LA TORTURE EST UN CRIME CONTRE L'HUMANITE QUE RIEN NE SAURAIT JUSTIFIER ET QUE DOIT COMBATTRE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL
Communiqué de Presse
SG/SM/7461
OBV/147
LA TORTURE EST UN CRIME CONTRE L'HUMANITE QUE RIEN NE SAURAIT JUSTIFIER ET QUE DOIT COMBATTRE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL
20000623M. Kofi Annan réaffirme la protection juridique des instruments internationaux en faveur des victimes de la torture
Vous trouverez ci-dessous le message du Secrétaire général à l'occasion de la Journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture, le 26 juin
La torture est un des actes les plus vils que l'être humain puisse commettre; c'est aussi une des violations des droits de l'homme les plus insidieuses. Pratiquée dans le plus grand secret, elle n'a pour témoins que ceux qui croupissent dans des cellules avoisinantes et risquent d'en être les prochaines victimes. Trop honteuses ou trop traumatisées pour parler, les victimes de la torture craignent souvent aussi de subir d'autres sévices si elles cherchent à se faire entendre. Alors qu'elles meurent souvent de suites de leurs blessures, leurs tortionnaires bénéficient, pour leur part, de conspirations du silence et des mécanismes juridiques et politiques des États qui pratiquent la torture. Même lorsque des cas de torture sont révélés au grand jour, les enquêtes sont souvent entravées par ceux qui estiment qu'elles feraient inutilement ressortir des horreurs appartenant à un passé très lointain et que des poursuites pourraient déstabiliser une société, en particulier une démocratie fragile. C'est ainsi que la torture perdure comme moyen de répression; c'est ainsi que la torture sert à intimider délibérément le public, notamment les courageux avocats, journalistes, ONG et autres qui essaient de combattre les abus; et c'est ainsi que l'impunité prend racine.
Telle est précisément la raison pour laquelle la communauté internationale doit rester ferme dans sa lutte contre la torture. Tout autant que la paix et le développement, l'Organisation des Nations Unies défend le droit de vivre à l'abri de la torture et d'autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, et oeuvre pour que les auteurs de tels crimes soient traduits en justice.
La lutte contre la torture est menée sur de nombreux fronts. La Charte des Nations Unies, la Déclaration universelle des droits de l'homme, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et, en particulier, la Convention contre la torture, fournissent une protection juridique. Le Statut de la Cour pénale internationale qualifie la torture de crime contre l'humanité. L'éducation est un autre pilier de la lutte contre la torture. Les programmes d'assistance technique mis en place par l'ONU aident les pays à créer des infrastructures nationales pour la protection et la promotion des droits de l'homme et à former les agents de l'État, notamment les membres des forces de police et le personnel judiciaire, pour qu'ils prennent conscience de leurs responsabilités en matière de défense des droits de l'homme. En outre, le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme a renforcé sa collaboration avec diverses autres entités du système des Nations Unies, dont le Comité contre la torture, le Rapporteur spécial et le Programme des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale.
Tout en nous efforçant de prévenir la torture, nous devons faire tout notre possible pour venir en aide aux victimes. En 1999, le Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour les victimes de la torture a versé des dons d'une valeur totale de plus de 5 millions de dollars à 130 organisations qui accordent notamment une aide juridique et humanitaire à quelque 60 000 victimes dans le monde entier. Le Fonds, alimenté exclusivement par des contributions volontaires, est de plus en plus sollicité. J'engage donc les gouvernements, les organisations privées, les institutions et les particuliers à y contribuer généreusement.
Nous devons tous lutter contre la torture et pour la justice. Alors que nous continuons d'édifier une communauté internationale fondée sur la conscience, la responsabilité et l'action collective, il est bon de rappeler la question posée par Fiodor Dostoïevski dans Les Frères Karamazov : Imaginez que vous êtes en train de tisser la toile de la destinée humaine, l'ultime objectif étant de rendre les gens heureux et de leur faire goûter enfin paix et repos, mais que, pour ce faire, il soit essentiel et inévitable de torturer à mort une minuscule créature ... Le feriez-vous? Notre réponse doit être un "non" ferme et catégorique. Le tissu de la destinée humaine au XXIe siècle doit être fondé sur la dignité et les droits de l'homme pour tous.
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