CONSEIL DE SECURITE : LES INTERVENANTS ATTRIBUENT UNANIMEMENT A JONAS SAVIMBI LA RESPONSABILITE DE LA POURSUITE DU CONFLIT EN ANGOLA
Communiqué de Presse
CS/2021
CONSEIL DE SECURITE : LES INTERVENANTS ATTRIBUENT UNANIMEMENT A JONAS SAVIMBI LA RESPONSABILITE DE LA POURSUITE DU CONFLIT EN ANGOLA
20000727Ils se félicitent des divers mécanismes de sanctions mis en oeuvre pour briser le cercle vicieux des "diamants de la guerre"
"Si le Protocole de Lusaka n'a jamais été pleinement mis en oeuvre, la faute en revient à Jonas Savimbi", a affirmé le Ministre de l'aide sociale de l'Angola, M. Albino Malungo, ce matin devant le Conseil de sécurité qui tenait un débat sur la situation en Angola. Il a expliqué que M. Savimbi avait systématiquement rejeté plusieurs dispositions fondamentales, dont l'obligation de désarmer ses forces et de permettre l'extension de l'administration de l'Etat à toutes les régions occupées illégalement. La vingtaine de participants au débat a abondé dans ce sens et a tenu le dirigeant de l'UNITA pour principal responsable de la poursuite du conflit. Sur ce point, le représentant de l'Ukraine a proposé aux Nations Unies de faire pression sur l'UNITA pour qu'il procède à des modifications de sa structure dirigeante. Les Etats-Unis et la Fédération de Russie, tous deux membres de la Troïka des Etats observateurs du Protocole de Lusaka, ont ajouté que M. Savimbi s'était de lui-même exclu du processus de règlement politique et qu'il ne pouvait espérer y être de nouveau associé tant qu'il ne prendrait pas des mesures irréversibles en faveur de la pleine application du Protocole. L'accent a aussi été mis sur les responsabilités qui incombent au Gouvernement angolais. L'idée d'un pardon à tous les membres de l'UNITA qui déposent les armes a été largement appuyée et la participation de tous les secteurs de la société à été encouragée. A cet égard, le Ministre angolais a confirmé que le Président Dos Santos comptait organiser des élections générales en 2001 en assurant la participation de toutes les entités politiques légales.
Les intervenants ont estimé que le régime de sanctions mis en place par le Conseil était un outil de pression important, dont l'efficacité sera encore renforcée par la création récente du Comité de contrôle des sanctions. Plusieurs représentants, dont celui de la Namibie, ont accueilli favorablement les mesures adoptées ce mois-ci à Anvers par la Fédération mondiale des bourses diamantaires et par l'Association internationale des manufactures de diamants en vue d'empêcher la circulation des "diamants de la guerre". Par l'intermédiaire de sa Présidente, la représentante de la Jamaïque, les membres du Conseil ont en outre salué le travail accompli concernant les sanctions par l'Ambassadeur du Canada, M. Fowler, qui s'apprête à prendre de nouvelles fonctions diplomatiques.
Rappelant, pour sa part, qu'en novembre prochain l'Angola célèbrera ses 25 ans d'indépendance sans avoir connu pour autant une seule année de paix, le Conseiller spécial du Secrétaire général pour l'Afrique, M. Ibrahim Gambari, a souligné que si l'on permettait à la paix de s'installer véritablement, l'Angola, pays riche en ressources naturelles et humaines deviendrait très vite un pays prospère. M. Gambari a fait part des efforts du Gouvernement angolais en vue de rétablir la situation économique du pays et de garantir une plus grande transparence. Tout en engageant la communauté internationale à se montrer généreuse envers la population angolaise, dont un million de personnes dépend de l'aide humanitaire, plusieurs représentants ont rappelé que le Gouvernement angolais ne devait pas pour autant échapper à ses responsabilités envers la population. Il lui a notamment été suggéré de prendre des mesures pour améliorer la sécurité dans les zones rurales, garantir l'accès des travailleurs humanitaires à toute la population, promouvoir le déminage ainsi que des initiatives en faveur du retour des personnes déplacées. Le représentant des Pays-Bas s'est de plus inquiété de la situation des droits de l'homme dans l'ensemble du territoire, jugeant que certains agissements contre les journalistes sont incompatibles avec l'aide que la communauté internationale accorde au Gouvernement. Le respect des droits de l'homme et les principes de bonne gouvernance sont parties intégrantes des efforts visant à mettre un terme au conflit, a-t-il rappelé.
Outre le Conseiller spécial pour l'Afrique et le Ministre de l'aide sociale de l'Angola, les quinze membres du Conseil ont pris la parole. Les représentants du Japon, du Mozambique, du Brésil et du Lesotho se sont aussi exprimés.
LA SITUATION EN ANGOLA
Rapport du Secrétaire général sur le Bureau des Nations Unies en Angola (S/2000/678)
Le rapport du Secrétaire général porte sur l'évolution de la situation en Angola depuis le 11 avril 2000 et rappelle que l'União Nacional para a Independência Total de Angola (UNITA) porte la responsabilité principale du retour de la guerre dans ce pays. Le Secrétaire général demeure profondément préoccupé par la poursuite des combats et leurs effets dévastateurs sur la population. Il juge tout aussi préoccupante l'absence de tout effort significatif en vue d'atteindre un règlement politique du conflit. Il explique que dans le but d'examiner ces questions avec le Gouvernement angolais, son Conseiller chargé des fonctions spéciales en Afrique, M. Ibrahim Gambari, s'est rendu en Angola au mois de mai et a eu des entretiens utiles avec le Président dos Santos, des membres importants du Gouvernement et du Movimiento Popular para a Libertaçao de Angola (MPLA) ainsi que des représentants des partis politiques et de la société civile. Il a été convenu que de nouveaux entretiens auraient lieu et que, en consultation avec le Gouvernement, M. Gambari se rendrait à nouveau en Angola. Le Secrétaire général indique qu'Entre-temps, le chef du Bureau des Nations Unies en Angola a été choisi et que sa nomination sera annoncée très prochainement au Conseil de sécurité.
Bien que les forces gouvernementales continuent de réduire toujours plus la capacité de l'UNITA à mener une guerre classique, des activités de guérilla persistent dans de nombreuses régions du pays, ce qui perpétue le climat d'insécurité dont souffre la population. Ceci réduit également considérablement le volume d'aide humanitaire qu'il est possible d'acheminer par la route. Au cours de la période considérée, la survie de plus d'un million de personnes a continué de dépendre des distributions de vivres et on estime à 2,5 millions le nombre d'Angolais qui ont bénéficié d'une assistance humanitaire. La situation humanitaire demeurant très grave, le Secrétaire général engage à nouveau toutes les parties concernées à faciliter l'acheminement des secours d'urgence et exhorte la communauté des donateurs à répondre aussi généreusement que possible à l'appel interinstitutions des Nations Unies pour l'Angola de cette année.
Bien que d'une manière générale, la situation des droits de l'homme reste grave, certains signes montrent que le Gouvernement est prêt à admettre l'existence de violations et à élaborer des procédures afin d'y remédier avec l'aide de la communauté internationale et des membres de la société civile angolaise. La Division des droits de l'homme du Bureau des Nations Unies en Angola continuera de fournir une aide au Gouvernement dans le domaine du renforcement des capacités en matière de protection des droits de l'homme. La Division a notamment eu des entretiens avec de hauts responsables du Gouvernement en vue de l'élaboration d'un plan novateur pour le respect des droits fondamentaux, prévoyant entre autres la mise en place d'un système judiciaire efficace, important pour la paix et la réconciliation nationale alors que l'Etat étend son administration à des régions récemment reprises à l'UNITA. Le Haut Commissariat aux droits de l'homme travaille en liaison étroite avec des organisations non gouvernementales internationales afin d'encourager les acteurs locaux, publics ou non, à intervenir en faveur des droits de l'homme.
A un moment où les succès de la campagne militaire du Gouvernement contre l'UNITA lui valent de recouvrer de vastes régions du territoire national, il s'avère urgent de commencer à relever les infrastructures physiques et sociales qui ont été détruites et de donner à une population épuisée par la guerre des moyens durables de se procurer sa subsistance. Le rapport conclut que les organismes des Nations Unies et la communauté internationale tout entière continueront d'appuyer les efforts du Gouvernement tendant à fournir des services de base aux Angolais, y compris aux habitants des régions anciennement contrôlées par l'UNITA.
Déclarations
M. IBRAHIM A.GAMBARI, Secrétaire général adjoint, Conseiller spécial pour l'Afrique, a estimé que la décision du Conseil de tenir une réunion publique sur l'Angola est pertinente. En effet, le 11 novembre prochain, l'Angola célèbrera les 25 ans de son indépendance sans pour autant avoir connu une seule année de paix. Pourtant, si l'on permettait à la paix de voir le jour, les ressources du pays en minerais et en ressources humaines permettraient d'éliminer la pauvreté en un lapse de temps assez court. L'Angola exporte du pétrole et il est l'un des pays au monde le plus riche en diamants. A un certain moment, il fut l'un des plus grands producteurs de café. Il est donc possible de rendre à l'Angola sa prospérité si la volonté politique existe. Il est indispensable de faire cesser les combats, a souligné M. Gambari, qui a ajouté que la responsabilité première en la matière revient aux Angolais eux-mêmes. Toutefois, les efforts du peuple angolais doivent d'être soutenus par la communauté internationale. Il faut nous convaincre que le recours à la force armée n'est pas suffisant pour garantir le retour à une paix durable. Il nous faut en revanche redoubler d'efforts dans les sphères politiques, sociales et économiques pour faire de la paix une réalité. Il est également nécessaire pour les Angolais de faire preuve d'un esprit de réconciliation. A cet égard, a ajouté M. Gambari, nous devons accueillir positivement la déclaration faite par le Président dos Santos le 19 juin dernier dans laquelle il exprimait l'idée d'accorder son pardon à tous les membres de l'UNITA, et peut-être à M. Savimbi s'il décidait et de déposer les armes et de s'engager en faveur de la paix, de la réconciliation et de la reconstruction du pays. Le Président angolais a également réaffirmé son engagement en faveur du Protocole de Lusaka ce qui constitue une bonne base pour le règlement politique du conflit.
Le Secrétaire général adjoint a insisté sur la responsabilité première qui revient à l'UNITA dans la reprise des combats. Son refus de se conformer aux dispositions clefs du Protocole de Lusaka et en particulier son refus de désarmer ses troupes et de permettre que l'administration d'état soit étendue à tout le pays, a provoqué la reprise de la guerre. Les sanctions que le Conseil de sécurité a imposées à l'encontre de l'UNITA et la décision de les renforcer visent à limiter sa possibilité de se procurer des armes. Les sanctions constituent un moyen de pression important à notre disposition. Le rapport du Groupe d'experts et le travail important réalisé par le Comité des sanctions ont mis en lumière les faiblesses dans la mise en oeuvre de ces sanctions et ont permis de mettre un nom sur ceux qui violent le régime de sanctions. Ces deux mécanismes nous rappellent que les Etats, en leur qualité de membres de la communauté internationale, doivent agir de manière responsable et éviter toute action qui faciliterait la poursuite de la guerre en
Angola. "Je suis confiant, a souligné M. Gambari, que le travail du Comité de contrôle des sanctions mis en place récemment permettra de promouvoir la paix en renforçant les mécanismes de vérification des mesures prises à l'encontre de l'UNITA".
M. Gambari a évoqué la question des personnes déplacées en Angola dont le nombre est estimé à 2,5 millions, soit 20% de la population. Sur ces chiffres, seul un million a été enregistré par une institution des Nations Unies et par une organisation non gouvernementale. Le Secrétaire général adjoint a attiré plus particulièrement l'attention sur la situation à Khaala qui est similaire à celle d'autres parties du pays. Même si les Angolais ont la responsabilité principale pour ce qui est d'alléger les souffrances des personnes déplacées, la communauté internationale a également un rôle important à jouer. L'accord bilatéral conclu récemment entre le Gouvernement des Etats-Unis et le Gouvernement angolais dans le but de faciliter la réhabilitation et la réinstallation des communautés qui se trouvaient sous le contrôle de l'UNITA contribuera à renforcer les réalisations obtenues dans ce domaine. Le Secrétaire général adjoint a également insisté sur la contribution à la paix que peuvent apporter la société civile et les Eglises.
Dans le domaine économique, M. Gambari a rendu hommage au Gouvernement angolais pour ses efforts d'amélioration des performances et de la gestion. Il a rappelé que le Gouvernement a signé l'Accord de contrôle du personnel avec le Fonds monétaire international et qu'il s'est engagé en faveur d'une plus grande transparence, en particulier des transactions financières. Il a également lancé d'importantes réformes dans le domaine de la production du diamant et il poursuit son programme de réforme du secteur pétrolier. Des initiatives ont permis de développer les petites et moyennes entreprises dans le secteur de l'agriculture et de l'industrie agro-alimentaire. Malheureusement, les efforts de réhabilitation de l'économie sont entravés par la poursuite des hostilités. Soixante-dix pour cent des Angolais vivent en dessous du seuil de pauvreté en raison du détournement des ressources financières destinées au secteur social vers l'économie de la guerre. En ce qui concerne la démocratisation, M. Gambari a rappelé que le Gouvernement a annoncé son intention de tenir des élections nationales vers la fin de 2001. Il a également indiqué que le Chef du Bureau des Nations Unies en Angola a été sélectionné et que son nom sera communiqué prochainement. Le mandat de ce bureau touche à des questions humanitaires et d'édification des capacités locales dans le domaine des droits de l'homme.
M. ALBINO MALUNGO, Ministre de l'aide sociale de l'Angola, a déclaré que si le Protocole de Lusaka, adopté en 1994, n'a jamais été pleinement mis en oeuvre, la faute en revient à Jonas Savimbi qui en a rejeté plusieurs dispositions fondamentales, et notamment l'obligation de désarmer ses forces et de permettre la restauration de l'Administration angolaise dans les régions occupées illégalement par l'UNITA. En 1998, l'UNITA a même mené une nouvelle campagne de violence en bénéficiant du soutien de plusieurs pays et dirigeants, y compris d'Afrique. Malheureusement la condamnation des actions de M. Savimbi n'a pas été unanime. De son côté, le Gouvernement angolais a été obligé de prendre des mesures politiques et militaires pour contenir l'UNITA, ce qui a été fait. Aujourd'hui l'on peut dire que l'UNITA ne constitue plus une menace immédiate pour le Gouvernement, a précisé le Ministre, ajoutant que le climat est désormais relativement tranquille sur une grande partie du territoire. Néanmoins le Gouvernement est conscient qu'il n'a pas encore mis un terme définitif à la guerre et que des poches de résistance de l'UNITA demeurent. Depuis plus de 10 ans, toutes les formules de règlement pacifique de ce conflit, élaborées avec la coopération de la communauté internationale, ont été systématiquement violées par la même personne, M. Savimbi. Ce dernier ne demande des négociations que lorsqu'il est en mauvaise position militaire et dans le seul objectif de gagner du temps pour reconstituer son armée. Aujourd'hui, nous sommes de nouveau témoin de ces prétendus gestes de bonne volonté, a averti M. Malungo. Mais le fait est que M. Savimbi n'a jamais vraiment été disposé à un quelconque processus de négociation. Son manque de crédibilité et sa poursuite de l'option militaire sont incompatibles avec les objectifs de renforcement d'un Etat démocratique en Angola.
La seule solution durable au problème angolais demeure la pleine mise en oeuvre du Protocole de Lusaka, a poursuivi le Ministre. Plus de 92% du territoire est désormais sous le contrôle des autorités légales et plus de 11 000 rebelles ont déposé les armes et sont réinsérés dans la société. "Nous demandons instamment à la communauté internationale de continuer à faire pression pour le strict respect des sanctions imposées par les Nations Unies sur ceux qui rejettent le Protocole de Lusaka", a insisté M. Malungo, se disant convaincu qu'une paix dans un proche avenir permettra la consolidation du système démocratique et le développement économique du pays. C'est dans cette perspective qu'il est envisagé de tenir des élections générales en 2001 et ce avec la participation de toutes les entités politiques légales.
Le Ministre a ensuite estimé que les actions du Conseil de sécurité, renforcées par celles du Comité des sanctions, ont accru la solidarité régionale et ont rendu très difficiles les affaires de M. Savimbi. En définitive, le succès de ces efforts concertés permettra d'améliorer le niveau de vie des Angolais et contribuera à la croissance économique du pays. Le Gouvernement salue tout particulièrement l'établissement du Comité d'experts qui garantira l'application réelle des résolutions du Conseil. Le Gouvernement est aujourd'hui encouragé par une série de développements positifs initiés par le Conseil. Il l'est aussi par les événements survenus récemment dans l'industrie internationale du diamant et notamment lors du dernier Congrès du diamant tenu à Anvers qui permet d'espérer bientôt une plus forte autorégulation au sein de cette industrie qui a traditionnellement fourni les revenus à des groupes rebelles et des dirigeants corrompus en Afriqe et dans d'autres régions du monde.
Tout en demeurant occupé à contenir les activités perturbatrices de petites bandes armées de l'UNITA, le Gouvernement angolais doit honorer un nombre croissant de responsabilités. Il doit notamment poursuivre les progrès pour atteindre les étapes fixées par le Fonds monétaire international qui lui permettront d'être éligible pour participer à la Facilité de réduction de la pauvreté et de la croissance. Il lui faut aussi et surtout relever de manière urgente les défis humanitaires. Ainsi que le Bureau du coordonnateur des affaires humanitaires des Nations Unies l'a indiqué récemment la situation humanitaire est "précaire". Or les institutions des Nations Unies présentes en Angola n'ont reçu que 40% des fonds dont elles ont besoin cette année qui s'élèvent au total à 260 millions de dollars. On estime à 2,5 millions de personnes le nombre des individus déplacés à l'intérieur des frontières, soit près de 20% de la population. L'accès à ces personnes est un élément fondamental. Mais à cause des activités de guérilla de l'UNITA, la seule voie sûre est par les airs ce qui augmente sensiblement le coût des activités humanitaires. Le Programme alimentaire mondial a annoncé que l'on risquait une diminution substantielle de l'aide alimentaire à la fin septembre si de nouvelles contributions n'étaient pas reçues. Parallèlement, le Gouvernement s'efforce de développer une agriculture d'autosuffisance. Le Ministre a aussi expliqué que la situation sanitaire est très difficile et qu'il s'agit du secteur le moins financé au sein du programme d'aide humanitaire. Le Gouvernement angolais s'engage activement à appuyer l'aide et les services humanitaires. Il a consacré par exemple 21 millions de dollars à des services d'urgence dans des régions auxquelles les Nations Unies n'avaient pas accès et il prévoit d'allouer 13,7 millions de dollars à des projets d'autosuffisance agricole. Il a également fourni à hauteur de 12 millions de dollars du kérosène pour les avions de l'aide humanitaire internationale.
M. ROBERT FOWLER (Canada) a rappelé que, lorsque son pays sétait joint au Conseil de sécurité il y a dix-neuf mois, lAngola figurait parmi les priorités de lordre du jour. La situation politique et de sécurité était si négative, et la réputation des Nations Unies aux yeux du Gouvernement angolais était dans un si piteux état, que le Conseil était prêt à mettre fin aux activités de la MONUA, la quatrième force des Nations Unies à être déployée. LUNITA, au coeur dune contre-attaque majeure, était si forte sur ses positions quelle se permettait de défier ouvertement les Nations Unies, poussant laudace jusquà abattre deux avions des Nations Unies. Sur le plan militaire, lUNITA planifiait des attaques à moins de cinquante kilomètres de Luanda. Les perspectives dune paix basée sur le Protocole de Lusaka paix dans laquelle les Etats Membres des Nations Unies avaient tant investi étaient peu reluisantes. En dépit de nombreuses missions et des sanctions imposées par le Conseil de sécurité contre lUNITA, la communauté internationale navait pas réussi à contribuer à la restauration de la paix en Angola. Jonas Savimbi utilisait systématiquement les périodes de paix si difficilement arrachées entre les Accords de Bicesse de 1991, les élections de 1992 reconnues internationalement, et les Protocoles de Lusaka de 1994 pour réarmer lUNITA et poursuivre ses objectifs militaires, en contradiction avec les engagements quil avait lui-même pris.
Pour mettre fin au cycle du conflit, le lien clef de ce cycle devait être brisé, à savoir le commerce des diamants pour acquérir des armes qui a permis à lUNITA de poursuivre la guerre. Au début de 1999, le Conseil de sécurité a pris une décision sans précédent en créant un Groupe dexperts indépendants pour recueillir des informations sur le respect et sur les violations du régime des sanctions. Essentiellement grâce à la contribution importante du Groupe dexperts et aux mesures vigoureuses du Conseil de sécurité en particulier ladoption de la résolution 1295 (2000) les sanctions ont maintenant un impact réel à lintérieur et à lextérieur des frontières de lAngola. La culture dimpunité bien établie est sur le point de prendre fin. Faisant observer quil existe un lien très direct entre la belligérance de lUNITA et le non-respect de ses obligations en vertu du Protocole de Lusaka et la situation humanitaire catastrophique en Angola, M. Fowler a souligné qye le Conseil doit, à nouveau, demander à lUNITA et Jonas Savimbi dhonorer leurs engagements.
Se félicitant de la désignation dun responsable à la tête du Bureau des Nations Unies en Angola (BUNUA), le Canada a estimé que cette mesure est cruciale pour renforcer le rôle primordial des Nations Unies et pour rétablir sa crédibilité aux yeux du Gouvernement de lAngola. Gravement préoccupée par la situation humanitaire tragique en Angola, la délégation canadienne appelle la communauté des donateurs à prêter une attention particulière à cette question. Dans le même contexte, elle souligne limportance daméliorer le système d'enregistrement des personnes récemment déplacées en tant quinstrument clef de protection et se félicite de lélaboration de normes minimales de réintégration. Par ailleurs, le Canada réaffirme sa préoccupation à légard des allégations graves et bien établies dexécutions dans les zones frontalières avec la Namibie et la Zambie et dans certaines régions récemment récupérées et prie instamment le Gouvernement angolais de procéder à une enquête et den réprimer les responsables. M. JAMES CUNNINGHAM (Etats-Unis) s'exprimant au nom de la Troïka des Etats observateurs du Protocole de Lusaka (Portugal, Fédération de Russie et Etats-Unis) a indiqué que dans un important discours, le Président dos Santos a récemment affirmé que le Protocole de Lusaka demeure valide. A cette occasion, il a une nouvelle fois tendu la main à l'UNITA en déclarant que la descente aux enfers de l'Angola pouvait être inversée si toutes les parties acceptaient de mener les activités fondamentales demandées depuis 1994 par le Conseil de sécurité, à savoir, l'extension de l'administration de l'Etat à l'ensemble du territoire, la démilitarisation et le désarmement complet de l'UNITA et sa pleine conversion en un parti politique.
De son côté, la Troïka n'a jamais faibli dans son soutien au Protocole de Lusaka qui représente toujours le meilleur cadre de restauration de la paix et de réconciliation nationale. Par conséquent, il est important de sauvegarder les progrès obtenus ces dernières années, tels le Gouvernement de reconstruction et d'unité nationale, l'Assemblée nationale multipartite et des Forces armées intégrées. Depuis cinq ans, la Troïka comme le Conseil de sécurité, reconnaissent que l'échec du respect du Protocole de Lusaka est essentiellement imputable au dirigeant de l'UNITA, M. Jonas Savimbi. En conséquence, plusieurs mesures ont été prises, avec notamment l'établissement de trois séries de sanctions. La Troïka continue d'être convaincue que ces sanctions doivent être appliquées pleinement et sans conditions. A cet égard, le représentant a salué le travail du Comité des sanctions et de son Président, l'Ambassadeur canadien, M. Fowler. M. Cunninghan a ajouté qu'il demeurait convaincu qu'il n'y a pas de solution militaire viable à la crise actuelle en Angola. Au nom de la Troïka, il a demandé instamment au Gouvernement angolais de garantir que les rebelles qui veulent déposer les armes seront favorablement accueillis. Il l'a également exhorté à donner à ceux qui veulent sincèrement participer à la vie démocratique du pays la possibilité de le faire en toute confiance du respect de la Constitution. La Troïka encourage par ailleurs le dialogue entre tous les secteurs de la société angolaise pour trouver les moyens de mettre un terme au cycle des violences. Dans ce contexte, elle se félicite de l'organisation récemment d'un Congrès pour la paix auquel des représentants de tous les secteurs de la société ont participé.
Un tel dialogue ne peut être fructueux que si toutes les parties concernées adhèrent aux principes du Protocole de Lusaka. La participation de M. Savimbi à ce dialogue ne pourra être possible que s'il prend des mesures irréversibles en faveur de la pleine mise en oeuvre du Protocole de Lusaka, a averti le représentant. L'obligation de M. Savimbi à l'égard du peuple angolais et de la communanuté internationale demeure en effet inchangée et non négociable. La Troïka demande également à tous les éléments armés de l'UNITA de déposer les armes et de participer à la vie civile du pays. Par ailleurs, les membres de la Troïka demandent à la communauté des donateurs d'étendre leur aide humanitaire et d'intensifier leur coopération avec le Gouvernement angolais. Toutefois les besoins en aide humanitaire ne doivent pas exempter le Gouvernement de ses responsabilités, a fait observer M. Cunningham. Le représentant a également renouvelé l'appel des membres de la Troïka pour que soient poursuivies les enquêtes sur les circonstances de plusieurs accidents d'avions en Angola, dont un aéronef commercial et un avion des Nations Unies. Ce faisant, il a salué la mémoire de Alioune Blondin Beye dont l'avion s'est écrasé il y a un peu plus de deux ans.
M. ALISTAIR Harrison (Royaume-Uni) a fait part de la préoccupation que lui inspire la crise humanitaire engendrée par le conflit. Il s'est félicité en revanche de la conférence de paix organisée par la société civile en juillet dernier en Angola. La force militaire n'est pas la voie à suivre, a-t-il souligné. Seule la réconciliation est la solution. Le représentant s'est félicité de la nomination du futur chef du Bureau des Nations Unies en Angola. Il a annoncé par ailleurs que le Secrétaire d'Etat pour les affaires du Commonwealth du Royaume-Uni présentera prochainement un document au Parlement britannique sur les ventes de diamants par l'UNITA et les violations de l'embargo sur les armes. Ce texte sera mis rapidement à la disposition des membres du Conseil.
M. JERANDI OTHMAN (Tunisie) a constaté que la situation politique, sécuritaire, économique et humanitaire prévalant en Angola, malgré quelques améliorations, demeure une source de grande préoccupation. La situation continue en effet d'être caractérisée par la persistance de l'instabilité politique et militaire en raison de l'absence de dialogue. M. Savimbi refuse toujours de désarmer ses troupes et de respecter ses engagements envers le Protocole de Lusaka. Il poursuit ses activités déstabilisatrices, ce qui augmente le nombre des personnes réfugiées et déplacées aggravant les tensions avec la Namibie et la Zambie. A cet égard, le représentant s'est félicité de la conclusion d'un accord entre l'Angola et la Zambie portant création d'une équipe conjointe de vérification pour enquêter sur les accusations de violations des frontières. M. Othman a également salué les initiatives des partis d'opposition, des chefs religieux et des différents représentants de la société civile visant l'instauration de la paix et de la réconciliation nationale. Il s'est aussi réjoui de l'engagement renouvelé du Président dos Santos à l'égard du Protocole de Lusaka et de sa disposition à accorder le pardon aux rebelles de l'UNITA qui renonceraient à la guerre.
Le rapport du Secrétaire général confirme l'importance de la présence des Nations Unies en Angola et l'utilité des activités entreprises. Le représentant s'est notamment félicité de l'intensification des efforts de la Division des droits de l'homme du Bureau des Nations Unies sur place en faveur des programmes qui font des droits de l'homme un élément essentiel d'une paix durable. L'élaboration d'un plan novateur pour le respect des droits fondamentaux, prévoyant notamment la mise en place d'un système judiciaire efficace revêt une importance cruciale au moment où l'Etat étend son administration à des régions récemment reprises à l'UNITA. Rappelant que le climat d'insécurité qui prévaut dans de nombreuses régions du pays en raison des activités de guérilla de l'UNITA réduit considérablement le volume de l'aide humanitaire, le représentant s'est dit aussi très préoccupé par le nombre des personnes déplacées estimées à 20% de la population totale du pays. Il importe que la reprise par le Gouvernement des régions occupées auparavant par l'UNITA s'accompagne d'une assistance accrue de la communauté internationale. En conclusion, il a rendu hommage au travail de l'Ambassadeur Fowler à la tête du Comité des sanctions. Grâce à son travail efficace au sein de ce Comité, nous avons actuellement des sanctions qui donnent des résultats et réduisent les capacités de l'UNITA à obtenir des armes pour continuer la guerre, a-t-il indiqué.
M. MOCTAR OUANE (Mali) a souligné que seule une solution politique peut contribuer au rétablissement de la paix et d'une sécurité durable en Angola et dans la région. Le représentant a souligné la nécessité de trouver des solutions durables au problème des personnes et de définir des politiques à mettre en oeuvre pour améliorer les conditions de vie des populations touchées par la guerre. Le représentant a appuyé le plan d'action élaboré par le gouvernement, les organismes des Nations Unies, et les ONG définissant les mesures à prendre dans les domaines de la sécurité alimentaire, de la santé et de la nutrition, de la réinstallation et du déminage, de l'approvisionnement en eau et de l'assainissement, de la protection et de l'éducation en particulier des femmes et des enfants. Il a exhorté la communauté internationale à répondre généreusement à l'appel interinstitutions des Nations Unies.
L'autre sujet de préoccupation exprimé par le représentant touche au risque de débordement du conflit sur les pays limitrophes. Il a déploré les attaques contre la Namibie et la détérioration du climat de sécurité le long de la frontière avec la Zambie. Face à cette situation, seule une solution politique peut contribuer au rétablissement de la paix et de la sécurité durable en Angola. Dans cette perspective, a précisé le représentant, nous nous félicitons du fait que les autorités angolaises continuent de voir dans le Protocole de Lusaka une base valable pour le processus de paix. Nous demandons instamment à l'UNITA de démontrer de manière convaincante sa volonté de remplir les obligations que lui impose le Protocole et d'oeuvrer à une authentique réconciliation nationale.
De même, nous estimons que le Conseil de sécurité doit promouvoir les efforts visant un dialogue entre toutes les parties. Il est fondamental que la communauté internationale apporte son plein appui au processus de démocratisation et au respect des droits de l'homme. Il est également fondamental de renforcer l'efficacité des mesures imposées par le Conseil de sécurité à l'encontre de l'UNITA. Nous nous félicitons par ailleurs de la nomination du Chef du Bureau des Nations Unies en Angola, a-t-il ajouté.
M. GENNEDI M. GATILOV (Fédération de Russie) s'est pleinement associée, en tant que qu'Etat membre de la Troïka des Etats observateurs du Protocole de Lusaka à la déclaration du représentant des Etats-Unis. Il a insisté sur la nécessité d'appliquer le Protocole de Lusaka, précisant que ce protocole ambitionne essentiellement l'instauration d'un processus démocratique, la défense des droits de l'homme et la réconciliation nationale en Angola. La Troïka est unie pour attribuer à M. Savimbi la responsabilité du non-respect des Accords de Lusaka. "Il s'est exclu lui-même du processus politique et tant qu'il ne respectera pas pleinement les dispositions du Protocole, il ne pourra compter participer aux négociations", a averti le représentant. Il a également exprimé l'appui de son pays aux travaux du Comité des sanctions à l'encontre de l'UNITA. Avec les partenaires de la Troïka, il a appelé la communauté des donateurs à élargir son appui à l'Angola pour surmonter les conséquences de ce long conflit et jeter les bases d'une reconstruction pacifique, surtout dans les zones demeurées longtemps sous contrôle de l'UNITA.
M. MARTIN ANDJABA (Namibie) sest félicité de la réaffirmation par le Gouvernement angolais de la validité du Protocole de Lusaka et appuie la position du Gouvernement de négocier avec toutes les forces politiques qui sont prêtes à ne pas recourir à la force pour accéder au pouvoir. Il importe que la communauté internationale envoie un message clair à lUNITA et à M. Jonas Savimbi leur demandant de mettre fin au carnage et de respecter les obligations qui leur incombent aux termes du Protocole de Lusaka. Au vu de lintransigeance de lUNITA, M. Andjaba a estimé quil fallait sassurer que lUNITA accède aux requêtes du Conseil de sécurité.
Se félicitant du rapport dexperts sur les violations des sanctions contre lUNITA, M. Andjaba a regretté que ceux-ci, faute de temps, naient pu achever leur enquête. Dans ce contexte, il sest félicité de la nomination, par le Secrétaire général, dune équipe de cinq membres qui commencera à faire fonctionner le mécanisme de surveillance chargé de poursuivre lenquête sur les violations des sanctions. Il a espéré que cette équipe pourra se mettre au travail dans les plus brefs délais afin de permettre au Conseil de prendre au plus vite les décisions qui simposent. M. Andjaba a également accueilli favorablement les mesures audacieuses adoptées ce mois-ci à Anvers par la Fédération mondiale des bourses diamantaires (WFDB) et lAssociation internationale des manufactures de diamants en vue darrêter les diamants en provenance des zones de conflit qui alimentent les conflits en Afrique, notamment en Angola, en Sierra Leone et en République démocratique du Congo. Si ces mesures sont effectivement appliquées, on aura accompli un grand pas dans la bonne direction qui permettra de limiter et de réduire la capacité des mouvements rebelles à fomenter la guerre contre les gouvernements légitimes, a-t-il déclaré.
Au regard de la situation humanitaire, le représentant sest déclaré encouragé par les efforts du Gouvernement angolais visant à mettre en place des structures nationales et à dégager des fonds pour venir en aide aux populations touchées et aux personnes déplacées à lintérieur du pays. En revanche, il sest déclaré préoccupé par le nombre important, entre 6 et 7 millions, de mines terrestres et des mines non explosées. Louant le travail des organisations humanitaires sur place, il a demandé à la communauté internationale de fournir des fonds, bilatéralement ou par la voie de lAppel interinstitutions des Nations Unies pour lAngola, afin dappuyer le Gouvernement angolais dans sa tâche. Compte tenu de limpact de la guerre sur léconomie angolaise, M. Andjaba a estimé que le communauté internationale devait appuyer les efforts du Gouvernement pour relancer léconomie. A cet égard, il sest félicité de laccord entre le Gouvernement angolais, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) et a espéré que des programmes daide au développement économique et social seront rapidement mis en oeuvre. Le représentant sest félicité de la nomination, tant attendue, du Chef du Bureau des Nations Unies en Angola. Louant les efforts de coopération entre lONU et le Gouvernement angolais en vue de déterminer les causes qui ont conduit deux avions des Nations Unies à sécraser les 26 décembre 1998 et 2 janvier 1999 sur des territoires contrôlés par lUNITA, il a demandé à être informé de lenquête sur laccident davion au Togo en 1998 qui a causé la mort du Représentant spécial du Secrétaire général, M. Alione Blondin Beye.
M. SHEN GUOFANG (Chine) a salué les efforts du Gouvernement angolais dans le domaine du développement économique et du respect des droits de l'homme. Toutefois, l'Angola a encore beaucoup à faire pour arriver à la paix et au développement durables. Près de 20% de la population est constituée de personnes déplacées. L'UNITA est principalement responsable de la situation et elle mérite la condamnation sans équivoque de la communauté internationale. Grâce au Président du Comité des sanctions, celles-ci ont été renforcées, a relevé le représentant qui a également salué la constitution du Groupe d'experts de surveillance de l'application des sanctions. Nous estimons que la communauté internationale peut encore faire plus en concertant ses actions dans ce domaine. Le représentant s'est félicité également de la nomination du Chef du Bureau des Nations Unies en Angola.
M. YAN YAHAYA MOHAMMAD KAMAL (Malaisie) a rappelé que l'UNITA a été en mesure de mener ses campagnes militaires en raison du commerce lucratif des diamants. Il est donc impératif que le Comité des sanctions continue son travail avec la même détermination même si le départ de son Président actuel est imminent. Le représentant a fait part de la préoccupation que lui inspire la situation humanitaire dans le pays. Le taux de mortalité infantile en Angola est parmi les plus élevés au monde. Plus de 1,5 million d'enfants vivent dans des conditions de pauvreté extrême tandis que plus de 100 000 enfants ont perdu la trace de leurs parents. De plus, peu d'informations sont disponibles au sujet des conditions de vie des populations qui vivent dans les zones qui ne sont pas sous le contrôle du Gouvernement. Par ailleurs, le nombre important de mines, estimé à 1,4 million, ne permet pas aux personnes déplacées de retourner dans leur foyers et de cultiver leurs terres. Ces modifications ont provoqué des changements de la société et la population, qui était majoritairement rurale, est devenue urbaine. Environ 60% des Angolais vivent désormais dans des centres urbains surpeuplés.
Le représentant a par ailleurs fait part de sa préoccupation quant à l'impossibilité pour les agents humanitaires d'avoir accès aux populations à risque, en particulier dans les zones sous contrôle de la guérilla. En fait, toutes les zones qui se trouvent le long des frontières de l'Est et du Sud restent inaccessibles. Toutefois, nous nous félicitons de l'extension de l'administration d'Etat à certaines provinces du pays qui a permis la distribution d'une aide aux populations. Le représentant a également attiré l'attention du Conseil sur les risques de pénurie alimentaire qui guettent le pays au mois de septembre prochain si de nouvelles contributions ne sont pas fournies. Le représentant a lancé un appel à la communauté internationale pour qu'elle réponde généreusement à l'appel interinstitutions des Nations Unies pour l'Angola. Il a également appelé l'attention du Conseil sur les propos du Haut Commissaire aux réfugiés, Mme Sadako Ogata, selon lesquels il était difficile de réunir des fonds pour des personnes déplacées à l'intérieur de leurs propres frontières. L'appel de Mme Ogata d'un montant de 8,4 millions de dollars pour les personnes déplacées mérite notre soutien.
M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh), a estimé quil fallait rappeler lUNITA aux obligations qui lui incombe aux termes du Protocole de Lusaka et a réaffirmé son soutien au régime renforcé de sanctions, particulièrement celles visant le trafic illégal de diamants. Se félicitant des décisions adoptées par le Congrès mondial des diamantaires qui viennent renforcer les efforts du Conseil de sécurité, il sest déclaré convaincu que lUNITA comprendra rapidement que leur campagne militaire est vaine.
Reconnaissant les succès rencontrés par le Gouvernement angolais pour étendre son autorité aux zones contrôlées par lUNITA, il sest toutefois déclaré préoccupé par la situation humanitaire dans le pays, notamment celles des personnes déplacées. Dans ce contexte, il a encouragé le Gouvernement de lAngola à poursuivre sa coopération avec les institutions des Nations Unies qui sefforcent daméliorer la situation humanitaire et de venir en aide aux personnes touchées. A cet égard, le représentant sest félicité du fait que le Gouvernement angolais a pris en considération les observations faites par le coordonnateur de la mission de secours durgence au mois de mars et participe à lélaboration dun plan daction durgence. Il sest déclaré favorable à lidée didentifier les besoins de la population à risque et délaborer une stratégie de vaste envergure. Il a indiqué aussi quil soutenait l'accent mis par le Plan d'action d'urgence le Plan sur la malnutrition, lassistance aux personnes déplacées à lintérieur du pays avant la saison des semences, les programmes sanitaires et les programmes de santé de la mère et de lenfant. Il sest félicité des efforts en vue du retour des personnes déplacées dans leurs foyers et a insisté sur le fait quil faut établir des conditions qui puissent accélérer ces retours. Il a également encouragé le Gouvernement angolais à faire tout les efforts possibles pour faciliter laccès aux civils qui en ont besoin et sest félicité de lamélioration de la situation à mesure que le Gouvernement étend son autorité à toutes les régions.
M. ARNOLDO LISTRE (Argentine) a déclaré que l'UNITA détient la responsabilité principale de la grave détérioration de la situation militaire et politique en Angola. Il est indéniable que M. Savimbi a de manière systématique manqué aux obligations qui lui incombent en vertu du Protocole de Lusaka. Tout se passe comme s'il ne pouvait accepter le défi de la paix et de la démocratie, a fait observer le représentant. Or, il n'est pas de solution militaire viable à ce conflit, comme en témoigne les 25 années de lutte fratricide. C'est seulement par un dialogue politique franc et le plus ouvert possible, assurant la participation de tous les secteurs, en particulier la société civile, que l'Angola parviendra à la stabilité institutionnelle et à une croissance économique durable. Avec certaines adaptations indispensables, l'Argentine estime que le Protocole de Lusaka continue de fournir la base appropriée à une solution durable du conflit. M. Listre s'est félicité de la décision du Président dos Santos de tenir des élections générales en 2001. Il a également déclaré que la création et le fonctionnement du Bureau des Nations Unies en Angola a constitué un progrès. Sous réserve de l'accord du Gouvernement angolais, sa structure en devrait être progressivement renforcée, a-t-il suggéré.
L'Argentine estime que le régime des sanctions contre l'UNITA est parfaitement cohérent avec le schéma d'une solution politique. En outre, l'efficacité de ces sanctions a une influence directe sur le processus de paix. Elles constituent en vérité un élément fondamental de la recherche d'une solution au conflit. Dans cette perspective, l'Argentine estime que ces sanctions ne doivent pas tant avoir un caractère punitif que chercher à encourager l'apparition des conditions propices au dialogue entre les parties. L'efficacité du régime des sanctions joue également sur la confiance que le Gouvernement angolais accorde aux Nations Unies, a fait remarquer le représentant, qui a salué à son tour les efforts de l'Ambassadeur Fowler à la tête du Comité des sanctions. M. Listre a également insisté sur la nécessité de mobiliser l'opinion internationale et notamment la communauté des donateurs aux souffrances du peuple angolais et à ses besoins humanitaires. En conclusion, le représentant s'est dit convaincu qu'il n'est aucun différend ne pouvant être résolu de manière pacifique et équitable si les parties concernées sont animées d'une véritable volonté de dialogue et agissent avec raison et modération.
M. VALERI P. KUCHYNSKY (Ukraine) a indiqué que son pays s'est toujours déclaré en faveur d'une politique plus énergique et mieux définie de la communauté internationale relative au conflit en Angola. L'Ukraine accueille favorablement l'entrée en vigueur du mécanisme de contrôle de l'application des sanctions contre l'UNITA ainsi que la décision récente prise la Communauté de développement de l'Afrique australe de mettre en place un mécanisme similaire. Il a été dit à plusieurs reprises que ces efforts ne contribueront à l'établissement d'une paix durable et de la stabilité en Angola que s'ils s'inscrivent dans le cadre plus large d'un processus de paix, a ajouté le représentant. Pour cela, les Nations Unies doivent adopter une attitude plus vigoureuse. Le représentant a souligné la nécessité de lancer un processus de règlement négocié du conflit compte tenu en particulier de la situation humanitaire qui continue de s'aggraver. Nous nous associons à l'appel lancé à toutes les parties pour faciliter la fourniture de l'aide humanitaire.
Le représentant a par ailleurs estimé qu'il faudrait expliquer à l'UNITA qu'il est dans son intérêt de nommer un nouveau dirigeant qui ne se soit pas compromis et en lequel le Gouvernement angolais pourrait avoir confiance et qui serait en mesure de garantir le respect des accords conclus. Les Nations Unies pourraient jouer un rôle concret en exerçant son influence pour que l'UNITA procède à des changements internes. L'Ukraine demeure par ailleurs convaincue que le Protocole de Lusaka constitue la base sur laquelle doit reposer la restauration de la paix en Angola. Nous nous associons également à ceux qui ont demandé l'intensification des efforts visant à déterminer le sort de l'équipage et des passagers des vols commerciaux russe et ukrainiens abattus dans des circonstances douteuses au-dessus du territoire contrôlé par l'UNITA ainsi que celui des Angolais qui sont portés disparus.
M. ADRIAAN KOOIJMANS (Pays-Bas) a indiqué qu'il souscrivait pleinement à la déclaration faite par la France au nom de l'Union européenne. Il a fait observer que la limitation de la capacité de guerre de l'UNITA par le Gouvernement angolais n'avait pas pour autant permis une amélioration de la situation sécuritaire. En l'absence de dialogue, M. Savimbi s'est replié sur la stratégie de guérilla à tout-va, laissant le pays dans une situation humanitaire très précaire. Les Pays- Bas ont appuyé les activités de secours mais ils estiment que, de son côté, le Gouvernement angolais pourrait faire davantage pour venir en aide à la population. Il devrait notamment prendre des mesures pour améliorer la sécurité dans les zones rurales, garantir l'accès des travailleurs humanitaires à toute la population, promouvoir le
déminage et d'autres initiatives en faveur du retour des personnes déplacées. Le Gouvernement angolais semble en outre être désormais en mesure de s'engager fermement en faveur du règlement politique. Dans ce contexte, l'heure est venue pour le Bureau des Nations Unies en Angola de jouer un rôle actif.
Le représentant a déploré que la situation des droits de l'homme sur l'ensemble du territoire angolais demeure alarmante. Le respect des droits de l'homme et les principes de bonne gouvernance sont, ainsi que l'a indiqué le Secrétaire général, parties intégrantes des efforts visant à mettre un terme au conflit. Les actes commis contre certains journalistes sont incompatibles avec l'aide que la communauté internationale accorde au Gouvernement angolais, a insisté le représentant.
Il s'est ensuite réjoui des signes indiquant que la pression exercée par la communauté internationale sur l'UNITA commence à porter ses fruits. Les sanctions semblent en effet être réellement efficaces. Les Pays-Bas attendent avec grand intérêt le premier rapport du Comité d'experts chargé de la surveillance de l'application des sanctions. Ils jugent très importants les récents développements survenus dans l'industrie diamantaire, où une prise de conscience se fait véritablement jour. Les Pays-Bas espèrent que les propositions faites au Congrès mondial du diamant à Anvers entreront rapidement en vigueur. Le représentant s'est également réjoui de l'accord survenu entre le Gouvernement angolais et le Fonds monétaire international. Il a estimé qu'il s'agit d'une avancée longtemps attendue vers la normalisation des relations entre ce pays et la communauté des donateurs. Le Gouvernement de l'Angola doit en effet comprendre que la transparence et la responsabilité sont des éléments essentiels à de nouveaux progrès.
M. YVES DOUTRIAUX (France), au nom de lUnion européenne et des pays associés, a souligné que la responsabilité du conflit angolais incombe à lUNITA, qui na pas respecté les engagements quelle avait pris pour permettre le retour à la paix. LUnion européenne condamne à cet égard une nouvelle fois, et de la façon la plus solennelle, les initiatives militaires de lUNITA et de son chef, M. Jonas Savimbi, ainsi que les actes de guérilla auxquels se livrent ses troupes. Faisant sienne la préoccupation du Secrétaire général devant labsence defforts significatifs en vue de permettre un règlement politique du conflit, lUnion européenne se dit prête à appuyer, dans le cadre de sa politique étrangère et de sécurité commune, toutes les initiatives de nature à contribuer à une telle solution politique, sur la base du Protocole de Lusaka et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.
Dans limmédiat, l'Union européenne entend continuer à soutenir les efforts déployés par la communauté internationale en vue de renforcer lefficacité des mesures et des sanctions prises à lencontre de lUNITA. LUnion européenne appelle tous les Etats à coopérer avec linstance de surveillance établie par la résolution 1295 et se félicite de ce que certains d'entre eux, notamment parmi ceux mis en cause dans le rapport du groupe d'experts, aient fait part de leur disponibilité à accueillir les représentants de l'ONU en charge du suivi des
sanctions. Elle les encourage à maintenir cette approche coopérative, également concrétisée dans un certain nombre de cas des décisions de rupture de toutes leurs relations avec lUNITA. Par ailleurs, lUnion européenne rappelle quelle est disposée à apporter son assistance aux Etats africains, notamment ceux de la SADC, en vue de les aider à assurer pleinement la mise en oeuvre de ces sanctions.
Le commerce illicite des diamants, par lequel lUNITA finance son effort de guerre, fait actuellement lobjet dune prise de conscience, à laquelle les efforts de lAmbassadeur Fowler auront sans doute en partie contribué, a noté M. Doutriaux, précisant que le Congrès international des diamantaires qui vient de se tenir à Anvers en fournit une illustration encourageante. Pour sa part, le Conseil de sécurité sefforce désormais didentifier les liens entre lexploitation et le trafic illicite des matières premières, et la poursuite des conflits. LUnion européenne apportera son soutien aux efforts accomplis par les groupes dexperts créés par le Conseil de sécurité - chargés de la situation en Angola, dans la région des Grands Lacs et en Sierra Leone -, en sattaquant aux racines des conflits.
Pour faire face à la situation humanitaire catastrophique en Angola, l'Union européenne se joint à l'appel du Secrétaire général pour que toutes les parties concernées facilitent lacheminement des secours durgence. De leur côté, les autorités angolaises doivent mettre en oeuvre une politique sociale et économique au bénéfice des populations des zones quelles ont reprises à lUNITA, condition nécessaire à un réel processus de pacification. Il est par ailleurs impératif, a souligné M. Doutriaux, que les parties, et en particulier lUNITA, cessent de poser des mines et fassent en sorte que ces armes soient dûment répertoriées de manière à pouvoir être éliminées. LONU a, pour sa part, un rôle à jouer pour aider le Gouvernement angolais, notamment dans ses efforts en vue de renforcer les institutions et les pratiques démocratiques, ou pour assurer le respect des droits de lhomme, de la liberté des médias, et des normes de lEtat de droit.
Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a déclaré que le dirigeant de l'UNITA, M. Jonas Savimbi, s'est vu accorder de multiples chances d'accepter un règlement politique. Ses forces n'en continuent pas moins à semer la violence en Angola. La Jamaïque estime que ceux qui aident l'UNITA à continuer son combat sont coupables au même titre de la persistance de la tragédie angolaise. La représentante a lancé de nouveau un appel aux dirigeants de l'UNITA pour qu'ils honorent leurs obligations en vertu du Protocole de Lusaka et donnent l'ordre à leurs soldats de déposer les armes. L'heure est venue pour eux de reconnaître qu'il n'y a pas d'autre voie que la solution politique. Mme Durrant s'est dite encouragée par la réémergence de la société civile angolaise et par la réaffirmation par le Président Dos Santos de son attachement au Protocole de Lusaka. Elle s'est notamment réjouie que le Président angolais soit disposé à accorder le pardon aux soldats de l'UNITA qui déposeraient les armes. La Jamaïque prend note de la réaction favorable de l'UNITA à l'initiative récente des dirigeants religieux angolais. Se souvenant que les dirigeants de l'UNITA n'ont pas toujours tenu leurs promesses, elle n'en estime pas moins que tous les efforts en faveur de la paix doivent être soutenus.
La représentante s'est ensuite dite fort préoccupée par la situation humanitaire précaire. Particulièrement sensible aux conditions de vie des enfants, la Jamaïque est favorable à l'inclusion de Conseillers sur la protection des enfants dans l'équipe du Bureau des Nations Unies sur place. Elle demande à la communauté des donateurs de répondre généreusement à l'appel consolidé des Nations Unies qui sera présenté en août. Mme Durrant s'est dite encouragée également par les indications laissant penser que le Gouvernement angolais est disposé à reconnaître l'existence de violations des droits de l'homme. Elle a évoqué à cet égard l'invitation lancée hier par le Président Dos Santos aux associations de journalistes pour qu'elles participent à l'élaboration d'une nouvelle loi de la presse. Pour la Jamaïque, il n'est pas de meilleur cadre pour les libertés et le règlement des problèmes politiques, économiques et sociaux qu'un système de gouvernement démocratique et responsable. Le Gouvernement de l'Angola doit davantage encore montrer la voie pour ce qui est de la construction des institutions.
M. HIDEAKI KOBAYASHI (Japon) a estimé que la poursuite de la guérilla menée par lUNITA, sous le commandement de M. Jonas Savimbi, constitue lobstacle majeur à larrêt du conflit angolais. Il sest dit particulièrement préoccupé par les informations faisant état dactes de guérilla près des frontières namibienne et zambienne, actes qui contribuent à déstabiliser la situation dans ces deux pays. Il est par conséquent impératif, a estimé le représentant, que la communauté internationale suive de près la situation en Angola et ne laisse pas cette guerre civile se transformer en conflit régional. Il a, à cet égard, salué les efforts déployés de M. Ibrahim Gambari, Conseiller chargé des fonctions spéciales en Afrique, pour renforcer les relations de confiance entre les Nations Unies et le Gouvernement angolais durant sa visite du mois de mai.
Le représentant a déploré que les sanctions économiques imposées contre lUNITA aient été violées de façon flagrante par plusieurs pays et individus, se révélant donc sans effet. Or, a-t-il déclaré, on ne peut espérer un règlement du conflit angolais, si le régime des sanctions nest pas renforcé. A cet égard, le Japon considère quau lieu de se concentrer sur les pays et les individus qui violent ces sanctions, il serait préférable que le Conseil de sécurité examine les moyens de prévenir ces violations, a-t-il poursuivi. Cest pourquoi le Japon appuie la mise en place dun mécanisme destiné à contrôler les violations des sanctions ou à améliorer ou à élaborer différents moyens techniques pour prévenir de telles violations, conformément aux recommandations du Comité des sanctions.
Le représentant a accueilli avec satisfaction la mise en place en 1999 dun Plan national daide durgence. Il a toutefois estimé que sans un effort de la communauté internationale pour mettre un terme à la crise, la situation continuera à s'aggraver. Le représentant a exprimé lespoir que la communauté internationale répondra généreusement à l'Appel en faveur des personnes déplacées en Angola lancé par HCR à la demande du Gouvernement.
M. CARLOS DOS SANTOS (Mozambique) a imputé l'escalade du conflit au refus de l'UNITA de respecter le Protocole de Lusaka et en particulier de démobiliser ses troupes et permettre l'extension de l'administration d'Etat au reste du pays. Cette situation a créé un désastre humanitaire dans le pays. Plus d'un million de personnes ne survit que grâce à la distribution de nourriture. Un total de 2,5 millions de personnes a besoin d'une aide humanitaire d'urgence. Malheureusement, l'aide humanitaire ne peut pas leur parvenir en raison des activités de guérilla menées par l'UNITA dans de nombreuses zones du pays.
Le représentant a noté que les progrès réalisés par le Gouvernement dans le recouvrement de zones contrôlées par l'UNITA a accru l'accès aux populations à risque. Néanmoins, l'extension de l'administration d'Etat à ces zones a engendré un fardeau supplémentaire pour le Gouvernement. Il est donc urgent de répondre aux besoins de base de la population qui se trouve actuellement sous l'administration de l'Etat, a précisé le représentant. Il a rendu hommage au Gouvernement pour le plan d'action d'urgence qu'il a élaboré en collaboration avec plusieurs institutions humanitaires et la communauté des donateurs. Le représentant a appelé tous les Etats Membres, les institutions des Nations Unies et la communauté des donateurs à répondre généreusement à l'Appel global interinstitutions des Nations Unies pour l'an 2000.
Le représentant a relevé que malgré les efforts du Gouvernement angolais visant à s'attaquer à l'instabilité macroéconomique et à la pauvreté, l'absence de paix constitue un obstacle majeur à la réalisation des objectifs d'un développement humain et économique durable. Le représentant a rendu hommage au Président angolais, M. Jose Eduardo Dos Santos qui a réaffirmé la validité du Protocole de Lusaka et fait part de sa volonté de pardonner à M. Savimbi et à ceux qui le soutiennent s'ils renoncent à la guerre. Nous demandons instamment à Jonas Savimbi de cesser les hostilités et d'honorer ses engagements conformément au Protocole de Lusaka ce qui permettrait de créer les conditions nécessaires à un dialogue sur une large base et à la réconciliation. Nous demandons également instamment à tous les Etats Membres et à la communauté internationale dans son ensemble de respecter les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité relatives à l'Angola, pour mettre fin, en particulier, au trafic illicite des armes légères et à l'exportation illégales des diamants qui ont exacerbé le conflit.
M. LUIS TUPY CALDAS DE MOURA (Brésil) a reconnu les efforts internationaux visant à contrôler le trafic illégal de diamants qui alimente les guerres en Afrique, comme celle menée par Jonas Savimbi en Angola et par Foday Sankoh en Sierra Leone, mais a regretté que ces efforts naient pas encore permis daméliorer la situation des millions dAngolais qui ont dû quitter leur foyer. Le Gouvernement angolais est confronté à des difficultés énormes pour subvenir aux besoins du nombre croissant de personnes déplacées à lintérieur du pays et pour combattre la guérilla qui vise la population civile, a-t-il observé. Face à cette situation, il a estimé que la communauté internationale devait faire des efforts conjoints pour appliquer strictement les sanctions contre lUNITA et fournir une aide à la population angolaise en travaillant en étroite collaboration avec le Gouvernement de Luanda.
Cest dans cette perspective que la troisième Conférence des chefs dEtat et de gouvernement de la communauté des Etats lusophones, qui sest tenue à Maputo les 17 et 18 juillet derniers, a réaffirmé que labsence de paix dans le pays était due à l'obstruction de M. Jonas Savimbi et de ses partisans et a exprimé son soutien et sa solidarité aux efforts du Gouvernement angolais pour mettre fin à la rébellion armée et rétablir la paix conformément au Protocole de Lusaka. A cette occasion, le Président du Brésil a déclaré que les sept pays lusophones devaient travailler ensemble pour promouvoir lapplication des sanctions des Nations Unies contre lUNITA. Il a estimé quil était temps que la communauté internationale envoie un message clair à Jonas Savimbi attestant de sa volonté de mettre fin au conflit en Angola et a émis l'espoir que ce processus sera couronné par la tenue d'élections libres à la fin 2001. Abordant ensuite les questions humanitaires, le représentant a mis laccent sur la prévention des conflits, la construction et le maintien de la paix. Il a insisté sur le fait quil fallait tenir compte des dimensions multiples de ce conflit. Depuis que les Angolais ont décidé de résoudre eux-mêmes la situation de conflit, les Nations Unies ont établi un Bureau en Angola (BUNUA) qui a pour tâche de coordonner laction humanitaire, a-t-il rappelé. Dans ce domaine, le représentant a jugé indispensable que les divers organes et institutions spécialisées des Nations Unies travaillent en coopération étroite avec le Gouvernement, ce qui implique également de soutenir les programmes angolais daide.
Observant que la société civile angolaise et lEglise catholique commencent à sorganiser, il a estimé quil fallait aider les autorités locales et tous les groupes de citoyens à faire respecter le premier des droits de lhomme, le droit à la vie. Au vu des besoins immenses de la population angolaise, le représentant a jugé quil fallait aller au-delà de laide humanitaire durgence et planifier dès maintenant la reconstruction et le renforcement des capacités des institutions naissantes. En dernier lieu, le représentant a insisté sur le fait quune solution durable au conflit en Angola dépendra du processus politique par lequel lUNITA, force dopposition armée, se transformera en un parti qui simplique dans létablissement de la démocratie en Angola.
M. PERCY M. MANGOAELA (Lesotho) a déclaré que la motivation qui pousse M. Savimbi à continuer la guerre en Angola et à ne pas prendre garde aux résolutions du Conseil de sécurité est son avidité pour le pouvoir et la richesse économique de l'Angola. Il a appelé le Conseil de sécurité et la communauté internationale à renforcer le mécanisme de surveillance de l'application des sanctions contre l'UNITA. Il a également déploré la faiblesse des contributions faites pour répondre à l'Appel interinstitutions des Nations Unies pour l'Angola et a souligné que sans une réponse urgente et généreuse de la communauté internationale pour couvrir les coûts du pont aérien, la catastrophe humanitaire imminente en Angola ne pourra pas être évitée.
Evoquant les entraves au développement que représentent le déplacement de personnes, les mines terrestres et la famine, le représentant a déclaré qu'il est temps pour le Gouvernement de l'Angola, qui a désormais regagné le contrôle d'une grande partie de territoire, de mener des réformes et de conduire des programmes de développement à long terme. Il faut, notamment, prendre les mesures appropriées pour mobiliser les ressources financières nécessaires pour l'achat d'équipement et de matières premières ainsi que pour la réhabilitation de l'irrigation et du système de drainage. Le soutien de la communauté des donateurs visant à revitaliser l'industrie du café en Angola sera en aucun doute un catalyseur pour créer des revenus pour les familles de l'Angola, et impulser les changements nécessaires dans ce pays déchiré, a-t-il ajouté.
M. Mangoaela a par ailleurs porté l'attention du Conseil de sécurité sur la détérioration de la situation en matière de santé en Angola en indiquant notamment que des milliers de personnes souffrent et meurent de maladies prévisibles telles que la polio. Il a également fait observer que les efforts de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de De Beers ne pourront pas être fructueux dans un contexte où des milliers de personnes sont déplacées de l'arrière-pays vers des abris urbains surpeuplés. Dans ce contexte, il a estimé que des plans de relogement des personnes déplacées à l'intérieur du pays, de même que des campagnes d'immunisation, doivent être mis en place. Rappelant que le pays n'est pas simplement dévasté économiquement suite à trente années de guerre mais compte également non seulement le nombre le plus important de mines terrestres et de victimes des mines terrestres, mais connaît des abus fréquents des droits de l'homme, il a déploré que si peu d'attention soit portée à la crise en Angola par les médias et le public. M. Mangoaela a conclu en réitérant l'appel pour une aide internationale au Gouvernement de l'Angola.
M. IBRAHIM GAMBARI a repris la parole pour indiquer que le Secrétariat allait intensifier ses efforts avec le Gouvernement et le peuple angolais. Le message que nous avons reçu à l'issue de ce débat porte sur la nécessité pour le Secrétaire général, le Secrétariat des Nations Unies, les institutions du système et la communauté internationale de resserrer le régime de sanctions; d'améliorer l'accès d'une aide humanitaire accrue aux civils et d'assurer le succès des travaux du Bureau des Nations Unies en Angola. Pour ce qui est de la situation humanitaire, M. Gambari a indiqué que le Haut Commissariat aux réfugiés a décidé en mai dernier d'élargir ses opérations en Angola pour y inclure la protection et l'aide aux personnes déplacées à l'intérieur des frontières. Evoquant la question de la sécurité des agents humanitaires, il a indiqué que l'UNITA avait lancé de nouvelles menaces à leur intention. Ces menaces méritent d'être condamnées par le Conseil de sécurité. M. Gambari a également demandé à la communauté internationale de fournir un appui aux ONG dans leurs activités de déminage. Il a indiqué également que le Secrétaire général l'a chargé de se rendre dans les pays voisins pour mener une mission d'évaluation des conséquences de la guerre. Le Président du Comité des sanctions, M. Fowler, a permis de rétablir la crédibilité du Conseil de sécurité et a eu également un impact sur le trafic illicite des ressources naturelles en Sierra Leone et en République démocratique du Congo.
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