CS/1193

TIMOR ORIENTAL : UNE REDUCTION DE LA FORCE MILITAIRE DE L'ATNUTO EST PREVUE D'ICI OCTOBRE

25 mai 2000


Communiqué de Presse
CS/1193


TIMOR ORIENTAL : UNE REDUCTION DE LA FORCE MILITAIRE DE L'ATNUTO EST PREVUE D'ICI OCTOBRE

20000525

Lors de la réunion mensuelle d'information du Conseil de sécurité sur la situation au Timor oriental, le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, M. Hédi Annabi, a informé les membres du Conseil de la réduction de 500 hommes de la composante militaire de l'Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO) prévue pour octobre. Il a précisé que cette réduction commencerait dans la partie est du Timor oriental qui est la plus calme. Cette baisse d'effectifs devrait se poursuivre progressivement et pourrait aller jusqu'à 50% d'ici l'été 2001, dans l'hypothèse d'une situation politique et sécuritaire stable. M. Annabi a ajouté qu'il fallait laisser une marge de manoeuvre suffisante à la force sur place qui doit être en mesure de proposer les réductions qu'elle juge suffisantes. A cet égard, le représentant des Pays-Bas s'est inquiété d'une réduction trop rapide de la force militaire de l'ATNUTO et a insisté sur la nécessité de tenir un débat approprié sur la situation militaire et de sécurité au Timor oriental, dans le cadre d'une séance officielle du Conseil de sécurité ou de consultations officieuses, avant de prendre toute décision sur la réduction des effectifs militaires.

Tout en se félicitant des progrès réalisés, les délégations ont relevé les problèmes relatifs au retour des réfugiés. A cet égard, le Sous-Secrétaire général a déclaré que seulement 1000 réfugiés étaient rentrés au Timor oriental depuis le mois dernier, ce qui porte leur chiffre total à 161 000. Ainsi, selon les estimations du Haut Commissariat pour les réfugiés, il resterait 90 000 réfugiés, principalement au Timor occidental, et, selon les chiffres du Gouvernement indonésien, il en resterait quelque 125 000. Il a observé que la situation dans les camps, où les milices continuent de mener des campagnes de désinformation, ne facilitent pas la tâche du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) qui continue toutefois à proposer la solution du rapatriement volontaire et à discuter un plan d'intégration locale avec le Gouvernement indonésien. Ce plan devrait être prêt dès juillet 2000, a-t-il ajouté. Pour leur part, les délégations ont, une fois encore, insisté sur la nécessité de créer les conditions pour que tous les réfugiés qui le souhaitent puissent rentrer chez eux. C'est là un élément essentiel d'une paix durable, ont souligné plusieurs d'entre elles. Dans ce contexte, le représentant du Royaume-Uni a estimé qu'il fallait identifier précisément les raisons pour lesquelles les réfugiés ne rentrent pas chez eux. Comme d'autres délégations, il s'est montré préoccupé par les conséquences des inondations récentes sur la situation de ces réfugiés et à invité le Conseil à réfléchir et à examiner ce qui pourrait être fait pour éviter à ces personnes de souffrir doublement.

(à suivre 1a) Tout en notant les progrès réalisés en matière de création d'emplois, les délégations ont engagé l'ATNUTO à faire davantage, vu les répercussions de cette situation sur la sécurité. M. Annabi s'est lui aussi déclaré préoccupé par l'ordre public car la criminalité reste élevée. Il a estimé que des efforts considérables devaient être engagés pour éviter que les Timorais n'aient recours à la violence. La représentante de la Jamaïque a préconisé l'adoption de stratégies à long terme dans ce domaine, soulignant qu'à défaut, l'on ne ferait que reporter les problèmes.

Dans ce contexte, les délégations ont exprimé l'espoir que la Conférence des donateurs qui se tiendra du 21 au 23 juin à Lisbonne, permettra de dégager les moyens nécessaires à la poursuite des efforts de reconstruction du Timor oriental. Parallèlement, les efforts doivent être poursuivis pour stabiliser la situation sécuritaire du pays. Dans ce contexte, la représentante des Etats-Unis a souligné la nécessité d'assurer le démantèlement rapide des milices. Soulignant l'importance des attentes du peuple timorais, le représentant de la Chine a estimé, pour sa part, qu'il fallait impliquer davantage la population locale dans les efforts de transition afin qu'elle apprenne à diriger le pays en prévision de l'indépendance.

Les membres suivants du Conseil de sécurité ont fait une déclaration : Royaume-Uni, Etats-Unis, France, Canada, Bangladesh, Fédération de Russie, Argentine, Malaisie, Pays-Bas, Jamaïque, Namibie, Tunisie, Ukraine, Mali et Chine.

LA SITUATION AU TIMOR ORIENTAL

Déclaration du Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix

M. HEDI ANNABI a abordé la situation politique en indiquant que l'Administration transitoire des Nations Unies au Timor Oriental (ATNUTO) a poursuivi ses efforts pour normaliser les relations entre l'Indonésie et le Timor oriental. Il a expliqué que les dernières rencontres avec les responsables indonésiens ont permis d'examiner la question des retraites des anciens fonctionnaires du Timor oriental, l'établissement d'une commission conjointe et l'application d'un engagement conjoint pour permettre un accès sans entrave à l'enclave d'Oecussi et au reste du Timor oriental. Il a informé le Conseil de la visite de M. Vieira de Mello à Djakarta prévue pour le 29 mai. Il a également indiqué que la visite de M. Gusmao à Djkakarta le 28 avril avait été un succès. Il a expliqué que l'activité politique au Timor oriental s'était intensifiée. Les partis politiques ont ouvert des bureaux et tenu des réunions. En outre, le FRETILIN, le parti pro-indépendantiste, a tenu une série de conférences régionales qui ont abouti à une conférence nationale du parti qui s'est tenue du 15 au 20 mai et a réuni quelque 1 250 représentants sur le thème de la passation des pratiques armées du passé aux pratiques démocratiques. M. Annabi a évoqué les 5 réunions du Conseil consultatif national. Il a indiqué que celui-ci s'était penché sur la question de la réforme du système judiciaire et qu'il continuait de collaborer avec l'ATNUTO pour préparer la Conférence des donateurs de Lisbonne qui se tiendra du 21 au 23 juin. La question du budget du Timor oriental (de juillet 2000 à juin 2001) a été examinée par le Conseil consultatif national.

Abordant les questions de sécurité, M. Annabi a expliqué que l'activité des milices à la frontière était en déclin et que le déploiement d'un bataillon indonésien supplémentaire à la frontière et la mise en oeuvre de l'accord du 11 avril s'étaient montrés bénéfiques. Poursuivant, il a déclaré que l'ATNUTO avait commencé à réduire sa composante militaire dans le secteur oriental qui est le plus calme de la région, en prévision d'une réduction de 500 hommes pour octobre. Le Groupe de Forces logistiques devrait être réduit d'un bataillon, soit de trois cents hommes de troupes. On compte actuellement 8 396 hommes sur place, un chiffre qui devrait être de 7 896 d'ici octobre. Par ailleurs, il a indiqué que les Falintil demeuraient cantonnées à Ailieu. Certains de ses membres travaillent désormais avec l'ATNUTO et d'autres ont commencé à quitter la région pour trouver du travail. Le Sous-Secrétaire général s'est toutefois déclaré préoccupé par l'ordre public car la criminalité reste élevée. Il a estimé que des efforts considérables devaient être engagés pour éviter que les Timorais n'aient recours à la violence. Il a rapporté que des échauffourées avaient eu lieu le 30 avril lors d'une manifestation sportive à Dili, ayant conduit à des 18 arrestations et fait quatre blessés. Depuis ces incidents, a-t-il ajouté, les policiers de l'ATNUTO sont autorisés à porter des armes. Deux prisons ont été ouvertes à Becora et à Gleno, ce qui facilite le travail de la police et de la justice. A la suite de l'accord du 7 avril sur la coopération dans le domaine de la justice et des droits de l'homme, le procureur général de l'Indonésie a demandé des informations sur cinq cas de crimes associés aux violences de l'année dernière. Par ailleurs, les enquêtes de l'ATNUTO se poursuivent et l'ATNUTO continue à surveiller la situation des droits de l'homme sur place.

Pour ce qui est des questions économiques, le Sous-Secrétaire général a indiqué que le nombre d'entreprises privées a augmenté passant de 1 200, le mois dernier, à 2000. Les projets à incidence rapide de l'ATNUTO ont également permis d'employer 4 473 personnes et le nombre de personnes employées par le projet d'emploi temporaire d'USAID s'élève à 14 606. Ce projet a permis d'injecter quelque trois millions de dollars dans l'économie locale. En ce qui concerne l'infrastructure, il a indiqué que les récentes inondations ont conduit à la fermeture de routes importantes et ralenti le travail de l'ATNUTO dans certains secteurs.

Le Sous-Secrétaire général a mentionné que l'autorité fiscale centrale était désormais opérationnelle et qu'un poste frontière avait été ouvert à Batugade. A ce jour, un peu plus d'un million de dollars a été collecté en taxes et droits de douane. Un centre de formation de fonctionnaires a été ouvert et le nombre de fonctionnaires est passé de 280 à 4050, dont 2050 enseignants. Le nombre de jeunes scolarisés a augmenté de plus de 23 000, s'élevant désormais à 163 000. L'autorité médicale intérimaire est en place et compte 29 professionnels de la santé est-timorais.

Sur la question des réfugiés, M. Annabi a reconnu que seulement 1 000 réfugiés étaient rentrés depuis le mois dernier, soit un total de 161 000. Selon le Haut Commissariat pour les réfugiés, il resterait 90 000 réfugiés, principalement au Timor occidental. Il a observé que les estimations du Gouvernement indonésien étaient plus élevées, comptant quelque 125 000 réfugiés. En outre, les milices continuent leur campagne de désinformation dans les camps sur la situation au Timor oriental.

En conclusion, le Sous-Secrétaire général a souligné les conséquences des récentes inondations, notamment à Suai, Viqueque et Los Palos, tout en observant que la situation est plus grave encore au Timor occidental où des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées et 126 ont trouvé la mort. Il a précisé que la plupart des victimes se trouvaient dans des camps de réfugiés. A cet égard, il a rappelé que l'ATNUTO à la demande du Gouvernement indonésien et en accord avec le Conseil avait fourni une aide pour la reconnaissance par hélicoptère et la livraison de secours.

Déclarations

M. STEWART ELDON (Royaume-Uni) s'est félicité des progrès réalisés. S'agissant de la question du retour des réfugiés depuis le mois dernier, il a estimé qu'il était temps de déterminer combien de personnes restaient encore dans les camps du Timor occidental. Il est très important que les réfugiés puissent être identifiés rapidement, en raison des activités des milices mais aussi pour comprendre pourquoi ces personnes ne sont pas rentrées chez elles. Le registre que le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) est en train de mettre au point constituera un instrument utile à cet égard. Ceux qui souhaitent rentrer chez eux devraient pouvoir le faire rapidement et dans des conditions de sécurité. Le Royaume-Uni est particulièrement préoccupé par les conséquences des inondations au Timor occidental, et spécialement par le nombre élevé de déplacés et de victimes qui sont essentiellement des habitants du Timor oriental. Nous devons réfléchir et voir ce que nous pouvons faire pour éviter à ces personnes de souffrir doublement, à la fois de leur situation de réfugiés et des inondations.

L'ATNUTO ne peut bien fonctionner que si elle dispose des ressources nécessaires. Or, son travail sur le terrain continue d'être handicapé par la faiblesse des ressources, a poursuivi le représentant. Dans ce contexte, il a demandé des précisions à M. Annabi sur l'état des contributions au fond d'affectation spéciale. Il a souhaité que les obstacles aux décaissements soient identifiés. Il semble y avoir un certain ralentissement des procédures dû à la bureaucratie, a-t-il dit, assurant de la disposition de son pays à faire le nécessaire pour surmonter ces obstacles. Il serait également utile de voir ce que l'on peut faire pour que l'ATNUTO dispose des experts dont elle a besoin sur le terrain. Il est particulièrement important d'essayer de réaliser des progrès tant sur le financement que sur le plan des capacités avant la Conférence des donateurs de Lisbonne. Lors de son dernier exposé, M. Annabi avait mentionné plusieurs objectifs intermédiaires avant la pleine indépendance. Le Royaume-Uni avait souligné l'équilibre délicat qui doit être maintenu sur la voie de l'indépendance. Le travail déjà réalisé par le Secrétariat pour essayer de prévoir une "stratégie de sortie" est bon, mais il faut également disposer d'une sorte de calendrier pour que la Mission puisse mener à bien ce qu'elle veut faire en temps voulu. Le représentant a demandé des précisions à M. Annabi sur ce point.

Mme NANCY SODERBERG (Etats-Unis) s'est félicitée que l'on en soit aujourd'hui à examiner comment intégrer l'économie du Timor oriental dans les réseaux de la planète. Le fait qu'on en soit là aujourd'hui est dû aux efforts du peuple du Timor oriental qui après plusieurs décennies difficiles a décidé d'aller de l'avant. Elle a rendu hommage à José Ramos Horta dans ce contexte. Plus la communauté internationale peut faire pour contribuer à ce que le Timor oriental avance sur cette voie, plus on aidera la population locale. L'ATNUTO a réalisé des progrès importants vers la constitution d'une administration civile. Il faut s'assurer que les spécialistes sont déployés sur le terrain. Elle a indiqué que les Etats- Unis avaient mis en place des programmes d'aide bilatéraux dans l'attente des programmes de création d'emploi des Nations Unies et a invité les autres Etats Membres à faire de même.

Lors d'exposés précédents, les Etats Membres ont exprimé franchement leurs préoccupations à l'égard de la situation sécuritaire. Il est clair que cette situation doit être réglée rapidement. Dans ce contexte, les milices doivent être démantelées rapidement. Des progrès ont certes été réalisés mais ils doivent être renforcés. Il faut continuer à suivre de près la situation pour qu'elle ne devienne pas une menace. Le Conseil a agi rapidement pour que l'ATNUTO puisse aider la population à la suite des inondations. Cela a permis de convaincre de nombreuses familles de rentrer chez elles. En outre, cela a permis de renforcer les liens de coopération avec le Gouvernement indonésien. La représentante s'est félicitée du fait que le Secrétaire général ait décidé d'envoyer M. Sergio Vieira de Mello à Fidji et a lancé un appel en faveur de la libération des otages.

Pour ce qui est de la police civile au Timor oriental, celle-ci doit disposer des moyens nécessaires pour s'acquitter de ses responsabilités. A Dili et dans les provinces occidentales, ces policiers sont armés, ce devrait être le cas dans tout le territoire. La création par l'ATNUTO d'un appareil judiciaire qui fonctionne est suivi avec intérêt par les Etats-Unis. Les petits pas réalisés dans ce contexte sont fondamentaux et le Timor oriental peut en être fier. Le fait que le Timor discute avec la Banque mondiale et des investisseurs éventuels doit être encouragé et appuyé. Ce n'est pas parce que le Timor ne fait plus la "une" des journaux qu'on ne doit pas continuer à l'aider, a souligné la représentante.

M. PASCAL TEIXEIRA DA SILVA (France) a abordé la question de la sécurité et a demandé à quel type de criminalité on avait affaire. S'agit-il d'une criminalité de droit commun motivée par les circonstances économiques ou d'une criminalité politique? Il a posé des questions concernant la tâche de la police et la répartition des compétences entre les éléments de police internationale et les unités militaires. Concernant la réduction de 500 hommes, prévue pour le mois d'octobre, il a demandé si d'autres plans de réduction avaient été envisagés. Il a posé une question relative à la formation de la police locale.

Le représentant a demandé des précisions sur l'état des contributions par rapport au budget de fonctionnement de l'ATNUTO. Il s'est inquiété de savoir si le fonctionnement de l'ATNUTO n'est pas grevé par l'état des contributions.

M. ANDRAS VAMOS-GOLDMAN (Canada) a fait part des condoléances de son pays aux familles des victimes des inondations. Le Canada estime que le retour rapide et volontaire des réfugiés ou leur installation permanente en Indonésie sont essentiels pour assurer la stabilité de la situation au Timor oriental. Le Canada est particulièrement préoccupé par la lenteur du processus de retour des réfugiés, en raison notamment de la présence des milices, de la désinformation dans les camps de réfugiés, de la lenteur des progrès sur la question du versement des indemnités de retraites aux anciens fonctionnaires. Le représentant s'est félicité de la constitution par l'Indonésie d'un panel d'experts chargé d'enquêter sur les violations des droits de l'homme au Timor oriental. Les responsables d'atrocités doivent être traduits en justice, a-t-il souligné. A cet égard, il s'est félicité du Mémorandum d'accord conclu entre l'ATNUTO et l'Indonésie sur l'assistance mutuelle dans ce domaine. Le Canada se félicite également des progrès réalisés en ce qui concerne l'administration, et notamment de la création de conseils consultatifs de districts.

M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a déploré la baisse importante du nombre de réfugiés rentrant au Timor oriental, due aux actes de harcèlement dont ils sont victimes à l'intérieur du territoire. Il est crucial que le processus d'installation des réfugiés se déroule de manière harmonieuse si l'on veut insuffler la confiance et contribuer positivement à la réconciliation nationale. Tout doit être mis en oeuvre pour encourager les réfugiés à rentrer chez eux sur la base de progrès réels sur le terrain dans les régions concernées. Le représentant s'est félicité de ce que, dans le cadre des efforts visant le démantèlement des milices, le Gouvernement indonésien ait demandé aux soldats de se joindre aux programmes de réinsertion ou de démissionner et de rentrer au Timor oriental. Le fait d'avoir clairement fait connaître à ces fauteurs de trouble le choix qu'il leur était offert est une attitude positive qui devrait faciliter considérablement la tâche de l'ONU.

Le Bangladesh note avec satisfaction les signes de l'existence d'une administration civile et judiciaire effective depuis quelques jours. L'ouverture du campus pour le service civil et le lancement des cours de formation pour l'administration civile du territoire constituent un développement important. La réglementation adoptée, récemment, sur l'établissement des représentations de gouvernements étrangers devrait permettre un renforcement de l'interaction avec la communauté internationale et faciliter la communication et la compréhension de la situation sur le terrain. Le Bangladesh se félicite de ce que l'administration ait commencé à collecter les droits de douane, ce qui contribuera à améliorer la situation financière. Le premier examen public des dossiers de détention est un autre signe encourageant qui montre que le système judiciaire a commencé à fonctionner. Avec les inondations récentes au Timor occidental, l'ATNUTO a dû faire face à une situation difficile. Le Bangladesh appuie pleinement la décision du Conseil de sécurité de répondre positivement à la demande d'assistance du Gouvernement indonésien et exprime l'espoir que l'on parviendra rapidement à maîtriser la situation. Cette catastrophe montre à quel point le destin des populations vivant de chaque côté de la frontière est lié. Pour l'ATNUTO, c'est là un pas supplémentaire vers une coopération plus étroite avec le Gouvernement indonésien.

M. ANDREI E. GRANOVSKY (Fédération de Russie) s'est déclaré préoccupé par l'évolution de la situation à la suite des inondations. A cet égard, il s'est félicité de la réaction rapide de l'ATNUTO et a rendu hommage à l'action de M. Vieira de Mello.

M. OSVALDO NARCISO MARSICO (Argentine) s'est félicité de l'évolution positive dans le domaine de la sécurité et de la bonne coopération avec les autorités militaires indonésiennes. Il s'est réjoui de la participation des Timorais à la prise de décisions. Il a rendu hommage à l'action de M. Vieira de Mello et au personnel de l'ATNUTO ainsi qu'au Président indonésien. Il a souligné la nécessité de poursuivre les enquêtes sur les violences de l'année dernière. Il a exprimé sa solidarité avec les victimes des dernières inondations. Il a demandé des précisions concernant l'avenir des Falintil et la situation des réfugiés.

M. MOHAMMAD KAMAL YAN YAHAYA (Malaisie) a estimé que la Mission de l'ONU au Timor oriental est une Mission difficile, mais que cependant l'ATNUTO fait un travail excellent que la Malaisie appuie pleinement. Les faits récents intervenus au Timor oriental résultent d'initiatives positives, notamment en ce qui concerne la télévision et l'ouverture de services postaux. Ces développements contribuent à donner un sens d'appartenance à la population du Timor oriental. Il s'est félicité de la rapidité de l'aide apportée à la suite des inondations. Dans ce contexte, il a mis l'accent sur la bonne volonté dont a fait preuve le Gouvernement indonésien pour atténuer les souffrances des réfugiés est-timorais et coordonner l'assistance humanitaire. Il s'est félicité des progrès réalisés en ce qui concerne la situation sécuritaire, tout en se déclarant préoccupé par les informations relatives à la poursuite d'actes criminels et de harcèlement à l'égard de minorités religieuses. Il a demandé aux autorités sur place de prendre des mesures pour prévenir de tels actes de violence, pour promouvoir la réconciliation nationale et un esprit de confiance.

La crise est très éprouvante pour la population locale, du point de vue de la surpopulation. C'est pourquoi les réfugiés doivent pouvoir être rapatriés très rapidement. Dans ce contexte, il s'est félicité de l'ouverture du premier poste frontière entre l'Indonésie et le Timor oriental, premier pas vers la reprise de relations normales entre les deux pays. Il a engagé le Conseil à continuer à suivre de près la situation.

M. ARNOLD PETER VAN WALSUM (Pays-Bas) a évoqué la situation au Timor occidental où plusieurs centaines de milliers de personnes se sont réfugiées. Il s'est inquiété du processus d'inscription des réfugiés dans les camps et a voulu savoir quel type de questions étaient posées aux réfugiés, notamment concernant leurs intentions de retour. Il a demandé à quelle date ce processus d'inscription serait terminé. Estimant que la plupart de ces réfugiés étaient pro-indonésiens, il a demandé quel type d'efforts étaient faits pour les informer sur leur sécurité. Partant, il s'est déclaré préoccupé par l'action des milices et les campagnes de désinformation dans les camps. Se déclarant convaincu que les autorités centrales de Djakarta s'efforcent de contrôler l'action des milices, il a appelé le Gouvernement indonésien à intensifier ses efforts dans ce sens. Il a rappelé qu'aux termes des résolutions du Conseil, la sécurité des réfugiés incombe aux autorités indonésiennes qui se doivent d'arrêter l'action des milices. Se déclarant encouragé par le renforcement de la coopération entre l'Indonésie et l'ATNUTO, il a estimé qu'il ne fallait pas engager une diminution trop rapide de la composante militaire de l'ATNUTO. Il a demandé à ce qu'un rapport précis soit fourni au Conseil sur les effectifs de police civile et les effectifs militaires. Il a regretté que le Conseil soit mis devant le fait accompli de l'intention de réduire la composante militaire de 500 hommes d'ici à octobre. Il a estimé que le Conseil devrait avoir la possibilité de réfléchir sur la situation de sécurité au cours d'une séance consacrée spécifiquement à cette question.

Il est revenu sur la création d'une force militaire à des fins de légitime défense et a estimé qu'il serait du devoir de l'ATNUTO et du Conseil de doter le Timor oriental d'une telle force puisque celui-ci, une fois devenu indépendant, se dotera lui-même d'une force militaire. C'est pourquoi, il serait utile de s'assurer au préalable que cette force respecte le droit international et soit correctement formée. Se penchant ensuite sur la situation des droits de l'homme, il a demandé des précisions sur la collaboration de l'ATNUTO et de l'Indonésie dans les enquêtes qui sont menées sur les violences de 1999.

Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) s'est félicitée de ce que les efforts de l'ATNUTO au cours du dernier mois aient visé au renforcement de la participation de la population du Timor oriental à la reconstruction du pays. Elle s'est félicitée plus particulièrement de l'ouverture récente du campus pour les fonctionnaires, ainsi que de la création des départements administratifs. Il faut toutefois faire en sorte que ces structures ne soient pas trop onéreuses pour un Timor indépendant, a-t-elle averti. Il semble que l'ordre soit plus ou moins rétabli. Néanmoins la composante de police civile reste très importante pour la formation des capacités locales, notamment, et l'on doit veiller à la déployer rapidement. La représentante s'est déclarée préoccupée par les conséquences des inondations récentes, tout en se félicitant de la rapidité de l'aide et de la coopération de l'Indonésie.

S'agissant des réfugiés, elle a souligné l'importance de créer des conditions de sécurité pour le retour de ces personnes. La situation de l'emploi continue d'être préoccupante. Les initiatives dans ce domaine doivent se concentrer sur le long terme car des initiatives à court terme poseront des problèmes pour l'avenir. La représentante a demandé des précisions sur l'état du fonds d'affectation spéciale.

Ceux qui sont responsables de violations massives des droits de l'homme au Timor oriental doivent être traduits en justice, a poursuivi Mme Durrant. L'ATNUTO doit poursuivre son travail d'enquête à cet égard. La représentante a souhaité que la Conférence des donateurs, qui se tiendra prochainement à Lisbonne, permette de dégager les fonds requis. Les défis à relever restent énormes mais des progrès remarquables ont été réalisés en quelques mois. C'est pourquoi, la Jamaïque continuera d'appuyer l'ATNUTO et le peuple du Timor oriental, a-t-elle conclu.

M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a estimé que la création d’une école de la Fonction publique est un pas très important qui vient d’être franchi au Timor oriental, car cet établissement jouera un rôle très important dans le développement des ressources humaines dans le territoire. De même, le lancement des premières émissions de télévision au Timor oriental est un développement positif, comme l’est aussi l’ouverture du premier poste frontière entre ce territoire et l’Indonésie. On ne soulignera d’autre part jamais assez le rôle important joué par les médias durant le déroulement des opérations de maintien de la paix. Le retour sain et sauf des réfugiés reste l’une des questions essentielles de la situation au Timor oriental, a dit le délégué, et à cet égard, nous accueillons favorablement les récents rapports du Haut Commissariat pour les réfugiés, selon lesquels le nombre de rapatriements est de nouveau en hausse, et il est encourageant de noter qu’un des principaux chefs des milices ait encouragé les réfugiés au retour. La Namibie est désolée que des inondations importantes aient causé beaucoup de morts et de destruction dans le territoire voisin du Timor occidental. Fort heureusement, la Mission des Nations Unies a pu aider les opérations de secours en mettant à leur disposition des hélicoptères, et nous espérons que des ressources suffisantes seront disponibles en vue de remédier à la situation.

M. SAID BEN MUSTAPHA (Tunisie) a déploré le fait qu'en dépit des efforts déployés, la situation des réfugiés continue d'être préoccupante. Les inondations récentes ont montré la nécessité d'accélérer leur retour et leur réinsertion au Timor oriental, a-t-il estimé. A cet égard, il s'est félicité de la bonne coordination entre l'ATNUTO, le Gouvernement indonésien et les agences sur le terrain en ce qui concerne l'assistance humanitaire. L'apaisement de la situation sécuritaire est à même d'encourager le relèvement économique et les investisseurs, a-t-il poursuivi. Le représentant s'est félicité des réalisations de l'ATNUTO en matière de création d'emplois. Il a souligné l'importance d'arrêter une politique générale en ce domaine qui permette une large participation des Est-Timorais. La période post-conflit et ses exigences humanitaires et économiques requièrent des efforts intenses pour que la paix puisse s'inscrire dans la durée. Le représentant a souhaité que la Conférence des donateurs, qui se tiendra prochainement à Lisbonne, permette de dégager les ressources supplémentaires particulièrement nécessaire pour la poursuite de la reconstruction du pays.

M. VOLODYMYR G. KROKHMAL (Ukraine), tout en se félicitant de l'augmentation du nombre de rapatriés depuis le mois dernier, s'est inquiété de la situation des réfugiés et de la baisse du nombre de rapatriements du fait du harcèlement dans les camps et à la frontière. Il convient d'intensifier les efforts pour permettre aux réfugiés de décider librement où s'établir, a-t-il ajouté. Il a insisté sur le fait que les conditions économiques nécessitent une action plus ciblée, car une reprise de l'économie favoriserait le retour des réfugiés. Regrettant la lenteur des progrès dans l'application des programmes, il a demandé des précisions sur les accords passés avec la Banque mondiale, notamment dans le domaine de la santé. Il s'est félicité de l'amélioration de la coopération entre l'ATNUTO et les Est- Timorais, grâce, entre autres, à la tenue de conseils consultatifs.

En ce qui concerne la sécurité, le représentant a souligné l'importance du rôle joué par la composante de police civile de l'ATNUTO. Il a demandé des précisions sur la situation récente de la police est-timoraise. Il a estimé qu'il fallait toutefois intensifier l'engagement de la communauté internationale à la reconstruction du Timor oriental.

M. CHEICKNA KEITA (Mali) a noté le fait que les questions relatives au retour des réfugiés, à la sécurité frontalière et à la création d'emplois étaient apparues, lors de la dernière séance d'information sur la situation au Timor oriental, comme des problèmes urgents. Il semble que l'ATNUTO aille dans la bonne voie. Le Mali salue particulièrement l'accroissement des entreprises privées qui contribuera à stabiliser la situation économique et donc la sécurité, le taux élevé de criminalité s'expliquant en partie par le nombre élevé de personnes oisives. Il a salué également les efforts en matière de sécurité et notamment la création d'une police locale. Le représentant a demandé des précisions sur la question des partis politiques dans le contexte de l'indépendance du pays en particulier. Il a suggéré de mener des campagnes d'information à l'attention des populations pour éviter toutes tensions éventuelles. L'ATNUTO est aujourd'hui à la croisée des chemins sur la voie de l'indépendance. L'implication du peuple Est-Timorais est déterminante à ce stade, a-t-il souligné.

M. WANG YINGFAN (Chine) s'est félicité de ce que la situation au Timor oriental demeure stable. Il a expliqué que l'ambassadeur chinois en Indonésie s'était rendu récemment au Timor oriental. L'impression est que l'ATNUTO a réalisé des progrès tangibles sur le terrain, notamment en ce qui concerne la création de possibilités d'emplois, la mise en place d'une administration civile et la situation de sécurité. Le problème le plus préoccupant reste néanmoins l'importance du chômage qui a des répercussions négatives sur la situation sécuritaire. Le représentant a invité l'ATNUTO à faire davantage dans ce domaine et à oeuvrer à la création d'emplois supplémentaires. Les attentes des Timorais sont grandes. Davantage de locaux doivent participer aux efforts de transition pour qu'ils puissent apprendre à diriger leur pays, a-t-il conclu.

Reprenant la parole pour répondre aux questions des délégations, M. HEDI ANNABI, Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, a indiqué que le montant des contributions au fonds d'affectation spéciale de l'ATNUTO s'élève à 28,6 millions de dollars dont 14,1 millions ont été affectés. En ce qui concerne le Fonds d'affectation spéciale de la Banque mondiale, celui-ci a reçu 38, 4 millions de dollars sur les 147 millions promis initialement. Il a précisé que ces fonds sont débloqués pour des projets spécifiques dans les domaines de la santé et de l'éducation. Il a informé le Conseil que les premiers contrats sur la reconstruction des routes entreront en vigueur en juin. Il a espéré que la Conférence des donateurs de Lisbonne permettra de faire le point sur cette question.

Concernant les jalons à atteindre sur la voie de l'indépendance et l'avenir de l'ATNUTO, il a indiqué que les consultations se poursuivent avec les Est- Timorais. Il a attiré l'attention sur le fait qu'il faut respecter les points de vue émis par les Est-Timorais qui doivent coopérer à l'établissement de ces jalons vers l'indépendance. Il a informé le Conseil de la probable venue à New York de M. Vieira de Mello après la Conférence de Lisbonne. Il a ajouté que la réunion en août prochain du Conseil consultatif national permettra aux Est-Timorais d'affiner leurs positions.

Répondant à la question de la France sur la nature de la criminalité qui sévit au Timor oriental, M. Annabi a mis l'accent sur les conditions économiques et le taux élevé de chômage. Concernant le partage des compétences entre la police et la composante militaire, le Sous-Secrétaire général a reconnu que la composante militaire peut être amenée à appuyer la police si celle-ci n'est pas en mesure de faire face à la situation et d'assurer le maintien de l'ordre. En ce qui concerne la réduction de la composante militaire de l'ATNUTO, le Sous-Secrétaire général a réitéré que cette diminution de 500 hommes commencerait dans la partie orientale qui est la plus calme. Cette réduction se poursuivrait d'ici avril prochain si la situation reste calme. On envisage une réduction de 50% d'ici l'été 2001, dans l'hypothèse d'une situation politique et sécuritaire stable. Il a estimé qu'il faut laisser une marge de manoeuvre suffisante à la force sur place qui doit être en mesure de proposer les réductions qu'elle juge suffisantes. Revenant sur la question de la formation de la police locale, il a rappelé que le collège de police était entré en fonction fin mars et que les premiers diplômés en sortiront d'ici l'année prochaine.

A propos des questions portant sur le budget de l'ATNUTO, il a renvoyé les délégations au document publié mensuellement par son Département pour l'état précis du versement des contributions. Toutefois, il a souligné que les retards dans le versement des contributions pénalise deux fois les pays fournisseurs de contingents.

Revenant sur la coopération entre l'ATNUTO et le Conseil consultatif national ainsi que sur l'avenir des Falintil, le Sous-Secrétaire général a convenu qu'il est clair qu'un Timor oriental souverain aura le droit de créer une force de sécurité, mais toutefois il importe d'en définir le cadre de fonctionnement, les procédures de recrutement et son engagement à respecter les droits de l'homme. Dans la perspective de la création de cette force, il faudra tenir compte de l'étude prévue par le King's College de Londres à laquelle ont souscrit les Est- Timorais, a-t-il ajouté.

Le Sous-Secrétaire général est revenu sur la question de l'inscription des réfugiés par le HCR. A cette fin, il importe de connaître la situation exacte des réfugiés et leurs souhaits afin d'évaluer la situation et d'envisager des solutions durables, soit de rapatriement ou d'installation ailleurs. Il a observé que la situation dans les camps ne facilitent pas la tâche du HCR qui continue toutefois à proposer la solution du rapatriement volontaire et à discuter un plan d'intégration locale avec le Gouvernement indonésien. Ce plan devrait être prêt dès juillet 2000. Le Sous-Secrétaire général a ajouté que le retour des réfugiés était suivi tant par le HCR que l'ATNUTO. Il a reporté quelques incidents isolés dans les cas où les réfugiés rentrés avaient auparavant été actifs dans les milices.

Concernant le processus de réconciliation nationale, M. Annabi a estimé que le plus bel exemple était l'établissement du Conseil consultatif national qui regroupe plusieurs partis, dont deux partis favorables à l'autonomie. Il a regretté de ne pouvoir fournir des informations plus précises sur les programmes prévus par la Banque mondiale dans le domaine de la santé. Toutefois il a fait état du nombre de centres de santé déjà ouverts dans les différents districts et a indiqué que ces centres travailleront à l'avenir avec des organisations non gouvernementales, dont Médecins sans frontières qui est la plus présente sur le territoire.

Reprenant la parole, M. ARNOLD PETER VAN WALSUM (Pays-Bas) a insisté sur la tenue d'un débat approprié sur la situation militaire et de sécurité au Timor oriental, dans le cadre d'une séance officielle du Conseil de sécurité ou de consultations officieuses, avant de prendre toute décision sur la réduction des effectifs militaires de l'ATNUTO.

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