LE CONSEIL DE SECURITE DEBAT DE LA PROPOSITION DU SECRETAIRE GENERAL D'ENVOYER 4 200 MILITAIRES A LA MISSION EN ERYTHREE ET EN ETHIOPIE
Communiqué de Presse
CS/2029
LE CONSEIL DE SECURITE DEBAT DE LA PROPOSITION DU SECRETAIRE GENERAL D'ENVOYER 4 200 MILITAIRES A LA MISSION EN ERYTHREE ET EN ETHIOPIE
20000814Le mandat d'une Mission élargie dans cette rég ion devrait être clairement défini quant aux conditions de sa réussite et à sa durée
Lors d'un débat, tenu ce matin sur la situation entre l'Erythrée et l'Ethiopie, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien, M. Bernard Myet, a présenté au Conseil de sécurité les propositions du Secrétaire général concernant l'élargissement de la Mission des Nations Unies dans cette région de la corne de l'Afrique. Compte tenu du respect satisfaisant de l'Accord de cessation des hostilités, signé par les parties le 18 juin dernier à Alger, et sur la base des conclusions de la mission de reconnaissance de l'ONU dépêchée sur le terrain du 4 au 18 juillet dernier, le Secrétaire général propose d'élargir, en trois temps, la Mission des Nations Unies en Ethiopie et en Erythrée (MINUEE) pour en porter les effectifs militaires à 4 200 hommes. Outre la surveillance du cessez- le-feu, la Mission aurait pour rôle de superviser le retrait des forces éthiopiennes ainsi que les positions des forces des deux parties, et de présider la commission de coordination militaire où les parties ainsi que l'Organisation de l'Unité africaine (OUA) seront représentées.
Dans une grande majorité, les membres du Conseil ont appuyé les recommandations formulées par le Secrétaire général. Nombreux ont été ceux à plaider en faveur d'un déploiement de la Mission dans les plus brefs délais. Ils ont fait remarquer à cet égard que les activités de déminage devaient constituer une priorité afin de permettre que la Mission se déploie dans de bonnes conditions de sécurité. Plusieurs représentants ont aussi insisté sur le fait que la Mission ne doit pas seulement bénéficier d'un mandat précis mais aussi que celui-ci doit être clairement limité dans le temps. Le représentant des Pays-Bas a, pour sa part, averti que si le Conseil doit se prononcer sur l'expansion de la MINUEE, il lui faudra recevoir plus d'informations sur les résultats des pourparlers indirects concernant la question de la délimitation et de la démarcation de la frontière et celle des réparations soulevées à cette occasion. Selon lui, il faut en effet poser très clairement dans quelle mesure l'achèvement du mandat de la Mission dépendra du règlement des problèmes en suspens.
En réponse aux délégations qui ont insisté sur la nécessité d'envoyer des troupes bien entraînées, M. Miyet a fait observer que pour cette Mission, comme pour toute autre, le Secrétariat dépend de la disposition des Etats Membres à fournir des contingents. Au représentant des Pays-Bas qui demandait si la MINUEE aurait aussi pour tâche de faire rapport d'éventuelles violations de l'embargo sur les armes mis en place contre les deux pays le 17 mai dernier, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a expliqué que le mandat de la MINUEE, qui repose pour une large part sur l'Accord d'Alger, ne pose pas cette tâche comme prioritaire.
Vivement encouragés par les intervenants à poursuivre les pourparlers indirects et à ne pas se contenter d'une séparation frontalière pure et simple, les représentants de l'Erythrée et de l'Ethiopie ont déclaré qu'ils s'engageaient à respecter l'Accord de cessation des hostilités et à collaborer avec la Mission des Nations Unies. Sur ce point, la délégation éthiopienne a estimé néanmoins que des consultations supplémentaires sont nécessaires pour affiner les lignes directrices tracées par le rapport du Secrétaire général. La délégation érythréenne a, quant à elle, regretté que le rapport n'ait pas fait mention des personnes d'origine érythréenne déportées d'Ethiopie et a jugé que la partie consacrée aux activités humanitaires n'était pas assez équilibrée entre les deux pays.
Outre le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, les membres suivants du Conseil ont pris la parole : Etats-Unis, Namibie, Fédération de Russie, Royaume-Uni, Pays-Bas, Jamaïque, Argentine, Mali, Chine, Tunisie, Ukraine Canada, Bangladesh, Malaisie et France (au nom de l'Union européenne et des Etats associés). Les représentants du Japon, de la Norvège, de l'Erythrée et de l'Ethiopie se sont également exprimés.
Aux fins de l'examen de cette question, le Conseil était saisi d'un rapport du Secrétaire général.
RAPPORT DU SECRETAIRE GENERAL SUR L'ETHIOPIE ET L'ERYTHREE (S/2000/785)
Ce rapport du Secrétaire général est présenté conformément à la résolution 1312 (2000) en date du 31 juillet 2000 par laquelle le Conseil de sécurité l'a autorisé à créer la Mission des Nations Unies en Ethiopie et en Erythrée (MINUEE). M. Annan y présente un concept d'opération et des recommandations pour l'expansion de la MINUEE qu'il propose de doter de 4 200 hommes au maximum, dont 220 observateurs militaires. Le rapport rend compte également des résultats de la mission de reconnaissance qui a été dépêchée du 4 au 18 juillet dans la région afin d'examiner avec l'Organisation de l'Unité africaine (OUA) et les parties les modalités d'une assistance éventuelle de l'Organisation des Nations Unies pour la mise en oeuvre de l'Accord de cessation des hostilités signé à Alger, le 18 juin 2000 par l'Ethiopie et l'Erythrée. L'évolution de la situation politique et humanitaire depuis le 2 juin dernier y est aussi décrite.
La mission de reconnaissance pluridisciplinaire, qui a été conduite par le général de division Timothy Ford (Australie). Sur la base des conclusions de la Mission, le Secrétaire général envisage un mandat pour la MINUEE comprenant notamment les tâches suivantes: surveiller le respect de la cessation des hostilités; favoriser le respect des obligations en matière de sécurité auxquelles ont souscrit les deux parties; superviser et vérifier le retrait des forces éthiopiennes des positions prises après le 6 février 1999 et qui n'étaient pas sous administration éthiopienne avant le 6 mai 1998; superviser les positions des forces éthiopiennes après leur retrait ainsi que superviser simultanément les positions des forces érythréennes qui doivent rester à une distance de 25 kilomètres des positions desquelles les forces éthiopiennes doivent se retirer; surveiller la zone de sécurité temporaire, afin de promouvoir et d'assurer le respect de l'Accord de cessation des hostilités; présider la commission de coordination militaire, qui doit être créée en application de l'Accord.
La Mission, dirigée par un Représentant spécial du Secrétaire général, se composerait de diverses composantes spécialisées dans les domaines politique, militaire, de l'information, du déminage et administratif ainsi que d'un mécanisme de coordination avec les activités menées par les organismes humanitaires. La force militaire serait de 4 200 hommes, dont 220 observateurs militaires, 3 bataillons d'infanterie et les unités d'appui voulues. La Mission opérerait dans la zone de sécurité temporaire et les zones adjacentes et aurait des bureaux à Asmara (lieu d'installation de sa principale base de soutien logistique) et Mendefera (Erythrée) ainsi qu'à Addis-Abeba et Mekele (Ethiopie). Le Représentant spécial du Secrétaire général aurait aussi le statut d'observateur lors des pourparlers indirects qui seront menés avec les parties en vue de parvenir à un règlement général et durable du conflit.
La commission militaire de coordination qui doit être créée serait l'un des principaux instruments disponibles pour répondre aux préoccupations, sur le plan militaire, des parties et engager avec elle des consultations au sujet des activités de la Mission. Comme les parties en sont convenues, la commission serait créée conjointement par l'ONU et l'OUA, présidée par la MINUEE, et les parties ainsi que l'OUA y seraient représentées. Elle devrait organiser régulièrement des réunions de haut niveau et des réunions de travail, ainsi que des réunions extraordinaires. Le Secrétaire général propose de déployer la MINUEE en trois phases. La première, qui a déjà commencé, consiste à déployer des officiers de liaison dans chaque capitale afin d'établir et d'assurer la liaison avec les parties. Lors de la deuxième phase, un maximum de 100 observateurs militaires et le personnel d'appui civil nécessaire seraient déployés. Ils seraient notamment chargés de mettre en place et faire fonctionner le mécanisme qui permettra de vérifier la cessation des hostilités et de préparer la création de la Commission militaire de coordination. Le Représentant spécial du Secrétaire général et le commandant de la Force seraient désignés au cours de cette période. Enfin la troisième phase verrait le déploiement complet de l'opération de maintien de la paix.
Le Secrétaire général compte que les parties feront preuve de la plus grande retenue, éviteront toute provocation et coopéreront sans réserve avec la MINUEE. Pour ce qui est des jours qui viennent, on compte que les parties coopéreront avec la MINUEE afin que la zone de sécurité temporaire puisse être instaurée rapidement et afin de mettre à sa disposition les renseignements et le personnel nécessaires pour lui permettre de démarrer l'action antimines, condition nécessaire pour que ses travaux puissent commencer. Il ajoute que le plein respect de l'Accord permettra de créer le climat nécessaire à la poursuite des pourparlers qui devraient déboucher sur un règlement global et durable du conflit. A cet égard, les parties ont proposé, dans le cadre de l'Accord, que l'opération prenne fin une fois que le processus de délimitation et de démarcation de la frontière aura été mené à son terme. La communauté internationale doit continuer d'apporter son aide aux parties afin que le processus de paix aboutisse rapidement car on ne peut pas compter, à l'heure actuelle, que la MINUEE serait déployée indéfiniment.
Présentant le rapport du Secrétaire général sur la situation en Ethiopie et en Erythrée, M. BERNARD MIYET, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a rappelé que le Secrétaire général avait dépêché une mission de reconnaissance dans la région - du 4 au 18 juillet - pour discuter avec l'OUA et les deux parties au conflit les modalités d'une assistance possible des Nations Unies dans la mise en oeuvre de l'Accord de cessation des hostilités. Dans une première phase, les Nations Unies ont procédé au déploiement d'une équipe de cinq officiers de liaison respectivement à Asmara et à Addis-Abeba, pour entreprendre des consultations liminaires avec les parties et l'OUA et se préparer au déploiement initial des 100 observateurs militaires et du personnel d'appui autorisé par la résolution 1312.
Avant le déploiement de 100 observateurs militaires et du personnel d'appui - phase II -, de la MINUEEil serait indispensable de dépêcher dans les plus brefs délais une équipe de déminage. La troisième phase est celle du déploiement complet de la Mission. M. Miyet a indiqué que la Mission des Nations Unies en Ethiopie et en Erythrée (MINUEE) devrait être dirigée par un Représentant spécial du Secrétaire général et serait composée de diverses composantes, spécialisées dans les domaines politique, militaire et administratif, ainsi que du déminage et de l'information. La composante militaire sera dirigée par un général de division. La Mission, opérant dans la zone de sécurité temporaire et les zones adjacentes, travaillerait en collaboration étroite avec l'Organisation de l'unité africaine (OUA), pour s'acquitter des tâches prévues et faciliter l'application de l'Accord de cessation des hostilités. A cet égard, M. Miyet a souligné la nécessité de mettre en place au plus tôt la Commission militaire de coordination. La Mission coordonnera ses activités avec les organismes humanitaires locaux et internationaux dans la zone de sécurité temporaire et les zones adjacentes, par l'entremise d'un Centre de coordination civile et militaire qui serait créé à cette fin. La principale base de soutien logistique devrait être implantée à Asmara, en raison de sa proximité avec la zone d'opérations de la Mission. Dans chacun des trois secteurs, seraient déployés un groupe d'observateurs militaires et un bataillon d'infanterie. Le Secrétaire général propose donc au Conseil de sécurité de déployer une force militaire de 4 200 personnels militaires, dont 220 observateurs militaires, trois bataillons d'infanterie et les unités d'appui nécessaires.
Déclarations
Mme NANCY SODERBERG (Etats-Unis) a déclaré que le défi qui se pose aux peuples d'Ethiopie et d'Erythrée est de déterminer la nature des frontières que l'on souhaite établir. Ils peuvent aisément avoir une ligne verte, qui serait renforcée de barbelés et d'une borne de démarcation. Mais, ce ne serait qu'une démarcation physique. Ce n'est pas ce que le Conseil de sécurité recherche. Cette division complète est certainement meilleure que toute reprise du conflit, mais elle n'est pas satisfaisante. La délégation des Etats-Unis appelle donc les Gouvernements d'Ethiopie et d'Erythrée à aspirer à plus que les expériences tragiques qui ont établi pendant des décennies une séparation dans la péninsule coréenne, au Moyen-Orient et à Chypre. En revanche, l'Ethiopie et l'Erythrée doivent s'inspirer du modèle d'intégration de la SADC et de la COMESA basé sur la libre circulation des personnes, des marchandises et des idées. A cet égard, l'Espagne et le Portugal pourront peut-être offrir un modèle utile pour instaurer les relations nécessaires entre les deux pays. L'Ethiopie et l'Erythrée sont des entités nationales uniques qui partagent de nombreuses expériences historiques communes. Ces deux pays doivent développer des relations bilatérales subtiles fondées sur l'interdépendance et un agenda commun pour la prospérité. Concernant le dynamisme économique qui est aujourd'hui à l'ordre du jour de l'Union européenne, il est approprié de souligner que l'élan original pour l'Union européenne a été la réalisation de la part de l'Allemagne et de la France que l'intégration économique est la clé pour empêcher le retour à la guerre. Le Conseil de sécurité a, ici, une préoccupation institutionnelle. Les Casques bleus ne devraient pas être considérés comme une alternative à des accords d'une paix globale, mais plutôt comme créant qui créent une opportunité de parvenir à la paix sur la base de valeurs, de cultures et d'aspirations communes. L'expansion de la présence des Nations Unies en Ethiopie et en Erythrée devrait contribuer à calmer les tensions et à créer un climat propice à la recherche d'un règlement durable.
Le Conseil de sécurité doit veiller à ce que les soldats de la paix jouent un rôle de catalyseur pour réaliser des progrès. Les parties doivent rechercher bien plus que la cessation des hostilités. Elles doivent travailler pour établir une paix durable. Dans ce contexte, les Etats-Unis souhaitent la nomination sous peu d'un Représentant spécial du Secrétaire général et le déploiement rapide d'une mission des Nations Unies. C'est une obligation qui incombe au Conseil de sécurité.
M. MARTIN ANDJABA (Namibie) s'est réjoui de la signature de l'Accord du 18 juin dernier et a partagé l'avis du Secrétaire général selon lequel, jusqu'à présent, les deux parties font preuve de l'engagement et de la bonne volonté nécessaire à sa mise en oeuvre. La Namibie se félicite également de la tenue de pourparlers indirects le mois dernier à Washington D.C. sur les questions de la délimitation et de la démarcation de la frontière et des compensations. Au vu de la situation humanitaire, la délégation namibienne demande aussi à la communauté internationale de fournir une aide financière, bilatérale ou par le biais des Nations Unies, généreuse. Le nombre de mines terrestres et d'autres engins explosifs non déclenchés est une source de grave préoccupation pour la Namibie, a ajouté M.Andjaba, ajoutant qu'ils constituent un obstacle sérieux aux activités de réinstallation. Une assistance technique suffisante devrait donc être fournie. Le représentant a espéré que la composante information de la MINUEE jouera un rôle important, non seulement pour expliquer le mandat de l'opération mais également pour mener des activités de sensibilisation sur les dangers que représentent les mines. La Namibie se félicite par ailleurs de la bonne coordination des efforts entre les Nations Unies et l'OUA. La Namibie se félicite aussi de ce que les deux organisations maintiennent clairement leur identité propre dans ce processus. M. Andjaba a fait néanmoins remarquer que l'OUA aura besoin d'une aide en matière de mobilisation des ressources financières nécessaires et de soutien logistique pour continuer à jouer un rôle actif tant pour ce qui est de la diplomatie préventive, du rétablissement de la paix que de la reconstruction après les conflits.
M. Andrei E. GRANOVSKY (Fédération de Russie) a partagé les principales positions et conclusions du rapport du Secrétaire général. Il est important que les informations détaillées sur le déploiement d'une opération des Nations Unies soient fondées sur les dispositions de l'Accord d'Alger et sur les conclusions de la mission de reconnaissance des Nations Unies dans la région, a-t-il insisté. Le déploiement rapide de la Mission d'observation puis sa transformation en mission de maintien de la paix à part entière est une étape importante vers la paix définitive. Les premiers pas dans ce sens ont déjà été pris et la Fédération de Russie espère que le déploiement des observateurs militaires décidé récemment contribuera au processus de règlement.
Le travail du groupe d'observateurs militaires de l'ONU accompagné d'une attitude constructive des parties devrait aider à surmonter de manière positive les conséquences du conflit. La Fédération de Russie insiste sur le fait que le déblocage de cette situation de crise ne peut être obtenu que dans le cadre du droit international et par des méthodes politiques. Compte tenu de la situation actuelle, il est fondamental de ne pas tolérer les attitudes non constructives et surtout violentes qui pourraient remettre en cause les engagements pris. Les parties doivent faire preuve de retenue et prendre des mesures de rétablissement de la confiance mutuelle. Le représentant a salué les efforts de médiation de l'OUA et du Président algérien, M. Bouteflika. Le Conseil de sécurité doit de son côté continuer de soutenir autant qu'il le peut ces efforts. La Fédération de Russie partage les préoccupations du Secrétaire général concernant les conséquences humanitaires graves du conflit et notamment les besoins très importants en aide alimentaire d'urgence. Cette situation est aggravée par les nombreuses mines qui ont été posées dans le secteur. Il faut donc y accorder une attention particulière. Pour sa part, la Fédération de Russie va continuer à contribuer de manière active à l'établissement d'une paix durable entre l'Erythrée et l'Ethiopie, a affirmé en conclusion le représentant.
M. Stewart Eldon (Royaume-Uni) s'est félicité du rapport du Secrétaire général sur la situation en Ethiopie et en Erythrée ainsi que de l'excellent exposé présenté ce matin par M. Miyet. Les souffrances des populations de ces deux pays ont été considérables. L'Accord sur la cessation des hostilités signé en juin dernier, sous les auspices de l'OUA et grâce aux efforts inlassables du Président Bouteflika, constitue la base pour la mise en place d'une Mission des Nations Unies et pour instaurer une paix durable dans la région. Il est essentiel que les parties concernées respectent le cessez-le-feu. Pour assurer le déploiement de contingents, il est crucial que les parties concernées aient confiance en une présence des Nations Unies. Faisant remarquer que la Mission des Nations Unies en Ethiopie et en
Erythrée (MINUEE) ne peut durer indéfiniment, M. Eldon a souligné qu'il est important que des mécanismes de coordination soient établis entre l'ONU et l'OUA. Il est urgent également de procéder au déminage afin d'assurer la sécurité de la population des ces deux pays.
Tout en se réjouissant de la signature de l'Accord de cessation des hostilités par les deux parties, M. PETER VAN WALSUM (Pays-Bas) a rappelé qu'il ne s'agit que la première étape d'un processus de paix dont le succès dépendra de la constance de l'engagement des parties à le respecter. C'est pourquoi les Pays-Bas estiment que des efforts supplémentaires peuvent encore être consentis et que les parties sont en mesure de prendre des mesures concrètes de rétablissement de la confiance mutuelle. La première d'entre elles serait de mettre un terme aux récriminations et à la propagande effectuées de part et d'autre et de traiter les ressortissants de chacun des pays de manière décente et humaine.
Le représentant a fait observer que si le Conseil doit se prononcer sur l'expansion de la MINUEE, il lui faudra pour cela recevoir plus d'informations sur les résultats des pourparlers de Washington D.C. concernant la question de la délimitation et de la démarcation de la frontière. C'est effectivement cette question qui pour l'heure soulève le plus d'interrogations de la part de la délégation néerlandaise de même que celle des réparations. Dans la mesure où la MINUEE ne peut pas être déployée indéfiniment, il est d'autant plus nécessaire d'être très clair sur les problèmes en suspens dans les pourparlers et sur la mesure dans laquelle la résolution de ces problèmes constituera la condition sine qua non pour mettre fin à la Mission. Sans de telles informations, il sera difficile à ma délégation de se prononcer sur la recommandation du Secrétaire général, a prévenu M. Van Walsum.
Il a également insisté sur la nécessité d'envoyer des troupes bien entraînées. Les Pays-Bas tiennent aussi à rappeler que le 17 mai dernier, le Conseil a adopté une résolution imposant un embargo sur les armes à l'encontre des deux parties. Tant qu'un accord de paix définitif n'aura pas été signé, la communauté internationale doit prendre garde à ce que le trafic illicite d'armes ne remette pas en cause le processus de paix en cours. A cet égard, le représentant a demandé si le mandat de la MINUEE prévoit qu'elle fasse rapport des éventuelles violations de ces sanctions. En conclusion, il a insisté sur le fait que, compte tenu de leur situation économique déplorable, les deux parties doivent à leur peuple de mettre un terme définitif à la guerre.
M. Curtis A. WARD (Jamaïque) a déclaré que cette réunion sur la situation en Ethiopie et en Erythrée est d'une grande importance. La délégation jamaïcaine fait siennes les recommandations du Secrétaire général sur l'élargissement de la MINUEE. En outre, elle appuie pleinement le rôle de l'Organisation de l'unité africaine pour le règlement des conflits et sa coopération avec les Nations Unies pour le bon fonctionnement de la Mission. Le message que le Conseil de sécurité adressera aujourd'hui aux deux parties doit être clair et sans ambiguïté. L'avenir de l'Ethiopie et de l'Erythrée ainsi que de leurs peuples dépendra d'un mandat clair que le Conseil confiera à la MINUEE.
M. Luis Enrique Cappagli (Argentine) a déclaré que la signature de l'Accord d'Alger a constitué une avancée fondamentale vers le rétablissement de la paix dans ce conflit qui n'a que trop duré et n'a coûté que trop de vies. Mais s'il s'agit d'un premier pas important, il reste néanmoins encore beaucoup à faire, et ce le plus rapidement possible, a prévenu M. Cappagli, ajoutant qu'à cet égard les Nations Unies ont un rôle fondamental à jouer. Les troupes des Nations Unies devront donc être présentes sur le terrain sans trop de délais afin de garantir le retrait du front des belligérants et le respect du cessez-le-feu. Le facteur temps est capital, a insisté le représentant. Il a fait observer qu'à la différence des autres opérations entreprises en Afrique, il s'agit d'une opération classique de maintien de la paix entre deux armées régulières. Le Secrétaire général propose un mandat clair et adapté à la situation à l'examen, l'Argentine en appuie donc les conclusions et recommandations et est disposée à y travailler avec toute l'urgence qu'il se doit.
Concernant la composition même de la Mission, la délégation argentine insiste sur le fait qu'elle ne doit répondre qu'à une seule chaîne de commandement, que son mandat doit être clairement et précisément limité dans le temps et que son déploiement doit intervenir par étape. Il lui semble aussi essentiel que les activités de déminage progressent rapidement et elles doivent donc se voir accorder un caractère prioritaire. Le représentant a également exprimé sa grave préoccupation devant la situation humanitaire des deux pays. La communauté internationale doit selon lui mettre à disposition toute l'aide possible pour pallier les conséquences de cette crise, ce qui est également une activité prioritaire de la Mission des Nations Unies. Pour que la paix soit véritablement consolidée, les deux parties devront agir avec la plus grande modération et retenue et s'efforcer d'instaurer une atmosphère propice au dialogue. A cet égard, la mise en oeuvre rapide de l'Accord de cessation des hostilités repose principalement sur les deux pays au conflit et ne pourra être réalisée sans leur collaboration active.
M. SEKOU KASSE (Mali) s'est félicité de la signature le 18 juin dernier de l'Accord de cessation des hostilités entre l'Ethiopie et l'Erythrée. Sa délégation suit avec un grand intérêt les négociations en cours et, à cet égard, se félicite de la décision de l'OUA de mandater le Président algérien, M. Bouteflika, pour poursuivre les efforts de paix. Il est essentiel que les deux parties concernées prennent les mesures indispensables pour assurer le retour des personnes déplacées avant la saison des pluies et coopèrent avec les Nations Unies pour permettre l'élargissement de la MINUEE.
M. CHEN Xu (Chine) a estimé que depuis la signature de l'Accord d'Alger le 18 juin dernier, les deux parties ont fait preuve de retenue et la situation à la frontière a été relativement calme. En outre, les pourparlers qui ont eu lieu à Washington D.C. en juillet ont permis d'enregistrer des progrès supplémentaires. Dans ce contexte, la communauté internationale se doit de jouer un rôle actif et de soutenir les efforts de paix. La Chine se félicite de la mission de reconnaissance qui a été menée par les Nations Unies dans la région. Ses recommandations doivent être concrètes et être mises en oeuvre de manière efficace pour faciliter le règlement du conflit entre les deux pays et faciliter la paix dans l'ensemble de la corne de l'Afrique. La Chine espère que le Conseil de sécurité, en coopération avec l'OUA, prendra des mesures rapides concernant le déploiement de la MINUEE et décidera précisément de ses membres. Elle espère aussi que le Secrétariat effectuera rapidement des recherches sur les sources de contingents et les ressources qui leur seront nécessaires. Le représentant s'est aussi dit préoccupé par la situation humanitaire des deux pays et a appelé la communauté internationale à renforcer encore son aide dans ce domaine. Mme Radhia ACHOURI (Tunisie) a rappelé qu'en signant l'Accord de cessation des hostilités, l'Ethiopie et l'Erythrée ont démontré qu'elles sont désormais résolues à parvenir, en usant des moyens pacifiques, à une paix durable qui garantira aux peuples des deux pays les conditions nécessaires à leur prospérité. Cette quête de la paix devrait être encouragée et promue par toutes les parties concernées, s'agissant particulièrement du Conseil de sécurité qui a joué un rôle actif pour faire prévaloir une solution pacifique au différend. A cet égard, la délégation tunisienne estime que le Conseil de sécurité devra répondre à l'appel qui lui a été lancé par les chefs d'Etat et de Gouvernement africains et prendre les mesures nécessaires pour déployer promptement la Mission de maintien de la paix en Erythrée et en Ethiopie.
Les propositions pertinentes présentées par le Secrétaire général, - auxquelles la Tunisie souscrit pleinement - appellent de la part du Conseil une action diligente afin d'accélérer la mise en oeuvre de l'Accord de cessation des hostilités et de faciliter, par la même, la conclusion rapide d'un accord global et définitif entre les parties. Le Conseil devrait ainsi autoriser le plus tôt possible l'élargissement de la Mission des Nations Unies en Erythrée et en Ethiopie et son déploiement dans la région. C'est pourquoi, la délégation tunisienne encourage les deux parties à persévérer dans leur attitude positive à coopérer pleinement avec la Mission des Nations Unies et à poursuivre, d'une manière soutenue et sous les auspices de l'OUA, les pourparlers indirects au sujet de la démarcation et de la délimitation de la frontière. Par ailleurs, Mme Achouri s'est réjouie du mécanisme de coordination qui a été établi entre l'ONU et l'OUA visant à renforcer l'efficacité de leurs efforts respectifs l'application de l'Accord de cessation des hostilités et pour l'instauration d'une paix durable dans la région. Le déploiement de la Mission élargie des Nations Unies en Erythrée et en Ethiopie revêt une importance cruciale pour la promotion d'un règlement pacifique global et définitif du différend entre les deux parties. La délégation tunisienne se réjouit de la mise en place d'un programme d'assistance en matière de déminage ainsi que de la création d'un centre de coordination de déminage au siège de la MINUEE.
M. Valeri P. KUCHYNSKI (Ukraine) a estimé que le rapport du Secrétaire général est un outil utile dans la poursuite du déploiement de la MINUEE. Il s'est réjoui notamment du fait que ce document aborde tous les aspects du mandat, de la structure et du concept de la Mission. Il s'est joint à la demande de l'OUA appelant les parties à continuer leurs discussions. Il s'est effectivement dit préoccupé de la suspension sans résultat officiel des pourparlers indirects de Washington. Le représentant a espéré que ces discussions reprendront sans plus tarder et que les parties feront preuve de retenue. Selon l'Ukraine, il serait logique de tenir compte du point de vue des pays concernés pour que l'opération des Nations Unies puisse effectivement prendre fin après l'achèvement de l'exercice de délimitation et de démarcation de la frontière. La Mission ne peut pas rester sur place indéfiniment, en effet, a constaté le représentant. Il a aussi estimé que l'une des priorités des Nations Unies sont les activités de déminage. Il serait utile pour le Conseil de sécurité d'étudier les constatations de la mission de reconnaissance pluridisciplinaire qui a été menée sur le terrain. L'Ukraine est aussi extrêmement préoccupée de la situation humanitaire des deux pays. A cet égard, elle se félicite de la signature sous les auspices du HCR d'un accord tripartite pour le rapatriement des réfugiés éthiopiens et érythréens.
M. MICHEL DUVAL (Canada) a estimé que le Conseil de sécurité est en mesure de renforcer les efforts accomplis par le Président Bouteflika de l'Algérie, l'OUA, l'Union européenne et les Etats-Unis. Le Conseil doit se prononcer sur un mandat clair et réalisable pour garantir le succès de la MINUEE élargie. Des visites d'évaluation doivent précéder la création de missions de maintien de la paix, en y faisant participer les parties au conflit, a estimé M. Duval. La participation de l'OUA est importante et, à cet égard, le Canada se félicite de la création d'un mécanisme de coordination entre l'OUA et les Nations Unies. Les activités de déminage et le retour des personnes déplacées sont urgentes. Le représentant a préconisé une coordination de l'assistance humanitaire pour assurer une meilleure efficacité des efforts dans ce domaine. Des mesures devraient également être prises par les parties concernées pour échanger leurs prisonniers.
M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a appuyé la proposition du Secrétaire général de déployer en Ethiopie et en Erythrée une Mission dont la composante militaire serait constituée de 4 2000 hommes. Selon lui, la structure telle que proposée et le concept de l'opération sont fondés sur des évaluations politiques et militaires qui sont bonnes. Le Bangladesh se félicite notamment de l'incorporation d'une composante information très élaborée au sein de la Mission. A cet égard, le représentant a remercié les deux pays concernés d'avoir donné leur accord pour que la Mission bénéficie de temps de diffusion dans les programmes nationaux de radio et télévision.
La coordination des activités avec l'OUA est, par ailleurs, très importante et le Bangladesh accueille avec satisfaction le mécanisme prévu à cet effet par le Secrétaire général. De l'avis du Bangladesh, l'autorisation de déploiement du Conseil de sécurité devrait intervenir le plus tôt possible. De son côté, le Secrétariat devrait terminer rapidement les préparatifs de déploiement de cette mission à laquelle le Gouvernement du Bangladesh est prêt à participer. Le représentant a demandé aux Gouvernements des deux parties de faire preuve de la plus grande retenue et d'assurer le plein respect de l'Accord de cessation des hostilités. Il leur a aussi demandé de coopérer le plus activement possible avec l'ONU, ce qui selon lui aura sans aucun doute une influence sur l'autorisation de déploiement. De son côté, la communauté internationale doit accorder plus d'attention aux besoins humanitaires des deux parties. Elle devrait donc répondre de manière plus généreuse à l'appel consolidé lancé en juillet 2000. M. Chowdhury a en conclusion fait observer que la MINUEE devra être en mesure d'achever son mandat rapidement, la communauté internationale devant en effet accorder l'essentiel de son attention aux efforts de reconstruction et de réhabilitation. Une fois le différend territorial résolu, la priorité devrait rapidement être accordée à la population, a insisté le représentant.
M. HASMY AGAM (Malaisie), se félicitant des efforts déployés par le Président algérien, M. Abdelaziz Bouteflika, et par l'OUA qui ont permis la signature de l'Accord de cessation des hostilités entre l'Ethiopie et l'Erythrée, a émis l'espoir que cela contribuera à la restauration de la paix entre les deux pays. Sa délégation salue l'appui apporté par les Etats-Unis et l'Union européenne. Il incombe au Conseil de sécurité d'assister ces deux pays en créant les conditions nécessaires à l'instauration d'une paix et d'une stabilité durable. Il faut agir rapidement et de manière décisive. A cet égard, la résolution 1312 (2000) du 31 juillet dernier qui avait autorisé la création de la Mission des Nations Unies en Ethiopie et en Erythrée (MINUEE) a constitué la première étape importante dans cette voie.
La Malaisie appuie l'approche en trois étapes proposée par le Secrétaire général et se félicite du déploiement rapide d'officiers de liaison dans les deux capitales. M. Agam a assuré que sa délégation participera de manière constructive au Conseil de sécurité à l'examen du mandat et des ressources de la MINUEE. A cet égard, il a estimé qu'il faudrait tirer les leçons des expériences passées dans d'autres régions d'Afrique et veiller à ce que la Mission dispose de communications suffisantes et efficaces ainsi que d'un personnel bien formé et bien équipé. En outre, il est nécessaire d'établir des contacts étroits entre les Nations Unies et l'Organisation de l'unité africaine, ainsi que les dirigeants politiques et militaires des deux pays. Préoccupée par l'existence de mines terrestres qui pourraient affecter la sécurité du personnel de la MINUEE ainsi que le retour des personnes déplacées, la Malaisie appuie la proposition du Secrétaire général de créer un centre de coordination pour le déminage. Pour sa part, la communauté internationale doit assister d'urgence les deux pays à faire face à leurs immenses besoins humanitaires et à la reconstruction de leurs infrastructures. L'Ethiopie et l'Erythrée doivent, quant à elles, poursuivre les pourparlers afin de parvenir sur un accord de délimitation et de démarcation de leurs frontières.
M. YVES DOUTRIAUX (France), s'exprimant au nom de l'Union européenne et des Etats associés, a accueilli avec satisfaction les recommandations du Secrétaire général concernant l'élargissement de la MINUEE. Les propositions faites sur le mandat, la structure et le concept de l'opération lui ont paru constituer une bonne base pour mettre en oeuvre le règlement de paix et pour superviser les redéploiements prévus par l'Accord de cessation des hostilités. L'Union européenne se réjouit aussi du climat de coopération entre les parties qu'elle appelle à reprendre leurs discussions le plus tôt possible pour parvenir à un règlement complet et durable du conflit. Elle leur demande également de continuer à coopérer avec la Mission des Nations Unies, en lui communiquant, notamment, toutes les informations dont elles disposent sur les zones où la présence de mines ou de munitions non explosées est connue ou supposée. L'Union européenne entend apporter son soutien aux mesures prises par l'OUA et les Nations Unies, de manière coordonnée, pour mettre en oeuvre le règlement de paix. Elle encourage l'OUA à poursuivre ses efforts pour une prompte reprise des pourparlers entre l'Ethiopie et l'Erythrée. S'agissant de la situation humanitaire, l'Union européenne est particulièrement troublée par le grand nombre de personnes déplacées, sur le plan interne, et de réfugiés dans la région. Il est important que la Mission des Nations Unies établisse et maintienne une coopération proche avec les acteurs humanitaires dans la région. M. Doutriaux a également expliqué que l'Union européenne souhaite que le Conseil de sécurité se prononce dans les délais les plus brefs sur les recommandations du Secrétaire général concernant l'élargissement du mandat et du format de la MINUEE. Pour sa part, l'Union européenne se félicite du déploiement des observateurs internationaux. Elle est également disposée à apporter un soutien à la délimitation et au tracé des frontières, au déminage, et à l'action entreprise pour aider les réfugiés et les personnes déplacées.
M. HIDEAKI KOBAYASHI (Japon) s'est félicité de l'Accord de cessation des hostilités intervenu entre les deux parties le 18 juin dernier. Il a mis en avant deux points d'importance particulière pour sa délégation à considérer dans le cadre de la deuxième série de pourparlers indirects entamée en juillet à Washington D.C.. Tout d'abord, la nécessité que, conformément à la résolution 1312, l'Erythrée et l'Ethiopie s'accordent rapidement sur le déploiement d'experts en déminage. Le déminage est en effet une condition au déploiement en toute sécurité de l'opération de maintien de la paix, au rétablissement de l'administration civile et au retour des personnes déplacées. De son côté, le Japon envisage la possibilité d'effectuer une contribution aux activités de déminage conduites par les Nations Unies. En deuxième lieu, le représentant a mis l'accent sur la nécessité pour les parties de résoudre, une fois pour toutes, leur différend concernant la délimitation et la démarcation de leur frontière, conformément à l'Accord-cadre de cessation des hostilités de l'OUA. "Cette question ne doit pas demeurer sans solution car ayant été la cause du conflit, elle pourrait provoquer la reprise des hostilités", a averti M. Kobayashi.
Le Japon estime en outre que les préparatifs pour la création de la Mission des Nations Unies doivent être achevés rapidement afin que les Casques Bleus puissent être déployés le plus vite possible afin de garantir la mise en uvre de l'Accord. Le représentant a expliqué en conclusion que son pays est disposé à fournir aux deux pays toute l'aide dont ils auront besoin pour surmonter les ravages du conflit à condition qu'ils respectent fidèlement la mise en oeuvre de l'Accord de cessation des hostilités.
M. HANS BRATTSKAR (Norvège) a déclaré que son gouvernement appuie vigoureusement la résolution 1321 (2000) du Conseil de sécurité qui a autorisé la création d'une mission de maintien de la paix en Erythrée et en Ethiopie. L'opération des Nations Unies sera cruciale en vue de créer un climat de sécurité stable dans la Corne de l'Afrique. Pour garantir le succès de la Mission, il est important que tous les Etats Membres s'acquittent de leurs obligations à cet égard. Tout en reconnaissant les efforts déployés par l'OUA et les acteurs régionaux, la Norvège souhaite y apporter une contribution. Elle est en conséquence prête à fournir des observateurs militaires à l'opération. Se félicitant de l'Accord de cessation des hostilités signé par les Gouvernements éthiopien et érythréen le 18 juin dernier à Alger, la délégation norvégienne estime qu'il constitue une étape importante vers un règlement global et une paix durable. Soutenant depuis de longue date les efforts de l'OUA - en particulier en matière de prévention des conflits -, la Norvège a versé un million de dollars au Fonds d'affectation spéciale pour l'assistance à la délimitation et à la démarcation des frontières entre l'Ethiopie et l'Erythrée. La semaine dernière, elle a également versé 225 000 dollars au programme de déminage des Nations Unies en Ethiopie-Erythrée. Pour parvenir à un règlement global dans la région, les deux parties concernées doivent s'abstenir de toute action qui serait interprétée de provocation ou de violation du cessez-le-feu. Ayant développé depuis longtemps une coopération avec ces deux pays, la Norvège a contribué, cette année, pour un montant de 13 millions de dollars à la Corne de l'Afrique.
M. TESFA ALEM SEYOUM (Erythrée) a rappelé que le Conseil examine la question à l'heure où une vaste partie du territoire souverain de son pays a été envahie et occupée, en toute impunité, par l'Ethiopie, sa voisine. Cet acte d'invasion constitue, il en va de soi, une violation de la Charte des Nations Unies, de celle de l'OUA et du droit international, a insisté le représentant, qui a précisé qu'en ce moment même ce sont des millions d'Erythréens qui sont déplacés à l'intérieur de leurs frontières et quelques 95 000 réfugiés au Soudan. Le problème de ces personnes déplacées ou réfugiées, ajouté à celui des personnes déportées de manière inhumaine d'Ethiopie - et dont le rapport du Secrétaire général ne fait pas mention - et à celui de la sécheresse font que la situation humanitaire de ce pays de quatre millions d'habitants est compromise à court mais aussi à long terme. Tout en remerciant la communauté internationale de l'aide qu'elle apporte à son pays, le représentant a expliqué que le niveau de cette assistance demeure bien inférieur aux besoins. M. Seyoum a aussi dénoncé les conditions de vie déplorables, notamment en matière de droits de l'homme, dans lesquelles vivent les populations érythréennes actuellement sous occupation éthiopienne. C'est pourquoi, l'Erythrée se réjouit tout particulièrement de la parution du rapport du Secrétaire général. Cependant, la délégation érythréenne aurait aimé que la partie consacrée aux activités humanitaires soit plus équilibrée et elle fait remarquer, à cet égard, que le traitement des deux parties n'y est pas identique. Le représentant en a pris pour preuve le silence du rapport sur les 71 000 Erythréens déportés d'Ethiopie, les victimes civiles, et la destruction délibérée des infrastructures sociales et économiques commises en Erythrée par l'armée éthiopienne. Toutefois, la proposition du Secrétaire général d'élargir la MINUEE est fondamentale pour le processus de paix actuel et l'Erythrée lance donc un appel au Conseil pour qu'il y accède rapidement. M. Seyoum a précisé que sa délégation fait, de son côté, d'importants efforts pour ramener une paix durable dans cette région de l'Afrique. Pour l'heure, les peuples des deux pays ont le regard tourné vers le Conseil de sécurité pour qu'il prenne une décision prompte et accélère le déploiement de la Mission, a insisté le représentant, tout en formant l'espoir que le Conseil ne les décevra pas. En conclusion, il a exprimé l'engagement de son Gouvernement à soutenir et à coopérer pleinement avec la Mission des Nations Unies.
M. FESSEHA A. TESSEMA (Ethiopie) a exprimé sa gratitude au Secrétaire général pour son rapport qui a été présenté à point nommé. Ce n'est pas parce que nous le voulions que nous sommes allés à la guerre, a rappelé M. Tessema qui souligne que son pays a été victime d'une agression flagrante commise par son voisin. Toutefois, son gouvernement s'engage à respecter la lettre et l'esprit de l'Accord de cessation des hostilités signé en juin dernier à Alger. En dépit de cet Accord, des violations continuent d'être commises. L'essentiel du rapport du Secrétaire général satisfait le Gouvernement éthiopien. D'autres consultations sont nécessaires pour affiner les lignes directrices tracées dans le rapport. La question des réfugiés n'est pas une question nouvelle qui est causée par l'Ethiopie, a précisé M. Tessema. Le Gouvernement éthiopien attend le déploiement de la MINUEE et pour ce faire, entend coopérer pleinement avec les Nations Unies.
Faisant des remarques finales, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. BERNARD MYET, est revenu sur la question de la nécessité pour cette opération de maintien de la paix, comme pour toute, d'avoir du personnel professionnel et bien entraîné. Cette question est actuellement à l'examen au Secrétariat, a-t-il précisé. Il a indiqué que le Secrétariat a tout mis en oeuvre pour faire part le plus tôt possible aux parties concernées de ses intentions. Le Secrétariat dépend dans ce cas, comme dans tous les autres, de la disposition des Etats Membres à fournir des contingents. Il dépend également de l'accord des pays dans lesquels les contingents doivent être déployés. Comme toujours, cela pose des difficultés et il nous faut convaincre les parties du professionnalisme des troupes qui seront déployées. "Le Secrétariat n'a donc pas toutes les cartes dans ses mains", a-t-il fait remarquer. S'agissant des sanctions, question soulevée notamment par le représentant des Pays-Bas, M. Myet a expliqué que l'obligation de faire rapport d'éventuelles violations des sanctions s'appliquent à tous les éléments du système des Nations Unies. Cependant et ainsi que le rapport du Secrétaire général l'indique clairement, le mandat de la MINUEE a un rapport direct avec l'Accord de cessation des hostilités signé à Alger et transmettre des informations sur ces violations ne relève pas de son obligation première. En conclusion, il est revenu sur la nécessité de la bonne volonté et de l'engagement de toutes les parties concernées mais aussi des pays susceptibles de fournir des contingents pour que la Mission puisse être déployée le plus rapidement possible.
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