En cours au Siège de l'ONU

CS/2017

LE CONSEIL EXAMINE LES MODALITES POUR PASSER D'UNE CULTURE DE REACTION A UNE CULTURE DE PREVENTION DES CONFLITS ARMES

20 juillet 2000


Communiqué de Presse
CS/2017


LE CONSEIL EXAMINE LES MODALITES POUR PASSER D'UNE CULTURE DE REACTION A UNE CULTURE DE PREVENTION DES CONFLITS ARMES

20000720

Il se déclare résolu à s’efforcer de prévenir les conflits armés dans toutes les régions du monde

Le Conseil de sécurité a tenté aujourd'hui de définir les modalités d'une stratégie d'ensemble de prévention des conflits armés. La réunion, intitulée "le rôle du Conseil de sécurité dans la prévention des conflits" et que présidait le Ministre des affaires étrangères de la Jamaïque, a donné la possibilité à près d'une trentaine de délégations de s'exprimer sur cette question. Elles ont dans leur majorité convenu de la nécessité pour l'Organisation des Nations Unies de passer d'une culture de "réaction" à une culture de "prévention" des conflits, en raison des souffrances humaines et des coûts matériels énormes induits par les conflits ainsi que des résultats mitigés obtenus par les Nations Unies dans ce domaine. L'amélioration des systèmes d'alerte précoce, le renforcement du rôle des représentants et envoyés spéciaux du Secrétaire général, le désarmement et le déploiement préventifs, le renforcement de la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales, l'intensification de la lutte contre le trafic illicite des armes et des ressources naturelles ou encore le rôle des femmes dans les négociations de paix et les activités de reconstruction des sociétés après les conflits ont été identifiés comme les éléments d'une stratégie complète de prévention des conflits armés. Les effets dissuasifs que jouent les tribunaux pour l'ex-Yougoslavie et le Rwanda ainsi que le rôle que jouera la Cour criminelle internationale ont également été évoqués. Néanmoins, a-t-il été souligné à plusieurs reprises, l'action préventive, pour être couronnée de succès, devra également s'attaquer aux faiblesses structurelles qui entravent le développement socioéconomique des sociétés et qui, de ce fait, sont à l'origine des conflits armés. Certains intervenants ont aussi suggéré une coopération plus étroite entre le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social.

En début de séance, le Secrétaire général, présentant sa propre analyse, a formulé un certain nombre de propositions visant une action préventive efficace. M. Anna a ainsi recommandé la tenue de réunions périodiques entre le Conseil de sécurité et les ministres des affaires étrangères, la consolidation de la coopération entre le Conseil et les organes principaux de l'Organisation, l'inscription d'une question relative à la prévention des conflits à l'ordre du jour de la réunion mensuelle des présidents du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale, le recours à l'arbitrage de la Cour internationale de justice pour les différends qui risquent de dégénérer en conflits armés et la coopération avec des acteurs non-étatiques possédant des compétences particulières dans ce domaine.

(à suivre – 1a) - 1a - CS/2017 20 juillet 2000

Le Secrétaire général a, par ailleurs, regretté le manque de volonté politique au niveau des gouvernements qui "conservent entre leurs mains la plupart des outils de prévention mais ne sont guère disposés à affirmer leur autorité politique lorsque la situation l'exige et à engager les ressources nécessaires". Il a également relevé le faible nombre de contributeurs, soit sept, au Fonds d'affectation spéciale pour l'action préventive qui n’a reçu que 7,4 millions de dollars durant une période de trois ans.

Plusieurs délégations ont proposé que le Conseil de sécurité examine à nouveau la question de la prévention des conflits armés, mais cette fois au niveau ministériel.

Les représentants des pays membres du Conseil ont pris la parole: Etats- Unis, Royaume-Uni, Bangladesh, Argentine, Fédération de Russie, Pays-Bas, Chine, Tunisie, Malaisie, Mali, Namibie, Pays-Bas, Ukraine, Jamaïque et France (au nom de l'Union européenne et des Etats associés). Les délégations suivantes ont également fait des déclarations: Japon, Autriche, Colombie, Pakistan, Norvège, Brésil, Sénégal, Indonésie, République de Corée, République-Unie de Tanzanie, Ouganda, Kenya et Rwanda. L'Observateur de l'Organisation de la Conférence islamique a également pris la parole.

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LE ROLE DU CONSEIL DE SECURITE DANS LA PREVENTION DES CONFLITS ARMES

Allocution du Secrétaire général des Nations Unies

M. KOFI ANNAN, a souligné le caractère multidimensionnel de la prévention des conflits. Il ne s'agit pas seulement de mettre en place des dispositifs tels que l'alerte rapide, la négociation, le désarmement, le déploiement préventif, les sanctions ou d'autres mécanismes similaires, même s'ils peuvent s'avérer nécessaires à un moment ou à un autre, a-t-il expliqué. Une prévention efficace doit s'attaquer aux faiblesses structurelles qui favorisent les conflits dans les sociétés. La meilleure solution pour prévenir les conflits à long terme réside dans un développement économique harmonieux et équilibré. Comme la paix et le développement constituent les deux volets de la mission confiée à l'Organisation des Nations Unies, celle-ci a un rôle particulier à jouer à cet égard.

Le Secrétaire général a rappelé que depuis son entrée en fonction, il s'est efforcé à adapter l'Organisation pour qu'elle puisse assumer ce rôle. Ainsi, le Département des affaires politiques a créé une équipe de prévention et d'autres départements et institutions des Nations Unies ont pris des mesures analogues pour renforcer leurs capacités en matière de prévention. Un cadre de coordination visant une amélioration des liens entre les départements et institutions a été établi, la collaboration avec les organisations régionales a été renforcée et plus de 400 fonctionnaires ont suivi un nouveau cours de formation sur la prévention et l'alerte rapide. Le Secrétaire général a par ailleurs annoncé son intention de continuer à renforcer les capacités du Secrétariat en matière de collecte et d'analyse des données. J'attends avec impatience un échange de vue systématique avec les membres du Conseil sur la façon de procéder à cet égard, a ajouté M. Annan. Il a également évoqué la contribution des activités de consolidation de la paix après les conflits en ce qu'elles visent à empêcher la résurgence des conflits.

Le Secrétaire général a évoqué, outre le rôle du Secrétariat, celui du Conseil de sécurité dans la prévention des conflits. Il a donné pour exemple la décision prise par les membres du Conseil d'interdire toutes les importations directes ou indirectes de diamants non homologués en provenance de la Sierra Leone et l'interdiction analogue imposée pour les diamants provenant de la région contrôlée par l'UNITA en Angola. Le Conseil a également demandé la création d'un groupe d'experts sur l'exploitation illégale des ressources naturelles en République démocratique du Congo qui est en train d'être mis en place.

Le Secrétaire général a rappelé que lors de la première séance publique que le Conseil a consacrée à la prévention des conflits, il avait proposé un certain nombre de mesures que le Conseil pourrait prendre, à savoir recourir plus fréquemment à des missions d'établissement des faits, inciter les Etats à porter les conflits potentiels à l'attention du Conseil et créer un groupe de travail officieux ou un organe subsidiaire chargé d'étudier les mécanismes d'alerte rapide et de prévention. Estimant que certaines dispositions de la Charte n'ont pas été pleinement exploitées, le Secrétaire général a présenté quelques suggestions supplémentaires. Ainsi, le Conseil pourrait tenir des réunions périodiques au niveau des ministres des affaires étrangères. Il pourrait également collaborer plus étroitement avec les autres organes principaux des Nations Unies. Les questions relatives à la prévention pourraient, par exemple, être inscrites à l'ordre du jour de la réunion mensuelle des Présidents du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale. Le Conseil pourrait obtenir des informations utiles et d'autres formes d'assistance auprès du Conseil économique et social. Il pourrait également, en vertu de l'Article 96 de la Charte, demander à la Cour internationale de justice un avis consultatif sur toute question juridique. Ne pourriez-vous pas, a demandé le Secrétaire général aux membres du Conseil, tirer davantage parti des possibilités offertes par la Cour et soumettre à un arbitrage pacifique les différends qui risquent de dégénérer en conflits armés ? Le Conseil pourrait également examiner les moyens de développer l'interaction avec les acteurs non étatiques qui ont des compétences particulières dans le domaine de la prévention. Le Secrétaire général a relevé également le rôle vital de la société civile, y compris le secteur des entreprises, dans la neutralisation ou la prévention des conflits, comme ce fut le cas en Afrique du Sud dans les années 80.

M. Annan a appelé l’attention sur le manque de volonté politique inquiétant au niveau des gouvernements qui conservent entre leurs mains la plupart des outils de prévention mais ne sont guère disposés à affirmer leur autorité politique lorsque la situation l'exige ou à engager les ressources nécessaires. Il a regretté le faible nombre de contributeurs, soit sept, au Fonds d'affectation spéciale pour l’action préventive dont le montant total des contributions s'élève à 7,4 millions de dollars pour une période de trois ans. La prévention a un prix. Mais les interventions, les secours et la reconstruction des sociétés et des existences brisées coûtent bien davantage. Après les déclarations d'intention, nous devons donner une véritable impulsion au niveau politique, a insisté le Secrétaire général. Les dirigeants doivent reconnaître la nécessité d'une action préventive, parfois même avant l'apparition des signes avant-coureurs, et la faire admettre auprès de l'opinion publique. Ils devront également reconnaître le rôle constructif que peut jouer la communauté internationale dans les situations internes et que cela peut renforcer la souveraineté au lieu de l'affaiblir. Les Etats devront accorder aux institutions qui œuvrent dans le domaine de la prévention le soutien dont elles ont cruellement besoin.

Déclarations

M. JAMES CUNNINGHAM (Etats-Unis) a indiqué que le caractère de plus en plus complexe des opérations de maintien de la paix, tant au niveau de leur taille que de leur portée, et l'augmentation des ressources nécessaires pour leur mise en œuvre, justifient des activités de prévention des conflits armés. Nous devons non seulement identifier les conséquences de telles tragédies mais surtout accorder une attention particulière aux causes des conflits. Le représentant a plaidé en faveur d'une approche globale qui intègre la promotion des droits de l'homme, de la démocratie, de la primauté du droit, des opportunités économiques, qui sont les éléments de la stabilité et d'un développement durable. L'ampleur des missions récentes de maintien de la paix des Nations Unies au Timor oriental et au Kosovo souligne l'importance de mettre en place des liens étroits de coopération et de coordination entre les organes de l'Organisation. Les Nations Unies ne peuvent pas agir seules. Pour améliorer notre efficacité, nous devons accroître également notre coopération avec les groupes régionaux et sous-régionaux. Le représentant a encouragé en particulier la détermination de l'Organisation de l'unité africaine à mettre un terme au conflit par des moyens pacifiques entre l'Érythrée et l'Éthiopie ainsi que l'engagement en faveur d'une culture de prévention annoncé récemment par le G-8. Nous implorons toutes les nations de soutenir de telles initiatives.

Le représentant a estimé que l'amélioration des systèmes d'alerte rapide constitue un autre moyen de prévenir les conflits. Le renforcement du rôle des Représentants spéciaux du Secrétaire général pourrait également contribuer à l’amélioration de l'action préventive des Nations Unies et de ses mécanismes d'alerte rapide. Le représentant a aussi plaidé en faveur de la consolidation des capacités de recrutement, de formation et de déploiement des membres de la police civile qui sont également des éléments critiques de la prévention des conflits en ce qu'ils viennent en appui du développement des capacités locales. Le représentant a par ailleurs souligné le rôle des femmes dans la prévention des conflits et dans les activités de reconstruction après les conflits. Nous encourageons les Nations Unies à exploiter pleinement la contribution que peuvent apporter les femmes dans les négociations de paix et les opérations, en nommant, en particulier plus de femmes aux postes de représentant spécial et d'envoyé spécial. Le représentant a par ailleurs fait part de la préoccupation que lui inspirent le trafic illicite des armes légères et de petit calibre et leur accumulation qui sont des facteurs de déstabilisation et menacent la paix et la sécurité internationales. Nous devons également faire pression pour mettre un terme au commerce illicite des ressources de haute valeur, notamment les diamants. Il s'est félicité de l'initiative proposée dans le cadre des Nations Unies visant l'évaluation des conséquences de l'exploitation illégale de telles ressources naturelles.

Sir JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a exprimé son soutien à la déclaration qui sera adoptée à l'issue de la réunion, car, selon lui, le Conseil de sécurité doit continuer d'améliorer les mesures pratiques qu'il prend pour être véritablement efficace en matière de prévention des conflits. Jusqu'à présent malheureusement, les résultats dans ce domaine n'ont été que partiels. Trop souvent, le Conseil intervient en effet de manière tardive et ne parvient pas à éviter que les conflits s’étendent. Les conséquences en sont aussi désastreuses qu'évidentes, a déploré le représentant, évoquant les populations civiles prises pour cible et les violations flagrantes des droits de l'homme. Le Conseil a donc en premier lieu pour devoir d'améliorer son efficacité en la matière. La déclaration adoptée n'aura véritablement de valeur que si le Conseil adopte une attitude plus professionnelle et plus systématique dans la prévention des conflits, a mis en garde Sir Jeremy. C'est pourquoi il a insisté sur l'importance de l'alerte précoce et la nécessité pour le Secrétariat de mettre en place une structure à cet effet. Sur ce point, il s'est félicité de l'intitiative du Département des affaires politiques de prendre des mesures préventives et d'alerte précoce.

Il a également mis l'accent sur la nécessité pour le Conseil d'examiner le plus tôt possible les menaces potentielles d'éclatement d'un conflit et sur le besoin de renforcer la coordination des efforts sur l'ensemble du système des Nations Unies. Pour ce faire, le Secrétariat doit disposer des ressources financières et humaines suffisantes. Il doit également mieux utiliser les ressources qui sont les siennes. A cet égard, le représentant a estimé que le cadre interinstitutions des Nations Unies a besoin d'être renforcé et qu’une approche plus systématique face aux conflits potentiels qui peuvent constituer une menace partout dans le monde doit être adoptée. Le Conseil de sécurité a lui-même ses propres responsabilités. Son premier objectif doit être de limiter les menaces à la paix. Or bien souvent, il n'est pas en mesure de le faire se concentrant uniquement sur les causes immédiates des conflits. Certes des problèmes de souveraineté se posent mais aujourd'hui la prévention des conflits est devenue un problème international. Il faut donc se pencher sur les causes fondamentales des conflits, à savoir les causes économiques. Une fois cet examen réalisé, le Conseil devra aussi faire preuve de davantage de créativité et d'imagination, à l'image de celle montrées par l'Ambassadeur Fowler concernant le conflit en Angola. Le représentant s'est dit d'accord avec le Secrétaire général pour utiliser davantage les dispositions prévues par la Charte. Le Secrétaire général doit, selon lui, pouvoir faire valoir son autorité sur l'ensemble du système des Nations Unies. Parallèlement, le Conseil de sécurité doit améliorer sa coopération avec le Conseil économique et social et d'autres institutions concernées du système. Le Conseil de sécurité devrait également, de l'avis de Sir Jeremy, examiner attentivement les efforts déployés par les pays membres du G-8 en matière de prévention des conflits, qui réunis cette semaine au Japon considèrent des mesures intégrées sur les petites armes, les liens entre les conflits et le développement, le trafic illégal de diamants, les enfants dans les conflits armés et la police civile internationale. La prise en compte des besoins des populations est au cœur de toute stratégie de prévention des conflits, a poursuivi le représentant. N'oublions pas que les victimes des conflits sont des êtres humains ayant les mêmes droits que chacun d'entre nous. Il faut donc également que les moyens d'assurer leur protection soient renforcés. C'est ce que peut permettre le cadre juridique international, notamment le Statut de Rome sur la Cour pénale internationale ou le Traité d'Ottawa sur les mines antipersonnel que tous les Etats se doivent de ratifier. C'est en effet lorsque les droits humains, économiques, sociaux, politiques et culturels des individus seront effectivement protégés que la paix internationale sera consolidée, a conclu le représentant.

M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a souligné l’importance de la volonté politique du Conseil qui doit conduire à une action rapide et efficace. Prenant l’exemple de la guerre entre l’Ethiopie et l’Erythrée et regrettant que les autorités d’Asmara et d’Addis-Abeba n’aient pas entendu l’appel du Conseil de sécurité, il s’est toutefois demandé s’il fallait interpréter le fait qu’aucune intervention n’ait eu lieu, comme un manque de volonté politique ou une incapacité à reconnaître que les hostilités étaient imminentes. En ce qui concerne les conflits internes, il a estimé qu’ils étaient la plupart du temps le résultat de l’héritage colonial ou de la guerre froide. Dans ce cas, selon lui, l’action des Nations Unies serait sans doute renforcée par une réelle prise en considération des causes de ces conflits. Selon lui, les exemples du Rwanda et de Srebrenica illustrent l’absence de volonté politique et d’engagement et mettent à jour de nombreuses failles dans la capacité de prévention des conflits. Il importe donc de renforcer les mécanismes d’alerte rapide, d’améliorer la coordination entre les divers départements et institutions des Nations Unies ainsi que la coopération avec les organisations régionales.

Rappelant que les conflits trouvent souvent leur origine dans la pauvreté, l’absence de démocratie et la faiblesse des institutions, M. Chowdhury a souligné la nécessité d’améliorer la coordination entre tous les organes des Nations Unies ainsi qu’avec les organisations non gouvernementales qui œuvrent dans ces domaines. A cet égard, il a exprimé son appui à l’Initiative de Miyazaki sur la prévention des conflits, élaborée par le G-8 en vue du Sommet qui se tiendra ce week-end, qui intègre la prévention des conflits à l’aide au développement. Il a également estimé qu’il fallait se préoccuper du passage de la phase d’intervention humanitaire d’urgence à la phase de développement dans la construction de la paix dans les situations d’après-conflits. Dans ce contexte, il a rappelé son attachement à la mise en place d’une culture de la paix qui se fonde sur la tolérance, la solidarité, le respect de la diversité et la promotion des droits de l’homme et des libertés fondamentales.

M. Chowdhury s’est ensuite déclaré très préoccupé par la prolifération des armes légères et de petit calibre et a estimé qu’il incombait à la communauté internationale de faire le ménage dans ce qu’il a qualifié de “bazar” des armes. Il a également insisté sur la nécessité de briser le lien entre les diamants et les armes qui alimentent les guerres en Afrique. Envisageant l’avenir de cette question, il s’est déclaré favorable à la tenue d’une réunion interministérielle en 2001 et a demandé au Secrétaire général de préparer des recommandations sur la prévention des conflits pour cette occasion. En dernier lieu, il a exprimé son appui à la déclaration présidentielle qui témoigne de l’évolution vers un consensus en matière de prévention des conflits.

M. LUIS E. CAPPAGLI (Argentine) a déclaré que la prévention des conflits armés est absolument nécessaire en raison des victimes qu'ils entraînent, mais également de la destruction des infrastructures, du gaspillage des ressources qui en résultent et des effets à long terme qu'ils ont sur la vie des populations, notamment en matière de santé et d'éducation. Pour prévenir efficacement les conflits, il faut en comprendre les causes, même s'il est évident que chacun a des caractéristiques propres. Toutefois, on peut distinguer globalement trois causes principales aux conflits armés : le manque de possibilités de développement économique et les inégalités sociales, l'accumulation excessive des armes classiques, et notamment les armes légères, et l'exploitation et le commerce illégal des ressources naturelles, principalement les diamants.

Il faut donc instaurer une véritable culture de prévention des conflits reposant sur la coordination et la coopération entre les membres de l'Organisation ainsi que les organisations régionales, a insisté le représentant. Une telle culture permettrait en effet de mettre en œuvre des stratégies appropriées pour empêcher les conflits. Elle devrait pour cela comprendre des éléments d'alerte précoce, de diplomatie préventive, de désarmement préventif, ainsi que des mesures de consolidation de la paix une fois les combats terminés. Cette culture préventive devrait aussi se fonder sur les missions du Conseil de sécurité, sur la présentation de rapports par le Secrétaire général, et sur le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des anciens combattants ainsi que le recours à la police civile, pour empêcher que le conflit ne reprenne. Pour que cette entreprise soit couronnée de succès, il faut aussi qu'elle bénéficie des ressources financières suffisantes et qu'elle s'appuie sur une volonté politique véritable des parties impliquées dans les conflits. Conformément à la Charte, les Nations Unies et particulièrement le Conseil de sécurité ont un rôle indiscutable à jouer et une obligation à la fois morale et juridique de le faire. La déclaration sur le point d'être adoptée aujourd'hui traduit la volonté et la détermination du Conseil de prendre des mesures concrètes pour encourager l'avènement d'une culture de prévention des conflits, a conclu le représentant.

M. GENNADI M. GATILOV (Fédération de Russie) a dit partager les vues des membres du Conseil et du Secrétaire général sur l'importance d'examiner un vaste éventail de mesures préventives sur la base juridique légitime que sont les dispositions de la Charte des Nations Unies et le droit international. Le rôle accordé au Conseil de sécurité par la Charte dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales peut s'appliquer à la prévention des conflits. Toutefois, a souligné le représentant, les services préventifs offerts aux Etats Membres doivent être mis en œuvre sur la base du libre consentement des Etats concernés et dans le respect de leur souveraineté territoriale. Toute intervention des Nations Unies, en particulier dans une situation au profil humanitaire, doit être menée en conformité avec la Charte et sur la base d'un mandat du Conseil de sécurité.

Les événements des dernières années démontrent l'importance qu'il y a à respecter le principe du non-recours à la force dans les différends internationaux. Ces développements ont également mis en lumière les difficultés à faire respecter les régimes d'embargo sur les armes, notamment au Kosovo. Le représentant a par ailleurs indiqué que son pays accorde une importance particulière au perfectionnement des moyens permettant de prévenir les conflits que sont l'alerte rapide, les bons offices du Secrétaire général et les activités de désarmement, de démobilisation et de réinsertion. Il a également souligné le rôle important qui peut être joué par la police civile. Tous ces éléments pourraient être intégrés dans une stratégie d'ensemble qui doit tenir compte des opinions des membres de l'ONU.

M. JOOP W. SCHEFFERS (Pays-Bas), rappelant que la Charte des Nations Unies a été rédigée il y a plus de cinquante ans, à l’issue de la Deuxième Guerre mondiale, a estimé que, dans la mesure où la majorité des conflits actuels étaient des conflits internes, il fallait désormais procéder à une lecture souple du paragraphe 7 de l’Article 2 de la Charte aux termes duquel aucune disposition de la présente Charte n’autorise les Nations Unies à intervenir dans les affaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d’un Etat. Il a estimé qu’une interprétation stricte de ce paragraphe empêcherait le Conseil d’agir dans la plupart des questions qui lui sont soumises et, de ce fait, d’assumer ses responsabilités en matière de paix et de sécurité internationales. Expliquant la spirale de la violence qui s’installe dans les cas où le manque de légitimité des gouvernements les incite à réprimer par la force toute demande émanant d’un groupe de population qui subit des discriminations et des atteintes à ses droits, il a mis l’accent sur le fait qu’une culture de la prévention se fonde sur une analyse approfondie des causes de conflits et sur une approche intégrée. Il a estimé que le Conseil devait être vigilant aux moindres signes de détérioration des situations et prendre en considération certains facteurs aggravants comme la détérioration de l’économie, du système politique ou le non-respect de la règle de droit. Dans cette optique, il serait utile que le Conseil considère les rapports de la Commission des droits de l’homme et du Haut Commissaire aux droits de l’homme comme des documents d’alerte rapide. Le représentant a également appuyé la proposition du Secrétaire général d’établir des Tables-rondes d’experts comme instruments d’alerte.

Le représentant s’est en outre déclaré favorable à une augmentation des ressources mises à la disposition du Secrétaire général pour la diplomatie préventive et a indiqué que son pays avait largement contribué au Fonds d’affectation spéciale pour la prévention des conflits. Ces ressources pourraient servir à organiser des réunions d’experts, à organiser des pourparlers de paix, à établir des représentations des Nations Unies ou à financer des missions de représentants spéciaux. A cet égard, il a précisé que son pays préfèrerait que ces activités soient financées sur le budget ordinaire et qu’il ne contribue au Fonds d’affectation spéciale qu’en attendant qu’une décision soit prise dans ce sens.

Abordant ensuite la construction de la paix dans les situations d’après-conflit, le représentant a mis l’accent sur le fait qu’il importe d’associer toute la population au processus de construction de la paix qui doit être prévu dès la signature d’accords de paix. Dans ce contexte, il a recommandé une meilleure coopération avec les organisations non gouvernementales, il a insisté sur le processus de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des combattants et a souligné l’importance de lier la sécurité au développement de façon à s’attaquer réellement aux causes des conflits et à instaurer une paix durable. Il s’est ensuite félicité de la teneur de la déclaration présidentielle qui couvre de nombreux aspects, sinon tous, de la prévention des conflits.

M. WANG YINGFAN (Chine) s’est félicité des récentes mesures adoptées par le Conseil, notamment l’envoi de missions d’établissement des faits, la tenue de débats publics plus nombreux, et le recours plus fréquent à l’Article 99 de la Charte qui dispose que le Secrétaire général peut attirer l’attention du Conseil sur toute affaire qui pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationales. En ce qui concerne les actions menées en vue de prévenir les conflits, soulignant l’importance du principe de non-ingérence, il a insisté sur le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des Etats, le respect de la volonté de leurs populations et de leur Gouvernement. Selon lui, il est indispensable d’obtenir l’accord des parties concernées avant de mettre en place des mécanismes d’alerte rapide ou d’envoyer des missions d’établissement des faits. Avant de prendre toute décision, le Conseil se doit d’entendre les vues de toutes les parties concernées. Il a ensuite souligné le rôle des organisations régionales et a recommandé que le Conseil coopère avec celles-ci à condition toutefois qu’elles respectent les principes énoncés dans la Charte des Nations Unies.

Il a ensuite mis l’accent sur le développement économique et social afin de ne pas se contenter de traiter les symptômes apparents des conflits mais de s’attaquer à leurs racines. Estimant que les Nations Unies manquent encore de pratique dans ce domaine, il a insisté sur le fait qu’il fallait tirer les leçons de l’expérience.

M. SAID BEN MUSTAPHA (Tunisie) a estimé qu'aujourd'hui plus que jamais, la prévention des conflits doit être érigée en stratégie globale et intégrée visant à inscrire l'absence de conflits dans la durabilité mais aussi à assurer les conditions les plus favorables aux facteurs de la paix, qu'ils soient politiques, économiques, sociaux et culturels. La communauté internationale a les moyens de cette stratégie. Il faut qu'elle en ait constamment la volonté. Le représentant a évoqué le rôle du Conseil de sécurité dans le domaine de l'action préventive ainsi que les moyens à sa disposition tels que le déploiement préventif qui doit se faire dans le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale des pays concernés et avec le consentement des gouvernements, ainsi que le désarmement préventif. Les activités de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des combattants ont des effets déterminants dans le non-reprise des combats mais également sur la consolidation de la paix à long terme. Toute action visant à favoriser la lutte contre le trafic et la circulation illicites des armes légères et de petit calibre est également déterminante. Il revient au Conseil de sécurité de veiller au respect des divers embargos sur les armes.

Le représentant a souligné le rôle important que peuvent jouer les organisations régionales dans la prévention des conflits. Les modalités de coopération entre les Nations Unies et de telles organisations devraient être renforcées à travers la mise en place de stratégies appropriées de collaboration, y compris dans le domaine de l'alerte précoce et de l'échange d'informations. Nous soulignons dans ce contexte la nécessité de renforcer la capacité de l'Organisation de l'unité africaine en matière de prévention des conflits et en particulier son Mécanisme de prévention, de gestion et de résolution des conflits. Le représentant a également relevé le rôle essentiel du Secrétaire général en la matière qui a la possibilité, conformément à la Charte des Nations Unies, de porter à l'attention du Conseil tout développement de nature à menacer la paix et la sécurité internationales. La diplomatie préventive est également un autre outil à sa disposition qui lui offre une marge d'action importante.

Une stratégie saine et viable à long terme de prévention des conflits doit nécessairement tenir compte des causes profondes des conflits, a ajouté le représentant. Une réelle prise en charge des exigences du développement économique et social contribuerait à enrayer les causes des conflits et de la violence. La communauté internationale devrait réaffirmer son engagement en faveur de la coopération économique internationale pour le développement, y compris en accordant à l'Aide publique au développement la place qu'elle mérite. En outre, une attention soutenue devrait être accordée à la construction de la paix après les conflits ce qui suppose la mobilisation urgente des ressources. Une coordination accrue entre les institutions de Bretton Woods, les Nations Unies, le PNUD et les fournisseurs d'aide est nécessaire. En somme, a conclu le représentant, il s'agit pour la communauté internationale d'affiner les contours d'une stratégie cohérente de prévention des conflits qui prenne en compte toutes les dimensions de la question qui sont interdépendantes, à savoir les dimensions politiques, militaires, de sécurité et socioéconomiques. Il s'agit également pour la communauté internationale de faire preuve d'un engagement renouvelé en faveur de la prévention des conflits.

M. HASMY AGAM (Malaisie) a estimé que l'Organisation des Nations Unies doit effectivement s'attacher à développer sa capacité de diplomatie et de mesures préventives. Il a également reconnu la nécessité de parvenir à une meilleure coordination et coopération au sein de tout le système, en s'attaquant notamment aux racines des conflits, à savoir les conditions socioéconomiques, la pauvreté, le sous-développement, la répression et la discrimination. Soutenus par la communauté internationale, les gouvernements des pays concernés doivent sérieusement se pencher sur ces problèmes. Ils doivent pour cela être encouragés à adopter des mesures de bonne gouvernance, mettant l'accent sur l'importance de la stabilité et de la paix internes. Mais le Conseil de sécurité a lui aussi des modifications à apporter dans ses méthodes de travail pour adopter véritablement une approche préventive en matière de conflits. Il lui faut notamment passer d'une approche réactive, consistant à gérer les conflits existants, à une approche préemptive visant à empêcher les conflits d'éclater. Cela exige qu'il procède à un examen de son programme de travail mensuel afin d'y faire une place pour l'analyse en profondeur des situations pouvant déboucher sur un conflit. A cet égard, il pourra tirer grand parti des réunions d'information du Secrétariat sur les situations à risque, qui en vertu de l'Article 99 de la Charte devraient être convoquées plus souvent. Le Secrétariat doit, pour sa part, améliorer sa capacité d'alerte précoce. Le Département des affaires politiques devra pour cela être renforcé et les Etats Membres en mesure de partager avec lui certains informations vitales devraient le faire. L'ensemble de ces efforts peut être rendu plus efficace en multipliant les missions d'établissement des faits du Conseil de sécurité et du Secrétaire général. Pour être réellement préventive toutefois, de telles initiatives devraient intervenir bien avant que le conflit n'ait commencé. Elles participeraient d'une diplomatie véritablement préventive et "discrète", impliquant soit le Secrétaire général, soit des Etats Membres, à titre individuel, et sans la menace du recours à la force. Toutes ces démarches doivent, bien entendu, être guidées par les principes du respect de la souveraineté, de l'indépendance et de l'intégrité territoriale des Etats, tels qu'inscrits dans la Charte, a fait observer le représentant.

M. CHEICKNA KEITA (Mali) a estimé que les propositions faites ce matin par le Secrétaire général méritent une attention particulière. Rappelant la nature nouvelle des conflits armés, qui prennent désormais les populations civiles pour cible privilégiée, il a estimé que le système des Nations Unies doit sérieusement examiner et améliorer sa capacité à prévenir les conflits. Pour cela, il conviendrait notamment d'appuyer les mécanismes de prévention régionaux et sous- régionaux. A cet égard, le représentant a évoqué les bénéfices tirés des initiatives de prévention de la CEDEAO. Le Conseil de sécurité doit leur apporter tout l'appui nécessaire.

Pour prévenir les conflits, il faut aussi lutter contre l'accumulation excessive des armes légères et le développement du commerce illégal des ressources naturelles. Des initiatives dans ce domaine devraient être planifiées au niveau régional des zones de conflit. S'agissant plus précisément du commerce illégal des ressources naturelles, il convient au niveau international d'entreprendre une véritable moralisation de toutes les parties prenantes. Un troisième domaine où des initiatives doivent être engagées est le désarmement, a également estimé le représentant. Un soutien financier et technique approprié doit notamment être donné aux programmes de désarmement et de démobilisation. Le succès de ces activités constituent en effet la condition préalable de la non-résurgence des conflits.

Le représentant a expliqué en conclusion que les conditions économiques et sociales sont en premier lieu les éléments à améliorer si l'on veut véritablement parvenir à une culture de prévention des conflits.

M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a estimé que la prévention des conflits exige une approche concertée et multidimensionnelle. Le représentant a évoqué dans ce contexte le rôle du Secrétaire général par le biais notamment de ses missions de bons offices et de ses Envoyés et Représentants spéciaux dans les zones de conflit. Un aspect crucial des activités du Secrétaire général dans le domaine de l'action préventive est la possibilité que lui accorde la Charte des Nations Unies de porter à l'attention du Conseil toute affaire propre à poser une menace à la paix et à la sécurité internationales. Le Conseil doit continuer à accorder son soutien aux efforts du Secrétaire général. Les ressources nécessaires doivent être fournies. Le représentant a évoqué le rôle de plus en plus important des organisations régionales dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales ainsi que dans la prévention des conflits. Il a salué le renforcement des liens de coopération entre les Nations Unies et l'Organisation de l'unité africaine, en particulier dans les domaines de la prévention des conflits, du maintien de la paix, de l'imposition de la paix et de la résolution des conflits.

Les coûts énormes des conflits, tant au niveau humain que financier dictent la nécessité au Conseil de sécurité de passer à une culture de réaction à une culture de prévention, a souligné le représentant. Il faut également reconnaître que les mesures telles que l'alerte rapide, la diplomatie préventive, le déploiement préventif, le désarmement préventif et l'édification de la paix sont interdépendants et complémentaires des stratégies de prévention des conflits. Par ailleurs les outils préventifs que l'Article 33 de la Charte met à notre disposition devraient être renforcés et complétés. L'alerte rapide est le meilleur moyen de prévenir une tragédie. Les Nations Unies devraient donc non seulement renforcer et améliorer ses propres mécanismes d'alerte rapide mais également contribuer à établir des systèmes similaires au sein des organisations régionales. Il est regrettable que les systèmes existants soient entravés par le manque de ressources financières. Le représentant a souligné dans ce cadre la responsabilité qui revient au Conseil dans la mobilisation de la volonté politique. Dans ce contexte, il est crucial que l'opération de maintien de la paix en République démocratique du Congo soit déployée rapidement pour enrayer une escalade du conflit. De même, en Sierra Leone, il est nécessaire de renforcer les troupes et le mandat de la MINUSIL. Le représentant a évoqué par ailleurs les causes des conflits et notamment le trafic illicite des ressources naturelles, comme les diamants, ainsi que l'accumulation d'armes de petit calibre et il a appelé à l'élaboration de mesures visant l'arrêt de ces activités.

M. ROBERT FOWLER (Canada) a estimé que prendre des mesures sur les nouvelles priorités en matière de sécurité est le véritable défi, présent et futur. Pour le relever, les débats à répétition ne suffisent pas, a averti M. Fowler. Les stratégies de prévention des conflits doivent tout d'abord comprendre des initiatives pour mettre fin à la culture d'impunité, étant donné le nombre de violations du droit humanitaire et des droits de l'homme qui caractérisent désormais les guerres. A cet égard, la création de la Cour pénale internationale aura un effet dissuasif puissant sur les violations. Des sanctions et des opérations de maintien de la paix plus efficaces peuvent aussi contribuer à la prévention des conflits. Les opérations doivent donc disposer du mandat et des ressources nécessaires pour empêcher la reprise des hostilités. Malheureusement dans ce domaine, les progrès ont été lents. Les événements qui se sont produits au mois de mai en Sierra Leone ont fait prendre conscience des pièges du sous- financement des opérations de maintien de la paix. La capacité de planifier ces opérations et de les déployer rapidement continue de faire cruellement défaut, a déploré le représentant, avant de regretter que la capacité de décision du Conseil continue d'être soumise à des considérations politiques et financières extérieures plutôt que d'être régies par des impératifs opérationnels. Le Canada accueille avec un vif intérêt l'initiative du Secrétaire général de créer une équipe de haut niveau pour examiner sous tous ses aspects la question des opérations de maintien de la paix.

Le représentant s'est en revanche dit encouragé par les mesures prises récemment pour améliorer l'instrument des sanctions. L'exemple du nouveau mécanisme de surveillance des sanctions pour l'Angola devrait, selon lui, être appliqué aux autres régimes de sanctions. Des sanctions plus efficaces ne peuvent en effet que renforcer les efforts que déploie le Conseil pour mettre fin aux conflits et les prévenir. A cet égard, M. Fowler a réitéré l'appel de son pays en faveur de sanctions ciblées en tant que mesure de prévention au lieu de ne les imposer qu'une fois le conflit éclaté. Le représentant a également insisté sur l’importance de lutter contre le trafic illicite des ressources naturelles des pays victimes d’un conflit, notamment les diamants. A cet égard, il s’est félicité de la résolution adoptée hier à Anvers par le Congrès mondial du diamant qui constitue, selon lui, un texte sans précédent qui privera de revenus ceux qui profitent de manière éhontée des circonstances de la guerre.

Des progrès ont aussi eu lieu dans les méthodes de travail du Conseil. Il n'en reste que le Conseil devrait être plus sensible aux signes avant-coureurs de conflits que sont notamment les informations sur les violations des droits de l'homme figurant dans les rapports de la Commission des droits de l'homme ou provenant d'autres sources crédibles. De l'avis de M. Fowler, il importe également de renforcer la coopération et la coordination avec les organisations régionales et ce durant toutes les phases de la gestion d'un conflit. Lorsque les efforts de prévention échouent, la communauté internationale devrait prendre des mesures décisives pour arrêter et résoudre le conflit en question. Une action énergique, y compris l'intervention humanitaire, peut constituer un facteur de dissuasion de futurs conflits. Mais aux efforts de prévention de la communauté internationale doit correspondre un engagement de toutes les parties concernées à adhérer pleinement aux stratégies de prévention des conflits. Des questions internes allant de la bonne gouvernance aux droits de l'homme en passant par la façon dont les maigres ressources sont allouées et la valeur accordée à la vie humaine sont essentielles pour la prévention des conflits et doivent être prises en considération par toutes les parties concernées.

Pour M. VALERI KUCHYNSKI (Ukraine), les causes des conflits sont à la fois multiples et complexes. Elles sont liées à des éléments politiques, historiques, économiques et culturels et se nourrissent du manque de développement durable, de démocratie, de respect de l'état de droit et de bonne gouvernance ainsi que de l’intolérance ethnique ou religieuse ancestrale. Il est grand temps au sein des Nations Unies de passer d'une culture de réaction à une culture de prévention, telle que proposée par le Secrétaire général. Le rôle primordial du Conseil de sécurité en matière de prévention des conflits doit, de l'avis de l'Ukraine, être maintenu et renforcé. Toutefois, dans la mesure où les racines profondes des conflits sont des domaines relevant d'autres organes importants du système, il est nécessaire d'améliorer la coordination des efforts et de spécifier clairement les mandats de chacun. Toutefois, tous ces efforts demeureront vains si les parties concernées par un conflit, ainsi que les Etats Membres, ne les soutiennent pas, a prévenu le représentant. Il a suggéré que le Conseil de sécurité travaille à l'élaboration d'un document posant clairement les principes et les critères des différentes étapes de la prévention des conflits. Une fois ce document accepté par tous, la capacité de prévention et de réaction rapide du Conseil de sécurité serait grandement améliorée. Toute mesure préventive doit néanmoins reposer sur les principes de la Charte et du droit international, notamment ceux de la souveraineté, de l'indépendance et de l'intégrité territoriale des Etats. De l'avis de l'Ukraine, le Conseil pourrait mieux tirer parti de son expérience en matière de déploiement préventif, opéré avec l'accord du pays hôte, ainsi que le succès de la Mission en ex-République yougoslave de Macédoine en témoigne. Une autre possibilité pourrait être de multiplier les visites des zones de conflits potentiels.

L'Ukraine estime également que le Secrétaire général a un rôle essentiel à jouer dans la prévention des conflits. Il doit notamment à cet effet porter à l'attention du Conseil de sécurité, ainsi que le prévoit l'Article 99 de la Charte, les situations où un conflit menace d'éclater. Il peut de plus recourir à divers outils de diplomatie préventive, comme les missions de bons offices, la médiation ou l'envoi de représentants spéciaux. Le représentant s'est dans ce contexte félicité de l'établissement d'une liste de personnalités et d'experts, issus des Etats Membres, susceptibles d'être désignées par le Secrétaire général pour de telles missions. De l'avis de l'Ukraine la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales doit se poursuivre et s'intensifier en s'appuyant sur le Chapitre VIII de la Charte, à condition que le rôle pivot du Conseil de sécurité demeure inchangé. Le continent africain pourrait particulièrement bénéficier d'une telle coopération. Le représentant a ensuite mis l'accent sur l'utilité du désarmement préventif. A cet égard, il a rappelé la série d'initiatives dans ce domaine proposée par son pays en septembre dernier. Il a également estimé que le Conseil de sécurité pourrait mieux prévenir les conflits s'il pouvait compter davantage sur la capacité de réaction rapide de l'Organisation. A cet égard, le système des arrangements en attente ainsi que l'établissement d'un quartier général de déploiement rapide des missions seraient les bienvenus. Rappelant que depuis 6 ans, l'Ukraine plaide en faveur de la création d'un mécanisme de prévention au sein des Nations Unies permettant de surveiller toutes les sources potentielles de conflit et d'y répondre rapidement, le représentant a, en conclusion, proposé que cette initiative précise soit bientôt examinée par le Conseil au niveau ministériel.

M. PAUL ROBERTSON, Ministre des affaires étrangères de la Jamaïque, a déclaré que la prévention des conflits était préférable à des mesures héroïques visant à s'assurer la victoire ou à restaurer la paix. La communauté internationale doit trouver les moyens de désamorcer la haine ethnique, l'intolérance religieuse et les tendances nationalistes qui sont bien souvent le terreau des conflits armés. Elle doit également accorder une attention particulière aux causes économiques des conflits qui sont bien souvent sous- estimées. Les mesures radicales prises par le Conseil visant à mettre à défi la relation entre le commerce des diamants et les conflits sanglants en Sierra Leone et ailleurs en Afrique constituent un tournant dans les efforts de paix de la communauté internationale. Des efforts similaires doivent être déployés pour prier les trafiquants des dividendes du trafic de drogues et des armes légères.

Le représentant a mis en parallèle le côut économique des conflits et l'insuffisance des ressources pour le développement et l'élimination de la pauvreté. Selon le rapport de la Commission Carnegie sur la prévention des conflits, les sept conflits majeurs de 1990, à l'exception de celui du Kosovo, ont coûté 199 milliards de dollars à la communauté internationale. Il est clair que d'un point de vue purement économique, le cycle de destruction soit être enrayé pour permettre à l'humanité de progresser au XXIe siècle. Le représentant a estimé que la communauté internationale ne devait pas prendre de décisions qui accordent une importance particulière à une région ou à une autre. Elle doit prendre ses décisions sur la base de la sévérité du conflit et de son potentiel meurtrier et destructeur. Le coût de la guerre dépouille les pays des ressources nécessaires au maintien de leur institutions actives dans le domaine de la prévention des conflits et de la résolution des conflits. Nous devons accorder aux Nations Unies et aux organisations régionales concernées les ressources nécessaires à une action efficace. Nous devons également prendre l'engagement renouvelé de fournir aux sociétés les moyens de leur autonomie économique et de renverser les tendances favorisant les inégalités et les privations.

M. JEAN-DAVID LEVITTE (France), s'exprimant au nom de l'Union européenne et des pays d'Europe centrale et orientale associés, ainsi que de Chypre et de Malte, a estimé que plusieurs raisons expliquent que la prévention des conflits armés suscite moins d'intérêt que le traitement de leurs effets. La prévention suppose en effet bien souvent de la discrétion plus que de la publicité, de la persévérance plus que des exploits. Partant, elle semble moins valorisante sur les plans politique et médiatique. En outre, la prévention n'est pas dépourvue de risques et il est difficile d'en évaluer précisément les résultats. Sa compatibilité avec le principe des souverainetés des Etats en est également une difficulté. L'action préventive suppose que, à un stade antérieur au déclenchement du conflit, le Conseil de sécurité puisse s'intéresser à une situation potentiellement dangereuse et envisage des actions. Cette évolution ne devrait toutefois pas être limitée au Conseil de sécurité mais être pleinement assumée par les Etats eux-mêmes ainsi que par les organisations régionales qui ont un rôle essentiel à jouer en la matière.

L'Union européenne estime que la meilleure façon de prévenir les conflits est de s'attaquer à leurs causes profondes. Ceci dépasse le domaine de compétence du Conseil, mais constitue un aspect fondamental de la prévention. La responsabilité en ces domaines incombe, une fois de plus, avant tout aux Etats, mais les institutions internationales et les bailleurs de fonds ont un rôle d'incitation non négligeable à jouer. Le développement économique est une clef essentielle de la prévention des conflits. Ce développement doit être durable et harmonieux et les pays les plus industrialisés doivent aider les pays en développement à y parvenir. Il convient aussi d'assurer un Etat de droit, car un Etat qui respecte les droits fondamentaux de ses citoyens et un système politique participatif prenant en compte les intérêts de tous réduisent les risques de voir tout ou partie de la société se rebeller. L'autre aspect fondamental de la prévention est la bonne gouvernance, a ajouté M. Levitte.

En complément du traitement des causes, il convient aussi d'enrayer ce qui finance et alimente les conflits et favorise leur déclenchement, a expliqué également le représentant. Les conflits se déclenchent et s'entretiennent d'autant plus facilement qu'ils peuvent être alimentés par des ressources financières tirées de l'exploitation et du commerce illégaux de ressources naturelles. Il convient donc de discipliner le marché pour enrayer les trafics illicites et d'accroître la transparence des transactions. Ceci implique de renforcer la coopération entre les Etats, les centres de marché, les industriels et les organisations régionales; d'appuyer les efforts des Etats producteurs et de développer la possibilité de certifier les ressources, de définir des codes de conduite des industriels et d'établir un organisme international chargé de promouvoir la transparence et la responsabilité. Il convient aussi de combattre l'accumulation déstabilisante et le trafic illicite des armes légères et de petit calibre. Une action coordonnée dans ce domaine est un élément essentiel de la prévention des conflits armés. Pour sa part, l'Union européenne a adopté un code de conduite sur les exportations d'armes et une action commune sur les petites armes.

Outre la responsabilité des Etats, les organisations régionales ont un rôle important à jouer en matière de prévention des conflits. Elles peuvent et doivent tout d'abord disposer de mécanismes politico-diplomatiques de prévention, a estimé M. Levitte. Elles constituent en effet le premier niveau pour traiter des tensions et trouver des solutions entre tous les acteurs les plus directement impliqués. Il faut donc tirer les leçons de leur expérience et favoriser l'émergence de telles organisations là où elles n'existent pas encore. L’Union européenne est un modèle réussi de prévention des conflits. Pour ce qui est du système des Nations Unies, le Conseil de sécurité doit enquêter sur tout différend ou toute situation pour déterminer s'ils peuvent dégénérer en un conflit armé et prendre les mesures appropriées. Le représentant a rappelé, dans ce contexte, le rôle du Secrétaire général pour alerter le Conseil de sécurité, conformément à l'Article 99 de la Charte. Il faut pour cela renforcer les capacités d'alerte, de réaction et d'analyse du Secrétariat. En outre, le Conseil a à sa disposition une panoplie de moyens dont il doit faire usage autant que nécessaire. Il s'agit par exemple des missions d'information ou d'établissement des faits, du désarmement préventif et des embargos sur les armes, de la lutte contre le trafic illicite des matières premières minérales et les embargos sur les diamants, la création de zones démilitarisées ou encore le déploiement préventif. Toute culture de prévention devra adopter une approche intégrée allant de la prévention à la consolidation de la paix après les conflits et il revient au Conseil de mettre en œuvre dans les cas concrets les recommandations faites aujourd'hui, a ajouté le représentant, avant de proposer qu'une réunion à niveau ministériel ait lieu prochainement.

M. YUKIO SATOH (Japon) a estimé que la communauté internationale devrait adopter une approche globale de prévention des conflits qui combine des mesures économiques, politiques, sociales et humanitaires tout en tenant compte des exigences spécifiques de chaque situation. Le représentant a souligné l'importance des efforts d'édification de la paix après les conflits qui visent à éviter leur résurgence. Il a été établi en effet que les conflits resurgissent dans 60% des cas. L'importance des activités de démobilisation, de désarmement et de démobilisation des anciens combattants dans les situations postconflits a également été relevée par le représentant. La réunion du G-8, que présidait le Japon les 12 et 13 juillet derniers, a souligné l'importance de mettre en place une culture de prévention des conflits. Le document adopté à l'issue de cette réunion met l'accent sur un certain nombre d'aspects comme les armes légères, la relation entre les conflits et le développement, la nécessité de restreindre le commerce illicite des diamants, la protection des enfants dans les conflits armés et le rôle de la police civile dans la prévention des conflits. La déclaration présidentielle que le Conseil s'apprête à adopter reprend bon nombre de ces points, a relevé le représentant.

Le représentant a par ailleurs rappelé le rôle que peuvent jouer le Conseil de sécurité et le Secrétaire général dans la prévention des conflits. Il a accueilli avec satisfaction le Rapport du millénaire du Secrétaire général qui plaide en faveur d'un rôle plus actif de l'Organisation dans ce domaine. Nous attendons avec impatience la parution du rapport du groupe d'experts chargés d'évaluer les opérations de maintien de la paix. Le représentant s'est par ailleurs déclaré en faveur d'une action coordonnée de la part de tous les acteurs concernés, à savoir les parties au conflit et les Etats intéressés, les organisations gouvernementales et non gouvernementales, et d'autres organisations régionales comme l'OUA ou l'ANASE. Il a rappelé que le Japon a pris une série d'initiatives dans le but de favoriser une culture de prévention des conflits. Le Japon a ainsi organisé une série de conférences sur des thèmes tels que « le rôle des organisations non gouvernementales dans la prévention » ou « la prévention et le développement en Afrique ».

Il a versé 1,2 millions de dollars au Fonds pour la paix de l'OUA. Sur le montant total de notre aide, 200 000 dollars sont consacrés aux efforts visant le développement d'un système d'alerte précoce en Afrique. Le Japon a également été actif dans le domaine du trafic illicite des armes légères.

M. GERHARD PFANZELTER (Autriche), s'exprimant en sa qualité de Président en exercice de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a rappelé que si l'OSCE n'a pas toujours été en mesure de prévenir les conflits, ainsi notamment dans l'ex-Yougoslavie, elle a néanmoins tiré les enseignements de ses échecs, adoptant notamment une approche de prévention des conflits à facettes multiples. A cet effet, elle développe les cadres institutionnels et multiplie les missions sur le terrain. De son côté pour qu'il remplisse son rôle de gardien de la paix et de la sécurité internationales, le Conseil de sécurité doit, selon l'Autriche, traiter de la même manière tous les conflits. Il doit aussi continuer d'améliorer le rôle de médiateur et de facilitateur du dialogue et des négociations du système des Nations Unies. Le Conseil devrait en outre assumer parfois la lourde tâche de trancher sur des questions qui touchent à la fois l'intégrité territoriale des Etats et l'autodétermination des peuples. Il doit enfin persévérer dans l'adoption de mesures novatrices et créatives, ainsi qu'il l'a fait récemment concernant les "diamants de la guerre" ou le VIH/sida. Les organisations régionales doivent être en mesure de participer directement aux activités de prévention des conflits. A cet égard, il serait opportun que le Conseil renforce encore sa politique de coopération avec ces organisations et l'étende à de nouveaux forums internationaux.

En dernier lieu, il est évident que les tentatives pour prévenir les conflits ne seront couronnées de succès que si les organisations sont convenablement équipées pour accomplir leur tâche. Il est donc nécessaire de disposer de mécanismes permettant d'identifier les conflits potentiels, de répondre au non-respect des accords par les parties prenantes, ainsi que des ressources financières et humaines suffisantes. Le plus important toutefois est le soutien politique des Etats Membres de l'ONU, a fait remarquer le représentant, avant d'affirmer que la prévention des conflits est l'investissement le plus rationnel et le plus économiques qui soit.

M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a exprimé son accord avec la vision selon laquelle il revient au Conseil de sécurité de prendre des actions préventives pour éviter les conflits lorsque la situation le demande. Il a rappelé que dans son "Rapport du millénaire" le Secrétaire général a insisté sur la nécessité de s'attaquer aux causes profondes des conflits. Alors que l'on assiste à la multiplication des opérations de maintien de la paix, les limites d'un organe qui s'attaquerait davantage aux symptômes qu'aux causes des conflits sont de plus en plus clairement mises en évidence. La délégation colombienne est convaincue de la nécessité de promouvoir une culture et une éducation de la paix. Le représentant a ensuite estimé que la diplomatie publique du Conseil de sécurité est un outil de prévention des conflits efficace. Fortes de l'assentiment du Conseil et dans la mesure où elles respectent les principes de la Charte, les mesures préventives prennent plus de poids. M. Valdivieso a estimé que le Conseil pourrait aussi prêter davantage d'attention au respect des accords de paix et à la consolidation de la paix après les conflits.

De l'avis de la Colombie, la pauvreté est un facteur qui attente à la paix. Preuve en est le fait que la majorité des conflits actuels sont "des guerres de pauvres". La recherche de la paix et de la stabilité internationales exige donc l'élimination de la pauvreté et le développement durable. La rationalité économique de certains conflits est un autre aspect auquel, selon la délégation colombienne, le Conseil devrait porter une attention particulière. Reprenant les paroles du Secrétaire général, M. Valdivieso a fait remarquer à cet égard que si les guerres sont coûteuses pour la société dans son ensemble, elles n'en demeurent pas moins extrêmement profitables pour quelques-uns. L'exploitation illicite des ressources naturelles est un élément pivot des conflits dans cette perspective et le Conseil de sécurité doit rechercher des moyens novateurs de combattre cette situation. Le désarmement doit aussi faire partie intégrante des stratégies de prévention des conflits. Il ne fait aucun doute en effet que les conflits sont alimentés par le trafic illicite des armes, contre lequel un embargo ne s'avère pas toujours efficace. Là aussi, il faut donc trouver des solutions nouvelles, a déclaré le représentant, qui a également invité les membres du Conseil à appuyer la ratification du statut portant création de la Cour pénale internationale.

M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) s'est déclaré préoccupé par le fait que la déclaration présidentielle que le Conseil s'apprête à adopter n'identifie pas les différends politiques comme une cause de conflit. Cette déclaration évoque seulement des causes économiques, sociales, culturelles et humanitaires et elle ne reflète pas le point de vue de la communauté internationale sur la question. La majorité écrasante des questions à l'ordre du jour du Conseil de sécurité sont pourtant essentiellement d'ordre politique. Si le Conseil de sécurité choisit d'éluder l'évidence, quelle est l'utilité de ce débat, s'est demandé le représentant. Cette déclaration présidentielle orientera les activités du Conseil sur ce sujet dans la mauvaise direction et videra de sens les recommandations du Secrétaire général sur une stratégie globale de prévention des conflits qui sont attendues l'année prochaine. Nous demandons donc au Conseil de revoir sa position.

Le représentant a dressé la liste des principes qui, à ses yeux, doivent guider les activités de la communauté internationale. Ainsi, la prévention des conflits doit reposer sur les normes de sécurité collectives définies par la Charte des Nations Unies. L'action préventive doit se faire dans le respect de la souveraineté et du principe de non-ingérence dans les affaires internes d'un pays, sauf dans les situations coloniales. Tout système d'alerte précoce efficace doit évoluer dans le but d'identifier les zones de conflit potentiel sans discrimination. La communauté internationale doit faire preuve de prudence et de circonspection avant de décider si une situation menace la paix et la sécurité internationales. La réponse de la communauté internationale à une situation de conflit potentiel doit être vigoureuse et non pas mitigée. Le rôle central de l'Assemblée générale, en sa qualité d'organe représentatif de l'ensemble de la communauté internationale, doit être respecté et maintenu. Le Conseil de sécurité doit agir sur la base d'évaluations objectives et non pas sélectivement.

De l'avis du représentant, le Secrétaire général devrait également jouer un rôle plus actif, conformément à l'Article 99 de la Charte, en particulier dans les situations de violations massives des droits de l'homme. Il faut également accroître l'efficacité des efforts d'édification de la paix compte tenu du fait que le maintien de la paix à lui seul n'a pas garanti une paix durable dans de nombreuses situations de conflit. La tendance visant à passer outre les Nations Unies doit être évitée tandis que le rôle des organisations régionales doit être en conformité avec le Chapitre VIII de la Charte. Il doit également y avoir une coopération efficace et un partage des responsabilités entre les divers organes des Nations Unies. Le déploiement préventif doit être envisagé par le Conseil de sécurité comme ce fut le cas en ex-République yougoslave de Macédoine. Le concept du désarmement préventif exige une réflexion approfondie car il comporte des risques d'empiéter sur le droit à la légitime défense des Etats.

La paix et le développement étant indivisibles, la communauté internationale doit allouer des ressources au développement économique des pays en développement. Des débats publics devraient avoir lieu avant que le Conseil ne finalise sa réponse à une situation de conflit. Les vues des Etats non membres du Conseil devraient être intégrées à toute déclaration présidentielle. Le représentant a appuyé la constitution d'un groupe d'experts qui seraient chargé de préparer des rapports périodiques sur les différends qui menacent la paix et la sécurité internationales dans le but d'élaborer des stratégies de règlement pacifique. Nous notons avec préoccupation, a ajouté le représentant, que les membres du Conseil n'ont pas été en mesure de s'entendre sur un texte y relatif.

M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a appuyé la position du Secrétaire général selon lequel le développement est la meilleure forme de prévention des conflits. Il a estimé que le succès des opérations complexes des Nations Unies -- comme celles qui ont été engagées au Kosovo ou au Timor oriental -- dépend de la capacité de l’Organisation à assurer le suivi dans les domaines de la reconstruction de l’infrastructure, de la réhabilitation et du développement à long terme. Il faut continuer d’œuvrer après que les caméras ont quitté les lieux et développer une perspective qui va au-delà de la crise humanitaire immédiate. Même si la prévention des conflits ne reçoit pas la même attention des médias que leur résolution, il faut garder à l’esprit que la prévention des conflits est bien moins coûteuse que leur règlement. Il importe donc que les Etats Membres s’emploient à renforcer la capacité d’alerte rapide des Nations Unies et à mobiliser la volonté politique du Conseil de sécurité pour lui permettre de réagir rapidement aux situations avant qu’elles ne dégénèrent et de jouer un rôle actif dès le début.

Rappelant l’importance de la diplomatie préventive, le représentant a demandé que l’on renforce les capacités de prévention du Secrétaire général en contribuant, notamment, au Fonds d’affectation spéciale pour la prévention des conflits. Il faut également encourager les efforts tendant à faciliter le dialogue pacifique, non seulement au niveau des dirigeants mais au niveau de la population dans son ensemble. Réaffirmant l’engagement de son pays à contribuer au maintien de la paix, il a toutefois mis l’accent sur le fait que c’est le développement économique et social ainsi que la protection de l’environnement qui sont les meilleurs moyens de prévenir les conflits causés par la pauvreté, les inégalités et les difficultés d’accès aux ressources. A cet égard, il a souligné l’importance du rôle des représentants spéciaux du Secrétaire général qui assurent la coordination des activités des divers organes et institutions spécialisées des Nations Unies sur le terrain. Il a en outre attiré l’attention de la communauté internationale sur l’intégration sociale afin de prévenir la marginalisation de certains groupes qui conduit souvent à la violence. Il importe que les pays donateurs respectent les engagements qu’ils ont pris dans le domaine du développement et de l’allègement du fardeau de la dette. Il a assuré le Conseil que son Gouvernement continuerait à soutenir les efforts du Conseil et des Nations Unies en contribuant aux opérations de maintien de la paix, en facilitant les processus de paix, en s’efforçant de promouvoir le désarmement et de réprimer les flots d’armes légères et en fournissant une aide au développement à long terme.

M. LUIZ TUPY CALDAS DE MOURA (Brésil) a estimé que prévention des conflits était une stratégie préférable à une intervention après l'éclatement d'un conflit. Il est clair que les conflits ont des causes multiples, à savoir socioéconomiques, culturelles ou touchant aux infrastructures. Les causes de conflit se situent au niveau de la société ou au niveau international. C'est la raison pour laquelle les mesures efficaces de prévention des conflits vont au-delà des prérogatives du Conseil de sécurité et impliquent d'autres organes des Nations Unies. Nous sommes également convaincus que toute stratégie préventive doit tenir compte de la nécessité de promouvoir et de protéger les droits de l'homme ainsi que le développement des sociétés et d'éliminer la pauvreté.

Le Conseil de sécurité a un rôle important à jouer dans ce contexte en ce qu'il est responsable du maintien de la paix et de la sécurité internationales. La déclaration présidentielle que le Conseil s'apprête à adopter reconnaît que l'un des outils les plus puissants et le moins contreversé est la diplomatie. Le représentant a évoqué, dans ce contexte, les missions de bons offices du Secrétaire général et celui de ses Représentants et Envoyés spéciaux. Il a rappelé que l'Article 99 de la Charte des Nations Unies permet au Secrétaire général d'engager le Conseil de sécurité dans des activités de prévention. Le déploiement préventif, comme ce fut le cas en ex-République de Macédoine, la diplomatie préventive, les tribunaux pour les Rwanda et l'ex-Yougoslavie et bientôt la Cour pénale internationale, le respect de la justice, le soutien des institutions financières comme la Banque mondiale ou le PNUD lors de l'édification de la paix après les conflits ont été cités par le représentant comme des éléments de prévention.

M. IBRA DEGEUNE KA (Sénégal) a déclaré que, ces dernières années, les événements douloureux et dramatiques du Rwanda et de la Somalie ont contribué à faire prendre conscience à la communauté internationale de l'urgente nécessité de privilégier l'option de la prévention des conflits. Dans cette recherche constante d'une solution à ce qui apparaît comme une menace globale, aux pays du Nord comme à ceux du Sud, la question récurrente qui se pose est de savoir s'il est possible de réfléchir à une politique efficace de prévention des conflits sans aborder, de front, d'autres questions importantes qui y sont intrinsèquement liées. En effet et comme l'a reconnu le Secrétaire général, la prévention des conflits armés n'est pas une fin en soi, a fait observer le représentant. C'est pourquoi aujourd'hui, le Conseil de sécurité devrait reconnaître de manière unanime qu'il existe une relation étroite entre la nécessité de paix et les exigences d'un développement économique et social durable. La pauvreté, la maladie, la famine et l'oppression sont autant de problèmes qui sont à la fois sources et conséquences des conflits armés et exigent que l'attention que leur porte le Conseil de sécurité ne se relâche pas et ait le rang de priorité absolue.

Le Conseil de sécurité pourrait ainsi jouer un rôle de premier plan dans la question du trafic illicite et de la prolifération des armes légères et de petit calibre. Il est incontestable, en effet, aujourd'hui que ces types d'armes nourrissent et amplifient l'insécurité et engendrent le déclenchement de conflits. Contrôler, restreindre et éliminer le commerce illicite des armes légères constituent donc un objectif prioritaire dans le cadre de la prévention des conflits. Mais pour que celle-ci soit véritablement efficace, il est nécessaire de contrôler la circulation de ces armes mais aussi d'en tarir les sources. Le Conseil devrait par conséquent appuyer les efforts courageux de nombreux pays ou groupes de pays, comme par exemple les Etats membres de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dans ce domaine. Il faudrait aussi faire plus en mettant au point, dans le cadre de l'Organisation, un instrument juridique contraignant d'élimination voire d'interdiction complète des transferts illicites des petites armes. De son côté, le Conseil pourrait mettre en place un Fonds spécial destiné uniquement à appuyer les stratégies de diplomatie préventive et qui financerait des mécanismes de prévention déjà opérationnels dans plusieurs régions du monde. Ce fonds éviterait à l'ONU d'engloutir des sommes énormes dans des opérations de maintien de la paix ou de reconstruction après les conflits, a fait remarquer le représentant. Il a également demandé à la communauté internationale de soutenir les efforts de paix des chefs d'Etat d'Afrique qui au Sommet de l'OUA à Alger, en 1999, ont déclaré l'Année 2000, année de la paix sur le continent.

De l'avis du Sénégal, l'un des défis majeurs à relever au cours des prochaines années réside dans la capacité de l'ONU et de ses organes à mettre en place un mécanisme souple chargé, en permanence, d'alerter la communauté internationale sur les situations potentielles de crise dans le monde et de recommander des réponses d'urgence appropriées. C'est ainsi que l'on pourra substituer une culture de prévention des crises à la culture actuelle de réaction aux crises. Dans cette perspective, le Conseil de sécurité devrait réagir plus promptement aux situations dramatiques qui peuvent engendrer des catastrophes humanitaires. Son efficacité à cet égard pourrait être renforcée par l'envoi de missions de bons offices, la coopération avec les organisations régionales en vue de mettre sur pied un système d'alerte intégré, et l'examen et l'adoption de mesures permettant aux pays sortis d'un conflit armé de s'atteler à forger une culture de la paix pour empêcher que d'autres conflits n'éclatent encore. Le représentant a également estimé que les ressources qu'offre au Secrétaire général l'Article 99 de la Charte devraient être plus souvent exploitées dans le cas de situations qui, potentiellement, mettent en danger la paix et la sécurité dans le monde.

M. MAKARIM WIBISONO (Indonésie) s'est associé à la position selon laquelle, s'agissant des conflits, les stratégies préventives sont bien plus souhaitables que les mesures de réaction. Il a insisté sur le fait que ces mesures ont, de plus, pour avantages d'être très peu coûteuses par rapport aux sommes qu'il faut débourser pour réparer les destructions causées par les guerres. Le rôle du Conseil de sécurité n'est d'ailleurs pas seulement de traiter des conflits mais aussi d'en prévenir l'émergence, a fait remarquer le représentant. Faisant observer que chaque situation est unique, il a plaidé en faveur de l'adoption d'une approche au cas par cas. Il a insisté sur le fait que toutes les mesures prises sans exception devraient l'être avec le consentement des Etats concernés, en prenant en considération leurs intérêts légitimes et les principes inscrits dans la Charte. La première chose à entreprendre pour prévenir les conflits, c'est d'en éliminer les causes profondes, qu'elles soient militaires ou davantage socioéconomiques.

Même si le Conseil de sécurité a, en matière de circonscription des conflits, plusieurs résultats positifs à son actif, il convient néanmoins d'améliorer encore ses capacités en s'appuyant notamment davantage sur des mécanismes mondiaux et régionaux plus efficaces. La machinerie de prévention des conflits n'est pas en effet aussi efficace qu'elle pourrait l'être, a estimé M. Wibisono. Pour y remédier, l'Assemblée générale, en sa qualité de forum universel, pourrait recommander des mesures appropriées. Le Conseil de sécurité ensuite pourrait examiner de manière plus régulière la situation dans les zones sensibles aux conflits. Le développement économique et social étant un élément crucial de la prévention des conflits, les Etats Membres devraient soutenir davantage les efforts du système des Nations Unies dans ces domaines. A cet égard, le représentant a estimé que les prévisions et analyses du Conseil économique et social relatives aux problèmes socioéconomiques pouvant mener à une rupture du système politique pourraient être particulièrement utiles au travail du Conseil. La collaboration entre les deux organes devrait donc être améliorée. M. Wibisono a également insisté sur le rôle d'alerte que peut jouer le Secrétaire général. Il a ensuite évoqué les initiatives régionales prises en matière de prévention des conflits dans l'Asie du Sud-Est et notamment par les pays membres de l'ANASE, au travers de son Forum régional.

M. SUN JOUN-YUNG (République de Corée) a appuyé les suggestions faites ce matin par le Secrétaire général en vue de renforcer les capacités des Nations Unies, et particulièrement du Conseil de sécurité, à prévenir les conflits. Il a estimé que le problème complexe de la prévention des conflits demande des mesures concrètes visant à favoriser le dialogue politique, à contrôler les flux d’armes, à favoriser le respect de la règle de droit et des droits de l’homme, ainsi que des actions en faveur du développement économique et de la bonne gouvernance. S’il est évident que la prévention est souvent moins onéreuse que la gestion des situations d’après-conflit, le représentant a reconnu qu’il est souvent difficile d’estimer le degré d’engagement nécessaire pour une prévention efficace. Malheureusement le coût de l’inaction ne se révèle qu’a posteriori, a-t-il regretté.

Le représentant a jugé nécessaire que le Conseil de sécurité, en collaboration étroite avec le Secrétaire général, renforce ses capacités d’évaluer les situations volatiles qui pourraient déboucher sur des conflits. Pour ce faire, il conviendrait de mettre l’accent sur les mécanismes d’alerte rapide, sur un meilleur recours au contrôle préventif et sur l’envoi de missions de prévention. Il a également cité l’exemple du déploiement réussi de la Force de déploiement préventif de l’ONU (FORDEPRENU) qui pourrait s’appliquer à d’autres situations. Il a en outre suggéré que des mesures soient prises pour contrôler l’exploitation illicite des ressources naturelles des Etats et prévenir le trafic d’armes légères et de petit calibre. Evoquant la nécessité d’une stratégie à long terme, le représentant a souhaité que le Conseil développe une approche intégrée et globale, s’appuyant sur une plus grande coopération entre le Secrétariat et les institutions et organes spécialisés des Nations Unies, ainsi que sur une collaboration avec les grandes organisations régionales. Dans ce contexte, il a encouragé les efforts du Conseil au Timor oriental, en République démocratique du Congo et au Kosovo. Par ailleurs, le représentant s’est déclaré favorable à un renforcement du cadre juridique international, espérant que la Cour pénale internationale contribuera grandement à mettre fin à la culture de l’impunité. Dans la même optique, il a reconnu l’utilité des tribunaux internationaux spéciaux pour l’ex-Yougoslavie et pour le Rwanda qui, selon lui, établissent des précédents capables de décourager les éventuels criminels de guerre.

Le représentant s’est ensuite félicité des efforts du Secrétaire général pour renforcer les capacités d’alerte rapide de l’ONU et pour favoriser une approche axée sur la prévention. Il a précisé que son pays a continué de contribuer au Fonds d’affectation spéciale pour la prévention des conflits qui a été créé en 1997. Rappelant que l’Organisation ne saurait prévenir les conflits sans être appuyée par une forte volonté politique des parties concernées, le représentant a cité l’exemple de son pays qui s’est efforcé d’engager un dialogue constructif avec la République populaire démocratique de Corée lors du Sommet de Pyongyang le mois dernier qui, selon lui, marque une étape significative vers la paix entre les deux Corée.

M. DAUDI N. MWAKAWAGO (République-Unie de Tanzanie) a déclaré qu'il n'est pas d'objectif plus noble et plus grand pour les Nations Unies que de prévenir les conflits armés. La Charte des Nations Unies lui attribuant la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales, le Conseil de sécurité a un rôle critique à jouer, par conséquent, dans la prévention des conflits. Au travers du Conseil c'est toute la communauté internationale qui est mise au défi par les conflits armés. C'est pourquoi, la République-Unie de Tanzanie est particulièrement préoccupée de constater que face à certaines guerres ou atrocités flagrantes commises contre l'humanité, le Conseil n'a pas toujours été en mesure de réagir, ce qui a eu les conséquences tragiques que l'on sait. Il doit donc s'attacher à empêcher que les conflits potentiels ne dégénèrent en guerres véritables.

Le représentant a également accueilli avec satisfaction les différentes mesures prises par le Secrétaire général pour prévenir les conflits. Trop longtemps, les efforts se sont concentrés sur les conséquences plus que sur les causes des conflits et la réorientation envisagée est la bienvenue. Il est essentiel que le Conseil continue de soutenir les initiatives du Secrétaire général en répondant notamment de manière précoce aux premiers signes de troubles ainsi qu'en tirant au maximum parti de la coopération avec les autres organes et institutions. Le Conseil doit en outre multiplier encore les efforts pour fournir toutes les ressources nécessaires au succès des processus de résolution des conflits. La République-Unie de Tanzanie continue de penser que des arrangements d'urgence devraient être préparés lors des processus de paix en cours de construction. Elle est aussi d'avis que le Conseil devrait renforcer sa coopération avec les organisations régionales, dont les arrangements peuvent véritablement montrer la voie de l'action à suivre en cas de conflit.

M. SEMAKULA KIWANUKA (Ouganda) a demandé au Conseil de sécurité en particulier et aux Nations Unies en général d'adopter une approche plus agressive pour que la prévention des conflits devienne la priorité de son programme de travail. Pour ne pas avoir à recourir à l'intervention militaire, l'accent doit être mis sur le développement préventif dont les principaux éléments sont politiques et économiques. D'un point de vue politique, a expliqué le représentant, il s'agit d'identifier les causes des conflits. Le Conseil de sécurité doit fournir une aide à l'édification de structures et d'institutions démocratiques qui sont à la base de tout gouvernement démocratique. L'histoire a montré que toute politique ou système économique exclusifs sont des causes majeures de conflit. Les politiques inclusives en revanche constituent les fondations d'une paix durable. D'un point de vue économique, le représentant a expliqué qu'une mauvaise répartition des ressources nationales, l'exclusion économique et la persistance de la pauvreté et des inégalités sociales alimentent les conflits. Il a cité en exemple le Plan Marshall qui avait été élaboré pour prévenir toute résurgence du fascisme en Europe. La prévention des conflits exige que le Conseil de sécurité assume un rôle de chef de file, a indiqué le représentant. Il a précisé entendre par cela les Etats Membres, en particulier les pays industrialisés qui considèrent les conflits armés comme une menace à leur propre sécurité, leur économie et leur bien-être. Il est acquis aujourd’hui que le Conseil de sécurité est bien plus qu’un Conseil de guerre, c’est pourquoi il s’est penché depuis le début de cette année sur l’horrible problème du sida. L’accent doit être mis sur la sécurité humaine. Le Conseil de sécurité du XXIe siècle doit considérer que la pauvreté est une menace à la société et que le développement économique durable et la démocratie sont les mécanismes de prévention les plus efficaces.

M. MARX G.N. KAHENDE (Kenya) a estimé que la présente réunion est particulièrement opportune pour les efforts tendant à promouvoir la prévention plutôt que la réaction et le remède aux conflits armés. La fin des conflits est la condition sine qua non du progrès économique et social, notamment en Afrique. C'est dans cette perspective que l'Organisation de l'unité africaine (OUA) a mis en place un mécanisme de prévention, de gestion et de règlement des conflits, a rappelé le représentant. Des progrès importants ont pu ainsi être enregistrés mais il reste encore beaucoup à faire et à cet égard le Conseil de sécurité a une prérogative particulière. Il lui faut encourager les divers efforts entrepris mais également initier et adopter de nouvelles mesures de prévention. Pour prévenir les conflits, il faut que les principes de la bonne gouvernance et du bon voisinage soient encore renforcés. Il faut aussi que les causes des conflits soient éliminées.

De l'avis du Kenya, la priorité absolue devrait être donnée au problème de la prolifération des armes légères et de petit calibre et M. Kahende a appelé de ses vœux la création d'un cadre institutionnel et juridique pour mettre un terme à la menace que constituent ces armes. Là où un conflit est déjà déclaré, le Conseil de sécurité doit peser de tout son poids, a poursuivi le représentant, qui a également insisté pour que l'Afrique se voie accorder la même attention et le même traitement que les autres régions du monde, notamment en ce qui concerne le déploiement rapide et l'ampleur des forces envoyées sur place. La question de la prévention des conflits en Afrique est en effet particulièrement complexe, a-t-il reconnu. Les Nations Unies doivent donc continuer leur coopération étroite avec l'OUA, les organisations régionales et les autres institutions œuvrant pour la paix. Toutefois, le représentant a mis en garde que les conflits seront difficilement empêchés tant que l'Afrique se débattra dans la pauvreté et le manque d'espérances. La bonne gouvernance, la démocratie participative, le progrès économique et social et le bon voisinage sont autant d'éléments de la prévention des conflits, a-t-il conclu.

M. JOSEPH W. MUTABOBA (Rwanda) a estimé que malgré ses efforts le Conseil de sécurité s'est avéré dans la plupart des cas incapable de prévenir les conflits armés. Ce bilan mitigé devrait donc l'inciter à faire preuve de plus d'esprit d'entreprise et à améliorer son action, a déclaré le représentant. De l'avis du Rwanda, les résultats inégaux obtenus par le Conseil de sécurité sont liés au fait que son approche des conflits n'a pas véritablement évolué depuis la création de l'Organisation et qu'il n'échappe pas au principe de la préservation du statu quo, quel qu'en soit le prix. Là en effet où des mesures collectives s'imposaient, des divisions sont apparues au sein des membres et lorsque des mesures ont finalement été prises par le biais de résolutions, elles n'ont pas été traduites en actes. S'il est indispensable que les Etats Membres s'entraident, il faut avant tout qu'ils reconnaissent la nécessité de revoir leur approche et d'aller de l'avant.

Le maintien de la paix et de la sécurité internationales passe avant tout par l'utilisation qui est faite des informations reçues quant aux situations susceptibles de déboucher sur un conflit. A cet égard, les tragédies du Rwanda et de Srebrenica auraient pu être évitées si bon usage avait été fait des informations disponibles, a fait remarquer le représentant. De même la situation qui prévaut aujourd'hui en République démocratique du Congo aurait pu être empêchée tout comme celle rencontrée au Kosovo. La volonté politique si elle est effectivement une réalité est trop souvent assujettie aux intérêts des parties prenantes. Il n'est donc pas possible de prévenir les conflits si l'on n'adresse pas l'attitude de deux poids deux mesures qui semble prévaloir, a estimé le représentant. Selon lui, la prévention des conflits se fait sur la base des connaissances. Les informations doivent donc être utilisées de manière plus imaginative pour prendre des mesures correctives. Sur ce point, M. Mutatoba a regretté que depuis la parution du rapport Carlsson sur le génocide au Rwanda, aucune action n'ait été prise et aucun débat tenu sur les recommandations qu'il contient. On ne peut pas ainsi éviter de tirer les enseignements qui s'imposent si l'on veut effectivement éviter que telles erreurs ne se reproduisent, a-t-il déclaré. L'autocritique devrait être acceptée comme une mesure témoignant du niveau d'engagement de la communauté internationale en faveur de la part et du principe que les Etats Membres sont sur le même pied d'égalité.

M. MOKHTAR LAMANI, Organisation de la conférence islamique, a estimé que la prévention des conflits devrait être l'une des tâches principales des Nations Unies, assurant ainsi le passage d'une culture de réaction à une culture de prévention. La prévention des conflits exige une conjonction d'activités variées qui vont de l'alerte rapide à la diplomatie préventive et de la médiation à la réconciliation. Elle exige également de prendre des mesures structurelles permettant de s'attaquer aux causes profondes des conflits. La participation des organisations régionale, telle que le définit le Chapitre VIII de la Charte, permettrait par ailleurs de tirer profit des avantages propres à chaque organisation. M. Lamani a salué l'initiative du Secrétaire général visant la tenue de réunions périodiques entre les différents Secrétaires généraux des organisations régionales et sous- régionales ainsi que celle portant sur la création d'un groupe d'experts chargés d'évaluer le système de maintien de la paix. Ces initiatives constituent les maillons les plus importants du travail visant à prévenir, à gérer et à régler les conflits.

En fin de séance, le Président du Conseil a déclaré que la déclaration suivante sera publiée comme document du Conseil de sécurité:

Texte de la déclaration du Président (S/PRST/2000/25)

Le Conseil de sécurité rappelle les déclarations de son président du 30 novembre 1999 (S/PRST/1999/34), du 16 septembre 1998 (S/PRST/1998/28), du 24 septembre 1998 (S/PRST/1998/29), du 30 novembre 1998 (S/PRST/1998/35), du 23 mars 2000 (S/PRST/2000/10), et rappelle également ses résolutions 1196 (1998) du 16 septembre 1998, 1197 (1998) du 18 septembre 1998, 1208 (1998) du 19 novembre 1998 et 1209 (1998) du 19 novembre 1998. Ayant à l’esprit la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales qui lui incombe en vertu de la Charte des Nations Unies, il réaffirme son rôle dans l’adoption de mesures appropriées visant à prévenir les conflits armés. Il proclame son attachement aux principes de l’indépendance politique, de l’égalité souveraine et de l’intégrité territoriale de tous les États. Il affirme également la nécessité de respecter les droits de l’homme et la primauté du droit.

Le Conseil souligne la nécessité de maintenir la paix et la stabilité régionales et internationales et les relations amicales entre tous les États, et souligne l’impératif humanitaire et moral absolu et les avantages économiques qui s’attachent à la prévention de l’éclatement et de l’escalade des conflits. Il

souligne à cet égard la nécessité de créer une culture de prévention. Il réaffirme sa conviction que l’alerte rapide, ainsi que la diplomatie, le déploiement et le désarmement à titre préventif, et la consolidation de la paix après les conflits constituent des éléments interdépendants et complémentaires d’une stratégie globale de prévention des conflits. Il affirme qu’il demeure résolu de s’efforcer de prévenir les conflits armés dans toutes les régions du monde.

Le Conseil est conscient que la paix n’est pas seulement l’absence de conflit, mais requiert un processus positif, dynamique et participatif dans lequel le dialogue est encouragé et les conflits sont réglés dans un esprit de compréhension mutuelle et de coopération. Compte tenu du fait que les causes des conflits naissent souvent dans l’esprit des êtres humains, le Conseil demande aux États Membres, aux organismes compétents des Nations Unies et aux autres organisations compétentes de promouvoir une culture de paix. Il est conscient qu’il importe de donner la suite qui convient à la Déclaration et au Programme d’action sur une culture de la paix, que l’Assemblée générale a adoptés le 13 septembre 1999 (A/RES/53/243), en vue de prévenir la violence et les conflits ainsi que de renforcer les efforts déployés pour créer les conditions de la paix et de son renforcement par le biais de la consolidation de la paix après les conflits.

Le Conseil rappelle le rôle important qui lui incombe dans le règlement pacifique des différends en vertu du Chapitre VI de la Charte des Nations Unies. Il réaffirme qu’il est important qu’il examine toutes les situations qui pourraient déboucher sur des conflits armés et envisage les mesures de suivi qu’il conviendrait éventuellement de prendre. À cet égard, il se déclare toujours prêt à envisager de recourir aux missions du Conseil avec l’assentiment des pays d’accueil, afin de déterminer si un différend ou une situation qui peut entraîner un désaccord entre nations ou engendrer un différend semble devoir menacer le maintien de la paix et de la sécurité internationales, et de recommander éventuellement des mesures à prendre par le Conseil de sécurité.

Le Conseil souligne qu’il importe que tous les États appuient pleinement ses efforts et ceux d’autres organes et organismes compétents des Nations Unies pour ce qui est de formuler et d’appliquer des stratégies appropriées en vue de la prévention des conflits armés, conformément aux dispositions de la Charte des Nations Unies. Il souligne l’importance du règlement pacifique des différends et rappelle qu’il incombe aux parties aux différends de rechercher activement une solution pacifique conformément aux dispositions du Chapitre VI de la Charte des Nations Unies. Il rappelle également que tous les États Membres sont tenus d’accepter et d’exécuter ses décisions, y compris celles qui concernent la prévention d’un conflit armé.

Le Conseil souligne également l’importance d’une intervention internationale coordonnée pour régler les problèmes économiques, sociaux, culturels et humanitaires qui sont souvent les causes profondes des conflits armés.

Le Conseil rappelle le rôle essentiel du Secrétaire général dans la prévention des conflits armés, conformément à l’Article 99 de la Charte des Nations Unies, et se déclare prêt à prendre des mesures préventives appropriées face aux questions portées à son attention par des États ou par le Secrétaire général, et dont il juge probable qu’elles constituent une menace pour la paix et la sécurité internationales. Il encourage les efforts actuellement déployés au sein du système des Nations Unies pour renforcer sa capacité d’alerte rapide et

note à cet égard qu’il importe d’utiliser les informations provenant de sources différentes en raison des multiples facteurs qui contribuent au conflit. Il invite le Secrétaire général à lui présenter des recommandations compte tenu des vues des États Membres, à la lumière de l’expérience acquise, sur les stratégies d’alerte rapide les plus efficaces et les plus appropriées, compte tenu de la nécessité de lier l’alerte rapide à une intervention rapide. Il invite le Secrétaire général à présenter aux membres du Conseil des rapports sur ces différends dans lesquels il présentera, selon que de besoin, des stratégies d’alerte rapide et des propositions de mesures préventives.

Le Conseil souligne le rôle important que les organisations et arrangements régionaux jouent dans la prévention des conflits armés, notamment en formulant des mesures de confiance et de sécurité, et souligne à nouveau qu’il est nécessaire que l’Organisation des Nations Unies coopère de façon efficace et soutenue avec eux dans la prévention des conflits armés, conformément aux dispositions du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies. Il se déclare prêt, dans le cadre de ses responsabilités, à appuyer le Secrétaire général dans ses efforts visant à collaborer avec les responsables des organisations et arrangements régionaux afin d’élaborer des stratégies et des programmes à mettre en oeuvre au niveau régional. À ce sujet, il préconise le renforcement des modalités de coopération entre l’ONU et les organisations et arrangements régionaux, y compris en ce qui concerne l’alerte rapide et l’échange d’informations. Il souligne la nécessité de renforcer la capacité de l’Organisation de l’unité africaine et, en particulier, son mécanisme de prévention, de gestion et de règlement des conflits.

Le Conseil souligne qu’il est important d’adopter des stratégies efficaces de consolidation de la paix après les conflits afin d’en prévenir la résurgence. Il souligne également dans ce contexte que les organismes des Nations Unies et les autres organisations et arrangements doivent établir une étroite coopération dans le domaine de la consolidation de la paix après les conflits et se déclare prêt à examiner les moyens d’améliorer cette coopération. Il souligne également que la formulation de mandats de maintien de la paix, qui tiennent pleinement compte des besoins militaires opérationnels et d’autres situations pertinentes sur le terrain, pourrait aider à prévenir la réapparition des conflits. Il souligne qu’il est important de renforcer sa collaboration avec le Conseil économique et social, conformément à l’Article 65 de la Charte des Nations Unies, dans le domaine de la prévention des conflits armés, et notamment d’examiner les problèmes économiques, sociaux, culturels et humanitaires qui sont souvent les causes profondes des conflits. Il souligne que le relèvement économique et la reconstruction constituent des éléments importants du développement à long terme des sociétés après les conflits et du maintien d’une paix durable, et insiste à ce sujet sur l’importance d’une assistance internationale.

Le Conseil insiste sur l’importance d’un déploiement préventif dans les conflits armés et se déclare à nouveau prêt à envisager, avec l’assentiment du pays d’accueil, le déploiement de missions préventives lorsque les circonstances s’y prêtent.

Le Conseil rappelle qu’il a insisté dans sa déclaration du 23 mars 2000 sur le processus de désarmement, de démobilisation et de réinsertion qui peut jouer un rôle clef pour stabiliser la situation après un conflit, réduire les risques de

nouvelles violences et faciliter la transition vers une situation normale et le développement. Il prendra également, avec l’assentiment de l’État concerné, des mesures appropriées, y compris en élaborant des programmes de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des ex-combattants, en particulier des enfants soldats, pour prévenir la répétition de conflits armés.

Le Conseil souligne l’importance du rôle joué par les femmes dans la prévention et le règlement des conflits et dans le rétablissement de la paix. Il souligne qu’il importe qu’elles participent davantage à tous les aspects du processus de prévention et de règlement des conflits.

Le Conseil reconnaît que l’exploitation illégale et le commerce des ressources naturelles, en particulier des diamants, peuvent contribuer à l’intensification des conflits. Il constate en particulier avec préoccupation que les recettes tirées de l’exploitation et du commerce illégaux de produits de grande valeur tels que les diamants fournissent des fonds servant à l’achat d’armements, ce qui aggrave les conflits et les crises humanitaires, en particulier en Afrique. Il se déclare par conséquent prêt à rechercher la coopération des États Membres et des entreprises pour mettre fin à l’exploitation et au commerce illégaux de ces ressources, en particulier des diamants, et appliquer efficacement les mesures imposées par ses résolutions pertinentes visant à mettre fin à la circulation illicite de diamants.

Le Conseil, tout en étant conscient des responsabilités qui incombent à d’autres organes des Nations Unies, souligne l’importance cruciale du désarmement et de la non-prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Le Conseil souligne également, en particulier, l’importance d’un désarmement préventif pour éviter l’apparition de conflits armés et se déclare préoccupé de ce que la prolifération, ainsi que l’accumulation et la circulation excessives et déstabilisantes des armes légères dans de nombreuses régions du monde ont contribué à l’intensité et à la prolongation des conflits armés et constituent une menace pour la paix et la sécurité. Il demande aux États, aux organisations internationales et aux milieux d’affaires d’accroître leurs efforts pour prévenir le commerce illicite des armes légères.

Le Conseil souligne également qu’il importe de mener aux niveaux régional et international une action coordonnée permanente dans le domaine des armes légères et accueille avec satisfaction les initiatives telles que la Convention interaméricaine contre la fabrication et le trafic illicites d’armes à feu, de munitions, d’explosifs et d’autres matières connexes de l’Organisation des États américains, le Programme Union européenne/Communauté de développement de l’Afrique australe de lutte contre le trafic des armes en Afrique australe et le Moratoire sur les armes légères de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest. Il se félicite des efforts déployés pour prévenir et combattre l’accumulation et le trafic illicite excessifs et déstabilisateurs d’armes légères.

Le Conseil souligne l’importance vitale qui s’attache aux règlements et contrôles nationaux efficaces des transferts d’armes légères. Par ailleurs, il encourage les gouvernements à faire preuve du plus haut degré de responsabilité dans ces transactions. Il préconise des mesures complémentaires concernant l’offre et la demande, et notamment les mesures prises contre le détournement et la réexportation illégaux. Il souligne également que tous les États sont tenus de faire respecter les mesures d’interdiction des armements en vigueur et que la prévention du commerce illicite revêt une importance immédiate dans la recherche mondiale des moyens de mettre un terme à l’accumulation excessive et déstabilisatrice des armes légères, en particulier dans les régions où existent des conflits.

Le Conseil souligne l’importance de ressources suffisantes, stables et prévisibles pour les mesures de prévention. Il reconnaît l’importance d’un financement régulier pour les activités de prévention à long terme. Il invite à tenir compte de la prévention des conflits dans les stratégies d’aide au développement et à prendre conscience de la nécessité d’assurer une transition sans heurt entre l’aide humanitaire d’urgence et le développement dans le cadre de la consolidation après les conflits.

Le Conseil souligne l’importance des activités financées par le Fonds d’affectation spéciale pour l’action préventive et encourage les États Membres à y contribuer.

Le Conseil est conscient du fait qu’il existe une demande de plus en plus importante en matière de police civile en tant qu’élément essentiel des opérations de maintien de la paix dans le cadre de l’approche générale de la prévention des conflits. Il demande aux États Membres d’étudier les moyens de faire face à cette demande en temps voulu et de façon efficace. Il invite le Secrétaire général à présenter ses recommandations à cet égard dans le rapport sur la prévention des conflits qui est demandé ci-après.

Le Conseil insiste sur la nécessité de poursuivre l’examen détaillé de cette question et, à cet égard, invite le Secrétaire général à lui présenter au mois de mai 2001 au plus tard un rapport d’analyse et des recommandations sur les initiatives que pourrait prendre le système des Nations Unies, compte tenu de l’expérience antérieure et des vues et considérations exprimées par les États Membres, pour prévenir les conflits armés.

Le Conseil affirme qu’une Organisation des Nations Unies réformée, renforcée et efficace demeure essentielle au maintien de la paix et de la sécurité, dont la prévention est un élément clef, et il souligne qu’il importe de renforcer la capacité de l’Organisation en matière d’action préventive, de maintien de la paix et de rétablissement de la paix.

Le Conseil rappelle la déclaration de son président en date du 30 novembre 1999 et se déclare de nouveau prêt à étudier la possibilité d’organiser une réunion au niveau des ministres des affaires étrangères consacrée à la question de la prévention des conflits armés pendant l’Assemblée du millénaire.

Le Conseil demeurera saisi de la question.

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