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SG/SM/7367

LA GUERRE NUCLEAIRE DEMEURANT UNE TERRIFIANTE POSSIBILITE, LA CONFERENCE SUR LE TNP DOIT GARANTIR L'APPLICATION INTEGRALE DU TRAITE PAR TOUS LES ETATS PARTIES

24 avril 2000


Communiqué de Presse
SG/SM/7367


LA GUERRE NUCLEAIRE DEMEURANT UNE TERRIFIANTE POSSIBILITE, LA CONFERENCE SUR LE TNP DOIT GARANTIR L’APPLICATION INTEGRALE DU TRAITE PAR TOUS LES ETATS PARTIES

20000424

On trouvera, ci-après, l’allocution que le Secrétaire général, M. Kofi Annan, a prononcée le 24 avril 2000, à l’ouverture de la Conférence des Parties chargée de l’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) :

« Permettez-moi tout d’abord de vous souhaiter la bienvenue à cette importante réunion. À l’heure où les relations entre États et à l’intérieur des Etats subissent de profondes mutations, nous sommes réunis ici pour tenter de faire avancer une question d’importance vitale pour notre avenir, à savoir comment tenir les promesses de désarmement et de non-prolifération contenues dans le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.

En cette ère où de nouvelles menaces planent sur la paix et à la sécurité, il importe plus que jamais de mettre fin à la prolifération et de réduire le nombre des armes de destruction massive qui mettent en péril la vie sur notre planète.

En cette première année du nouveau millénaire, le TNP est plus indispensable que jamais, même s’il apparaît aujourd’hui comme un paradoxe. Bien qu'il suscite une adhésion quasi générale, puisque 187 États y sont parties, nul ne peut s'estimer satisfait par la façon dont il est appliqué.

La mission qui vous incombe ici consiste à engager un processus qui puisse garantir l’application intégrale de toutes les dispositions du Traité par tous les États parties.

Il reste certes beaucoup à faire, mais, depuis cinq ans, je crois que des progrès tangibles ont été accomplis, qui doivent vous encourager et vous inspirer.

Le nombre d’armes nucléaires n'a cessé de diminuer depuis la fin de la guerre froide. La plupart des États dotés d’armes nucléaires ont déclaré ne plus produire de matières fissiles à des fins d’armement. Des puissances nucléaires naguère rivales coopèrent aujourd’hui pour réduire la menace que leurs arsenaux font peser sur la planète. Les garanties nucléaires ont été renforcées. De plus en plus d'États font partie de zones dénucléarisées. Un traité d’interdiction complète des essais nucléaires a été négocié, bien qu’il ne soit pas encore entré en vigueur, un moratoire de fait est appliqué.

Enfin, il y a seulement quelques semaines, le Parlement russe a ratifié le Traité START II, ainsi que le traité d'interdiction complète des essais. Ce sont là des décisions qui méritent d'être saluées et qui, je l'espère, augurent bien de l'entrée en vigueur prochaine de ces instruments.

Ce sont là des progrès incontestables, réalisés au prix d’efforts acharnés. Mais, face à la menace nucléaire, la complaisance n'est pas de mise. La guerre nucléaire demeure une terrifiante possibilité en ce début de XXIe siècle. Cette dure réalité nous impose d’utiliser tous les moyens dont nous disposons pour atteindre les objectifs de désarmement et de non-prolifération avec la même détermination.

Le seul fait que des programmes clandestins d'armement nucléaire ont été découverts nous fait mesurer l'ampleur de la tâche.

La prolifération des armes de destruction massive, dont les armes nucléaires, continuent de menacer gravement la paix, et cela ne peut ni ne doit laisser aucun État Membre indifférent. Il est un fait que l'application des dispositions de non-prolifération du TNP est incomplète et n'a pas toujours donné satisfaction. J'en appelle ici à toutes les parties pour qu'elle redoublent d'efforts afin de parvenir à la signature et à l'entrée en vigueur du Protocole de l'AIEA destiné à renforcer les assurances. Les essais auxquels ont procédé l'Inde et le Pakistan en 1998 ont porté un rude coup au système international de non- prolifération et d'interdiction des essais nucléaires. Ils montrent aussi à quel point il importe de combattre la prolifération.

Sur le plan du désarmement, il reste aussi beaucoup à faire. Les puissances nucléaires détiennent encore quelque 35 000 armes, dont des milliers sont déployées et en état d’alerte instantanée. Cela fait plusieurs années qu'il n'y a pas eu de négociations sur les armes nucléaires stratégiques ou tactiques. La Conférence du désarmement demeure la seule instance multilatérale de négociations dans le domaine du désarmement. Pourtant, les efforts déployés dans son cadre pour progresser en matière de désarmement nucléaire et dans d'autres domaines ont été contrecarrés par l’absence de consensus.

Pour être franc, je dirai qu’un certain nombre de mécanismes multilatéraux de désarmement se sont grippés, non pas à cause du système lui-même, mais parce que la volonté politique d'y avoir recours semble faire défaut.

De fait, depuis quelques années, tous les États dotés de l’arme nucléaire remettent à l’ordre du jour les doctrines nucléaires. Certains retiennent la doctrine du recours en premier, tandis que d’autres n’en excluent pas l’emploi, même contre des États membres non dotés de l’arme nucléaire.

S’il est vrai que certains États "nucléaires" ont fourni de nouvelles informations sur leurs arsenaux, le manque de transparence quant au nombre d'armes et au volume des matières nucléaires demeure problématique.

Permettez-moi d’évoquer à présent une tendance préoccupante qui est en train de se faire jour: la tentation de déployer des défenses antimissiles nationales. Il s'agit là d'une atteinte au Traité ABM, qui avait pourtant été qualifié de « pierre angulaire de la stabilité stratégique ». De plus, cette tendance risque de relancer la course aux armements, de compromettre la réalisation des objectifs de désarmement et de non-prolifération nucléaires et d'encourager au contraire la prolifération des missiles. J’espère que les Etats sauront évaluer les risques avec réalisme avant de s’engager dans un processus qui pourrait bien affaiblir la sécurité mondiale au lieu de la renforcer.

Si j’ai tenu à évoquer les problèmes qui se posent, ce n’est pas par désespoir, mais parce que je suis convaincu que vous avez les moyens de relever les défis et d'affermir les progrès accomplis durant les cinq dernières années. A mon sens, le meilleur moyen d’y parvenir est d’engager un processus d’examen du Traité fondé sur les résultats et axés sur des objectifs précis.

Un de ces objectifs pourrait être l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires; un autre, de réduire de manière conséquente et irréversible les arsenaux; un autre encore, de consolider les zones dénucléarisée; un quatrième, de mettre en place des garanties de sécurité contraignantes en faveur des États non dotés de l'arme nucléaire; et enfin, d'instaurer une transparence accrue concernant les arsenaux et les matières nucléaires.

Enfin, je propose que les Etats Membres réaffirment, au plus haut niveau politique, leur engagement de réduire les dangers que posent les armes nucléaires existantes et leur prolifération.

Si nous réussissons à faire des progrès sur tous ces fronts, le TNP aura de beaux jours devant lui. Dans le cas contraire, j’ai le regret de dire que le nouveau millénaire aura commencé sous de sombres auspices.

Je vous souhaite plein succès dans vos travaux.

Je vous remercie. »

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