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ONG/360

LE COMITE CHARGE DES ONG POURSUIT L'EXAMEN DE LA PLAINTE DE LA FEDERATION DE RUSSIE CONTRE LE "TRANSNATIONAL RADICAL PARTY"

22 juin 2000


Communiqué de Presse
ONG/360


LE COMITE CHARGE DES ONG POURSUIT L’EXAMEN DE LA PLAINTE DE LA FEDERATION DE RUSSIE CONTRE LE "TRANSNATIONAL RADICAL PARTY"

20000622

Le Comité chargé des organisations non gouvernementales a poursuivi, ce matin, son examen des plaintes déposées par les Etats Membres contre certaines ONG dont les activités n’ont pas été jugées conformes aux dispositions de la résolution 1996/31 qui régit le statut consultatif. Reprenant son examen de la plainte déposée par la Fédération de Russie contre le “Transnational Radical Party” (TRP), le Comité a invité le représentant de l’organisation à répondre aux questions posées hier par ses membres. Cette plainte indiquait notamment que lors de la 56ème session de la Commission des droits de l’homme à Genève, un représentant des séparatistes et terroristes Tchétchènes, M. Idigov, avait pris la parole sous couvert du TRP.

Reconnaissant que le terme “Party” pouvait porter à confusion sur les intentions de l’ONG, le représentant du TRP a souligné que son organisation ne participe à aucune élection dans le monde et n’appuie aucun candidat. En revanche, les membres de l’organisation participent à des congrès et des conventions au cours desquels un débat est mené et des résolutions sont adoptées. La représentante de l’Algérie s’est alors enquise du statut de M. Idigov au sein du TRP. Est-il depuis longtemps membre de l’organisation ou n’a-t-il été accrédité que pour cette conférence de Genève ? En 1994, a-t-elle noté, le TRP a présenté une loi sur la légalisation des drogues devant le Parlement italien : comment une organisation non gouvernementale peut-elle donc entreprendre une telle démarche? Pour sa part, le représentant de Cuba a émis des doutes quant à la pertinence d’accréditer, en tant qu’organisation non gouvernementale, le TRP aux Nations Unies. Rappelant que certains membres du TRP sont aussi des représentants de collectivités locales ou de parlements, il a fait remarquer qu’il existait des moyens autres que l’accréditation en tant qu’ONG pour participer aux travaux de l’ONU. Il a demandé si l’organisation recevait des financements de la part de gouvernements ou de collectivités locales. Le représentant des Etats-Unis a, quant à lui, demandé si des membres du TRP ont été en liste pour le Parlement européen ou une autre formation politique, ou bien s’ils appartiennent à la fois à d’autres partis politiques tout en étant membres du TRP.

Aucun membre de l’organisation n’a jamais été candidat à une élection sous la bannière du TRP, a alors déclaré le représentant de l’organisation. Toute personne peut, à titre personnel, devenir membre du TRP, mais ces personnes n’utilisent jamais le nom de l’ONG pour rentrer en liste. Les campagnes lancées par le parti sont non violentes et impliquent des membres de toute origine politique. Répondant aux questions de l’Algérie, il a expliqué qu’en 1998, M. Idigov est devenu membre du TRP, soulignant que le TRP se dissocie de ses membres lorsque ceux-ci vont à l’encontre de ses principes. Le TRP ne reçoit aucun fonds gouvernemental pas même pour des activités précises. En 1994, un an avant que la demande de statut consultatif soit déposée, le TRP a été autorisé à présenter un projet de loi populaire : en Italie, il n’est pas nécessaire d’être un parti politique officiel, il suffit de 50 000 signatures. Si toute personne peut adhérer au TRP, a précisé le représentant, il existe néanmoins des critères de sélection des membres des délégations officielles.

Ayant consulté le site Internet du TRP, le représentant de la Turquie a noté que le TRP a établi des liens directs avec des groupes qui mènent des activités clandestines menaçant l’intégrité territoriale de son pays. Le TRP appuie-t-il ce type d’activités? a-t-il demandé. Tout comme lui, le représentant de la Chine a noté que figurait sur ce même site un article intitulé “Comment renverser le régime en Chine communiste”, article qui déclare que la recherche de la liberté passe par le renversement du parti communiste en Chine. Si l’organisation appuie de telles idées, elle a bien pour but de renverser le gouvernement d’un pays donné, en violation des buts et principes des Nations Unies. A son tour, l’Observateur de la République islamique d’Iran a questionné le contenu du site Internet du TRP. Certes le TRP a assumé la responsabilité de la déclaration faite à Genève, a fait remarquer le représentant de l’Inde, mais surveille-t-il les déclarations prononcées par ses représentants accrédités. Pour lui, le site Internet de l’organisation est à teneur hautement politique. Le représentant des Etats-Unis a demandé des précisions sur les critères utilisés pour établir les liens sur le site web

Invité à répondre à cette nouvelle série de questions, le représentant du TRP a insisté que l’ONG ne préconise l’indépendance d’aucune région du monde et ne publiera aucune déclaration dans ce sens. En outre, il a expliqué que les liens Internet appuyés par l’organisation se trouvent en première page de son site. La présence d’autres liens n’implique pas forcément que l’organisation souscrit à ces points de vue mais seulement qu’elle souhaite montrer différentes approches.

Pour le représentant de Cuba, le TRP a apparemment des difficultés à contrôler les déclarations de ses représentants lors de réunions officielles des Nations Unies. Est-il donc vraiment en mesure de tirer parti du statut consultatif qui lui a été accordé ? La représentante de l’Algérie a, quant à elle, réitéré sa question sur les critères de recrutement des membres. Le représentant des Etats-Unis a fait remarquer que M. Idigov avait prononcé un discours oral sans texte écrit. En outre, il a souhaité que le TRP reprécise sa position vis-à-vis de la pédophilie. Pour le représentant de la Fédération de Russie, une tentative est ici faite de dissocier le TRP de M. Idigov, qui s’est arrogé d’ailleurs, devant la Commission des droits de l’homme, le titre de représentant de la Tchétchénie en Europe et aux Etats-Unis. Il a noté que les membres du TRP comprenaient souvent des radicaux politiques. Le représentant de l’Inde a demandé des précisions sur le Groupe ARE qui est mentionné sur le site du TRP avant d’estimer qu’une résolution du TRP tentait de remettre en question l’intégrité territoriale de son pays. Le TRP cherche-t-il vraiment à lancer un débat sur les droits de l’homme ou à renverser certains gouvernements? a alors commenté le représentant de la Chine. L’Observateur de la République islamique d’Iran a suggéré que le TRP supprime de son site web tout lien qui puisse laisser imaginer que l’ONG souscrit aux idées d’autres organisations. La position de l’ONG doit être clairement exprimée, a-t-il ajouté.

Reprenant la parole, le représentant du TRP a insisté sur le fait que son organisation n’essaye pas de se dissocier de M. Idigov. En ce qui concerne les drogues, le TRP estime qu’une démarche différente pourrait être adoptée mais il n’appuie pas pour autant la production ou le commerce de ces substances. L’ARE était un groupe politique du Parlement européen, a-t-il par ailleurs précisé.

Le représentant de l’Allemagne a fait remarquer qu’il était pour lui difficile de se prononcer sans document écrit.

Le Comité reprendra ses travaux, cet après-midi, à partir de 15 heures.

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