En cours au Siège de l'ONU

CS/2008

LA RECONSTRUCTION DU TIMOR ORIENTAL EST LE DOMAINE LE PLUS FRUSTRANT, ESTIME LE CHEF DE LA MISSION DE L'ONU EN FAISANT PART DES PROGRES ACCOMPLIS

27 juin 2000


Communiqué de Presse
CS/2008


LA RECONSTRUCTION DU TIMOR ORIENTAL EST LE DOMAINE LE PLUS FRUSTRANT, ESTIME LE CHEF DE LA MISSION DE L'ONU EN FAISANT PART DES PROGRES ACCOMPLIS

20000627

Il a indiqué que la Mission confiera la direction de certains domaines aux personnalités politiques timoraises

L'un des résultats obtenus à ce jour est peut-être que nous nous rendons mieux compte du caractère inédit, englobant et complexe de la mission de l'Administration provisoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO) et du fait que le succès de cette mission dépend à long terme de la mesure dans laquelle les Timorais eux-mêmes s'approprieront le processus de transition" . C'est par cette observation que le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de l'ATNUTO a entamé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, son évaluation de la situation au Timor oriental. M. Sergio Vieira de Mello a insisté sur le caractère inédit de la mission et ce faisant, a fait une démonstration du décalage existant entre les règles et les procédures administratives de l'ONU et les exigences de mise en oeuvre de "ce mandat d'un type nouveau qui consiste à mener la première opération de gouvernance de l'histoire des Nations Unies". Quelque chose ne va pas, a dit le Représentant spécial, quant l'ATNUTO coûte 692 millions de dollars alors même que le budget du Timor oriental doit être ramené à 59 millions. Cet exemple qu'il a rapproché du fait que les règles administratives de l'ONU ne permettent aux ingénieurs des Nations Unies de ne s'occuper que des bâtiments publics de l'ONU, a permis au Représentant spécial de motiver les critiques faites aux "extravagances" de l'ONU. Il a ainsi dénoncé les anomalies du bugdet ordinaire de l'ATNUTO qui ne prévoit ni services frontaliers et douaniers, ni prisons, ni tribunaux. Le Représentant spécial a donc "demandé instamment" au Conseil de sécurité l'autorisation d'user du budget de façon aussi souple et pragmatique que possible.

Le Représentant spécial s'est ensuite attardé sur la situation à proprement parler et a évoqué, ce faisant, les progrès réalisés dans les domaines de l'aide humanitaire, de la justice, de la création d'une administration timoraise. C'est la question de la sécurité le long de la frontière entre le Timor oriental et le Timor occidental qui a particulièrement retenu l'attention des intervenants qui l'ont liée à celle

cruciale du retour des réfugiés. Ainsi le Représentant de la France et Président du Conseil de sécurité a plaidé pour le retour volontaire des réfugiés en rappelant à l'Indonésie ses obligations de mettre fin aux activités des milices anti- indépendantistes. A l'appel du représentant tendant à ce que l'Indonésie offre à ceux qui veulent rester des perspectives d'installation dans d'autres parties du pays, le Représentant indonésien a répondu que cela ne saurait être possible sans une aide de la communauté internationale qui, selon lui, contribuerait ainsi au règlement du problème "complexe, compliqué et multidimensionnel" qu'est le problème des réfugiés. La question de la reconstruction que le Représentant spécial lui- même a qualifiée de " domaine le plus frustrant" a également retenu l'attention des intervenants qui se sont particulièrement attardés sur la question du chômage. A cet égard, le Représentant du Portugal, au nom de l'Union européenne, a appelé les donateurs à s'acquitter des contributions promises lors de la Conférence de Tokyo en 1999 pour l'exercice budgétaire 2000-2001; l'Union européenne contribuant à hauteur 60 millions d'euros. Le Représentant spécial a annoncé la création d'un comité consultatif national composé uniquement de Timorais qui seraient chargés de planifier, de hiérarchiser et d'approuver les propositions de développement soumises par des sources diverses.

La participation des Timorais au processus de transition n'a pas seulement été souhaitée au niveau économique mais également au niveau politique. Dans ce contexte, le Représentant spécial a fait part de son intention de mettre en place un "Gouvernement de coalition" qui attribuerait les portefeuilles de l'administration du territoire, de l'infrastructure, de l'économmie et des affaires sociales à des personnalités politiques timoraises; les portefeuilles des finances, de la justice, de la sécurité et des affaires politiques, constitutionnelles et électorales, restant aux mains de l'ATNUTO. Le Représentant spécial a également fait part de son intention de créer un nouveau conseil législatif national qui viendrait remplacer l'actuel Conseil consultatif national, "organe hybride entre exécutif et législatif". La fin de ce processus de transition étant liée à la tenue d'élections, le Représentant spécial a indiqué que selon toute vraisemblance, des élections législatives devraient se dérouler entre la fin du mois d'août et la fin du mois de décembre. Si des délégations comme les Etats-Unis ont demandé au Représentant spécial de fixer une date butoir pour l'accession à l'indépendance du Timor oriental, le Représentant des Pays-Bas à l'instar, d'autres délégations, a mis en garde contre toute décision de retirer la présence des Nations Unies avant que les Timorais ne soient en mesure d'assumer leur indépendance. Le Représentant de la France a souligné, à cet égard, que compte tenu du contexte actuel, l'indépendance du territoire ne peut en aucun cas signifier la fin de la présence des Nations Unies mais plutôt "une présence sous d'autres formes". Le Représentant de l'Indonésie a fixé comme préalable à l'instauration d'un Etat démocratique et viable, une véritable réconciliation entre les Timorais quelles que soient leurs convictions politiques, sous l'égide des Nations Unies.

Les représentants des pays suivants membres du Conseil ont pris la parole : Etats-Unis, Canada, Pays-Bas, Royaume-Uni, Malaisie, Chine, Namibie, Bangladesh, Fédération de Russie, Jamaïque, Ukraine, Argentine, Tunisie, Mali et France. Les pays suivants ont également pris la parole : Japon, Portugal, au nom de l'Union européenne, Indonésie, Brésil, Australie, République de Corée, Nouvelle-Zélande et Norvège.

LA SITUATION AU TIMOR ORIENTAL

M. SERGIO VIEIRA DE MELLO, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de l'Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO) a affirmé que les principaux interlocuteurs de l'ATNUTO comprennent de mieux en mieux que l'exercice du pouvoir ne consiste pas simplement à influer sur la prise de décisions, ni à y prendre part, mais aussi à assumer la responsabilité de leur choix. S'attardant sur le caractère même du mandat de la Mission, M. Vieira de Mello a souligné que l'ONU a presque tout à apprendre dans cette nouvelle tâche qui consiste à édifier et à gérer un pays et l'expérience au Timor montre qu'il faudra réviser aussi bien les conceptions que les mécanismes administratifs si l'on veut que l'ONU soit à même de mener une autre opération de ce type et de cette ampleur à l'avenir. Ce mandat d'un type nouveau, a expliqué M. Vieira de Mello, contraint l'ONU à faire face à des pressions qui lui étaient inconnues sur le terrain puisqu'aux impératifs de la rapidité s'opposent les exigences de la consultation; à ceux d'une saine gestion financière, celles de démonstrations contre la hausse du prix de l'essence et le chômage; à ceux du recrutement de locaux, la réalité que constitue une pénurie à peu près complète de candidats qualifiés; aux accusations selon lesquelles les aises du personnel de l'ONU sont excessives, le fait que les malades sont plus nombreux à l'ATNUTO que dans n'importe quelle autre mission des Nations Unies. Le mandat de la mission a révélé dans les règles et procédures administratives des faiblesse qui amoindrissent considérablement l'aptitude à répondre avec souplesse aux besoins des Timorais dans le cadre de la résolution 1272 a indiqué le représentant qui a déclaré que quelque chose semble anormal quand l'ATNUTO peut coûter 692 millions de dollars alors que le budget du Timor oriental doit être ramené à un peu plus de 59 millions de dollars. Faut-il alors s'étonner qu'il y ait tant de critiques de l'ONU alors que les Timorais continuent de souffrir, s'est interrogé M. Vieira de Mello.

Il s'est attardé sur la question de la sécurité pour signaler la persistance d'incidents graves le long de la frontière avec le Timor occidental. Il a fait part des bonnes relations désormais acquises entre les forces de l'ATNUTO et les forces armées indonésiennes à la suite notamment de la signature, le 11 avril d'un mémorandum d'accord et des pourparlers visant à améliorer la coopération dans le cadre des enquêtes sur les incidents frontaliers et à mettre un terme aux infiltrations en cours. Compte tenu de cette situation favorable, M. Vieira de Mello a annoncé la réduction de la force militaire et souligné le besoin qu'a la mission de spécialistes et de logisticiens. Il a fait part de son intention de réviser la composante militaire en ajoutant que les économies ainsi effectuées pourraient être consacrées à des projets concrets comme la fourniture de patrouilleurs pour lutter contre la contrebande ou la réfection de route pour remédier à certains des dégâts causés par une circulation intense de véhicules internationaux. En ce qui concerne la question de la défense, M. Vieira de Mello a indiqué que l'ATNUTO examine des mesures provisoires pour améliorer la situation des

forces armées de libération nationale du Timor Oriental (FALINTIL) qui montrent des signes croissants d'agitation et d'impatience dus sans doute à l'oisiveté et à l'incertitude qui pèse sur leur avenir.

Rendant compte de la situation sur le front diplomatique, M. Vieira de Mello a attiré l'attention sur l'ouverture d'une mission diplomatique indonésienne à Dili, à la suite de la visite du Président indonésien en février et sur ses fréquentes visites en Indonésie accompagnée par M. Xanana Gusmao. Le représentant spécial a indiqué qu'il s'est rendu à Djakarta à la fin du mois dernier pour rencontrer le Président indonésien et son Ministre des affaires étrangères et les a encouragés à créer un corridor de transit entre Oecussi et le reste du Timor oriental et à chercher les moyens de permettre aux Timorais qui faisaient partie de la fonction publique indonésienne de toucher leur pension de retraite ainsi qu'à donner aux étudiants timorais un régime favorable dans les universités indonésiennes. Sur la question des réfugiés, M. Vieira de Mello a fait part de son intention d'examiner avec M. Xanana Gusmao et le Conseil consultatif national cette question sous tous ses aspects, en appelant la communauté internationale à aider l'Indonésie à réinstaller convenablement les réfugiés qui souhaitent rester dans ce pays. A propos de la justice, M. Vieira de Mello a indiqué que l'effort principal consiste à travailler avec les communautés locales sur la protection des minorités et à faire passer un message de tolérance.

Pour ce qui est de la question de la reconstruction, le représentant spécial a indiqué que dans le cadre du nouveau budget consolidé, il est question d'établir un processus fondé sur la pleine participation des Timorais qui auront à planifier, à hiérarchiser et à approuver des propositions de développement venant de différentes sources. Il s'est dit confiant que des élections législatives auront lieu entre le 30 août et le début du mois de décembre. Avant cela, il faut s'attendre à ce que le Conseil national de résistance (CNRT) recommande l'établissement d'une commission élargie qui lancerait un large processus consultatif sur l'élaboration de la constitution. M. Vieira de Mello a indiqué qu'à la fin du mois de mai, il a assisté à une conférence sur la reconstruction et le développement durant laquelle il a présenté deux options, l'une technocratique et l'autre politique. La première consiste à "timoriser" l'administration à tous les niveaux afin que tout soit mis en place au moment de l'indépendance. L'option politique consisterait, elle, à poursuivre la "timorisation" du territoire tout en partageant la responsabilité gouvernementale avec les Timorais. Il s'agit en fait de la formation d'un gouvernement de coalition dans lequel plusieurs portefeuilles seraient détenus par des personnalités politiques timoraises. Le CNRT a accepté ce concept et partant, l'administration interne, l'infrastructure, l'économie et les affaires sociales seront gérées par des Timorais, les finances, la justice, la sécurité et les affaires politiques, constitutionnelles et électorales restant aux mains de l'ATNUTO.

Déclarations

M. RICHARD HOLBROOKE (Etats-Unis) a salué le travail accompli par le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Vieira de Mello, et estimé que l'ONU a accompli son travail au Timor oriental. M. Holbrooke s'est déclaré en faveur de la réduction des troupes de l'ATNUTO. Les Etats-Unis souhaitent que ces effectifs diminuent rapidement, tout en tenant compte des problèmes que posent la recrudescence de la violence des milices. Compte tenu des demandes d'intervention adressée à l'ONU dans d'autres parties du monde, il est important de former une police civile.

Le représentant s'est associé aux dates proposées pour l'indépendance à la Conférence des donateurs de Lisbonne. Il est important de fixer publiquement, clairement et le plus tôt possible la date de l'indépendance, a-t-il déclaré, tout en soulignant que la journée de l'indépendance n'est pas le jour où l'ONU disparaît du Timor oriental. L'ONU ne doit pas se concentrer sur un rôle de gouvernance mais sur un rôle consultatif comme elle l'a fait en Bosnie-Herzégovine.

Pour ce qui est des réfugiés, M. Holbrooke a rappelé le climat de terreur qui règne et le fait que le HCR a du arrêter toutes ses opérations dans certains camps. Il a appuyé le nouveau plan qui installerait les fonctionnaires et membres des milices en dehors du Timor. Il est essentiel que le Gouvernement indonésien prenne au sérieux les efforts de la communauté internationale, a-t-il noté, rappelant que les activités des milices à la frontière du Timor oriental se poursuivent et que le Gouvernement indonésien n'a pas démantelé ces milices qui ont aujourd'hui des armes sophistiquées qu'elles n'avaient pas auparavant. Il s'est demandé la raison pour laquelle l'Indonésie n'a pas été en mesure de maîtriser une telle situation, elle qui a déployé tant d'efforts dans le territoire.

M. ROBERT FOWLER (Canada), ayant salué les efforts de M.Vieira de Mello, s'est félicité que le Timor oriental sera bientôt administré par un gouvernement composé de l'ATNUTO et du Conseil national de la résistance timoraise pendant la période transitoire vers l'indépendance totale du territoire. Le Canada est préoccupé par la suspension des activités du Haut Commissariat pour les réfugiés dans trois des plus grands camps de réfugiés la semaine dernière, en raison des actes de violence et d'intimidation perpétrés. Les chefs des milices doivent honorer leurs engagements et ne pas bloquer le rapatriement des réfugiés, a souligné le représentant. Aussi a-t-il demandé à savoir les progrès accomplis pour séparer les membres des milices de la population des camps ainsi que les garanties supplémentaires de sécurité à mettre en place pour les Nations Unies. Il est essentiel que le Conseil obtienne les conseils des militaires avant de prendre des décisions sur la réduction des effectifs de la Force, a fait valoir le représentant qui s'est déclaré en faveur d'un exposé par le Commandant de la force avant que toute décision NE soit prise dans ce domaine.

M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a rappelé que des incidents avec les milices au Timor oriental continuent de se produire et a, de ce fait, estimé que les contingents de l'ATNUTO encourent toujours des risques considérables. Indiquant que le Royaume-Uni avait engagé le Gouvernement indonésien à s'efforcer de maîtriser la situation, il a souhaité qu'un tel message soit délivré collectivement, par tout le Conseil de sécurité. En ce qui concerne la situation inquiétante des réfugiés, M. Greenstock a estimé que le Gouvernement indonésien doit faire davantage pour permettre à ces derniers de regagner le Timor oriental rapidement et en toute sécurité. De même, des actions doivent être entreprises pour verser les pensions aux anciens fonctionnaires du Gouvernement indonésien au Timor oriental et réduire l'influence néfaste des extrémistes anti-indépendantistes dans les camps de réfugiés.

Le représentant a fait remarquer que la Conférence des donateurs, tenue à Lisbonne la semaine dernière, avait constitué une étape importante des efforts déployés par la communauté internationale au Timor oriental. Si, depuis la Conférence de Tokyo, a-t-il ajouté, beaucoup a été réalisé à la lumière des besoins de procédures souples et efficaces pour maximiser l'impact de l'aide internationale, l'affectation directe des ressources est loin d'être atteinte. Tous les donateurs doivent s'efforcer de développer des projets généraux et cohérents, plutôt qu'une multitude de projets bilatéraux sans aucune relation entre eux. Il serait très utile que l'ATNUTO et la Banque mondiale fixent ensemble des indicateurs d'évolution et fournissent régulièrement des rapports sur les progrès accomplis. Il faut que le mandat de l'ATNUTO, sur le terrain et à New York, soit clair aux yeux de la communauté des donateurs tout comme il est essentiel que les responsabilités financières dans le cadre de la mission soient claires. Le représentant a souhaité que le PNUD joue un rôle de premier plan dans la mise un place d'une administration publique au Timor oriental conforme à la résolution 1272 du Conseil de sécurité.

M. Greenstock s'est félicité des propositions de partage des pouvoirs entre les dirigeants timorais et l'ATNUTO. Le Royaume- Uni soutient pleinement l'engagement de l'ATNUTO en ce qui concerne les options de défense stratégiques pour les Timorais orientaux et le statut des FALINTIL. La décision ultime concernant les arrangements sécuritaires appartient, bien sûr, aux habitants du Timor oriental. Toutefois, le Royaume-Uni encourage l'ATNUTO à prendre en considération les besoins humanitaires immédiats des Falintil.

M. PETER VAN WALSUM (Pays-Bas) a souscrit à l'évolution positive de la situation au Timor oriental décrite lors de la Conférence de Lisbonne où Xanana Gusmao a fait observer que la participation des Timorais à l'administration de leur pays s'intensifie. Le représentant s'est également félicité de l'élargissement du Conseil consultatif national avant de s'arrêter sur le sort des combattants de FALINTIL. Il a souhaité que tout soit fait pour éviter que leur mécontentement ne conduise à un changement de la situation au Timor oriental. Le représentant a estimé que la création d'une force timoraise est une mesure nécessaire, étant donné que les Nations Unies ne peuvent rester indéfiniment sur le terrain. L'ONU doit participer à la création d'une telle force afin qu'elle soit conforme aux normes admises internationalement, a souligné le représentant. A l'évidence, a-t-il poursuivi, personne ne pense que la constitution d'une force résoudrait le problème des FALINTIL. Il serait possible de résoudre la question en les intégrant dans les forces de défense et réduire ainsi les risques que certains de leurs membres ne suivent une autre voie. Le représentant a terminé sur la question de la sécurité dont la détérioration a conduit à l'interruption des activités du HCR. Il a donc souhaité des précisions concernant les incidences de cette situation sur le rapatriement des réfugiés et a estimé que toute réduction de la composante militaire de l'ATNUTO doit tenir compte de la situation au Timor occidental puisque la sécurité au Timor oriental en est tributaire. L'ONU ne devrait en aucun cas se retirer prématurément, a-t-il dit, avant de demander à M. Vieiro de Mello s'il est prévu que l'indépendance suive immédiatement les élections législatives.

M. AGAM HASMY (Malaisie) s'est félicité de l'évolution positive de la situation en soulignant le rapprochement fait entre l'Indonésie et l'ATNUTO. Il a souhaité que la coopération entre le pays et les Nations Unies continue en ce qui concerne, en particulier, les activités des milices. A cet égard, le représentant a salué la création d'un Conseil national de la réconciliation et a souhaité que les mesures prises pour rapatrier les réfugiés soient renforcées. Il a appelé à l'ouverture d'un couloir entre le Timor oriental et l'enclave d'Oecusi. Le représentant a condamné les actes de violence et s'est déclaré confiant que l'ATNUTO sera en mesure de faire face à ces obstacles à la paix. Evoquant la question de l'indépendance, il a souhaité que cette indépendance n'intervienne que lorsque les Timorais seront prêts à l'assumer.

M. SHEN GUOFANG (Chine) s'est déclaré heureux d'apprendre que depuis le dernier exposé de M. Vieira de Mello, la reconstruction se poursuit au Timor oriental. C'est aussi la générosité des donateurs qui permettra un transition rapide vers l'indépendance, a-t-il ajouté. A cet égard, la Chine est prête à contribuer à l'ATNUTO et à continuer de fournir une aide à l'échelle bilatérale. Préoccupée par le problème des réfugiés, elle espère que l'ATNUTO règlera ce problème en coopération avec le Gouvernement indonésien. Soulignant la difficulté de la tâche de l'ONU, le représentant a rappelé qu'il fallait placer les intérêts des Timorais au-dessus de tous les autres. Il a souhaité que l'ATNUTO prenne de nouvelles mesures pour faciliter la participation des Timorais, notamment aux processus de décision.

M. GERHARD THERON (Namibie) a déclaré qu'en dépit des obstacles, des progrès importants ont pu être accomplis au Timor oriental. Il a, à cet égard, appuyé les propositions de M. Vieira de Mello quant à la façon de faire avancer les choses. Le représentant a attiré l'attention sur la nécessité de jeter de bonnes bases lorsqu'il s'agit de reconstruction. Il a appuyé les structures mises en place. Condamnant les attaques perpétrées contre le personnel de l'ATNUTO, le représentant a appelé à des mesures décisives pour

assurer leur sécurité. Se montrant préoccupé par la poursuite des activités des milices, le représentant a demandé à M. Vieira de Mello d'indiquer les moyens qui permettent de déterminer le nombre de réfugiés qui souhaitent rester au Timor occidental.

M. SHAMIM AHMED (Bangladesh) a estimé que la situation au Timor oriental soulève de nombreuses questions qui sont au coeur de la reconstruction d'une nation après la violence qui a entouré le référendum de l'an dernier. Depuis le début du mois de mai, le processus de rapatriement s'est ralenti. Il semblerait qu'il y ait des difficultés pour déterminer le nombre de réfugiés dans les camps au Timor occidental et que les actes d'intimidation des réfugiés aient des effets néfastes sur ce processus. Le représentant a indiqué qu'il faudrait, à long terme, s'intéresser aux petites entreprises et au secteur privé, l'ATNUTO devant innover dans ce domaine. Il a souhaité que la reconstruction nationale prenne en compte le rôle des femmes. Il a jugé encourageante la coopération entre l'ATNUTO et les dirigeants timorais. En dépit des efforts de l'ATNUTO et des dirigeants timorais, il existe de plus en plus d'intolérances envers les minorités, notamment religieuses. Le représentant a encouragé la réalisation d'enquêtes sur tous ces incidents et l'adoption de mesures nécessaires pour éviter que ces situations ne se répètent. Il a estimé positifs les résultats de la Conférence de Lisbonne.

M. VLADIMIR N. SERGEEV (Fédération de Russie) s'est félicité de la coopération entre l'ATNUTO et l'Indonésie qui, a- t-il souligné, ne peut que favoriser la tendance générale à la normalisation. Il s'est toutefois montré préoccupé par les actions hostiles des opposants à l'indépendance du Timor oriental et demandé aux autorités locales de prendre les mesures qui s'imposent. Pour le représentant, ces mesures permettraient de résoudre notamment le problème crucial des réfugiés. Dans le même ordre d'idées, le représentant a salué la décision de l'ATNUTO de changer la structure du Conseil national et d'en faire un organe plus représentatif de la population timoraise.

Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a rappelé que la participation des Timorais à la reconstruction et aux institutions nationales est d'une importance capitale. Les Timorais doivent se sentir responsables et en charge du processus d'indépendance tout comme leurs dirigeants doivent avoir la responsabilité de leur décision politique, a-t-elle ajouté tout en saluant la proposition de co-gouvernement. L'élargissement du Conseil de réconciliation nationale pour inclure des représentants de tous les secteurs de la société est un développement positif. La représentante a estimé que la Conférence des donateurs de Lisbonne est un événement heureux. Préoccupée par la situation du chômage, elle a noté que si des efforts ont été accomplis dans ce domaine, des solutions à long terme doivent être trouvées en coopération avec les entreprises privées. Déplorant les actes de violence perpétrés contre les réfugiés, elle a souhaité que des garanties de sécurité soient offertes au personnel du HCR et jugé insupportable que le personnel de l'ONU fasse l'objet d'actes de violence, notamment le long de la frontière ouest du Timor oriental. M. VOLODYMYR KROKHMAL (Ukraine) a estimé que la première tâche de l'ATNUTO doit être de faire participer davantage les Timorais au processus de prise de décisions si l'on veut qu'ils soient prêts à assumer leur indépendance. Le représentant a évoqué la question de la sécurité et s'est dit heureux que des progrès aient été effectués en ce qui concerne la création d'une police civile. Il a, par ailleurs, assuré M. Vieira de Mello de l'intention de son pays de maintenir son appui à la force de police de l'ATNUTO. Le représentant a soulevé la question des réfugiés en se montrant préoccupé par les conditions de leur retour et par leurs conditions de vie dans les camps. Il a cité le chômage comme question cruciale en soulignant l'importance des projets générateurs d'emplois.

M. LUIS ENRIQUE CAPPAGLI (Argentine) a fait remarquer que, compte tenu de l'ampleur de la tâche de l'ATNUTO, les progrès ont été remarquables. Il est encourageant de constater que les avis des dirigeants du Timor oriental ont été pris en considération dans la création de toutes les institutions. Après la crise humanitaire la plus importante, l'ATNUTO doit à présent s'attaquer au développement économique et social. Il faut renforcer les institutions déjà créées et les adapter aux nouvelles réalités. A cet égard, la Conférence des donateurs de Lisbonne a montré l'engagement de la communauté internationale en faveur du Timor oriental. La question première est encore de mettre fin aux souffrances de milliers de réfugiés. L'Argentine est préoccupée par la gravité de la situation actuelle, notamment dans les trois camps de réfugiés où le HCR a dû suspendre ses activités. le représentant a souhaité que les autorités indonésiennes se montrent constructives dans ce domaine et continuent de respecter les engagements pris.

M.OTHMAN JERANDI (Tunisie) a déploré la persistance des attentats contre le personnel des Nations Unies qui constituent un élément perturbateur des efforts de l'ATNUTO. Il est regrettable que le HCR ainsi que d'autres organisations aient dû suspendre leurs activités dans trois camps de réfugiés, a-t-il jugé. Le représentant a relevé la bonne volonté de toutes les parties pour assurer le retour des réfugiés au Timor oriental, réfugiés dont le nombre atteint 120 000 dans les camps au Timor occidental. La Conférence des donateurs de Lisbonne est importante pour le Timor oriental et démontre l'engagement financier de la communauté internationale qui vient consolider son engagement politique. Le représentant a espéré que les prochains pourparlers entre l'ATNUTO et le Gouvernement indonésien, qui se tiendront les 28 et 29 juin, permettront de trouver des solutions à quelques questions et de consolider les résultats déjà acquis.

M. CHEICKNA KEITA (Mali) a déclaré que les progrès réalisés au Timor oriental sont une grande source de satisfaction et de motivation pour la communauté internationale. Il a souhaité des mesures concrètes au plan économique, et pour ce qui est de la question des réfugiés, une plus grande implication de l'ATNUTO dans la neutralisation des milices le long de la frontière avec le Timor occidental. Le représentant a aussi demandé à la mission de poursuivre ses efforts visant la création d'une police locale pour réduire la criminalité sur le territoire. Il a souhaité que l'ATNUTO déploie tous les efforts pour que la participation des Timorais aux élections prochaines se déroulent dans les normes. Les défis restent énormes, a dit le représentant en appelant le Conseil à apporter l'appui nécessaire aux efforts de M. Vieira de Mello.

M. JEAN-DAVID LEVITTE (France) a estimé que dans le contexte positif actuel, le principal point sombre, qui n'est pas directement lié aux activités de l'ATNUTO, est celui des populations réfugiées au Timor occidental. Le représentant a souhaité que l'on permette à ceux qui veulent rentrer au Timor oriental de le faire en toute liberté et que les autorités indonésiennes aident à mettre fin, comme elles s'y sont engagées, aux activités des milices et qu'elles offrent éventuellement à ceux qui ne souhaiteraient pas revenir au Timor oriental des perspectives d'installation dans d'autres parties de l'Indonésie. Il a souligné l'importance qu'il y a à associer, le plus largement possible, les Timorais au processus de transition en cours. Il serait important, a-t-il dit, que M. Vieira de Mello puisse poursuivre les négociations avec tous les responsables politiques Timorais afin de mettre en place dans des délais rapprochés une transition exemplaire vers un système normal de gouvernement. Le représentant a demandé au Représentant spécial de proposer au Conseil une date butoir et d'organiser un calendrier politique. Il a souhaité que M. Vieira de Mello fixe, à titre préliminaire, une date-cible pour l'indépendance. Le représentant a tenu à souligné que l'indépendance ne signifie pas le départ des Nations Unies mais sa présence sous d'autres formes. Il a estimé que la formation accélérée et la création d'une police locale efficace et compétente semblent être prioritaires pour assurer une transition en douceur. Un départ brutal de l'ATNUTO à la fin de son mandat pourrait constituer un facteur majeur de déstabilisation pour le pays nouvellement indépendant, a estimé le représentant en suggérant de procéder par étapes à la réduction des forces militaires. Il a demandé à M. Vieira de Mello ce qu'il en est des discussions en cours entre l'ATNUTO et l'Australie sur le traité de la fosse de Timor et des mesures d'accompagnement prises en faveur du développement du secteur privé. Des financements spécifiques pour les PME-PMI ont-ils pu être mis en place par les principales banques de développement, a demandé le représentant.

M. YUKIO SATOH (Japon) s'est félicité des progrès accomplis ces huit derniers mois notamment grâce au dévouement du personnel de l'ATNUTO. L'ATNUTO n'a pas un rôle facile pour conduire le Timor oriental vers l'indépendance, notamment en ce qui concerne la réconciliation nationale et la création d'emplois. Le représentant a réaffirmé l'engagement de son pays qui reste décidé à fournir une assistance au mieux de ses capacités à l'ATNUTO tout en espérant que la communauté internationale continue de faire de même. Ainsi le Japon s'efforce, par exemple, de veiller que le Timor oriental demeure à l'ordre du jour de la communauté internationale et abordera cette question lors de la Conférence du G8 qui se tiendra au Japon.

Il est essentiel que le Timor oriental développe une relation d'amitié avec ses voisins, a insisté le représentant. Dans ce contexte, les ministres des affaires étrangères du Japon et de Singapour collaborent en matière de mise en valeur des ressources. Il serait également utile que le Timor oriental engage un dialogue sur la question de la coopération régionale. Pour le représentant, l'ATNUTO doit améliorer ses efforts d'information vis à vis des Timorais orientaux. Le peuple du Timor oriental est de plus en plus frustré et des efforts accrus sont nécessaires pour qu'il comprenne les limites et le caractère du rôle des Nations Unies. Le représentant a appuyé la politique de l'ATNUTO visant à obtenir une plus grande participation nationale. Toutefois, il a mis en garde contre le fait de fixer des jalons irréalistes pour la réalisation de l'indépendance. Les pays donateurs doivent poursuivre leurs efforts et les donateurs doivent donner la priorité aux projets répondant aux besoins immédiats des Timorais orientaux, a-t-il insisté. Si la sécurité n'est pas maintenue de manière constante, les efforts de reconstruction ne pourront progresser sans heurt. Des efforts doivent être déployés pour parvenir à la réconciliation nationale, qui est un élément fondamental.

M. ANTONIO MONTEIRO (Portugal), au nom de l'Union europénne et des pays associés, a souligné qu'il est essentiel pour la communauté internationale de contribuer à la reconstruction et au redressement du Timor oriental. L'Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO) doit disposer de ressources efficaces et être également en mesure de gérer avec prudence les ressources qui lui ont déjà été allouées. L'Union européenne insiste sur la nécessité urgente pour les donateurs de s'acquitter des contributions promises lors de la Conférence de Tokyo de 1999, estimant que la communauté des bailleurs de fonds doit appuyer pleinement le budget consolidé du Timor oriental pour l'exercice budgétaire 2000-2001. L'Union européenne appelle le Secrétariat des Nations Unies et l'ATNUTO à prendre des mesures concrètes pour surmonter tout obstacle. Réaffirmant son engagement en faveur de l'assistance au processus de reconstruction du Territoire, l'Union européenne contribue aux termes d'une proposition de 39 millions d'Euros - 19 millions en 2000 et 20 millions en 2001 - sur un montant total de 60 millions d'Euros au cours des trois prochaines années. Ces fonds visent à appuyer le programme pour la réhabilitation et la reconstruction au Timor oriental, par le biais du Fonds d'affectation spéciale créé à cette fin par la Banque mondiale.

La situation de dizaines de milliers de réfugiés est- timorais au Timor occidental exige un règlement urgent. A cet égard, l'Union européenne appuie les efforts accomplis par l'ATNUTO, le Haut Commissariat pour les réfugiés et les organisations non gouvernementales oeuvrant dans ce domaine sur le terrain, ainsi que les initiatives prises par les responsables est-timorais. Soulignant qu'il faut mettre fin à la campagne d'intimidation et de désinformation dans les camps de réfugiés où les milices continuent d'exercer leur influence, M. Monteiro a appelé l'Indonésie à faire de son mieux pour assister ceux qui souhaiter regagner leur foyer. A cette fin, il faudrait retirer des camps les militaires et la milice ainsi que tous ceux qui font obstacle au rapatriement. Les autorités indonésiennes doivent veiller à garantir un traitement juste à ceux qui préfèrent demeurer en Indonésie et acquérir la nationalité indonésienne. Faisant siens les efforts visant à accélérer la "timorisation" de l'administration transitoire, l'Union européenne estime essentiel de faire participer tous les Timorais, y compris les femmes et les enfants, au processus de prise de décision et à la structure administrative à un niveau plus élevé au cours de la période transitoire. Comme elle l'avait souligné lors du Sommet des ministres à Lisbonne, l'Union européenne estime que certains objectifs de l'administration transitoire - notamment le rythme de la reconstruction et la mise en place de mécanismes indispensables à la direction d'un Etat moderne et démocratique - devraient être réalisés avant l'indépendance.

M. MOHAMMAD HAMZAH THAYEB (Indonésie) évoquant l'insécurité dans certains camps de réfugiés, a rappelé que son Gouvernement a manifesté, à maintes reprises, son engagement à prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et prévenir les incidents décrits par le Représentant spécial. Il ne faut pas oublier, a souligné le représentant, que le problème des réfugiés est un problème complexe, compliqué et multidimensionnel. Il n'existe par de solution rapide à ce problème, a-t-il dit, en indiquant que son Gouvernement et le gouvernement provincial pertinent n'ont cessé d'appeler au rapatriement des réfugiés, d'autant qu'il s'agit de la province la moins développée du pays. En ce qui concerne le cas des réfugiés qui veulent rester en Indonésie, le représentant a espéré une aide de la communauté internationale qui contribuerait ainsi à "résoudre cette question complexe". Le représentant a terminé en faisant part de l'intention de son Gouvernement de faire tout son possible pour conclure les accords les plus favorables au Timor oriental sur les questions découlant du transfert d'autorité; les accords devant être conformes au cadre existant des lois et règlements. Le Gouvernement indonésien souhaite le bien-être du peuple du Timor oriental et souligne la nécessité urgente de promouvoir une véritable réconciliation entre les Timorais de toutes les convictions politiques, a dit le représentant en arguant que pour faire du Timor oriental un Etat démocratique et viable, il est indispensable que cette entreprise de réconciliation soit lancée par les Nations Unies.

M. LUIZ TUPY CALDAS DE MOURA (Brésil) a estimé que l'ATNUTO a fait de l'épreuve du Timor oriental un succès. Toutefois on ne saurait ignorer l'impatience et la frustration des Timorais orientaux pour qui les changements n'ont pas été à la hauteur des attentes, a-t-il ajouté. Il a souligné que dans les domaines de l'économie et de l'emploi, il fallait passer de l'aide d'urgence à la reconstruction. La création d'emplois et d'un environnement propice à l'investissement est un élément essentiel. L'ATNUTO et les dirigeants timorais se sont engagés dans des négociations sur les ressources marines du Timor pour que ce pays bénéficie des gisements de pétrole et des fonds marins.

Ce n'est pas seulement la violence politique qui doit être maîtrisée mais aussi la violence criminelle, a insisté le représentant. Un Timor oriental indépendant aura besoin d'institutions capables de garantir l'état de droit. En matière de participation politique, il faut susciter des Timorais l'enthousiasme qui leur permettra d'assurer leur avenir. Le représentant a réaffirmé l'engagement de son pays en faveur du Timor oriental. L'avenir de cet état indépendant dépend aussi de la coopération nationale pour renforcer son système économique et l'exercice du droit. De plus, il faut mettre fin à la bureaucratie et accélérer le versement des fonds au Fonds d'affectation spéciale, a-t-il recommandé.

M. DAVID STUART (Australie) a salué le rôle joué par l'ATNUTO pour guider le Timor oriental vers l'indépendance, et ceci, malgré des défis énormes et des ressources limitées. Il est important que le peuple du Timor oriental ait un rôle actif dans la gouvernance dès le début, a-t-il souligné. Ainsi, l'Australie se félicite de toutes les mesures prises par l'ATNUTO pour faciliter la participation des Timorais dans la prise de décisions. Pour assurer l'indépendance, il faudra une planification prudente et efficace, et fixer des repères réalistes, a noté le représentant. Un environnement propice à la sécurité est ainsi un élément essentiel pour la progression vers l'indépendance. De ce fait, l'Australie est préoccupée par les deux attaques contre la Force de l'ATNUTO à la frontière du Timor oriental et par les incidents de sécurité qui ont mené à la suspension des activités du HCR. Le représentant a indiqué que son pays appuie la décision d'entamer la réduction progressive des troupes de l'ATNUTO dans le secteur est. En outre, il a encouragé les Nations Unies à rationaliser le recrutement et les procédures d'achat de la mission.

Le Gouvernement australien s'est engagé financièrement au Timor oriental pour plus de 80 millions de dollars australiens au cours de la dernière année budgétaire et prévoit un engagement de 250 millions pour les quatre ans à venir, à compter de juillet 2000. Il est important, a souligné le représentant, que la communauté internationale continue de fournir une aide à la reconstruction mais aussi pour les dépenses courantes comme la santé et les infrastructures. En effet, puisque la transition vers l'indépendance est tributaire du soutien de la communauté internationale, l'Australie engage la communauté internationale à consolider l'acquis de la Conférence des donateurs de Lisbonne.

M. SUN JOUN-YUNG (République de Corée) a fait observer qu'après 13 mois, la sécurité au Timor oriental est assez stable pour permettre la reconstruction et le développement du territoire. Rendant hommage aux efforts du peuple timorais, à l'action du Secrétaire général et à la coopération du Gouvernement indonésien, M. Joun-Yung a fait état des défis auxquels il faut répondre afin de renforcer la situation au Timor oriental. Il considère que la priorité doit être le développement économique et l'emploi, et qu'à cette fin, il convient d'accélérer les versements au Fonds d'affectation spéciale créé par la Banque mondiale. En outre, il est important d'élargir la participation des Timorais au processus de prise de décisions dans le cadre de l'Administration transitoire des Nations Unies au Timor Oriental (ATNUTO) et des projets de la Banque mondiale. Il est également nécessaire que les priorités à long terme de l'ATNUTO pour la reconstruction du Timor oriental soient établies après consultation du peuple timorais. L'ATNUTO et le gouvernement indonésien doivent prendre des mesures supplémentaires pour assurer le rapatriement des populations et la sécurité des réfugiés, en particulier au Timor occidental où les récentes inondations ont fait de nombreuses victimes et pour répondre aux violences récemment commises dans les camps. Enfin, se félicitant des résultats de la récente Conférence des donateurs, qui s'est tenue à Lisbonne, le représentant a déclaré qu'il est impératif que les Etats contributeurs tiennent leurs engagements. Il a indiqué que son pays participe aux efforts de la communauté internationale au Timor oriental par le versement d'un contingent de 400 soldats de la paix, le versement de 250 000 dollars d'aide humanitaire, une contribution de 400 000 dollars au Fonds d'affectation spéciale de l'ATNUTO, ainsi qu'une contribution de 600 000 dollars à un programme de formation des Timorais, en collaboration avec l'ATNUTO pour une période de 2 à 3 ans à compter de 2001.

M. MICHAEL POWLES (Nouvelle-Zélande) a estimé que l'ATNUTO avait réalisé, depuis sa création, des progrès considérables concernant les aspects sécuritaires et humanitaires de son mandat. Il s'est déclaré préoccupé par les récentes attaques contre les casques bleus ayant notamment blessé un soldat Australien. La Nouvelle-Zélande a actuellement 600 membres patrouillant la frontière ouest du Timor sous la bannière des Nations Unies. Inquiet de la détérioration des conditions de sécurité dans certains camps de réfugiés dans la partie occidentale du Timor, le représentant a appelé à une action du Gouvernement indonésien pour maîtriser les milices du Timor occidental.

M. Powles a salué la proposition de gouvernement de l'ATNUTO et du Conseil national de la résistance timoraise faite à la Conférence des donateurs de Lisbonne la semaine dernière. Elle représente un pas en avant vers la participation des Est-Timorais au gouvernement et vers un partage des responsabilités politiques. Ainsi, il a encouragé l'ATNUTO et le peuple est- timorais à développer des cadres constitutionnels et politiques pour préparer le pays à la pleine indépendance.

M. OLE PETER KOLBI (Norvège) a noté les développement très positifs depuis la création de l'ATNUTO et l'ampleur de la tâche qui reste à accomplir, ce qui frustre les Timorais qui se plaignent parfois de la lenteur du processus. Il a estimé que les efforts doivent être concentrés sur la relance de l'économie et la création d'emplois. La Norvège prie les Nations Unies d'accroître la participation des Timorais orientaux et demande que des efforts soient faits en faveur de la reconstruction. La coopération entre la Banque de développement asiatique et la Banque mondiale pour créer le Fonds d'affectation spéciale est de bon augure. Les projets ne peuvent être durables que s'ils prennent en compte les ressources futures d'un Timor oriental indépendant, a souligné le représentant. Il a prié la communauté des donateurs d'assurer que les annonces de contributions se concrétisent. La Norvège a toujours apporté son plein appui au Timor oriental, et ce bien avant la crise de 1999. Pour le représentant, une question particulièrement

complexe demeure les besoins en matière de sécurité, et c'est pourquoi il a demandé que cet aspect soit traité dès que possible par le Conseil de sécurité afin de mettre en place des mécanismes de sécurité appropriés en vue de l'indépendance.

Répondant aux questions des délégations, M. VIEIRA DE MELLO a indiqué qu'un plan de réduction de la Mission a été soumis au Secrétaire Général adjoint aux opérations de maintien de la paix. Celui-ci prévoierait une réduction, femmes et hommes inclus, de 487 d'ici octobre 2000, de 1050 pour février 2001 et de 1405 d'ici avril 2001. Bien sûr, la situation sera réévaluée à intervalles réguliers, ces chiffres n'étant pas nécessairement définitifs, a-t-il précisé. Outre les conditions de sécurité, il faut s'assurer de la capacité de la police civile de reprendre les fonctions d'ordre public qu'assurent actuellement les militaires au Timor oriental. M. Vieira de Mello a expliqué que des besoins supplémentaires ont été identifiés, notamment dans le domaine du génie civil et des patrouilles dans les eaux territoriales timoraises. La demande de recevoir un exposé militaire avant de prendre des décisions sur la réduction de la force sera dûment prise en compte, a-t-il en outre indiqué. Répondant à la question du représentant des Pays-Bas, il a expliqué que les élections qui auraient lieu l'année prochaine concernent l'institution d'une assemblée constituante. Il serait alors normal de lui permettre, une fois élue, de considérer le texte d'un projet de constitution. Ainsi, la date de l'indépendance ne suivrait pas immédiatement la date des élections.

La coopération avec les forces armées s'est également accrue, a indiqué le Représentant spécial. Un grand nombre d'armes, 600 environ, ont été confisquées dans les camps de réfugiés et les milices ne peuvent plus s'y entraîner. Il importe d'identifier et de transférer hors des camps les éléments extrémistes. M. Vieira de Mello a abordé la question de subvenir aux besoins humanitaires des membres du FALINTIL, et pour ce faire, de demander notamment au Gouvernement du Portugal de fournir une aide bilatérale. Pour ce qui est de la création de la force de défense, le Représentant spécial a indiqué qu'il faudra d'abord attendre une évaluation et voir ensuite quels membres du FALINTIL peuvent intégrer cette nouvelle force.

Le représentant spécial a rappelé que jusqu'à il y a trois mois, il n'y avait pas de budget pour l'ensemble du Timor oriental et il était difficile de se prononcer sur les priorités. Puisque que le budget d'ensemble a été approuvé la semaine dernière à Lisbonne, il a garanti une accélération du taux de décaissement. En ce qui concerne les réfugiés, M. Vieira de Mello a indiqué que le recensement des réfugiés a été suspendu à la suite des incidents dans certains camps, le chiffre de 120 000 réfugiés n'étant qu'une estimation. Il a précisé que près des deux tiers souhaiteraient rentrer dans leur foyer si certaines conditions étaient remplies. Concernant les mesures prises contre le chômage, le recrutement dans la fonction publique représente environ 10 000 emplois. Toutefois, le secteur public ne peut pas résoudre à lui seul la question du chômage et ce sont les programmes de reconstruction qui fourniront des opportunités d'emploi dans les mois à venir. A plus long terme , le secteur privé sera celui qui devra créer les emplois et la promotion des investissements doit être encouragée. Dans ce contexte, la question de la propriété foncière doit être réglée malgré l'absence de registres et de cadastres. M. Vieira de Mello a aussi signalé que les fonds pour les prêts aux petites et moyennes entreprises n'étaient pas suffisants. S'il y a un projet de la Banque mondiale pour 4 millions de dollars, les fonds demandés dépassent 30 millions de dollars. Il a donc proposé d'encourager les grandes entreprises à créer des entreprises conjointes avec les Timorais. Commentant la remarque du représentant du Japon, il a noté que l'ATNUTO ne dispose pas de télévision et précisé qu'elle essaye d'utiliser d'autres moyens pour diffuser des informations. Les dirigeants timorais ont en outre indiqué leur souhait de voir les termes de l'accord sur l'exploitation des fonds marins renégociés par l'ATNUTO pendant la phase de transition.

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