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CS/1188

LE CONSEIL DE SECURITE EXIGE QUE L'ERYTHREE ET L'ETHIOPIE METTENT FIN IMMEDIATEMENT A TOUTE ACTION MILITAIRE

12 mai 2000


Communiqué de Presse
CS/1188


LE CONSEIL DE SECURITE EXIGE QUE L'ERYTHREE ET L'ETHIOPIE METTENT FIN IMMEDIATEMENT A TOUTE ACTION MILITAIRE

20000512

Notant avec préoccupation que la reprise des combats a de graves conséquences humanitaires pour la population civile de l'Erythrée et de l'Ethiopie, le Conseil de sécurité a adopté ce soir à l'unanimité la résolution 1297 (2000) par laquelle il condamne résolument la reprise des combats entre les deux pays. Il exige que les deux parties mettent fin immédiatement à toute action militaire et s'abstiennent dorénavant de recourir à la force. Il exige également que soient organisés dès que possible, sans conditions préalables, de nouveaux entretiens de fond en vue de la paix, sous les auspices de l'OUA, sur la base de l'Accord-cadre et des Modalités ainsi que des travaux menés par l'OUA.

Le Conseil de sécurité décide de se réunir à nouveau dans les 72 heures suivant l'adoption de la présente résolution, au cas où les hostilités se poursuivraient, pour prendre des dispositions immédiates.

Au titre de l'examen de cette question, le Conseil de sécurité était saisi d'un rapport de la Mission spéciale du Conseil de sécurité en Erythrée et en Ethiopie (les 9 et 10 mai 2000).

Texte du projet de résolution (S/2000/419)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions 1177 (1998) du 26 juin 1998, 1226 (1999) du 29 janvier 1999 et 1227 (1999) du 10 février 1999,

Profondément troublé par la reprise des combats entre l’Érythrée et l’Éthiopie,

Soulignant la nécessité pour les deux parties de parvenir à un règlement pacifique du conflit,

Réaffirmant l’attachement de tous les États Membres à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale de l’Érythrée et de l’Éthiopie,

Exprimant son appui vigoureux aux efforts de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) pour parvenir à un règlement pacifique du conflit,

Se félicitant des efforts de sa mission dans la région et du rapport de celle-ci en date du 11 mai 2000 (S/2000/413),

Convaincu de la nécessité de poursuivre immédiatement les efforts diplomatiques,

Notant avec préoccupation que la reprise des combats a de graves conséquences humanitaires pour la population civile des deux pays,

Soulignant que la situation entre l’Érythrée et l’Éthiopie compromet la paix et la sécurité,

Soulignant également que la reprise des hostilités menace plus gravement encore la stabilité, la sécurité et le développement économique de la sous-région,

1. Condamne résolument la reprise des combats entre l’Érythrée et l’Éthiopie;

2. Exige que les deux parties mettent fin immédiatement à toute action militaire et s’abstiennent dorénavant de recourir à la force;

3. Exige que soient organisés dès que possible, sans conditions préalables, de nouveaux entretiens de fond en vue de la paix, sous les auspices de l’OUA, sur la base de l’Accord-cadre et des Modalités ainsi que des travaux menés par l’OUA, dont rend compte le communiqué publié par le Président en exercice de celle-ci le 5 mai 2000 (S/2000/394);

4. Décide de se réunir à nouveau dans les 72 heures suivant l’adoption de la présente résolution au cas où les hostilités se poursuivraient pour prendre des dispositions immédiates afin d’assurer le respect de la présente résolution;

5. Réaffirme son plein appui à l’action que l’OUA, l’Algérie qui en assure actuellement la présidence et les autres parties intéressées continuent de mener pour parvenir à un règlement pacifique du conflit;

6. Souscrit à l’Accord-cadre et aux Modalités en tant que base du règlement pacifique du différend entre les deux parties; Souscrit également au communiqué publié le 5 mai 2000 par le Président en exercice de l’Organisation de l’unité africaine, qui rend compte des résultats des négociations menées jusqu’à cette date par l’OUA, y compris les domaines de convergence déjà établis entre les deux parties;

7. Demande aux deux parties d’assurer la sécurité des populations civiles et de respecter scrupuleusement les droits de l’homme et le droit international humanitaire;

8. Prie le Secrétaire général de le tenir pleinement et régulièrement informé de la situation;

10. Décide de demeurer saisi de la question.

Rapport de la Mission spéciale du Conseil de sécurité en Erythrée et en Ethiopie, 9 et 10 mai 2000 (S/2000/413)

La Mission spéciale était composée des ambassadeurs des Etats-Unis (Chef de Mission), de la France, du Mali, de la Namibie, des Pays-Bas, de la Tunisie et du Royaume-Uni.

Dans ce rapport en date du 11 mai, la Mission fait observer que les négociations de l’OUA ont fini par produire un ensemble substantiel d’accords et de projets concernant le cessez-le-feu, le retrait des troupes, la mise en place d’arrangements intérimaires, l’arbitrage et la démarcation définitive du territoire contesté par l’Erythrée et l’Ethiopie. Les éléments finals à inclure dans les Arrangements techniques constituent une très petite partie de l’ensemble. De l’avis de la Mission, les divergences entre les deux parties, tout en étant réelles, sont relativement mineures et maîtrisables et peuvent finalement être résolues par des négociations intensives.

Entre-temps, l’Ethiopie accuse l’Erythrée de faire traîner les négociations afin d’éviter d’avoir à réparer les effets de son offensive de mai 1998; l’Erythrée accuse quant à elle l’Ethiopie de tenir fermement à l’option de la reprise du conflit tandis que les négociations se poursuivent.

La Mission spéciale s’est donc surtout employée à créer un mécanisme afin d’aller au-delà de ce blocage, sans entrer dans le détail des négociations de l’OUA. Etant donné les circonstances dans lesquelles se trouvent les deux pays, la reprise du conflit serait catastrophique et la Mission estimait par conséquent qu’il devait y avoir de très fortes raisons pour l’éviter. Les membres de la Mission ont donc été déçus de constater que la poursuite des combats n’était nullement exclue, et ils ont alors décidé d’essayer de trouver un mécanisme pour encourager la reprise des pourparlers. Ce mécanisme a pris la forme d’un projet de résolution dans lequel le Conseil de sécurité demande que les pourparlers indirects reprennent à l’invitation de l’OUA, laquelle a été consultée et a donné son accord.

Le mandat de la Mission est annexé au document S/2000/392.

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