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SG/SM/7390

LE SECRETAIRE GENERAL, DANS UNE DECLARATION DEVANT LE CONSEIL DE SECURITE, EXIGE LA LIBERATION SANS CONDITION DES SOLDATS DE LA PAIX DES NATIONS UNIES EN SIERRA LEONE

12 mai 2000


Communiqué de Presse
SG/SM/7390
AFR/226


LE SECRETAIRE GENERAL, DANS UNE DÉCLARATION DEVANT LE CONSEIL DE SECURITE, EXIGE LA LIBERATION SANS CONDITION DES SOLDATS DE LA PAIX DES NATIONS UNIES EN SIERRA LEONE

20000512

On trouvera, ci-après, la déclaration que le Secrétaire général, M. Kofi Annan, a faite le 11 mai, à la séance publique du Conseil de sécurité sur la situation en Sierra Leone:

Je félicite le Conseil, et les autres États membres représentés ici, pour le sens de l’urgence dont ils font preuve face à la grave crise en Sierra Leone. Une telle diligence s’imposait, étant donné le très sérieux défi que cette situation représente maintenant pour l’ensemble de la communauté internationale.

En ce moment même, plusieurs centaines de soldats de la paix des Nations Unies – pour la grande majorité des Zambiens – sont toujours détenus contre leur volonté dans diverses régions de la Sierra Leone.

Ces soldats sont venus en Sierra Leone non comme des ennemis, mais comme des amis et pour faire la paix, selon les termes d’un accord négocié et signé par les deux parties, y compris le caporal Foday Sankoh au nom du Front révolutionnaire uni (FRU). Il a été demandé à la Mission de maintien de la paix des Nations Unies, dans le cadre de cet accord, de gérer le processus de désarmement.

Il est déplorable et inacceptable que maintenant le même FRU, non seulement entrave le processus de désarmement, mais détienne arbitrairement des membres de la Mission des Nations Unies.

Une fois encore, je souhaite rappeler à M. Sankoh qu’il est responsable de l’action des forces placées sous son commandement. Il devra rendre des comptes pour leurs actes, ainsi que pour la sécurité et le bien-être de tous ceux qui ont été détenus.

J’exige la libération immédiate et sans condition de tout le personnel des Nations Unies – et je remercie tous ceux, en particulier les dirigeants des pays voisins, qui œuvrent à ce résultat. Je suis heureux de confirmer que deux soldats des Nations Unies ont été libérés aujourd’hui.

Mais, Monsieur le Président, il va sans dire que la sécurité des soldats de la paix des Nations Unies n’est pas notre seule préoccupation. Nous pensons aussi à la détresse de tous ceux qu’ils sont là-bas pour aider, à savoir le peuple de la Sierra Leone, désormais menacé d’une autre série de combats et qui craint inévitablement que les atrocités des années passées ne se répètent.

Monsieur le Président, il est vital que le monde n’abandonne pas maintenant le peuple de Sierra Leone, à l’heure où il a le plus besoin d’aide. Il a le droit d’attendre non seulement une assistance humanitaire – que les institutions des Nations Unies continuent de lui apporter – mais aussi une protection.

Qu’il me soit permis de rappeler au Conseil que notre mission a été conçue comme une force de maintien de la paix. Elle n’a été ni planifiée ni équipée pour une opération coercitive. Elle a été attaquée par l’une des parties qui s’était engagée à coopérer avec elle avant d’avoir été véritablement déployée.

Étant donné cette situation nouvelle, il nous faut consolider et renforcer nos troupes afin qu’elles puissent se défendre – et défendre leur mandat – efficacement, et qu’elles puissent contribuer à stabiliser la situation.

Je suis heureux d’indiquer que des troupes supplémentaires sont en route, y compris des unités ayant une expérience du combat et du matériel de combat, comme des pièces d’artillerie et des hélicoptères de combat.

Je remercie les pays qui fournissent des contingents de mettre ces unités et ce matériel à disposition plus rapidement, et en plus grand nombre, qu’il avait été prévu. En fait, lorsque toutes ces troupes seront arrivées, les effectifs militaires de la MINUSIL dépasseront probablement le maximum autorisé par le Conseil dans sa résolution 1289. J’espère qu’étant donné les circonstances, le Conseil voudra fixer une nouvelle limite, plus généreuse.

Cela dit, Monsieur le Président, les difficultés logistiques auxquelles nous sommes confrontés ne doivent pas être sous-estimées. Notre personnel logistique travaille très dur. Il a organisé à très bref délai quelque 120 à 150 vols pour l’aéroport Lungi à Freetown, utilisant divers appareils pour transporter les troupes, le matériel et les fournitures en provenance de plusieurs pays.

La plupart de ces vols seront effectués par des avions affrétés par l’Organisation des Nations Unies, mais nous sommes très reconnaissants aux États Membres qui nous assistent dans cette entreprise.

Entre-temps, le Royaume-Uni a apporté une contribution inestimable en assurant la sécurité de l’aéroport. La présence de troupes britanniques, même pour une période limitée et avec un mandat limité, est un très important facteur de stabilisation.

Je suis également très encouragé par la volonté des dirigeants sous- régionaux, exprimée lors de la réunion qu’ils ont tenue mardi à Abuja, non seulement de fournir davantage de troupes à la Sierra Leone, mais aussi de renouveler leur engagement politique dans la recherche d’une paix et d’une stabilité à long terme. Nous devons coopérer avec eux en réévaluant la situation politique, et en trouvant des moyens de réactiver le processus de paix. Les nouvelles troupes pourraient, peut-être, former le noyau d’une force de réaction rapide, dont je demeure convaincu qu’elle serait le meilleur moyen de fournir à la MINUSIL la capacité de combat dont elle a besoin.

Monsieur le Président, je sais que les dirigeants d’Afrique de l’Ouest, entre autres, ont aussi demandé une révision du mandat de la MINUSIL, pour conférer à celle-ci un rôle de coercition clair. Je n’y suis pas nécessairement opposé, mais quel que soit le mandat arrêté, la première priorité du Conseil doit être d’assurer que nous ayons la capacité d’accomplir les tâches que ce mandat implique. L’offre de troupes de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est très importante à cet égard, mais elle est tributaire de l’appui financier et logistique d’autres États Membres.

Monsieur le Président, j’espère – j’aimerais pouvoir dire je suis persuadé – que cet appui est maintenant acquis. Une certaine spécialisation régionale ou sous-régionale dans le traitement des problèmes de sécurité est tout à fait naturelle et saine, mais elle ne peut pas et ne doit pas être considérée comme se substituant à la responsabilité d’ensemble de l’Organisation des Nations Unies, et de ce Conseil en particulier.

C’est un refrain que vous avez déjà entendu dans ma bouche, mais il n’a jamais été plus justifié qu’il ne l’est ce soir. Les Africains font face courageusement aux problèmes effroyables de leur continent. C’est à bon droit qu’ils s’adressent au reste du monde pour obtenir de l’aide – spécialement aux États les plus puissants et les plus prospères, tout spécialement à ce Conseil, qui a commencé l’année en réaffirmant avec vigueur son engagement pour l’Afrique.

L’Organisation des Nations Unies a pris un engagement envers le peuple de la Sierra Leone. Notre résolution à honorer cet engagement est maintenant mise à l’épreuve. Plus que cela, la tragédie de la Sierra Leone et de son peuple est devenue une épreuve cruciale de cette solidarité fondamentale entre les peuples, qui transcende la race et la géographie, qui est le principe directeur le plus fondamental de notre Organisation.

Monsieur le Président, je vous en supplie, n’abandonnons pas la Sierra Leone. N’abandonnons pas l’Afrique. Cette fois-ci, à l’occasion de cette crise, appuyons les mots par des actes, et les mandats par les ressources nécessaires pour les accomplir.

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