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CS/2023

CONSEIL DE SECURITE : RECONSTRUCTION DU SYSTEME POLITIQUE ET AMELIORATION DE LA SECURITE SONT LES DEFIS IMMEDIATS AU TIMOR ORIENTAL

28 juillet 2000


Communiqué de Presse
CS/2023


CONSEIL DE SECURITE : RECONSTRUCTION DU SYSTEME POLITIQUE ET AMELIORATION DE LA SECURITE SONT LES DEFIS IMMEDIATS AU TIMOR ORIENTAL

20000728

Les intervenants soulignent la responsabilité de l'Indonésie pour ce qui est de faire cesser les agissements des milices

"Le grand défi au Timor oriental est de reconstruire le système politique en assurant une participation qui soit la plus large possible au processus", a indiqué M. Hedi Annabi, Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, qui présentait ce matin au Conseil de sécurité le deuxième rapport semestriel du Secrétaire général sur les activités de l'Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental. Ce faisant, il a fait état d'un certain nombre d'avancées ayant notamment permis de surmonter la situation d'urgence humanitaire née des violences survenues l'été dernier à l'issue de la consultation populaire. La normalisation des relations avec l'Indonésie a notamment été relevée. Les progrès les plus sensibles ont été enregistrés dans le domaine de l'administration où le partage des responsabilités entre l'ATNUTO et les Timorais s'est accru. L'Administration transitoire s'est réorganisée et les Timorais détiennent la moitié des portefeuilles ministériels. Ils sont ainsi pour la première fois en mesure d'assumer des responsabilités gouvernementales. De plus, la base de participation du Conseil national, créé le 14 juillet en remplacement du Conseil national consultatif, a été élargie. Sur ce point, de nombreux intervenants ont estimé qu'il faut d'urgence renforcer la tolérance à l'égard des groupes politiques, religieux et ethniques en dehors du Conseil national de la résistance timoraise (CNRT), dirigé par M. Gusmao. Etant donné l'ampleur des destructions, la relance de l'économie constitue une tâche de longue haleine qui se poursuivra bien après l'indépendance, a également averti M. Annabi, qui a précisé que celle-ci pourrait intervenir d'ici la fin de l'année prochaine.

Les questions de l'ordre public et de la sécurité ont particulièrement retenu l'attention. Les crimes et les vols se sont en effet multipliés ces derniers mois, tout particulièrement à Dili. Parallèlement, la situation dans les camps de réfugiés situés au Timor occidental a été jugée déplorable par les participants qui ont estimé que la suspension provisoire des activités du Haut Commissariat pour les réfugiés dans certains camps témoigne bien de la gravité de la situation. Préoccupés de voir que le grand nombre de réfugiés sert de couverture à la présence et aux activités des milices favorables à l'intégration, ils ont instamment demandé au Gouvernement indonésien de prendre des mesures efficaces pour contrôler ces éléments. Ils lui ont aussi demandé de régler les problèmes qui font obstacle au rapatriement des réfugiés. Compte tenu de cette situation sécuritaire encore instable, plusieurs représentants ont estimé qu'il fallait envisager avec beaucoup de prudence la réduction des forces de l'ATNUTO.

Les intervenants ont également insisté pour que les responsables de la mort du Casque bleu néo-zélandais, tué la semaine dernière près de la frontière avec le Timor occidental, soient traduits devant la justice et que les autorités indonésiennes coopèrent pleinement à l'enquête menée. Le représentant de l'Indonésie a répondu que son Gouvernement ne pouvait pas contrôler tous les faits et gestes de chacun des individus dans les camps et qu'il avait néanmoins aussitôt offert de coopérer à l'enquête. M. Annabi, au nom du Secrétaire général, et les intervenants ont également adressé leurs plus sincères condoléances à la famille du soldat néo-zélandais.

Les quinze membres du Conseil ont fait une déclaration, ainsi que les représentants de la Nouvelle-Zélande, du Portugal, de l'Australie, du Japon et de l'Indonésie.

Aux fins de l'examen de cette question, le Conseil était saisi du rapport semestriel du Secrétaire général sur les activités de l'ATNUTO. Une déclaration présidentielle devrait être adoptée la semaine prochaine.

Rapport du Secrétaire général sur l'Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (S/2000/738)

Le rapport couvre les activités de l'Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO) ente le 26 janvier et le 26 juillet 2000. Bien qu'elle n'ait pas encore atteint la capacité autorisée (elle compte actuellement 2 684 fonctionnaires civils), l'ATNUTO, qui a été créée en octobre 1999, peut s'estimer satisfaite du travail accompli. Elle a contribué à atténuer la crise humanitaire, déclenchée par les violences et les destructions qui ont suivi le référendum l'année dernière. Elle a aussi rétabli des conditions de sécurité; a jeté les bases d'une administration efficace et, surtout, elle a su instaurer une relation de confiance et de respect mutuels avec les Timorais.

Les six mois qui viennent de s'écouler ont fait apparaître clairement à quel point la tâche entreprise par les Nations Unies tenait de la gageure. C'est la première fois que l'ONU s'attelle à la tâche de construire et gérer un Etat. De plus elle n'a pas eu l'occasion de se préparer à ce nouveau type de mandat : l'équipe des Nations Unies a dû être constituée dans la précipitation et manque encore de connaissances spécialisées dans un certain nombre de domaines.

Le Secrétaire général rappelle que la relation entre l'ATNUTO et les Timorais est cruciale pour la réalisation du mandat. Alors que la résolution 1272 (1999) du Conseil de sécurité donne pleins pouvoirs à l'Organisation, le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Sergio Vieira de Mello, a, à juste titre, décidé de n'agir qu'en consultation très étroite avec les Timorais et avec leur consentement. La nomination de Timorais à la tête des départements est une étape de plus vers le partage des responsabilités politiques. Sur les huit ministères créés, quatre portefeuilles ont été confiés à des Est-Timorais. En outre, l'administration timoraise, qui comprend actuellement 5 275 fonctionnaires, recrute au moyen d'une sélection par concours et au mérite, sous la supervision de la Commission de la fonction publique.

L'ATNUTO a parallèlement maintenu des contacts étroits avec les différents groupes politiques, notamment avec le Conseil national de la résistance timoraise (CNRT) et son Président, M. Xanana Gusmoo, dirigeant timorais le plus respecté, qui jouit d'une grande autorité personnelle. Néanmoins les signes d'intolérance à l'égard des autres groupes politiques qui se sont manifestés ces dernières semaines au sein de ce parti sont préoccupants. Ainsi en juin, le bureau de Dili du Conseil étudiant de solidarité qui était, avant la consultation populaire, l'un des groupes les plus favorables à l'indépendance du Timor oriental, a été détruit. En mars, des employés de la radio catholique Timor Kmanek ont été menacés de mort si la radio traitait de questions politiques dans ses émissions. Des églises protestantes ont aussi été incendiées et la mosquée de Dili a été attaquée à plusieurs reprises. Le Secrétaire général veut croire que le CNRT défendra la liberté politique pour laquelle il a lutté et fera tout pour encourager une participation aussi large que possible au processus politique, ce que la création du Conseil national, le 14 juillet dernier, afin de remplacer le Conseil consultatif national, devrait également promouvoir.

La meilleure façon d'assurer un avenir au Timor oriental consiste à instaurer des relations saines avec des pays de la région, en particulier avec l'Indonésie. De grands progrès ont été accomplis à cet égard, notamment grâce aux efforts personnels du Président Wahid et de M. Gusmao. Cependant les questions non résolues des réfugiés du Timor oriental encore au Timor occidental, qui sont estimés entre 85 000 et 120 000, de l'activité des milices favorables à l'intégration, qui exercent un contrôle sur les réfugiés, et des incursions continuelles de groupes basés au Timor occidental sont très préoccupantes, comme en témoigne l'incident au cours duquel un soldat des Nations Unies a été abattu le 24 juillet. Le Secrétaire général compte que les autorités indonésiennes prendront les mesures qui s'imposent pour contrôler la situation.

Pour le Secrétaire général, les domaines clefs sont les suivants : la sécurité au cours de la période de transition et les arrangements à prendre pour assurer la sécurité du Timor oriental lorsqu'il sera indépendant; la mise en place d'un système de justice crédible, dans le cadre duquel les droits de l'homme fondamentaux sont respectés; assurer la reconstruction des services et des infrastructures publiques à un niveau suffisant; mettre en place une administration financièrement viable; gérer la transition politique, dont le point culminant sera l'adoption d'une constitution et la tenue d'élections démocratiques. Ce dernier objectif est indubitablement le plus important puisqu'il suppose la mise en place d'un système politique en phase avec la population et d'une direction politique comptable de ses décisions. Les Timorais ne souhaitent pas que la transition soit trop longue. Nombreux sont ceux qui espèrent réaliser l'indépendance d'ici la fin de l'année prochaine, tout en sachant que le Timor oriental, qui est un des pays les moins développés du monde, aura besoin de l'appui international pendant un certain temps.

Déclarations

M. HEDI ANNABI, Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, a expliqué que la situation d'urgence humanitaire à laquelle a dû faire face l'ONU, suite aux violences survenues l'été dernier à l'issue de la consultation populaire, a été largement surmontée. Mais la reconstruction des infrastructures et de l'administration sont des tâches immenses. Il reste notamment encore beaucoup de travail à faire pour ce qui est de relancer l'économie et de renforcer la fourniture des services essentiels dans des conditions sécuritaires stables. La situation des réfugiés au Timor occidental suscite quant à elle des préoccupations croissantes, a ajouté le Sous-Secrétaire général.

Au cours des six derniers mois, le partage des responsabilités notamment au niveau de la prise de décisions, s'est accru. Pour la première fois des Timorais assument des responsabilités gouvernementales. Le Conseil national créé en juillet va permettre d'accroître la participation des Timorais et notamment ceux des régions rurales. Le défi est de veiller à ce que ce Conseil soit constitué de telle sorte qu'il fasse partie du processus d'édification d'un consensus. Il faut notamment écouter attentivement les jeunes et les étudiants qui ont été si actifs dans le mouvement en faveur de l’indépendance et dont les demandes se font de plus en plus entendre, a insisté M. Annabi. Il faut d'urgence renforcer la tolérance à l'égard des groupes politiques, religieux et ethniques en dehors du CNRT, a-t-il précisé. Le Conseil national de la résistance (CNRT) tiendra le mois prochain une conférence. Cette réunion publique sera très importante et devrait faire progresser sensiblement le débat sur les questions clefs de la nouvelle Constitution et du calendrier des élections générales. Le grand défi durant cette période est de maintenir une optique commune tout en encourageant une participation aussi large que possible. S'agissant des relations avec l'Indonésie, M. Annabi a fait état de progrès considérables même si quelques questions cruciales demeurent en suspens. La question la plus importante demeure la situation des réfugiés au Timor occidental dont les conditions de vie dans les camps sont très peu satisfaisantes. Des mesures de séparation des anciens soldats, policiers et fonctionnaires indonésiens ont été prises dans les camps. Suite à des attaques contre son personnel, malheureusement le Haut commissariat pou les réfugiés s'est retiré de ces camps, a indiqué M. Annabi illustrant ainsi la gravité de la situation. Le Gouvernement indonésien devrait être encouragé à veiller à ce que l'influence des milices dans les camps et la zone frontalière cesse immédiatement. La persistance des milices favorables à l'intégration est une question fondamentale pour la sécurité frontalière. Le Sous-secrétaire général a précisé qu'hier le HCR a publié un document de base sur cette question. Pour ce qui est de la sécurité générale, au cours des six derniers mois, il y a eu des périodes de calme interrompues par des incidents dont le point culminant a été cette semaine avec le meurtre d'un soldat du contingent néo-zélandais à la frontière méridionale avec le Timor occidental. Une enquête sur cet acte conjointe avec l'ATNUTO et le Gouvernement indonésien commencera lundi. M. Annabi a, au nom du Secrétaire général, exprimé ses sincères condoléances à la famille du soldat tué.

En matière d'ordre public, il y a eu une augmentation inquiétante des crimes et des vols, surtout à Dili. Cela a rendu nécessaire d'autoriser la police des Nations Unies à disposer d'armes de poing, a précisé le Sous-Secrétaire général. Il a également évoqué un rapport toujours en préparation sur la question future de la défense nationale du Timor oriental. Il semble que trois options devraient être proposées présumant toutes que le FALINTIL sera au coeur d'une nouvelle force de défense ou de sécurité qui aura besoin d'une formation importante de la part de la communauté internationale. Dans le cadre du renforcement des relations avec les pays voisins du Timor oriental et à l'invitation de la Thaïlande, MM. de Mello et Gusmao ont assisté à la réunion des ministres de l'ANASE les 24 et 25 juillet derniers.

La relance de l'économie constitue une tâche de longue haleine qui se poursuivra bien après l'indépendance, étant donné l'ampleur des destructions, a ensuite averti M. Annabi. Un budget modeste de 59 millions de dollars pour l'année prochaine a été décidé en accord avec les dirigeants est-timorais. Cela supposera une contribution supplémentaire sur la base du volontariat, a précisé M. Annabi. En conclusion, il a estimé que l'on peut être satisfait des progrès réalisés par l'ATNUTO qui a maintenu un environnement sûr, établi les fondements de l'administration et surtout des relations de respect mutuel avec les habitants du Timor oriental. L'engagement de la communauté internationale devra être soutenu bien au-delà de l'indépendance, qui interviendra peut-être d'ici la fin de l'année prochaine, ainsi que l'espèrent de nombreux habitants du Timor oriental.

Mme NANCY SODERBERG (Etats-Unis) a fait part de ses condoléances à la famille du soldat néo-zélandais qui a trouvé la mort. Les Nations Unies ont réalisé un travail important au Timor oriental. L'ATNUTO poursuit sa tâche de "timorisation" de l'administration. Mais comme l'a relevé le Secrétaire général dans son rapport, les Timorais du Timor oriental auront besoin d'une aide de la communauté internationale après l'indépendance et malgré les réalisations de l'ATNUTO, des problèmes subsistent dans les zones frontalières. Ces problèmes sont alimentés par la situation intolérable au Timor occidental. La représentante a dénoncé le fait que le Gouvernement indonésien a abdiqué ses responsabilités pour ce qui est du maintien de la sécurité et de la loi dans les camps et aux alentours. Cette incapacité à maintenir l'ordre menace le travail des Nations Unies et les progrès remarquables réalisés jusqu'à présent. La situation dans les camps de réfugiés continue de se détériorer. Malgré les appels répétés du Conseil de sécurité, le Gouvernement indonésien n'a rien fait pour mettre un terme aux incursions transfrontalières des milices. La mort du soldat de la Nouvelle-Zélande en est un exemple tragique.

Reconnaissant la valeur des accords de coopération entre le Gouvernement indonésien et l'ATNUTO, la représentante a demandé que des améliorations concrètes sur le terrain aient lieu, en particulier au Timor occidental. L'Indonésie doit faire plus. Elle doit respecter ses engagements et ouvrir la voie à des relations de bon voisinage entre deux nations souveraines. La représentante a indiqué par ailleurs que son pays soutient le projet de déclaration présidentielle élaboré par le Royaume-Uni. Elle a cependant estimé que ce texte devrait refléter les problèmes rencontrés dans les camps de réfugiés et en particulier l'incapacité du Gouvernement indonésien de remplir les responsabilités qui lui incombent en matière du maintien de l'ordre. Elle a indiqué que son pays formulera des suggestions lors de la réunion d'experts qui se tiendra cet après-midi. La représentante a par ailleurs évoqué la violence qui prévaut aux Moluques qui s'est traduite par la mort de milliers de citoyens indonésiens et par une grave crise humanitaire. Il est de la responsabilité du Gouvernement indonésien de mettre un terme à cette crise où des Musulmans tuent des Chrétiens et des Chrétiens tuent des Musulmans. Nous lui demandons instamment de permettre aux travailleurs humanitaires d'accéder immédiatement à la région.

M. ALISTAIR HARRISON (Royaume-Uni) a évoqué un certain nombre de développements positifs dont il s'est félicité et qui se sont traduits, avec l'aide de l'ATNUTO, par l'établissement d'un Conseil national le 14 juillet dernier qui permet la participation des Timorais aux prises de décisions, par la tenue d'une Conférence des donateurs au Portugal des 21 au 23 juin derniers qui a bénéficié de procédures simplifiées ainsi que par la mise en place des modalités devant régir le sécurité et la défense future du Timor oriental. Le représentant a toutefois demandé à la communauté internationale et aux donateurs de faire plus au niveau financier au regard des besoins importants du Timor oriental. A cet effet, le représentant a proposé l'établissement par l'ATNUTO et la Banque mondiale d'indicateurs de performance mesurables qui leur permettraient de mesurer les progrès accomplis au cours des mois à venir ainsi que l'établissement de rapports réguliers.

En ce qui concerne le débat sur les forces qui assureront la sécurité et la défense du Timor oriental dans le futur, le représentant a souligné qu’une des voix les plus importantes sera celle du FALINTIL, qui a été une des forces principales du mouvement d’indépendance au Timor oriental. Le FALINTIL aura une contribution majeure à apporter au débat. Il aurait pu s’attendre à bénéficier du changement de la même manière que les branches militaires de certains autres mouvements d’indépendance dans des circonstances similaires. Leur vote n’a pas eu la reconnaissance qu’il mérite. Leurs forces sont encore cantonnées et aucun rôle ne leur a été confié onze mois après la tenue la tenue du référendum. Nous accueillons positivement le déboursement de 100 000 dollars en vue de subvenir aux besoins immédiats humanitaires du FALINTIL. Nous devons évaluer ce que nous pouvons faire de plus pour s'attaquer à cette question. Sur le plan humanitaire, le représentant s'est demandé pourquoi il y avait encore tant de réfugiés dans les camps du Timor occidental. Il s'est également demandé pourquoi ces camps demeurent en grande partie sous le contrôle des milices qui sont en faveur de l'intégration. Pourquoi avons-nous permis aux actes d'intimidation à l'encontre du HCR de prendre autant d'ampleur, s'est-il encore demandé. Cette situation ne peut pas continuer. Le processus d'enregistrement des réfugiés doit se poursuivre pour permettre leur rapatriation et leur réinstallation avant la prochaine saison des pluies. Nous rappelons que le HCR a demandé au Gouvernement indonésien de restaurer la loi et l'ordre dans les camps et aux alentours avant la date du 31 octobre.

L'incapacité récurrente de mettre fin aux activités des milices a un effet déstabilisateur sur le Timor oriental lui-même. Le rapport du Secrétaire général fait état d'incursions sporadiques mais continues transfrontalières dont le point culminant a été le meurtre tragique d'un Casque bleu. Nous devons faire preuve de détermination pour qu'un tel acte ne se reproduise pas. Le représentant a souhaité que le Secrétaire général ordonne la conduite d'une enquête complète et fasse rapport au Conseil de sécurité le plus rapidement possible. Le Royaume-Uni attend du Gouvernement indonésien qu'il redouble d'efforts pour coopérer avec l'ATNUTO au sujet de la question des incursions transfrontalières. Le Gouvernement indonésien doit désarmer et démobiliser ces bandes armées. Le représentant a ajouté que son Gouvernement avait fait circuler un projet de déclaration présidentielle reflétant les développements tant positifs que négatifs et qui, a-t-il espéré, sera adopté la semaine prochaine.

M. ARNOLDO LISTRE (Argentine) a estimé qu'en matière de reconstruction politique, il est fondamental de former des leaders politiques qui seront en mesure de diriger le destin de la nation est-timoraise une fois que les Nations Unies se seront retirées. Dans ce contexte, il s'est particulièrement félicité de l'initiative d'attribuer à des Timorais quatre portefeuilles au sein de l’Administration transitoire. Il a également estimé très positif le passage du Conseil national consultatif à un Conseil national plus large. Le représentant a insisté sur la nécessité de préparer la population en vue de la tenue d'élections démocratiques. A cet égard, il s'est réjoui de la mise en place d'un programme intitulé "l'Avenir de la démocratie au Timor oriental" qui a pour ambition de promouvoir l'éducation civique.

Du point de vue économique, l'assistance internationale a contribué à la remise en état des infrastructures, a estimé M. Listre. Néanmoins beaucoup reste à faire et le principal défi à relever est de faire en sorte que l'économie timoraise puisse trouver les moyens de générer ses propres ressources. Des efforts redoublés dans le domaine de l'agriculture et de l'industrie pétrolière semblent particulièrement appropriés, pour ce faire. L'Argentine est profondément préoccupée par la gravité de la situation des réfugiés et leurs conditions de vie dans les camps, ainsi qu'en témoigne la suspension d'une partie des activités du HCR. Elle espère que le Gouvernement indonésien prendra des engagements constructifs afin de mettre un terme définitif à cette situation. Le représentant a demandé des compléments d'information quant à la proposition du Secrétaire général de réduire les effectifs de la Force et des observateurs militaires. Les conditions de sécurité sur le terrain sont-elles réellement réunies pour une telle diminution, s'est interrogé le représentant, en rappelant le récent meurtre d'un soldat du contingent néo-zélandais, dont il a salué la mémoire.

M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a relevé que la période de crise aiguë est dépassée et que l'assistance humanitaire a été fournie en temps voulu et de manière efficace. Cette situation est un témoignage de ce que la communauté internationale peut faire quand elle a la volonté politique. L'ATNUTO peut être satisfaite de ce qu'elle a accompli au Timor oriental. Nombreux de ces succès sont dus à la façon ingénieuse dont M. de Mello a relevé les défis qui se posaient. Le représentant a indiqué que la décision de maintenir un processus de consultation avec le peuple timorais par notamment l'établissement du Comité consultatif national, celle visant à établir un Cabinet de transition composé de ministères occupés par des Timorais ainsi que les efforts de promotion de la réconciliation nationale contribueront à garantir le succès de l'ATNUTO.

Le représentant a également accueilli favorablement le processus de normalisation des relations entre le Timor oriental et l'Indonésie qui demeure essentiel à une future coopération entre les deux pays. Le représentant a par ailleurs souligné le rôle que peut jouer le secteur privé, notamment pour ce qui est de la création d'emplois, dans la reconstruction du Timor oriental. Il a en revanche déploré les actes d'intimidation et la violence de la part des milices à l'encontre des travailleurs humanitaires et des réfugiés. Le représentant a relevé que le nombre d'incidents frontaliers a diminué à la suite de la signature d'un mémorandum d'accord entre l'ATNUTO et l'Indonésie. Néanmoins, l'événement tragique du 24 juillet dernier qui s'est traduit par le meurtre d'un Casque bleu nous dicte la nécessité de prendre de nouvelles mesures pour démobiliser et désarmer les bandes armées.

M. WANG YING FAN (Chine) a estimé qu'il y a récemment eu des sources de satisfaction quant à la vie politique du Timor oriental, avec notamment la création d'un Gouvernement conjoint et la transformation du Conseil national consultatif en un Conseil national. Cela ne peut qu'accroître la confiance du peuple timorais en les Nations Unies et lui permettre de devenir autonome dans un avenir proche a déclaré le représentant. Pour ce qui est du relèvement de l'économie, il y a eu création d'emplois pour la population locale, ce qui constitue également un progrès important à mettre au crédit de l'ATNUTO. La Chine appuie fermement les efforts de l'ATNUTO pour la réconciliation et l'implantation d'une vie politique démocratique et fondée sur une large participation. Dans ce processus, il est important de toujours respecter les cultures et les traditions locales, a insisté le représentant. Il s'est dit fort préoccupé par la situation dans les camps de réfugiés au Timor occidental. La Chine condamne les actes violents qui consistent à agresser les défenseurs de la paix des Nations Unies. Elle compte que le Gouvernement indonésien continuera d'honorer ses engagements et prendra des mesures pour assurer la sécurité frontalière entre le Timor occidental et le Timor oriental.

M. ANDREI GRANOVSKY (Fédération de Russie) s'est associé à l'évaluation et aux conclusions du Secrétaire général contenues dans son rapport. Les résultats satisfaisants obtenus par l'ATNUTO sont évidents. Le représentant a relevé les succès indéniables de l'ATNUTO dans les domaines judiciaire, agricole, de la formation des cadres nationaux. Il a également relevé la décision d'élargir le processus de prise de décisions aux Timorais eux-mêmes qui s'est concrétisée par la création récente du Conseil national. Le représentant a rendu hommage au rôle joué par M. de Mello. En revanche, il s'est inquiété d'informations récentes alarmantes sur des incidents de ´sécurité comme en témoigne le meurtre d'un Casque bleu de l'ATNUTO. Le représentant a également qualifié d'inquiétantes les conclusions du HCR au sujet de la situation dans les camps de réfugiés et des agissements des milices.

M. ROBERT FOWLER (Canada) s’est déclaré très préoccupé que le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés ait été contraint de suspendre ses activités dans trois des camps de réfugiés les plus importants au Timor occidental en raison de l’escalade de la violence et des actes d’intimidation. L’agression continue dirigée contre son personnel est inacceptable. Les responsables des milices doivent être tenus de ne pas entraver le retour en toute sécurité des réfugiés et, à cet égard, le Gouvernement de l’Indonésie pour jouer un rôle constructif. Les actes de violence perpétrés récemment contre le personnel de l’ATNUTO et le personnel humanitaire par des milices pro- intégrationnistes sont préoccupants et inacceptables. Les autorités indonésiennes doivent prendre des mesures urgentes et effectives pour contrôler les activités de ces milices. Une action concrète de la part du Gouvernement indonésien devrait renforcer la coopération dont il a déjà fait preuve en vue de normaliser ses relations avec le Timor oriental, comme le montre la création d’un Comité mixte sur les frontières et le Mémorandum d’accord sur la sécurité frontalière signé avec l’ATNUTO en avril dernier.

Le Canada est également préoccupé par les autres questions qui découragent le retour des réfugiés. Au-delà du problème des milices, il est probable que peu de réfugiés regagneront leur foyer si les questions liées à la pension des fonctionnaires, le choix de la résidence et les infrastructures ne sont pas réglées.

Par ailleurs, la délégation canadienne exprime son appréciation pour les efforts déployés par l’ATNUTO en vue de faire participer plus activement les Est- Timorais aux travaux de l’administration du territoire et d’oeuvrer, par le biais de la création du Conseil national, en vue de renforcer les capacités locales pour la sécurité et l’autonomie. Elle se félicite également des travaux de l’ATNUTO visant à établir un secteur de sécurité intégré, y compris l’adoption d’une approche fondée sur la communauté. Pour garantir le succès de la transition de l’ATNUTO vers la création d’un nouvel Etat est-timorais, il faut qu’il y ait la confiance de tous en l’application d’une justice transparente et prévisible et en une sécurité bien établie. Les efforts de l’ATNUTO dans le domaine de la justice jettent une base solide qui permettra, s’est déclaré convaincu M. Fowler, d’établir une coopération étroite entre l’ATNUTO et les autorités indonésiennes pour poursuivre les violations des droits de l’homme. Le Canada salue en outre les efforts de l’ATNUTO visant à promouvoir les droits de l’homme et les valeurs démocratiques par le biais de l’éducation, du développement constitutionnel, de l’état de droit et de l’éducation civique. A cet égard, M. Fowler encourage l’ATNUTO à renforcer la diffusion de l’information.

M. MOHAMMAD KAMAL (Malaisie) a déclaré qu'il existe de nombreuses dynamiques positives au Timor oriental malgré les problèmes qui persistent. Il s'est particulièrement félicité de la réorganisation de l’Administration qui ressemble davantage à un Gouvernement conjoint auquel participent quatre Ministres Timorais. La Malaisie reconnaît toutefois qu'alors qu'une nouvelle structure d'Etat se dégage, la tolérance et la réconciliation continuent de constituer la véritable base d'une paix durable dans le pays. Il s'est réjoui de la décision de l'Indonésie d'envoyer une équipe chargée d'interroger des personnes soupçonnées d'actes criminels. Il s'agit d'un bon exemple des bonnes relations de travail entre l'ATNUTO et l'Indonésie, a déclaré M. Kamal. Estimant que le nouveau service fiscal qui vient d'être mis en place arrivait à point nommé, le représentant a aussi souhaité que le service de cadastre commence bientôt à fonctionner. Il s'est néanmoins dit conscient que ce projet n'envisage pas d'établir les titres fonciers.

La Malaisie prie instamment les deux parties sur le terrain à trouver le moyen de surmonter le problème des corridors terrestres pour relier le Timor oriental au Timor occidental. La Malaisie voit son optimiste tempéré par la détérioration des conditions de sécurité dans certains camps de réfugiés au Timor occidental. Le représentant a ainsi profondément regretté que l'enregistrement des réfugiés ait été arrêté à la suite de problèmes de sécurité sérieux. Les abus répétés et les menaces proférées par les milices sont une cause de grande préoccupation. Le HCR doit pouvoir jouer le rôle qui lui revient et ce, en coopération avec les autorités indonésiennes. Le représentant a également profondément déploré la mort du soldat néo-zélandais survenue la semaine dernière. Il a espéré que l'Indonésie fera d'autres efforts pour résoudre les problèmes en suspens. Il a rappelé ensuite que la population locale vit encore dans des conditions difficiles. Le chômage est de 80% et les investissements étrangers tardent à arriver. Le secteur privé ne peut en l'état survivre en raison de différends sur la propriété des terres, a-t-il expliqué. Sans loi très claire sur les biens fonciers, les entreprises hésitent à développer des projets à long terme. C'est pourquoi la Malaisie appuie la proposition de l'ATNUTO de créer un tribunal indépendant pour juger de ces différends. Le Timor oriental aura besoin de financements importants de l'extérieur pour l'avenir et ce bien après son indépendance. Mais si les donateurs sont prêts à être généreux à court terme, ils pourraient hésiter à s'engager à aider le Timor oriental dans un cadre de temps indéfini, a averti le représentant.

M. ANWARUKUL K. CHOWDHURY (Bangladesh) a appuyé l’initiative prise le mois dernier par M. Sergio de Mello, afin d’assurer une plus grande participation des dirigeants du Timor oriental aux instances gouvernementales, rappelant que son pays a toujours plaidé aussi en faveur d’une plus grande participation des Timorais aux efforts de développement. Il a, par conséquent, accueilli avec satisfaction la création d’un Conseil national à la place du Conseil national consultatif, estimant qu’il s’agissait d’un développement important en direction de la démocratie et d’une gouvernance représentative.

Le représentant a également noté avec satisfaction le renforcement de la politique d’information et de communication menée par l’ATNUTO et estimé que ce processus qui permettait non seulement de renforcer la confiance portée aux activités de l’ATNUTO, mais également d’inculquer à la population du Timor oriental le respect des droits de l’autre était des plus importants. Il serait dommage et cruel que l’ancienne minorité ne parvienne pas à adopter une culture de tolérance vis-à-vis de la nouvelle minorité en ayant recours à l’intimidation, a- t-il déclaré.

S’agissant des milices, le représentant s’est dit très préoccupé par les récentes attaques subies par l’ATNUTO qui mettent en danger le travail positif effectué jusqu’à présent par cette dernière, de même que la bonne volonté et la coopération dont a fait preuve le Gouvernement indonésien. Il a, en outre, salué les efforts déployés par celui-ci dans ce domaine, indiquant que, toutefois, beaucoup devait encore être fait pour mettre définitivement fin aux activités des milices dans les zones frontalières du Timor oriental.

Le représentant s’est également déclaré très préoccupé par les récentes attaques perpétrées à l’encontre des installations et du personnel du Haut Commissariat pour les réfugiés, indiquant qu’il incombait aux autorités indonésiennes d’assurer la sécurité des personnes travaillant au Timor occidental et de protéger les camps de réfugiés des attaques incessantes d’éléments armés. Il n’est pas non plus dans l’intérêt du Gouvernement indonésien de faillir à son engagement du fait des activités criminelles des milices et de complices, a-t-il ajouté.

M. CHEICKNA KEITA (Mali) a dit attendre avec grand intérêt les résultats de l'enquête sur les circonstances dans lesquelles le Casque bleu néo-zélandais a récemment perdu la vie. Il a salué les efforts de l'ATNUTO qui se caractérisent par des progrès constants. Certaines questions demeurent néanmoins toujours sources de préoccupation. Au plan politique, le Mali se félicite de la mise en place du Conseil national dont la composition plus élargie permettra la participation accrue du peuple timorais au processus politique. Le représentant a renouvelé l'appel de sa délégation pour que la participation politique se développe sur la base de la transparence et de la tolérance. C'est pourquoi il s'est dit très inquiet par les signes d'intolérance politique enregistrés récemment.

Le Mali estime que le nombre de réfugiés encore présents au Timor occidental demeure impressionnant et il lance un appel aux autorités indonésiennes pour qu'elles fassent cesser les attaques des milices favorables à l'intégration. L'ATNUTO doit exécuter des projets cohérents de développement, a également souligné le représentant. Le premier objectif doit être la coopération et la participation du secteur privé. M. Keita a, en conclusion, exhorté la communauté internationale à continuer de soutenir l'ATNUTO pour pérenniser les progrès accomplis ces derniers mois.

M. JOOP W. SCHEFFERS (Pays-Bas) a fait part de sa préoccupation quant à la situation en matière de sécurité, comme en témoigne la mort du soldat néo- zélandais et les incursions frontalières de la part de milices armées. Cette situation nous invite à conclure que la situation n'est pas stable. D'un point de vue général, le Conseil de sécurité doit envisager avec prudence la question de la réduction des forces de l'ATNUTO compte tenu de la situation sur le terrain ainsi que du point de vue du commandant de la force de l'ATNUTO. Le représentant a estimé que la constitution de forces armées timoraises pourrait permettre de renforcer l’action internationale en matière de sécurité. Il a appuyé l’idée que les troupes des Forces armées de libération nationale du Timor oriental (FALINTIL) constituent le noyau de cette armée. Le représentant a souligné la responsabilité qui incombe à l'ONU dans le cadre des transferts des responsabilités et de la reconstruction du pays et il a souligné l'interdépendance de ces deux éléments. Le représentant a par ailleurs estimé que l'indépendance du Timor oriental ne devrait pas se faire dans la foulée immédiate des élections prévues l'année prochaine qui visent l'établissement d'une assemblée constituante. Le représentant a invité le Gouvernement de l'Indonésie à permettre aux travailleurs humanitaires de mener leurs activités dans de bonnes conditions au Timor occidental.

M. MOHAMED FADHEL AYARI (Tunisie) s'est félicité qu'au Timor oriental, l'accent soit désormais mis sur la reconstruction et la réhabilitation. Il s'est déclaré particulièrement encouragé par les progrès dans le processus de normalisation des relations entre l'Indonésie et le Timor oriental, notamment par l'Accord sur la mise en place d'un régime frontalier facilitant le déplacement des personnes et permettant les échanges, ainsi que par l'établissement d'une Commission frontalière mixte. Ces indicateurs importants auront des implications favorables surtout pour ce qui est du traitement de la question des réfugiés, a-t- il ajouté. A cet égard, la délégation tunisienne a appelé les parties à faciliter la tâche du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) dans l'accomplissement de sa mission, et a par ailleurs souligné la nécessité d'accorder toute l'importance requise au sort des enfants touchés par le conflit au Timor oriental.

Concernant les relations de l'Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO) et des Timorais, facteur dont dépend d'une certaine manière la réalisation de la mission, il a appuyé les consultations étroites engagées par le Représentant spécial du Secrétaire général avec les Timorais, ainsi que la bonne coordination entre l'Administration Transitoire, le Gouvernement indonésien et les agences spécialisées exerçant sur le terrain. Il a en outre estimé que la promotion de l'aspect économique est une des priorités à laquelle il faut accorder une attention particulière, et a, par conséquent, appelé la communauté internationale, les pays donateurs, et les institutions financières à assister le Timor oriental à renforcer les acquis et à faire face aux exigences humanitaires et économiques durant cette période post-conflit.

M. VOLODYMYR G. KROKHMAL (Ukraine) a déploré profondément la mort du soldat néo-zélandais et a adressé les condoléances de son Gouvernement à la famille du disparu. Il a demandé instamment aux autorités indonésiennes de faire enquête sur cet incident et de ne pas retarder la présentation devant la justice des coupables.

L'ATNUTO a réussi à instaurer une sécurité assez stable au Timor oriental, a fait observer le représentant. Il a insisté sur l'importance pour le Conseil de recevoir des informations précises et détaillées sur cette question. L'Ukraine regrette au contraire la situation déplorable dans les camps de réfugiés au Timor occidental. Elle condamne notamment les attaques dont le personnel du HCR a été victime. L'établissement d'un Conseil national et l'ouverture de l’Administration de transition aux Timorais est de la plus haute importance, a insisté ensuite le représentant. Il s'est aussi félicité de la participation accrue des Timorais au processus de reconstruction qui a permis la création d'emplois. Il subsiste cependant encore des obstacles graves sur le terrain et le Conseil de sécurité et toute la communauté internationale doivent continuer à jouer un rôle actif de dirigeant. Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a indiqué que sa délégation accueille avec satisfaction les développements intervenus au Timor oriental ces six derniers mois et, notamment la transformation du Conseil national consultatif en Conseil national, une plus forte participation des Timorais à la gouvernance et l’administration publique, le développement de relations cordiales avec l’Indonésie et le travail entrepris actuellement pour traiter des violations des droits humains commises pendant et après la consultation populaire.

La représentante s’est toutefois déclarée préoccupée par la situation des 85 000 réfugiés se trouvant dans les camps au Timor occidental. Le fait que le processus d’enregistrement des réfugiés ait été arrêté est très préoccupant, a-t- elle estimé, car sans ce processus on ne pourra pas avoir une idée précise du nombre de personnes désirant être insérées sur place ou désirant le retour. Elle a jugé essentiel que le HCR bénéficie d’un accès libre aux réfugiés, ajoutant que l’éventualité d’un retrait du HCR aurait un effet dévastateur et contribuerait à une détérioration de la situation. Mme Durrant a exhorté les autorités chargées de cette question de remédier à ces problèmes afin de prévenir une catastrophe humanitaire. Elle a prié le Gouvernement indonésien de renforcer sa collaboration avec le HCR.

La représentante a également dénoncé le harcèlement et l’intimidation dont sont victimes les minorités ethniques et religieuses, rappelant que la participation de tous les groupes et parties est essentielle au processus démocratique au Timor oriental. A cet égard, elle a accueilli avec satisfaction le programme récemment lancé par l’ATNUTO et intitulé « L'avenir de la démocratie au Timor oriental ». Concernant le regain de violence dans la région et le décès d’un soldat néo-zélandais, la représentante a engagé les autorités à agir le plus rapidement possible et avec fermeté face à ces incidents qui mettent en danger la présence sécuritaire, de même que la population locale. Le récent Mémorandum d’Accord, signé en avril dernier fournit, à cet égard, une base solide pour la coordination et la coopération le long des frontières, a-t-elle estimé.

Sur le plan économique, Mme Durrant s’est inquiétée de la fin prochaine des projets mis en oeuvre par USAID, la Japonese International Cooperation Agency (JICA) et la Australian Agency for International Development (AusAID) qui ont permis de créer de nombreux emplois et d’améliorer la situation. Considérant que la fin de ces projets pourrait engendrer une réduction de l’emploi ce qui n’irait pas sans poser de grave problèmes, Mme Durrant a suggéré que ce soit le secteur privé prenne la relève.

M. YVES DOUTRIAUX (France) a déclaré que le dramatique assassinat du soldat néo-zélandais montre bien qu'il existe encore des problèmes de sécurité très importants au Timor oriental. Il a souhaité obtenir le plus rapidement possible les conclusions de l'enquête menée et le détail des mesures que les autorités indonésiennes prendront à cet égard. Toutefois, il y a toute une série de développements heureux au Timor oriental, a-t-il estimé. Le succès de l'ATNUTO repose largement sur le comportement exemplaire du peuple timorais et de ses chefs. Les Nations Unies sont amenées chaque jour davantage à prendre des décisions de nature gouvernementale, aussi la mise en place récente d'une sorte de Gouvernement de coalition est une étape très positive. Il est en effet compréhensible qu'un peuple qui vient de se prononcer massivement en faveur de son indépendance ait la volonté de prendre son avenir en mains. L'impact sur l'économie d'une présence internationale aussi importante mérite d'être prise en compte. C'est pourquoi le calendrier actuel prévu pour l'élaboration de la constitution et la tenue des élections pourrait être quelque peu resserré. La poursuite de l'aide des Nations Unies pourrait prendre alors la forme de l'aide habituelle au développement, a suggéré le représentant.

Il s'est dit quelque peu lassé de constater que la situation dans les camps de réfugiés au Timor occidental n'évolue pas dans le sens souhaité. Il a soutenu les efforts des Nations Unies et notamment du HCR pour que soit rapidement trouvée une solution à ce problème. Il a demandé à M. Annabi de donner des pistes à suivre et de suggérer des actions possibles en la matière. Le représentant a indiqué qu'il examinera de très prêt le projet de déclaration présidentielle soumis par le Royaume-Uni en vue d'une adoption rapide.

M. MICHAEL POWLES (Nouvelle-Zélande) a indiqué qu’il prenait la parole au cours de ce débat pour fait part sur ordre de son Gouvernement, de son inquiétude concernant la situation qui a conduit à la mort, lundi dernier, d’un soldat néo- zélandais appartenant au contingent des casques bleus au Timor oriental. Il a précisé que le soldat Manning était membre d’une patrouille de reconnaissance envoyée pour vérifier les informations faisant état de la présence de la milice près de la frontière du Timor occidental. Le représentant a déploré que la mort d’un Casque bleu soit un événement trop fréquent, estimant que ce qui différencie ce décès des autres accidents intervenus récemment sont les circonstances dans lesquelles il est intervenu. Le mois dernier, a-t-il poursuivi, le Conseil se déclarait préoccuper des récentes incursions des milices et des attaques commises à l’encontre des Casques bleus et demandait au Gouvernement indonésien de redoubler ses efforts visant à contrôler les milices au Timor occidental.

Le représentant a demandé que les responsables de la mort du soldat Maning soient traduits en justice, tout en accueillant avec satisfaction les mesures prises à cette fin par le Gouvernement indonésien. Il a, par ailleurs estimé que des conditions de sécurité dangereuses prévalent depuis trop longtemps le long de la frontière du Timor oriental avec l’Indonésie. M. Michael a exhorté le Gouvernement indonésien à redoubler d’efforts pour mettre un terme aux activités des milices au Timor occidental, indiquant que cela impliquait de prendre des mesures efficaces et fermes pour désarmer et démembrer les groupes de miliciens.

M. Michael a estimé, à ce sujet, que la présence d’un grand nombre de réfugiés au Timor occidental sert de couverture à la présence et aux activités des milices, tout en s’inquiétant du fait que le processus de rapatriement des réfugiés soit quasiment suspendu. Le Gouvernement indonésien doit impérativement prendre des mesures efficaces pour surmonter les problèmes qui font obstacle au rapatriement et à la réinstallation des réfugiés. Il est également essentiel que le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés puisse librement accéder aux réfugiés, tandis que ces derniers et les travailleurs humanitaires reçoivent une protection appropriée.

Mme MARIA AMELIA PAIVA (Portugal) s'est félicitée des activités menées dans de nombreux domaines par l'ATNUTO sous l'égide M. de Mello. Toutefois, malgré les efforts déployés pour trouver une solution aux questions des réfugiés se trouvant dans les camps du Timor occidental et des incursions transfrontalières de la part de milices armées, le dialogue avec les autorités indonésiennes n'ont pas porté les fruits escomptés. Le Portugal regrette profondément cette situation qui a culminé avec la mort récente d’un soldat néo-zélandais. Ces événements, a précisé la représentante, assombrissent le processus transitoire devant mener à l'indépendance du Timor oriental. Le Portugal demande aux autorités indonésiennes de coopérer étroitement avec l'ATNUTO pour désarmer les membres des milices et traduire en justice les responsables d’actes violents et de crimes. La représentante s’est également inquiétée du rythme lent avec lequel s'effectue le retour des réfugiés et a condamné les activités d'intimidation des milices dans les camps de réfugiés.

M. DAVID STUART (Australie) a déclaré que son gouvernement a été profondément attristé d’apprendre la mort d’un soldat de la paix néo-zélandais, le 14 juillet dernier, causée par des membres présumés de milices près des frontières entre le Timor oriental et le Timor occidental. Il a appelé le Gouvernement indonésien à contribuer à poursuivre les responsables de cet acte. La délégation australienne condamne la brutalité de ceux qui continuent à chercher à déstabiliser le processus de paix et de réconciliation au Timor oriental. Elle appelle donc toutes les parties à renforcer leur détermination d’éliminer les activités des milices des deux côtés de la frontière. Cet événement tragique rappelle à la communauté internationale les défis auxquels elle doit encore faire face pour s’acquitter de son engagement en faveur du peuple du Timor oriental.

Consciente des efforts déjà accomplis aux niveaux les plus élevés du Gouvernement indonésien pour répondre à ce problème, l’Australie estime toutefois qu’il n’incombe qu’à lui en dernier ressort de prendre les mesures nécessaires pour prévenir ces incidents. M. Stuart a prié instamment l’Indonésie de redoubler d’efforts pour mettre fin aux activités des milices au Timor occidental, et notamment traduire en justice les miliciens qui ont commis des crimes.

Se référant à la situation dans les camps de réfugiés au Timor occidental, M. Stuart a regretté que des activités des milices à l’intérieur et à l’extérieur de ces camps continuent d’affecter les réfugiés, qui sont les plus vulnérables de la population est timoraise. Le processus de réconciliation demeurera fragile tant que ces réfugiés ne seront pas en mesure de retourner en toute sécurité au Timor oriental et de faire des choix libres concernant leur avenir. A nouveau, l’Australie appelle les autorités indonésiennes à désarmer et à démanteler les milices au Timor occidental à les déplacer des camps de réfugiés et à renforcer la coopération avec l’ATNUTO pour venir à bout des incursions transfrontières. Elle appelle également le Gouvernement indonésien à faire son possible pour accélérer la réintégration et le rapatriement des réfugiés, pour assurer le libre accès des institutions internationales aux camps de réfugiés, et à oeuvrer avec le HCR afin de permettre de s’acquitter de son mandat.

M. HIDEAKI KOBAYASHI (Japon) a fait état de sa profonde préoccupation quant aux activités résurgentes des milices dans les zones frontalières du Timor oriental. Comme nous l'avons dit à plusieurs reprises, le maintien de la sécurité est une précondition au succès des efforts d'édification de la nation timoraise. Le représentant a reconnu que les mesures prises par le Gouvernement indonésien ont entraîné une diminution des incidents attribuables aux milices dans les zones frontalières mais les événements récents témoignent de la nécessité de poursuivre et d'intensifier les efforts. Aux yeux du représentant, de tels efforts devraient viser à sécuriser les zones frontalières pour prévenir toute incursion. Il a appelé les forces militaires indonésiennes et l'ATNUTO à coopérer plus étroitement pour mettre pleinement en oeuvre le Mémorandum d'accord concernant la coordination tactique dans la zone frontière signé le 11 avril dernier. Le représentant a également demandé au Gouvernement indonésien de s'attaquer à la source du problème et de désarmer et de démanteler les milices armées du Timor occidental. Un autre sujet de préoccupation tient au sort des réfugiés des camps du Timor occidental dont le nombre est estimé à 120 000. L'absence de progrès dans ce domaine ces derniers mois montre que le Gouvernement indonésien doit déployer des efforts plus soutenus dans sa collaboration avec le HCR. Il faut également garder à l'esprit le fait que les ressources du HCR ne sont pas illimitées.

M. MAKARIM WIBISONO (Indonésie) a déclaré que l'Indonésie a établi un niveau de coopération satisfaisant avec l'ATNUTO. Les deux parties sont résolues à prendre des mesures en faveur notamment de la promotion du commerce et des communications, de l'établissement d'une coopération juridique, la création de bureaux de représentation à Djakarta, Dili et Kupang, et l'accès continu des Est Timorais aux institutions éducatives indonésiennes. Conformément au Mémorandum d'accord sur la coopération juridique, judiciaire et en matière de droits de l'homme, signé le 6 avril dernier, l'Indonésie continue de contribuer à la présentation devant la justice de toutes les personnes coupables de violations des droits de l'homme. C'est dans cette perspective que le Procureur général indonésien a mené dernièrement une mission de 10 jours au Timor oriental pour rassembler des éléments de preuve concernant 5 affaires criminelles.

Ainsi que le souligne le rapport du Secrétaire général, la situation sécuritaire a été stable dans l'ensemble, a poursuivi le représentant. Pour honorer ses responsabilités en la matière, l'Indonésie a déployé des bataillons supplémentaires le long de la frontière, côté Timor occidental. Ceci a contribué à rendre la situation encore plus calme, a affirmé le représentant. Après des négociations avec l'ATNUTO, il a été décidé de créer une Commission frontalière mixte, qui aura notamment pour tâche d'établir la ligne de démarcation entre Nusu Tenggara Est et le Timor oriental ainsi que les frontières maritimes entre l'Indonésie et le Timor oriental. Le Gouvernement indonésien travaille actuellement avec l'ATNUTO à établir le régime de passage des frontières pour les Indonésiens et les Est Timorais et à améliorer les conditions de transit entre l’enclave de l’Oecussi et le reste du Timor occidental. Il n'est pas de solution facile aux problèmes des réfugiés à Nusu Tenggara Est, a estimé M. Wibisono, avant de faire remarquer que ces derniers mois plus de 167 000 réfugiés sont retournés au Timor oriental sans heurts.

La situation dans les camps serait grandement facilitée s'il existait des garanties concernant la satisfaction des besoins de base de ces réfugiés de retour au Timor oriental, y compris l'alimentation, l'hébergement et la sécurité. Une issue favorable à ce problème exige l'aide de la communauté internationale, a souligné le représentant qui a précisé que les Nations Unies avaient également un rôle important à jouer dans l'amélioration des conditions de vie des réfugiés. Il a déploré la décision du HCR de suspendre temporairement ses activités dans certains camps. M. Wibisono a ensuite indiqué que son Gouvernement condamnait et regrettait fermement le meurtre du soldat du contingent néo-zélandais. Il a expliqué que malgré les efforts inlassables déployés par son pays, il est impossible de contrôler les actes de chacun des individus présents Ainsi que l'a fait remarquer le Ministre des affaires étrangères de l'Australie, il n'est pas juste de blâmer l'Indonésie, a estimé le représentant. Le Gouvernement indonésien a aussitôt apporté sa coopération pour l'enquête qui doit être menée. M. Wibisono a rappelé que pour éviter ce genre d'incidents, son pays avait proposé à l'ATNUTO d'établir des patrouilles conjointes à la frontière et d'instaurer des échanges d'officiers militaires de liaison; suggestion qui a été refusée par l'ATNUTO, sous prétexte que chaque partie doit être pleinement responsable de la sécurité de son côté de la frontière.

M. HEDI ANNABI, reprenant la parole, a expliqué, au sujet des FALINTIL, que certains d'entre eux sont chargés de la sécurité à l'ATNUTO tandis que d'autres mènent des activités de liaison entre l'ATNUTO et la population locale. Il leur a été proposé de participer à la nouvelle police locale mais beaucoup d'entre eux ont souhaité ne pas le faire pour rentrer dans leurs foyers. Le nombre de membres du FALINTIL qui est encore cantonné est passé de plus de 1000 à moins de 500. L'ATNUTO examine différentes possibilités pour réintégrer à la vie civile ceux qui ne voudront pas ou ne pourront pas joindre les forces de sécurité. L'étude que prépare le King's College sur la défense future du Timor oriental permettra à l'ATNUTO de progresser au sujet de diverses variantes. Des efforts sont également fournis pour améliorer leur condition de vie.

Pour ce qui est des réfugiés, M. Annabi a dressé la liste des priorités qui s'imposent désormais, à savoir un accès sans entrave aux réfugiés, des garanties pour leur sécurité et celle du personnel humanitaire, la séparation des anciens combattants, officiers de police et fonctionnaires indonésiens des réfugiés et la poursuite d'un processus d'enregistrement fiable des réfugiés. L'engagement pris par le Gouvernement indonésien de verser des retraites y compris après l'indépendance, constribuerait à lever les obstacles à leur retour. M. Annabi a suggéré aux membres du Conseil de faire apparaître les mesures qu'il venait de citer dans leur projet de déclaration présidentielle qui sera adopté la semaine prochaine. Il a également invité les membres du Conseil à contacter, à titre individuel le Gouvernement indonésien.

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