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CNUCED/256

COMMENT REDUIRE LA DEPENDANCE DE L'AFRIQUE A L'EGARD DE L'AIDE ?

27 juillet 2000


Communiqué de Presse
CNUCED/256


COMMENT REDUIRE LA DEPENDANCE DE L'AFRIQUE A L'EGARD DE L'AIDE ?

20000727

La CNUCED propose une solution

CNUCED, Genève -- Doubler l'aide aux pays africains pour imprimer un élan décisif à leur économie aujourd'hui pourrait les libérer de leur dépendance à l'égard de l'aide en une décennie. Tel est, en bref, le message de la CNUCED dans une étude sur "Les flux de capitaux et la croissance en Afrique" publiée aujourd'hui.

Selon le rapport UNCTAD/GDS/MDPB/7, "le seul moyen d'en finir avec la dépendance (de l'Afrique à l'égard de l'aide) est de mettre en oeuvre un vaste programme d'assistance et d'encourager une croissance rapide pendant une période suffisamment longue pour que l'épargne intérieure et les flux extérieurs de capitaux privés puissent se substituer progressivement à l'aide publique".

Une augmentation des entrées de capitaux publics pourrait créer un cercle vertueux stimulant l'épargne et l'investissement intérieurs et accélérant la croissance en Afrique subsaharienne. Une croissance rapide et soutenue pourrait attirer des capitaux extérieurs privés. La "fatigue" des donateurs céderait le pas à l'enthousiasme des investisseurs, les capitaux privés remplaçant ainsi progressivement les apports de fonds publics.

Les simulations et conclusions des économistes de la CNUCED se fondent sur les enseignements fournis par l'expérience de l'Asie et de l'Amérique latine. La croissance pourrait atteindre 6% et l'investissement intérieur s'élèverait à 22% du PIB au moins. Il en résulterait non seulement une épargne accrue, mais aussi un accroissement de la consommation par habitant qui pourrait être de quelque 30% à la fin de la décennie, avec une réduction de la pauvreté. D'après le rapport, l'Afrique pourrait s'engager dans cette voie en appliquant les politiques appropriées. Il faudra cependant repenser les méthodes d'action et ce dans un esprit de dialogue ouvert et pragmatique.

L'apparition d'une classe d'entrepreneurs qui réinvestissent leur épargne dans des secteurs nationaux productifs est indispensable. Vingt ans d'ajustement structurel ont montré que pour cela l'ajustement des prix ne suffit pas, si son effet sur l'offre est contrarié par des carences d'infrastructures humaines et matérielles. Des institutions plus efficaces doivent être mises en place et l'Etat doit investir davantage.

Il faudra mettre en oeuvre des stratégies adaptées au niveau de développement; là où l'agriculture prime encore, les politiques de prix des produits agricoles et les politiques d'investissement sont la clé d'une augmentation des ressources productives. A des étapes plus avancées, il s'agira d'établir un lien vertueux entre profit et épargne, de freiner la consommation de produits de luxe et d'encourager l'épargne institutionnelle.

Fatigue des donateurs

Le total des entrées nettes de capitaux en Afrique subsaharienne (abstraction faite du Nigéria) a diminué au cours des 30 dernières années. Aujourd'hui, les flux privés représentent moins de 2% du PNB de la région, soit la moitié de la moyenne pour les autres pays en développement. L'histoire nous enseigne que les entrées de capitaux privés suivent davantage la croissance qu'elles ne l'impulsent. Par ailleurs, ces capitaux sont aujourd'hui moins productifs que par le passé. Dans les années 90, presque 40% des entrées nettes de capitaux ont repris le chemin des pays créanciers sous forme d'intérêts et de bénéfices rapatriés.

Au cours des cinq dernières années, l'Afrique a reçu en moyenne 10 milliards de dollars US d'aide par an - trois quarts des entrées totales. Il est difficile d'y voir une générosité des donateurs; le montant total des entrées nettes de capitaux publics, après avoir atteint une pointe de 43 dollars par habitant en 1983, était tombé à 30 dollars à la fin des années 90; en valeur réelle, la baisse a été de plus de 50%. Par ailleurs, on constate des disparités considérables dans la répartition de l'aide entre des pays ayant plus ou moins atteint le même niveau de développement.

L'aide fournie à l'Afrique depuis le début des années 80 n'a guère compensé la perte de ressources due à des conditions commerciales défavorables. La détérioration des termes de l'échange et la perte de parts de marché se sont poursuivies pendant les vingt dernières années, obligeant les décideurs africains à choisir entre aggravation du déficit commercial ou compression des importations. Entre 1997 et 1999, l'indice annuel combiné des prix des produits de base, lesquels assurent 80% des recettes d'exportation de l'Afrique, sur le marché libre a chuté de 25%. De plus, en raison de difficultés croissantes de paiement, nombre de pays ont accumulé des arriérés de paiements d'intérêt sur la dette à long terme d'un montant équivalant à près de 14% du déficit de la balance courante pendant la période 1989-1998.

Les faibles niveaux actuels de l'aide perpétueront la dépendance à l'égard de l'aide, car ils ne sont pas suffisamment élevés pour être un catalyseur de la croissance. Le montant additionnel requis à cette fin représente à peine 5 cent pour 100 dollars de dépenses annuelles de consommation dans les pays de l'OCDE.

Gérer les flux de capitaux

Le niveau actuel des entrées de capitaux privés est insuffisant pour combler le déficit de ressources financières, mais suffisant pour exposer l'économie des pays africains à l'arithmétique d'arbitrage des flux de capitaux à court terme. La CNUCED considère que le fait que les conséquences néfastes ne se font guère sentir hors du continent explique que la communauté internationale n'ait guère manifesté d'intérêt quand la région s'est trouvée plongée dans des difficultés financières extrêmes.

L'étude montre que les apports publics sous forme de prêts multilatéraux ou bilatéraux peuvent avoir un effet catalyseur sur les apports de capitaux privés. Mais elle montre également qu'en Afrique ces prêts diminuent lorsque la croissance s'accélère. L'étude prône la réglementation et le contrôle des flux de capitaux à court terme afin de retenir une part importante des entrées de capitaux pour financer des importations et des investissements productifs, et afin d'assurer une plus grande stabilité des taux de change qui sont la clé du succès à l'exportation.

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