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DSG/SM/94

S'ADRESSANT A LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT, LA VICE-SECRETAIRE GENERALE FAIT LE BILAN DES PROGRES REALISES ET DES PROBLEMES QUI SUBSISTENT

27 avril 2000


Communiqué de Presse
DSG/SM/94


S’ADRESSANT A LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT, LA VICE-SECRETAIRE GENERALE FAIT LE BILAN DES PROGRES REALISES ET DES PROBLEMES QUI SUBSISTENT

20000427

On trouvera ci-après le texte du discours de la Vice-Secrétaire générale, Louise Fréchette, à l’occasion de l’ouverture du débat de haut niveau de la Commission du développement durable, à sa huitième session:

« J’ai l’honneur et le grand plaisir de vous accueillir à ce débat de haut niveau de la Commission du développement durable réunie pour sa huitième session. Ce débat est devenu pour la Commission un événement toujours plus dynamique, en grande partie parce qu’aux ministres de l’environnement qui y participaient se sont maintenant joints leurs confrères du commerce, de l’agriculture, des finances et de la coopération en faveur du développement, tous secteurs essentiels. La Commission fait également sa part pour assurer la participation de la société civile, du secteur privé et de nombreuses autres parties prenantes. Vos délibérations reflètent par conséquent bien ce qu’est le développement durable : multidimensionnel, intégré et totalement interdépendant. Il ne s’agit pas là de progrès négligeables et cela est de bon augure pour l’avenir.

Les dates de la présente session de la Commission ne pourraient être plus appropriées. Nous sommes en effet à la veille d’une série de manifestations destinées à marquer le millénaire, débutant par le Forum des organisations non gouvernementales le mois prochain et se terminant par le Sommet du millénaire en septembre, et nos pensées commencent à se tourner vers la Conférence d’examen des résultats obtenus dix ans après le Sommet planète Terre qui aura lieu dans deux ans.

Nombre de questions demanderont toute notre attention tout au long de ce processus. Peu d’entre elles ont des répercussions aussi générales ou une importance aussi vitale pour l’humanité que la quête d’un développement durable. Toutefois, au cours des presque 18 mois pendant lesquels l’Assemblée générale s’est penchée sur les questions à inscrire à l’ordre du jour du Sommet du millénaire, les problèmes d’environnement n’ont jamais été sérieusement examinés. Le défi que vous devez relever est clair : appeler de nouveau l’attention de la communauté internationale sur cette question que nous avons grand tort de négliger.

Vous aurez tous noté que le Secrétaire général, dans son rapport du millénaire, s’est longuement étendu sur l’environnement et le développement. Ce rapport indique que la liberté environnementale, c’est-à-dire la liberté des générations futures de pouvoir continuer à vivre sur cette planète, est à mettre sur un pied d’égalité avec d’autres libertés pour lesquelles l’Organisation des Nations Unies se bat depuis longtemps : celle de vivre à l’abri du besoin et de la peur.

On ne peut nier les progrès sans précédent réalisés en matière de développement au cours des 50 dernières années : élévation du niveau de vie; réduction de moitié des taux de mortalité infantile; amélioration de l’accès à l’éducation, à l’eau salubre et à un assainissement de base. Dénuement, pauvreté extrême, inégalités criantes et chômage et sous-emploi généralisés restent cependant à vaincre.

C’est la raison pour laquelle le Secrétaire général a demandé à la communauté internationale, à son plus haut niveau, de se fixer pour objectif la diminution de moitié de la proportion d’individus vivant dans une extrême pauvreté d’ici à l’an 2015. Toutefois, comme nombre d’entre vous ne le savent que trop bien, les pays pauvres ne disposent souvent pas des capacités et des ressources qui leur permettraient de mettre en œuvre des politiques écologiquement rationnelles. Cet état de fait ne peut qu’aggraver la situation de ceux qui vivent dans la précarité. Il nous faut briser ce cycle.

On ne peut non plus nier les résultats obtenus en matière d’environnement au cours des trois dernières décennies : création de ministères de l’environnement partout dans le monde; accroissement important du nombre d’organisations de la société civile faisant connaître les problèmes d’environnement; et accords entre les gouvernements sur des traités ayant force de loi concernant notamment les changements climatiques, la diversité biologique, la désertification et l’appauvrissement de la couche d’ozone.

Nous devons toutefois reconnaître qu’il convient de prendre dans ce domaine, comme dans celui du développement économique et social, des mesures urgentes : les êtres humains continuent de piller l’environnement, de recourir dans leur vie quotidienne à des pratiques écologiquement nuisibles, et à quelques exceptions près, dont il convient de se féliciter, les mesures que nous avons prises pour relever le défi de la durabilité ont été trop peu nombreuses et trop tardives. C’est la raison pour laquelle le rapport du millénaire préconise une éthique de conservation et de gestion responsable et avisée, et notamment la ratification du Protocole de Kyoto et l’intégration du système de « comptabilité verte » des Nations Unies dans la comptabilité nationale.

Les débats que vous mènerez au cours de cette session ont un rôle essentiel à jouer en la matière. La transition vers un développement durable est à multiples facettes. Cette commission peut contribuer à faire en sorte que nous progressions de concert, de façon holistique et intégrée, ce qui est la définition même du développement durable.

Vous vous pencherez, par exemple, sur les problèmes de la dégradation des terres et de l’insécurité des régimes fonciers qui constitueront à l’avenir une menace directe à la sécurité alimentaire du monde. Les progrès réalisés dans le domaine de la biotechnologie agricole pourraient s’avérer utiles mais les conséquences pour l’environnement doivent encore faire l’objet d’une véritable évaluation. Le Secrétaire général a demandé dans son rapport du millénaire que soit réunie une assemblée de hauts responsables de l’action gouvernementale pour débattre des questions controversées que soulèvent les risques et les possibilités liés au recours croissant à la biotechnologie et au génie biologique.

Vous évaluerez également les incidences de la mondialisation. Il importe de mieux comprendre les liens qui existent entre les investissements étrangers directs et le développement durable afin de déterminer quels sont les types d’investissements étrangers qui contribuent le mieux à ce type de développement. Il nous faut aussi faire en sorte que la libéralisation du commerce et la protection de l’environnement se soutiennent l’une l’autre : les mesures de protection de l’environnement ne doivent en aucun cas entraver le commerce ou servir de camouflage au protectionnisme et les règles commerciales ne doivent nullement devenir des obstacles à des pratiques écologiques saines.

Le chemin qui mène vers un développement durable a déjà été tracé: on peut le trouver dans Action 21, le programme adopté lors de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement il y a presque dix ans. Depuis lors, cette Commission s’est efforcée de créer des coalitions et de mettre en place des capacités – aux niveaux national et international et sur les plans politique et technologique – afin d’aider les populations de la planète à parvenir à destination : un monde équitable où les besoins de tous peuvent être satisfaits sur une base écologiquement rationnelle.

Le développement durable ne deviendra toutefois réalité que si une prise en main réelle a lieu. Il vous revient non seulement de faire avancer les choses ici, à New York, mais également de faire de même chez vous, malgré les difficultés, là où cela compte le plus. Je vous souhaite plein succès dans vos délibérations.

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