CS/1186

LE CONSEIL DE SECURITE SE FELICITE DU SUCCES DE LA MISSION D'OBSERVATION DES NATIONS UNIES AU TADJIKISTAN DONT LE MANDAT EXPIRE LE 15 MAI 2000

12 mai 2000


Communiqué de Presse
CS/1186


LE CONSEIL DE SECURITE SE FELICITE DU SUCCES DE LA MISSION D'OBSERVATION DES NATIONS UNIES AU TADJIKISTAN DONT LE MANDAT EXPIRE LE 15 MAI 2000

20000512

La participation des Nations Unies, dès le début des hostilités au Tadjikistan, le ferme appui des huit pays voisins au processus de paix - et en particulier de la Fédération de Russie - ainsi que la volonté politique des deux parties tadjikes et de leurs dirigeants de régler leurs divergences par le dialogue, ont constitué les trois facteurs clés du succès de la Mission d'observation des Nations Unies au Tadjikistan, a souligné cet après-midi, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission au Tadjikistan (MONUT), M. Ivo Petrov, devant le Conseil de sécurité. M. Petrov a insisté sur la contribution décisive du Gouvernement du Tadjikistan et de l'Opposition tadjike unie pour assurer le succès du processus de paix. En dépit de ce succès, le Tadjikistan est confronté à de nombreuses difficultés. Pour l'aider à faire face notamment à la criminalité organisée et aux risques d'instabilité que pose la situation en Afghanistan, un appui continu de la part de la communauté internationale est indispensable. Une croissance économique durable est la clé du maintien de la paix et de la stabilité politique, a estimé M. Petrov, qui a rappelé que le Tadjikistan demeure le pays le plus pauvre de la Communauté des Etats indépendants (CEI).

La signature à Moscou de l'Accord général sur l'instauration de la paix et de l'entente nationale au Tadjikistan, le 27 juin 1997, a été motivée par le noble idéal de restaurer la paix, la stabilité et la démocratie sur la terre tadjike, a souligné le représentant du Tadjikistan. Les parties tadjikes ont réussi à s'élever au-dessus de leurs intérêts personnels et à court terme. Saluant l'idée avancée par le Secrétaire général de créer un bureau des Nations Unies chargé de la consolidation de la paix et de promouvoir la démocratie, le représentant a souligné que la stabilité au Tadjikistan rejaillira dans toute la région d'Asie centrale. Cette idée a été soutenue par l'ensemble des délégations.

Certains intervenants ont mis en parallèle "l'heureuse issue que connaît le processus de paix au Tadjikistan" sous les auspices des Nations Unies et les difficultés rencontrées par des missions en cours. Elles en ont déduit que, lorsque toutes les parties font preuve de persévérance, une mission peut réussir en dépit de nombreuses difficultés.

Les pays membres suivants du Conseil de sécurité sont intervenus: Fédération de Russie, Argentine, Bangladesh, Malaisie, Royaume-Uni, Namibie, Tunisie, Etats-Unis, Canada, Jamaïque, Ukraine, Mali et Chine. Ont également pris la parole les représentants des pays suivants : Tadjikistan, Portugal (au nom de l'Union européenne), Japon, Autriche (en sa qualité de Président de l'OSCE), Kazakhstan, Pakistan, République islamique d’Iran, Ouzbékistan et Turkménistan.

LA SITUATION AU TADJIKISTAN ET LE LONG DE LA FRONTIERE TADJIKO-AFGHANE

Rapport du Secrétaire général sur la situation au Tadjikistan (S/2000/387)

Le rapport rend compte de l'évolution récente de la situation et des activités de la Mission des Nations Unies au Tadjikistan (MONUT) depuis le 14 mars dernier. Le Secrétaire général indique que la MONUT, dont le mandat touche à sa fin, s'emploie à préparer son retrait définitif. Tous les bureaux locaux ont été fermés. Au 30 avril, la Mission comptait 17 observateurs militaires dont un membre du personnel médical. Il importe toutefois que la communauté internationale continue à soutenir le pays après le conflit, souligne le Secrétaire général qui fait part de son intention d'écrire au Conseil de sécurité au sujet de la création éventuelle d'un bureau chargé de la consolidation de la paix. Ce bureau aurait pour fonction de chercher à résoudre les problèmes de développement institutionnel, social et économique afin d'affermir la paix et promouvoir la démocratie. Le Secrétaire général précise en effet que si l'engagement des Nations Unies peut être considéré comme un succès, une recrudescence de l'instabilité ne peut pas être exclue en raison à la fois de facteurs intérieurs et de la situation instable dans toute la région, notamment en Afghanistan. Les élections parlementaires qui se sont déroulées le 23 mars étaient de l'avis des observateurs internationaux entachées de graves irrégularités. Des éléments armés continuent d'opérer en dehors du contrôle du Gouvernement, contribuant de ce fait au climat d'insécurité tandis que le pays est confronté à d'énormes problèmes économiques et sociaux. Le Secrétaire général indique également que le Groupe de contact des Etats garants et des organisations internationales se sont déclarés disposés à continuer à aider le Tadjikistan.

Ce rapport étant le dernier de la série, y sont relatés les efforts déployés par l’ONU depuis janvier 1993, date à laquelle la MONUT, nouvellement créée n’était encore qu’un petit bureau politique à Douchanbé.

Déclarations

M. IVO PETROV, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Tadjikistan et chef de la MONUT, a déclaré que les résultats positifs du processus de paix au Tadjikistan ont été obtenus grâce à trois facteurs, à savoir la participation des Nations Unies dès l’éclatement de la crise dans le pays, le ferme appui des huit pays voisins - et en particulier la Fédération de Russie - et la volonté politique des deux parties tadjikes et de leurs dirigeants pour régler les divergences par le biais du dialogue.

Les Nations Unies ont apporté une assistance cruciale au processus de paix. Le Conseil de sécurité a confié un mandat clair à la MONUT. Il a appuyé la Mission et à répondu de manière positive à ses besoins. Le processus de mise en œuvre des dispositions de l'Accord général sur l’instauration de la paix et l’entente nationale, a traversé des crises graves. A de nombreuses reprises, les travaux de la Commission sur la réconciliation nationale ont été interrompus. Toutefois, toutes les crises ont été surmontées grâce aux bons offices de la MONUT, avec l'étroite coopération du Groupe de contact. En outre, un mécanisme spécial composé de représentants des deux parties tadjikes a été mis en place et a fonctionné de manière efficace. Le Groupe de contact des Etats garants et des organisations internationales ont tenu plus de 130 réunions et joué un rôle vital. Au cours de la période de transition, le Groupe de contact a entretenu des liens très étroits avec tous les acteurs participant à la mise en œuvre de l'Accord général, y compris le Gouvernement, la Commission de réconciliation nationale et les organisations internationales. Le Gouvernement du Tadjikistan et l'Opposition tadjike unie ont apporté la contribution la plus décisive pour assurer le succès du processus de paix. Le Président Rakhmonov et le dirigeant de l'Opposition, M. Nuri, ont joué un rôle historique à cet égard. La bonne volonté des deux parties tadjikes et leur engagement en faveur de la paix et de la réconciliation nationale au Tadjikistan ont constitué une garantie importante pour une paix viable. En dépit du succès de la période transitoire, le pays continue à faire face à des difficultés. De nombreuses personnes sont encore armées. Le pays sert de transit pour la criminalité organisée en Europe. La situation en Afghanistan constitue une source constante d'instabilité pour l'ensemble de la région. C'est pourquoi, le Tadjikistan demande un appui continu de la part de la communauté internationale pour la stabilisation et la reconstruction après le conflit. La clé d’une paix durable et de la stabilité politique est une croissance économique durable. Le Tadjikistan demeure le pays le plus pauvre de la Communauté des Etats indépendants (CEI).

M. SERGEY V. LAVROV (Fédération de Russie) a déclaré que le bilan des efforts de maintien de la paix des Nations Unies au Tadjikistan sort de l'ordinaire. Il s'est félicité de la grande réalisation qu'a été la signature de l'Accord général sur l'instauration de la paix et de l'entente nationale au Tadjikistan. Ces succès ont en grande partie été possibles grâce à la bonne volonté de toutes les parties. Le représentant a appuyé les mesures d'intégration des anciens participants aux combats dans l'armée nationale ainsi que la collecte des armes. Il a partagé pleinement la conclusion du Secrétaire général selon lequel il est important que la communauté internationale continue à apporter son soutien au pays. Le Tadjikistan doit notamment recevoir une aide technique et financière pour mener à bien le processus d'intégration et de démobilisation des anciens combattants ainsi que pour recevoir les réfugiés qui rentrent dans leur lieu d’origine.

Mme ANA MARIA MOGLIA (Argentine) s'est félicitée de l'évolution positive qu'a connu le processus politique au Tadjikistan depuis que la Mission d'observation des Nations Unies au Tadjikistan (MONUT) s'est installée à Douchanbé, dans un contexte de guerre civile. Après l'Accord général sur l'instauration de la paix et de l'entente nationale au Tadjikistan signé en juin 1997, le Gouvernement, l'opposition et la société tadjiks ont largement démontré leur vocation pacifique et démocratique.

Il est cependant regrettable qu'au cours de ce processus, la sécurité du personnel des Nations Unies ait été menacée et que six de ses membres aient perdu la vie. La représentante s'est dite consciente de ce que les dernières élections ne se sont pas déroulées de manière parfaite, qu'il existe encore de nombreux éléments armés sur lesquels le Gouvernement n'a pas de prise, que des problèmes économiques et sociaux subsistent et que l'instabilité qui prévaut dans la région est source d'instabilité. Il sera donc important que la communauté internationale apporte un appui constant au Tadjikistan pendant la phase postérieure au conflit afin que ce pays puisse maintenir et consolider les résultats obtenus. La représentante a jugé intéressante la possibilité d'établir un bureau des Nations Unies notamment chargé de consolider la paix. Elle a souscrit à l'intention du Secrétaire général de retirer la MONUT à l'expiration de son mandat le 15 mai 2000.

M. KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a estimé que les élections législatives au Tadjikistan ont constitué une étape positive du processus de paix. Le désarmement est intimement lié aux résultats positifs obtenus. Les Tadjiks doivent se préoccuper avec l'appui de la communauté internationale, de la réalisation complète du processus de paix. Le Gouvernement du Tadjikistan doit créer un climat qui favorisera la confiance de la population à l’égard du pays.

M. MOHD KAMAL YAN YAHAYA (Malaisie) s'est félicité des avancées de la paix et de la réconciliation au Tadjikistan. Saluant les dirigeants et le peuple tadjiks pour l'engagement dont ils ont fait preuve en faveur de la réconciliation nationale, il les a enjoints de redoubler d'efforts pour que la paix soit irréversible. Selon lui, les Nations Unies ont joué un rôle crucial culminant par le succès de la MONUT. Il reste cependant beaucoup à faire pour que la paix au Tadjikistan soit durable, a-t-il averti. Il faut notamment relever le défi du désarmement des éléments armés qui échappent au contrôle du Gouvernement et résoudre les graves problèmes économiques et sociaux qui existent. C'est pourquoi, tout comme le Secrétaire général, la Malaisie estime que le soutien continu de la communauté internationale demeurera nécessaire au-delà de la période actuelle de transition. En conséquence, elle appuie la proposition du Secrétaire général d'établir dans le pays un bureau de consolidation de la paix après le conflit, ayant pour objectif d'asseoir la paix mais aussi de promouvoir la démocratie.

M. STEWART ELDON (Royaume-Uni), rappelant que la voie de la paix n'a pas été facile au Tadjikistan, a souligné que la Mission d'observation des Nations Unies au Tadjikistan (MONUT) a été contrainte d'agir dans des conditions extrêmement difficiles, causant la perte de six membres de son personnel. Le processus politique a toujours été difficile et continu à l’être ce jour. Les observateurs internationaux déclarent que des fraudes ont été commises lors des récentes élections législatives. Avec ces élections, la période de la mise en œuvre de l'Accord général prend fin, de même que le rôle de la MONUT. Il faut donc saisir l'occasion, a estimé M. Eldon, pour féliciter la Mission et son personnel pour les excellents travaux accomplis dans un climat très dangereux. Les efforts inlassables de M. Ivo Petrov, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission, ont permis le succès de la MONUT. Il faut également rendre hommage aux membres de la Mission qui ont sacrifié leur vie pour la paix au Tadjikistan. La sécurité personnelle du personnel des Nations Unies devrait continuer à être placée au centre des priorités du Conseil de sécurité. La délégation du Royaume- Uni se déclare convaincue que le Gouvernement du Tadjikistan prendra les mesures nécessaires pour garantir la sécurité du personnel se trouvant encore dans le pays.

M. MARTIN ANDJABA (Namibie) s'est félicité du succès qui a couronné le processus de paix au Tadjikistan. Il a également salué le rôle joué par la Mission d'observation des Nations Unies au Tadjikistan (MONUT) et les autres institutions. En dépit de ce succès, des difficultés subsistent, en particulier l'existence d'éléments armés échappant au contrôle du gouvernement qui causent une situation d'insécurité et entravent le développement économique du pays. Le représentant a fait un parallèle sur les difficultés rencontrées par cette Mission qui a été couronnée de succès, et avec les missions en cours en particulier en Afrique. Il y a un message clair dont nous pouvons conclure qu’avec la persévérance de toutes les parties concernées, une mission peut réussir, en dépit de l'existence de nombreuses difficultés. Les éléments clés du succès de la MONUT ont été notamment un engagement rapide des Nations Unies dans le conflit, un appui politique soutenu du Conseil de sécurité et des Etats membres de la région, la coopération avec d'autres organisations et une gestion efficace de la crise. Il semble que si les Nations Unies et la communauté internationale sont en mesure de répondre à ce type d’exigences, d’autres efforts de paix pourront réussir.

M. OTHMAN JERANDI (Tunisie) a déclaré que la réussite du processus de paix au Tadjikistan a été le résultat de la volonté manifestée par les parties tadjikes. Notant avec satisfaction le rôle important joué par les Nations Unies dans ce processus, le représentant a rendu hommage au personnel de la Mission d'observation des Nations Unies au Tadjikistan (MONUT) qui a travaillé dans des conditions difficiles, à la Mission de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et au Groupe de contact. Il a salué la mémoire des membres du personnel de la MONUT qui ont perdu la vie dans l'exercice de leurs fonctions. L'appui de la communauté internationale restera indispensable pour que le Tadjikistan puisse continuer sur la voie de la paix et de la réconciliation nationale. Le représentant a cependant mis en garde contre certains facteurs extérieurs qui peuvent être source d'instabilité. Il s'est dit favorable à la création au Tadjikistan d'un bureau des Nations Unies chargé de consolider la paix.

M. MARK MINTON (Etats-Unis) a déclaré qu'avec les récentes élections législatives exemptes de violence, la transition prévue par l'Accord général de paix au Tadjikistan a été accomplie avec succès. La délégation des Etats-Unis est d'avis que la MONUT devrait cesser d'exister à l'expiration de son mandat actuel le 15 mai 2000. M. Minton a émis l’espoir que le Gouvernement du Tadjikistan prendra les actions nécessaires pour consolider les gains du processus de paix. Il est particulièrement important que les institutions démocratiques émergeantes du Tadjikistan soient appuyées et renforcées, afin que tous les groupes dans le pays expriment leur voix et s'engagent en faveur du processus politique.

Bien que les récentes élections législatives aient constitué une étape positive sur la voie de la démocratie, elles ont été toutefois marquées de fraudes et ne peuvent être qualifiées d'élections véritablement libres, justes et transparentes. Le processus de réconciliation entre les différents groupes politiques et sociaux au Tadjikistan est encore loin d'être achevé. Les Etats-Unis estiment donc que l'expiration du mandat de la MONUT ne signifie nullement que la communauté internationale met fin à son engagement au Tadjikistan et à l'appui au processus de paix. Il est nécessaire d'établir une mission de suivi pour appuyer l'instauration de la paix et la réconciliation au Tadjikistan.

M. ROBERT R. FOWLER (Canada) a affirmé que la contribution de la MONUT au processus de paix au Tadjikistan prouve bien que l'ONU a un rôle important à jouer en aidant les Etats Membres à surmonter les crises qui mettent en danger la sécurité et à prendre le chemin de la paix, de la réconciliation nationale et de la démocratie. L'ONU rendra honneur comme il convient aux membres de la Mission qui ont perdu leur vie au service de la paix en restant présente au Tadjikistan et en appuyant ses efforts visant à édifier un pays pacifique et stable, ancré dans le respect des droits de l'homme, de la légalité, de la démocratie et d'une bonne gouvernance. Le Canada attend avec intérêt la proposition du Secrétaire général de créer un bureau de consolidation de la paix après le conflit, qui devrait comporter une composante promotion et protection des droits de l'homme. La communauté internationale doit continuer à aider activement le pays à faire face à tout éventail de problèmes politiques, économiques, sociaux et de droits de l'homme auxquels il est confronté.

Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) s'est réjouie du processus de démocratisation désormais en cours au Tadjikistan et a salué la fin du conflit et le rétablissement de la paix dans ce pays. La paix et la réconciliation nationale sont bien en marche et la communauté internationale se doit de soutenir les efforts du Gouvernement tadjik en faveur d'une réforme économique, politique et militaire. Les institutions politiques existantes doivent être renforcées pour permettre la création d'un système de gouvernement durable auquel collabore la population du Tadjikistan. Pour sa part, l'Organisation des Nations Unies doit demeurer impliquée pour asseoir les gains du processus de paix, encourager une plus grande démocratie dans la région et faire en sorte que l'instabilité continue d'autres pays de la région ne mette pas en péril la paix obtenue. C'est pourquoi la Jamaïque accueille avec satisfaction l'intention du Secrétaire général de créer une mission de consolidation de la paix une fois le retrait total de la MONUT effectué. Une telle présence est essentielle pour empêcher un retour à la guerre civile et pour contribuer à la réconciliation nationale. Les programmes et institutions du système vont désormais avoir de nouvelles priorités au Tadjikistan, mais les efforts humanitaires doivent continuer de prévaloir. L'importance du retour des réfugiés à leur lieu d'origine, qu'ils aient franchi les frontières des pays voisins ou aient été déplacés à l'intérieur du pays, doit être renforcée. Par ailleurs, et dans la mesure où des éléments armés échappant au contrôle du Gouvernement constituent toujours une menace, il faut que la sécurité du personnel des Nations Unies soit garantie si l'on veut qu'il effectue son travail de manière efficace.

M. VOLODYMYR G. KROKHMAL(Ukraine) a déclaré que les élections ont apporté de nouvelles perspectives dans l'évolution vers une stabilité à long terme dans la région. Elles doivent s'accompagner du développement d'institutions démocratiques et, plus important encore, de réformes permettant des progrès dans le domaine économique et social. Le représentant a déclaré que la MONUT est largement reconnue comme étant une mission réussie mais le chemin menant à la paix et à la réconciliation a été marqué par de nombreux obstacles qui ont finalement été surmontés grâce à la volonté démontrée par toutes les parties.

Pour le représentant, le défi est maintenant de renforcer la paix et de promouvoir la démocratie. Il s'est dit convaincu que les Nations Unies doivent apporter leur soutien à la consolidation de la démocratie au Tadjikistan.

M. CHEICKNA KEITA (Mali), rappelant les importantes avancées qui ont eu lieu au Tadjikistan récemment, a affirmé que pour arriver à ce stade, l'Organisation des Nations Unies a réalisé un long parcours. "Tout est bien qui finit bien" a-t-il ajouté en soulignant cependant que la communauté internationale ne doit pas se contenter à présent de se reposer "sur ses lauriers". Le pays connaît en effet encore d'importants problèmes économiques et sociaux; une recrudescence de l'instabilité ne peut donc pas être exclue en raison à la fois de facteurs intérieurs et de l'instabilité de la situation dans l'ensemble de la région. Le Tadjikistan entre dans une nouvelle phase de son histoire et a besoin plus que jamais de l'appui de la communauté internationale pour poursuivre et parachever le processus de paix et en valoriser les résultats. A cet égard, le Mali estime que la création d'un bureau des Nations Unies chargé de la consolidation de la paix faciliterait la poursuite de la recherche de solutions aux problèmes de développement institutionnel, social et économique de façon cohérente dans l'objectif de consolider la paix et de promouvoir la démocratie au Tadjikistan

M. WANG YINGFAN (Chine) s'est félicité du succès de la Mission d'observation des Nations Unies au Tadjikistan (MONUT). A cet égard, il a souligné que le succès d'une mission de la paix des Nations Unies dépend de la volonté politique des parties concernées et de l'engagement rapide de l'Organisation. La Chine salue la MONUT pour le rôle vital qu'elle a joué ainsi que tous ceux qui y ont contribué de manière efficace.

M. RASHID ALIMOV (Tadjikistan) a exprimé sa satisfaction concernant le dernier rapport du Secrétaire général sur la Mission d'observation des Nations Unies au Tadjikistan (MONUT) qui a fourni des orientations sur la démarche à suivre à l'avenir. Il a salué la solidarité dont les membres du Conseil de sécurité ont fait preuve à l'égard du Tadjikistan.

Après avoir rappelé que le Tadjikistan était en proie à la guerre civile et à de nombreux incidents frontaliers à l'époque où la MONUT s'y est installée, le Représentant a estimé que la formule raisonnable et juste pour parvenir à la paix était très difficile à trouver. Il a déclaré que le processus de pourparlers entre les parties tadjikes, qui a finalement mené à la signature à Moscou de l'Accord général sur l'instauration de la paix et de l'entente nationale au Tadjikistan, le 27 juin 1997, a été extrêmement long. Ce difficile travail collectif a été motivé par le noble idéal de restaurer la paix, la stabilité et la démocratie sur la terre tadjike. La signature de l'Accord général à Moscou a fait renaître l'espoir de revoir régner la paix au Tadjikistan, permettant à ce pays de rentrer dans une nouvelle ère. Les parties tadjikes ont réussi à s'élever au-dessus de leurs intérêts personnels et à court terme.

Le représentant a déclaré que ce long chemin menant à la réconciliation nationale est arrivé à sa conclusion. Il a notamment signalé que l'opposition tadjike unie a annoncé la dissolution de ses forces armées et que des anciens combattants ont été intégrés aux forces armées de l'Etat tandis que d'autres ont regagné le monde civil. Grâce aux élections directes, le Président a été élu parmi d'autres candidats issus de nombreux partis politiques.

Le représentant a signalé que 52 000 des personnes réfugiées en Afghanistan et plus de 182 000 des personnes réfugiées dans la Communauté des Etats indépendants (CEI) ont pu regagner leurs foyers. Les coûts liés à l'installation et à la réintégration des personnes réfugiées, pratiquement 1/5eme de la population du pays, sont élevés. Seul, le Tadjikistan n'aurait pas pu régler tous ces problèmes. L'aide et l'appui de la communauté internationale et de l'ONU ont joué un rôle critique dans la réussite de ces activités. La philosophie de paix et de construction a triomphé sur celle de l'animosité et de la destruction. Le Gouvernement se rend compte des difficultés énormes qui se présenteront encore à eux mais ils ont confiance en l'appui que la communauté internationale et les Nations Unies continueront de lui fournir. Le représentant a salué l'idée d'installer un bureau des Nations Unies chargé de consolider la paix et de promouvoir la démocratie. Il a souligné que l'instauration de conditions de paix et de stabilité au Tadjikistan rejaillira dans toute la région d'Asie centrale.

L'attention constante du Conseil de sécurité a permis de mettre en place un cadre d'action et de mener à bien le processus de paix. De nombreux représentants des Nations Unies ont sacrifié une partie de leur âme à la cause du Tadjikistan. Le Tadjikistan est reconnaissant à tous les Etats qui ont envoyé des observateurs sur son territoire et regrette que certains d'entre eux aient malheureusement perdu la vie pour la paix au Tadjikistan. 29 500 des 38 000 maisons détruites pendant les combats et presque toutes les maisons occupées illégalement ont été rendues à leurs propriétaires. Grâce aux efforts de nombreuses organisations internationales, la paix a pu être rétablie au Tadjikistan. La Russie a apporté une contribution décisive au processus de rétablissement de la paix intertadjike. Le Tadjikistan possède aujourd'hui tous les fondements nécessaires à la construction d’un Etat moderne et démocratique.

M. ANTONIO MONTEIRO (Portugal), au nom de l'Union européenne, a indiqué que l'Union européenne a pris note de l'analyse faite par le Secrétaire général des facteurs qui ont contribué au succès de la Mission d'Observation des Nations Unies au Tadjikistan (MONUT), à savoir l'engagement précoce des Nations Unies, un soutien politique soutenu de la part du Conseil de sécurité, une coopération avec d'autres organisations, une gestion efficace de la crise et, surtout, la volonté sans équivoque des parties de mettre fin au conflit et de trouver une solution politique. Les enseignements tirés de cette expérience pourront trouver une application au-delà du cas du Tadjikistan, a poursuivi le représentant. Un facteur clé dans le processus de paix au Tadjikistan a été la réintégration de l'opposition dans la vie politique, une condition sine qua non pour la réconciliation nationale et le renforcement du processus démocratique dans le pays. L'Union européenne se réjouit des propositions faites par le Secrétaire général concernant l'éventuelle création d'un bureau des Nations Unies chargé de veiller au développement intégré des structures institutionnelles, sociales et économiques afin de consolider la paix et de promouvoir la démocratie. A cet égard, l'Union européenne souhaite mettre l'accent sur la composante consacrée aux droits de l'homme.

M. YUKIO SATOH (Japon) a déclaré qu'il ne faisait aucun doute qu'un engagement continu des Nations Unies dans les années à venir au Tadjikistan sera indispensable à la consolidation des résultats atteints jusqu'à présent. Le Japon soutient par conséquent la création d'un bureau de consolidation de la paix post- conflit au Tadjikistan. M. Satoh a rappelé que, parmi les membres du personnel des Nations Unies qui ont perdu leur vie pendant le déploiement de la MONUT, se trouvait le professeur Yutaka Akino, un universitaire japonais renommé d'Asie centrale, qui a été tué brutalement en juillet 1998 alors qu'il exerçait ses fonctions de spécialiste des affaires politiques auprès de la MONUT. Son dévouement pour la cause de la paix au Tadjikistan fait aujourd'hui figure de légende au sein du peuple japonais. Le représentant a également rappelé que le Japon a versé une aide financière de près de 150 000 $ pour la mission d'observation électorale déployée par les Nations Unies et pour le projet d'éducation électorale de la MONUT. Par ailleurs, le Japon a également envoyé une mission chargée de surveiller les élections qui se sont tenues en février. C'est à ce titre que le Japon se sent solidaire du Gouvernement, du peuple du Tadjikistan et de l'ensemble de la MONUT pour les succès accomplis. Enfin, le Japon entend poursuivre sa coopération avec le Tadjikistan, comme il l'a déjà fait en accueillant par exemple des participants tadjiks à un séminaire organisé par lui sur la démocratie et la bonne gouvernance en 1999.

M. GERHARD PFANZELTER (Autriche), en sa qualité de Président de l’OSCE, a rappelé que depuis que son pays a accédé à la présidence de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) au début de cette année, l'Asie centrale constitue une des priorités de l'Organisation. A cette fin, le Secrétaire général de l'OSCE - M. Jan Kubis - a été nommé Représentant personnel de la présidence pour la région. Depuis l'entrée de ses fonctions en janvier 2000, il a rencontré les présidents et ministres des affaires étrangères du Kazakhstan, du Kirghizistan, du Tadjikistan, du Turkménistan et de l'Ouzbékistan. Son expérience en qualité de représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour le Tadjikistan et Chef de la MONUT (1998/1999) a été extrêmement utile pour permettre à l'OSCE de s'engager dans un dialogue substantiel axé sur l'action. La MONUT a reçu un mandat clair et souple pour appuyer la réconciliation politique, l'instauration de la démocratie et le respect des droits de l'homme. Le mandat de la MONUT a également permis une réforme législative, dans le cadre de l'état de droit, ainsi qu'aux programmes sur l'égalité des sexes. Le 31 mars dernier, la Troïka de l'OSCE s'est félicitée de l'expiration de la période transitoire et la mise en œuvre de l'Accord général de paix en tant que pierre angulaire du processus de réconciliation nationale et étape positive vers les réformes d'application.

A l'occasion du 8ème Forum économique de l'OSCE en avril dernier, le Président Rakhmonov a souligné les différents défis économiques se posant au Tadjikistan. Outre les défis politiques et économiques, il existe les défis écologiques. A cet égard, la Déclaration du Sommet de l'OSCE, tenu à Istanbul, a souligné les risques des conflits politiques résultant des questions écologiques, notamment les questions

liées aux eaux transfrontières. Après le retrait de la MONUT, l'OSCE servira de point focal pour les efforts de la communauté internationale visant à assister le Tadjikistan.

Mme MADINA B. JARBUSSYNOVA (Kazakhstan) a estimé que les premières élections du Parlement du Tadjikistan démontraient la consolidation de la société tadjike. Ces élections ont joué un rôle important dans le développement démocratique de ce pays et l'édification d'une société civile. La représentante a rendu hommage aux membres du personnel de la Mission d'observation des Nations Unies au Tadjikistan (MONUT) qui a assuré le succès de cette Mission dans des conditions difficiles et, parfois même, au prix de leur vie. Elle a souligné l'importance que revêt pour les peuples de l'ensemble de la région, l'instauration de conditions de stabilité au Tadjikistan. Les gardes frontières du Kazakhstan ont d'ailleurs participé à la surveillance des frontières de la CEI au Tadjikistan. Les Etats d'Asie centrale partagent les préoccupations exprimées par le Secrétaire général dans son rapport au sujet de "la situation instable dans toute la région, notamment dans l'Afghanistan tout proche".

Mme Jarbussynova a estimé que, pour que les succès obtenus dans le cadre du processus de paix soient consolidés, les Nations Unies et la communauté internationale doivent poursuivre leurs efforts d'assistance au Tadjikistan. Le Kazakhstan soutient pleinement l'intention émise par le Secrétaire général de créer un bureau des Nations Unies chargé de consolider la paix et de promouvoir la démocratie au Tadjikistan.

M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) a déclaré que toutes les parties au conflit tadjik méritent d'être saluées pour la sagesse et la clairvoyance dont elles ont fait preuve en choisissant de suivre la voie de la paix et d'abandonner celle de la violence et la destruction. Il a estimé que, depuis 1993, les Nations Unies ont joué un rôle vital en encourageant les parties au conflit à se diriger vers l'instauration d'une paix durable au Tadjikistan. Il a rappelé que le Pakistan a participé activement à la Mission d'observation des Nations Unies au Pakistan (MONUT) en fournissant des observateurs. En outre, le Pakistan a accueilli le troisième cycle de pourparlers intertadjiks à Islamabad, en octobre 1994. Le Pakistan fait également partie du groupe des Etats garants.

Le représentant a cependant regretté que le rapport du Secrétaire général sur la situation au Tadjikistan ne contienne aucune référence à la contribution du Pakistan alors qu'en son paragraphe 9, le rôle de certains pays y est reconnu. Il s'est demandé s'il s'agit d'une erreur délibérée ou si cette omission est survenue par inadvertance. Il a estimé que cette omission met en cause l'objectivité et à l'impartialité des responsables de la rédaction du document et espéré qu’elle serait corrigée.

Le représentant a ensuite assuré que son pays continuera à contribuer au processus de consolidation de la paix dans la phase postérieure au conflit. Il a affirmé que le Pakistan attache une grande importance à ses relations avec toutes les républiques d'Asie centrale voisines auxquelles il est lié par des liens historiques s'enracinant dans une foi, une culture et un héritage communs.

M. HADI NEJAD HOSSEINIAN (République islamique d’Iran) a déclaré que de toute évidence, la restauration de la paix et de la tranquillité au Tadjikistan devrait être considérée comme un succès pour les acteurs du maintien de la paix régionaux et internationaux. Les efforts inlassables accomplis sous les auspices des Nations Unies, avec la coopération étroite des gouvernements des pays de la région, ont commencé à donner des résultats positifs dès 1994, avec la tenue du premier tour des pourparlers intertadjiks à Moscou, suivis d'un deuxième tour à Téhéran avant la signature de l'accord de cessez-le-feu au cours de la même année. La restauration de la paix au Tadjikistan constitue l'un des plus grands succès des Nations Unies au XXe siècle. L'Iran, en tant qu'un des médiateurs de la paix et membre actif du Groupe de contact des Etats garants et organisations internationales a déployé tous ses efforts pour contribuer au maintien du dialogue politique et pour créer un climat propice indispensable à des progrès substantiels et pacifiques dans le cadre des pourparlers intertadjiks. L'Iran n'épargnera aucun effort pour contribuer à régler les questions pressantes et espère que les relations cordiales et amicales qui existent entre son gouvernement, celui du Tadjikistan et des pays qui partagent les mêmes idéaux continueront à progresser.

M. ALISHER VOHIDOV (Ouzbékistan) a salué les importants progrès réalisés par le Tadjikistan sur la voie de la paix et de la réconciliation nationale, ainsi que le rôle important joué par les Nations Unies dans ce processus. Le représentant a cependant estimé que les parties tadjikes doivent continuer de déployer des efforts afin de parvenir à l'exécution complète du volet militaire des Accords de paix et de désarmer les groupes armés qui échappent à l'autorité du Gouvernement et font régner un climat d'insécurité dans le pays. Il a rappelé la contribution fournie sous différentes formes par l'Ouzbékistan au processus de paix au Tadjikistan et réaffirmé la volonté de son Gouvernement de continuer de fournir un appui à la consolidation du processus de paix.

Mme AKSOLTAN T. ATAEVA (Turkménistan) a exprimé sa reconnaissance au Secrétaire général pour sa contribution au processus de paix au Tadjikistan. Elle a également salué les efforts inlassables déployés par les Nations Unies depuis le début du conflit. La délégation turkmène souhaite la paix au peuple tadjik. La représentante a appelé à un appui au processus de développement du pays. Le Gouvernement tadjik, les Etats garants et les organisations internationales ont montré que le règlement d'une crise peut se faire par le dialogue. Ce succès pourrait inspirer la recherche de règlement d'autres situations dans le monde.

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