CONSEIL DE SECURITE : L'INTEGRATION DES BALKANS A L'EUROPE, GAGE DE STABILITE DANS LA REGION
Communiqué de Presse
CS/2007
CONSEIL DE SECURITE : L'INTEGRATION DES BALKANS A L'EUROPE, GAGE DE STABILITE DANS LA REGION
20000623Le Conseil rejette la demande de la République fédérale de Yougoslavie de participer au débat
L'établissement d'un cadre politique solide pour l'ensemble de la région des Balkans permettant son intégration à l'Europe comme vecteur de stabilité à long terme et de redressement économique a été préconisé ce matin au Conseil de sécurité par M. Carl Bildt, Envoyé spécial du Secrétaire général pour les Balkans. L'avenir de la République fédérale de Yougoslavie (RFY), en particulier, a été identifié par M. Bildt comme la question la plus urgente. La région ne connaîtra pas de stabilité tant que les structures actuelles de la RFY ne seront pas viables, a-t-il expliqué en évoquant les risques de désintégration territoriale qui pèsent sur la RFY à la lumière de la crise institutionnelle entre le Monténégro et le pouvoir central de Belgrade. Cette analyse a trouvé écho auprès de M. Javier Solana, Secrétaire général du Conseil de l'Union européenne et Haut Représentant pour la politique étrangère et la sécurité commune de l'Union, qui a expliqué que l'objectif de l'Union européenne vise une plus grande intégration des pays de la région des Balkans aux activités économiques et politiques de l'Europe, par le biais notamment du Pacte de stabilité de l'Union. Il a expliqué que l'appui aux processus électoraux à venir, un soutien aux représentants de la société civile, en particulier en RFY, et la promotion de la coopération régionale, notamment dans les domaines de la criminalité organisée et de l'immigration illégale, constituent les priorités de l'Union européenne.
Un grand nombre de délégations ont également perçu l'avenir de la région comme étant indissociable des relations qu'entretiennent entre eux les Etats qui la composent. Il a été précisé que le maintien du régime de Belgrade constitue un obstacle à l'amélioration de la situation de la RFY. Si les développements en Croatie ont été jugés particulièrement encourageants, en revanche la poursuite des affrontements ethniques au Kosovo et en Bosnie-Herzégovine ont constitué une autre source de préoccupation. Le retour des réfugiés, le renforcement des institutions communes et le développement économique des Balkans ont été perçus comme des éléments essentiels à la pleine mise en oeuvre des Accords de Dayton. La France a proposé la tenue d'un sommet entre l'Union européenne et les pays des Balkans occidentaux qui se trouvent à des étapes avancées dans leur évolution démocratique.
Auparavant, le Conseil avait rejeté à l'issue d'un vote la demande de participation du Représentant de la République fédérale de Yougoslavie (RFY) à son débat. Le représentant des Etats-Unis qui a voté contre cette demande a invoqué les résolutions des Nations Unies qui consacrent le fait que la République socialiste fédérale de Yougoslavie n'est plus membre des Nations Unies. La RFY ayant refusé de se constituer en Etat successeur à l'instar des autres Républiques des Balkans, la participation d'un de ses représentants est injustifiable, a estimé le représentant en ajoutant que le Conseil ne saurait, en outre, donner la parole au représentant d'un pays dont les dirigeants sont poursuivis par le Tribunal international pour l'ex-Yougoslavie pour crime contre l'humanité. Le représentant de la Fédération de Russie a, en revanche, insisté sur les dispositions de la Charte des Nations Unies qui autorisent un Etat membre ou non membre de l'ONU à faire connaître sa position sur un différend dont il est partie. Il a jugé que la décision du Conseil constitue un précédent dangereux et regretté qu'une nouvelle fois, le Tribunal pour l'ex-Yougoslavie soit utilisé à des fins politiques.
Les représentants des pays membres du Conseil suivants ont pris la parole: Etats-Unis, Chine, Jamaïque, Canada, Bangladesh, Malaisie, Ukraine, Argentine, Tunisie, Royaume-Uni, Pays-Bas et Namibie. Les Etats membres suivants ont également fait des déclarations: Portugal au nom de l'Union européenne, Norvège, Japon, Bulgarie, Slovénie, Autriche, Ex-République yougoslave de Macédoine, Bélarus, Pakistan, Albanie, Bosnie-Herzégovine, Iraq et Croatie.
- 2 - CS/2007 23 juin 2000
Question de procédure sur la participation du Représentant de la République fédérale de Yougoslavie (RFY) au débat du Conseil
Avant le débat, le Conseil s'était prononcé sur une question de procédure concernant les demandes de participation présentées par des Etats non membres et des personnalités conformément aux articles 37 et 39 du règlement intérieur. La demande du Représentant du Gouvernement de la République fédérale de Yougoslavie (RFY) ne se fondant sur aucun de Ces articles, le Président du Conseil a proposé une procédure en trois étapes consistant à se prononcer d'abord sur les demandes fondées sur l'article 37, puis sur l'article 39 et enfin sur la demande du Représentant de la RFY. Cette procédure a rencontré l'opposition de la Fédération de Russie qui a souhaité que le Conseil se prononce en bloc sur toutes les demandes de participation. Mise aux voix, la proposition russe a été rejetée par 10 voix contre, 4 voix pour (Chine, Namibie, Fédération de Russie et Ukraine) et 1 abstention (Jamaïque). Prenant la parole à la suite de ce vote, le délégué des Etats-Unis s'est opposé à ce que le Conseil entende un représentant de la RFY qui représente un gouvernement dont les dirigeants ont été condamnés pour crime contre l'humanité par un Tribunal créé à l'unanimité par le Conseil. Le Conseil ne peut donner la parole aux représentants d'un régime qui maintient une politique d'oppression et d'extrémisme et alimente les guerres dans les Balkans depuis plus de dix ans, a dit le représentant en proposant que la demande de participation du représentant de la RFY soit mise aux voiX.
Le représentant de l'Ukraine a lui rappelé que depuis le début de l'année, le Conseil a changé ses méthodes de travail comme en témoigne l'invitation faite aux belligérants en République démocratique du Congo, y compris aux rebelles. L'Ukraine, a dit le représentant, appuie cette nouvelle tendance qui ne peut qu'améliorer l'influence du Conseil sur le terrain. Il a relevé une certaine contradiction entre cette tendance et la proposition de rejet de la demande du représentant de la RFY, partie aux Accords de Dayton. Il a rappelé les dispositions de l'article 32 de la Charte qui permet à tout Etat partie à un différend de participer aux discussions relatives à ce différend. Mise aux voix, la demande de participation de la RFY a été rejetée par 7 voix contre, 4 voix pour (Chine, Fédération de Russie, Namibie et Ukraine) et par 4 abstentions (Argentine, Jamaïque, Mali et Tunisie). Expliquant son vote, le représentant de la Chine a rappelé, à son tour, que la RFY est un pays important dans la région des Balkans et un Etat partie aux Accords de Dayton. En aucun cas, a estimé le représentant, l'exclusion de ce pays ne saurait contribuer à la recherche de solutions. Le Conseil ne peut priver un Etat souverain de son droit, reconnu par la Charte, de faire connaître sa position.
Pour sa part, le représentant de l'Argentine a expliqué son abstention par les doutes que sa délégation nourrit au sujet de la procédure surtout, a-t-il dit, lorsque l'on tient compte des précédents notamment celui du mois de décembre. A son tour, le représentant de la France a expliqué son vote en qualifiant d'inopportune la participation d'un représentant de la RFY à cette séance du Conseil. Il a dit ne pas écarter la possibilité pour un représentant de la RFY de prendre un jour part à une réunion et ajouté que le vote de sa délégation est sans rapport avec le statut de la RFY aux Nations Unies qui est une question de fond réglée par les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale. Le représentant de la Fédération de Russie a regretté que certains pays essayent d'exclure la RFY de l'ensemble du processus du règlement dans les Balkans, en violation flagrante de l'esprit et de la lettre de la Charte des Nations Unies. Le représentant a jugé quelque peu gênant de devoir rappeler aux membres du Conseil l'article 31 de la Charte qui accorde le droit à la RFY tout comme aux autres Etats membres de l'ONU de participer sur un pied d'égalité au débat du Conseil. La RFY est un pays dont les intérêts sont directement liés à l'examen de la question présentée aujourd'hui, a souligné le représentant avant d'invoquer aussi l'article 32 de la Charte qui stipule que même des Etats non membres des Nations Unies ont le droit de participer aux discussions au Conseil de sécurité s'ils sont parties à un différend.
Examiner la question des Balkans sans la RFY est un non sens, a insisté le représentant en se montrant préoccupé, d'autre part, que le Tribunal international pour l'ex-Yougoslavie continue d'être utilisé comme un instrument politique. Il a illustré ses propos par le fait que le Procureur du Tribunal ait refusé d'examiner des cas manifestes de violations du droit international, présentés par la RFY. La Fédération de Russie, a dit le représentant, ne peut appuyer les tentatives destructives de certains Etats d'isoler la RFY tant dans les Balkans qu'aux Nations Unies. Il s'agit d'un précédent dangereux servi par des procédés anti-démocratiques, a-t-il conclu.
Exposé de M. Carl Bildt
M. CARL BILDT, Envoyé spécial du Secrétaire général pour les Balkans, a déclaré que les efforts des Nations Unies et de l'Union européenne se complètent. La quête d'une stabilité autonome dans cette partie de l'Europe n'est pas nouvelle. Toutefois, nous sommes encore bien loin des objectifs que nous nous étions fixés. Nous disposons de trois opérations de maintien de la paix actuellement mais si ces troupes étaient amenées à se retirer, la guerre reprendrait demain. Une stabilité autonome ne sera possible que grâce à l'établissement d'un cadre politique solide pour l'ensemble de la région. L'expérience montre que lorsqu'un tel cadre est mis en place, il est possible pour les peuples de vivre ensemble. En revanche, un cadre politique peu clair et fragile est facteur d'instabilité et de violations des droits de l'homme. Nous ne réussirons jamais au Kosovo et en Bosnie-Herzégovine si nous ne parvenons pas à la mise en place de ce cadre politique et à une intégration de la région au sein de l'Union européenne.
Au Kosovo, a précisé l'Envoyé spécial, les efforts visant la mise en oeuvre d'une structure d'autonomie et de gouvernement autonome stable se heurtent à un climat qui est bien loin d'être satisfaisant en raison d'un climat de terreur envers les minorités, notamment les Serbes. En Bosnie-Herzégovine, les efforts internationaux visent le retour des minorités, le fonctionnement des institutions communes et les réformes économiques. Trop peu a été fait néanmoins sur le plan politique. La question la plus urgente qui se pose à nous aujourd'hui, a souligné M. Bildt, est celle de l'avenir de la République fédérale de Yougoslavie (RFY). Il n'y aura pas de stabilité politique dans la région sans stabilité en RFY. L'Envoyé spécial a souligné à cet égard que la structure actuelle du pays n'est pas viable en raison de la crise institutionnelle grave qui s'est produite entre l'autorité du Monténegro et celle de Belgrade et qui menace l'intégrité territoriale de la RFY. Il a demandé à la communauté internationale d'apporter son appui aux autorités du Monténegro. L'avenir du Kosovo et son statut font également partie des préoccupations majeures. L'Envoyé spécial a indiqué que le non respect par certaines personnalités occupant des postes clé des procédures du Tribunal international pour l'ex-Yougoslavie est en contradiction avec les Accords de Dayton, auquel a souscrit la RFY et selon lequel celui qui refuse de coopérer avec le Tribunal ne peut pas occuper de postes importants.
Dans l'ensemble, nous essayons de renforcer les tendances positives. De nombreuses questions politiques n'ont pas été résolues, comme celle relative à la péninsule de Prevlaka ou la mise en place de relations normales entre Etats de la région. Un règlement général des questions en suspens ouvrira la voie à la normalisation des relations avec la RFY et à l'intégration des Balkans au sein de l'Europe. L'Envoyé spécial a évoqué la série de processus électoraux dans toute la région. Ils représenteront pour le peuple de la Bosnie et la RFY l'occasion de manifester leur choix. L'Envoyé spécial a indiqué que seule l'intégration de tous les pays de la région à l'Union européenne permettrait une stabilité politique sur le long terme et le redressement économique.
Déclarations
M. ANTONIO MONTEIRO (Portugal, au nom de l'Union européenne) a déclaré que l'Union européenne (UE) est le plus grand contributeur aux efforts de paix visant à ramener la paix et la stabilité dans les Balkans. Entre 1991 et 1999, l'UE a versé plus de 17 milliards d'Euros au titre de l'assistance au développement et des besoins humanitaires de l'Europe du Sud-Est. Les récentes flambées de violence ethnique au Kosovo sont intolérables et doivent être arrêtées. Tous les habitants de la province, quelle que soit leur origine ethnique, doivent être capables de vivre ou de rentrer au Kosovo sans être intimidés ou harcelés. Les dirigeants des communautés ethniques, et en particulier ceux de la communauté des Albanais du Kosovo, doivent assumer leurs responsabilités et promouvoir la tolérance et le respect mutuel. Cette semaine, les Nations Unies ont prorogé d'un an le mandat de leur mission en Bosnie-Herzégovine, démontrant ainsi clairement l'engagement de la communauté internationale au respect des Accords de Dayton et de Paris. Beaucoup a été fait depuis cinq ans, mais, comme l'a dit l'Envoyé spécial du Secrétaire général, beaucoup reste encore à faire. Le récent Conseil de mise en oeuvre de la paix a défini les priorités de la nouvelle phase de rétablissement de la paix dans trois domaines stratégiques à savoir la réforme économique, le retour accéléré des personnes déplacées et la mise en place d'institutions fonctionnelles communes et responsables de leurs actions. Un aspect important de la réconciliation nationale en Bosnie est celui de la justice et du sentiment que doivent ressentir les gens. Dans ce contexte, le travail du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie doit se poursuivre de manière plus vigoureuse. L'UE demande que les individus accusés de crimes de guerre soient mis à la disposition de la justice, et que les autorités du territoire et les autres gouvernements de la région coopèrent à cette fin avec le Tribunal.
L'UE est profondément concernée par la détérioration de la situation en Serbie, et elle condamne l'escalade de la répression menée par le Gouvernement de Belgrade contre l'opposition et les médias. L'UE n'est pas contre le peuple serbe, mais contre le Président Milosevic, dont le régime viole de manière flagrante les droits humains. La Croatie a montré le bon exemple dans la région en élisant en février dernier un gouvernement engagé à mettre en oeuvre des réformes économiques générales qui marquent le début d'une nouvelle ère pour le pays. L'UE s'est par conséquent étroitement engagée à travailler avec les autorités croates pour faire de leur pays un membre à part entière de la communauté euro-atlantique.
M. JAVIER SOLANA, Secrétaire général du Conseil de l'Union européenne et Haut Représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune de l'Union européenne, a déclaré que la stabilité à long terme dans les Balkans mènera à une Europe plus sûre et plus prospère. L'objectif de l'Union européenne vise la plus grande intégration possible des pays de la région des Balkans aux activités économiques et politiques de l'Europe. L'élargissement de l'Union européenne constitue notre outil le plus important pour garantir la stabilité sur le continent européen étant donné qu'il représente le catalyseur d'une plus grande coopération régionale. L'élargissement de l'UE, par exemple, permet de répondre positivement à la question sensible des minorités. Ce processus d'élargissement de l'Union est un élément clé de notre approche régionale mais il n'est pas le seul. Nous avons établi le Processus de stabilisation et d'association qui vise à intégrer les pays de la région aux structures européennes. Le Pacte de stabilité est un autre instrument nous permettant de promouvoir le développement économique dans la région, les réformes internes et surtout la coopération régionale. M. Solana a rappelé que l'Union européenne a, depuis 1991, contribué pour plus de 17 milliards d'Euros dans les Balkans, ce qui fait d'elle le donateur le plus important. Au seul Kosovo, nous avons dépensé plus de 3 milliards d'Euros en faveur de programmes non militaires.
M. Solana a évoqué les obstacles à la politique de l'Union européenne dans les Balkans, à savoir, entre autres la résistance aux changements de la part de Belgrade qui viole systématiquement les valeurs de démocratie, les droits de l'homme et la règle du droit. L'UE n'est pas disposée à se croiser les bras devant de tels actes répressifs. C'est la raison pour laquelle l'Union soutient activement la démocratie et la liberté d'expression en Serbie et développe des liens avec les représentants de la société civile. Nous sommes disposés à étendre nos programmes d'aide économique à la Serbie une fois qu'elle aura fait siennes ces valeurs.
M. Solana a expliqué que, pour pouvoir atteindre les objectifs de stabilité à long terme dans les Balkans, l'UE a établi une série de priorités pour les mois à venir. Nous allons nous attacher à promouvoir les différents processus électoraux qui auront lieu à l'automne prochain. Elles constituent une occasion importante de renforcer la démocratie et la règle du droit. Nous nous rangerons du côté de ceux qui ont choisi la démocratie, la tolérance ethnique et la primauté du droit. Nous continuerons également d'apporter notre soutien à la société civile, en particulier en République fédérale de Yougoslavie, mais également dans toute la région. Nous mettons l'accent sur la coopération de l'UE avec les autorités locales, les médias et les ONG pour qu'ils puissent établir des contacts avec leurs homologues dans la région et au sein de l'Union européenne. Nous continuerons également à rapprocher les pays de la région de l'UE, grâce notamment au développement du Processus de stabilisation et d'association. Des négociations sont actuellement en cours avec l'ex-République yougoslave de Macédoine et nous devrions entamer ce même processus avec la Croatie. Nous travaillons également avec l'Albanie et la Bosnie- Herzégovine pour faire en sorte que les conditions nécessaires à un tel processus soient réunies. Pour le moment, la RFY est restée en marge d'un tel processus.
M. Solana a souligné que l'Union européenne restera engagée en faveur de la promotion de la coopération régionale qui est la clé du succès économique et qui accélèrera l'intégration de la région. Je viens de recevoir mandat du Conseil de l'UE pour appeler à une plus grande coopération dans la lutte contre la criminalité organisée et l'immigration illégale dans la région. La réunion au sommet cet automne, entre l'UE et les pays de l'Ouest des Balkans, proposée par le Président français Jacques Chirac, donnera un élan aux réformes et à la coopération dans la région. Revenant sur la situation au Kosovo, M. Solana a rappelé que la pleine application de la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations Unies est leur objectif principal. Les développements positifs récents au Kosovo ont été assombris par les éruptions de violence ethnique et la décision du Conseil national serbe de suspendre sa participation au sein des institutions intérimaires. En collaboration avec la MINUK, nous travaillons intensément au retour des Serbes au sein de ces institutions.
M. RICHARD HOLBROOKE (Etats-Unis) est revenu sur le vote de procédure pour rappeler que les résolution 777 et 881 du Conseil de sécurité ont consacré la disparition de la République socialiste de Yougoslavie comme membre des Nations Unies. La RFY, a souligné le représentant, n'est pas membre des Nations Unies. La déclaration par les autorités de Belgrade de croire quelles sont le seul Etat successeur de la République socialiste de Yougoslavie a été rejetée par les Nations Unies. Il serait donc surprenant qu'un représentant soit invité à parler au nom d'un pays qui n'existe pas. Passant en revue la situation dans les Balkans, le représentant a rendu hommage au nouveau Gouvernement croate avant de s'arrêter sur la Bosnie-Herzégovine et souligner la nécessité de reconnaître les progrès réalisés jusqu'ici. Le représentant a néanmoins reconnu que les forces du mal continuent d'exister comme le montre la situation dans la ville de Mostar et le maintien en liberté de M. Radovan Karadzic. La question du Kosovo, a-t-il poursuivi, est plus complexe. Des progrès ont été réalisés mais il ne faut pas ignorer les problèmes de sécurité. A cet égard, le représentant a condamné sans réserves les attaques des Albanais contre la minorité serbe du Kosovo en mettant en garde contre une vision trop simpliste de la question. 4000 Albanais sont toujours portés disparus, a-t-il dit, en exprimant son opposition aux tentatives faites par certains pays d'interpréter la résolution pertinente du Conseil de sécurité. A l'instar des orateurs précédents, le représentant s'est prononcé pour le maintien des élections municipales au mois d'octobre.
Tout en regrettant que la communauté serbe n'ait pas participé au processus d'inscription des électeurs, il a souligné que ce processus ne saurait rester l'otage d'un seul groupe. Si elle ne participe pas aux élections, des sièges lui seront de toute façon réservés, a dit le représentant. Il a évoqué la situation en Serbie et au Monténégro en soulignant qu'il ne saurait y avoir une stabilité à long terme tant que le régime de Belgrade ne sera pas remplacé par un régime plus représentatif. A cet égard, le représentant a attiré l'attention sur la présence des représentants du Monténégro à New York qui " ont des idées importantes que le Conseil devrait entendre". Le représentant a terminé sur la question des Tribunaux internationaux qui, a-t-il souligné, ne sont pas des créations arbitraires. Il a souhaité que ce processus inclut aussi Foday Sankoh et ses complices au Sierra Léone. Ces Tribunaux ont l'autorité importante des Nations Unies et le Conseil doit, en la matière, assumer ses responsabilités, a conclu le représentant en faisant part de son inquiétude face à l'attitude de certains membres du Conseil qui doutent de l'objectivité du Tribunal pour l'ex-Yougoslavie. Le représentant a émis certaines réserves quant à l'efficacité des structures mises en place par M. Solana dans la région des Balkans.
M. SHEN GUOFANG (Chine) a estimé que le refus d'autoriser la RFY de s'exprimer est contraire à la Charte des Nations Unies. Si nous voulons réellement trouver une solution à la situation dans les Balkans, nous devons maintenir le dialogue avec la RFY. Nous regrettons cette décision discriminatoire. Le représentant s'est dit préoccupé par l'évolution de la situation dans les Balkans et, en particulier, en RFY et au Kosovo. Il a imputé cet état de fait aux affrontements ethniques et aux ingérences étrangères dans les affaires internes de la RFY. Le représentant a estimé que les bombardements de l'OTAN de la RFY ont créé un fâcheux précédent et ont sapé la crédibilité du Conseil de sécurité et celle des Nations Unies. Nous avons exprimé notre opposition aux bombardements de l'OTAN qui ont provoqué une crise humanitaire grave. La communauté internationale devrait au contraire séparer les forces extrémistes et séparatistes et ne pas appuyer les activités d'un pays par le biais d'une institution étrangère. Le problème du Kosovo ne pourra être résolu que dans le cadre territorial de la RFY et dans le respect des droits de tous les groupes ethniques. Le rétablissement de l'harmonie dans les Balkans est une condition au rétablissement de la prospérité dans l'ensemble de la région. M. CURTIS A. WARD (Jamaïque) a regretté les procédures utilisées aujourd'hui par le Conseil en ce qui concerne la participation de la République fédérale de Yougoslavie. Il a souhaité une solution à ce dilemme d'autant plus, a-t-il dit, que l'exclusion de la RFY ne peut qu'affecter la stabilité dans la région. Le représentant a aussi commenté la décision du Chef de l'Administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo de créer une cour pour connaître de certains cas. A cet égard, il a souhaité savoir sous quelle autorité cette cour allait travailler et ses liens avec le Tribunal international pour l'ex- Yougoslavie. Le représentant a souligné que le Conseil n'a jamais été informé de cette décision. Le représentant a soulevé la question des réfugiés en Bosnie-Herzégovine en espérant une solution prochaine.
M. HASMY AGAM (Malaisie) a évoqué quatre domaines importants pour garantir le succès des efforts internationaux dans les Balkans, à savoir le retour des personnes déplacées et des réfugiés, la mise en place d'un processus de réconciliation et, dans ce cadre, le rôle que peut jouer le Tribunal pour l'ex- Yougoslavie, l'appui international indéfectible et le rôle des dirigeants de la région. Il a évoqué en outre le renforcement des institutions démocratiques comme étant un aspect essentiel au rétablissement des sociétés touchées par les conflits. Le représentant a estimé qu'une coopération étroite entre tous les pays des Balkans revêt une importance particulière pour la consolidation de la paix. Le représentant a dit partager les vues de M. Holbrooke sur la statut du régime de Belgrade. Il n'est pas possible de séparer cette question de celle touchant l'avenir des Balkans. Le maintien du régime de Belgrade est un obstacle à l'amélioration de la situation de la RFY, a souligné le représentant, qui s'est opposé à tout marchandage avec M. Milosevic quant à son inculpation par le Tribunal pour l'ex- Yougoslavie.
M. KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a observé que la région des Balkans demeure une région difficile où l'équation politique ne trouve toujours pas de solution. Se félicitant de l'initiative ayant président à la signature du Pacte de stabilité de l'Union européenne, il a estimé que le Conseil de sécurité et les Nations Unies peuvent faire mieux pour améliorer la situation dans la région. Le représentant a souhaité un règlement de la question des personnes disparues, notamment au Kosovo. Tout retard en la matière, a-t-il dit, pourrait compromettre les efforts visant à consolider la réconciliation. Il a souligné l'importance de la question du retour des réfugiés et appelé à la prise de mesures de confiance efficace. Evoquant le développement économique de la région et du Kosovo, il a estimé qu'un tel développement pourrait représenter un élément dissuasif de la violence. Il a estimé ainsi que les investissements actuels sont insuffisants et appelé au lancement d'un plan de reconstruction "pour faire la différence". Il est important, a-t-il ajouté, de saisir l'élan pour la démocratie qui se fait jour dans la région afin d'en faire un stimulant économique. La communauté internationale doit dépasser les intérêts politiques et oeuvrer en faveur de la paix dans la région dont les populations ont suffisamment souffert.
M. ROBERT FOWLER (Canada) a estimé que la question de la RFY se trouve au centre de la problématique des Balkans. Les derniers développements montrent que Belgrade n'a aucune intention de mettre fin à la violence et à la répression. Il est fondamental dans ce contexte que la communauté internationale envisage toutes les mesures régionales permettant au Monténegro d'entreprendre des réformes politiques. La stabilité dépend également de la situation au Kosovo. Pour appliquer pleinement la résolution 1244 du Conseil de sécurité et pour promouvoir un climat de réconciliation, Belgrade doit faire des mesures constructives, notamment pour ce qui est des crimes de guerre, des Kosovars détenus ou disparus. Belgrade devra également faciliter la préparation d'élections et y autoriser la participation de Kosovars. Le représentant a dit appuyer les trois angles prioritaires définis par le Haut Représentant, M. Petrich, lors de la réunion du Conseil sur la mise en oeuvre de la paix, qui portent sur le renforcement des institutions communes, le retour des réfugiés et le développement économique des Balkans. Ces éléments sont essentiels à la mise en oeuvre accélérée des Accords de Dayton. Une paix durable dans la région se fera uniquement par l'intégration des Balkans à l'Europe.
M. VOLODYMYR Y. YEL'CHENKO (Ukraine) a souligné la nécessité d'un cadre de stabilité pour l'ensemble de la région. Tout en mettant l'accent sur les progrès réalisés jusqu'ici, il a mis en garde contre les tensions qui persistent, comme en témoigne les actes de violence perpétrés contre les minorités non albanaises au Kosovo. Le représentant a marqué son opposition à la tendance à l'indépendance qui s'observe aujourd'hui au Kosovo. Il a appelé au dialogue avec la RFY en soulignant que ce pays demeure un acteur clé du règlement de la situation dans les Balkans. Il a mis en garde contre l'isolement de la RFY qui pourrait l'acculer à refuser toute démocratisation et intégration dans la famille européenne des nations. Le représentant a mis l'accent sur la question du retour des réfugiés et sur celle de la reconstruction économique. Il a appelé à davantage d'efforts, en particulier en ce qui concerne les réfugiés en RFY. L'Envoyé a évoqué ce qu'il appelle l'absence de dialogue entre le Représentant spécial du Secrétaire général dans la région des Balkans et le Conseil de sécurité. Un bon exposé oral ne saurait remplacer un document écrit contenant des recommandations précises, a-t-il observé demandant une procédure plus formelle.
M.ARNOLDO LISTRE (Argentine) a rappelé que son pays en adoptant la résolution 1244 du Conseil de sécurité, l'avait fait pour protéger un peuple contre un génocide. Cela ne signifie pas que nous encourageons les victimes d'hier de devenir à leur tour les acteurs du nettoyage ethnique à leur tour. Le représentant a fait part de la préoccupation que suscite le régime de Belgrade. La communauté internationale se doit de favoriser les développements positifs en Croatie qui peuvent montrer la voie à suivre aux peuples des Balkans. Le passage à une économie de marché doit se faire dans le respect de la justice, de la primauté du droit et de la diversité des opinions. La réconciliation peut être encouragée mais non pas imposée.
M. OTHMAN JERANDI (Tunisie) a estimé qu'en ce qui concerne les pays des Balkans, une démarche d'ensemble et ciblée est à même de tracer la voie vers la consolidation de la paix dans la région. Aucune solution ne saurait aboutir si elle ne prenait pas en considération l'environnement régional. Le passé commun, a insisté le représentant, plaide en faveur d'une démarche globale. Pour le représentant, une telle démarche est nécessaire à la question des réfugiés et des personnes déplacées ainsi qu'aux questions économiques. La coopération inter-régionale, a poursuivi le représentant, peut aussi toucher les activités illicites dans la région. La coopération des parties viendra de l'offre qui leur sera faite d'un grand projet, a dit le représentant en se félicitant, à cet égard, du Pacte de stabilité de l'Union européenne et des autres initiatives qui l'ont suivi.
M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a dit appuyer à 100% la déclaration de M. Javier Solana. Il a estimé que le statut sous- jacent de la RFY n'est pas viable au sein des Nations Unies. Il ne sert à rien à la RFY de demander à prendre la parole mais elle devrait plutôt tenter de rétablir son statut au sein de la communauté internationale. Pour ce qui est des questions de sécurité, le représentant a rendu hommage aux activités et résultats obtenus par la KFOR. Evoquant les allégations selon lesquelles le Tribunal international pour l'ex-Yougoslavie est politisé, il a indiqué que lorsque les preuves sont éclatantes, il faut alors prendre les mesures difficiles qui s'imposent. Evoquant les prochaines élections en Bosnie-Herzégovine, il a estimé que le moment était venu pour que la direction politique du pays prenne ses responsabilités et montre l'exemple aux autres pays de la région.
M. PETER VAN WALSUM (Pays-Bas) a jugé approprié que l'Union européenne, par la personne de M. Solana, participe à cette réunion sur l'examen de la situation dans les Balkans. Il ne faut pas oublier, que le concept de la Communauté du charbon et de l'acier était fondé sur la conviction qu'un nouveau cadre économique et politique était nécessaire pour éviter un nouveau conflit franco-allemand. Ce qui a été possible en Europe occidentale devrait l'être dans les Balkans, a dit le représentant en se félicitant d'une politique commune européenne en ce qui concerne les Balkans. Rejetant les allégations sur la prétendue indifférence du Royaume-Uni ou les prétendus liens entre la France et la Serbie et entre l'Allemagne et la Croatie, le représentant s'est félicité, une nouvelle fois, que l'Union européenne ait réussi à forger une politique commune des Balkans.
M. GERHARD THERON (Namibie) s'est déclaré préoccupé par la situation politique instable dans la région des Balkans et, en particulier, en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo. Il a souhaité que le programme du Pacte de stabilisation de l'UE qui, à ses yeux, constitue un instrument important de développement socio- économique des Balkans, soit mis en oeuvre dans l'ensemble de la région. Il revient maintenant à la communauté internationale d'envisager la possibilité d'organiser une conférence visant le dialogue et la réconciliation qui permettrait aux membres des partis politiques , de la société civile et du secteur privé de débattre des solutions à apporter aux problèmes que connaît la région depuis des décennies, sinon des siècles. M. JEAN-DAVID LEVITTE (France) a estimé que cette séance du Conseil est une séance sans précédent car pour la première fois, le Secrétaire général du Conseil de l'Union européenne, Haut Représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune de l'Union européenne est intervenu, avec la Présidence de l'Union européenne. Pour M. Levitte, il s'agit là de la traduction de l'évolution institutionnelle de l'Union européenne. Ces interventions sont d'autant plus importantes, a poursuivi M. Levitte, que l'Union européenne est très fortement engagée dans les Balkans pour restaurer ce qui a été détruit, panser les plaies mais aussi et surtout donner une vision de l'avenir aux Etats de la région. Le représentant a fait part de la proposition de son pays de tenir un sommet entre l'Union européenne et les pays des Balkans occidentaux qui se trouvent les plus avancés dans leur évolution démocratique. Le Conseil de l'Union européenne, réuni les 19 et 20 juin derniers, a d'ailleurs reconnu qu'un tel sommet permettrait aux pays de la région de recevoir de nouvelles assurances de la solidarité de l'Europe et offrirait l'occasion d'examiner avec eux les moyens d'accélérer le processus de réforme démocratique et économique. Cette rencontre, a dit le représentant, pourrait se tenir à Zagreb.
M. RAYMOND JOHANSEN, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a indiqué que son pays demeure fermement engagé en faveur de la paix dans les Balkans. Il a encouragé les autorités bosniaques à suivre les recommandations adoptées lors de la récente réunion du Conseil de mise en oeuvre de la paix. Le Vice-Ministre a estimé que le régime de Milosevic devient de plus en plus totalitaire. Il a expliqué que la Norvège, dans ce contexte, a développé des liens avec des autorités locales dirigées par des membres de l'opposition. Le Vice-Ministre a dénoncé les violences au Kosovo dirigées contre la minorité serbe. Il s'est félicité de l'engagement de la Croatie à mener des réformes. Il a estimé que la Macédoine mérite un appui accru de la part de la communauté internationale dans la mesure où ses dirigeants ont réussi une transition sans heurts.
M. HIDEAKI KOBAYASHI (Japon) a appuyé une solution d'ensemble aux problèmes des pays dans la région des Balkans. Il a indiqué qu'en mai dernier, une Conférence de haut niveau sur l'Europe du Sud-Est s'est tenue à Tokyo au cours de laquelle le Ministre japonais des affaires étrangères a souligné l'importance d'édifier une communauté dans laquelle peuvent vivre en harmonie différents groupes ethniques. Le représentant a estimé qu'une évolution politique se dessine déjà dans certaines régions. Il a cité les progrès en Bosnie-Herzégovine et a souligné, à cet égard, que la présence militaire et civile internationale dans ce pays ne saurait se pérenniser. Il a jugé important que les peuples de Bosnie-Herzégovine fasse de plus grands efforts pour s'approprier le processus de paix. S'attardant sur le cas du Kosovo, le représentant a rejeté les actes des nationalistes extrémistes à l'encontre des autres groupes. Il a exprimé son attachement à la tenue d'élections municipales en demandant à la communauté serbe d'y apporter sa coopération. Le représentant a terminé sur l'émergence d'un nouveau gouvernement en Croatie en espérant que cette évolution aura de l'influence
sur les pays voisins. Il a appelé la communauté internationale à mettre tout en oeuvre pour promouvoir la démocratie en Serbie, gage de stabilité dans les Balkans.
M. VLADIMIR SOTIROV (Bulgarie) a associé sa délégation à la Présidence de l'Union européenne sur la situation dans les Balkans. La Bulgarie est fermement engagée en faveur de la normalisation de cette situation et en faveur de l'établissement de relations de bon voisinage et de la coopération, a déclaré le représentant. Le Gouvernement bulgare a lancé dans ce sens une série d'initiatives dont la plus importante est la réunion, sur une base régulière et pour discuter des problèmes de l'Europe du Sud-Est, des Premiers Ministres des pays frontaliers de la République fédérale de Yougoslavie. La première de ces réunions s'est tenue du 21 au 22 janvier 2000 dans la ville de Hissar en Bulgarie, la seconde a eu lieu au mois de mars à Budapest en Hongrie, et la troisième aura lieu ce week-end dans la ville de Ohrid, dans l'ex-République yougoslave de Macédoine (ex-RYM). Une autre initiative de la Bulgarie a abouti à la publication d'une Déclaration commune adoptée au mois de mai dernier, des Présidents de la Bulgarie et de l'ex-RYM sur la situation dans les Balkans. Les récents événements au Kosovo ont montré combien le rétablissement de la paix dans une société divisée par des conflits ethniques pouvait être difficile, long et complexe. Certains des obstacles qui s'opposent à la paix sont, entre autres, la violence, la question non résolue des personnes disparues ou détenues, le retour des réfugiés, et l'insécurité sociale et économique. La Bulgarie demande instamment aux dirigeants du Kosovo d'encourager la coopération et l'esprit de tolérance dans le respect de leur propres déclarations publiques. Nous sommes alarmés par la détérioration de la situation politique en Serbie, causée par une escalade des mesures répressives du régime au pouvoir contre l'opposition, les médias indépendants, les organisations de la société civile et les institutions académiques. La Bulgarie lance un appel aux autorités de la Serbie pour qu'elles mettent fin à ces tendances négatives. La démocratisation exige en effet que tous les groupes ethniques soient intégrés au processus politique de la Yougoslavie. La Bulgarie est d'avis qu'aucune solution durable des problèmes qui se posent sur le territoire de l'ex- Yougoslavie, et notamment en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo, ne peut être atteinte tant que les auteurs des politiques de nettoyage ethnique resteront impunis.
M. ERNEST PETRIC (Slovénie) a déclaré que la chute du Mur de Berlin avait créé l'opportunité pour les nations d'Europe du Sud- Est de se joindre au processus de démocratisation et de transformation de la scène internationale. Malheureusement, le nationalisme extrême et l'attitude héritée du communisme du régime de Belgrade ont provoqué volontairement des crises destinées à empêcher la démocratisation et l'ouverture de la région. Ces politiques d'inégalité et de prétendue supériorité continuent d'être menées par le régime de Belgrade ici même aux Nations Unies, où il nie aux Etats successeurs de la République socialiste de Yougoslavie leurs droits, et ceci en totale violation de la résolution 777 du Conseil de sécurité et de la résolution 47/1 de l'Assemblée générale. Ces deux textes considéraient que "l'Etat anciennement connu sous le nom de République socialiste de Yougoslavie avait cessé d'exister", et décidaient que "la République fédérale de Yougoslavie (RFY-Serbie et Monténégro) devait se porter candidate à son admission comme membre de l'ONU". Il semble qu'aujourd'hui la RFY (Serbie et Monténégro) prétende être le seul Etat dans l'histoire à être membre de l'Organisation alors qu'il n'y a jamais déposé sa candidature.
La mise en accusation des dirigeants de la RFY (Serbie et Monténégro) par le Tribunal pénal international pour l'ex- Yougoslavie est le fossé qui sépare Belgrade du reste du monde. La responsabilité individuelle des crimes de guerre doit être clairement établie en vue de prévenir toute notion indéfendable de responsabilité commune, et la communauté internationale doit apporter son plein soutien au Tribunal afin que ce dernier remplisse rapidement les termes de son mandat. Il n'y aura pas de paix durable dans les Balkans si la RFY n'y est pas intégrée et n'y collabore pas, ce qui n'est pas possible avec le régime actuellement à Belgrade. D'autre part, le refus de ce régime de reconnaître au Monténégro ses droits et les menaces et pressions qu'il exerce continuellement contre les dirigeants du Monténégro enlèvent à Belgrade toute légitimité de s'exprimer au nom des Monténégrins. Les tensions entre Belgrade et Podgorica méritent une attention accrue du Conseil de sécurité, car elles mettent en danger la sécurité régionale, et nous demandons que des actions appropriées soient prises avant qu'il ne soit trop tard, a dit le délégué.
M. GERHARD PFANZELTER (Autriche) a déclaré, au nom de la Présidence de l'OSCE que seule une démarche régionale permettra l'établissement d'une paix durable et de la stabilité dans la région des Balkans. Ceci ne sera possible que grâce à une participation active de la population et des politiciens locaux. Le représentant a évoqué les faits positifs survenus en Croatie qui témoignent de la responsabilité dont ont fait preuve la population et les hommes politiques. Le représentant a fait état de faits positifs en Bosnie-Herzégovine tout en regrettant l'absence de coopération générale entre les différents groupes. Des élections justes et libres constituent le meilleur moyen d'associer la population à la reconstruction du pays. C'est pourquoi l'OSCE, et l'Autriche continueront de déployer tous les efforts en faveur de la participation de tous les citoyens aux processus électoraux.
M. NASTE CALOVSKI (ex-République yougoslave de Macédoine) a déclaré que la position de son pays rejoint celle exprimée par le Portugal au nom de l'Union européenne et par M. Solana, Secrétaire général du Conseil de l'Union européenne et Haut Représentant de politique étrangère et de sécurité commune. Il a rappelé le rôle important que jouent les Nations Unies et en particulier le Conseil de sécurité, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), l'Union européenne et l'Organisation du Traité Atlantique Nord (OTAN) dans la région des Balkans, et a fait remarquer que les mécanismes les plus appropriés pour l'intégration des Etats de la région aux structures euro-atlantiques sont l'Union européenne et l'OTAN. Il a fait valoir, à cet égard, l'importance des conclusions de la Présidence au Conseil européen de Lisbonne. Il a émis le souhait que le Conseil de sécurité prenne en compte les dispositions de la résolution 54/64 adoptée par l'Assemblée générale. Il a indiqué que les Balkans, Etats de l'Europe du Sud-Est ne devraient pas seulement faire partie de l'Europe en terme géographique mais également comme une partie indivisible du développement politique, économique, social et culturel de celle- ci. Il a estimé que la mise en oeuvre de la résolution 1244 du Conseil de sécurité et du Pacte de stabilité pour l'Europe du Sud-Est est très importante pour l'avenir des Balkans, et a déclaré que dans cette perspective, le rôle de la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), de la Force internationale de sécurité (KFOR) de l'OTAN, de l'Union européenne et de l'OSCE sont d'une importance primordiale.
En outre, le représentant a fait valoir l'importance du développement économique de la région et de son intégration dans l'économie européenne et mondiale. Faisant observer que les guerres, les crises, les embargos et les sanctions des Nations Unies à l'encontre de l'ex-République de Yougoslavie ont sérieusement affecté les économies en transition des Balkans, il a indiqué que si le Conseil de sécurité assumait pleinement ses responsabilités en vertu de la Charte, il devrait mettre en oeuvre l'article 50 de la Charte des Nations Unies relatif à l'assistance aux Etats tiers touchés par l'application de sanctions. Il a déclaré que le Conseil de sécurité doit exiger la mise en oeuvre de ses résolutions, celles des autres organes des Nations Unies, l'application des dispositions de la Charte des Nations Unies et du droit international, en coopération avec les autres institutions et du système des Nations Unies, notamment la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI). Il a conclu en déclarant que le Conseil de sécurité doit adresser, à l'issue de cette réunion, un message clair que le temps des forces de destruction est révolu, et que les Balkans et l'Europe du Sud-Est sont entrés dans un processus de coopération et d'intégration irréversible.
M. ALYAKSANDR SYCHOV (Bélarus) a rappelé que l'ONU et le Conseil de sécurité doivent assumer la responsabilité de toutes activités dans les Balkans. Toute tentative visant à outrepasser les responsabilités du Conseil de sécurité constitue une violation de la Charte des Nations Unies. Le représentant a souligné que toute activité doit se faire dans le respect de l'intégrité territoriale de la région des Balkans. Aujourd'hui, nous ne pouvons manquer de reconnaître que les efforts de l'ONU ont prévenu une escalade du conflit dans les Balkans. Néanmoins, a-t-il regretté, nous ne disposons pas de garanties de sécurité pour tous les groupes ethniques de la région. Nous sommes les témoins de nombreux actes et cruels perpétrés à l'encontre des minorités ethniques et religieuses. La mise en place d'un cadre juridique permettant la participation de toutes les parties au conflit pourrait mener à un compromis. Le représentant a estimé que le travail de la mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo devrait faire l'objet d'un échange de vues sur l'avenir du Kosovo associant les Etats membres de l'ONU et éventuellement des universitaires.
M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan), évoquant la situation en Bosnie-Herzégovine, s'est déclaré préoccupé par le manque de progrès en ce qui concerne notamment le retour des réfugiés et des personnes déplacées, la coopération avec le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, la liberté de mouvement entre les entités, l'établissement des institutions communes, la réforme judiciaire et celle de la police ainsi que le développement économique. Les trois communautés de la Bosnie- Herzégovine doivent reconnaître les avantages qu'ils pourraient tirer d'une coopération mutuelle pour le processus de reconstruction. Abordant la situation au Kosovo, le représentant a souligné la nécessité continue de fournir l'appui requis aux efforts en cours pour établir une société aux relations interethniques harmonieuses, reconstruire l'économie et mettre en place des institutions reflétant une société pluraliste.
M. AGIM NESHO (Albanie) a estimé que les questions soulevés, ce matin, par l'Envoyé spécial du Secrétaire général dans les Balkans font partie de la longue histoire conflictuelle des Balkans qui trouve sa source dans une politique fondée sur de vieux concepts étatiques, bercée d'une philosophie influencée par une longue domination byzantine et ottomane, et doublée d'une action imprécise et indéterminée de la communauté internationale. Le dilemme de la communauté internationale lors du processus de désintégration de la Fédération yougoslave découlait de cette tradition d'équilibre des pouvoirs mais aussi d'une certaine peur devant la reconfiguration des Balkans. Ces atermoiements ont conduit aux bains de sang, aux crimes, à la haine et à la catastrophe humanitaire, a poursuivi le représentant. Les choses ayant changé, il s'est félicité de l'assistance apportée par l'Union européenne et de son rôle de chef de file dans le cadre du Pacte de stabilité. Pour le représentant, une mise en oeuvre réussie de ce Pacte dépendra du flux des investissements et de l'engagement des Etats des Balkans eux-mêmes. Malheureusement aujourd'hui, un obstacle se lève devant la mise en oeuvre du Pacte, a-t-il dit en citant le "régime criminel de Milosevic qui n'est pas seulement un générateur de tension et d'instabilité dans la région mais aussi un obstacle à un développement uniforme". Le représentant s'est donc prononcé pour le maintien des sanctions, voire pour leur renforcement. En ce qui concerne le Kosovo, il a estimé que les prochaines élections municipales constituent une étape de plus vers la stabilité dans la région. Ces élections, a-t-il dit, renforceront la responsabilité des Albanais du Kosovo vis-à-vis des objectifs fixés par la communauté internationale. Le représentant a estimé que la meilleure solution pour la région consisterait à intégrer directement le Kosovo dans l'Union européenne, en tant qu'entité indépendante. Tout autre solution serait artificielle et temporaire, a-t-il souligné.
M. MOHAMMED SACIRBEY (Bosnie-Herzégovine) a rejeté l'idée selon laquelle la religion et l'ethnicité sont les causes de la guerre dans la région, car ce ne sont que des instruments. Beaucoup peut être fait par des personnes de bonne volonté quand elles ont la possibilité de travailler ensemble. Illustrant le processus de réconciliation qui a cours dans son pays, M. Sacirbey a passé la parole à M. MILOS M. PRICA. Ce dernier s'est dit préoccupé par la persistance d'un régime non démocratique à Belgrade en se félicitant, en revanche, des changements démocratiques intervenus au Monténégro. Il a indiqué qu'il est dans l'intérêt de son pays de voir les autorités monténégrines coopérer avec des personnalités serbes afin de démocratiser la République fédérale de Yougoslavie. Passant à la situation au Kosovo, le représentant a reconnu qu'il s'agit là d'une question qui est loin d'être résolue. Il a appuyé la résolution 1244 du Conseil de sécurité et dit attendre de la Mission des Nations Unies qu'elle assure la sécurité de tous les groupes ethniques et entame le processus de réconciliation. Avant de conclure, le représentant a déclaré que toute tentative de modifier les frontières dans les Balkans conduirait inévitablement à un autre conflit. Les frontières internationalement reconnues doivent être respectées par tous, a-t-il insisté en ajoutant que si la stabilité à long terme dans la région dépend des peuples concernés, elle dépend aussi et surtout de la famille européenne. Les solutions à long terme dépendent de l'engagement des peuples concernés en faveur de la démocratie et des réformes économiques mais également de la volonté de l'Union européenne de considérer ces peuples comme des partenaires égaux. Partant, une solution à long terme, passe par l'intégration des pays des Balkans à l'Union européenne. Le représentant a donc lancé un appel aux Membres de l'Union européenne pour qu'ils aident l'ensemble de la région à se hisser aux normes européennes et à se préparer ainsi à devenir une partie de l'Europe unie. L'Union européenne doit encourager tous les Etats des Balkans à se diriger vers cette direction, a conclu le représentant.
M. SAEED HASAN (Iraq) a regretté que le représentant de la RFY n'ait pas été autorisé à participer à cette réunion. Soulever la question de la succession de la Yougoslavie est une excuse illogique qui n'est pas en harmonie avec la Charte des Nations Unies. En effet ses articles 31 et 32 permettent aux Etats membres et non membres de prendre part à la discussion du Conseil si elle touche directement à leurs intérêts. Le représentant a dénoncé le fait que des représentants de groupes rebelles en RDC ou encore le Sénateur Jesse Helms aient été en revanche invités à prendre la parole alors qu'ils n'ont que mépris envers la Charte des Nations Unies.
Les événements des dernières années ont prouvé que les interventions étrangères étaient motivées par des raisons douteuses. L'agression de l'OTAN, avec les Etats-Unis à sa tête, a porté un coup dur à la règle du droit international et à l'autorité du Conseil de sécurité. Il s'agissait d'une ingérence dans les affaires internes d'un pays motivée par des visées expansionnistes. La paix dans les Balkans devra passer par le respect des Nations Unies, le dialogue entre toutes les parties de la région et la prise en compte de tous les éléments de la crise. La communauté internationale se doit d'apporter une aide impartiale et sincère.
M. IVAN SIMONOVIC (Croatie) a remercié les encouragements transmis par certains membres du Conseil de sécurité à son pays en les assurant que la Croatie a entrepris de se retirer définitivement du cycle des crises pour rejoindre le camp des pays bien "intentionnés et désireux d'aider ceux qui sont dans le besoin". Le représentant a présenté son pays comme le meilleur exemple de la possibilité de changements positifs. Il s'est donc félicité de l'initiative du Président français d'accorder une attention particulière, durant sa présidence de l'Union européenne, à la question de l'intégration des pays des Balkans dans l'Europe. La proposition de la France de convoquer un sommet, à cette fin, devrait susciter l'appui de tous les pays de la région, a estimé le représentant. Il s'est montré préoccupé par la situation qui prévaut en République fédérale de Yougoslavie (RFY). Pour lui, l'idéologie qui a été à l'origine de tant de souffrances dans la région se retourne aujourd'hui contre son auteur puisqu'elle entrave un dialogue démocratique sur la manière de résoudre les tensions ethniques au Kosovo et de protéger les intérêts légitimes des Monténégrins. Le représentant a estimé qu'aucune normalisation des relations de son pays avec la RFY ne pourra intervenir sans une démocratisation de ce dernier. Il a, en revanche, fait état de l'intention de son pays de continuer à normaliser ses relations avec le Monténégro, en particulier en ce qui concerne la liberté de mouvement des civils dans la région de Prevlaka sur laquelle, a-t-il insisté, "le régime de Milosovic nourrit des prétentions territoriales". Pour le représentant, le règlement de la question de la succession de la Yougoslavie - rejetée avec entêtement par la RFY - est une condition préalable à la paix et à la stabilité dans la région. Il a déclaré qu'aussi longtemps que Milosevic et ses acolytes ne seront pas traduits en justice par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, la réconciliation restera impossible. Il a indiqué que son pays et la Bosnie Herzégovine ont déposé devant la Cour internationale de Justice une plainte pour crimes de génocide contre les autorités de Belgrade.
Commentant les déclarations des délégations, l'Envoyé spécial du Secrétaire général dans la région des Balkans a exprimé sa reconnaissance aux représentants de la Bosnie- Herzégovine pour les propos qu'ils ont tenus à son égard. Il a rappelé que les deux représentants de ces pays ont été ennemis pendant la guerre et le fait, a-t-il dit, qu'ils prennent la parole ensemble sans prétendre que "rien ne s'est passé", prouve que malgré toutes les difficultés, le progrès reste possible. L'Envoyé spécial s'est aussi félicité des propos tenus par les autres Etats des Balkans qui ont mis en lumière la nécessité de trouver une approche globale, dans le cadre de l'Europe, pour régler la question des Balkans en rejoignant ainsi sa propre opinion et celle de M. Javier Solana. L'Envoyé spécial a aussi relevé les encouragements des Membres du Conseil comme les Etats- Unis et l'Ukraine, en dépit de leurs divergences sur la question. Evoquant la situation au Kosovo, il a reconnu la nécessité de se renseigner sur le sort des personnes disparues albanaises ou autres. Il a rappelé que des milliers de personnes sont encore portées disparues et averti la communauté internationale de ne pas être tentée de cesser les efforts internationaux pour découvrir ce qu'il est advenu de ces personnes. La Mission de l'ONU au Kosovo comme la KFOR, a-t-il poursuivi, font de leur mieux pour protéger les droits de l'homme de chaque personne. Les échecs sont là mais ils ne résultent pas d'un manque d'effort. Ces échecs sont perturbants et troublants pour tous, a insisté l'Envoyé spécial en ajoutant qu'il faut tout mettre en oeuvre pour faire obstacle à ce type de violence. En ce qui concerne le Monténégro, l'Envoyé spécial a rappelé que les autorités de Belgrade ayant commis des abus de pouvoir, les représentants élus du Monténégro se sont engagés dans la voie de l'affrontement. A moins que ces tendances ne s'inversent, la collusion ne pourra être évitée. L'Envoyé spécial a donc requis tout l'appui politique de la communauté internationale pour éviter une détérioration de la situation. Il a souligné l'importance de la poursuite du dialogue sur cette question au sein du Conseil. Si la communauté internationale ne présente pas un front uni devant les efforts de stabilité et de paix dans la région, nous n'aurons guère de chance de réussir, a conclu M. Bildt.
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