ONG/367

LA CONFERENCE DPI/ONG DOIT EXAMINER LE PARTENARIAT ENTRE L==ONU ET LA SOCIETE CIVILE, DECLARE LE PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE GENERALE

28 août 2000


Communiqué de Presse
ONG/367


LA CONFERENCE DPI/ONG DOIT EXAMINER LE PARTENARIAT ENTRE L=ðONU ET LA SOCIETE CIVILE, DECLARE LE PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE GENERALE

20000828

La cinquante-troisième Conférence annuelle du Département de l'information des Nations Unies et des organisations non gouvernementales (DPI/ONG) a ouvert ce matin ses travaux au Siège. M. Kensaku Hogen, Secrétaire général adjoint à la communication et à l'information de l'ONU, qui présidait la cérémonie d=ðouverture, a déclaré que le partenariat entre l'ONU et la société civile constitue la meilleure chance de parvenir à une paix et à une coopération durable, M. Théo-Ben Gurirab (Namibie), Président de la 54ème Assemblée générale des Nations Unies, a dit que le thème choisi cette année et qui est : "La solidarité mondiale: le chemin vers la paix et la coopération internationale" s'inscrit dans la ligne droite de la volonté de faire du partenariat croissant entre l'ONU et la société, une réalité vivante.

Le défi à relever au cours de cette Conférence, a dit M. Théo-Ben Guribab, sera d'examiner les différents aspects de ce partenariat en vue de faire des recommandations et des suggestions concrètes aux Etats Membres dont les Chefs d'Etat et de Gouvernements doivent se réunir la semaine prochaine dans le cadre du Sommet du millénaire. Si la Charte reconnaît l'Assemblée générale comme l'instance la plus représentative des Etats Membres, elle évoque les peuples du monde et de la société civile dans son préambule "Nous les peuples...", a fait remarquer le Président de l'Assemblée générale en lançant un appel à la reconnaissance totale par les Etats Membres et la communauté internationale du rôle de partenaires et d'acteurs de la vie internationale que jouent les ONG.

Intervenant à la suite du Président de l'Assemblée, M. Kofi Annan, Secrétaire général des Nations Unies, a souhaité que le Sommet du millénaire fasse preuve d'autant de capacités de leadership sur les grandes questions internationales, et notamment la mondialisation comme l'a fait le Forum du millénaire des ONG qui a eu lieu au printemps. Si on entend souvent dire qu'il est aussi vain de contester la mondialisation que de contester les lois de la gravitation universelle, a dit M. Kofi Annan, il ne faut cependant pas que la mondialisation se résume à la loi du plus fort. Nous devons au contraire, a estimé le Secrétaire général, faire en sorte qu'elle soit un levier permettant de sortir les plus démunis de leur misère et de leur détresse. C'est dans ce sens que les Nations Unies ont réuni le mois dernier un groupe de responsables du monde des affaires, des syndicats internationaux et d'ONG, qui ont conclu un pacte mondial ayant pour but d'inciter les milieux d'affaires à adopter et à mettre en pratique un ensemble de valeurs fondamentales sur les réglementations du travail, les droits de l'homme et l'environnement. De l'allègement de la dette à l'interdiction des mines terrestres antipersonnel, en passant par la Cour pénale internationale, a d'autre part estimé le Secrétaire général, les ONG ont formé des coalitions dynamiques qui donnent à l'expression "Nous les peuples", un sens nouveau.

Intervenant en fin de séance, Mme Afaf Mahfouz, Présidente de la Conférence des ONG ayant le statut consultatif auprès des Nations Unies (CONGO) a estimé que l'émergence des ONG et de la société civile à la fin du XXème siècle pouvait être comparée à celle de l'Etat-nation au siècle précédent. Le renforcement de la solidarité internationale, ne se fera qu'avec celui des ONG opérant aux niveaux régional et sous-régional, comme cela a été constaté au terme des consultations d'ONG menées en Afrique par CONGO en 1998, a-t-elle précisé en rappelant les recommandations de la Conférence internationale des ONG tenue à Séoul en 1999, qui mettaient l'accent sur la coopération et les réseaux régionaux d'organisations non gouvernementales.

Ont également pris la parole ce matin au cours de la séance d'ouverure de la Conférence: Mme Hanna Suchoka, Membre du Parlement de la Pologne; M. Jaime Lerner, Gouverneur de l'Etat de Paraná au Brésil; Mme Hanan Ashrawi, Secrétaire générale de la "Palestinian Initiative for the Promotion of Global Dialogue and Democracy"; Mme Elaine Valdov, Présidente du Comité exécutif DPI/ONG; et Mme Dianne Dillon- Ridgley, Présidente du Comité de planification des ONG.

La Conférence poursuivra ses travaux en plénière cet après-midi à 15 heures.

Déclarations

M. KENSAKU HOGEN, Secrétaire général adjoint à la communication et à l'information de l'Organisation des Nations Unies, a déclaré que les trois jours de la 53e conférence annuelle DPI/ONG seront l'occasion d'aborder le thème de la solidarité mondiale à partir de points de vue divers. Ces différentes perspectives seront reliées par une profonde adhésion à la notion de partenariat, en particulier dans le cadre des partenariats professionnels qui se mettent en place entre les Nations Unies et la société civile. Ces partenariats représentent la meilleure façon de parvenir à une paix et à une coopération durables. Au cours de cette conférence, nous explorerons les manières de faire évoluer ces partenariats de la rhétorique à la pratique, ce qui représente l'un des plus grands défis auxquels est confrontée l'Organisation.

Le Président de la 54ème Assemblée générale de l'ONU, M. THEO-BEN GURIRAB, a déclaré que le thème choisi cette année par la Conférence du Département de l'information et des ONG était le reflet des partenariats croissants entre les Nations Unies et la société civile. Cette conférence doit discuter de tous les aspects de cette question de partenariats, et faire des recommandations et des suggestions concrètes qui seront examinées par les Etats Membres et le monde des affaires, les travailleurs et les autres parties prenantes de la société civile. Nous voulons affirmer cependant ici que ce mouvement démocratique est un forum des Etats Membres, tout en reconnaissant cependant que la Charte mentionne clairement la participation des peuples aux activités de l'Organisation. Les gouvernements eux-mêmes ont reconnu que les ONG doivent être des acteurs actifs et des partenaires pouvant aider à réaliser les objectifs d'une paix durable, de la solidarité, et du développement pour tous en ce XXIème siècle.

Ce changement d'attitude était déjà évident au Sommet de Rio en 1992, a poursuivi le Président de l’Assemblée générale. Depuis lors, les Nations Unies et leurs Etats Membres ont accepté l'importance primordiale de la coopération avec les ONG et des divers partenariats qui peuvent être établis de la sorte. Toutes les grandes conférences des années 90 ont adopté des programmes et des plans d'action devant être mis en oeuvre dans des délais précis. Tous ces plans d'action prennent en compte et indiquent le rôle que doivent jouer les ONG et la société civile.

Ici aux Nations Unies, nous savons que lors de toutes les conférences de la décennie écoulée, ce sont les ONG qui ont imprimé aux travaux leur dynamique sur plusieurs questions précises. Vous l'avez fait à travers le rôle de plaidoyer et les pressions que vous avez exercées sur les gouvernements. Nous nous souvenons du rôle crucial que vous avez joué lors des négociations qui ont abouti à la signature de la Convention d'Ottawa sur l'interdiction des mines terrestres antipersonnel, et lors de la signature du Statut de Rome créant la Cour pénale internationale. Nous continuons, a dit M. Theo-Ben Gurirab, à observer et soutenir votre action dans les domaines de la diplomatie préventive, de la résolution des conflits et de la reconstruction.

Dans neuf jours exactement, les chefs d'Etat et de gouvernement se réuniront ici, et parmi les documents qu'ils examineront, il y a aura le Rapport du millénaire du Secrétaire général. A la fin du Sommet du millénaire, ils adopteront un document final qui contiendra de nouveaux engagements et des engagements renouvelés qui serviront de guide à l'ONU pour qu'elle réalise les objectifs de paix, de sécurité humaine, de coopération, d'élimination de la pauvreté et de développement durable qui lui sont assignés. La communauté des ONG peut travailler en vue d'assurer que

les promesses faites soient tenues. Les ONG peuvent surveiller la mise en place et la réalisation des engagements pris par les gouvernements, et par-là aider à renforcer l'Organisation des Nations Unies. Nous sommes sûrs que cet aspect de la question sera débattu lors de la tenue du panel de discussion sur le thème "Des actions, pas seulement des promesses". Un autre domaine dans lequel les ONG sont bien placées pour apporter une contribution efficace est celui de la signature et de la ratification de nombreux traités. Le Secrétaire général est le dépositaire de quelque cinq cents traités qui constituent un ensemble et un corps de lois internationales, et nous attendons que les dirigeants mondiaux qui seront ici la semaine prochaine profitent de cette occasion pour les signer. Nous vous demandons, à vous les ONG, de les encourager dans ce sens.

Le Secrétaire général des Nations Unies, M. KOFI ANNAN, a déclaré qu'il espérait que le Sommet du millénaire des Chefs d'Etats et de Gouvernements qui se tiendra au cours de la semaine prochaine à l'ONU ferait preuve du même niveau de leadership que celui dont ont fait montre les organisations non gouvernementales (ONG) lors de leur Forum du millénaire, un Forum qui a abouti à la publication d'une Déclaration et d'un Plan d'action visant la résolution des principaux défis que rencontre en ce moment le monde. S'il est un moment crucial au cours duquel le concept de volonté politique doit prendre un sens, a dit M. Kofi Annan, c'est maintenant, et s'il est un moment où le monde a besoin de partenariats mondiaux, c'est aussi maintenant. La Déclaration adoptée par le Forum du millénaire n'est pas seulement l'expression éclatante de la confiance que les peuples du monde continuent de placer dans l'Organisation des Nations Unies. Elle énonce aussi une série d'actions qui rappelle les objectifs qui seront soumis par nos soins à l'examen des dirigeants du monde lors du prochain Sommet. La mondialisation ne doit pas être la loi du plus fort, a poursuivi le Secrétaire général. Nous devons au contraire en faire un levier qui permette de sortir les plus démunis de leur misère et de leur détresse, et non une force qui les écrase. Nous devons construire des partenariats assez forts pour que le marché mondial respecte les valeurs et pratiques communément admises et réponde aux besoins de tous les habitants de la planète qui doivent bénéficier des fruits de la mondialisation. Pour y parvenir, nous devons engager les entreprises privées qui créent les richesses, à rechercher autre chose que le profit immédiat. C'est pourquoi, le mois dernier, nous avons réuni un groupe de responsables du monde des affaires, des syndicats internationaux et des ONG, qui ont conclu un pacte mondial ayant pour objet d'inciter les milieux d'affaires à adopter et à mettre en pratique un ensemble de valeurs fondamentales concernant la réglementation du travail, les droits de l'homme et l'environnement.

Nous devons rallier à la cause mondiale qu'est la réduction de la pauvreté les entités telles que les institutions de Bretton Woods, qui ont pour vocation d'organiser l'économie mondiale. Aussi l'ONU se félicite-t-elle de leur détermination à réaliser les objectifs de réduction de la pauvreté arrêtés lors des grandes conférences des années 90. Nous comptons sur vous, les ONG, pour continuer de faire preuve du même dynamisme que lors de ces conférences. Nous comptons sur votre expérience, qu'il s'agisse de faire pression sur les gouvernements pour qu'ils adoptent les mesures nécessaires, ou de coopérer avec eux à l'application de ces mesures.

A l'ONU, a dit M. Kofi Annan, nous nous efforçons depuis quelques années de vous fournir davantage d'informations et d'appui, notamment grâce aux nouvelles technologies de l'information. De l'allègement de la dette à l'interdiction des mines terrestres, en passant par la Cour pénale internationale, vous avez formé des coalitions dynamiques qui donnent à l'expression "Nous les peuples" un sens nouveau.

Je suis convaincu que ces réseaux mondiaux, capables de rassembler les gouvernements, la société civile et le secteur privé, sont le type de partenariat le plus prometteur en cette ère de mondialisation. Prônant l'inclusion, et rejetant la hiérarchie, ils contribuent à la formulation de programmes de travail et orientent les débats, et ils font mieux comprendre les enjeux et diffusent les connaissances. Grâce à eux, des consensus plus larges et plus solides se créent sur les normes nouvelles, dont ils favorisent le contrôle. L'ONU participe largement à ces réseaux. Depuis plus d'un demi-siècle, les ONG sont les alliées et défenseurs de l'ONU, et aujourd'hui elles en sont les partenaires dans tous les sens du terme et méritent d'être accueillies comme tels.

Mme HANNA SUCHOKA, Membre du Parlement de la Pologne, a rappelé la place du mouvement associatif et des organisations non gouvernementales (ONG) tout au long de l'histoire de la Pologne, insistant sur le fait que la société polonaise, durant le 19ème siècle, était en confrontation constante avec l’Etat prussien autocratique et le système de police russe despotique. Sous le régime totalitaire qui a suivi la Deuxième Guerre mondiale, le droit d’association était limité. Aujourd'hui, il apparaît que, par le passé, la société civile polonaise a été fortement déterminée par le contexte dans lequel elle devait fonctionner. Certaines "liens" au sein de la société civile avaient pour but d'atténuer la dureté du système en place et de restreindre l'autorité de l'Etat sur la société et les individus. Ces "liens" ne sont pas formés parallèlement à l'Etat mais contre lui. Les années de "real socialism" passant, un nombre croissant de personnes devenaient convaincues qu'il était inutile de tenter d'obliger un Etat communiste à mener des réformes afin de garantir les libertés individuelles et politiques. On avait donc la conviction qu'il était nécessaire de s'organiser contre l'Etat. En Occident, le moteur de la société civile n'était pas de lutter contre l'Etat mais de le soutenir ou de le compléter dans les domaines dont il est absent. Cette différence entre les ONG polonaises et "occidentales" continue de se manifester.

Les transformations du contexte politique survenues en Pologne après 1989 ont créé les conditions juridiques nécessaires à un fonctionnement du "troisième secteur" globalement similaire à celles de la société civile des "vieilles démocraties". Le droit à créer une ONG a été inscrit dans la Constitution et les législateurs ont adopté deux lois, sur les associations et les fondations. Les rapports entre les ONG et les institutions étatiques, l'administration et les gouvernements locaux sont désormais réglementés par 16 nouvelles lois. Toutefois, dans un environnement économique libéralisé, certains activistes du monde des ONG sont mécontents du système d'attribution des contrats de service public qui mettent l'accent sur la rentabilité. Les organisations sont obligées de concentrer leurs activités sur la recherche de fonds.

Mme Suchoka a indiqué qu'en Pologne, le débat sur le rôle des ONG s'est concentré sur les problèmes d'organisation et les aspects juridiques. La question de savoir si la "société civile" signifie l'infrastructure de simples ONG ou, plus largement, le monde des affaires, des médias et les universités, commence à peine à être posée en Pologne. Dans le domaine social, la priorité à été donnée à la décentralisation, c'est-à-dire au transfert des tâches aux gouvernements locaux et à la commercialisation des prestations sociales. Par certains aspects, l'idée de gouvernements locaux autonomes entre en conflit avec celle d'organisations non gouvernementales. Ces tensions vont bientôt être clarifiées et discutées.

La représentante a indiqué qu'il y a environ 30 000 associations et 4 700 fondations reconnues en Pologne. Cependant, le "troisième secteur" compterait jusqu'à 50 000 entités. Elle a déclaré qu'en dépit du rôle crucial joué par l'organisation "Solidarité" dans le retour à un système démocratique, les élites politiques polonaises considèrent généralement les ONG comme des partenaires incontournables mais de moindre importance dans la vie publique. Il semble que les différents dirigeants hésitent entre le modèle économique libéral et une orientation de bienfaisance. Compte tenu des expériences et des réflexions accumulées au cours des 40 dernières années du mouvement des ONG, les autorités polonaises et les ONG doivent s'attaquer à ce problème.

Cependant, les ONG devront également s'adapter à cette nouvelle situation, en particulier en ce qui concerne leurs rapports avec le secteur commercial et les autorités gouvernementales locales. Elles devront également adopter une attitude moins négative. Pour obtenir la place qui leur revient au sein de l'Etat polonais, les organisations devront élever leur niveau de professionnalisme et prouver leur intégrité grâce à une transparence accrue de leurs objectifs. Mme Suchoka a été d'avis que promouvoir et populariser l'idée de volontarisme auprès du public aidera grandement les ONG à occuper la place qu'elles méritent au sein de la société.

M. JAIME LERNER (Gouverneur de l'Etat de Paraná, Brésil) a déclaré que la pauvreté, l'ignorance et les graves problèmes d'environnement qui frappent de nombreuses populations sont une dette à leur égard dont le paiement ne doit pas être retardé. Et le paiement de cette dette envers les populations ne peut être réglé sans un effort stratégique mondial, dont les conditions doivent être mises en place. Si nous voulons avoir la paix, nous ne pouvons le faire sans créer des moyens de distribution des richesses et des connaissances et sans permettre à chaque nation de participer au façonnement du destin de l'ensemble de l'humanité. Le Secrétaire général des Nations Unies a raison quand il milite pour que "nous mettions les peuples au centre de tout ce que nous faisons. Aucun appel n'est plus noble, et aucune responsabilité n'est plus élevée, que ceux visant à permettre à des hommes, femmes et enfants des villes et des villages du monde entier, d'améliorer leurs conditions de vie. Seulement quand cela commencera à se faire, saurons-nous que la mondialisation est devenue un processus d'inclusion, permettant à tous de profiter de ses opportunités".

Il est indispensable de commencer à pratiquer la solidarité comme un effort de prévention, qui est, pour l'instant, le seul moyen de créer de meilleures opportunités pour tous, a poursuivi M. Lerner. Des mesures comme le Plan Brady, doivent évoluer, pour devenir des stratégies moins bureaucratiques, capables de promouvoir un engagement de la société dans son entier. Ceci demande une vision commune tenant compte de toutes les grandes questions auxquelles nous faisons tous face, riches et pauvres. Les meilleures solutions seront celles qui tiendront compte des intérêts de tous. L'environnement, le marché, l'éducation, sont des aspects différents des questions qui nous sont communes. Les riches ont une grosse dette en ce qui concerne l'environnement, étant donné qu'ils ont usé et épuisé leurs propres ressources naturelles et qu'ils polluent le monde entier avec leurs industries. Contrairement à cela, dans les pays pauvres qui n'ont pas eu l'opportunité de s'industrialiser et de générer des richesses, la seule source des ressources pour les pauvres est celle qui provient de la nature. Les riches et les pauvres ont donc, chacun à leur manière, une dette envers l'environnement. Tout ceci signifie que nous devons tous déduire notre dette environnementale de notre dette financière en vue de réduire notre dette sociale.

Nous proposons que soit créé un "bonus de solidarité des Nations Unies", qui serait un instrument de compensation entre nations. Tous les pays préservant l'environnement pourraient émettre un chèque environnemental qui serait échangeable contre un chèque social, recevable soit sous la forme d'une réduction de leur dette financière, soit sous celle d'un investissement direct dans le domaine social, ou encore, les deux. Le système des Nations Unies pourrait coordonner ce système, à travers un mécanisme incluant les gouvernements locaux et les ONG accréditées. Ceux-ci apporteraient l'expérience qu'ils ont en matière de mobilisation sociale, dans un effort visant à générer des richesses et à répandre l'éducation partout dans le monde. Cette proposition est, comme le stipule le Président du "World Watch Institute", M. Christopher Flavin, un arrangement en faveur de la vie, ceci entre le présent et l'avenir, qui corrigerait les erreurs du passé et ses injustices. Ce mécanisme apparemment simple pourrait aider à réduire la pauvreté mondiale. Pour les riches, il représenterait non seulement un gain environnemental, mais aussi un profit économique, étant donné qu'il impliquerait une expansion du marché en y faisant entrer de nouveaux acteurs. Il contribuerait également à la promotion de la démocratie et de la paix à travers le monde.

Mme HANAN ASHRAWI, Secrétaire générale, Palestinian Initiative for the Promotion of Global Dialogue and Democracy, a donné des exemples basés sur l'expérience palestinienne démontrant que l'initiative collective est importante. Elle a pris pour exemple l'"intifada", un "acte d'affirmation", par lequel un groupe a défié le pouvoir en place et créé de nouveaux rapports, refusant qu'on le prive de ses droits, sans pour autant se poser en victime. Expliquant quelles entités elle représente, Mme Ashrawi a déclaré : "nous sommes des institutions de société civile, des organisations qui représentent les peuples et les êtres humains". Nous avons préparé un calendrier pour une paix globale et juste, changeant la définition d'agresseur et d'agressé, a-t-elle ajouté. Par ailleurs, Mme Ashrawi a déclaré qu'une vision globale est toujours plus forte lorsqu'elle émane de la base de notre société. Un processus de transformation peut commencer par une convergence de vision et d'implication personnelle.

Mme Ashrawi a déclaré que la mobilité et la souplesse sont les nouveaux moteurs de la solidarité. Au sujet de la mondialisation, la représentante a jugé qu'elle doit être enrichie de valeurs humaines, d'un code déontologique. Il faut se demander comment on peut arriver à appliquer le "calendrier humain" plutôt que la libéralisation économique. Grâce aux nouvelles technologies, la notion de pouvoir a été redéfinie et la société civile doit essayer d'avoir accès à l'information, à un stade où il est possible de changer les choses plutôt que d'appartenir à une humanité passive. Il faut également avoir la volonté et le courage d'intervenir avant qu'une injustice ne se produise. La rapidité, l'efficacité et l'intervention en temps utile sont les outils qui sont mis à la disposition de la société civile et des ONG. La mondialisation ne doit conduire à une uniformité mais à une harmonie se souciant des différences de chacun. La notion de responsabilité nationale ou interne doit également évoluer. A cet égard, Mme Ashrawi a souligné que l'engagement humain et le professionnalisme sont les qualités sur lesquelles les ONG appuient leur action.

S'exprimant ensuite au sujet de la voie vers la paix, Mme Asharawi a souligné qu'il s'agit d'un état qui doit absolument avoir la priorité sur la guerre. L'accumulation des injustices et de violence ne peut qu'aboutir à la guerre, et il s'agit de signes clairement identifiables qui devraient donc être pris en compte pour prévenir la guerre. Nous devons parvenir à une paix qui soit durable. Il ne

faut pas avoir la mentalité d'un Israël fort et d'une Palestine forte, a déclaré la représentante. Il faut proposer des solutions alternatives viables et s'opposer à la victimisation. Nous n'allons pas accepter des solutions qui seront appliquées au détriment du peuple. Il me semble qu'entre les victimes et ceux qui les victimisent, il ne peut y avoir de véritable dialogue, a déclaré Mme Ashrawi. La puissance ne donne pas aux puissants de droits supplémentaires. Il faut des systèmes alternatifs qui donnent des droits.

Elle a ajouté que la société civile représente une conscience concrète qui peut dépasser les définitions et les limites traditionnelles, qu'elles soient territoriales ou autres, et peut donc fournir des réponses. Elle a appelé à la mise en place d'une culture de la démocratie et d'une culture de la paix, et a estimé que la nation doit être fondée sur la justice, la parité et le respect des droits de l'homme. Il faut également dépasser la tyrannie de la culture dominante. Par ailleurs, le pouvoir militaire ne justifie pas nécessairement une domination culturelle.

M. ELAINE VALDOV, Présidente du Comité DPI-ONG, a déclaré que cette conférence devait travailler pour le bien et l'amélioration des conditions de vie de toute l'humanité. Elle a rappelé la phrase de M. Winston Churchill, qui dans les pires moments d'adversité, disait à son peuple de ne jamais renoncer et ne jamais baisser les bras. Les ONG doivent s'inspirer de cette recommandation pour mener à bien les tâches auxquelles elles sont attelées pour le bien de tous les peuples. Nous pouvons ensemble créer un monde nouveau, a-t-elle déclaré, en relevant le rôle majeur que peut jouer la société civile dans cette mission. Il est primordial a cet égard, a-t-elle dit, de rendre le pouvoir aux individus où qu'ils soient, et les aider à faire entendre leur voix trop longtemps étouffée.

Mme DIANE DILLON-RIDGLEY, Présidente du Comité de planification des organisations non gouvernementales, a salué l'esprit de coopération démontré par les membres du DPI. La représentante a déclaré que la coopération internationale va au-delà des Nations Unies et englobe également le secteur privé mais aussi d'autres acteurs tels que les musées, les universités et les bibliothèques. Elle a encouragé les différents acteurs à se poser des questions sur tout ce qui les entoure pour façonner un monde de solidarité. Il faut assurer la victoire et utiliser notre "compas moral" pour nous diriger sur cette voie.

Mme AFAF MAHFOUZ, Présidente de la Conférence des organisations non gouvernementales ayant le statut consultatif auprès des Nations Unies (CONGO), a commencé par citer la Secrétaire générale adjointe, Mme Louise Fréchette, qui déclarait à la Conférence internationale des organisations non gouvernementales (ONG), tenue en octobre 1999 à Séoul, que l'émergence des ONG et des groupes de la société civile à la fin du XXe siècle avait été aussi importante que l'émergence de l'Etat nation aux siècles précédents. Elle a déclaré que le travail des ONG contribue indubitablement à changer les sociétés dans lesquelles nous vivons. Ce travail transforme également la manière dont les entités des secteurs privé et public fonctionnent, promeut des idées centrées sur les individus, de nouvelles formes d'organisation, de nouvelles approches face à des contextes en mutation constante ainsi qu'un sens des responsabilités et de la transparence pour le bien public.

Mme Mahfouz a jugé encourageant que le Président Kim Dae-Jung et le Président Olusegun Obasanjo aient une vaste expérience du travail au sein des ONG, ces organisations ayant mené des campagnes actives pour leur libération lorsqu'ils étaient en prison. Ces deux dirigeants sont au centre des efforts m

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