéralisation.
Par ailleurs, le représentant a reconnu que certaines avancées, notamment celle réalisées à Ottawa, sont le fruit de la nouvelle diplomatie initiée par la pression des ONG sur les gouvernements. Mais il a également observé que certaines décisions prises par les ONG le sont sous linfluence des gouvernements et des donateurs. Il a rappelé que la Banque mondiale a engagé des centaines de spécialistes des ONG qui travaillent selon ses termes et non pas selon ceux des organisations non gouvernementales. De nombreuses organisations se font berner et ne pensent plus en terme de processus mais de projet, en terme de solidarité mais de coopération, elles ne considèrent plus lappui aux travailleurs ruraux mais lappui au travail rural. Ces organisations perdent de vue leur principe directeur qui est celui dune alliance sociale. M. Bendaña a ajouté que, malheureusement, le traité dOttawa a dû contourner les Nations Unies. Il faut être conscient de la façon dont les intérêts des grandes puissances se cachent parfois derrière les campagnes daide humanitaire. Il a conclu en conseillant aux ONG du monde en développement de se rapprocher de leurs racines et de mettre en place un partenariat hommes/femmes.
Mme BETTY MURUNGI, Membre de la Fédération internationale des femmes avocates, section du Kenya, a estimé que le partenariat dont on parle tant entre lONU et les ONG est surtout un partenarait entre lOrganisation et la société civile des pays du Nord. Nous espérons que le nouveau partenariat dont nous voulons ici jeter les bases sera multiracial et concernera tous les continents et notamment lAfrique. En ce qui concerne la participation des femmes à la vie des sociétés, les graves violations de leurs droits ont été reconnus à Vienne quand il a été énoncé que les droits des femmes sont des droits de lhomme. Nous estimons que cette reconnaissance a été la manifestation de laction dune nouvelle diplomatie. Tous les organes et outils des droits de lhomme ont désormais lobligation dintégrer au sein de leurs travaux et activités une dimension sexospécifique, et nous nous en félicitons. Les gouvernements se sont vus obligés de collaborer avec les organisations de la société civile au fur et à mesure de la tenue des grandes conférences des années 90, et nous sommes heureuses de ce changement majeur.
Nous pensons que les programmes et les plans daction des conférences dont lagenda a tenu compte des désirs de la société ont été ceux qui ont connu le plus grand succès. Sur une autre question, nous sommes inquiètes de la situation qui prévaut dans les zones en conflit du continent africain, où une violence indicible sexerce contre les femmes. Certaines ONG dénoncent ces actes et nous mettons beaucoup despoir, à cet égard, dans la création de la Cour pénale internationale. Nous espérons que la voix des femmes du Sud sera entendue par cette nouvelle structure, malgré les déceptions que nous avons connues face à la non prise en compte des doléances des femmes africaines par les tribunaux internationaux actuels. Il est en effet évident que la communauté internationale ne réagit pas aux appels venant dONG africaines sur la question. Il faut parfois que des organisations civiles du Nord semparent de la question pour que lon observe un début de réaction.
Aussi demandons-nous que les réunions internationales veillent à assurer une juste représentation des femmes et des populations des pays en développement lors de la tenue de leur session. Il ne suffit pas de décréter lexigence dune parité hommes-femmes dans les structures des Etats. Le même phénomène doit être respecté au niveau international, et la nouvelle diplomatie internationale a un rôle à jouer dans ce sens. En ce qui concerne légalité au sein des partenariats, nous pensons quil faut aller au-delà du simple intérêt académique ou politique à court terme. Après la guerre et les massacres du Rwanda, certains Etats et lONU elle- même ont battu leur coulpe, mais cela nest pas suffisant, car depuis, on a limpression que ces Etats et lONU pensent avoir accompli leur devoir. Or il nen est rien.
Mme INDIRA ROSENTHAL, Avocat-conseil à Human Rights Watch, a déclaré que les négociations relatives à la Cour pénale internationale sont loin dêtre terminées. Mais déjà, les étapes qui ont été franchies jusquà présent dans lélaboration de ses statuts représentent un cadeau pour les générations suivantes. Après un demi-siècle de travail sur les normes des droits de lhomme au sein des Nations Unies, nous disposons à présent dun instrument permettant dassurer le respect de ces normes, sest-elle félicité. Mme Rosenthal a plaidé en faveur dun TPI puissant et indépendant.
La représentante a loué le rôle important joué par les coalitions dorganisations non gouvernementales (ONG) et particulièrement par le groupe des femmes auquel appartient Betty Murungi, International Federation of Women Lawyers Kenya. Ce groupe et dautres coalitions ont joué un rôle extrêmement productif qui a permis de maximiser les travaux des ONG locales, notamment pour la prise en compte des crimes contre des enfants. La qualité de lexpertise des ONG est appréciée par les gouvernements et lavis de leurs experts, qui ont des expériences de travail sur le Tribunal international de Nuremberg, sont inestimables. La présence de la société civile au cours des négociations, notamment celle de femmes ayant eu une expérience directe des contextes dimpunité, se reflète dans les textes adoptés. Cependant, tout ne va pas pour le mieux pour la société civile et les divisions, le manque de financements ainsi que le manque de transparence laissent parfois les délégués gouvernementaux à assumer lessentiel de la responsabilité des travaux. Lexclusion des ONG à des moments- clé est un problème, par exemple lorsque les Etats-Unis ont tenté dobtenir une immunité pour leurs nationaux. Serons-nous en mesure de nous engager dans un processus transparent même lorsque les choses deviendront difficiles, sest demandé la représentante.
Mme Rosenthal a estimé que lidée que certains Etats puissent jouir dune certaine impunité nuirait fortement au principe de lutte contre limpunité. La définition de lagression, lengagement des financements, lavancement du processus de ratification sont dautres problèmes fondamentaux qui doivent être réglés. La représentante a noté que la société civile a été créditée de la création dune nouvelle diplomatie par certains et accusée ou moquée dun déficit démocratique par dautres. Ces réactions signifient toutes que les ONG ont une influence sur les processus internationaux et nationaux. Les ONG pourront assurer le lien entre les gouvernements et la Cour pénale internationale, a assuré Mme Rosenthal.
M. PIERRE SCHORI, Représentant permanent de la Suède auprès des Nations Unies, a estimé que lUnion européenne qui envisage de sélargir à lEST, doit aider à renforcer la société civile dans les pays de lex-Pacte de Varsovie. Il ny aura pas de légitimité démocratique dans ces pays si la société civile nest pas pleinement partie prenante de toutes les décisions concernant la vie des populations. Ceci est valable pour le reste du monde, surtout en cette période de mondialisation. La mondialisation est loin dêtre un processus juste et équitable. Cest un fait incontournable que les gouvernements doivent essayer dorganiser ce phénomène. A cet égard, le défi de la réduction du fossé qui sépare riches et pauvres doit être adressé la semaine prochaine par les grands de ce monde qui se réuniront aux Nations Unies. On ne peut laisser à la traîne une partie de lhumanité et les Nations Unies doivent coopérer avec tous les acteurs de la vie internationale pour trouver une réponse à ce problème.
Dans les années 60 les organisations de la société civile et notamment celles de femmes ont joué un rôle énorme dans lévolution de la société suédoise, un pays dont la majorité des membres du gouvernement sont aujourdhui des femmes. Environ un tiers de laide suédoise au développement transite par des ONG et nous pensons quelle est mieux utilisée que si elle était gérée par de lourdes bureaucraties étatiques. Nous comptons atteindre le taux de 0,85% de notre PIB versé à laide au développement cette année, grâce à l'amélioration de notre condition économique. Cette aide est loin dêtre un don gratuit. Cest plutôt un acte de justice sociale, car nous pensons que tant que le Sud est dans la tourmente, il ne saurait y avoir de véritable paix ou harmonie au Nord.
Concernant les missions de lONU, nous sommes désolés que lOrganisation fasse face à des tâches de maintien de la paix qui sont souvent au-dessus de ses moyens et de ses capacités. Nous pensons quil faudrait plus que jamais mettre laccent sur la prévention et la société civile a un rôle central à jouer à cet égard. Les ONG sont des partenaires importants pour donner forme à cette vision davenir. Mais nous pensons quil faut dautre part donner une chance à la coopération avec le secteur privé et au Contrat mondial que le Secrétaire général a négocié avec lui. Le temps est sans aucun doute venu de renforcer la légitimité démocratique de l0NU. Peut-être le moment approche-t-il où nous aurons un jour une Assemblée générale démocratiquement élue.
Dialogue
Répondant à une question sur la manière de lutter efficacement contre la pauvreté, un membre du groupe de réflexion a estimé quil faut savoir poser les questions difficiles et peu diplomates répondant aux attentes des personnes démunies du Sud mais aussi du Nord, notamment en ce qui concerne la répartition des richesses. En ce qui concerne la reddition de comptes dans le cadre de la mondialisation, M. SCHORI a préconisé une politique de transparence. Il a estimé quen matière de transparence, tout doit commencer au niveau national avant dêtre projeté aux Nations Unies.
Pour sa part, Mme MURUNGI a douté que la simple utilisation des moyens électroniques puisse permettre de combler le fossé entre les riches et les pauvres, notamment en Afrique. Elle a déclaré que la solution consisterait plutôt à examiner les problèmes auxquels le continent africain doit faire face. Le problème de la santé est prioritaire par rapport à celui de laccès aux outils informatiques. Mme Murungi a ajouté que la solution nest pas de demander aux gouvernements de fournir des ordinateurs aux Africains. En outre, linfrastructure ne suit pas. A Nairobi, il ny a que 4 heures délectricité par jour, ce qui limite lusage des ordinateurs.
Pour ce qui est de laction que les Nations Unies pourraient déployer au sujet de la dette extérieure de lAmérique latine, M. BENDAÑA a déclaré quil est plus important dexaminer dabord ce que lAmérique latine peut faire pour elle- même, et ensuite seulement de demander aux Nations Unies de relayer cet effort. Il a ajouté quen termes moraux, historiques et arithmétiques, la dette a déjà été payée plusieurs fois. M. Bendaña a également estimé que les Nations Unies devraient se pencher sur la notion de dette illégale. Il a rappelé que les dettes contractées par des dictatures militaires dAmérique latine ont été jugées illégales.
Poursuivant les réponses aux questions posées par les ONG sur les aspects négatifs de la mondialisation, Mme MURUNGI a dit que la féminisation de la pauvreté sétait aggravée depuis lextension et limposition des mécanismes du phénomène de la mondialisation aux pays en développement qui ny sont pas préparés. Que lONU devienne ouverte aux monde des affaires et entretienne avec lui des partenariats est sans doute quelque chose qui permettra daméliorer la qualité du nécessaire dialogue qui devrait donner un visage plus humain à la mondialisation. Concernant une question sur le dialogue entre lONU et les organisations de la société civile, les gouvernements ont des positions parfois divergentes et plus ou moins favorables à ce sujet, selon quils estiment leur souveraineté menacée ou pas. La question de la participation devrait dabord être discutée au niveau national. A ce sujet au Kenya par exemple, de nouvelles dispositions juridiques demandent au gouvernement de plus souvent consulter les minorités ethniques pour leur permettre de donner leur avis sur les politiques nationales dont elles subissent directement les effets.
Concernant une question sur la privatisation de la sécurité sociale au Chili qui serait, selon un des candidats à lélection présidentielle américaine, le modèle à suivre dans les autres pays, M. BENDAÑA a déclaré quil faudrait poser la question aux syndicats chiliens, qui sont loin de partager lenthousiasme de M. George W. Bush à ce sujet. Quant à lutilité de lexistence du Fonds monétaire international, évoquée par un délégué, M. Bendaña a estimé que les méthodes du
Fonds étaient profondément contestées et remises en question depuis un certain nombre dannées. Il est regrettable dautre part, a-t-il dit, que face aux critiques, cet organisme prétende consulter les sociétés civiles des pays où il intervient du simple fait quil discute avec quelques représentants déglises et quelques ONG occidentales. Cest une fraude intellectuelle pure et simple.
Répondant à des interrogations sur le Statut de Rome portant sur la création de la Cour pénale internationale, Mme ROSENTHAL a noté quil semble que certains Etats, qui sont contre la Cour, veuillent compliquer les procédures pour les rendre le moins opérationnelles possible, a-t-elle estimé. La Cour pénale internationale aura compétence sur des individus et non sur des Etats, alors que la Cour internationale de justice (CIJ), qui est inscrite dans la Charte, est surtout opérationnelle au niveau des contentieux entre Etats.
Répondant à une question sur la mondialisation de principes universellement reconnus, M. SCHORI a déclaré que des principes universels sont contenus dans la Charte. On peut se demander sils seraient acceptés aujourdhui, a-t-il ajouté. M. Schori a expliqué que lun des objectifs des Sommets des Nations Unies est damener les responsables politiques à réitérer leurs engagements et leurs responsabilités envers les instruments quils ont signés. Naturellement, les actions doivent ensuite succéder aux paroles, a-t-il ajouté.
A une question sur la manière dont les ONG qui reçoivent des fonds importants réussissent à maintenir une logique de partenariat plutôt quune logique dentreprise, Mme MURUNGI a reconnu que certaines ONG deviennent les courroies de transmission de leurs donateurs. En tant que société civile internationale, nous devons encourager la formation et léducation dans nos familles, communautés et sociétés et garder le contact avec les autres communautés, a-t-elle ensuite suggéré.
Pour sa part, M. BENDAÑA a estimé que le changement de position des entreprises dans le domaine social et écologique est le fruit dune pression des consommateurs. Evoquant Global compact et le contrat entre les Nations Unies, le secteur privé et certains acteurs de la société civile, M. Bendaña a appelé les ONG à être extrêmement prudentes et critiques. Evoquant les effets pernicieux qui peuvent découler de la collaboration avec le secteur privé, il a critiqué la production dun document signé par lUNICEF sur la lutte contre les mines antipersonnel, qui montre Superman et Wonder woman, personnages des studios Walt Disney, à la rescousse denfants café au lait.
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