LE COMITE CHARGE DES ONG ENTAME L'EXAMEN DE LA PLAINTE DE CUBA CONTRE L'ORGANISATION ASOPAZCO
Communiqué de Presse
ONG/358
LE COMITE CHARGE DES ONG ENTAME LEXAMEN DE LA PLAINTE DE CUBA CONTRE LORGANISATION ASOPAZCO
20000621Le Comité chargé des organisations non gouvernementales a examiné ce matin la question des rapports spéciaux qui contiennent les lettres de plainte de la part de ses membres demandant à ce que des mesures appropriées soient prises à légard de certaines ONG suite à leurs agissements. Ce faisant, il a entamé lexamen de la plainte de la délégation cubaine contre lorganisation "ASOPAZCO - International Council of the Association for Peace in the Continents". Le Comité était notamment saisi dune lettre du 27 avril 2000, adressée au Président de la Commission des droits de lhomme, par laquelle la délégation de Cuba explique que les représentants dASOPAZCO ont distribué, lors de la 56ème session de la Commission des droits de lhomme à Genève, des publications provenant dautres organisations cubaines menant des activités de propagande contre le gouvernement de ce pays. Lorganisation, poursuit la lettre, a également accrédité à cette session Mmes Silvia Iriondo et Victoria Ruiz, toutes deux activistes politiques. La première a participé au vol illégal de lassociation Brothers to the Rescue vers Cuba du 24 février 1996 qui fut à lorigine de lune des plus sérieuses crises entre Cuba et les États-Unis, et, plus récemment, elle sest jointe au groupe qui gardait le jeune cubain Elián González. Quant à la seconde, affirme la lettre, elle a déjà été emprisonnée en raison de ses activités contre lordre constitutionnel. La réponse dASOPAZCO, datée de juin 2000, indique notamment quaucun membre de lorganisation ne sest comporté de manière hostile ou na parlé à un membre de la délégation cubaine à Genève. Pour lorganisation, cest un membre de la délégation cubaine qui a menacé lONG de lui retirer son statut consultatif. LONG précise en outre que Victoria Ruiz est en exil depuis quelques mois et travaille avec des organisations des droits de lhomme apolitiques
Pour la représentante de Cuba, lassociation, qui par ailleurs na jamais informé le Comité de son désir de se présenter devant lui, a un comportement qui séloigne de la résolution 1996/31. Non seulement elle a accrédité des représentants dorganisation qui agissent politiquement contre Cuba depuis le territoire des États-Unis, mais elle a aussi distribué des documents émanant de plusieurs de ces organisations. La représentante a notamment cité en exemple lutilisation du logo des Nations Unies par la Fondation Helena Mederos qui mène des activités politiques contre Cuba. Lors de la session de mai du Comité, a-t- elle rappelé, il a été demandé un rapport à lONG. La réponse fournie paraît peu sérieuse, a-t-elle ajouté, estimant que lorganisation na pas pris suffisamment au sérieux la plainte déposée par le gouvernement cubain. Prenant ensuite la parole, un autre représentant de la délégation de Cuba a indiqué que lenquête menée par son gouvernement a prouvé que lONG a utilisé les locaux des Nations Unies pour mener des activités étrangères aux principes de la Charte.
Il sagit dun groupe de provocation et dagitation politique, a-t-il déclaré, ajoutant que Silvia Iriondo avait agressé verbalement et physiquement des membres de la délégation cubaine, ce qui est un comportement non approprié de la part dune ONG accréditée.
Soutenant la position de la délégation cubaine, la représentante de lAlgérie a regretté quil ny ait pas de représentant de lONG dans la salle. A travers sa déclaration de principe, lONG se dit défendre les droits de lhomme et tenter de rapprocher les continents dEurope et dAmérique, a-t-elle noté, demandant si lorganisation soccupe effectivement des droits de lhomme en Europe ou bien seulement à Cuba. Elle a également demandé quels étaient les critères utilisés par lONG pour accréditer aux Nations Unies des personnes qui ne comptent pas parmi ses adhérents. Pour sa part, le représentant des États-Unis a estimé que cette organisation mentionne des problèmes qui selon elle existent à Cuba. Elle ne parle pas de renverser le gouvernement de Cuba, a-t-il ajouté. La Commission des droits de lhomme est un organisme où le cas de certains États est examiné au risque de déplaire aux gouvernements. Si les ONG ne doivent pas être politiques, faut-il supprimer toutes les organisations défendant les droits de lhomme dès quelles critiquent un pays?, sest-il interrogé. Reprenant la parole, la représentante de Cuba a souligné que le Comité chargé des ONG nest pas là pour discuter du respect des droits de lhomme dans chaque pays. Si cétait le cas, on pourrait sans doute aussi parler des abus des droits de lhomme dans les prisons des États-Unis, a-t-elle ajouté. Cuba a présenté des plaintes très bien documentées concernant des actes dune ONG et non pas lexpression libre de ses opinions. Le Gouvernement de Cuba na pas lintention dempêcher les ONG de sexprimer devant la Commission des droits de lhomme, a-t-elle insisté. Estimant que les États-Unis semblent appliquer la politique des deux poids deux mesures, elle a rappelé que le comité avait auparavant rejeté trois ONG suite aux seuls témoignages verbaux de certains de ses membres. Les éléments présentés sont selon elle amplement suffisants pour que le Comité puisse juger du cas de cette ONG. En conclusion, elle a demandé le retrait du statut consultatif à ASOPAZCO ainsi quun rapport spécial sur lorganisation United Towns for North South cooperation pour la prochaine session.
Pour sa part, la représentante du Soudan a rappelé que les organisations non gouvernementales doivent mener leurs activités conformément aux règles en vigueur dans les conférences des Nations Unies. Lorsque certaines organisations multiplient des déclarations politiques se sont là des activités visant à renverser les gouvernements de pays membres des Nations Unies, at-elle estimé, tout en soulignant que les ONG sont responsables de leurs actes. Pour le représentant de la Fédération de Russie, lONG qui se déclare apolitique met en réalité en cause le principe de la souveraineté dun Etat. Appuyant la position de la délégation cubaine, le représentant de la Chine a déclaré que la participation des ONG aux travaux de lECOSOC doit être assujettie aux principes de la Charte et conforme à la résolution 1996/31 ainsi quau règlement intérieur de lONU. Pour lui, les activités de cette ONG sont hautement politiques. Indiquant que la délégation chinoise avait aussi été harcelée par des ONG par le passé, il a jugé inadmissibles de tels comportements dans le cadre de réunions des Nations Unies.
Ayant demandé plus de temps pour prendre connaissance de labondante documentation distribuée, le représentant de lAllemagne a souhaité obtenir des précisions sur les autres activités de lorganisation hors de Cuba, ainsi que sur les liens existant entre la Fondation Helena Mederos et ASOPAZCO. De même, le représentant de la France a souhaité que lensemble des éléments qui ont été portés à lattention du Comité puisse être examiné. Au vu de la complexité de ce cas, il est important que lONG ait la possibilité de répondre à tous les points soulevés. Nulle part dans la plainte de Cuba ne figure le souhait de retirer le statut consultatif à cette organisation, a-t-il fait observer avant de demander à ce que cette indication supplémentaire soit transmise à lONG. Pour Cuba, lorganisation a eu, en mai, la possibilité de répondre au Comité mais elle ne la pas fait. Notant que douze personnes avaient été accréditées à la Commission des droits de lhomme, elle a relevé que lONG aurait pu avoir aujourdhui un représentant présent dans la salle. Elle a proposé que le Comité se prononce sur le cas vendredi matin.
La représentante de la Bolivie a, quant à elle, appuyé la plainte de la délégation cubaine. Soulignant la gravité de la question, le représentant du Chili a estimé que les nouvelles informations distribuées devraient être transmises à lONG. Il ne faut pas préjuger des décisions à prendre, a-t-il recommandé, les ONG doivent pouvoir parler librement des droits de lhomme et le dialogue est le seul moyen de progresser. Pour le représentant du Liban, les ONG doivent comprendre que le statut consultatif leur est accordé pour quelles se livrent à leurs activités en conformité avec la résolution 1996/31. Participer aux travaux de lECOSOC ne devrait pas servir de prétexte à dautres desseins, a- t-il insisté. Le représentant de la Tunisie a, quant à lui, estimé que les allégations de Cuba sont fondées sur des arguments solides. Le travail des ONG doit être impartial et juste et, surtout, ne pas être confondu avec une activité politique, a-t-il insisté. LObservateur de la République islamique dIran a attiré lattention sur le fait que lélément de terrorisme empêche tout compromis. Cette ONG a clairement outrepassé son mandat en agressant verbalement la délégation cubaine, a-t-il ajouté.
Le Comité poursuivra lexamen des plaintes déposées par ses membres, cet après-midi, à 15 heures.
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