TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE FAITE PAR LE SECRETAIRE GENERAL, M. KOFI ANNAN, AU SIEGE DES NATIONS UNIES A NEW YORK, LE 16 JUIN 2000
Communiqué de Presse
SG/SM/7456
TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE FAITE PAR LE SECRETAIRE GENERAL, M. KOFI ANNAN, AU SIEGE DES NATIONS UNIES A NEW YORK, LE 16 JUIN 2000
20000622Le Secrétaire général : Bonjour. Jai le plaisir de vous annoncer que la Force intérimaire des Nations Unies au Liban ma informé aujourdhui quIsraël sétait retiré du pays conformément aux dispositions de la résolution 425 (1978). Je viens de transmettre cette information au Conseil de sécurité.
La population libanaise attend ce jour depuis 22 ans. Nous nous devons tous dadmirer le courage avec lequel elle a supporté cette épreuve. Aujourdhui est un jour heureux pour le Liban, mais aussi pour Israël. Cest un jour despoir pour lensemble du Moyen-Orient et un jour de fierté pour lOrganisation des Nations Unies. Cela montre que les résolutions des Nations Unies, quand elles sont pleinement appliquées par les parties, peuvent servir de base à la paix. Le Liban est maintenant plus proche de la paix quil ne la été depuis des dizaines dannées.
La principale tâche de la FINUL sera daider le Gouvernement et les forces armées libanaises à assumer leurs responsabilités à la frontière et dans toute la zone dont Israël sest retiré. Je suis convaincu que la communauté internationale aidera sans tarder le Liban à reconstruire son économie dans le sud et à restaurer les liens entre cette région et le reste du pays, permettant ainsi à lensemble du pays de progresser vers la paix et la stabilité.
Jespère en outre que lapplication de la résolution 425 (1978) du Conseil de sécurité sera considérée par tous les peuples de la région, et en particulier par les Syriens, les Palestiniens et les Israéliens, ainsi que par les Libanais, comme un encouragement à accélérer les négociations relatives aux traités de paix fondées sur les résolutions 242 (1967) et 338 (1973) du Conseil de sécurité.
Ces résolutions, qui consacrent le principe de léchange de territoires contre la paix, constituent la base sur laquelle repose le processus de Madrid de 1991 pour la réalisation dune paix juste, durable et globale au Moyen-Orient. Dès la fin de cette conférence de presse, je vais me rendre dans la région pour rencontrer les dirigeants et voir ce que lOrganisation des Nations Unies peut faire pour consolider les acquis et continuer à aller de lavant.
Enfin, jaimerais remercier les dirigeants du Liban, dIsraël et de la Syrie je parle du Président Lahoud, le Premier Ministre Barak et, bien sûr, feu le Président Hafez El Assad davoir coopéré avec lOrganisation des Nations Unies ces dernières semaines.
Je voudrais remercier les Gouvernements de lÉgypte, de lIran, de la Jordanie et de lArabie Saoudite pour leur appui, ainsi que les membres du Conseil de sécurité et, enfin, mon Envoyé spécial, Terje Roed-Larsen, pour tout ce quils ont fait pour permettre à ce jour darriver.
Nous ne sommes pas encore au bout de ce long chemin vers la paix dans la région, mais jespère que ce jour sera considéré comme le début de la fin.
Je vous remercie. Je dois men aller, mais M. Larsen va répondre à vos questions.
Question : M. Roed-Larsen, au nom de lAssociation des journalistes accrédités auprès de lOrganisation des Nations Unies, jaimerais vous souhaiter la bienvenue et vous féliciter pour cette réussite. Je donne immédiatement la parole à mes collègues.
Question : Pouvez-vous nous donner une idée de ce que vous allez demander Je crois savoir que vous avez déjà demandé que les effectifs de la Force soient portés à près de 8 000. Est-ce encore important et cela va-t-il se produire bientôt?
Terje Roed-Larsen : Oui, nous pensons que cela reste important. Cela dit, au cours des deux premières semaines du mois prochain, les effectifs de la Force seront portés à 5 600 et nous estimons que cet effectif devrait permettre de redéployer la FINUL dans lensemble du Sud-Liban. Mais nous restons convaincus que leffectif devrait être porté à 8 000, comme vous lavez mentionné.
Question : Aujourdhui, le Président Lahoud a déclaré que la frontière définie par lOrganisation des Nations Unies était « fictive ». Le Liban reconnaît-il lannonce faite par le Secrétaire général, daprès ce que vous savez?
Terje Roed-Larsen : Le rapport du Secrétaire général comprend une déclaration du Gouvernement libanais que nous interprétons sans ambiguïté comme signifiant que le Liban respectera la décision de lOrganisation des Nations Unies en ce qui concerne le retrait dIsraël.
Le Secrétaire général, en ma présence, a aussi parlé par téléphone au Président Lahoud juste avant cette conférence de presse, et je crois que cette conversation na fait que confirmer cette impression.
Question : Pour prolonger la question précédente, cela dément-il que le Président Lahoud continue de remettre en cause la frontière? Ma propre question : pouvez-vous nous dire ce qui a retardé cette annonce? Quels étaient les derniers problèmes?
Terje Roed-Larsen : Pour répondre à la première partie de la question, la position officielle du Liban est présentée dans le rapport, tout comme lest la position officielle du Gouvernement israélien. Et nous les considérons, bien entendu, comme étant les positions du Gouvernement libanais et du Gouvernement israélien.
Pour répondre à la deuxième partie de la question, il a été très compliqué de définir une démarcation qui soit pleinement conforme aux frontières internationales du Liban et encore plus compliqué de passer du papier au terrain. En outre, il fallait aussi vérifier et cette tâche appartenait à la FINUL sous les auspices du commandant de la Force quIsraël, conformément aux dispositions définies dans le rapport du Secrétaire général en date du 22 mai, avait bien quitté le Liban.
Il y a énormément de problèmes pratiques à régler avant de pouvoir procéder à un exercice aussi compliqué, par les personnes sur le terrain, par des équipes mobiles et par hélicoptère. Je voudrais ajouter quau moins 90 % des problèmes que nous avons eus des deux côtés étaient de nature pratique et non politique. Je trouve que les équipes des Nations Unies qui sont depuis maintenant de longues
semaines sur le terrain ont fait de lexcellent travail, tant auprès des autorités libanaises que des autorités israéliennes. Je ne vous cacherai pas, cependant, quil y a eu des divergences et quil y en a toujours. Mais le plus important cest que les deux parties, daprès les déclarations contenues dans le rapport, respectent la décision du Secrétaire général.
Question : Vous avez dit la dernière fois que ce rapport déclencherait lenvoi de casques bleus supplémentaires, et il a été question que la France, lItalie et lEspagne dépêchent des contingents plus importants. Savez-vous ce quil en est? Y a-t-il eu accord? Des délais ont-ils été fixés pour lenvoi des contingents?
Terje Roed-Larsen : Comme je lai déjà dit, les effectifs sur le terrain vont être portés à 5 600, contre 4 400 actuellement, dans le cadre de lélargissement des bataillons existants. Nous espérons aussi que dautres pays enverront des contingents. Je ne veux pas faire de commentaires sur les pays en question pour linstant. Jespère sincèrement, comme je lai dit dans ma dernière conférence de presse ici même, que lapprobation du rapport par le Conseil permettra lenvoi de contingents.
Question : Tout au long du processus, vous avez parlé de la démarcation pratique. Pouvez-vous nous aider à comprendre en quoi elle diffère des frontières internationalement reconnues, dans quelle mesure cela a été la cause des problèmes que vous avez rencontrés et pourquoi cette démarcation pratique a été nécessaire?
Terje Roed-Larsen : Je voudrais dabord souligner que je nai pas parlé de démarcation pratique tout au long du processus. Jai parlé de la nécessité de définir une démarcation dans le but pratique de confirmer le retrait, ce qui est différent. Cette démarcation, que vous trouverez sur la carte jointe au rapport officiel qui vous sera distribué aujourdhui, correspond, à notre avis, aux frontières internationales du Liban et dIsraël.
Il nappartient pas à lOrganisation des Nations Unies de décider des frontières. À notre avis, il sagit de facto de la frontière internationale telle que nous lavons définie en nous fondant sur les éléments pertinents. Cependant, ce nest pas la frontière internationale de jure, car seules les nations peuvent décider des frontières internationales. Mais je voudrais souligner que, de facto, cette frontière est absolument conforme.
Je voudrais ajouter quil sagit ici de deux frontières. Lune est la frontière entre Israël et le Liban, lautre est la frontière entre le Liban et la Syrie. Sagissant de cette dernière, nous avons simplement, aux fins de la confirmation du retrait, utilisé la démarcation entre les zones dopération de la FNUOD et de la FINUL. Comme vous le savez tous, la zone dopération de la FNUOD couvre uniquement la Syrie et celle de la FINUL uniquement le Liban. LOrganisation des Nations Unies sest fondée sur cette démarcation, qui est pratique, car il nexiste pas de frontière internationalement reconnue entre la Syrie et le Liban.
Question : Le Secrétaire général a mentionné lappui de lIran, entre autres. Pouvez-vous préciser quel type dappui lIran a apporté?
Terje Roed-Larsen : Les discussions avec les représentants de lIran ont été conduites exclusivement par le Secrétaire général. Je ny ai donc pas assisté et je crains ne pas pouvoir répondre précisément à cette question. Mais je puis vous dire que ces entretiens ont pleinement satisfait le Secrétaire général.
Question : Pouvez-vous décrire plus précisément comment vous envisagez le redéploiement? Les casques bleus vont-ils aller dans les endroits où les avant- postes israéliens ont-ils été détruits? Faudra-t-il négocier avec le Hezbollah pour prendre le contrôle de ces endroits? Pouvez-vous donner des détails sur ce que les casques bleus feront et quand. Demain? Avez-vous commencé à déplacer les contingents qui sont déjà dans la région?
Terje Roed-Larsen : Tout dabord, je voudrais rappeler que lapplication de la résolution 425 (1978) comporte trois volets : le premier est le retrait des troupes israéliennes, et le Secrétaire général vient de confirmer ce retrait. Il reste deux volets : restaurer lautorité du Gouvernement du Liban et aider ce gouvernement à rétablir la paix et la sécurité.
Indépendamment de ces deux questions, il est de la plus haute importance que le Gouvernement libanais déploie des forces armées dans le sud pour restaurer son autorité et rétablir la paix et la sécurité. Notre tâche est de lassister dans cet effort.
Je voudrais dire que les choses se précipitent et que le Gouvernement du Liban a déployé des forces de sécurité dans le sud du pays. Il y a donc actuellement des forces de sécurité dans chaque village du sud. En ce moment même, il y a environ 1 000 soldats déployés dans le sud essentiellement des agents des forces de sécurité intérieure mais aussi des soldats de larmée libanaise. Cest le plus important.
Autre point essentiel, le déploiement de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) qui est là et je tiens à le souligner une fois de plus pour aider le Gouvernement libanais à rétablir la paix et la sécurité et à restaurer son autorité.
Lannonce de la confirmation va déclencher le déploiement immédiat des contingents existants de la FINUL dans les zones précédemment contrôlées par Israël. La FINUL va établir des positions permanentes dans la zone et sentraînera en unités mobiles.
Question : Concernant ce que vous venez de dire, daucuns au Liban craignent que, en raison des réserves émises par le Président Lahoud, larmée libanaise ne se déploie pas dans le sud. Avez-vous reçu lassurance du Gouvernement libanais que larmée libanaise va se déployer en nombre (car on ne peut pas vraiment parler de nombre pour 1 000 agents des forces de sécurité intérieure et quelques militaires).
Terje Roed-Larsen : À ce que nous savons, larmée a déployé quelque 500 soldats jusquà présent. Le Gouvernement libanais a déclaré quil ne sattaquerait pas à cette question tant que la confirmation navait pas été donnée. Aujourdhui, le Secrétaire général a confirmé le retrait, ce qui signifie que lune des principales questions que nous devrons examiner avec le Gouvernement libanais, et qui sera bien entendu abordée lors de la visite du Secrétaire général à Beyrouth, est précisément le déploiement des forces armées dans le sud.
Question : Pouvez-vous nous dire quelles assurances vous avez reçues de la part du Gouvernement libanais concernant la sécurité des contingents de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban?
Terje Roed-Larsen : Le Président du Liban a publié, à ma demande, une déclaration dans ce sens, et il serait très difficile dobtenir des assurances plus fermes que celles du Président. Je voudrais ajouter quil ny a jamais eu dincident de quelque sorte que ce soit impliquant le personnel de lOrganisation des Nations Unies ou de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban sur le terrain. Au contraire, le personnel de la FINUL, à tous les niveaux, a été bien accueilli. Et il ny a aucune raison de penser que, dans la situation actuelle, des menaces particulières pèsent sur le personnel de la FINUL.
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