LE COMITE CHARGE DES ONG RECOMMANDE LA SUSPENSION, POUR TROIS ANS, DU STATUT CONSULTATIF D'"ASOPAZCO", UNE ONG CHARGEE DE LA PROMOTION DES DROITS DE L'HOMME
Communiqué de Presse
ONG/362
LE COMITE CHARGE DES ONG RECOMMANDE LA SUSPENSION, POUR TROIS ANS, DU STATUT CONSULTATIF D"ASOPAZCO", UNE ONG CHARGEE DE LA PROMOTION DES DROITS DE L'HOMME
20000623Le Comité a, ce matin, décidé de recommander la suspension, pour trois ans, du statut consultatif de lONG ASOPAZCO. Pour ce faire, il a du recourir à un vote par appel nominal par lequel 11 délégations se sont déclarées pour (Algérie, Bolivie, Chine, Colombie, Cuba, Éthiopie, Liban, Pakistan, Russie, Soudan, Tunisie), 5 contre (Chili, France, Allemagne, Roumanie, États-Unis) et deux se sont abstenues (Inde, Turquie). Comme il en avait été convenu mercredi après- midi, le Comité reprenait ainsi son examen de la plainte déposée par la délégation de Cuba contre lorganisation non gouvernementale ASOPAZCO. Reçue ce matin, la réponse dASOPAZCO aux questions du Comité demandait notamment de différer lexamen de son cas afin de lui offrir la possibilité de se défendre personnellement.
Nous avons donné à lorganisation toutes les chances possibles de se défendre, elle a eu tout le temps nécessaire pour apporter des réponses et se présenter devant le Comité, a déclaré la représentante de Cuba tout en soulignant quil nappartenait pas aux ONG de dicter la conduite du Comité. Le système de statut consultatif a été créé pour offrir aux Nations Unies la possibilité dobtenir la contribution des ONG. Mais il ne peut en aucun cas être utilisé à dautres fins, notamment à des fins politiques. La représentante a rappelé que la plainte a été déposée en raison du comportement offensif des membres de lONG, et non pas en raison de leurs activités de défense des droits de lhomme. Pour elle, lONG na pas répondu aux allégations formulées. Sa réponse souligne notamment que le Gouvernement de Cuba a fait des violations des droits de l'homme une spécialité et cette remarque préjuge du comportement dun État Membre. La représentante a précisé que cest dans le cas dASOPAZCO que Cuba demande que des mesures soient prises, non pas pour lONG United Towns Association for North South Cooperation, pour laquelle elle a en revanche demandé un rapport spécial. Le Comité doit veiller à ce que les ONG se plient aux conditions établis dans la résolution 1996/31 et, lorsquil y a une violation grave de celle-ci, des mesures doivent être prises, a-t-elle insisté. Sétant déclaré disposée à faire preuve de souplesse, la délégation cubaine a demandé la suspension, au lieu du retrait, du statut consultatif de lONG pour trois ans. Le représentant de la Chine a lui aussi estimé que le comportement de cette ONG constitue une violation de la résolution 1996/31. Pour le représentant du Liban, lONG a été parfaitement informée du fait que son cas allait être examiné à cette session : elle ne sest toutefois pas présentée devant le Comité.
Le représentant de lAllemagne, appuyé par le représentant de la France, a rappelé la pratique du Comité qui est de donner suffisamment de temps aux ONG pour réagir. Il a donc suggéré dagir plus tard lorsque lONG aura eu suffisamment de temps pour répondre aux allégations de la délégation cubaine. De même, la représentante du Chili a réitéré sa demande pour que lONG se voit accorder plus de temps pour se présenter devant le Comité.
Au vu du sérieux de cette question, le représentant de lAllemagne a indiqué que le délai de 48 heures donné à lONG nétait pas suffisant. Il a de ce fait demandé lajournement de la question en discussion en vertu de larticle 50 du Règlement intérieur du Conseil économique et social. Une fois invoquée par une délégation, cet article nautorise que deux représentants favorables et deux représentants opposés à la motion à prendre la parole. Toutefois, en raison dune motion dordre du Pakistan, invoquant, quant à lui, les articles 49 et 52 du Règlement intérieur, le Comité a du suspendre la séance avant dentendre les quatre interventions autorisées par lArticle 50.
Ainsi, le représentant de Cuba a souligné quaccepter la proposition de lAllemagne signifie que le Comité autorise cette ONG à intervenir encore pour une année et à nuire à la crédibilité des autres ONG qui oeuvrent vraiment pour les droits de lhomme. Il a invité les délégations a voté contre la motion présentée par lAllemagne. La représentante de lAlgérie sest, à son tour, déclarée contre la motion. Les représentants de la France et des États-Unis se sont prononcés en faveur de lajournement de cette question.
Par un vote par appel nominal demandé par Cuba, le Comité a donc voté sur la motion de non-action présentée par lAllemagne. Douze délégations se sont prononcées contre (Colombie, Cuba, Éthiopie, Inde, Liban, Pakistan, Russie, Soudan, Tunisie, Algérie, Bolivie, Chine), cinq pour (France, Allemagne, Roumanie, États-Unis, Chili) et deux se sont abstenues (Sénégal, Turquie).
Le Comité a ensuite procédé au vote sur la proposition de Cuba demandant la suspension du statut consultatif dASOPAZCO pour trois ans. Après ce vote, les délégations ont expliqué leur positions respective. Le représentant du Pakistan a déclaré quaprès de si longs débats, il aurait préféré que le Comité puisse prendre sa décision par consensus, afin quelle ait plus de poids. Il sest exprimé en faveur de la proposition de Cuba. Le représentant du Liban a expliqué son vote en faveur de la suspension pour 3 ans du statut consultatif en rappelant que cest en mai dernier que la délégation cubaine a présenté sa plainte. LONG a donc eu assez de temps pour se présenter devant le Comité et répondre aux questions posées. De plus, les réponses envoyées ce matin ont clairement montré quelle cherche non seulement à échapper à ces questions mais aussi se livre à des activités non conformes à la résolution 1996/31.
Rappelant quils prenaient très au sérieux la plainte de Cuba, les représentants de lAllemagne des États-Unis, du Chili et de la France ont contesté la manière dont elle a été déposée. Ils ont rappelé que la demande de retrait du statut consultatif navait été formulée quil y a deux jours alors que celle de la suspension pour 3 ans avait été faite ce matin même seulement. Selon eux, l'occasion n'a pas été donnée à l'ONG de se présenter en personne devant le Comité ni assez de temps pour qu'elle réponde réellement aux questions posées. Cest pourquoi, ils ont indiqué quils voteraient contre la proposition cubaine, tout en réitérant leur attachement à la prise de décision par consensus au sein du Comité. Le représentant de la Turquie sest, pour sa part, dit convaincu que les ONG ne doivent pas abuser de leur statut et sur ce point il partage pleinement la préoccupation de la délégation cubaine. Il sest abstenu en raison du fait que lorganisation na pas eu le temps de répondre et que les délégations nont pas eu assez de temps pour examiner ce dossier.
Faisant des remarques dordre général, la représentante de Cuba a déclaré quelle aurait préféré que la décision eût été prise par consensus. Toutefois dans nimporte quel cas où il est prouvé quune ONG a des activités terroristes ou a un comportement non conforme à la résolution 1996/31, le Comité doit agir de manière très énergique. Il doit avoir une position cohérente à chaque fois.
Lobservatrice du Japon a rappelé que selon les dispositions de la résolution 1996/31, lONG doit recevoir des explications concernant la décision prise et doit se voir donner loccasion de répondre. Ce à quoi, la représentante de lAlgérie a répondu que les membres du Comité ont pleine conscience et parfaite connaissance des procédures et de la résolution 1996/31.
Le représentant de la Fédération de Russie a insisté sur le fait quune ONG ne doit jamais abuser de son droit et mépriser les règles.
Le Comité poursuivra ses travaux cet après-midi, à 15 heures. Lettre reçue de lONG par le Comité
Dans sa lettre envoyée au Comité, Mme Martinez Nieto, représentante de ASOPAZCO, déclare quil lui est impossible dêtre à New York dans les 48 heures. Je suis plus que lasse de la mauvaise volonté de Cuba à légard de mon organisation et je suis presque prête à renoncer au statut consultatif, ajoute-t- elle. Elle précise quASOPAZCO est une organisation exclusivement espagnole dont le siège social a toujours été Madrid et non pas Genève. Les activités dASOPAZCO ont toujours cherché à exiger le respect des droits de lhomme. Il est vrai que lorganisation travaille en particulier à Cuba, mais cest aussi parce que lEspagne est la terre dasile de nombreux cubains. La lettre indique encore que M. Bandiez est représentant dASOPAZCO à Genève parce quil y vit. Nous nous sommes battus pour le retour de la démocratie en Argentine, au Guatemala et au Nicaragua, insiste-t-elle. ASOPAZCO accorde une accréditation à toutes les personnes qui ont fait un travail conforme à la déclaration universelle des droits de lhomme. Les États Membres ont-ils le droit dinsulter les membres des ONG qui ne leur plaisent pas, conclut la lettre, soulignant que le travail des ONG est beaucoup plus dur et ingrat que ce que lon simagine.
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