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CS/1179

LE RETOUR DES REFUGIES, LA SECURITE, L'EMPLOI ET LA RECONSTRUCTION SONT LES DEFIS URGENTS DE L'ADMINISTRATION DE L'ONU AU TIMOR ORIENTAL

27 avril 2000


Communiqué de Presse
CS/1179


LE RETOUR DES REFUGIES, LA SECURITE, L'EMPLOI ET LA RECONSTRUCTION SONT LES DEFIS URGENTS DE L'ADMINISTRATION DE L'ONU AU TIMOR ORIENTAL

20000427

Le Conseil de sécurité a tenu, ce matin, une réunion d'information sur le Timor oriental qui a permis au Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, M. Hédi Annabi, de rendre compte de l'évolution de la situation depuis la dernière réunion du.21.mars 2000. A ce jour, l'Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO), qui a été déployée le 25 octobre 1999, emploie 1,400 locaux, 228 volontaires des Nations Unies, 1 113 officiers de police civile ainsi que 8 043 hommes de troupes et 198 observateurs militaires. Dans sa présentation, M. Annabi a évoqué les questions du retour des réfugiés et des conditions de sécurité à la frontière entre le Timor occidental et le Timor oriental ainsi que la situation économique et sociale. 7000 réfugiés sont rentrés au cours des derniers mois ce qui porte leur nombre total à 160 000. Selon les évaluations 126 000 réfugiés demeurent au Timor occidental, chiffre qui, selon M. Annabi, sera revu à la baisse lorsque les résultats de l'enregistrement des réfugiés qui devrait être achevé mi-mai, seront connus.

M. Annabi a, en outre, estimé à 15 000, le nombre de personnes dans les camps de réfugiés ayant servi auparavant dans les forces armées indonésiennes. Certaines délégations comme celles des Etats-Unis, du Royaume-Uni et des Pays-Bas, ont imputé les retards dans le retour des réfugiés à la présence d'éléments des milices anti-indépendantistes à la frontière qui bénéficieraient de l'aide d'éléments de l'armée indonésienne. Ils ont appelé le Gouvernement indonésien à mettre tout en oeuvre pour faire respecter les termes du Memorandum sur la coordination tactique à la frontière, signé le 11 avril dernier, entre l'ATNUTO et les Forces armées indonésiennes au Timor occidental.

D'autres délégations ont expliqué les délais dans le retour des réfugiés par la situation économique et sociale au Timor oriental, en particulier, en ce qui concerne le manque d'emplois, rappelant que 80% de la population est au chômage. M. Annabi n'a pas caché la déception des Est-Timorais qui souhaitent une extension des recrutements de personnel civil par l'ATNUTO. A l'instar de M. Annabi, plusieurs délégations ont mis l'accent sur le risque que représente pour un territoire de cette taille un secteur public hypertrophié. Le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix a rendu compte des initiatives prises pour reconstruire le secteur privé avec la contribution de donateurs bilatéraux, de la Banque mondiale et de la Banque asiatique de développement qui participent également aux efforts de remise en état des infrastructures. A ce jour, le Fonds d'affectation de l'ATNUTO a reçu 24 millions de dollars dont 14 millions ont été affectés. Concernant les appels d'offres, 4 millions de dollars ont déjà été versés.

Pour M. Annabi, les objectifs à atteindre dans un avenir proche sont l'élaboration d'un projet de constitution, l'élection d'un parlement, la constitution d'un gouvernement ainsi que l'établissement d'un système judiciaire, d'une force de police et d'institutions financières. Il a également abordé la question de la création d'une armée en indiquant que le dirigeant du Conseil national de la résistance, M. Xanana Gusmao est revenu sur sa position initiale et serait maintenant favorable à la création d'une force de défenses nationale dont le noyau dur serait le FALINTIL -branche armée de la résistance - et qui comprendrait une composante navale et aérienne. Pour les Etats-Unis et le Royaume-Uni, l'objectif doit être d'accélérer la transition du Timor oriental vers l'indépendance pour éviter une mission indéfinie qui épuiserait les efforts et les ressources nécessaires aux autres problèmes dont est saisi le Conseil. La France a estimé, pour sa part, qu'il convient d'abord de demander leur avis aux Est- Timorais qui sont les seuls à pouvoir déterminer à quel moment le territoire sera prêt à assumer les responsabilités d'indépendance.

Les membres suivant du Conseil ont pris la parole : Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Argentine, Fédération de Russie, Mali, Bangladesh, Malaisie, Namibie, Chine, Jamaïque, Ukraine et Pays-Bas.

LA SITUATION AU TIMOR ORIENTAL

Exposé

M. HEDI ANNABI, Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, a fait part des progrès réalisés en matière de sécurité à la frontière. Il a indiqué que M. Vieja de Mello s'est rendu à Djakarta dans la dernière semaine de mars pour discuter avec les responsables indonésiens et le Président Wahid des incursions des milices favorables à l'autonomie. Un memorandum d'accord sur la coordination tactique à la frontière a été signé le 11 avril par le Général de los Santos, Commandant de la force de l'ATNUTO et le Général Syahnakri, Commandant des forces armées indonésiennes au Timor occidental. Ce Memorandum reprend les termes de l'accord du 12 janvier passé entre les forces armées indonésiennes, l'ATNUTO et l'INTERFET, a-t-il ajouté en précisant que ces accords ont porté leurs fruits.

Concernant la situation des réfugiés, M. Annabi a estimé qu'elle s'est également améliorée, puisque 7000 d'entre eux ont regagné le Timor oriental au cours des derniers mois ce qui porte le nombre total de ceux qui sont rentré à 160 000. L'accès aux camps est aussi mieux garanti. Le Gouvernement indonésien se montre plus souple vis-à-vis de la continuation de la fourniture d'aide. M. Annabi a rappelé que l'Indonésie avait prévu qu'elle cesserait d'apporter une aide à la fin mars du fait de difficultés économiques, mais que le HCR a demandé un répit de trois mois pour donner aux réfugiés le temps de choisir librement entre le retour et l'installation en Indonésie. Selon les évaluations, 126 000 réfugiés demeurent au Timor occidental, chiffre qui sera vraisemblablement modifié à la baisse lorsque l'on connaîtra les résultats de l'enregistrement des réfugiés qui devrait être achevé mi-mai. Le Sous-Secrétaire général a en outre indiqué qu'hier les forces armées indonésiennes se sont rendues dans un camp et ont séparé les réfugiés qui ont servi dans les forces armées indonésiennes des civils. Il a estimé à 15 000 le nombre de personnes entrant dans cette catégorie. M. Annabi a souligné que la majeure partie des réfugiés restant au Timor occidental sont souvent des sympathisants de la cause autonomiste et, pour cela, il convient de s'assurer qu'ils seront reçus dans la paix lors de leur retour. Il a fait part de développements favorables en ce sens.

Abordant la situation économique et sociale, M. Annabi a indiqué que celle- ci reste un sujet de préoccupation étant donné la quasi complète destruction de l'infrastructure civile. Les habitants se tournant vers les Nations Unies sont quelquefois déçus, a-t-il déclaré, car ils souhaitent une extension des recrutements civils de personnel pour l'ATNUTO ce qui n'est possible et ce qui risquerait de mettre en place un secteur public trop lourd pour le pays. Il a fait état d'une réunion entre les associations religieuses, de jeunesse et la société civile où il a été question de réfréner l'extension du secteur public et d'utiliser l'aide fournie en faveur du secteur privé. A ce jour, a-t-il précisé, l'ATNUTO a enregistré 1200 entreprises privées et plusieurs initiatives sont en cours en vue de rétablir les activités commerciales et promouvoir un climat économique favorable. L'ATNUTO a établi un service d'investissement avec la Banque mondiale et une banque portugaise en vue de fournir des prêts aux petites entreprises. Des bureaux de l'emploi sont mis en place.

En ce qui concerne les projets à incidence rapide, pour la réparation de l'infrastructure locale qui fournissent des emplois à 2753 Est-Timorais, il a indiqué que la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement ont mis en place un projet de renforcement des capacités de la population. Ce projet prévoit un versement d'environ 20 000 dollars par village en fonction des projets locaux. Par ailleurs, de nombreux efforts bilatéraux sont en cours, notamment un programme mené par USAID qui a pour objectif de créer 20 000 emplois. Se penchant sur les efforts de reconstruction, M. Annabi a indiqué que quelque 30 000 dollars ont été alloués par la Banque asiatique de développement et la Banque mondiale pour la reconstruction de l'infrastructure, notamment des routes et des ports. Dans les trois prochaines semaines, le Fonds d'affectation spéciale de l'ATNUTO devrait débloquer 4 millions de dollars pour la reconstruction des bâtiments administratifs, à laquelle 7 ou 8 millions de dollars seront affectés au total.

M. Annabi a également informé le Conseil sur les réunions du Conseil consultatif national qui a tenu des séances officieuses notamment sur le budget qui sera bientôt présenté et a élaboré la première version d'un code de procédure pénale. Pour assurer la transparence, a-t-il ajouté, les groupes est-timorais sont invités à assister aux réunions du Conseil consultatif. En outre, des directives ont été adoptées pour la mise en place des services publics. Le traitement des fonctionnaires a augmenté et les instituteurs sont payés par l'ATNUTO. On compte désormais 140 000 élèves scolarisés, ce qui constitue une augmentation de 85%. Il a également fait part de la nomination de nouveaux juges et d'un memorandum conclu entre le Gouvernement indonésien et l'ATNUTO concernant la coordination dans les affaires législatives, judiciaires et les questions relatives aux droits de l'homme.

M. Annabi a indiqué que l'ATNUTO comprend aujourd'hui 1,400 locaux, 228 volontaires des Nations Unies, 1 113 officiers de police civile ainsi que 8 043 soldats et 198 observateurs militaires. Il a mentionné par les objectifs à atteindre, à savoir l'élaboration d'un projet de constitution, l'élection d'un parlement, la constitution d'un gouvernement ainsi que l'établissement des fondements d'un système judiciaire et de l'administration d'une force de police et d'institutions financières. Il a également abordé la question délicate de la possibilité de création d'une armée qui incorporerait des combattants des Forces armées de libération nationale du Timor oriental en indiquant que c'est un sujet épineux qui doit être étudié attentivement en consultation avec le Conseil consultatif et d'autres Timorais orientaux.

Déclarations

M. RICHARD HOLBROOKE (Etats-Unis) a réitéré sa préoccupation face aux rapports faisant état de relations étroites entre certains éléments de l'armée indonésienne et les milices qui opèrent dans les camps de réfugiés au Timor occidental. Appuyant les efforts du Président indonésien en la matière, il a toutefois jugé utile de faire savoir à l'Indonésie que la communauté internationale n'est toujours pas satisfaite de la situation actuelle et s'attend à ce que le Gouvernement indonésien veille à pacifier la frontière entre le Timor occidental et le Timor oriental. Si l'Accord signé avec la Mission des Nations Unies est une mesure positive, il est temps que les militaires indonésiens mettent fin aux activités des milices dans les zones qu'ils contrôlent, a insisté M. Holbrooke qui a invité ces militaires à fermer les camps d'entraînement, à désarmer les milices et à arrêter les responsables des infiltrations. Rappelant qu'il s'est lui-même rendu dans les camps de réfugiés, il y a cinq ans, le représentant a souligné qu'il a vu des "endroits déprimants" qui menacent la santé de tous les réfugiés. Il a mis en garde contre la naissance d'une situation similaire dans Gaza où "les réfugiés sont devenus une caractéristique permanente du paysage". Le représentant s'est dit affligé par le fait que le HCR chiffre à 810 000 le nombre de réfugiés qui vivent dans les camps. Il a souhaité que ceux qui ne veulent pas retourner chez eux soient au moins encouragés à se réinstaller ailleurs. L'existence de ces camps, au bout de 5 mois, est une chose intolérable, a souligné le représentant en la qualifiant de disgrâce à laquelle il faut faire face. Se félicitant de l'Accord de coopération signé entre l'ATNUTO et l'Indonésie, le représentant a estimé que dans l'état actuel des choses, cet Accord sera difficile à mettre en oeuvre. Il a appelé le Conseil à faire en sorte que les fonds et le personnel adéquats soient déployés pour mettre en oeuvre les Accords pris. Se félicitant, une nouvelle fois, que le Président indonésien se soit rendu à Dili pour "tendre la main de la paix", le représentant a observé que les bonnes intentions ne suffisent pas et a appelé le Gouvernement indonésien à mettre tout en oeuvre pour résoudre le problème des milices et aider le HCR qui doit supprimer les camps d'ici le 30 juin.

Le représentant a insisté pour que le processus soit accéléré afin que le Timor oriental soit considéré comme étant "le premier nouveau pays du XXIè siècle". Il a rappelé que le Conseil a autorisé ou élargi cinq missions sur trois continents dont les coûts pèsent surtout sur les pays qui honorent l'essentiel des dépenses. Rappelant la position de son pays en ce qui concerne la révision du barème des quotes-parts, le représentant a rappelé qu'à ce rythme le déploiement et la durée des missions hypothèquent l'avenir des Nations Unies. Le représentant a souhaité que la Mission du Timor oriental ne devienne pas une mission indéfinie, ce qui permettra de consacrer les efforts et les ressources aux autres questions dont est saisie le Conseil.

M. STEWART ELDON (Royaume-Uni) a estimé que les relations entre le Conseil et le Secrétariat sur la question du Timor oriental est un modèle à suivre pour les autres missions des Nations Unies. Il est primordial, a dit le représentant, que les deux parties travaillent de concert. Appuyant les propos des Etats-Unis, il a souligné le danger potentiel que représente la détérioration de la sécurité au Timor oriental, en particulier, la présence de l'armée indonésienne aux côtés des milices opérant au Timor occidental. Il est impérieux que cesse cette coopération, a insisté le représentant avant de saluer les efforts visant à améliorer le sort des réfugiés et à les encourager à rentrer au Timor oriental. Le Gouvernement indonésien doit prendre les mesures nécessaires pour résoudre les problèmes, en particulier la question des pensions. Evoquant la question de la création d'une force de défense au Timor oriental, le représentant a estimé qu'il faut examiner la question de manière logique, réfléchie et sereine. Il a réitéré la proposition de son pays de financer une étude d'experts indépendants pour examiner les besoins et les options futures. Il est important, a-t-il dit, que tous les points de repère présentés par le Secrétariat soient pris en compte pour la création réussie d'un Timor oriental indépendant. Il ne faut pas se précipiter mais il ne faut pas non plus supporter des retards inutiles, a ajouté le représentant avant de demander des informations sur les fonds libérés par le Fonds d'affectation spéciale de l'ONU et le Fonds fiduciaire de la Banque mondiale. A cet égard, il a souhaité plus de coordination entre ces deux instances pour que les décaissements se fassent de manière simplifiée. Il s'est dit préoccupé par certains retards bureaucratiques dans le lancement des activités en citant les retards dans la nomination d'experts en médecine légale et dans l'obtention de documents nécessaires au déblocage de la deuxième tranche de la contribution du Royaume-Uni au Fonds d'affectation des Nations Unies.

M. YVES DOUTRIAUX (France) a souligné l'amélioration de la situation au Timor oriental, y compris pour ce qui est de la sécurité. Il a soulevé le problème des réfugiés qui demeurent au Timor occidental pour demander ce qui est prévu en ce qui concerne le paiement des pensions des anciens fonctionnaires de l'administration indonésienne, à leur retour des camps de réfugiés. Intervenant sur le volet économique, il a souhaité en connaître davantage sur les modalités arrêtées pour l'exploitation des ressources sous-marines se trouvant aux frontières maritimes

entre le Timor oriental et l'Australie. Sur l'avenir de la présence des Nations Unies, le représentant a estimé qu'il convient au préalable de donner la parole au Timorais, eux-mêmes, car c'est à eux de dire à quel moment ils se considèreront prêts à assumer les responsabilités d'une indépendance.

M. LUIS ENRIQUE CAPPAGLI (Argentine) a souhaité une prompte application des accords afin que les engagements pris se traduisent par des actes concrets. Regrettant la montée des tensions sociales en raison de la situation économique précaire, il a espéré que les programmes d'aide permettront à la situation de s'améliorer. Il a appelé les Nations Unies à redoubler d'efforts pour transmettre un message de paix à tous les Timorais par la création, par exemple, d'un réseau de diffusion dans les langues locales pour toucher la totalité du territoire.

M. ANDEI G. GRANOVSKY (Fédération de Russie) a estimé que les Accords signés avec les autorités indonésiennes réaffirment la volonté politique de l'Indonésie de régler définitivement la question du Timor oriental et a salué les efforts déployés par l'ATNUTO.

M. MOCTAR OUANE (Mali) s'est déclaré préoccupé par l'insuffisance et la lenteur des moyens mis à disposition pour la reconstruction du Timor oriental. Il a estimé que la priorité était d'assurer des perspectives économiques viables pour que les Timorais puissent vivre ensemble dans un pays reconstruit. Il s'est déclaré favorable à la création d'une force de police et a souhaité avoir des éclaircissements à ce sujet. Pour ce qui est du retour des réfugiés, il a considéré qu'il importe de leur fournir des emplois autant qu'à ceux qui sont restés sur place. Il s'est félicité de l'amélioration du fonctionnement du Conseil national consultatif et a exprimé l'espoir que la présence des Nations Unies puisse conduire de manière satisfaisante à l'indépendance.

M. SHAMIM AHMED (Bangladesh) s’est réjoui du large déploiement, au Timor oriental, de la Police civile dont l’effectif atteint à ce jour 1000 membres sur un total autorisé de 1640. Il a félicité le Gouvernement indonésien pour avoir reporté de trois mois la date limite de retour des réfugiés et pour avoir poursuivi leur aide humanitaire. Les anciens combattants, dont le retour est révélateur du niveau de réconciliation nationale, devraient être protégés, notamment par le Conseil national de la résistance timoraise dont le rôle est crucial dans ce domaine.

M. Ahmed a approuvé l’Accord signé entre l’Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO) et le Gouvernement indonésien pour accroître leur coordination dans les régions frontalières du Timor oriental, notamment en ce qui concerne leur inspection. Notant que l’ordre général s’est amélioré, il a estimé que la mise en place de Conseils consultatifs de district offre l’opportunité à l’ATNUTO d’impliquer davantage la population locale, en particulier les femmes, dans les questions de gouvernance, de justice et de maintien de l’ordre. L’organisation d’une Commission indépendante de la fonction publique comme la nomination de Timorais et la formation de juges est révélatrice de la transformation de l’ATNUTO en une administration civile du Timor oriental. Le Bangladesh est heureux de constater que le recrutement du personnel pénitentiaire, qui contribuera à établir un système pénal sur le territoire, a débuté. En outre, M. Ahmed a demandé à chacun d’aider l’ATNUTO à gérer le problème de la pauvreté et du chômage au Timor oriental.

Une coopération judicieuse entre l’ATNUTO et les autorités indonésiennes pourra non seulement faciliter les enquêtes sur les violations des droits de l’homme mais contribuera en outre à développer une nouvelle vision des intérêts mutuels et de la coopération possible entre l’Indonésie et le Timor oriental.

M. MOHAMMAD KAMAL YAN YAHAYA (Malaisie) s'est félicité de l'amélioration de la sécurité sur le terrain et de la conclusion du Memorandum d'accord sur la coopération en vue d'assurer la sécurité à la frontière, qui facilitera sans doute le retour des réfugiés. Il s'est dit rassuré par le fait que certains projets sont en cours, mais a regretté la lenteur des progrès dans le domaine économique et social qui crée un sentiment de frustration et de mécontentement dans la population. Il a estimé qu'il fallait accélérer les déboursements. Selon lui, il est indispensable que les Est-Timorais participent à la planification des programmes, surtout pour éviter que s'installe une culture de la dépendance. Il importe donc de les associer à la mise en oeuvre de tous les programmes, a-t-il ajouté. L'ATNUTO doit aussi faire face au désespoir de la population afin d'éviter que la situation ne dégénère vers la violence. Il faut poursuivre les auteurs de violence et résoudre la question de la responsabilité et de la compétence pour traduire les auteurs des crimes en justice. Il a fait part de consultations entre son pays, les dirigeants indonésiens, M. de Mello et M. Gusmao et a assuré M. de Mello du soutien de la Malaisie.

Mme SELMA NDEYAPO ASHIPALA-MUSAVYI (Namibie) a reconnu que la tâche qui attend l'ATNUTO et les Est-Timorais est énorme et que des efforts constants doivent se poursuivre pour promouvoir la réconciliation. Elle a insisté sur la nécessité de faire participer les Est-Timorais à toutes les prises de décisions et à l'exécution des programmes. S'agissant des problèmes économiques, elle s'est inquiétée de leur possible répercussion sur la sécurité. C'est pourquoi, il faut s'attacher sans délai à créer des emplois. Dans le domaine de la sécurité, la représentante s'est félicitée de la signature du Memorandum d'accord a espéré que l'amélioration de la situation permettra de faciliter le retour des réfugiés.

M. CHEN XU (Chine) a insisté sur l'importance de la reconstruction de l'infrastructure et s'est félicité du travail du Conseil consultatif national qui garantit ainsi la participation de la population. Il a souligné qu'il importe aussi de former la population locale. Toutefois, il s'est inquiété de la question des réfugiés et a souhaité que l'on cherche rapidement des solutions à ce problème. Il a fait part du voyage de M. de Mello en Chine et a indiqué que son Gouvernement continuera à fournir du personnel et une aide à l'ATNUTO.

M. CURTIS A. WARD (Jamaïque) a déclaré que la tâche qui attend les Nations Unies est encore grande et difficile. Il s'est félicité des développements récents qui jettent les bases du développement futur du pays, notamment par la nomination de Timorais à des postes de responsabilité et la création du Conseil consultatif national qui permet une représentation de la population locale. En effet, il faut promouvoir une responsabilisation et un sentiment d'appropriation de la population afin de faciliter la transition, d'éviter la frustration et de prévenir l'installation d'une culture de la dépendance. En ce qui concerne le retour des réfugiés, il s'est déclaré préoccupé par le nombre important de réfugiés qui demeurent au Timor occidental. Le représentant a mis l'accent sur le problème de l'emploi, car le fait que 80% de la population est sans emploi risque d'engendrer une augmentation de la criminalité. Il faut que les projets du PNUD et de la Banque mondiale aient un effet positif sur l'emploi et contribuent à mobiliser la population locale. Concernant les actions en justice et la nécessité d'examiner la situation des droits de l'homme, il s'est félicité des mesures prises par le Gouvernement indonésien et a estimé qu'il faut poursuivre les efforts dans ce sens. Il faut également faciliter le processus de réconciliation nationale.

M. VOLODYMYR G. KROKHMAL (Ukraine) s'est dit préoccupé par les conditions économiques et sociales prévalant au Timor oriental et a noté avec satisfaction que l'ATNUTO, la Banque mondiale et le PNUD ont lancé des projets susceptibles de créer des emplois. Le représentant a pris note du programme lancé par USAID et l'ATNUTO afin de recruter davantage de personnel local. Il s'est félicité de la création d'un Conseil consultatif susceptible d'améliorer le dialogue entre l'ATNUTO et les administrations locales. Le représentant a mis l'accent sur la signature du Mémorandum d'accord entre l'ATNUTO et l'Indonésie et s'est attardé sur les conditions de vie dans les camps de réfugiés au Timor occidental. Il a souligné que le PAM couvre 44% des besoins alors que le Gouvernement indonésien n'en couvre que 10%; le reste étant laissé aux organisations caritatives. Plus d'une centaine de milliers de réfugiés se trouvent toujours dans les camps, a regretté le représentant, en estimant que seule une amélioration des conditions socioéconomiques les encouragera à rentrer chez eux. A cet égard, il a dit espérer que les projets de reconstruction d'infrastructure permettront d'inverser la courbe du chômage. Il a évoqué la question de la sécurité aux frontières entre les deux Timor en saluant les efforts du Gouvernement indonésien visant à mettre fin aux activités des milices.

M. ARNOLD PETER VAN WALSUM (Pays-Bas) a estimé que ce qui est en jeu ici, au-delà de l'avenir du Timor oriental, est la crédibilité du Conseil de sécurité et des Nations Unies dans leur ensemble. Il a insisté sur le fait que la situation au Timor demande l'appui financier des Nations Unies et a indiqué que les Pays-Bas vont dépenser 2,2 millions de dollars au Fonds d'affectation spéciale de l'ATNUTO. Toutefois, a-t-il ajouté, il faut que la population locale appuie aussi l'action de l'ATNUTO, qu'elle comprenne les défis qui existent et les limites qui s'imposent à l'action des Nations Unies. Rappelant les comptes rendus des journaux sur la frustration de la population, le représentant a indiqué qu'il faut les prendre au sérieux, sans pour autant condamner l'ATNUTO qui fait un travail remarquable. Toujours est-il, a-t-il ajouté, que le désenchantement de la population doit être pris en compte par les Nations Unies. Pour ce faire, il faut sans doute mener une plus grande action de communication, mais aussi accroître la participation de la population. Si la participation au Conseil consultatif est importante, il faut se demander si elle touche tous les habitants et leur donne un sentiment d'appropriation. Le représentant a reconnu les difficultés de recrutement de personnel local et s'est demandé s'il ne faut pas accroître les efforts de formation.

Dans le domaine de la sécurité, il a insisté sur la nécessité de développer de bons rapports bilatéraux avec l'Indonésie et a préconisé une bonne intégration dans la région, suggérant la participation aux organisations régionales. Il a posé des questions concernant les réfugiés, portant notamment sur le nombre qui souhaitent

rentrer, sur l'action des organisations internationales et sur la situation des milices qui semblent toujours jouir d'une certaine liberté d'action. Il s'est déclaré déconcerté par le peu d'amélioration dans la situation des réfugiés.

M. JERANDI (Tunisie) a estimé que malgré les difficultés, la situation sécuritaire se stabilise de manière générale en saluant les efforts du Gouvernement indonésien en la matière. Il a insisté sur l'importance de l'aide des Nations Unies et de la communauté internationale pour assurer un retour à la normalité au Timor oriental. Il a terminé en mettant l'accent sur la solidité des institutions financières qui opèrent dans le territoire dont, selon lui, dépend tout le processus au Timor oriental. Le représentant a insisté sur la nécessité d'accélérer les opérations de décaissement sur le terrain.

Reprenant la parole, M. HEDI ANNABI, Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, a déclaré qu'il partage les préoccupations exprimées sur la lenteur des décaissements. Il a précisé que le Fonds d'affectation spéciale de l'ATNUTO a reçu 24 millions de dollars, dont 14 millions ont été affectés. Il importe donc de continuer à collaborer avec la Banque mondiale et d'accélérer les décaissements sur le terrain. Il a fait part des appels d'offre pour la reconstruction et a indiqué que 4 millions de dollars ont déjà été reçus. Il a ajouté que le contrôleur a autorisé des prêts du fonds d'affectation spéciale pour la mise en oeuvre de projets de la Banque mondiale. Pour ce qui est des retraites, il a indiqué que cette question est examinée avec le Gouvernement indonésien qui a accepté de payer les retraites jusqu'à l'indépendance, mais qu'il faudrait qu'il accepte de les payer après l'indépendance.

L'ATNUTO en collaboration avec le CNRT et le Conseil consultatif national, travaille à l'élaboration d'un traité qui régirait le statut de la mer du Timor après l'indépendance. Des négociations sont actuellement en cours et il faut souhaiter qu'elles mènent rapidement à un accord, a encore indiqué M. Annabi.

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