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CS/1189

LA MISSION DU CONSEIL EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO PRESENTE SON RAPPORT: L'OBSERVATION MILITAIRE INTERIMAIRE DOIT ETRE RENFORCEE RAPIDEMENT

17 mai 2000


Communiqué de Presse
CS/1189


LA MISSION DU CONSEIL EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO PRESENTE SON RAPPORT: L’OBSERVATION MILITAIRE INTERIMAIRE DOIT ETRE RENFORCEE RAPIDEMENT

20000517

Le Conseil de sécurité a entendu, aujourd'hui, la présentation du rapport de la mission du Conseil de sécurité qui s'est rendue en République démocratique du Congo du 4 au 8 mai 2000. La mission, qui était dirigée par M. Richard Holbrooke (Etats-Unis), et qui comprenait également les représentants permanents de la France, du Mali, de la Namibie, des Pays-Bas, de la Tunisie et du Royaume-Uni, recommande que l’observation militaire intérimaire soit renforcée rapidement, notamment par l’ouverture de voies de communication directes entre la Mission de l’Organisation des Nations Unies en RDC (la MONUC) et les commandants sur le terrain. La mission a attiré, par ailleurs, l'attention sur les difficultés inhérentes au déploiement, compte tenu des conditions logistiques difficiles et du fait que la MONUC devra assurer la protection immédiate des soldats de la paix sans être en mesure de lutter de manière suivie contre les violations. La mission a convenu de la nécessité d’une force professionnelle chargée de superviser et de vérifier le cessez-le-feu. A cet égard, la mission recommande que le Secrétaire général, avant de prendre sa décision finale, s'entretienne avec chacune des parties à l'Accord de Lusaka au plus haut niveau.

La mission accorde par ailleurs une place importante au dialogue intercongolais qui, à ses yeux, est un des piliers de l'Accord de Lusaka. Elle a demandé que Sir Ketumile Masire, le Facilitateur du dialogue national, ait immédiatement accès à des fonds et bénéficie d'un appui sans équivoque, en particulier de tous les signataires de l'Accord de Lusaka. La mission du Conseil de sécurité a également soulevé la question des violations massives des droits de l'homme en soulignant que les responsables de ces atrocités doivent être poursuivis et traduits en justice. Pour mettre fin au pillage des ressources naturelles, et comme l'avait proposé récemment le Conseil de sécurité, la mission préconise la création d'un Groupe d'experts sur l'exploitation illégale des ressources naturelles. Par ailleurs, la mission indique que l'accord de principe donné par le Comité politique, créé par l’Accord de Lusaka, à la proposition tendant à ce qu'il se réunisse à New York à l'invitation du Conseil de sécurité sous la présidence de la France en juin 2000 pourrait stimuler le processus de paix.

Les délégations se sont largement ralliées aux recommandations de la mission. Elles ont souligné que l'accalmie que connaissait le pays à la suite de l'Accord de cessez-le-feu conclu entre les parties le 14 avril dernier et la signature de l'Accord sur le statut des forces des Nations Unies présentaient une occasion qu'il fallait saisir pour renforcer l’élan vers la paix.

(à suivre – 1a) - 1a - CS/1189 17 mai 2000

La nécessité d'équiper les contingents de la MONUC d'équipements et d'armements appropriés a été soulevée à maintes occasions, notamment par le représentant de l'Algérie qui s'exprimait au nom du Président en exercice de l'Organisation de l'unité africaine (OUA). Il a également fait valoir que l'état précaire des infrastructures et des moyens de communication du pays exige des capacités renforcées dans ces domaines. Pour sa part, le représentant de la République démocratique du Congo a réaffirmé les aspirations à la paix de son pays et la volonté de son Président de coopérer avec la MONUC. Il a également dit son soutien à la convocation d'une conférence internationale sur la paix et la stabilité, la sécurité et le développement dans la région des Grands Lacs.

Les représentants des Membres suivants du Conseil de sécurité sont intervenus: Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Tunisie, Ukraine, Malaisie, Bangladesh, Fédération de Russie, Canada, Namibie, Mali, Argentine, Jamaïque, Pays-Bas et Chine. Ont également pris la parole les représentants des pays suivants: Algérie (au nom du Président en exercice de l'Organisation de l'unité africaine), République démocratique du Congo, Japon, Pakistan, Afrique du Sud, Botswana, Zambie, Swaziland, Portugal (au nom de l'Union européenne et des pays associés), République-Unie de Tanzanie, Zimbabwe et Rwanda.

LA SITUATION CONCERNANT LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

Rapport sur la visite de la mission du Conseil de sécurité en République démocratique du Congo (4-8 mai 2000) (S/2000/416)

La mission était composée de représentants permanents des pays membres suivants: Etats-Unis (chef de mission), France, Mali, Namibie, Pays-Bas, Tunisie et Royaume-Uni.

Dans son rapport en date du 11 mai, la mission fait observer que le cessez-le-feu instauré par l’accord du 8 avril et qui a pris effet le 14, bien qu’inévitablement fragile, est une base importante pour les activités futures d’établissement de la paix et il ne faut pas l’abandonner à la légère. L’incident de Kisangani et les violations signalées dans la province d’Equateur étaient déplorables mais ils ne représentaient pas une rupture entre les parties au conflit en République démocratique DU Congo. Un travail de suivi est néanmoins nécessaire d’urgence. Comme il faudra au déploiement de la phase II de la Mission de l'Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC), s’il est autorisé, plusieurs semaines supplémentaires pour faire sentir ses effets, même préliminaires, l’observation militaire intérimaire doit être renforcée rapidement, notamment pour l’ouverture de voies de communication directes entre la MONUC et les commandants sur le terrain, et combinée avec un suivi et des contacts politiques permanents à un niveau élevé. Un désengagement vérifié est peut-être possible dans quelques régions, mais il ne pourra être complet tant que la phase II de la MONUC n’aura pas été déployée sur le terrain avec ses effectifs au complet.

La nécessité d’une force professionnelle chargée de superviser et de vérifier le cessez-le-feu, force mandatée dans la résolution 1291 (2000), est évidente. Chacun des cinq présidents consultés par la mission a lancé un appel sans équivoque en faveur d’un déploiement rapide, et dit craindre qu’à défaut d’un tel déploiement, le cessez-le-feu ne dure pas. Le désespoir du peuple congolais, dont la mission n’a pu pour la plus grande part qu’imaginer les souffrances, exige à l’évidence une réaction de la communauté internationale. Mais le déploiement de la MONUC ne peut s’effectuer que dans les conditions logistiques les plus difficiles, à grands frais et avec la bonne volonté des parties belligérantes. La protection immédiate des soldats de la paix devra être assurée, mais la MONUC ne sera pas en mesure de lutter de manière suivie contre les violations. C’est pourquoi, la décision que le Secrétaire général doit prendre au sujet du déploiement sera complexe. La mission du Conseil est au plus haut point consciente, étant donné les circonstances actuelles des opérations de maintien de la paix en Afrique et ailleurs, des risques auxquels seront forcément confrontés ceux qui fournissent des observateurs et des forces de protection. La tragédie de la Sierra Leone permet de tirer des enseignements pour ce qui est du déploiement des soldats chargés du maintien de la paix avant qu’un conflit soit arrivé à son terme. La nécessité d’assurer la sécurité lorsque le déploiement commence et de disposer de renforts immédiatement sont deux des plus importants. Egalement, une culture de la stabilité et de la croissance économique ne peut s’instaurer en Afrique sans un partenariat pour le règlement des conflits entre les Africains et la communauté internationale; et le jugement de l'ONU sur une opération de maintien de la paix en RDC sera inévitablement perçu dans ce contexte. Les événements en Sierra Leone jettent une ombre sur la mission en RDC, mais la situation en RDC a ses caractéristiques propres, et l'opération de maintien de la paix doit être jugée en elle-même. Il ne faut pas laisser la Sierra Leone voiler la responsabilité de la communauté internationale en RDC, ni sa capacité de faire réellement la différence dans ce pays. Les dirigeants de la région doivent assumer leur part de responsabilité s’agissant de restaurer la stabilité en République démocratique du Congo. La mission du Conseil recommande que le Secrétaire général, avant de prendre sa décision finale, s’entretienne avec chacune des parties à l’Accord de Lusaka au plus haut niveau, s’efforce d’obtenir qu’elles s’engagent sans équivoque à prêter leur concours au déploiement proposé de la phase II de la MONUC, mette à l’épreuve leur engagement en faveur du maintien du cessez-le-feu et leur demande de s’engager fermement, par écrit, à appuyer la phase II par tous moyens sur le terrain. Les tensions qui existent entre les parties, et entre certaines des parties et l’ONU, que la mission elle-même a pu observer, doivent être contenues par les directions politiques, qui en dernière analyse demeurent responsables. Si le Secrétaire général prend une décision positive, il est essentiel que le processus de Lusaka et l’action de l’ONU se renforcent mutuellement. La structure de base de supervision du cessez-le-feu, telle que mandatée dans la résolution 1291 (2000), doit être constituée par la MONUC et la Commission militaire mixte travaillant conjointement à partir de quartiers généraux situés en un même lieu. C’est à ceux concernés sur le terrain de décider de ce lieu. Si Kinshasa doit demeurer le choix naturel le moment venu, le processus de désescalade du conflit et de réconciliation n’est peut-être pas assez avancé pour que la Commission militaire mixte y rejoigne la MONUC dans un avenir immédiat. Un des principaux centres régionaux est peut-être donc un meilleur choix provisoire à ce stade.

L’activité militaire à Kisangani et autour de cette ville durant la visite de la mission, en violation flagrante du cessez-le-feu du 14 avril, a été condamnée par le Conseil de sécurité. La mission s’est réjouie de pouvoir jouer un rôle important dans la promotion de la déclaration commune sur la démilitarisation de Kisangani publiée par les Gouvernements ougandais et rwandais le 8 mai. Etant un des centres régionaux les plus importants de la République démocratique du Congo, la ville pourrait jouer un rôle important dans le processus de paix. Avant de quitter la région, la mission a engagé le Représentant spécial, à étudier rapidement si, une fois démilitarisée, Kisangani, placée sous l’autorité temporaire de la MONUC durant les phases initiales du déploiement de celle-ci, pourrait offrir aux parties des installations sûres et neutres aux fins de futurs échanges politiques et militaires. La mission a utilisé ses contacts avec les parties pour promouvoir cette proposition, qui portera ses fruits si celles-ci sont décidées à consolider le cessez-le-feu et à appliquer étape par étape le processus de Lusaka.

La mission a été absolument convaincue de l’importance fondamentale qui s’attachait à l’instauration d’un dialogue national sur l’avenir de la RDC. Sans une voie politique, les parties se concentreront inévitablement sur la voie militaire. Tous les signataires de Lusaka que la mission a rencontrés, mais à un degré encore supérieur les représentants des communautés civiles, politiques et religieuses congolaises qui n’ont pas été associées à l’emploi de la force armée, ont mis l’accent sur la nécessité d’une activité politique vigoureuse et légitime. La mission a conclu que cet aspect central doit faire d’urgence l’objet d’un suivi. Dans son action de facilitation, Sir Ketumile Masire doit avoir immédiatement accès à des fonds et bénéficier d’un appui sans équivoque, en particulier de tous les signataires de l’Accord de Lusaka. La mission espère que le Facilitateur, avec l’assistance du Représentant spécial du Secrétaire général et le soutien actif du Conseil de sécurité, se penchera sur la question du lieu où pourraient se dérouler les premières phases du dialogue avec une vigueur accrue, spécialement si la démilitarisation de Kisangani, se déroule comme prévu.

La nomination rapide d’un conseiller de haut niveau auprès du Facilitateur neutre basé à Kinshasa, qui devrait être francophone, pourrait être utile à cet égard. La mission pense qu’il faudrait parvenir à un compromis sur le lieu du dialogue avant que le Comité politique se rende à New York en juin 2000.

Le programme de désarmement, démobilisation, réinsertion et réinstallation exigé par l’Accord de Lusaka et sans lequel aucune cessation du conflit ne sera possible a été envisagé par la mission avec les parties. Cette question devrait être reprise à New York en juin, moyennant une préparation préalable des parties et de la MONUC. La mission reconnaît qu’il faut du temps et que le déploiement le plus substantiel de forces de maintien de la paix, au-delà de la phase II de la MONUC, est nécessaire à cette fin, mais il faut travailler dès maintenant sur les détails, afin que les parties soient assurées que l’ensemble de la structure de Lusaka est pris en considération. La mission a soulevé la question de l’exploitation illégale des ressources de la République démocratique du Congo dans les échanges qu’elle a eus et a indiqué clairement que le Conseil de sécurité reviendrait sur ce problème. Aucune des parties extérieures au conflit n’a déclaré vouloir, à long terme, rester sur le territoire de la RDC dans un contexte militaire ou un contexte économique. La mission recommande que le Conseil de sécurité constitue rapidement un groupe d’experts pour étudier cette question. A la demande de la mission, certaines parties ont offert de prendre des mesures pour échanger des prisonniers de guerre. Le Conseil de sécurité devrait engager le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à reprendre ses démarches pour que cette volonté exprimée aboutisse à des résultats concrets.

Après une visite au Ministre belge des affaires étrangères à Bruxelles, les membres de la Mission du Conseil se sont rendus en République démocratique du Congo, en Zambie, au Zimbabwe, au Rwanda et en Ouganda. Au cours de la visite, ils se sont entretenus avec : le Président Laurent-Désiré Kabila, le Président Frédérick J. T. Chiluba, le Président Robert G. Mugabe, le Président Paul Kagame et le Président Yoweri Kaguta Museveni, ainsi qu'avec les responsables des deux tendances du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), le RCD-Goma et le RCD-Kisangani; avec des membres de la société civile, des chefs religieux et des membres des partis politiques congolais et avec le Comité politique créé par l'Accord de Lusaka et la Commission militaire mixte.

Le mandat de la mission figure en annexe au document S/2000/344.

Exposé du Chef de la mission du Conseil de sécurité en République démocratique du Congo

M. RICHARD HOLBROOKE (Etats-Unis), membre de la mission du Conseil, présentant le rapport de la Mission du Conseil de sécurité en RDC du 4 au 8 mai 2000, a souligné que les sept pays qui y ont participé ont parlé d'une seule voix et exprimé celle des autres huit membres du Conseil de sécurité. Les membres non africains de la mission ont décidé d'assumer leur tâche avec impartialité et détermination. A Kinshasa, la mission a eu des entretiens avec les représentants de la communauté religieuse et de la société civile. Dans chaque réunion, la mission a entendu une approbation sans réserve du cessez-le-feu. La population veut vivre dans la paix et rejette toute occupation étrangère. Les membres de la mission ont tenu à souligner au Président Kabila que cette visite ne visait nullement à saper son Gouvernement. Il est nécessaire de renforcer le consensus régional et international, sur la base de l'Accord de Lusaka. La mission a reconnu chaque jour que l'ombre de la Sierra Leone pesait sur la RDC et sur l'ensemble de la région. Toutefois, il n'y a eu aucun impact direct. Il faut que l'opération de maintien de la paix fonctionne de manière efficace. Si l'on souhaite que le Conseil de sécurité joue un rôle vital dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, il est essentiel que les opérations de maintien de la paix soient bien conçues et bien gérées.

Il faut également féliciter le personnel de la MONUC actuellement sur place pour le rôle difficile dont il s'acquitte. A cet égard, M. Holbrooke a réaffirmé en ce qui concerne les quartiers généraux de la MONUC et de la Commission militaire mixte, qu'il est apparu évident à la mission que pour plusieurs des parties l'expression "au même lieu" veut dire tout autre chose que partager un bâtiment, elle signifie aller à Kinshasa. Le choix de la ville nécessite donc une décision du Comité politique.

L'Ambassadeur Levitte a invité le Comité politique à se rendre à New York les 15 et 16 juin prochains, lorsque la France assurera la présidence du Conseil de sécurité. A cet égard, M. Holbrooke s'est félicité de cette initiative importante. Concernant la reprise des combats entre les forces ougandaises et rwandaises à Kisangani, deux jours après l'arrivée de la mission, M. Holbrooke a indiqué que les Présidents des pays concernés ont fait une déclaration le 8 mai 2000 mettant fin à ces hostilités. Le temps est un facteur fondamental. Les forces de la MONUC doivent être déployées rapidement pour éviter la reprise de la guerre. L'application de l'Accord de Lusaka est la clé de voûte de la stabilité et de la paix en RDC.

Déclarations

Sir JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni), membre de la mission du Conseil, a déclaré que de manière générale, la mission a insufflé un nouvel élan au processus de paix en RDC et au règlement, en général, des questions africaines sur le terrain. Nous avons montré que le Conseil ne faillit pas à sa tâche et à ses responsabilités vis-à-vis de l'Afrique. Le représentant a confirmé l'aspiration à la paix du peuple congolais. La Sierra Leone ne doit pas jeter une ombre sur ce que nous cherchons à réaliser en République démocratique du Congo, a-t-il ajouté. Il faut pour cela répondre rapidement aux recommandations de la mission tant la situation dans certaines villes, notamment à Kisangani, reste tendue.

En ce qui concerne le lieu du dialogue intercongolais, le représentant a indiqué que Kisangani serait l'endroit approprié. Nous demandons des informations sur les besoins logistiques et en ressources pour évaluer la faisabilité d'une telle entreprise. Ces questions sont également valables pour ce qui est des activités de démobilisation, désarmement et de réhabilitation (DDR). Le Comité politique devra les aborder lors de sa réunion prévue à New York en juin prochain. Les parties n'abandonneront pas l'option militaire si un véritable dialogue national ne s'engage pas. Le représentant a demandé à la communauté internationale de verser les fonds nécessaires aux activités du Facilitateur du dialogue intercongolais, Sir Ketumile Masire. Il a précisé que les décisions relatives au fond du dialogue doivent, en revanche, revenir à la population. Il a également appelé le Conseil de sécurité à prendre une décision rapide au sujet de la définition du mandat d'un groupe d'experts sur les ressources naturelles. Il a demandé au Secrétaire général des Nations Unies si ses préoccupations au sujet de la Sierra Leone auront des incidences sur l'examen de la question relative à la RDC et dans cette éventualité, il a demandé que des ressources supplémentaires soient mises à disposition pour que les activités de suivi de l'Accord de cessez- le-feu de Lusaka n'en pâtissent pas.

M. JEAN-DAVID LEVITTE (France), membre de la mission du Conseil, a déclaré que la mission du Conseil de sécurité en Afrique centrale a permis de faire plusieurs constats. La population congolaise souffre et est infiniment lasse de la guerre, des désordres, des violences et des dévastations qu'elle entraîne, notamment les violations massives des droits de l'homme et massacres dans les zones de combat et d'occupation, le pillage des ressources et la disparition de l'ordre public. Le Gouvernement de la RDC est désormais disposé à coopérer pleinement avec les Nations Unies et à faciliter la tâche de la MONUC. Des engagements clairs ont été pris à cet égard. La signature de l'Accord sur le statut de la force (SOFA) en présence de la mission en a témoigné. Les Etats tiers impliqués dans ce conflit se disent désireux de respecter le cessez-le-feu et le plan de désengagement du 8 avril et de mettre en œuvre l'Accord de Lusaka. De fait, depuis le 14 avril, le cessez-le-feu est respecté. Le seul incident concerne les combats qui ont éclaté à Kisangani le 5 mai entre les forces ougandaises et rwandaises. La présence de la mission dans la région lui a permis d'obtenir de ces deux pays un accord sur le désengagement de leurs forces et une démilitarisation de la ville. La population ainsi que toutes les parties au conflit demandent aux Nations Unies d'assumer sans tarder leurs responsabilités, c'est-à-dire de déployer rapidement la MONUC.

La mise en œuvre du volet militaire de l'Accord de Lusaka est la priorité absolue. Il nous faut bâtir à partir du cessez-le-feu. Cela veut dire d'une part que les parties, à travers la Commission mixte militaire (CMM), mettent en œuvre les plans de désengagement et de redéploiement, puis ultérieurement de retrait, et d'autre part que la MONUC, dans sa phase II, soit déployée le plus rapidement possible afin de pouvoir vérifier le respect du cessez-le-feu et de la mise en œuvre par les parties de leurs engagements. Concrètement, cela recouvre plusieurs tâches, à savoir la colocalisation de la MONUC et de la CMM, l'accélération des préparatifs du déploiement de la MONUC, des efforts particuliers à Kisangani qui, conformément à l'Accord ougandais-rwandais, devrait être démilitarisée et soumise au contrôle de la MONUC. Le déploiement devrait être progressif, à la mesure des moyens disponibles, pour consolider, là où c'est le plus urgent et sensible - notamment à Kisangani -, la dynamique de paix enclenchée. La France apportera une contribution pour l'équipement et le soutien logistique d'un des quatre bataillons déployés en RDC.

Le dialogue national constitue non seulement un des éléments fondamentaux de l'Accord de Lusaka mais également un moyen de donner à la RDC une assise démocratique permettant de rétablir l'unité du pays, d'obtenir la réconciliation nationale et de reconstruire l'Etat, a souligné M. Levitte. La France soutient l'action du Facilitateur, M. Masire, en lui apportant un appui politique et financier - d'un montant de 700 000 dollars. Il faudra que le Facilitateur veille à ce que ce dialogue rassemble toutes les forces politiques, sans privilège à ceux qui ont pris les armes, et puisse déboucher rapidement, en évitant une forme de pérennisation d'un dialogue stérile. La création d'un panel sur l'exploitation illégale des ressources naturelles est le troisième axe des efforts du Conseil de sécurité dans les semaines à venir. Rappelant que le Conseil avait pris, avant le départ de la Mission, une position de principe favorable, M. Levitte estime qu'il faut sans tarder préciser le mandat de ce panel et demander au Secrétaire général de le constituer. Les violations massives des droits de l'homme et les massacres, en RDC comme ailleurs, ne doivent pas régner dans l'impunité. Le Conseil devra réfléchir aux voies et moyens d'établir les faits et de s'assurer que les criminels soient traduits en justice.

Le désarmement, la démobilisation et la réintégration des groupes armés est assurément une question très difficile. D'abord parce que la réalité est très difficile à appréhender. Mais au-delà de cette difficulté de cerner l'objet, il est clair qu'il n'y a pas de solution militaire viable et durable. La seule voie raisonnable passe par la protection des réfugiés et par la poursuite des véritables auteurs de crimes de génocide.

Il faut consolider la dynamique qui s'est enclenchée. Sur le plan politique, et comme le note le rapport de la Mission, la future présidence française du Conseil en juin est disposée à organiser une nouvelle rencontre à New York, le 16 juin, entre le Conseil et les membres du Comité politique de l'Accord de Lusaka. Sur le plan militaire, il faut doter rapidement la MONUC de toutes les ressources dont elle a besoin afin qu'elle puisse se déployer sur le terrain. La crédibilité du Conseil et celle des Nations Unies sont en jeu.

M. SAID BEN MUSTAPHA (Tunisie), membre de la mission du Conseil, a déclaré adhérer aux observations et aux recommandations de la mission. Il a estimé que cette visite a permis l'instauration d'un dialogue direct avec les parties sur la mise en œuvre de la résolution 1291 et de l'Accord de cessez-le-feu. Les propos positifs exprimés par les dirigeants que la mission a rencontrés sont encourageants. Le Président Kabila a fait part de l'attachement de son Gouvernement à la paix et de sa volonté d'apporter son entière coopération aux efforts déployés pour la rétablir. Le cessez-le-feu est toutefois fragile, a ajouté le représentant. Les activités militaires qui ont eu lieu à Kisangani durant la visite de la mission témoignent de la précarité de la situation.

Des efforts supplémentaires aux niveaux politique et militaire de la part des parties ainsi que le soutien et le suivi constants et actifs de la communauté internationale dans cette étape décisive sont nécessaires. Le représentant s'est félicité de ce que toutes les parties rencontrées ont convenu de l'urgence de déployer rapidement la phase II de la MONUC tout en soulignant qu'un tel déploiement exige un soutien sans faille des parties. La signature de l'accord sur le statut des forces entre les Nations Unies et la République démocratique du Congo, en présence de la mission du Conseil, constitue un signe encourageant. Le Président Kabila et les autres parties congolaises ont réitéré leur soutien au dialogue intercongolais, a ajouté le représentant. Nous espérons que les divergences au sujet notamment du lieu où se déroulerait un tel dialogue, seront aplanies rapidement. Il a souligné le lien étroit qui existe entre les progrès du dialogue intercongolais, le déploiement de la MONUC et la mise en œuvre des autres aspects militaires de l'Accord de cessez-le-feu de Lusaka. L'échange des prisonniers de guerre contribuerait également à la promotion de la confiance entre les parties. La réaction positive des parties à cette question, qu'il convient de suivre avec l'aide du HCR, est un autre signe encourageant. Au sujet de l'exploitation illégale des richesses naturelles du pays, le représentant a rappelé que la mission a recommandé au Conseil de créer rapidement un groupe d'experts. Il a demandé au Conseil de se prononcer rapidement sur cette question. Par ailleurs, la proposition visant la convocation à New York en juin du Comité politique, à l'invitation du Conseil et sous la présidence de la France, offrirait une autre occasion de poursuivre le dialogue.

M. VOLODYMYR Y. YEL’CHENKO (Ukraine) a appuyé les conclusions et recommandations figurant dans le rapport de la mission. Les entretiens que les membres de la mission ont eus avec les dirigeants des parties à l’Accord de Lusaka ont reconfirmé l’urgence du déploiement de la phase II de la MONUC. Dans ce contexte, l’une des tâches indiscutables sera de faire en sorte que les développements en Sierra Leone n’aient pas un impact négatif sur la présence de l’ONU en RDC, a-t-il dit. L’Ukraine convient de ce que la décision finale du Secrétaire général sur le déploiement de la MONUC devrait être précédée d’une réaffirmation par toutes les parties de leur engagement en faveur de l’Accord de Lusaka. Dans le même temps, le Secrétaire général devrait accorder une attention particulière au renforcement des capacités de la MONUC eu égard à la protection de son personnel. La capacité militaire de la MONUC élargie doit être suffisamment forte pour être réellement dissuasive et prévenir toute menace à la sécurité des forces de maintien de la paix.

Pour réussir, le processus de paix doit progresser. L’attitude actuelle des parties en ce qui concerne le maintien du cessez-le-feu est encourageante. Toutefois, le cessez-le-feu n’est que l’un des aspects de l’Accord de Lusaka. C’est pourquoi les parties doivent se montrer davantage responsables et faire avancer tous les autres volets du processus de paix. Nous reconnaissons qu’il y a des divergences considérables en ce qui concerne le lieu où se déroulera le dialogue intercongolais. Mais il ne faudrait pas que ces divergences deviennent l’obstacle principal au lancement des pourparlers politiques intercongolais qui sont fondamentaux pour la réalisation d’une paix durable en RDC. Dans ce contexte, l’Ukraine appuie pleinement l’initiative de la France visant à convoquer le mois prochain à New York une réunion du Comité politique qui pourrait résoudre certaines des questions en suspens qui entravent les progrès dans le processus de paix. Des questions plus difficiles, comme le désarmement, la démobilisation et la réintégration des groupes armés, devraient également être examinées au cours de cette réunion.

Il est également important de reconnaître le rôle joué par la mission du Conseil de sécurité pour ce qui est d’avoir désamorcé la crise de Kisangani. Les combats dans cette ville congolaise devraient encourager le Conseil à adopter une position plus ferme quant à la nécessité de mettre fin à la présence de troupes étrangères en RDC qui va à l’encontre des principes de la Charte de l’ONU. Nous prenons acte de l’accord entre le Rwanda et l’Ouganda visant à retirer leurs forces de Kisangani. L’Ukraine appuie enfin plus particulièrement la recommandation de la mission visant à la constitution rapide d’un groupe d’experts chargé d’enquêter sur les allégations d’exploitation illégale des ressources de la RDC.

M. MOHAMMAD KAMAL YAN YAHAYA (Malaisie)s'est associé aux autres délégations pour féliciter l'Ambassadeur Holbrooke d'avoir conduit avec succès la mission du Conseil de sécurité en Afrique, et en particulier en République démocratique du Congo. Il a déploré le fait que de nombreuses personnes ont perdu la vie et des milliers d'autres ont été déplacées, à la suite des violences liées au pillage des ressources naturelles. On note avec satisfaction un consensus entre les parties belligérantes en faveur du déploiement de la Mission de l'Organisation des Nations Unies (MONUC), dans sa phase II. La Malaisie adhère à la proposition visant à ce que le Secrétaire général entende la position exprimée par tous les pays concernés, au plus haut niveau. Comment neutraliser les milices, ce qui est un élément essentiel pour restaurer la paix dans l'Est de la République démocratique du Congo? Tout désarmement et toute réinsertion nécessite l'appui de la communauté internationale. A cet égard, la délégation malaisienne fait sienne l'initiative de la France de convoquer à New York, en juin prochain, le Comité politique. Il incombe à la communauté internationale d'instaurer la paix en RDC, mais il faut tirer des leçons des expériences passées et éviter que les mêmes erreurs se reproduisent.

M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a affirmé que l'intervention de la mission du Conseil de sécurité en République démocratique du Congo (RDC) a déjà porté ses fruits, notamment par la conclusion de l’Accord sur le statut des forces et par une Déclaration conjointe sur le processus de démilitarisation à Kisangani. Indiquant que la mission a mis en garde contre un déploiement d'une mission "avant qu'un conflit arrive à son terme", le représentant a rappelé l'offre faite par le Bangladesh de fournir un bataillon d'infanterie à la MONUC. Le Bangladesh n'a d'ailleurs pas hésité à maintenir son offre pour la MINUSIL en Sierra Leone. M. Chowdhury a en outre souligné que les pays qui se déclarent disposés à fournir des troupes mais qui n'ont pas la capacité de fournir du matériel devraient voir leur contribution complétée par celles de pays qui sont en mesure d'apporter des équipements et autres supports logistiques et matériels. Le Bangladesh estime également que le dialogue intercongolais devrait s'inscrire dans le cadre du déploiement de la MONUC et du processus de désarmement, de démobilisation, de réinsertion et de réinstallation. Le représentant a enfin indiqué que sa délégation soutient la mise en place d'un groupe d'experts sur l'exploitation illicite des ressources naturelles et d'autres formes de richesses de la RDC.

M. SERGUEY LAVROV (Fédération de Russie) s'est associé à l'évaluation positive des travaux de la mission. Le principal résultat est la confirmation par toutes les parties de leur volonté d'honorer l'Accord de cessez-le-feu de Lusaka. Sur cette toile de fond, nous sommes principalement préoccupés par les affrontements à Kisangani entre les forces ougandaises et rwandaises. De tels incidents peuvent mener à la reprise des combats à grande échelle. Le représentant a ajouté que les événements en Sierra Leone ne doivent pas semer le doute dans l'esprit de la communauté internationale au sujet de la nécessité d'intervenir en RDC. Il a rappelé que son pays a toujours insisté sur les activités de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des groupes armés. Une autre condition clé du succès du processus est la réalisation du dialogue intercongolais sous l'égide du Facilitateur M. Ketumile Masire. La question du lieu où tenir un tel dialogue doit être réglée par les parties elles-mêmes, a-t-il ajouté.

M. ROBERT FOWLER (Canada) a fait observer que la Mission du Conseil de sécurité en République démocratique du Congo s'est déroulée à un moment particulièrement opportun. Si l'Accord de désengagement signé le 8 avril a été largement respecté, les hostilités armées qui ont éclaté le 5 mai à Kisangani, au cours desquelles nombre de civils ont trouvé la mort, démontrent que le Conseil doit exercer une vigilance soutenue car la partie n'est pas gagnée. Dans ce cas particulier, la délégation a réagi rapidement et elle a joué un rôle important en amenant les parties à reconnaître la nécessité d'un mécanisme destiné à limiter les risques d'intervention militaire. Le 8 mai, la mission a constaté que ses travaux ont porté leurs fruits lorsque l'Ouganda et le Rwanda se sont engagés à démilitariser à Kisangani et ses environs. Il reste toutefois beaucoup à faire avant de pouvoir affirmer avec certitude que la confiance règne entre les signataires de l'Accord de Lusaka. La délégation canadienne félicite la mission d'avoir réussi à faire comprendre aux parties qu'elles devaient s'accorder sur un lieu d'établissement de la Commission militaire mixte et sur un lieu de rencontre pour le dialogue intercongolais auquel le Canada attache une importance particulière. Comme il apporte un soutien financier au processus du dialogue intercongolais, le Canada est frappé par la détermination du peuple congolais à établir une structure politique démocratique et des institutions garantissant une bonne gouvernance, ainsi que par le désir exprimé par la société civile de voir s'établir une voie politique viable pour remplacer l'action militaire.

Le Canada se félicite également des efforts déployés par la mission afin d'harmoniser les relations entre la Mission de l'ONU en République démocratique du Congo (MONUC) et le Gouvernement de la RDC, comme le démontre la signature de l'Accord sur le statut des forces signé le 4 mai. Concernant la situation humanitaire, le Canada demeure gravement préoccupé. Il encourage les Etats Membres à s'assurer que le Bureau extérieur du Haut Commissariat aux droits de l'homme en RDC dispose de fonds et de ressources appropriées, et que tous ceux qui bafouent les droits de l'homme ont à répondre de leurs actes.

Les récents événements en Sierra Leone ont démontré de manière dramatique la nécessité pour l'ONU de déployer des troupes compétentes et bien formées et qui sont entièrement équipées dès leur arrivée sur le terrain. Par la même occasion, le Canada lance un nouvel appel aux parties pour qu'elles s'acquittent des obligations qu'elles ont contractées aux termes de l'Accord de Lusaka et des accords ultérieurs. Sans un tel engagement à poursuivre la paix, les conditions nécessaires pour que l'ONU puisse jouer un rôle effectif de maintien de la paix ne seront pas réunies.

M. MARTIN ANDJABA (Namibie), membre de la mission du Conseil, a indiqué que tous les interlocuteurs rencontrés en RDC avaient appelé instamment au déploiement rapide de la phase II de la MONUC. Le représentant a rappelé que le cessez-le-feu du 14 avril continue d'être respecté tandis que l'Accord sur le statut des forces a été signé. Ces deux facteurs importants ouvrent désormais la voie au déploiement des 5500 observateurs militaires. Estimant qu'en vertu de la résolution 1291, le Secrétaire général des Nations Unies est entièrement responsable du déploiement de ces observateurs, il lui a demandé instamment d’assurer sans plus tarder l’application de la phase II de la MONUC. Le représentant a estimé par ailleurs que l'instauration du dialogue intercongolais constitue l'un des piliers sur lequel repose l'Accord de Lusaka. Il a demandé instamment à toutes les parties congolaises d'œuvrer de concert et de coopérer avec le Facilitateur afin de trouver un lieu qui obtienne l'assentiment de tous pour mener un tel dialogue. Il a, dans ce contexte, lancé un appel pour que des contributions financières et une aide technique soient fournies.

Le représentant a estimé qu'il était temps de procéder à l'échange des prisonniers de guerre comme le prévoit l'Accord de cessez-le-feu de Lusaka. Il a insisté pour que les parties coopèrent avec le Comité international de la Croix-Rouge. Un autre sujet de préoccupation touche aux violations récentes des droits de l'homme dans l'Est du pays qui ont été confirmées par un rapport de Human Rights Watch. Le viol systématique des femmes et des fillettes doit cesser. Les 15 femmes congolaises enterrées vivantes ne doivent pas être oubliées et les appels en faveur du déploiement immédiat des observateurs de la MONUC font écho à leurs cris. Nous appelons les rebelles, et ceux qui les soutiennent, à mettre un terme au régime de terreur qu'ils ont imposé à la population civile. Cette situation exige une réaction immédiate et les auteurs de tels crimes doivent être traduits en justice. Le représentant a estimé par ailleurs que le pillage des ressources naturelles de la RDC contribue à alimenter les hostilités. Il a fait part de son soutien à la proposition de la mission visant la création d'un groupe d'experts chargé d'enquêter sur l'exploitation illégale des ressources naturelles. Il a en outre déclaré qu'il était inacceptable que des troupes étrangères, notamment l'Ouganda et le Rwanda, s'affrontent sur un sol qui n'est pas le leur. Il est également inacceptable que ces pays envahissent un Etat tiers. Nous demandons le retrait inconditionnel des forces ougandaises et rwandaises comme elles s'y sont engagées.

M. ILLALKAMAR AG OUMAR (Mali), membre de la mission du Conseil, s'est dit extrêmement satisfait des résultats de la mission en RDC dont il faisait partie. Les incidents de Kisangani et les affrontements qui ont eu lieu dans la province de l'Equateur sont regrettables mais ils ne représentent pas une rupture entre les parties. Néanmoins, des opérations de suivi sont indispensables. Nous nous trouvons dans un contexte positif nouveau qui exige le déploiement de la deuxième phase de la MONUC qui revêt un caractère impératif non seulement pour les signataires de l'Accord de Lusaka mais également pour toute l'Afrique. Nous estimons que les activités de démobilisation, de désarmement et de réhabilitation sont des éléments essentiels au rétablissement de la confiance dans la partie orientale du pays et à la cessation des nombreuses violations des droits de l'homme. Le représentant a également insisté sur les vertus du dialogue intercongolais et il a souhaité qu'un accord soit obtenu rapidement sur le lieu d'un tel dialogue. Il a également soutenu la nomination d'un conseiller francophone de haut niveau auprès du Facilitateur et la rencontre en juin prochain du Comité politique et le Conseil de sécurité en vue de poursuivre le dialogue et le redynamiser.

M. LUIS ENRIQUE CAPPAGLI (Argentine) a déclaré que les conflits en Sierra Leone et en République démocratique du Congo, ainsi qu'entre l’Ethiopie et l’Erythrée mettent à l'épreuve le Conseil de sécurité. La mission du Conseil de sécurité en RDC a montré qu'il faut redoubler d'efforts pour s'acquitter efficacement de notre rôle dans le domaine du maintien de la paix, a estimé M. Cappagli. Il a regretté qu'en dépit de la déclaration de l'Ouganda et du Rwanda de retirer leurs troupes, il y ait eu des affrontements sanglants à Kisangani. Les responsables des violations graves des droits de l'homme doivent être poursuivis et traduits en justice. L'Argentine appuie l'idée de créer un panel sur l'exploitation illégale des ressources, ainsi que la convocation du Comité politique le 16 juin prochain à New York.

Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a noté que le rapport de la mission du Conseil de sécurité en République démocratique du Congo fait preuve d'optimisme en dépit des éléments qui paraissent déstabiliser le processus de paix dans le pays. Des événements importants, notamment la signature de l'Accord sur le statut des forces du 4 mai 2000 et la proposition de calendrier pour le retrait des troupes rwandaises et ougandaises de la RDC, constituent des étapes positives depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité sur la situation en RDC. Il s'est félicité de la volonté politique dont ont fait preuve les parties à l'Accord de Lusaka qui ont signé l'Accord de cessez-le-feu le 14 avril dernier. La représentante a émis l'espoir que ces progrès permettront la mise en œuvre de l'Accord de Lusaka. Il faudrait encourager la décision prise par certains groupes armés de s'engager dans un dialogue avec la mission. A cet égard, la délégation jamaïcaine note toutefois que le dirigeant du Mouvement pour la libération du Congo (MLC), M. Jean-Pierre Bemba, ne s'est pas entretenu avec les membres de la Mission. Il est encourageant que toutes les parties au conflit ont réaffirmé leur volonté d'appuyer le processus de paix.

Tout en appuyant un déploiement rapide de la MONUC, la délégation jamaïcaine demande à toutes les parties d’offrir des garanties crédibles en matière de sécurité pour permettre à la MONUC de s'acquitter de son mandat, et de permettre que l'assistance humanitaire soit acheminée vers la population civile dans l'ensemble du pays. Mme Durrant a aussi insisté sur la coordination nécessaire des activités de la MONUC et de la Commission militaire mixte et souhaité que tous les efforts nécessaires soient déployés pour régler le problème de la localisation sur un même lieu. Etant donné le rôle crucial de la CMM dans la mise en œuvre de l'Accord de Lusaka, la Jamaïque est fermement convaincue qu'elle doit être dotée des ressources indispensables à son fonctionnement.

M. PETER VAN WALSUM (Pays-Bas), membre de la mission du conseil, a rappelé que la République démocratique du Congo est l'un des pays les plus étendus et les plus riches de l'Afrique. La présence sur son territoire d'armées, invitées et non invitées, de cinq autres pays africains affecte de toute évidence sa souveraineté nationale et son intégrité territoriale. La mission du Conseil de sécurité a conclu que toutes les forces souhaitent se désengager, et chacun des cinq présidents consultés a lancé un appel sans réserve à un déploiement rapide de la Mission de l'Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC II). L'argument selon lequel la RDC est trop vaste et la MONUC II trop petite est devenu moins persuasif depuis l'entrée en vigueur le 14 avril dernier de l'Accord de cessez-le-feu. Une bande de territoire large seulement de trente kilomètres, juste à travers le pays, d’un point de vue militaire, permettrait de faire la tâche. Toutefois, une telle zone de démarcation devrait servir à avertir la RDC et la communauté internationale que le désengagement ne peut constituer la fin de notre engagement, a souligné M. Van Walsum. Avec la MONUC II, nous axons nos efforts sur la préservation de l'intégrité territoriale de la RDC. Une des premières décisions de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) a été de réaffirmer les frontières existantes sur le continent. Il ne s'agit pas seulement d'une question africaine, la communauté internationale tout entière a le devoir d'honorer cette sagesse africaine. C'est pourquoi, le désengagement en RDC ne suffit pas mais il doit plutôt être suivi d'un retrait. Le représentant a émis un ferme espoir que personne à Kinshasa ne sera tenté de croire que l'Accord de cessez-le-feu de Lusaka est un menu "à la carte" qui peut également être testé sans dialogue. Si l'on souhaite préserver l'intégrité territoriale de la RDC, il est nécessaire pour la communauté internationale de bénéficier de la coopération de Kinshasa. A cet égard, M. Van Walsum a suggéré que le Gouvernement de la RDC ait un regard nouveau sur la question de la nationalité.

M. WANG YINGFAN (Chine) s'est félicité de la présentation par l'Ambassadeur Holbrooke du rapport de la mission du Conseil de sécurité en République démocratique du Congo, qui s'est déroulée du 4 au 8 mai dernier. Sa délégation note avec satisfaction que les parties au conflit ont réaffirmé leur ferme engagement de respecter le cessez-le-feu et en faveur du déploiement de la MONUC II. Le Rwanda et l'Ouganda se sont engagés à retirer leurs troupes de la RDC. Le dialogue en RDC manque de ressources. C'est pourquoi la Chine appelle à des contributions généreuses pour financer les activités du Facilitateur et de la MONUC elle-même. La délégation chinoise appuie l'initiative de l'Ambassadeur Levitte de convoquer, sous la présidence de la France, à New York, le 16 juin prochain, une réunion spéciale à laquelle participera le Comité politique, créé par l'Accord de Lusaka.

M. ABDALLAH BAALI (Algérie), au nom du Président en exercice de l’Organisation de l’unité africaine, a indiqué que le rapport établi à l'issue de la visite de la délégation du Conseil de sécurité en RDC montre clairement que le déploiement rapide et intégral de la deuxième phase de la Mission de l'ONU au Congo (MONUC) demeure plus que jamais la priorité absolue. Son accomplissement, dans les meilleurs délais possibles, apportera en effet une contribution décisive au raffermissement du cessez-le-feu, à l'approfondissement de la confiance entre les parties et donc à la mise en œuvre de l'Accord de Lusaka, qui demeure la seule garantie d'un retour à la paix dans la région. L'Algérie, en sa qualité de pays africain et de Président en exercice de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), suit avec une attention particulière l'évolution du processus de paix en RDC, auquel elle contribue activement que ce soit à travers les observateurs militaires ou encore le financement de la Commission militaire mixte. C'est dans ce cadre, a rappelé M. Baali, que le Président A. Bouteflika a pris l'initiative d'organiser à Alger le 30 avril dernier un Sommet sur la RDC auquel ont pris part les Présidents de la RDC, du Mali, du Mozambique, du Nigéria, de l'Afrique du Sud, du représentant du Président de la Zambie, du Secrétaire général de l'OUA, du Facilitateur Masire et du Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU. Le Sommet d'Alger a notamment lancé un appel aux pays membres de l'OUA en vue d'apporter leur contribution aux efforts de paix en RDC et a annoncé l'offre de mise à disposition de l'ONU de troupes de la part de l'Afrique du Sud et du Nigéria. L'Algérie estime par ailleurs que la mise en œuvre de la résolution 1291, par laquelle le Conseil de sécurité a autorisé le déploiement de la deuxième phase de la MONUC, doit être accélérée afin d'éviter de nouvelles déconvenues au Congo. A cet égard, il convient de pleinement prendre en compte, dans le contexte congolais, les leçons apprises des autres missions de la paix: il faut en effet insister sur la rapidité qui doit présider au déploiement des unités de protection et de logistique de la MONUC tout en soulignant, dans le même temps, l'importance que revêtent les équipements et les armements dont doit être dotée cette force en vue de remplir son mandat dans les meilleures conditions possibles. L'état précaire des infrastructures et des moyens de communication dans le pays nécessite à cet égard des capacités de mouvement et de transport renforcées et adaptées. Dans ce cadre, l'Algérie invite les pays qui disposent des moyens et des équipements techniques conséquents et adaptés aux besoins de la MONUC à suivre l'exemple de l'Italie qui a, pour sa part, fourni des unités de transport fluvial. De même, l'Algérie espère que les appels régulièrement lancés par le Département des opérations de maintien de la paix pour la fourniture d'unités et d'équipements spécialisés en matière de contrôle de la circulation aérienne, de manutention des carburants, de secours et de lutte contre l'incendie trouveront rapidement un écho favorable notamment auprès des pays développés.

M. ANDRE MWAMBA KAPANGA (République démocratique du Congo) a appelé la communauté internationale à s'impliquer davantage dans le cadre d'une démarche sincère et positive susceptible d'amener les agresseurs à de sincères négociations de paix. Il a rappelé que l'organisation du Sommet d'Alger qui s'est tenu le 30 avril dernier sous l'égide de l'Organisation de l'unité africaine, a permis de réaffirmer les engagements pris lors de la réunion du Comité politique du 6 au 8 avril derniers visant la mise en œuvre d'un plan de désengagement et de redéploiement des forces en RDC et la décision d'ordonner la cessation complète des hostilités avec effet au 14 avril. Force est de reconnaître qu'à ce jour, le cessez-le-feu a été largement respecté. Le représentant a regretté les incidents de Kisangani et les affrontements qui ont eu lieu dans la province de l'Equateur tout en précisant que ces activités ne sont pas d'une envergure telle à mettre le processus de paix en danger.

La guerre en RDC est de nature transnationale engageant principalement des Etats et des gouvernements qui sont sensibles aux pressions amicales et autres en vue de la restauration de la paix dans la région. Cet aspect là diffère ainsi de la situation en Sierra Leone qui ne doit pas voiler la responsabilité, non seulement des dirigeants de la région, mais également de la communauté internationale, en RDC, ni leur capacité à faire la différence.

La situation en RDC présente des caractéristiques qui lui sont propres, a ajouté le représentant. Les Nations Unies doivent, par conséquent, pouvoir tirer profit de cette accalmie pour procéder au déploiement rapide de la phase II de la MONUC. Le Président de la République démocratique du Congo, M. Laurent Désiré Kabila, a assuré aux membres de la mission qu'il ne s'opposerait pas à un tel déploiement et qu'il collaborerait pleinement avec la MONUC. Outre le silence des armes, a ajouté le représentant, les Nations Unies devraient également s'atteler à restaurer les droits de l'homme les plus fondamentaux de la population congolaise comme l'autorise la résolution 1291. Evoquant le rapport accablant de Human Rights Watch, il a demandé instamment aux Gouvernements rwandais, ougandais, burundais, aux composantes du Rassemblement congolais pour la démocratie de Goma et de Bunia ainsi qu’au Mouvement de libération du Congo, de cesser immédiatement toutes les attaques contre la population civile. Les Nations Unies se doivent de mener des enquêtes d'établissement des faits et des poursuites judiciaires doivent être entamées à l'encontre des responsables de ces crimes.

Au sujet de l'exploitation illégale des ressources naturelles, le représentant a appuyé la proposition visant la création d'un groupe d'experts sur la question. Il a demandé au Conseil de sécurité de donner suite à cette proposition et de rendre ce groupe opérationnel dans les meilleurs délais. Il a précisé que l'exploitation illégale des ressources naturelles de la RDC s'accompagne de la destruction, du démontage et de transferts frauduleux vers les pays agresseurs, des structures économiques, environnementales et industrielles des provinces occupées. Le représentant a également attiré l'attention du Conseil sur la constitution de réseaux de trafic illicite de drogues qui semblent alimenter les efforts de guerre des pays agresseurs.

Au sujet du dialogue intercongolais prévu par l'Accord de Lusaka, il a souligné qu'un consensus sans équivoque s'est dégagé en faveur de ces assises dans les meilleurs délais. Désormais, il s'agit d'avoir le courage d'identifier froidement les problèmes concrets auxquels nos pays sont confrontés et de prendre, dans le cadre d'une approche globale, des mesures fiables visant la réconciliation nationale, le partage du pouvoir, la création d'armées républicaines, l'instauration ou la revitalisation du processus de démocratisation et le développement. C'est dans cet esprit que la République démocratique du Congo soutient la tenue d'une conférence internationale sur la paix et la stabilité, la sécurité et le développement dans la région des Grands Lacs.

M. KIYO ASAKA (Japon) a souligné que l'accord sur le désengagement du 8 avril dernier constitue une base importante pour les futurs efforts de maintien de la paix, bien que les évènements subséquents à Kisangani entre les forces rwandaises et ougandaises aient montré qu'il s'agissait d'un accord fragile. A cet égard, il a appelé le Rwanda et l'Ouganda à retirer leurs troupes de Kisangani, conformément à leur accord. Les récentes hostilités entre leurs forces constituent une violation de la souveraineté de la République démocratique du Congo, et ne peut être tolérée. Nos expériences dans les opérations de maintien de la paix antérieures nous ont enseigné que le respect d'un cessez-le- feu doit être confirmé avant le déploiement d'une force de maintien de la paix. A cet égard, le Japon appuie pleinement la recommandation de la mission du Conseil de sécurité en RDC selon laquelle le Secrétaire général doit obtenir l'engagement des parties à l'Accord de Lusaka, par écrit, de maintenir le cessez-le-feu et d'appuyer le déploiement de la phase II de la Mission de l'Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC). De l'avis de la délégation japonaise, la réunion spéciale du Comité politique établi par l'Accord de Lusaka, devant être convoquée à New York le mois prochain, serait une occasion appropriée pour obtenir cet engagement.

La délégation japonaise espère que la communauté internationale renforcera son appui aux efforts du Facilitateur, Sir Ketumile Masire, visant à engager les parties congolaises dans un dialogue national. Faisant remarquer que seulement la moitié des ressources nécessaires à son mandat ont été versées à ce jour, M. Kobayashi a appelé les Etats Membres à faire de leur mieux pour lui permettre de s'acquitter efficacement de son rôle. Pour sa part, le Gouvernement du Japon a contribué pour un montant de 300 000 dollars au Fonds d'affectation spéciale créé à cette fin.

M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) a estimé que l'Accord de Lusaka est un document complet et que sa mise en œuvre fidèle apportera la paix durable en RDC. Nous sommes favorables à une intervention active du Conseil de sécurité. Une des conditions préalables à la mise en œuvre de la phase II de la MONUC est que les parties respectent le cessez-le-feu et créent un environnement sûr. Il est essentiel que toutes les parties en RDC s'engagent dans un processus de dialogue et de consolidation de la paix, et respectent les droits de l'homme et le droit humanitaire international. Il faut aussi que les flux d’armes soient arrêtés. La résolution 1291, a ajouté le représentant, accorde un mandat robuste à la MONUC, y compris la protection de son personnel, du matériel des Nations Unies et de la population civile. Ce mandat est difficile et nous insistons sur la nécessité d'un concept pratique des opérations. La composante sécurité de la mission doit être suffisamment pourvue en équipements. La confiance est essentielle pour le succès d'une opération de maintien de la paix. Nous avons annoncé que nous fournirons un bataillon en RDC et nous nous engageons à faciliter le succès de la mission.

M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud) a indiqué que son pays a offert de soutenir la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) et que le Département des opérations de maintien de la paix étudie actuellement les modalités d'une telle aide. Nous devons être réalistes quant aux capacités de la MONUC. Le premier objectif de la Mission sera d'injecter une confiance renouvelée dans le processus de paix en surveillant l'application du cessez-le-feu et en élaborant les plans de déploiement de sa troisième phase. La planification de telles opérations doit comprendre un cadre et un calendrier réalistes pour la démobilisation, le désarmement et la réhabilitation des anciens combattants. Néanmoins, l'envoi de troupes en RDC n'est que la première étape vers la paix. L'amère réalité veut qu'au bout du compte, les Nations Unies ne seront peut-être pas en mesure de mobiliser une force de maintien de la paix dont la taille serait à la mesure de l'importance géographique du pays. Nous estimons donc que le règlement politique, à travers le dialogue intercongolais, est critique. Il nous incombe maintenant de mobiliser la volonté politique et les ressources matérielles pour le déploiement rapide de la phase II de la MONUC. Le représentant a également indiqué que les expériences négatives en Sierra Leone ne doivent pas nous inciter à nous détourner de nos efforts en RDC. La Sierra Leone n'a fait que confirmer les enseignements de la Bosnie, à savoir la nécessité de doter les troupes de ressources et d'un mandat appropriés qui tiennent compte de la situation dans les zones de déploiement.

M. LEUTLWETSE MMUALEFE (Botswana) a jugé encourageant la constatation faite par la mission du Conseil de sécurité en République démocratique du Congo (RDC) selon laquelle le cessez-le-feu auquel ont souscrit les parties au conflit continue à être respecté. Le représentant, soulignant la nécessité de créer une force professionnelle chargée de superviser et de vérifier le cessez-le-feu, a rappelé que le Botswana avait lancé plusieurs appels au Conseil de sécurité par le passé pour un déploiement rapide en RDC. En appelant de façon continue les parties à respecter leurs engagements sans une présence efficace de maintien de la paix sur le terrain, nous encourons le risque de laisser le processus de paix déjà précaire se fragiliser encore, a estimé le représentant, avant de demander au Conseil qu'il prenne en considération l'appel lancé par les dirigeants régionaux en vue d'un déploiement rapide de soldats de la paix sur le terrain. Le Botswana souhaite également engager toutes les parties au dialogue intercongolais à faire usage des bons offices du Facilitateur du dialogue national, M. Ketumile Masire, ancien Président du Botswana. Soulignant que les résultats que pourra atteindre le Facilitateur dépendront des efforts que les Congolais eux-mêmes sont disposés à faire, M. Mmualefe a indiqué qu'il ne faisait aucun doute que Sir Ketumile n'est motivé dans ses fonctions de Facilitateur par aucun autre objectif que celui d'aider les Congolais à atteindre le résultat qu'ils souhaitent eux-mêmes pour le bien de leur pays.

M. MATHIAS DAKA (Zambie) a déclaré qu'il était clair, après avoir procédé à la lecture du rapport de la mission s'étant rendue en RDC, que les parties signataires de l'Accord de Lusaka étaient disposées à honorer leurs engagements. La signature récente de l'Accord sur le statut des forces et les progrès réalisés dans la mise en œuvre du plan de déploiement de la MONUC offrent une opportunité au Conseil de sécurité de procéder immédiatement à la phase II de la Mission. Il est important de le faire rapidement pour éviter l'instauration d'un vide. Le représentant a également insisté sur la nécessité de fournir des fonds et un soutien logistique au médiateur du dialogue intercongolais, M. Ketumile Masire. En effet la tenue d'un tel dialogue est indispensable à la mise en œuvre de l'Accord de cessez-le-feu de Lusaka. Le peuple de Sierra Leone aspire à la paix et au retour à une vie normale. Nous estimons que le déploiement de la phase II de la MONUC pourrait en constituer les prémices.

M. JOEL M. NHLEKO (Swaziland) s'est félicité de la mission du Conseil de sécurité en République démocratique du Congo qui témoigne de l'engagement du Conseil à renforcer le processus de paix en RDC. Il s'est également félicité des efforts de la mission d'harmoniser les relations entre la Mission de l'Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) et le Gouvernement de la RDC, qui ont abouti à la signature de l'Accord sur le statut des forces le 4 mai dernier. La délégation du Swaziland est convaincue que cet accord sera crucial pour assurer l'efficacité de la MONUC et qu’il sera le pivot du déploiement de la phase II de la MONUC dont le succès constituera une pierre angulaire dans le processus de paix. Rappelant l'accord sur le désengagement du 8 avril, le représentant a regretté la reprise récente des activités militaires, à Kisangani, entre le Rwanda et l'Ouganda, qui affaiblissent les efforts déployés en faveur du processus de paix.

Le Swaziland se déclare, d’autre part, inquiet par le fait que le dialogue intercongolais - essentiel au processus de paix - soit confronté à des difficultés liées à l'absence de ressources financières et d'appui logistique. Aussi, appelle-t-il les Etats Membres qui ont annoncé des contributions à appuyer les efforts du Facilitateur et à les verser sans retard. Par ailleurs, la délégation du Swaziland appuie pleinement les recommandations de la mission et estime comme elle, que les événements récents en Sierra Leone ne devraient pas jeter l'ombre sur les déploiements futurs en Afrique. Il faut examiner la situation en RDC sur la base des particularités de la situation. En conséquence, le Swaziland adhère à la position tendant à ce que le Secrétaire général, agissant en vertu de la résolution 1291 (2000) obtienne des garanties des parties au conflit pour la sécurité et la liberté de mouvement du personnel des Nations Unies et du personnel associé.

M. ANTONIO MONTEIRO (Portugal), au nom de l'Union européenne et des pays associés, a émis l'espoir que les parties à l'Accord de Lusaka s'acquitteront de leurs obligations en vue de garantir le succès du processus de paix en République démocratique du Congo. Il appartient au Conseil de sécurité de ne pas laisser faiblir la volonté politique des parties. L'Union européenne a déjà contribué pour un montant de 1,2 million d'Euros aux efforts du processus de paix. Le dialogue intercongolais est la clé de voûte de l'instauration de la démocratie et de la réconciliation nationale. Conscient de la situation économique et sociale en Afrique, et en particulier en RDC, M. Monteiro a estimé qu'il est nécessaire de mettre en place des mécanismes adaptés à la situation. L'Union européenne appuie l'idée de convoquer une conférence sur la sécurité et la stabilité dans la région des Grands Lacs. Elle demeure attachée à fournir une assistance humanitaire à la RDC.

M. DAUDI NGUELAUTWA MWAKAWAGO (République-Unie de Tanzanie) a estimé que c'est à juste titre que le rapport de la mission du Conseil de sécurité en République démocratique du Congo note que les événements en Sierra Leone ont jeté une ombre sur la mission en RDC. Il a fait également observer de que l'on ne doit pas perdre de vue que la situation en RDC a ses propres particularités sur lesquelles l'opération de maintien de la paix en RDC doit être fondée. A la différence de la Sierra Leone, la RDC n'a pas un Foday Sankoh. Toutes les parties au conflit ont appuyé, et même appelé, à la présence des Nations Unies. Il est nécessaire d'adopter une action dynamique pour assurer la mise en œuvre de l'Accord de Lusaka, afin de souligner le large appui en faveur de la MONUC. Les aspects fragiles retenus par la mission du Conseil de sécurité ne doivent pas affaiblir la pertinence de l'Accord. Notre défi est de continuer à appeler les parties à l'Accord à emprunter la voie de la paix et de la sécurité dans l'intérêt de leurs peuples et des pays de la région.

Le représentant s'est félicité du fait que la mission a eu l'occasion de faire part de ses inquiétudes aux Présidents Kagame du Rwanda et Museveni de l'Ouganda et réussi à faire conclure un accord sur la cessation des hostilités à et autour de Kisangani. Il s'est réjoui que les deux Présidents aient convenu de prendre les mesures nécessaires au retrait de leurs troupes respectives. M. Mwakawago a souligné la nécessité de déployer rapidement la MONUC. Les efforts nobles déployés par le Facilitateur, M. Ketumile Masire, devraient être soutenus. A cet égard, le peuple congolais doit appuyer ses efforts dans l'intérêt et la paix de la population et du pays. Profondément préoccupé par les violations massives des droits de l'homme, le représentant a estimé qu'il faut condamner fermement ces atrocités et poursuivre ceux qui en sont responsables.

M. TICHAONA JOSEPH B. JOKONYA (Zimbabwe) a estimé que le déploiement de la MONUC ne devrait pas dépendre des progrès ou du manque de progrès du dialogue intercongolais. Il a souligné que son pays apporterait toute sa coopération au processus en cours ainsi qu'au groupe d'experts chargé de l'exploitation illégale des ressources naturelles dont la création est recommandée. Le représentant a estimé que les médias qui devraient jouer un rôle de mobilisation de l'opinion publique, n'ont fait qu'ajouter au pessimisme qui caractérise l'examen des questions africaines. L'Afrique est considérée à tort comme un continent perdu. Je rappelle que la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité internationales revient au Conseil de sécurité et non pas aux médias, a-t-il dit. Il est indéniable que les Nations Unies ont traîné les pieds pour ce qui est de l'Afrique et les événements en Sierra Leone ont prouvé l’importance d’établir un mandat clair. Le rapport dont nous sommes saisis témoigne d'un renouvellement de l'engagement des parties au processus de paix. Le représentant a appelé le Conseil à déployer une mission de maintien de la paix qui soit dotée d'un mandat clair qui s'inscrive dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations Unies.

M. JOSEPH MUTABOBA (Rwanda) a réaffirmé que son pays demeure engagé en faveur de l'Accord de cessez-le-feu de Lusaka. Il a estimé qu'il constitue le cadre viable pour instaurer la paix et la sécurité en République démocratique du Congo et dans la région. La référence faite aux incidents de Kisangani comme étant une violation délibérée de l'Accord de Lusaka est totalement erronée et ne devrait pas servir de tactique par certaines parties pour ralentir l'élan. Il faut être pragmatique et adopter des approches progressives comme celles proposées par le Président Kagame et approuvées par le Président Museveni et la mission du Conseil de sécurité - le texte de la déclaration conjointe a été communiquée aux délégations. Le représentant a estimé qu'il faut considérer la RDC comme une partie intégrante de la région en crise, faire face aux causes inhérentes individuellement et collectivement. C'est pourquoi, il ne peut y avoir de paix et de sécurité en RDC et dans la région tant que des forces armées diaboliques ne sont pas désarmées, démobilisées, démilitarisées, réhabilitées et réintégrées dans leur société respective. La démilitarisation et la démobilisation peuvent être accomplies de manière pacifique et volontaire. Toutefois, il est essentiel pour ces forces de coopérer. L'expérience des camps de réfugiés dans l'Est de l’ex- Zaïre est encore claire dans nos esprits: la communauté internationale y a échoué au nom des idéaux d'un processus pacifique et volontaire. Il faudrait tirer des leçons de l'échec et du succès du rapatriement de plus de deux millions de réfugiés qui coûtent à la communauté internationale plus d'un million de dollars par jour.

La démobilisation et le rapatriement des Interahamwe et des ex-Fars et autres forces similaires constituent des conditions sine qua non du retour à la paix et à la sécurité en RDC et dans la région. L'état de droit est nécessaire au dialogue politique. Le dialogue politique rétablira lui-même le respect des droits de l'homme et du citoyen. C'est pourquoi, la MONUC doit être déployée sans délai et c'est aussi pourquoi, le Rwanda se dit fermement convaincu que les efforts de Sir Ketumile Masire doivent être appuyés politiquement et financièrement. La paix ne se réalise pas à sens unique. Vous obtenez la paix et vous la donnez à votre famille, à vos voisins, à votre pays et à votre monde. Vous la recevrez en permanence et le cycle continue. La souveraineté est réciproque. Vous ne pouvez pleurer sur votre souveraineté tout en vous attaquant à votre voisin. Vous ne réglez pas les problèmes en chantant le même refrain mais il faut être créatif et maintenir constamment l'élan.

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