En cours au Siège de l'ONU

CS/2015

LE CONSEIL DEMANDE DE NOUVELLES MESURES POUR FORMER LE PERSONNEL DE MAINTIEN DE LA PAIX AUX QUESTIONS RELATIVES A LA PREVENTION DU VIH/SIDA

17 juillet 2000


Communiqué de Presse
CS/2015


LE CONSEIL DEMANDE DE NOUVELLES MESURES POUR FORMER LE PERSONNEL DE MAINTIEN DE LA PAIX AUX QUESTIONS RELATIVES A LA PREVENTION DU VIH/SIDA

20000717

Le Conseil de sécurité a prié, ce matin, le Secrétaire général de prendre de nouvelles mesures pour former le personnel des opérations de maintien de la paix aux questions en rapport avec la prévention de la propagation du VIH/sida et de continuer d'encourager la formation de l'ensemble du personnel des opérations de maintien de la paix avant son déploiement sur le terrain. Pour ce faire, le Conseil réuni sous la présidence du Ministre des Affaires étrangères de la Jamaïque, M. Paul Robertson, a adopté à l'unanimité la résolution 1308 (2000), présentée par les Etats-Unis. Aux termes de ce texte, le Conseil encourage tous les Etats Membres intéressés à intensifier la coopération internationale entre leurs organismes nationaux concernés afin de faciliter l'adoption et la mise en œuvre de politiques de prévention du VIH/sida, de dépistage confidentiel et librement consenti, de conseils et de traitement du personnel devant participer aux opérations internationales de maintien de la paix. Il encourage, dans ce contexte, ONUSIDA à continuer de renforcer sa coopération avec les Etats Membres intéressés en vue de développer ses profils de pays de façon à tenir compte des meilleures pratiques et des politiques nationales en matière d'éducation pour la prévention du VIH/sida, de dépistage, de conseils et de traitement.

Le Conseil exprime également son vif intérêt pour la poursuite des discussions entre les organismes des Nations Unies compétents, les Etats Membres, le secteur privé et les autres organisations concernés en vue de faire avancer, notamment, la question de l'accès au traitement et aux soins, et de progresser dans le domaine de la prévention.

L'adoption de cette résolution qualifiée, par les délégations, de jalon historique dans la lutte contre le sida intervient quelques jours après la tenue du 13e Conférence mondiale sur le sida à Durban (Afrique du Sud). Cette conférence, a observé le Directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), a mis en lumière les menaces que fait peser la pandémie du VIH/sida sur les acquis socioéconomiques des dernières décennies. Il n'est pas étonnant, a-t-il souligné, que le sida soit la première question de santé et de développement considérée comme une menace à la paix et à la sécurité internationales. La majorité des délégations se sont ralliées à cette analyse et ont soutenu la proposition de la France visant à organiser une conférence internationale, sous l'égide des Nations Unies, sur la question de l'accès aux traitements dans les pays en développement. D'autres propositions ont porté sur la convocation d'une session extraordinaire de l'Assemblée générale sur ce sujet et le représentant de l'Ukraine a indiqué que son pays déposerait un projet de résolution dans ce sens.

(à suivre – 1a) - 1a - CS/2015 17 juillet 2000

Pour sa part, le représentant du Malawi a remis en question l'incidence des conflits armés sur la propagation du VIH/sida, expliquant que son pays, ainsi que le Botswana, qui comptent parmi les pays les plus affectés sont en paix depuis leur indépendance. Il a demandé que l'on nomme des experts culturels afin de déterminer les raisons pour lesquelles les stratégies actuelles de prévention échouent dans la plupart des pays africains.

Les Membres suivants du Conseil ont pris la parole : Etats-Unis, Namibie, Argentine, Tunisie, Royaume-Uni, Canada, Malaisie, Ukraine, Mali, Pays-Bas, Bangladesh, Jamaïque et France (au nom de l’Union européenne et des pays associés). Les représentants des pays suivants ont également fait une déclaration : Zimbabwe, Indonésie, Malawi et Ouganda.

Pour l’examen de cette question le Conseil était saisi d’une lettre datée du 5 juillet 2000 adressée à la Présidente du Conseil par le Secrétaire général qui transmettait une note d’ONUSIDA.

LA RESPONSABILITE DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SECURITE INTERNATIONALE INCOMBANT AU CONSEIL DE SECURITE : LE VIH/SIDA ET LES OPERATIONS INTERNATIONALES DE MAINTIEN DE LA PAIX

Texte du projet de résolution (S/2000/696)

Le Conseil de sécurité,

Profondément préoccupé par l’ampleur de la pandémie de VIH/sida, et en particulier par la gravité que la crise revêt en Afrique,

Rappelant sa séance du 10 janvier 2000, consacrée à « La situation en Afrique : l’impact du sida sur la paix et la sécurité en Afrique », prenant acte du rapport du 5 juillet 2000 d’ONUSIDA (S/2000/657) qui fait la synthèse des mesures de suivi prises à ce jour et rappelant en outre la lettre que son Président a adressée le 31 janvier 2000 au Président de l’Assemblée générale (S/2000/75),

Soulignant le rôle important de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social dans la lutte contre le VIH/sida,

Soulignant également qu’il est nécessaire que tous les organismes compétents des Nations Unies prennent de manière coordonnée des mesures pour faire face à la pandémie de VIH/sida conformément à leurs mandats respectifs et participent, à chaque fois que possible, aux efforts déployés au niveau mondial contre la pandémie,

Félicitant ONUSIDA de son action pour coordonner et intensifier les efforts de lutte contre le VIH/sida dans toutes les instances appropriées,

Rappelant également la réunion extraordinaire du Conseil économique et social tenue le 28 février 2000 en collaboration avec le Président du Conseil de sécurité et consacrée aux conséquences de la pandémie de VIH/sida sur le développement,

Se félicitant de la décision prise par l’Assemblée générale d’inscrire à l’ordre du jour de sa cinquante-quatrième session un point supplémentaire présentant un caractère urgent et important intitulé « Examen du problème du VIH/sida sous tous ses aspects », et préconisant une nouvelle mobilisation pour faire face à ce problème,

Conscient que la propagation du VIH/sida peut avoir des effets dévastateurs exceptionnels sur toutes les composantes de la société,

Réaffirmant l’importance que revêt une action internationale coordonnée face à la pandémie de VIH/sida, compte tenu du fait que ses répercussions sur l’instabilité sociale et les situations d’urgence risquent d’être de plus en plus importantes,

Constatant en outre que la pandémie de VIH/sida est également exacerbée par la violence et l’instabilité, qui accroissent les risques d’exposition à la maladie du fait des vastes mouvements de population qu’elles suscitent, des incertitudes quant à la situation et des possibilités limitées d’accès aux soins,

Soulignant que la pandémie de VIH/sida, si elle n’est pas enrayée, peut mettre en danger la stabilité et la sécurité, Reconnaissant qu’il est nécessaire d’incorporer à la formation du personnel chargé du maintien de la paix assurée par le Département des opérations de maintien de la paix de l’ONU l’acquisition de compétences en matière de prévention et de conseils, et accueillant avec satisfaction le rapport du Comité spécial des opérations de maintien de la paix en date du 20 mars 2000 (A/54/839) qui affirme la nécessité d’une telle formation et décrit les efforts déjà entrepris par le Secrétariat de l’ONU à cet effet,

Notant que, dans son rapport à l’Assemblée du millénaire (A/54/2000), le Secrétaire général a demandé l’intensification et la coordination des mesures prises au niveau international pour réduire de 25 % d’ici à 2010 la prévalence de l’infection chez les personnes âgées de 15 à 24 ans,

Prenant acte avec satisfaction de la tenue à Durban (Afrique du Sud) du 9 au 14 juillet 2000 de la treizième Conférence internationale sur le sida qui était la première conférence de ce type organisée dans un pays en développement et qui a attiré largement l’attention sur l’ampleur de la pandémie de VIH/sida en Afrique subsaharienne, et notant en outre que cette conférence a donné aux dirigeants et aux scientifiques une excellente occasion de s’entretenir de l’épidémiologie du VIH/sida et du volume des ressources qu’il faudrait consacrer à la lutte contre cette maladie, ainsi que des questions liées à l’accès aux soins, à la transmission du virus de la mère à l’enfant, à la prévention et à la mise au point de vaccins,

Rappelant la responsabilité principale du Conseil pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales,

1. Se déclare préoccupé par les répercussions potentielles du VIH/sida sur la santé du personnel des opérations internationales de maintien de la paix, y compris le personnel d’appui;

2. Constate les efforts des États Membres qui ont pris conscience du problème du VIH/sida et, le cas échéant, ont élaboré des programmes nationaux, et encourage tous les États Membres intéressés qui ne l’ont pas encore fait à envisager la possibilité d’élaborer, en coopération avec la communauté internationale et ONUSIDA si nécessaire, des stratégies à long terme efficaces de formation, de prévention, de dépistage confidentiel librement consenti, de conseils et de traitement pour leur personnel, lesquelles constituent un aspect important des préparatifs pour leur participation aux opérations de maintien de la paix;

3. Prie le Secrétaire général de prendre de nouvelles mesures pour former le personnel des opérations de maintien de la paix aux questions en rapport avec la prévention de la propagation du VIH/sida et de continuer d’encourager la formation de l’ensemble du personnel des opérations de maintien de la paix avant son déploiement comme sur le terrain;

4. Encourage les États Membres intéressés à intensifier la coopération internationale entre leurs organismes nationaux concernés afin de faciliter l’adoption et la mise en oeuvre de politiques de prévention du VIH/sida, de dépistage confidentiel et librement consenti, de conseils et de traitement du personnel devant participer aux opérations internationales de maintien de la paix;

5. Encourage, dans ce contexte, ONUSIDA à continuer de renforcer sa coopération avec les États Membres intéressés en vue de développer ses profils de pays de façon à tenir compte des meilleures pratiques et des politiques nationales en matière d’éducation pour la prévention du VIH/sida, de dépistage, de conseils et de traitement;

6. Exprime son vif intérêt pour la poursuite des discussions entre les organismes des Nations Unies compétents, les États Membres, le secteur privé et les autres organisations concernées en vue de faire avancer, notamment, la question de

Lettre datée du 5 juillet, adressée à la Présidente du Conseil de sécurité par le Secrétaire général (S/2000/657)

Cette lettre transmet une note du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) qui récapitule les mesures prises à ce jour pour donner suite à la réunion que le Conseil de sécurité a consacrée au VIH/sida en Afrique le 10 janvier. Cette note fait état des mesures prises visant à intensifier l'échange d'informations sur le VIH/sida en Afrique entre les organismes des Nations Unies. Ces mesures se sont concrétisées par la mise en place d'un système d'information par le biais de bulletins d'information électroniques et de sites Web et le lancement, début juillet, du projet de suivi des mesures prises au niveau national qui associe ONUSIDA, l’Agency for International Development des Etats-Unis (USAID), le Department for International development (DFID) du Royaume-Uni, et l'Agence sudéoise de développement international (SIDA). Ces deux mesures s'inscrivent en outre dans le cadre d'une stratégie plus vaste de communication. La note fait également état des activités de suivi plus systématique des questions relatives au VIH/sida au sein des conseils d'administration, comités et conférences des organismes des Nations Unies.

Cette note évoque également les mesures visant l'intensification des efforts faits pour lutter contre le VIH/sida dans les situations d'urgence et de conflits parmi les personnels militaires en Afrique. Un plan d'action a été élaboré le 19 mai dernier par les membres du comité permanent interinstitutions et le secrétariat d'ONUSIDA. Il intègre pleinement le VIH/sida dans l'action humanitaire et se concentre sur les questions ayant trait au rôle des forces armées et des forces de maintien de la paix dans la prévention et la propagation du VIH; la perspective de voir l'épidémie contribuer à l'instabilité sociale et à l'apparition de situations d'urgence; et la nécessité d'un train de mesures essentielles pour ménager des normes minimales de prévention et de soins, pendant et immédiatement après l'apparition d'un conflit ou d'une catastrophe. Pour s'acquitter de cette responsabilité, le secrétariat d'ONUSIDA a créé un service de coordination humanitaire opérationnel depuis le 1er juin 2000. La note mentionne également les activités menées en coopération avec le Département des opérations de maintien de la paix et l'Alliance civile et militaire de lutte contre le VIH et le sida dans le but de promouvoir un comportement responsable et sûr parmi les membres du personnel fournissant une aide humanitaire et les contingents chargés du maintien de la paix.

La note dresse également le bilan des progrès enregistrés dans la mise en place d'un partenariat international contre le sida en Afrique qui s'est concrétisé par l'achèvement du Cadre d'action du Partenariat international contre le sida en Afrique (PISIDAF). Ce Cadre d'action comprend une série de principes,

d'objectifs généraux et précis arrêtés en commun par les cinq groupes du partenariat. Le PISIDAF rassemble sous la direction des pays africains, les organismes des Nations Unies, les gouvernements des pays donateurs, le secteur privé et le secteur communautaire.

Déclarations

M. PETER PIOT, Directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), a indiqué qu'il venait de participer à la Conférence internationale sur le sida qui s'est déroulée à Durban en Afrique du Sud qui a permis de briser le silence. Cette Conférence, la première du genre dans le Sud, a ajouté M. Piot, a constitué un tournant dans l'histoire de l'épidémie. Le message sous-jacent était porteur d'espoir. Nous savons quoi faire. La prévention marche et il est possible d'améliorer le traitement et les soins offerts aux personnes infectées par le sida. M. Piot a rappelé que l'accès aux soins constituait le thème principal de la Conférence. Toutefois, les dernières statistiques ne sont pas bonnes. Le rapport que nous avons présenté à la Conférence de Durban confirme la progression du sida, en particulier en Afrique qui compte 16 pays dont un dixième de la population âgée de 15 à 49 ans est infecté. Les acquis socioéconomiques obtenus au cours des dernières décennies sont menacés. Il n'est pas surprenant dans ce contexte que le sida soit la première question de santé et de développement qui soit considérée comme une menace à la paix et à la sécurité.

Le Directeur exécutif a souligné à nouveau la relation qui existe entre le sida et la guerre et la vulnérabilité des communautés ravagées par les guerres. Il a également relevé la contribution des agents humanitaires et du personnel des opérations de maintien de la paix à une stratégie de prévention, s'ils reçoivent une formation adéquate dans ce domaine ainsi que dans celui des comportements. Cela leur permettra également de se protéger eux-mêmes de l'épidémie. Ces six derniers mois m'ont permis de renforcer ma détermination à cet égard, a indiqué M. Piot.

Le VIH/sida figure en tête de liste du programme de travail des institutions de la famille des Nations Unies. M. Piot a passé en revue les activités menées dans le cadre du système des Nations Unies, notamment le suivi des mesures prises au niveau national, les échanges d'information sur le Web, la mise en place du Cadre d'action de partenariat international contre le sida en Afrique (PISIDAF), l'élaboration d'un plan d'action par le Comité permanent interinstitutions, ainsi que les autres mesures prises au niveau des pays comme c'est le cas au Malawi, au Burkina Faso, au Ghana, en Ethiopie et au Mozambique. Pour mettre en œuvre les mesures proposées, le secrétariat d'ONUSIDA a créé un Service de coordination humanitaire en juin dernier. Un certain nombre de pays ont déjà été identifiés pour être les bénéficiaires de programmes d'action spécifiques. La majorité d'entre eux se trouvent en Afrique mais également an Amérique latine et en Europe. Des budgets multiannuels sont actuellement en cours d'élaboration. Une partie des subventions sera allouée à des activités de prévention tandis que l'autre sera consacrée à la gestion de crises aiguës. Le Directeur d'ONUSIDA a également relevé la coopération qui s'est mise en place avec le Département des opérations de maintien de la paix.

Abordant le projet de résolution, M. Piot a relevé l'accent qui est mis sur le personnel des opérations de maintien de la paix, y compris les Casques Bleus. Au cours des derniers mois, le secrétariat d'ONUSIDA a porté son attention sur des mesures de formation et de prévention à l'intention du personnel des opérations de maintien de la paix. Nous convenons, tel que le dit le dispositif de ce texte, que des dépistages confidentiels et librement consentis, assortis de la fourniture de conseils, ont un rôle vital à jouer dans la prévention du sida. Afin de donner plein effet à ces mesures, il faut qu'elles fassent partie d'une vaste palette de mesures de prévention et de soutien. Les tests de dépistage, sans le consentement de la personne et sans un caractère de confidentialité, devraient être évités en ce qu'ils contribueraient à dissimuler l'ampleur de l'épidémie et à compliquer les mesures de prévention. M. Piot a souhaité que les gouvernements mettent en place de tels dépistages pour leurs contingents militaires ainsi que la population civile. Les partenaires d'ONUSIDA et son secrétariat sont disposés à coopérer pour garantir que de tels dépistages soient menés dans le respect des droits de l'homme. M. Piot a rappelé que la lutte contre le sida en Afrique se chiffrerait à 3 milliards de dollars par année pour des activités de prévention et des soins de base, ce qui représente 10 fois plus que ce qui est dépensé aujourd'hui.

M. RICHARD HOLBROOKE (Etats-Unis) s'est félicité de l'élaboration de cette première résolution sur le problème du VIH/sida et de la teneur de son préambule qui souligne la gravité de la situation. Estimant que cette résolution historique marque un jalon important dans la lutte contre le VIH/sida, il a souligné que ce texte n'empiète en rien sur la souveraineté des pays mais témoigne de l'intérêt du Conseil pour le combat contre ce fléau et vient appuyer les efforts menés par l'Assemblée générale et l'ECOSOC. Il a rappelé la tenue de la Conférence mondiale de Durban du 9 au 14 juillet derniers et a souligné que le VIH/sida est une menace au développement et à la santé économique et sociale des sociétés.

Soulignant à nouveau que cette résolution est le premier texte par lequel le Conseil s'intéresse à un problème de santé mondiale, il a affirmé que le VIH/sida est le plus grand défi posé à la sécurité internationale depuis la création de l'ONU. Le problème du sida ne peut être traité par les gouvernements seuls et ne peut être arrêté aux frontières, c'est pourquoi il faut accroître la coopération internationale dans la lutte contre la pandémie, a-t-il déclaré. Reprenant les termes du texte présenté aujourd'hui, M. Holbrooke a reconnu qu'en dépit de leur action remarquable sur le terrain, les Casques bleus sont quelquefois des agents de la propagation du VIH/sida, ce qui sape leur action en faveur de la paix. Face à cette situation, il a recommandé que tous les pays multiplient le dépistage dans les contingents qui vont être envoyés à l'étranger. L'ONU, pour sa part, doit assurer l'information des soldats de la paix et leur fournir des préservatifs. Il a estimé que l'on ne saurait avoir des forces armées modernes et efficaces qui ne soient proprement informées sur les risques de propagation du virus. C'est pour cela, a-t-il expliqué, que le Congrès américain a alloué 10 millions de dollars à l'armée spécifiquement pour la formation et l'information de ses contingents sur le VIH/sida et la lutte contre la pandémie en son sein.

M. Holbrooke a souligné que les dispositions du texte présenté aujourd'hui doivent s'inscrire dans une stratégie globale de tous les organes et institutions des Nations Unies. Il a mis l'accent sur la nécessité d'accroître la coopération internationale dans le domaine de la lutte contre le VIH/sida et a demandé que tous les Etats Membres fassent preuve de la même volonté de coopération lors du prochain Sommet du millénaire. En conclusion, il a estimé que le VIH/sida est l'un des problèmes les plus graves qui pèsent sur le monde aujourd'hui.

M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a estimé que des mesures de prévention à elles seules ne sont pas suffisantes compte tenu du nombre important de personnes infectées par le virus. En raison d’un manque de ressources financières et d'accès aux médicaments, peu de progrès ont été réalisés dans le traitement de la maladie. Les gouvernements sont désarmés face aux personnes déjà infectées qui meurent sans espoir de traitement. Il est essentiel que les populations des pays en développement aient accès à des médicaments efficaces et à des prix abordables. Le représentant s'est félicité de l'annonce faite par la Banque mondiale d'un programme multisectoriel de lutte contre le sida en Afrique qui sera présenté prochainement au Conseil d'administration ainsi que de l'initiative pour le partenariat international en Afrique sous l'égide d'ONUSIDA. Evoquant la Conférence de Durban, il a noté que l'accès aux soins en était le thème principal. Nous reconnaissons que la question du VIH/sida ne relève pas directement du Conseil de sécurité mais en étant le garant de la paix et de la stabilité internationale, le Conseil de sécurité contribuera significativement à minimiser l'impact du sida dans les zones de conflit et à aider les gouvernements à consacrer plus de ressources aux questions socioéconomiques. Le représentant s'est également félicité des efforts menés conjointement par le Département du maintien de la paix. Il a demandé la mise au point d'un vaccin accessible pour tous.

M. LUIS ENRIQUE CAPPAGLI (Argentine) a rappelé que les missions de maintien de la paix sont le principal outil dont dispose la communauté internationale pour maintenir la paix et la sécurité internationales et a souligné la nécessité de réduire les risques, y compris celui du VIH/sida, auxquels sont soumises les forces de maintien de la paix. Il a estimé que le texte présenté devant le Conseil aujourd'hui s'inscrit dans une stratégie générale en vue d'assurer la sécurité des personnels des Nations Unies. Pour ce faire, il a estimé important que les Casques bleus soient pleinement informés des risques de propagation du VIH/sida et aient les moyens de s'en protéger. Prenant en considération l'impact du VIH/sida sur la sécurité, il a insisté sur le fait que la communauté internationale doit poursuivre ses efforts pour lutter contre la pandémie du VIH/sida. Pour ce faire, il importe d'instaurer une meilleure coopération internationale qui engage tous les acteurs de la société, en particulier dans les pays qui produisent des médicaments, afin d'éviter que le VIH/sida ne devienne une menace contre la paix et la sécurité internationales.

M. SAID BEN MUSTAPHA (Tunisie) a rappelé que le Conseil de sécurité a déjà examiné la question du VIH/sida et la menace que représente cette épidémie pour la paix dans le monde. Le Conseil avait convenu de la nécessité de mettre en place une stratégie coordonnée qui implique tous les acteurs du système des Nations Unies. Le représentant a rappelé qu'un point de l'ordre du jour de la prochaine Assemblée générale sera consacré au sida. Le fait que le Conseil soit saisi de cette question se place dans le contexte d'une vision claire de la pandémie et de ses répercussions sur la paix et la stabilité dans le monde, en particulier en Afrique. Il importe également que nous tirions les leçons des conclusions de la Conférence de Durban. La solidarité internationale est la seule option compte tenu de la complexité et de l'ampleur de la question. Tous les pays devraient être priés de mettre en œuvre des programmes nationaux. Le représentant a jugé inacceptable que la majorité de l'humanité se voit niée les bienfaits de la médecine. L'un des devoirs internationaux les plus nobles est d'assurer le plein accès aux traitements, a-t-il ajouté. Nous rendons hommage à la proposition de la France visant la création d'un fonds de solidarité thérapeutique internationale pour mobiliser des ressources financières ainsi que la convocation d'une conférence internationale associant l'industrie pharmaceutique. Le représentant a également insisté sur le rôle que peuvent jouer les forces de maintien de la paix dans la prévention de la pandémie.

Sir JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni), reconnaissant la menace que le VIH/sida fait peser sur le développement économique et social, particulièrement dans les pays les plus pauvres, a souligné l'importance d'ONUSIDA et la nécessité d'assurer une meilleure coordination de l'action des Nations Unies dans le domaine de la lutte contre le VIH/sida. Il s'est félicité du fait que la résolution soumise, aujourd'hui, à adoption rappelle l'objectif fixé de réduire de 25% d'ici à 2010 la prévalence de l'infection chez les personnes âgées de 15 à 24 ans. Il a mis l'accent sur le fait que le problème du sida est bien plus qu'un simple problème de santé. Il s'agit d'une crise mondiale qui risque d'aggraver les tensions politiques et ethniques et de contribuer à la prolifération des conflits armés, a-t-il déclaré, estimant également important de prendre conscience du fait que les conditions de sécurité ont une incidence directe sur la propagation de la pandémie du VIH/sida. C'est pourquoi il est nécessaire que le Conseil intensifie ses efforts en vue d'assurer la paix et la sécurité internationales et s'attache plus particulièrement à la prévention des conflits.

Reprenant les termes de la résolution soumise à adoption aujourd'hui, Sir Jeremy Greenstock a rappelé que les personnels de maintien de la paix opèrent dans les communautés et doivent être dûment informés des risques de propagation tant pour eux-mêmes que pour les communautés dans lesquelles ils opèrent. Estimant que la responsabilité de la lutte contre le VIH/sida n'incombe pas au seul Conseil de sécurité, il a exhorté toutes les délégations à travailler en coopération avec l'Assemblée générale et le Conseil économique et social (ECOSOC).

M. ANDRAS VAMOS-GOLDMAN (Canada) a estimé qu'il ne fait aucun doute que la pandémie du sida a atteint des proportions telles qu'elle constitue une menace à la stabilité et au développement. Les estimations selon lesquelles près de la moitié de tous les enfants âgés de 15 ans en Afrique du Sud et au Zimbabwe, voire plus au Botswana, mouront du sida devraient suffire à convaincre quiconque douterait encore de l'incidence politique, économique et sociale dévastatrice de cette maladie. Il a insisté sur le fait qu'il ne s'agit pas d'un sujet de préoccupation qui ne concerne que l'Afrique. Aucune région du monde ne peut se permettre de faire preuve de complaisance. Il s'est toutefois félicité du fait que quelques éléments positifs se profilent à l'horizon. Il a estimé qu'il faut reconnaître les efforts que déploient de nombreux pays pour résoudre le problème de cette maladie grâce à l'adoption de politiques nationales globales intégrant l'éducation et la sensibilisation, la prévention et le traitement, et axées sur tous les secteurs de la société, y compris le grand public, les professionnels de l'éducation et de la santé ainsi que le personnel militaire et autres agents en uniforme. Il a accueilli avec intérêt la mise à jour présentée par ONUSIDA sur les activités qu'il déploie en vue de soutenir ces initiatives nationales, ainsi que les multiples activités qu'il mène pour intensifier la coopération au sein du système des Nations Unies dans la lutte contre le sida.

A cet égard, il a prié instamment tous les pays qui n'ont pas encore mis en place de stratégies efficaces de lutte contre le sida de le faire parce que c'est aux gouvernements qu'il incombe en définitive d'assurer le bien-être de leur population. La communauté internationale peut apporter son concours mais elle ne peut agir en l'absence d'initiatives nationales, a-t-il souligné. Le représentant a ensuite fait état des initiatives de son pays dans ce domaine et a fait part du plan d'action, lancé en juin dernier, par lequel le Canada se propose d'apporter une contribution à la réalisation de plusieurs objectifs précis et réalisables sur le plan international, notamment réduire de 25% avant 2005 dans les pays les plus touchés le niveau d'infection parmi le groupe d’âge des 15 à 24 ans, faire en sorte que d'ici à 2010 au moins 95% des jeunes âgés de 15 à 24 ans aient accès à l'information, à l'éducation et aux services nécessaires pour les rendre moins vulnérables à l'infection par le VIH. Il a indiqué que le Canada dépensera dans ce domaine 120 millions de dollars au cours des trois prochaines années, ce qui témoigne clairement de sa détermination.

Selon le représentant, compte tenu de l'ampleur même de la pandémie du VIH/sida et de la nécessité d'intervenir d'urgence à l'échelle mondiale, le Conseil de sécurité se doit de se prononcer sur la question. En effet, l'incidence dévastatrice du sida sur les personnes, les familles, et l'ensemble de la société ne peut qu'entraver les efforts en vue d'assurer la sécurité à l'intérieur des pays et entre les différents pays. Il a indiqué que le Conseil de sécurité peut jouer un rôle très efficace dans la lutte contre le sida, en particulier en Afrique, en redoublant d'efforts dans le cadre de la prévention des conflits et du règlement des différends. En effet, débarrasser les régions touchées des conflits constitue encore la meilleure façon de leur permettre de consacrer leurs ressources à la lutte contre le sida et de s'assurer que l'appui international pour cette lutte est tout à fait fructueux. Le représentant a rappelé que la sécurité et le bien-être de l'individu constituent de plus en plus le point de référence des efforts visant à promouvoir la paix et la sécurité internationales. La paix mondiale dépend non seulement de la sécurité des frontières, mais aussi de la sécurisation des personnes contre les menaces à leur sécurité commune, que ce soit les conflits armés, les crimes, les catastrophes naturelles ou les maladies. L'épidémie du sida est un défi fondamental pour la sécurité collective et surtout pour notre humanité, a-t-il déclaré. C'est pourquoi il faut intégrer la lutte contre le sida aux efforts visant à instaurer la paix mondiale.

M. HASMY AGAM (Malaisie) s'est félicité de ce que l’examen de la question du VIH/sida se fasse dans le contexte du maintien de la paix et de la sécurité internationales. La mise à jour apportée par M. Piot et le dernier rapport d'ONUSIDA brossent un tableau alarmant de la propagation de la maladie dans les pays touchés, au risque de renverser les taux de mortalité. Le représentant a souligné l'importance de fournir une meilleure formation et information aux Casques bleus déployés dans les zones de conflit et de mettre en place un régime rigoureux de contrôle régulier. Le représentant a souligné par ailleurs la nécessité de garantir la durabilité de ces mesures. Rappelant que la propagation du Sida ne connaît pas de frontières entre groupes armés, rebelles, Casques bleus ou travailleurs internationaux, il a plaidé en faveur d'une sensibilisation accrue des acteurs concernés.

La Conférence de Durban en Afrique du Sud montre un autre aspect inquiétant du virus en ce que les conflits armés semblent avoir joué un rôle important dans sa propagation. Les combattants sont non seulement les plus susceptibles de contracter le virus mais également de le propager. Les sévices sexuels contre les populations locales sont notamment des facteurs de propagation du virus. Ces réalités doivent être prises en compte dans la formulation de stratégies. La Conférence de Durban a également évoqué la question de l'accès aux traitements. Dans ce contexte, deux points méritent une attention particulière, à savoir le rôle de mobilisation des communautés afin de modifier les activités du secteur pharmaceutique et la nécessité de créer un consensus juridique international en soutien à des prix abordables. Le représentant a par ailleurs regretté que le dépôt de brevet ait été autorisé par l'Organisation mondiale du commerce. Malheureusement, a-t-il expliqué, certains pays se sont alignés avec les grands groupes pharmaceutiques, niant le droit des pays en développement à produire des médicaments moins chers. Il a, en revanche, félicité ONUSIDA pour le dialogue initié avec cinq compagnies pharmaceutiques visant la recherche l'amélioration de l'accès aux soins.

M. VALERI P. KUCHYNSKI (Ukraine) s'est félicité du fait que le Conseil de sécurité a appuyé la mise en œuvre des mesures préconisées par ONUSIDA. Il a reconnu que le VIH/sida a des ramifications sociales qui vont bien au-delà de la santé. Le problème du sida demande un traitement urgent en ce qu'il constitue une grave menace à la stabilité et au développement durable. C'est devenu une maladie de la pauvreté qui frappe particulièrement les femmes et les enfants, s'est-il alarmé, rappelant que la plupart des malades vivent dans les pays en développement. Il a souligné que d'ici quelques années tous les secteurs, y compris le commerce, l'éducation, l'emploi, seront touchés.

Relever le défi posé par la pandémie du VIH/sida demande qu'une stratégie mondiale soit mise en place, a-t-il souligné. A cet égard, il s'est félicité du fait que plusieurs sociétés pharmaceutiques aient accepté, à la demande du Secrétaire général, de commencer à baisser les prix des médicaments et de rendre la technologie plus abordable. Reconnaissant que ces mesures ne sont qu'un élément d'une action internationale globale, il a estimé que les Nations Unies devraient élaborer un programme d'action mondiale de lutte contre ce fléau. Toutefois, il a estimé qu'il appartient à l'Assemblée générale de forger cette stratégie et a demandé qu'une session extraordinaire y soit consacrée. Il a indiqué que son pays s'est porté coauteur avec le Costa Rica, la République tchèque, le Nigéria et le Zimbabwe d'un projet de résolution dans ce sens qui sera proposée à l’Assemblée générale et a demandé à tous les Etats Membres de l'ONU de soutenir ce projet. Il a reconnu qu'il était néanmoins important que le Conseil ait eu l'occasion de se pencher sur ce fléau qui constitue une grave menace à la sécurité mondiale.

M. MOCTAR OUANE (Mali) a qualifié de pas historique la précédente réunion du Conseil de sécurité en date du 10 janvier dernier qui portait sur le VIH/sida et l'Afrique. Plus de vingt ans après l'apparition de la maladie, nous ne saurons accepter une situation où les malades sont au Sud et les traitements au Nord, a dit le représentant. Il a salué à cet égard les recommandations du 105ème Conseil exécutif de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) demandant aux Etats membres d'améliorer l'accès à la prophylaxie et au traitement de l'infection par le VIH et les maladies qui lui sont liées en assurant un système de distribution et de prestations fiables et l'accès à des médicaments abordables. Le représentant a également rappelé que l'OMS a encouragé la poursuite du dialogue avec l'industrie pharmaceutique afin de rendre les médicaments contre le VIH/sida plus accessibles pour les populations des pays membres. Dans le même ordre d'idée, a ajouté le représentant, nous nous réjouissons de la mise en place du fonds de solidarité thérapeutique. Il a également dit pleinement souscrire à la proposition visant l'organisation d'une conférence internationale sur l'accès aux médicaments. Citant le Directeur d'ONUSIDA, il a indiqué que l'objectif prioritaire doit être de renforcer la volonté politique, les ressources, les systèmes et l'engagement social pour renverser le cours de l'épidémie. Le représentant a rendu hommage au travail réalisé par ONUSIDA et il a dit souscrire au Plan d'action élaboré en collaboration avec le Comité permanent interinstitutions qui intègre pleinement le VIH/sida dans l'action humanitaire. Il a également apporté son soutien aux mesures visant à intensifier la coopération internationale ainsi que celle entre ONUSIDA, le FNUAP et le Département des opérations de maintien de la paix.

M. JOOP SCHEFFERS (Pays-Bas) a noté avec satisfaction le fait que le VIH/sida ne soit plus considéré comme un simple problème de santé. Il a souligné que cette pandémie peut détruire le tissu social et devenir la source de conflits. S'inquiétant de la propagation exponentielle du virus dans les zones de conflits, il a mis l'accent sur les raisons qui facilitent l’avancée du virus, notamment la pauvreté, la discrimination raciale ou à l’égard des femmes, le manque d'information. Il a regretté que le manque d'éducation et d'information empêche les femmes de se protéger. Il a ensuite insisté sur le rôle de l'Assemblée générale et de l'ECOSOC dans ce domaine.

Le représentant s'est félicité des quelques progrès enregistrés en Afrique. Présentant la politique des Pays-Bas qui met l'accent sur la prévention, il a indiqué que son pays a décidé de donner 20 millions de dollars pour la recherche d'un vaccin et qu'il appuie un projet de recherche en Ethiopie. Il a ajouté que son pays a augmenté sa contribution à ONUSIDA. Le représentant a estimé qu'il est temps d'élaborer des stratégies mondiales et d'envisager une conférence internationale sur l'accès aux soins. Il importe que tous les acteurs de la société se mobilisent dans la lutte contre le VIH/sida. En dernier lieu, il a estimé qu'il conviendrait d'adopter un plan d'action qui intègre la question du VIH/sida dans les mandats de toutes les opérations de maintien de la paix.

M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a convenu que la pandémie du VIH/sida est devenue une crise non seulement de développement mais également de sécurité. Il a estimé que les stratégies de lutte devraient être assorties d'un calendrier et il a accueilli favorablement l'appel du Secrétaire général visant la réduction de 25% du taux de personnes âgées entre 15 et 24 ans infectées par le virus du VIH/sida d'ici 2010. Nous devrions déployer tous les efforts pour parvenir à cet objectif. Le représentant a également souligné l'importance d'une meilleure mobilisation et d'échanges d'informations accrus, comme cela avait été souligné lors de la réunion du Conseil du 10 janvier dernier. Le représentant a également plaidé en faveur d'un partenariat fort entre les gouvernements, les organisations internationales, la société civile et en particulier le secteur privé. Les compagnies pharmaceutiques, en coopération avec les pays donateurs, pourraient développer des vaccins à des prix abordables. L'accès à l'éducation et la diffusion systématique d'informations, en particulier auprès des jeunes revêt également une importance particulière. Le représentant a relevé des signes positifs d'engagements et d'efforts accrus en faveur de la lutte contre le VIH/sida dans le cadre de la Conférence de Durban.

M. PAUL ROBERTSON, Ministre des affaires étrangères de la Jamaïque, a accueilli avec satisfaction l'élaboration par le Comité permanent interinstitutions d'un plan d'action qui intègre la stratégie de lutte contre le VIH/sida dans les opérations de maintien de la paix. Le Ministre s'est inquiété de l'impact de la pandémie qui est une menace à l'avenir de certains pays et qui risque de faire reculer les progrès accomplis dans le développement économique. Il a insisté sur la nécessité de définir une action internationale globale pour lutter contre ce fléau. Il importe aussi de préparer les jeunes générations et de les informer des moyens de se protéger contre cette maladie.

Revenant sur les termes de la résolution soumise à adoption, le Ministre a indiqué que son pays avait insisté sur l'inclusion d'un paragraphe portant sur la question de l'accès aux traitements et aux soins et la nécessité de progresser dans le domaine de la prévention. Il s'est ensuite félicité du travail par les organes des Nations Unies, notamment l'Assemblée générale et l'ECOSOC. Il a observé que la communauté internationale doit s'efforcer de rendre disponible les résultats des recherches menées dans les pays riches. En dernier lieu, il s'est déclaré favorable à la tenue d'une session extraordinaire de l'Assemblée générale sur la lutte contre la pandémie du VIH/sida, y compris l'accès aux traitements.

M. PASCAL TEIXEIRA DA SILVA (France) a déclaré au nom de l'Union européenne et des pays associés, que ce débat qui fait suite à celui du 10 janvier 2000, constitue un événement majeur. La pandémie du VIH/sida présente des caractéristiques particulières qui fait qu'elle est à l'origine d'une des plus grandes récessions socioéconomiques que le monde ait eu à affronter depuis des décennies. L'impact de la pandémie est particulièrement inacceptable dans les pays où des décennies d'efforts et de progrès sont anéantis. Il est clair que les conflits constituent les terreaux propices à la propagation de la maladie. Les exactions et les violences sexuelles commises par les combattants eux-mêmes contribuent directement à la propagation de la maladie. Il faut donc favoriser la mobilisation et la coordination de toutes les instances concernées, chacune devant tenir son rôle en fonction de la nature des problèmes et enjeux abordés. Le représentant a indiqué que le projet de résolution soumis pour adoption montre que le Conseil s'efforce de prendre en compte cette question grave. S’exprimant ensuite à titre national, il a rappelé que son pays avait, lors de la séance du Conseil du 10 janvier dernier, proposé l'organisation d'une réunion internationale sous l'égide des Nations Unies sur la question de l'accès aux traitements dans les pays en voie de développement. Il a demandé que les intentions annoncées par l'industrie pharmaceutique lors de la Conférence de Durban visant à baisser les prix des médicaments voir même de les distribuer gratuitement soient traduites dans les faits. Ceci pourrait être fait par l'intermédiaire de partenariats qui doivent viser le renforcement des infrastructures de santé des pays bénéficiaires tout en garantissant l'absence d'exportation vers des pays développés. Une réunion internationale pourrait favoriser un processus de concertation avec l'industrie. Le représentant a également rappelé que la France avait proposé que soit dressé, sous l'égide d'ONUSIDA, un fichier des actions bilatérales et multilatérales en cours afin d'assurer leur complémentarité géographique et médico-sociale.

M. TICHAONA JOSEPH B. JOKONYA (Zimbabwe), compte tenu du coût énorme que la lutte contre le VIH/sida fait peser sur les pays en développement, s'est inquiété du faible volume de l'aide internationale accordée dans ce domaine qui est bien en-deçà des 2 ou 3 milliards qui ont été jugés nécessaires. Il s'est également déclaré surpris par le silence de la communauté internationale sur les initiatives prises dans les pays en développement -- un silence qui a des conséquences tragiques. Il a ensuite présenté les efforts de son pays depuis la création du Conseil national sur le sida qui est financé par un impôt spécial de 3% sur les revenus, y compris ceux des sociétés. Toutefois, à cause de l'ampleur de la pandémie, cet organisme aurait besoin du soutien de la communauté internationale.

Le représentant a reconnu que les conséquences du VIH/sida qui touche tous les secteurs de la société a affecté la capacité des pays à maintenir la paix tant à l'intérieur de leurs frontières qu'au niveau régional. Il s'est déclaré favorable aux recommandations visant à assurer une formation spéciale des agents de maintien de la paix, notamment en ce qui concerne la prévention. Par ailleurs, le représentant a estimé qu'il a fallu trop de temps pour que la communauté internationale instaure un partenariat avec l’industrie pharmaceutique qui permettrait de rendre les médicaments accessibles à tous. Il s'est inquiété du fait que l'action de cette industrie reste motivée par l'appât du gain au détriment du bien-être de l'humanité. Faisant écho au Secrétaire général dans son Rapport du millénaire, le représentant a insisté sur le fait qu'il est urgent de travailler à la mise au point d'un vaccin et a regretté que sur les 2 milliards de dollars dépensés dans la recherche de médicaments, seuls 250 millions y aient été consacrés.

M. HAZAIRIN POHAN (Indonésie) a soutenu les efforts de diffusion d'informations au sujet de la pandémie du VIH/sida à l'attention du personnel des opérations de maintien de la paix. Il s'est également dit en faveur de la formation des Casques bleus aux questions en rapport avec la prévention du sida. Dans ce contexte, le partenariat entre le Département des opérations de maintien de la paix, de ONUSIDA et des autres institutions des Nations Unies telles que le Programmes des Nations Unies pour le développement et l'Organisation mondiale de la santé ainsi que les pays contributeurs de troupes est pertinent. Le représentant a tenu à souligner l'importance qu'il y a à inclure des unités médicales au sein des missions ou opérations des Nations Unies dans les pays touchés par le sida. Ces unités devraient, sur une base quotidienne, procéder à des contrôles médicaux des Casques Bleus et membres de la mission. Le représentant s'est également dit en faveur de l'établissement de cartes montrant la prévalence du VIH dans un pays où le déploiement d'une mission est envisagé.

M. YUSUF JUWAYEYI (Malawi) a rappelé les conséquences dévastatrices du VIH/sida sur la société de son pays. Revenant sur la Conférence internationale qui vient de s'achever à Durban, il a regretté que cette conférence n'ait pas permis d'apprendre que les trithérapies seraient mises à la disposition de ceux qui en avaient besoin. Il a indiqué que dans son pays, il n'y a pas une seule famille qui n'ait été touchée par le VIH/sida et que, de ce fait, on a enregistré une baisse dangereuse de la croissance de la population qui est tombée à 1,9 par an au lieu des 3% prévus. Il a souligné que de nombreux pays souffraient des mêmes tendances et a cité un article du NY Times selon lequel la pandémie du Sida pourrait affecter dramatiquement la composition de la population sud-africaine, puisqu'à ce rythme l'Afrique du sud pourrait devenir majoritairement blanche. A propos des liens qui existent entre la propagation du VIH/sida et la sécurité, le représentant a insisté sur le fait que les pays les plus touchés, comme le Botswana et le Malawi, ne sont pas en proie à des conflits. Il a donc estimé qu'il serait erroné de lier directement la propagation du VIH/sida aux conflits armés.

Ainsi, le représentant a demandé que l'on évalue les stratégies passées. Il a estimé qu'il est important d'informer les populations africaines qui n'ont pas encore conscience que l'on meurt effectivement du sida au lieu de mettre l'accent sur les maladies parasitaires. Pour ce faire, il a suggéré que l'on nomme des « experts culturels » qui permettent d'informer convenablement les populations. Observant qu'aucun vaccin ne semble à portée de mains, le représentant est d’avis que les experts culturels devraient être également chargés d'évaluer et de comprendre pourquoi les stratégies déployées actuellement ont échoué, notamment en matière de prévention. Il a également souligné la nécessité d'informer les forces de maintien de la paix et les pays contributeurs de troupes.

M. MATIA MULUMBA SEMAKULA KIWANUKA (Ouganda) a félicité le Conseil de sécurité pour l'intérêt qu'il porte à la lutte contre le Sida. Evoquant la Conférence internationale sur le sida de Durban, il a rappelé qu'il a été reconnu que le sida est lié au développement et à la pauvreté. Le représentant a évoqué les incidences du sida sur l'économie en ce que les éléments les plus productifs de la population sont anéantis. Un consensus a également vu le jour sur l'énormité des coûts et la nécessité d'une action mondiale. Le représentant a fait part des expériences menées au niveau local en Ouganda. Il a évoqué la volonté politique très ouverte qui s'est manifestée au plus haut niveau dans le cadre d'une démarche multisectorielle, montrant ainsi que le sida n'est pas uniquement un problème de santé. Il y a eu une distribution massive et gratuite de préservatifs. Les activités des ONG ont été soutenues par le Gouvernement. Nous assistons à un renversement de la situation en une décennie, le taux de prévalence étant passé de 30 % il y a dix ans à 10% actuellement. Le représentant a évoqué les aspects culturels de la propagation du sida. Dans les stratégies de prévention il faut examiner les aspects culturels et socio-politiques qu'entraînent les changements démographiques, l'exode rural, la prévalence du chômage et de l'alcool chez les jeunes en particulier. Il nous faut également mettre l'accent sur le changement des comportements. Au sujet du projet de résolution, il a rappelé que son pays s'est déjà engagé dans des campagnes de prévention et d'information à l'intention des militaires bien avant que le Conseil ne soit saisi de la question.

Prenant la parole pour répondre aux observations des délégations, M. PETER PIOT, Directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), a mis l'accent tant sur l'accès aux soins que sur la prévention. A cet égard, il s'est félicité des quelques progrès enregistrés dans la prévention mais a regretté l’absence d’amélioration dans l'accès aux soins. Il a souligné que le prix des médicaments n'est pas la seule entrave. Il faut également mettre en place une meilleure infrastructure et des services de santé plus compétents. Il a également fait état d'initiatives visant à installer des structures de production de médicaments dans les pays en développement, notamment grâce à la mise à disposition de brevets.

A propos de la tenue d'une Conférence internationale sur l'accès aux traitements, proposée par la France, il a fait état de négociations en cours avec la France, notamment pour déterminer comment une telle conférence servira à préparer une éventuelle session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies. Concernant les profils de pays qui sont actuellement à l'étude, il a fait état de travaux visant à assurer une cohérence de ces divers profils afin d'assurer l'efficacité du système d'échange d'informations.

M. Piot s'est tout particulièrement félicité de la réunion d'aujourd'hui qui établit clairement le lien entre la pandémie du VIH/sida, la sécurité et le développement. En effet, la prise de conscience des conséquences dévastatrices de cette épidémie sur la paix et le développement permettra sans doute de dégager des ressources plus grandes pour la lutte contre ce fléau. Revenant sur les leçons à tirer de la Conférence internationale de Durban, il a insisté sur le fait que ce n'est pas la technologie qui enrayera la pandémie. Il faut mettre l'accent sur les êtres et sur leur information pour lutter efficacement contre la maladie.

* *** *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.