ONG/348

LE COMITE DES ONG RECOMMANDE D'ACCORDER LE STATUT CONSULTATIF SPECIAL AUPRES DE L'ECOSOC AU GLOBAL ECO-VILLAGE NETWORK

13 juin 2000


Communiqué de Presse
ONG/348


LE COMITE DES ONG RECOMMANDE D'ACCORDER LE STATUT CONSULTATIF SPECIAL AUPRES DE L'ECOSOC AU GLOBAL ECO-VILLAGE NETWORK

20000613

La demande de l'ONG iranienne "Association pour la fondation Mohsen Hachtroudi" ne recueille pas l'approbation du Comité

L'organisation danoise Global Eco-Village Network, a été recommandée, cet après-midi, pour le statut consultatif spécial par le Comité chargé des organisations non gouvernementales. Cette ONG internationale encourage la promotion du concept de village-écologique, destiné à favoriser des modes de vie à faible impact sur l'environnement tout comme elle appuie le développement de commerces et technologies durables.

Dans l'attente d'une réponse claire aux questions posées par les délégations, le Comité a décidé de reporter à une date ultérieure sa décision concernant les ONG suivantes : Human Rights International Alliance, International Prostitutes Collective, National Association of Women in Uganda.

N'ayant pas reçu de réponse à ses questions depuis deux ans, le Comité a, par ailleurs, décidé de clore l'examen de la demande du statut consultatif général du Conseil de défense des droits et des libertés humaines, ONG nationale basée à Pristina au Kosovo. Toutefois, l'organisation a été autorisée à présenter une nouvelle demande, à l'avenir, si elle le souhaite.

En revanche, le Comité a décidé de ne pas recommander l'octroi du statut consultatif spécial à l'Association pour la fondation Mohsen Hachtroudi, organisation internationale d'origine iranienne ayant son siège à Paris et "dédiée à l'éducation, à la laïcité, à la démocratie, à la tolérance et à un avenir meilleur pour les Iraniens". A l'image du représentant de la République islamique d'Iran, de nombreux membres du Comité ont motivé leur décision en émettant de sérieuses réserves sur les motivations de cette organisation, qui, selon eux, poursuit des mobiles politiques et ne s'intéresse pas aux droits de l'homme. L'opposition politique à l'encontre d'un Etat Membre des Nations Unies prônée par cette organisation ne peut pas convenir au statut consultatif. Les intervenants ont aussi souligné que les ONG n'étaient pas une force d'opposition mais devaient être un élément positif participant à la société civile.

La prochaine réunion du Comité aura lieu demain, mercredi 14 juin, à 10 heures.

Examen des demandes d'admission au statut consultatif

Compte tenu des questions soulevées ce matin par ses membres, le Comité a décidé de reporter à une date ultérieure sa décision concernant l'octroi du statut consultatif spécial à Human Rights International Alliance, une ONG internationale s'intéressant aux droits de l'homme basée au Royaume-Uni. Il a également décidé d'envoyer par écrit la liste des questions des délégations afin d'obtenir une réponse claire de la part de cette organisation.

Le Comité a recommandé l'octroi du statut consultatif spécial à l'ONG Global Eco-Village Network. Organisation d'origine danoise, Global Eco-Village Network aide à la promotion du concept de village-écologique, destiné à favoriser des modes de vie à faible impact sur l'environnement tout comme elle encourage le développement de commerces et technologies durables.

Le Comité a décidé de clore l'examen de la demande d'admission au statut consultatif général du Conseil de défense des droits et des libertés humaines dont il avait entamé le 12 juin dernier. L'ONG pourra toutefois, si elle le souhaite, présenter une nouvelle demande. Rappelant que cette ONG, située en ex- Yougoslavie, n'avait pas répondu depuis deux ans aux courriers de l'ONU, le représentant de la France a indiqué que la présente décision devrait être transmise à l'organisation par le biais de l'Administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo.

Le Comité a ensuite examiné la question de l'octroi du statut consultatif général à International Prostitutes Collective. Cette ONG, dont le siège est à San Francisco (Etats-Unis), s'efforce de mettre en lumière les effets de la pénalisation de toutes les personnes (femmes, hommes et enfants) qui se livrent à la prostitution ainsi que de les protéger contre le viol et les autres formes de violence tout en reconnaissant leurs droits humains, juridiques et civils. Précisant que sa délégation ne soutenait aucunement la prostitution, le représentant des Etats-Unis a déclaré que cette organisation a du mérite si elle cherche effectivement à rompre le cycle de la pauvreté qui frappe les personnes contraintes de se prostituer. Il ressort des nouveaux éléments d'information qu'elle a fournis, que cette organisation n'a pas pour but de favoriser la prostitution mais d'alléger les souffrances des personnes qui sont tombées dans ce cercle vicieux. En revanche, il s'est prononcé en faveur de l'octroi du statut consultatif spécial et non général. Appuyé par l'Algérie et le Pakistan, le représentant du Sénégal a exprimé ses craintes quant aux objectifs avoués par cette organisation de dénoncer la pénalisation de la prostitution des femmes, des hommes et des enfants. Selon lui, la meilleure attitude aurait été de condamner clairement la prostitution enfantine. Pour leur part, les représentants de la Chine et du Soudan ont estimé que les ambitions de cette organisation donnent l'impression qu'elle cherche à légaliser la prostitution, c'est pourquoi il leur est difficile de défendre sa demande. Ils se sont aussi, de concert avec le représentant de l'Ethiopie, interrogés sur la participation que cette organisation pourra effectivement avoir auprès du Conseil économique et social. Le représentant de l'Inde a, quant à lui, souligné la faiblesse des revenus dont dispose cette organisation. Pour sa part, le représentant de la Fédération de Russie s'est étonné de constater qu'alors que la plupart des Etats américains condamnent la prostitution, le siège de cette organisation se trouve malgré tout aux Etats-Unis. Avant de se prononcer, le Comité devrait donc, selon lui,

demander une confirmation claire que cette ONG n'encourage pas la prostitution des mineurs. Le Président du Comité a mis en garde les membres contre la tendance à reposer toujours les mêmes questions aux organisations. Dans le cas présent, l'International Prostitutes Collective a dans sa dernière réponse clairement indiqué qu'il n'appuyait pas la prostitution infantile. Il s'est interrogé sur les moyens pour le Comité de vérifier ces affirmations. Le représentant du Liban a estimé que le domaine d'activité de cette ONG ne relève pas du mandat de l'ECOSOC. Les représentants de l'Allemagne et du Chili ont déclaré que les réponses distribuées en salle par cette ONG indiquent clairement qu'elle n'encourage en aucune manière la prostitution infantile, par conséquent ils se sont dits prêts à lui octroyer le statut consultatif spécial. Les représentants de l'Algérie, du Liban, du Soudan, du Pakistan ont précisé qu'ils n'étaient pas en mesure d'appuyer la demande de cette ONG à ce stade. Compte tenu des craintes exprimées par ses collègues, le représentant de l'Inde a suggéré à l'ONG de reformuler sa demande de manière plus claire. Ce à quoi, la représentante de l'Algérie a demandé qu'y soient joints la constitution, les statuts, les publications et les projets auxquels cette organisation participe. Partant, le Comité a décidé de reporter sa décision en attendant que l'ONG reprécise ses objectifs. Le représentant de la Fédération de Russie s'est réjoui de constater que lors de ses discussions sur l'octroi du statut consultatif à cette organisation, le Comité ait confirmé de manière unanime sa condamnation de l'exploitation sexuelle des enfants. Il a espéré qu'il continuera d'en être ainsi à l'avenir.

Le Comité a reporté sa décision relative à la demande de statut consultatif de l'ONG National Association of Women Organizations in Uganda. Cette organisation ougandaise travaille à l'utilisation optimale des ressources afin d'améliorer le statut et les conditions de vie des femmes ougandaises. Le Comité n'ayant reçu, à ce jour, aucune réponse de l'ONG, les représentants du Chili, des Etats-Unis et du Soudan ont proposé d'accorder un nouveau délai à l'organisation étant donné qu'il s'agit là d'une demande récente.

Le Comité a décidé de ne pas recommander l'attribution du statut consultatif à l'ONG Association pour la Fondation Mohsen Hachtroudi. Le représentant de l'Iran a émis de graves réserves au sujet des motivations de cette organisation, estimant qu'un statut quelqu'il soit ne pouvait lui être octroyé. En effet, l'ONG, qui se dit lutter pour une société laïque en Iran et sous-entend qu'il y a une dictature dans ce pays, poursuit des mobiles politiques et ne s'intéresse pas aux droits de l'homme, a-t-il ajouté. De plus, a-t-il signalé, la Présidente de cette ONG, Mme Farida Hachtroudi, est membre d'une organisation terroriste reconnue comme telle et condamnée pour ses activités à la fois à l'extérieur et à l'intérieur de l'Iran. Il a donc demandé aux membres du Comité de ne pas donner le statut consultatif à l'Association pour la Fondation Mohsen Hachtroudi. Le représentant du Liban a estimé à son tour que les activités de l'ONG étaient motivées par une politique d'opposition à l'encontre d'un Etat Membre des Nations Unies, ce qui ne peut pas convenir au statut consultatif. Tout comme l'Iran, le représentant du Pakistan a estimé que les propos de cette organisation sont très politiques et qu'elle ne semble pas se charger des questions des droits de l'homme. Les représentants de la Fédération de Russie, du Soudan et de Cuba ont émis eux aussi des réserves quant à la nature de l'organisation qui n'apparaît pas comme une ONG mais comme une organisation

politique. La représentante du Soudan a souligné que l'ONG essayait de conférer un rôle violent aux ONG. A son instar, les représentants de la Tunisie et de la Chine ont souligné que les ONG n'étaient pas une force d'opposition mais participaient à la société civile. Pour sa part, le représentant de la France a rappelé que Mme Hachtroudi ne s'est jamais cachée d'appartenir au Conseil révolutionnaire iranien qu'elle a d'ailleurs récemment quitté. Il a indiqué que l'ONG a pour tâche essentielle d'accueillir et de former des Iraniens en France, et que son Gouvernement aurait certainement pris des mesures s'il s'agissait là d'une organisation terroriste.

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