En cours au Siège de l'ONU

DH/277

OUVERTURE DE LA PREMIERE SESSION DE FOND DU COMITE PREPARATOIRE DE L'ASSEMBLEE GENERALE SUR LE SUIVI DU SOMMET MONDIAL POUR LES ENFANTS

30 mai 2000


Communiqué de Presse
DH/277


OUVERTURE DE LA PREMIERE SESSION DE FOND DU COMITE PREPARATOIRE DE L'ASSEMBLEE GENERALE SUR LE SUIVI DU SOMMET MONDIAL POUR LES ENFANTS

20000530

Le Comité préparatoire de la session extraordinaire de l’Assemblée générale qui, en 2001 évaluera les progrès réalisés en faveur des enfants, dix ans après le Sommet qui leur a été consacré, a ouvert, ce matin au Siège des Nations Unies, les travaux de sa première session de fond.

Présentant le rapport du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) intitulé “Les nouveaux problèmes des enfants au XXIe siècle”, Mme Carol Bellamy, Directrice exécutive du Fonds, a estimé que, même si les années 1990 ont été le témoin de progrès remarquables en ce qui concerne notamment l’élimination de la polio, la lutte contre les carences en iode, la fourniture de suppléments en vitamine A et la promotion de l’allaitement maternel, les réalisations de la communauté internationale ne sont toujours pas à la hauteur des engagements pris, notamment à la lumière de nouveaux défis. Parmi les nouvelles menaces, l’accroissement des inégalités et de la pauvreté, la dégradation de l’environnement, la pandémie du VIH/sida, la prolifération des conflits armés, l’enrôlement des enfants soldats ou encore la prolifération des armes de petit calibre. Mme Bellamy a lancé un appel en faveur des enfants et, dans ce contexte, a souligné la nécessité de créer des leaderships et des alliances qui permettront non seulement de mobiliser des dirigeants de renommée internationale, mais également des personnes influentes qui représenteront la société civile, que ce soient les organisations non gouvernementales, les groupes religieux, les entreprises privées et publiques, le milieu universitaire, les médias, la famille et les enfants eux-mêmes.

Mme Bellamy a cité la préparation de la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée en 2001 au suivi du Sommet mondial pour les enfants doit mesurer les progrès accomplis et prendre la mesure des difficultés rencontrées afin de tracer le cadre et les perspectives d’un nouveau plan d’action plus efficace, comportant de nouvelles dates butoir pour certains objectifs et identifiant d’autres objectifs pour faire face aux nouveaux défis de ce troisième millénaire et, en particulier, l’éradication de la pauvreté qui est à l’évidence la source de la plupart des problèmes, ont estimé l’ensemble des délégations. La plupart d'entre elles ont plaidé en faveur de stratégies de lutte contre le sida sans que l’on oublie pour autant les maladies traditionnelles comme la polio, la

tuberculose, la pneumonie et la diphtérie. C’est pourquoi, la session extraordinaire de 2001 ne doit pas être une simple session commémorative mais doit constituer au contraire un véritable point de départ pour une action concertée réfléchie et ambitieuse de nature à permettre à tous les enfants du monde de vivre dans la paix, la sécurité et le bien-être.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole : Afrique du Sud, Guyana, Algérie, Pakistan, Canada, Portugal, Nouvelle-Zélande, Inde, Egypte, Roumanie, Ukraine, Etats-Unis et Norvège.

Le Comité préparatoire, qui poursuivra les travaux de sa session de fond jusqu’à vendredi, 2 juin, tiendra, outre trois ou quatre séances plénières consacrées à un débat général, des tables rondes sur l’évaluation et les obstacles à la mise en oeuvre de la Déclaration et du Plan d’action adoptés par le Sommet mondial en 1990 et sur les initiatives futures en faveur des enfants.

La prochaine séance plénière aura lieu demain, mercredi 31 mai à 10 heures.

Informations de base

Le Comité préparatoire pour la session extraordinaire de l’Assemblée générale qui sera consacrée en septembre 2001 au suivi du Sommet mondial pour les enfants tient sa première session de fond du 30 mai au 2 juin 2000.

La session extraordinaire devra mesurer le degré de réalisation des objectifs fixés par le Sommet mondial pour les enfants et examiner les mesures et initiatives à envisager pour l’avenir. Lors du Sommet tenu en 1990, 181 pays, dont 71 représentés par leur Chef d'Etat ou de gouvernement, avaient fixé 7 objectifs principaux à atteindre d'ici l'an 2000:réduction des taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans; réduction des taux de mortalité maternelle; réduction de la malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans; accès universel à l'eau salubre et à l'assainissement; accès universel à l'éducation de base; réduction des taux d'analphabétisme chez les adultes, l'accent étant mis sur l'alphabétisation des femmes; amélioration de la protection des enfants vivant dans des circonstances particulièrement difficiles. Ces objectifs, de même que 20 objectifs connexes sont détaillés dans le Plan d'action mondial pour les enfants adoptés, ainsi qu'une Déclaration finale lors du Sommet. Où en sommes- nous, dix ans après? C'est à cette question que devra répondre la session extraordinaire.

Le Comité préparatoire avait tenu une session d'organisation les 7 et 8 février derniers. Dans un rapport dont cette session est saisie, le Secrétaire général fait le point de l'état d’avancement du processus préparatoire. (A/AC.256/5) Il est rappelé que le Secrétaire général présentera à la session extraordinaire, par le biais du Comité préparatoire, une évaluation de la mise en oeuvre et des résultats de la Déclaration et du Plan d’action, y compris des recommandations appropriées pour les initiatives futures. L’évaluation portera également sur les meilleures pratiques et sur les obstacles rencontrés dans la mise en oeuvre, ainsi que les mesures visant à surmonter ces obstacles. Le Secrétaire général avait demandé au Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) de coordonner la préparation de l’évaluation qui englobera les travaux accomplis aux niveaux national, régional et international.

Le rapport indique qu’un certain nombre d’activités ont déjà été assurées aux niveaux régional et sous-régional et que d’autres sont en cours d’organisation. En Afrique, par exemple, une consultation régionale intitulée "une vision pour les enfants en Afrique de l’Ouest et du Centre au début du XXIe siècle" a été organisée par le Gouvernement de la Côte d’Ivoire du 30 novembre au 3 décembre 1999. En octobre 1999, des consultations nationales préparatoires avaient été organisées par 10 bureaux de pays de l’UNICEF dans la région et, en février 2000, l’Organisation internationale du Travail (OIT) et l’UNICEF avaient organisé, à Libreville, une consultation sur la traite et l’exploitation des enfants, rassemblant 150 délégations de 20 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre. L’UNICEF a mis en place une structure administrative provisoire chargée d’appuyer le Comité préparatoire et les différentes activités liées à la préparation de la session extraordinaire. Assisté d’un secrétariat réduit, le Directeur général adjoint à la coopération et aux ressources est chargé de diriger le processus de préparation et de fournir un appui à la session extraordinaire. Conformément à la

résolution 54/93, l’Assemblée générale a invité tous les organismes et organisations compétents du système des Nations Unies, y compris les fonds et programmes, les institutions spécialisées et les institutions financières internationales, à participer activement aux préparatifs de la session extraordinaire.

Il avait été décidé à la première session d’organisation que les organisations non gouvernementales (ONG) accréditées auprès du Conseil économique et social, ainsi que d’autres ONG qui ne sont accréditées ni auprès de l’ECOSOC ni auprès de l’UNICEF, mais qui entretiennent des rapports de collaboration et de partenariat avec l’UNICEF, devraient pouvoir participer aux travaux du Comité préparatoire.

Dans la résolution 54/93, la participation des enfants et des adolescents au processus de préparation de la session extraordinaire ayant été jugée essentielle, des efforts ont été déployées à cette fin. Agissant au nom du Secrétaire général et sa qualité de secrétariat technique, l’UNICEF a engagé les procédures voulues pour établir et gérer un fonds d’affectation spéciale destiné à financer la participation des représentants des pays les moins avancés aux réunions du Comité préparatoire

Le Comité préparatoire est également saisi d’un rapport intitulé “Les nouveaux problèmes des enfants au XXIe siècle” (A/AC.256/3-E/ICEF/2000/13).

La situation des enfants et des femmes s’est considérablement améliorée au cours de la décennie écoulée. Si l’on excepte deux gouvernements, tous les autres – soit 191 – ont ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant. La vaccination a été l’un des principaux domaines où des progrès ont été accomplis depuis 1990, même si l’on a récemment observé des reculs dans certains des pays les plus pauvres. Il existe une volonté politique croissante de donner acte et de s’attaquer à des formes de mauvais traitements et l’exploitation autrefois occultées, à savoir notamment le travail des enfants, la vente et la traite des enfants, la prostitution des enfants et leur enrôlement dans les forces armées. Cependant, les progrès sont insuffisants dans un certain nombre de domaines. Des avancées considérables ont été réalisées en matière de réduction de la mortalité infantile mais l’objectif du Sommet mondial à cet égard n’a été atteint que dans un tiers des pays en développement.

Il reste beaucoup à faire pour faire reculer la malnutrition infantile – près de 160 millions d’enfants de moins de 5 ans souffrent d’une forme grave ou modérée de malnutrition et 5 des 10 millions d’enfants qui souffrent d’une forme grave de ce phénomène meurent chaque année. L’accession à l’enseignement primaire – en particulier, pour les filles et d’autres groupes exclus – ne progresse pas au même rythme que l’accroissement démographique. Au moins 250 millions d’enfants de 5 à 14 ans travaillent dans des conditions relevant de l’exploitation. D’autres enfants, dont on ne connaît pas le nombre, essentiellement des filles, travaillent de longues heures chez eux tous les jours; ils n’ont pas le temps d’aller à l’école et ne sont pas encouragés à y aller. L’expérience acquise ces 10 dernières années et l’analyse qui en a été faite confirment le bien-fondé des approches du développement adoptées antérieurement et permettent de les affiner. L’une des grandes leçons des années 90 est que le changement est possible et que la défense des droits des enfants constitue un bon moyen de le favoriser.

En ce qui concerne les difficultés à l'aube du XXIème siècle, il est souligné que les enfants sont les plus touchés par la pauvreté qui a un effet débilitant sur leurs corps et leurs esprits. En outre, depuis 1990, plus de 2 millions d'enfants ont été tués et 6 millions blessés ou mutilés lors de conflits armés. Plus de 10 000 sont tués ou mutilés par les mines chaque année. Et à la fin de l'an 2000, 13 millions d'enfants dont la majorité vivent en Afrique, auront perdu l'un de leurs parents, voire les deux, en raison du sida.

Composition du Bureau

Présidente : Patricia Durrant (Jamaïque); Vice-Présidents : Madina Ly Tall (Mali), Anwarul Karim Chowdhury (Bangladesh), Lidjia Topic (Bosnie-Herzégovine), Hanns Schumacher (Allemagne).

Déclarations

Mme CAROL BELLAMY, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a évoqué les progrès réalisés depuis le Sommet mondial pour les enfants qui s’est tenu il y a dix ans. La Convention relative aux droits de l'enfant, qui est l’instrument de défense des droits de l’homme le plus universellement ratifié, a permis d’affirmer toute une série de droits fondamentaux dans les domaines de la santé, de l’alimentation, de l’éducation, de l’accès à l’eau potable, à l’égalité entre les sexes, de la lutte contre la violence et contre l’exploitation. Les années 1990 ont été le témoin de progrès remarquables en ce qui concerne notamment l’élimination de la polio, la lutte contre les carences en iode, la fourniture de suppléments en vitamine A et la promotion de l’allaitement maternel. Mme Bellamy a néanmoins estimé que ces réalisations ne sont toujours pas à la hauteur des engagements pris d’autant que de nouveaux défis ont vu le jour comme l’aggravation des inégalités et de la pauvreté, la discrimination continue entre les sexes, la dégradation de l’environnement, la pandémie du VIH/sida, la prolifération des conflits armés, l’enrôlement des enfants soldats ou encore la prolifération des armes de petit calibre.

Nous savons, a souligné Mme Bellamy, que d’immenses progrès dans le développement humain pourront être réalisés si nous permettons aux enfants de prendre le meilleur départ possible dès les premières années de leur vie, si nous leur accordons une bonne éducation de base et si nous permettons aux adolescents de participer à la société de façon constructive. Nous savons qu’avec le niveau de l'économie mondiale, nous disposons des ressources et des stratégies nécessaires pour atteindre ces résultats. Le Sommet mondial pour les enfants nous offre l’opportunité d’examiner les progrès réalisés vers la réalisation des objectifs fixés par le Sommet au plus haut niveau mais également de redynamiser l’engagement de la communauté internationale à la cause des enfants. Mme Bellamy a expliqué que le processus menant à la Session spéciale de l’Assemblée générale repose sur un examen des progrès réalisés au cours de la décennie passée d’un point de vue mondial, régional et national et que les pays eux-mêmes ont un rôle crucial à y jouer. Elle a également souligné l’importance du rapport sur les

questions émergentes ayant des incidences sur les enfants au XXIème siècle, les informations que fourniront divers organes des Nations Unies et personnalités et comme le Comité sur les droits de l’enfant, le Représentant spécial pour les enfants et les conflits armés et le Rapporteur spécial de la Commission des droits de l’homme sur le commerce des enfants, la prostitution et la pornographie des enfants.

Mme Bellamy a lancé un appel en faveur de l’action pour que les engagements pris il y a dix ans soient traduits dans la réalité. Elle a souligné, dans ce contexte, la nécessité de créer des leaderships et des alliances qui permettront non seulement de mobiliser des dirigeants de renommée internationale mais également des personnes influentes qui représenteront la société civile, que se soient les organisations non gouvernementales, les groupes religieux, les entreprises privées et publiques, le secteur académique, les médias, la famille et les enfants eux-mêmes. Mme Bellamy a rappelé qu’une initiative menée par l’ancien Président de l’Afrique du Sud, M. Nelson Mandela et Mme Graça Machel, ancienne Ministre de l’éducation du Mozambique, a permis de créer un réseau de partenariats mondiaux entre décideurs issus de tous les horizons. Mme Bellamy a indiqué que la participation des enfants à ce processus s’est accrue depuis le dernier Sommet mondial. Les progrès rapides des technologies de l’information leur ont permis d’exprimer leurs idées, non seulement dans le cadre familial, mais également au sein de leur communauté, auprès des médias, d’autres jeunes, des gouvernements et des décideurs dans le monde entier. Nous sommes conscients que la participation des enfants constitue un défi pour les Nations Unies et pour le processus intergouvernemental en général compte tenu du fait que nous avons peu d’expérience dans ce domaine. Mme Bellamy a également souligné le rôle important des organisations non gouvernementales au processus préparatoire.

M. DUMISANI KUMALO (Afrique du Sud) a rappelé que lorsque le gouvernement élu démocratiquement est entré en fonctions en 1994, il a hérité de la négligence résultant du régime d’apartheid. Au centre de ce patrimoine cruel, il y avait le fléau de la pauvreté, qui frappait essentiellement les enfants noirs. Le taux de mortalité infantile chez ces derniers atteignait 50%. De nombreux enfants mouraient de maladies liées à l’eau, notamment la diarrhée et de maladies que l’on pouvait prévenir par la vaccination, les soins médicaux et la provision en eau potable. Le taux de vaccination chez les enfants des zones les plus pauvres était inférieur à 50%. Pour faire face à cette situation, le Gouvernement sud-africain a lancé un Programme national d’action en faveur des enfants qui était intégré dans l’ensemble du gouvernement aux niveaux national, provincial et local. Par ce Programme, le Gouvernement devait tenir compte dans sa planification et dans son budget de la situation des enfants. Le Gouvernement a placé directement auprès de la présidence le Bureau chargé des droits de l’enfant. Le Département des eaux a contribué à la santé et le bien-être des enfants en veillant à ce que l’eau potable soit disponible dans environ 80% du pays, en particulier dans les zones rurales.

Le 6 juin 1995, le Parlement sud-africain a ratifié sans réserve la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant. Cette date a été choisie pour marquer le soulèvement des enfants de Soweto contre le régime d’apartheid en 1976. Le Gouvernement sud-africain a pris des mesures visant à harmoniser sa législation et ses politiques nationales conformément à la Convention. La Constitution vise également à restaurer la dignité de millions d’enfants maltraités, notamment en garantissant que chaque enfant ait le droit, à sa naissance, à un nom et une nationalité. Le Gouvernement sud-africain estime que chaque enfant a le droit à une alimentation de base, à la protection contre les mauvais traitements et la négligence, et contre l’exploitation. En outre, il a créé un climat propice pour assurer des services en faveur des enfants. L’Afrique du Sud a également ratifié d’autres instruments juridiques internationaux visant à appuyer la mise en oeuvre de la Convention relative aux droits de l’enfant. En janvier 2000, le Gouvernement a ratifié la Charte africaine sur les droits et le bien-être des enfants. Cet instrument important constitue une mesure essentielle en faveur des enfants de la région et même du continent africain dans son ensemble. Le Gouvernement sud-africain a ratifié la Convention 138 de l’OIT et envisage d’adhérer à la Convention 182 de l’OIT sur les formes les plus atroces du travail des enfants. Le Gouvernement et les organisations non gouvernementales, ainsi que le secteur privé oeuvrent en étroite coopération pour appuyer les réseaux et centres de soins en faveur de tous ceux qui sont affectés par le sida.

Mme JANET JAGAN, ancienne Présidente du Guyana, a souligné que son pays a travaillé assidûment à la réalisation des objectifs de la Convention sur les droits de l’enfant depuis la restauration de la démocratie en 1992. En 1996 par exemple, 60% de la population avaient accès à l’eau potable tandis que le budget national alloué à l’éducation est passé de 6, 01% en 1992 à 11, 3% en 1997. Le taux de fréquentation des écoles s’est également amélioré. Des progrès ont également été réalisés dans le domaine du logement puisque depuis 1992, 28 000 logements ont été vendus à un prix équivalent 300 dollars. Le Gouvernement accorde la priorité aux familles nombreuses. Il permet à plus de 100 000 enfants de vivre dans de meilleures conditions. La représentante s’est félicitée de la ratification et de l’entrée en vigueur de la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel. Elle a rappelé qu’au moment où elle présidait le pays, elle avait proposé que les Nations Unies envisagent la tenue de sommets dans différentes zones géographiques tandis que chaque nation conviendrait d’un moment et d’un endroit pour la destruction simultanée des mines.

La représentante a estimé que l’élimination de la pauvreté exige une action énergique de la part de la communauté internationale et des gouvernements et dans ce domaine, la coopération internationale est un facteur clé. Elle a exprimé la préoccupation que lui inspire l’environnement international économique, financier, technologique, qui a joué contre les efforts de développement durable de la plupart des pays en développement. Le déclin continu de l’Aide publique au développement, l’accès inégalitaire aux marchés, la distribution inégale des flux de capitaux et des investissements, ont amoindri sévèrement les ressources qu’exige le développement national. La représentante a convenu que les progrès en matière de gestion des affaires publiques ont eu un impact positif sur la promotion des droits de l’homme, y compris ceux des enfants. Néanmoins, ces progrès ont été minés par la persistance de la pauvreté. Nous continuerons à chercher des solutions à long terme au fléau de la pauvreté, a-t-elle affirmé.

M. ABDALLAH BAALI (Algérie), a estimé qu'il ne s’agit plus pour nous d’élaborer des normes juridiques et d’adopter des conventions mais de mettre celles-ci en oeuvre à tous les niveaux et d’abord au niveau de nos pays respectifs. De tous les enfants du monde, c’est sans doute l’enfant africain qui se trouve le plus touché par la malnutrition, les pandémies, l’analphabétisme, la pauvreté et les conflits armés. C’est pourquoi l’Afrique a toujours accordé une importance particulière à l’enfant et a soutenu le mouvement universel visant à promouvoir et, notamment, à protéger les droits de l’enfant. Dès 1979, les Etats Membres de l’OUA adoptaient à Monrovia la Déclaration sur les droits et le bien- être de l’enfant, suivie quelques années plus tard, par la Charte africaine qui interdit le recrutement des enfants âgés de moins de 18 ans. De plus, l’OUA a, au cours du Sommet de Yaoundé en 1996, adopté une résolution affirmant que l’utilisation des enfants dans les conflits armés constituait une violation de leurs droits et devait être considérée comme un crime de guerre.

Pour sa part, l’Algérie – dès son indépendance – s’est dotée d’un arsenal juridique, législatif prenant en compte l’intérêt supérieur de l’enfant. Le prochain Sommet pour les enfants ne doit pas servir de simple session commémorative mais constituer au contraire un véritable point de départ pour une action concertée réfléchie et ambitieuse de nature à permettre à tous les enfants du monde de vivre dans la paix, la sécurité et le bien-Être auxquels ils ont droit et que nous, adultes, sommes tenus de leur assurer, a souligné M. Baali.

Mme ZOBAIDA JALAL (Ministre de l’éducation, des affaires féminines, des affaires sociales et de l’éducation spécialisée du Pakistan) a déclaré qu’à la suite du Sommet mondial pour les enfants, son pays a formulé un programme d’action assorti d’objectifs à réaliser au plus tard en l’an 2000. Ainsi, le taux de couverture vaccinale a été amélioré tandis que les taux de mortalité infantile et maternelle enregistré une baisse considérable. Toutefois, a-t-elle reconnu, les progrès ont été limités pour ce qui est d’une meilleure alimentation, d’un meilleur accès à l'éducation de base et de l’accès à l’éducation des fillettes. Le Gouvernement n'est pas uniquement engagé à réaliser les objectifs du Sommet mondial mais également à mettre en oeuvre la lettre et l’esprit de la Convention relative aux droits de l’enfant. Le système judiciaire pour mineurs a été modifié pour garantir la protection des droits de l’enfant. La représentante a également indiqué que son pays avait alloué une somme importante à la réhabilitation des enfants qui ont été retirés du monde du travail. Nous convenons néanmoins qu’il reste beaucoup à faire dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’élimination de la pauvreté, de la mortalité infantile et de la malnutrition.

Au niveau mondial, a expliqué la représentante, nous devons nous atteler en priorité à l’élimination des disparités dans les conditions des vie des enfants des différentes régions du monde. Dans certains pays d’Afrique, le taux de mortalité des enfants est trois fois plus élevé que ceux que l’on connaissait au début de la décennie. Malgré l’accumulation de richesses inégalées, plus de 600 millions d’enfants luttent pour survivre avec moins d’un dollar par jour. La représentante a demandé que, outre les questions traditionnelles, le processus préparatoire et la Session spéciale se penche sur les effets socioéconomiques du processus de mondialisation , en particulier le phénomène de marginalisation accrue des pays en développement. L’allègement et l’annulation de la dette, a-t- elle reconnu, permettrait d’allouer des ressources à la lutte contre la pauvreté. Il est apparu qu’accorder un caractère prioritaire aux problèmes propres aux enfants ne suffit pas à atteindre les objectifs du Sommet mondial. Il est en revanche largement reconnu que l’élimination de la pauvreté ouvre la voie à la réalisation des objectifs du Sommet. Au rang des priorités futures, la représentante a également identifié les conflits armés et leurs conséquences sur les enfants, la pandémie VIH/sida. Nous estimons néanmoins que ces questions émergentes doivent être inscrites dans le cadre du Programme d’action existant.

Mme LANDON PEARSON, Représentante personnelle du Premier Ministre du Canada, a réaffirmé la priorité que le Canada attache à la protection et à la sécurité des enfants dans les situations de conflit armé, des enfants exploités et victimes d’abus. Il est nécessaire de faire face à la situation des groupes les plus vulnérables, des enfants affectés par les guerres, des enfants exploités, victimes de la prostitution et du VIH/sida. Des efforts particuliers sont indispensables pour développer des objectifs spécifiques visant à protéger les enfants dans ces situations. Le Canada se félicite d’avoir coparrainé en avril 2000 la Conférence ouest-africaine sur les enfants affectés par les guerres et estime que la Déclaration a donné un élan à une action dans la région. A cet égard, le Canada est à la fois engagé en faveur d’un suivi du Plan d’action immédiat et à long terme.

En septembre 2000, le Canada accueillera une Conférence internationale sur les enfants affectés par les guerres. Cette Conférence aura lieu sur la base des mesures régionales, de l’adoption du Protocole facultatif à la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant, ainsi que des travaux accomplis par le Conseil de sécurité et par le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Olara Otunnu. Le Gouvernement canadien invitera tous les pays à se joindre à l’évaluation des efforts réalisés par la communauté internationale pour assister les enfants dans les conflits, explorer de nouveaux moyens visant à assurer une action plus efficace et à développer un cadre approprié. L’UNICEF s’associera au Canada pour organiser la Conférence qui constituera une partie intégrante de l’Initiative de leadership sur les enfants de l’UNICEF. Le Gouvernement canadien espère que les conclusions de la Conférence permettront de contribuer de manière substantielle à l’examen de cette question au cours du processus préparatoire de la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au suivi du Sommet mondial pour les enfants.

Par ailleurs, le Canada accorde une priorité fondamentale à la participation active de la société civile et en particulier des enfants et des adolescents, telle que le reconnaît la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant.

M. ANTONIO MONTEIRO (Portugal) a déclaré, au nom de l’Union européenne et des pays associés, que la constatation la plus importante est la ratification quasi-universelle de la Convention relative aux droits de l’enfant. Cet instrument établit une base juridique ferme à partir de laquelle nous pouvons prendre de nouveaux engagements. Cette Convention repose sur une approche qui veille à l’indivisibilité des droits. L’un des objectifs de ce processus préparatoire est de faire le point sur la réalisation des objectifs identifiés il y a dix ans. Le questionnaire envoyé aux Etats membres est un outil important de mesure des progrès réalisés. Le résultat des programmes d’action au niveau des pays devrait également tenir une place centrale et permettre d’identifier de nouvelles stratégies. Nous accordons la plus haute importante à la participation de la société civile au processus préparatoire et à la Session spéciale elle-même. Les objectifs principaux du Sommet de 1990 ne pourront pas être réalisés sans la participation des organisations de jeunesse. Le représentant a plaidé pour une participation accrue des jeunes notamment par le biais de discussions de groupes qui devraient cibler l’identification des principaux obstacles et la mise en place d’indicateurs. Nous n’avons jamais progressé aussi vite en dix ans pour promouvoir les droits de l’homme ce qui prouve que l’on peut aller de l’avant avec les ressources et la volonté politique nécessaires.

Le représentant a néanmoins fait part de sa préoccupation quant aux inégalités qui se sont creusées. La pauvreté doit être au coeur de toutes les stratégies de développement. L’impact du VIH/sida est également une source importante de préoccupation. Il s’agit d’une plaie à l’échelle mondiale qui touche le plus durement les pays en développement. Il faut identifier des mesures et stratégies permettant de prévenir la prolifération du sida et de sensibiliser aussi bien les garçons que les filles. Le représentant a également estimé que l’éducation de base des filles continue d’être un des principaux défis. Il a attiré l’attention sur le sort des fillettes dans certaines parties du monde et il a appelé à la lutte contre la violation systématique des droits des fillettes. Il a estimé que l’éducation et la formation professionnelle peuvent constituer un rempart contre l’exploitation et la prostitution des enfants. Il est indéniable que les adolescents devraient avoir la possibilité de développer leur potentiel et à cette fin, nous devons mettre en place des politiques qui tiennent compte de leurs droits à la participation dans tous les domaines de la société. .

M. MICHAEL POWLES (Nouvelle-Zélande) a émis l’espoir que la session extraordinaire de l’Assemblée générale qui sera consacrée en 2001 au suivi du Sommet mondial pour les enfants servira de catalyseur pour des initiatives futures visant à améliorer le bien-être des enfants dans le monde. M. Powles a émis l’espoir que les “meilleures pratiques” adoptées au cours de la dernière décennie seront utilisées dans les initiatives futures.

La Nouvelle-Zélande reconnaît le rôle de l’aide au développement pour réaliser pleinement les objectifs du Sommet mondial, y compris l’allègement de la pauvreté. En affirmant notre engagement en faveur de la réalisation des objectifs fixés pour la survie, la protection et le développement des enfants, il faudra s’attaquer aux nouvelles menaces au bien-être des enfants. Le cadre sous-jacent des actions futures doit être la Convention des droits de l’enfant. La ratification quasi universelle de cette Convention constitue un des accomplissements majeurs de cette dernière décennie. Des initiatives futures visant à réaliser les objectifs et la vision du Sommet mondial devraient compléter et être pleinement compatibles avec la mise en oeuvre de la Convention et de ses Protocoles facultatifs.

Mme VEENA S. RAO, (Inde) a convenu que l’une des mesures prioritaires est de rompre le cycle de pauvreté qui menace la réalisation des droits fondamentaux des enfants. Il s’agit de créer un cycle positif grâce auquel chaque génération sera en mesure de faire un bond en avant. Des interventions sans faille et ciblées qui passent par une mobilisation plus ferme des ressources financières et humaines sont nécessaires. Certains domaines d’action comme la vaccination et l’accès à l’eau dépendent de ressources budgétaires tandis que d’autres objectifs sont plus complexes et impliquent un changement des mentalités. Ces processus exigent donc plus de temps et sont plus difficiles à réaliser. L’Inde a réalisé des progrès dans le domaine de la vaccination de l’alphabétisation mais les problèmes subsistent, notamment en ce qui concerne l’hygiène et la lutte contre la malnutrition. La représentante a expliqué que son pays met en oeuvre le plan d’action en faveur de petite fille pour 1991-2000. Elle vient de lancer 53 enquêtes en coopération avec l’UNICEF pour évaluer le statut de la femme et de la fillette dans le pays.

La représentante a reconnu que les défis qui attendent son pays sont énormes tout en soulignant l’importance qu’il y a à respecter les spécificités culturelles lors du processus de promotion des droits de l’enfant. Les modes de développement doivent être adaptés aux particularismes culturels. La représentante a noté que les objectifs du Sommet mondial n’ont pas été atteints pour ce qui est notamment des conséquences des conflits armés sur les enfants. Nous devons prendre des mesures concertées et efficaces contre les organisations terroristes qui enrôlent les enfants. Elle a également plaidé en faveur de stratégies de lutte contre le sida sans que l’on oublie pour autant les maladies traditionnelles comme la polio, la tuberculose, la pneumonie et la diphtérie.

Mme MOUSHIRA KHATTAB, Secrétaire générale du Conseil national pour l’enfance et la maternité de l’Egypte, représentante personnelle du Chef de l'Etat, a réaffirmé l’engagement de son pays à s’acquitter des promesses faites lors du Sommet mondial pour les enfants. Le Conseil national est un mécanisme interministériel chargé de placer les enfants au centre des politiques nationales. Il contrôle et coordonne tous les efforts concernant les enfants. Le Conseil a pour mandat de développer une politique générale concernant la situation de l’enfant et de la mère et de formuler un plan national global pour l’enfant et la mère dans différents domaines et, en particulier dans le domaine social. Présidé par le Premier Ministre, le Conseil national est composé de sept ministres traitant des questions des enfants. En 1989, le président égyptien a publié un document intitulé “La première décennie de l’enfant égyptien” établissant les objectifs devant être réalisés par tous les ministères concernés et en novembre 199, l’Egypte a entrepris une évaluation globale des progrès réalisés au cours de la première décennie. Il a en outre été mis en place en 1997 un Département chargé de la protection juridique de l’enfant pour contrôler la mise en oeuvre de la stratégie nationale concernant la protection de l’enfant fondée sur la législation de l’enfant et les conventions internationales. Des progrès considérables ont été accomplis permettant ainsi la réduction du taux de mortalité infantile et de la mortalité maternelle.

M. ION GORITA (Roumanie) a estimé que processus préparatoire de la session extraordinaire de l’Assemblée générale qui sera consacrée en 2001 au suivi du Sommet mondial pour les enfants, devrait se baser sur les résultats des processus nationaux d’évaluation de la mise en oeuvre de la Déclaration et du Plan d’action du Sommet mondial de 1990. Dans ce contexte, la Roumanie continuera à coopérer étroitement avec l’UNICEF et avec d’autres partenaires internationaux. De l’avis de la délégation roumaine, la cohérence institutionnelle et des ressources appropriées pour la protection des enfants, ainsi qu’un partenariat avec la société civile sont essentiels à la pleine réalisation des droits de tous les enfants. Dans cet esprit, le Gouvernement de la Roumanie a récemment adopté la Stratégie concernant le bien-être des enfants pour la période 2000-2003, fixant des objectifs concrets sur la base d’un calendrier et d’indicateurs précis. L’Agence nationale pour la protection des droits de l’enfant a été créée en tant qu’autorité centrale chargée de l’élaboration, la coordination et le suivi des politiques pour la protection des enfants. De l’avis de la délégation roumaine, il faudrait accorder la priorité à l’amélioration des conditions de vie au sein de la famille.

M. VOLODYMYR G. KROKHMAL (Ukraine) a indiqué que grâce aux efforts de la communauté internationale, plusieurs initiatives en vue de défendre les droits des enfants ont abouti durant l’année écoulée. Ainsi, la Convention 182 pour combattre les pires formes de travail des enfants a été adoptée par l’Organisation internationale du travail. Le représentant a également convenu que les stratégies d’éducation, d’alphabétisation, d’accès à l’eau potable ou à l’hygiène seraient plus tangibles si l’on menait de front la lutte contre la pauvreté. L’impact de l’épidémie du VIH /sida est un obstacle important au développement pour le siècle à venir et de nouvelles stratégies doivent être élaborées. Le représentant a plaidé pour que la Session spéciale de l’Assemblée générale accorde son attention aux stratégies et mesures prises pour lutter contre le sida.

Mme MAUREEN WHITE (Représentante personnelle du Président des Etats-Unis) a noté que le document de l’UNICEF concernant les nouveaux problèmes des enfants adresse un message ferme sur la nécessité de faire face à la pauvreté, à la discrimination, à l’impact des conflits et des catastrophes et à la propagation du sida. Il montre clairement la direction d’un développement axé sur les ressources humaines et sur la garantie des droits de l’homme. Ce faisant, il établit le contexte d’un développement axé sur l’enfant au cours du XXIe siècle. En attirant l’attention sur ces questions, on peut contribuer à prendre des mesures globales efficaces au nom des familles et des enfants du monde. Par ailleurs, le rapport détermine les domaines importants où les investissements en faveur des enfants pourront améliorer considérablement la situation de ces derniers en une seule génération.

Concernant les domaines juridique, du travail et des technologies de l’information, les Etats-Unis considèrent qu’il existe encore beaucoup à faire ensemble pour analyser et élaborer des mesures concrètes que tous s'engageront à prendre au cours de la session extraordinaire. Mme White a souligné toutefois la nécessité de déterminer les leçons à tirer et de reconnaître les obstacles majeurs auxquels s’est heurtée l’action en faveur des enfants, dans le cadre du processus préparatoire. Il faudrait comprendre quelles sont les familles que l’on a pu atteindre, et déterminer les meilleures approches qui contribuent à améliorer la situation des enfants. A cet égard, le document présenté ne peut que servir de première étape à un examen plus détaillé et plus approfondi des leçons tirées.

M. INGE NORDANG (Norvège) a indiqué que la Convention relative aux droits de l’enfant est l’un des instruments les plus importants à notre disposition pour protéger ces derniers. Il est clair que les objectifs du Sommet ne pourront pas être réalisés dans les temps. Il est essentiel, pour notre action future, que les expériences menées soient classées, analysées et évaluées. Le représentant a souhaité une vision plus holistique de l’enfant qui doit être traité comme une source de richesse et non pas comme une source de problèmes. Il a demandé une participation plus importante des enfants à tous les niveaux de la société, et notamment à l’école, ce qui implique que les adultes soit plus à l’écoute. Le représentant a également plaidé en faveur de la participation des enfants et des jeunes et de la société civile au processus préparatoire et à la Session extraordinaire. L’accroissement du fossé entre riches et pauvres, l'aggravation de la pauvreté, la multiplication des conflits et l’enrôlement continu des enfants, sont des violations flagrantes des droits des enfants qu’il faut traiter de toute urgence.

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