LE MAINTIEN DU TRAITE ABM SUR LES MISSILES BALISTIQUES A ETE EVOQUE A LA COMMISSION DU DESARMEMENT
Communiqué de Presse
CD/200
LE MAINTIEN DU TRAITE ABM SUR LES MISSILES BALISTIQUES A ETE EVOQUE A LA COMMISSION DU DESARMEMENT
20000626La Commission du désarmement a poursuivi cet après-midi son débat général au cours duquel le succès de la Conférence dexamen des Parties au Traité sur la non prolifération des armes nucléaires, qui sest tenue au Siège du 24 avril au 19 mai derniers, a été souligné par la plupart des délégations qui ont estimé que le document final de la Conférence peut servir de base de travail à la Commission. Pour la première fois depuis 15 ans,la Conférence a été en mesure dadopter un document final par lequel les Etats dotés de larme nucléaire sengagent à procéder à lélimination de leurs arsenaux nucléaires. Plus nous renforcerons ces processus dexamen, plus nous renforcerons le processus de désarmement, a précisé le représentant de la Fédération de Russie qui a ajouté quil ne serait toutefois pas judicieux de prendre de nouvelles initiatives dans le domaine du désarmement nucléaire. Le processus de réduction des armes nucléaires doit se faire dans le respect des accords conclus et notamment du Traité ABM sur les missiles antimissiles balistiques. Il a rappelé que son pays a proposé, comme alternative aux amendements souhaités par les Etats-Unis, la création dun système mondial de contrôle de la prolifération des missiles et la mise en place de modalités de coopération internationale dans le domaine des missiles non-stratégiques.
Pour ce qui est des mesures de confiance dans le domaine des armes classiques, le commerce illicite des armes légères a été identifié comme la question la plus pressante. Pour certains intervenants, elle exige la coordination des efforts internationaux ainsi quun examen complet des aspects économique, militaire et politique de ce phénomène en particulier ceux touchant aux besoins de légitime défense des Etats. Certains, tout en apportant leur soutien à la convocation en 2001 de la Conférence sur le commerce illicite des armes légères, ont estimé quil serait prématuré de réglementer leur commerce en invoquant le droit des Etats à assurer leur propre défense. Lexpérience européenne, notamment dans le cadre de lOSCE, a été citée à plusieurs reprises comme modèle à suivre.
Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Bangladesh, Fédération de Russie, Chine, Ukraine, Bélarus.
La Commission poursuivra son débat général demain 27 juin à 10 heures.
Suite du débat général
M. SHAMIM AHMED (Bangladesh) a déclaré que pour son pays le désarmement est un instrument dimportance vitale pour garantir la sécurité internationale. Le Bangladesh est favorable à un désarmement complet et général. Même si la situation nest pas parfaite, il se dégage désormais un consensus international croissant en faveur de lélimination des armes de destruction massive et à cet égard lengagement déliminer les armes nucléaires pris sans équivoque, lors de la récente Conférence dexamen du Traité de non-prolifération, par les 5 puissances nucléaires est rassurant. Sil est respecté dans la lettre et lesprit, cet engagement constituera un pas majeur vers lémergence dun monde libéré du danger nucléaire, tout comme laccord récemment obtenu lors des négociations en vue dun Traité dinterdiction des matières fissiles. Le représentant a également jugé de la plus grande importance que le Traité dinterdiction complète des essais nucléaires soit accepté de manière universelle. Pour cela, il est essentiel que les trois puissances nucléaires qui ne lont pas encore ratifié déposent rapidement les instruments de ratification. Pour sa part, le Bangladesh la ratifié en début dannée. Lune des préoccupations principales du Bangladesh tient toutefois aux lourdes obligations financières qui lui reviendraient ainsi quaux pays les moins avancés en relation avec la mise en oeuvre de ce Traité.
En matière darmes classiques, le Bangladesh met laccent sur la transparence et à cet égard il a déjà fourni les informations nécessaires à linclusion au Registre des Nations Unies. La disponibilité et les ventes des petites armes sont devenues lun des soucis majeurs actuellement. Celles-ci sont responsables de près de 90% des victimes des conflits armés, qui sont principalement des femmes et des enfants. Le Bangladesh espère que la tenue, lannée prochaine dune Conférence sur les aspects du trafic illicite de petites armes permettra davancer vers un consensus mondial sur un problème dune telle urgence et dune telle importance. Aujourdhui le désarmement régional présente de nouveaux défis, a également expliqué le représentant. Cest pourquoi, les activités menées au niveau régional par les Nations Unies, grâce aux centres pour la paix et le développement revêtent une importance considérable. Ces centres devraient donc recevoir tout lappui financier et humain dont ils ont besoin pour promouvoir activement les dialogue en faveur du désarmement. Or, le Bangladesh est déçu de voir que malgré ses requêtes multiples le centre pour lAsie et le Pacifique na toujours pas été déplacé à Katmandou et continue dêtre dirigé depuis New York. Cette situation ne trouve pas dexplication valable et le représentant a demandé au Département du désarmement de régler ce problème de manière urgente. Il a estimé essentiel de transférer les ressources allouées à larmement vers le développement. Une petite réduction des budgets de défense peut en effet contribuer grandement au développement, notamment dans le cas des grandes puissances dont une petite partie des dépenses militaires pourrait faire une grande différence si elle était réorientée vers les pays en développement. Le désarmement ne doit pas être vu comme une fin en soi. La noble ambition de sauver lhumanité du fléau de la guerre devrait aussi viser à élever la majorité des êtres humains de labysse de pauvreté et de sous-développement dans lequel elle se trouve, a conclu le représentant.
M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie)a déclaré que lélimination complète des armes nucléaires est lun des objectifs les plus importants de la Fédération de Russie. Le représentant a plaidé en faveur dun vaste mouvement international qui sinscrirait de façon organique au sein dune structure internationale juste dont le travail repose sur la confiance mutuelle et légalité de tous les Etats. Comme la dit le Président Poutin, la Russie est déterminée à respecter ses obligations contractées dans le cadre des accords passés au cours des dernières décennies. Le représentant sest félicité des résultats obtenus par la Conférence dexamen du TNP. Plus nous renforcerons ces processus dexamen, plus nous renforceront le processus de désarmement. Le représentant a rappelé quen avril dernier son pays a ratifié START II quil a qualifié doutil le plus important dans le domaine des armes stratégiques, ouvrant ainsi la porte à des négociation sur START III. Nous avons entériné le principe de réduction des armes stratégiques et nous sommes persuadés que les Etats-Unis feront de même, a souligné M. Lavrov.
Le représentant a évoqué laccord ABM sur les missiles antimissiles balistiques signé entre les Etats-Unis et la Fédération de Russie en 1972. Il a estimé quil ne serait pas judicieux de prendre de nouvelles initiatives dans ce domaine. Pour ce qui est des négociations sur un traité dinterdiction de matières fissiles, M. Lavrov a annoncé lintention de son Gouvernement de prendre part à ces discussions au sein de la Conférence du désarmement. Nous avons mis en oeuvre un programme de fermeture des installations de production de matières fissiles. Tous doivent comprendre toutefois que le processus de réduction des armes nucléaires doit se faire dans le respect des accords conclus et notamment du Traité ABM. Cet accord va au-dela dun simple accord entre pays en ce quil a des incidences sur la sécurité internationale. Le non-respect de cet accord entraînera leffondrement de tous les accords de désarmement. Comme solution de rechange, la Russie a proposé un grand nombre dinitiatives comme notamment la création dun système mondial de contrôle de la prolifération des missiles et la mise en place de modalités de coopération internationale dans le domaine des missiles non-stratégiques. Ces deux éléments reflètent lidée que se fait la Russie de la lutte antimissile et ne porte pas atteinte aux accords conclus. Pour ce qui est des armes classiques, M. Lavrov a appuyé la convocation dune Conférence sur le commerce illicite des armes légères tout en estimant quil était prématuré de réglementer leur commerce. Le représentant a évoqué à cet égard le droit des Etats à assurer leur propre défense. Il a estimé que lexpérience européenne pourrait servir dexemple et il sest dit en faveur dune coopération internationale très large pour réduire la prolifération et le transfert des armes classiques. Il a demandé lélaboration de méthodes communes. Lorsque les lois nationales ne sont pas adéquates, les Etats devraient recourir aux outils internationaux comme les Accords de Vienne élaboré dans le cadre de lOSCE.
M. SHEN GUOFANG (Chine) a estimé que dans latmosphère de sécurité internationale toujours instable qui règne encore aujourdhui, les questions de contrôle des arnes et du désarmement ont souffert de sérieux revers. Un certain Etat par exemple a refusé de ratifier le Traité dinterdiction complète des essais nucléaires, jetant ainsi le doute sur son entrée en vigueur. De manière assez ironique, ceci nempêche pas lEtat en question de faire pression pour la négociation et la conclusion de ce Traité, a fait remarquer le représentant. En dépit dune forte opposition internationale, le même Etat développe parallèlement des systèmes de défense antimissiles mettant en danger léquilibre stratégique mondial et la stabilité régionale. Ce pays menace même de se retirer du Traité sur les missiles antimissiles ballistiques, épine dorsale des efforts en matière de contrôle des armements. Lélan né de la fin de la Guerre Froide a donc été sévèrement affaibli. La délégation chinoise maintient que la coopération de chacun sur un pied dégalité est essentielle à la réalisation de progrès dans le domaine du désarmement. Cest aussi un élément essentiel du nouveau concept de sécurité prôné par la Chine qui repose sur la confiance mutuelle, le bénéfice mutuel, légalité et la coopération. Tous les pays, pauvres ou riches, ont en effet le droit à la sécurité et le désarmement ne devrait pas devenir le moyen pour les nations les plus fortes de contrôler les pays plus faibles. Il est donc plus que jamais besoin de la Commission du désarmement. En matière de désarmement nucléaire, certains développements positifs sont intervenus depuis la dernière session de la Commission. Le principe de lirréversibilité est un élément fondamental de la réussite du désarmement nucléaire. Cest pourquoi les ogives nucléaires doivent être détruites et non pas stockées pour un éventuel redéploiement. La Chine demande à tous les pays concernés daccéder au Traité dinterdiction complète des essais nucléaires et au Traité de non-prolifération des armes nucléaires. La ratification en est actuellement à lexamen devant le Parlement chinois. Lun des meilleurs moyens dinstaurer la confiance est de sengager sans condition et de manière contraignante à ne pas utiliser larme nucléaire et à ne pas menacer dutiliser larme nucléaire contre des pays et des régions qui en sont exempts. Parallèlement, la Chine appuie les efforts en vue de la négociation et de la conclusion dun Traité sur linterdiction des matières fissiles. Toutefois, elle estime que lorsquun pays développe un système de défense anti-missiles dans lespace extra-atmosphérique, il est plus urgent de prévenir toute course à larmement dans ce domaine. Par conséquent, la question du Traité sur linterdiction des matières fissiles devrait être envisagée de manière mesurée par la Commission.
La Chine appuie fermement les mesures détablissement de la confiance mutuelle pour ce qui est du désarmement classique, a poursuivi le représentant. Toutefois ces mesures ne devraient pas nuire à la sécurité des pays concernés. Elles ne devraient pas non plus être discutées de manière abstraite. Il faudrait davantage examiner des mesures concrètes assorties dun calendrier et de conditions particulières en recherchant le consensus plutôt que la mise à lécart de quelques-uns. On pourrait, par exemple, commencer par une phase dapproche en mettant en oeuvre les mesures les plus simples, telles que le recours à des politiques de défense nationale réellement défensives en cela quelles maintiendraient larmement à un niveau raisonnable. Le représentant a également indiqué que de son côté, la Chine a multiplié les initiatives de bon voisinage et de construction de la confiance avec plusieurs de ses voisins.
M.VALERYI KUCHYNSKI (Ukraine) sest dit encouragé par les résultats de la Conférence dexamen du TNP. Pour la première fois, tous les Etats nucléaires ont fait preuve dun engagement unilatéral à éliminer leurs arsenaux. Le représentant sest également félicité de la ratification par le Parlement russe de START II et de lensemble de mesures relatives au traité ABM. Ce développement donnera un nouvel élan au processus international de désarmement nucléaire et nous souhaitons que les Etats-Unis suivent lexemple de la Fédération de Russie en ratifiant cette série de mesures. Cette ratification ouvrira la voie à START III. Le représentant a souligné la préoccupation que lui inspire la situation actuelle concernant le Traité ABM sur les missiles antimissiles balistiques. Le processus de limitation des armes stratégiques et le maintien de la stabilité stratégique dans le monde dépend du respect de ce Traité. Le Traité ABM est la pierre angulaire de la stabilité dans le monde sans lequel le processus de limitation des armes stratégiques offensives engagé avec START II ne serait pas possible. Le représentant a fait part de lintention de son Gouvernement de ratifier le Mémorandum daccord relatif au Traité ABM signé en 1996 à New York. Le représentant a souligné la nécessité de renforcer les accords existants et pour cela il est impératif daccroître lefficacité du Traité de non-prolifération des armes nucléaires et dobtenir son universalité. Le maintien du club des Etats nucléaires est inacceptable. Le représentant a également indiqué que son Gouvernement attache une attention particulière à la question dun moratoire sur les essais nucléaires. Nous appelons les Etats dont la ratification est nécessaire à lentrée en vigueur du TICE à le ratifier le plus rapidement possible. Pour ce qui est des mesures de confiance dans le domaine des armes classiques, le représentant a estimé que le problème le plus pressant qui se pose aujourdhui est celui du commerce illicite des armes légères. Cette question exige la coordination des efforts internationaux ainsi quun examen complet des aspects économiques, militaire et politique de ce phénomène en particulier ceux touchant aux besoins de légitime défense des Etats. Nous soutenons les mesures mises en oeuvre par lUnion européenne ainsi que les activités du Forum de lOSCE pour la coopération dans le domaine de la sécurité. Pour sa part, lUkraine a développé un système efficace de contrôle des exportations et des importations des armes classiques, y compris des armes légères. Le représentant a rappelé linitiative de son pays présentée au Conseil de sécurité en septembre dernier visant lorganisation dune conférence des fournisseurs principaux darmes.
5 M. A. SYCHOV (Bélarus) a estimé que la session actuelle de la Commission peut donner une fois de plus aux Etats Membres loccasion de démontrer leur capacité de coopération et de compromis. Le travail de cette année ne seffectuera pas à partir de rien mais aura pour base le document de clôture de la Conférence dexamen du Traité de non-prolifération des armes nucléaires, a-t-il fait observer. Ce document montre le chemin à suivre de la manière la plus immédiate. La première étape est la ratification et lentrée en vigueur du Traité dinterdiction complète des essais nucléaires, que de son côté le Bélarus a déjà ratifié. A cet égard, le représentant a formé lespoir que le Congrès des Etats- Unis ratifiera cet accord très important pour le désarmement nucléaire. Premier Etat au monde à avoir renoncé aux armes nucléaires, le Bélarus estime quil est important dapporter des garanties de sécurité aux Etats non-nucléaires. Il estime quil faudra envisager une Convention sur ce point. Le représentant sest félicité des succès de START II et a souhaité la prompte négociation de START III. Il sest inquiété du déploiement dun plan de défense nationale allant à lencontre du Traité ABM. Cela pourrait remettre en cause le difficile équilibre mis en place depuis des décennies, a-t-il averti. Sagissant du Traité dinterdiction des matières fissiles, il a jugé important denvisager la question sous tous ses aspects.
De manière générale, le Bélarus estime que le désarmement nucléaire doit être appuyé par des mesures de non-prolifération comme notamment linstauration des zones exemptes darmes nucléaires. Linitiative visant à créer un tel espace en Europe centrale et orientale est à cet égard importante et mérite dêtre soutenue. M. Sychov a souhaité que les obstacles à sa conclusion seront bientôt levés, car, a-t-il fait remarquer, cette intiative ne porte préjudice à aucun des pays de la région. Transparence, irréversibilité, réduction des armes nucléaires dans les doctrines de défense, diminution des armes et obligations en vue déliminer les stocks darmes nucléaires doivent être la marque de toutes les mesures prises par la communauté internationale en matière darmes nucléaires, a aussi insisté le représentant.
En ce qui concerne les armes classiques, les mesures établissant de la confiance doivent saccompagner daccord politico-militaires. Les accords intervenus au sein de lOSCE font figure dexemple à cet égard. Malgré les très lourdes charges financières qui lui incombaient, le Bélarus a dans ce cadre respecter pleinement ses obligations et a détruit près de 10% de son armement classique, a précisé M. Sychov. Il a espéré que les travaux de la Commission permettront de trouver un équilibre juste entre les intérêts des Etats et les exigences de sécurité.
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