SG/SM/7517

LE SECRETAIRE GENERAL PROMET AUX ONG QUE LEUR VOIX SERA ENTENDUE

28 août 2000


Communiqué de Presse
SG/SM/7517
PI/1274


LE SECRETAIRE GENERAL PROMET AUX ONG QUE LEUR VOIX SERA ENTENDUE

20000828

On trouvera ci-après le texte de la déclaration du Secrétaire général à la 53e Conférence annuelle Département de l’information-ONG intitulée « Solidarité mondiale : la voie de la paix et de la coopération internationale » ce lundi 28 août 2000 :

Je suis très heureux d’être parmi vous aujourd’hui. Permettez-moi tout d’abord de remercier les intervenants et les participants éminents qui se sont joints à nous cette année. Je suis honoré de ce que mon ami, le Président algérien Abdelaziz Bouteflika, ait accepté de prendre la parole à la séance de clôture de la présente conférence, devenant ainsi le premier Président en exercice à participer à cet événement annuel.

Je tiens à souhaiter la bienvenue aux représentants d’ONG, dont beaucoup viennent de loin et se sont donné du mal pour être parmi nous aujourd’hui. Je suis heureux de constater que, d’année en année, les participants de pays en développement sont plus nombreux. Je tiens aussi à saluer tout particulièrement ceux qui ont mis à profit les prodiges de la technologie pour se joindre à nous depuis les différentes régions du monde via la vidéo et l’Internet.

La présence dans cette salle de l’Assemblée générale d’un aussi grand nombre de représentants de la société civile est réconfortante. Elle nous fait sentir que l’Organisation des Nations Unies est votre Organisation.

Nous sommes réunis ici à un moment particulièrement captivant de l’histoire de notre Organisation. Dans un peu plus d’une semaine, le plus grand rassemblement de chefs d’État et de gouvernement qui ait jamais eu lieu se tiendra dans cette même salle pour le Sommet du millénaire. Je compte que cette assemblée sans précédent se distinguera par la qualité des débats et l’autorité des participants. Ce sommet leur donnera une occasion historique de s’atteler ensemble à la tâche et d’améliorer les conditions de vie de tous les habitants de cette planète.

S’il est un moment où il importe de donner tout son sens à la notion de volonté politique, c’est bien maintenant, en cette aube du nouveau millénaire. Et s’il est une époque où les partenariats mondiaux sont nécessaires, c’est bien dans le contexte de mondialisation où nous vivons aujourd’hui.

Lorsque vous vous êtes réunis ici en mai dernier à l’occasion du Forum du millénaire, vous, les ONG, nous avez donné un exemple d’esprit d’initiative dont nous pourrions nous inspirer. La Déclaration et le Plan d’action, qui contiennent vos propositions pour l’avenir, présentent d’une manière aussi éloquente qu’émouvante les moyens de relever les grands défis de notre époque, qu’il s’agisse de pauvreté, de paix ou encore d’environnement.

La Déclaration adoptée par le Forum du millénaire n’est pas seulement l’expression éclatante de la confiance que les peuples du monde continuent de placer dans l’Organisation des Nations Unies; elle énonce aussi une série d’actions qui rappelle les objectifs que je vais soumettre à l’examen des dirigeants du monde lors du prochain Sommet. J’espère qu’ils y trouveront un nouvel encouragement à oeuvrer à la réalisation des objectifs que nous partageons.

Ce n’est là que l’exemple le plus récent de l’importance que la société civile a acquise dans le monde entier en ce début de millénaire. Souvent, les ONG que vous représentez n’hésitent pas à dénoncer les aspects négatifs de la mondialisation. Nombre des inquiétudes que vous exprimez sont compréhensibles; je partage moi-même certaines d’entre elles.

On entend parfois dire qu’il est aussi vain de contester la mondialisation que de contester les lois de la gravitation universelle. Mais la mondialisation ne doit pas être la loi du plus fort. Nous devons au contraire en faire un levier qui permette de sortir les plus démunis de leur misère et de leur détresse et non une force qui les écrase. Nous devons construire des partenariats qui soient assez forts pour que le marché mondial respecte les valeurs et pratiques communément admises et réponde aux besoins de tous les habitants de la planète, qui doivent tous bénéficier des fruits de la mondialisation.

Pour y parvenir, nous devons engager les entreprises privées, qui produisent la plus grande partie des richesses mondiales, à rechercher autre chose que le profit immédiat. Et c’est pourquoi, le mois dernier, j’ai réuni un groupe de responsables du monde des affaires, de syndicats internationaux et d’ONG, qui ont conclu un pacte mondial ayant pour objet d’inciter les milieux d’affaires à adopter et à mettre en pratique un ensemble de valeurs fondamentales concernant la réglementation du travail, les droits de l’homme et l’environnement.

Nous devons aussi rallier à la cause mondiale qu’est la réduction de la pauvreté des entités, telles que les institutions de Bretton Woods, qui ont pour vocation d’organiser l’économie mondiale. Aussi l’ONU se félicite-t-elle de leur détermination à réaliser les objectifs de réduction de la pauvreté arrêtés lors des conférences des Nations Unies des dix dernières années.

Nous devons aussi demander à tous nos partenaires d’oeuvrer dans la transparence afin que le monde entier puisse s’assurer qu’ils jouent pleinement leur rôle. C’est ici que la vigilance et l’énergie déployées par les organisations non gouvernementales nous est indispensable; c’est ici que nous avons besoin de vous. Vous êtes notre meilleur rempart contre la complaisance, les plus vaillants défenseurs de l’honnêteté et les plus intrépides champions du changement.

Nous comptons sur vous pour continuer de faire preuve du même dynamisme que lors des conférences mondiales des années 90, où vous avez donné le ton sur bien des sujets. Nous comptons sur vos capacités de mobilisation et d’action. Nous comptons sur votre expérience qu’il s’agisse de faire pression sur les gouvernements pour qu’ils adoptent les mesures nécessaires, ou de coopérer avec eux à l’application de ces mesures.

Et nous comptons sur les gouvernements pour qu’ils collaborent avec vous. Je sais que les gouvernements ne vous écoutent pas toujours autant qu’ils le devraient, que ce soit dans votre propre pays ou à l’échelle mondiale.

A l’ONU, nous nous efforçons depuis quelques années de vous fournir davantage d’informations et d’appui, notamment grâce aux technologies de l’information. Les ONG du monde entier qui ont accès à l’Internet – et non pas uniquement celles qui ont les moyens d’avoir un bureau à New York – peuvent ainsi se tenir au courant de tout ce qui se passe dans l’ensemble du système des Nations Unies.

Nous continuerons à tout faire pour faciliter votre accès à l’Organisation, mais je sais qu’il nous arrivera parfois de ne pas pouvoir répondre à vos attentes. En dernier ressort, ce sont les États Membres qui décideront dans quelle mesure vous pourrez participer aux travaux de l’ONU. Je suis convaincu qu’ils finiront par reconnaître que nos portes doivent être ouvertes. Je ferai personnellement tout mon possible pour qu’il en soit ainsi. Je sais que vous-mêmes ferez votre part en cultivant la transparence et le professionnalisme.

Mais je sais aussi que les relations entre l’Organisation des Nations Unies et la société civile ne se mesurent pas seulement au nombre d’ONG qui participent à des conférences mondiales ou à des réunions au Siège de l’ONU. L’essentiel, c’est ce qui se passe concrètement dans le monde, sur le terrain.

Que votre principale activité consiste à formuler des politiques à l’échelle mondiale ou à venir directement en aide aux populations; que votre action s’exerce pour l’essentiel dans les pays développés ou dans les pays en développement; que votre principal souci soit la promotion de la femme, l’éducation, les droits de l’homme, l’assistance humanitaire ou les problèmes de santé, vous avez toujours fait preuve d’un courage, d’une énergie et d’une hauteur de vues que toutes les nations peuvent vous envier.

De l’allégement de la dette à l’interdiction des mines terrestres, en passant par la Cour pénale internationale, vous avez formé des coalitions dynamiques qui donnent à l’expression « Nous, les peuples » un sens nouveau.

Je suis convaincu que ces réseaux mondiaux, capables de rassembler les gouvernements, la société civile et le secteur privé, sont le type de partenariat le plus prometteur en cette ère de mondialisation. Prônant l’inclusion et rejetant la hiérarchie, ils contribuent à la formulation de programmes de travail et orientent les débats. Ils font mieux comprendre les enjeux et diffusent les connaissances. Grâce à eux, des consensus plus larges et plus solides se dégagent sur les nouvelles normes mondiales, dont ils favorisent l’application et le contrôle. Ils sensibilisent l’opinion et s’adressent à notre conscience.

L’ONU participe largement à l’activité de ces réseaux. Ce qu’il faut à présent, c’est passer d’une interaction largement informelle à une approche plus systématique, tout en conservant la souplesse qui constitue un des meilleurs atouts de la société civile. Lorsque vous vous regroupez en coalitions d’ONG partageant les mêmes conceptions et les mêmes causes et que vous parlez d’une même voix, nous pouvons mieux vous aider, et nous aider nous-mêmes. C’est là une des collaborations les plus fructueuses entre les gouvernements, la société civile et le secteur privé. C’est là un des moyens par lesquels nous pouvons resserrer les liens de notre communauté mondiale.

Depuis plus d’un demi-siècle, les ONG sont les alliés et les défenseurs de l’Organisation des Nations Unies. À mesure que le secteur des ONG s’est développé, nos relations se sont renforcées. Aujourd’hui, vous êtes nos partenaires dans tous les sens du terme et vous méritez d’être accueillis et traités comme tels.

Votre voix sera entendue, je vous le promets. Le Secrétariat de l’ONU sera à votre écoute. J’attends avec impatience les résultats de vos travaux. Je vous remercie de votre attention et vous souhaite la conférence la plus stimulante et la plus fructueuse qui soit.

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