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SG/SM/7363

IL EST REVOLTANT QU'UNE PARTIE DE L'HUMANITE N'AIT PAS ACCES AUX BENEFICES DE LA MONDIALISATION, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL

18 avril 2000


Communiqué de Presse
SG/SM/7363
ECOSOC/5887


IL EST REVOLTANT QU'UNE PARTIE DE L'HUMANITE N'AIT PAS ACCES AUX BENEFICES DE LA MONDIALISATION, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL

20000418

On trouvera ci-après le texte de l'allocution prononcée par le Secrétaire général à la réunion spéciale de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC) et des institutions de Bretton Woods le 18 avril 2000:

« C’est avec grand plaisir que je souhaite la bienvenue à nos collègues des institutions de Bretton Woods.

J’entretiens depuis plusieurs années des liens de collaboration très étroits avec Jim Wolfensohn. Je regrette bien qu’il n’ait pas pu se joindre à nous aujourd’hui mais je suis très heureux que Mats Karlsson et d’autres collègues de la Banque mondiale soient des nôtres et je me réjouis à la perspective de retrouver Jim la semaine prochaine à Dakar, lors du Forum mondial sur l’éducation.

J’attends également avec beaucoup d’intérêt de rencontrer le nouveau Directeur général du Fonds monétaire international, Horst Koehler, avec lequel j’aurai un échange de vues peu après son entrée en fonctions le 1er mai. Je compte bien que nous forgerons ensemble une relation de travail tout aussi étroite. En attendant, je suis heureux d’accueillir Stanley Fischer, un collègue dont la réputation n’est plus à faire et que nous tenons tous en grande estime.

Il est aujourd’hui plus évident que jamais que nous – les peuples et nations du monde et les institutions créées pour les servir – nous remplissons une mission commune. Dans mon rapport du millénaire, j’ai tenté de dégager les priorités qui s’imposent de façon inéluctable à quiconque se penche sur la situation actuelle de la famille humaine. Si je choisis d’insister aujourd’hui sur les points principaux de ce rapport dans le domaine économique et social, c’est parce que je sais pertinemment que nous avons bien plus de chances d’atteindre nos objectifs si nos institutions se comprennent bien et coopèrent étroitement.

Je pars du principe qu’à l’heure où mondialisation et nouvelles technologies apportent à une partie de l’humanité des bénéfices jusqu’ici inimaginables, il est révoltant et inacceptable qu’une autre partie – sans aucun doute la plus nombreuse –n’ait aucun moyen d’accéder à cette manne et soit condamnée à vivre dans une affreuse misère qui s’accompagne souvent de malnutrition et de maladies. Nous avons tous compris, je pense, qu’il est de notre devoir de remédier à cet état de choses et, plus important encore, qu’il est dans notre intérêt d’agir. Mais nous ne saisissons pas encore tous très bien que de fait, nous en avons les moyens.

Je propose dans mon rapport de réduire de moitié, entre maintenant et 2015, la proportion de personnes dont le revenu est égal ou inférieur à un dollar par jour. Selon certains, ce but est si ambitieux qu’il est inaccessible. D’autres le jugent en revanche bien modeste, dans la mesure où même s’il était atteint, 600 millions de personnes continueraient à vivre dans une pauvreté extrême.

L’objectif est optimiste, je vous l’accorde. En Afrique subsaharienne, par exemple, il ne pourrait être atteint que si, pour chacune des 15 prochaines années, le taux de croissance économique se situait entre 7 et 10% par an – niveau auquel la région n’est encore jamais arrivée, loin s’en faut. Et pourtant, les politiques à mettre en œuvre sont évidentes.

Ces politiques doivent permettre une croissance économique soutenue, car tout indique qu’il existe une forte corrélation entre la croissance économique et l’évolution des revenus des couches défavorisées.

Elles doivent encourager l’investissement privé; créer des emplois, en particulier pour les jeunes; exploiter les nouvelles technologies de l’information; inciter les gouvernements eux-mêmes à agir de manière plus efficace et plus transparente.

Il faut prendre des mesures pour mettre fin aux guerres. Rien ne nuit plus à la croissance, ne perpétue et n’aggrave davantage la pauvreté que les conflits armés. Nous devons remplacer ce cercle vicieux par un cercle vertueux.

Les gouvernements – en particulier, mais ils ne sont pas les seuls, ceux de l’Afrique subsaharienne – doivent en outre faire face aux effets incroyablement dévastateurs du VIH/sida sur leurs économies et leurs sociétés respectives.

Et surtout, nous devons investir dans l’éducation. J’ai exhorté les États Membres à adopter l’objectif de l’enseignement primaire pour tous à l’horizon 2015. Le plus difficile – mais aussi le plus important – sera d’éliminer l’écart entre les sexes. Plus de 110 millions d’enfants de par le monde ne sont toujours pas scolarisés. C’est déjà déplorable. En outre, deux tiers d’entre eux sont des filles. Il faut convaincre les familles qu’il est tout aussi important de scolariser leurs filles que leurs fils.

La semaine prochaine, lors du Forum mondial sur l’éducation qui se tiendra à Dakar, je lancerai une nouvelle initiative des Nations Unies, « Les filles à l’école, tout de suite ». Il s’agit d’un partenariat ouvert entre plus d’une douzaine d’entités du système des Nations Unies – notamment, je suis heureux de le dire, la Banque mondiale. Je vous encourage vivement à l’appuyer dans toute la mesure du possible.

N’allez pas croire que nous comptons sur les pays en développement pour tout faire par eux-mêmes. Il est vrai qu’aucun n’arrivera à s’intégrer à la nouvelle économie mondiale si son gouvernement et son peuple ne s’attellent pas résolument à la tâche. Mais il serait contradictoire d’attendre de ces pays qu’ils se débrouillent par leurs propres moyens. Un marché est un endroit où l’on doit pouvoir vendre et acheter librement et le marché mondial ne fait pas exception à la règle.

Les pays en développement ne peuvent attirer les capitaux dont ils ont besoin pour parvenir à une croissance élevée et vaincre la pauvreté grâce aux échanges que si on laisse leurs produits accéder librement et pleinement aux marchés.

Les pays les plus pauvres ne pourront consacrer une proportion adéquate de leur revenu au financement de programmes de lutte contre la pauvreté que lorsqu’ils se seront libérés des contraintes du remboursement et du service de la dette.

Et les pays qui n’ont épargné aucun effort pour réformer leur économie ne pourront dispenser aux plus pauvres de leurs citoyens les services sociaux de base dont ils ont désespérément besoin si le monde industrialisé ne leur offre pas une aide généreuse.

Les pays qui s’attaquent véritablement à la pauvreté méritent d’être aidés. Ceux qui s’efforcent de bien gérer les affaires publiques doivent être appuyés. Encore faut-il que le système économique et financier international réponde à leurs besoins en matière de développement. Non seulement un tel appui constitue une obligation morale pour la communauté internationale, mais il est dans l’intérêt bien compris du monde entier.

Dans mon rapport du millénaire, je me suis attaché à mobiliser les énergies au niveau mondial au service d’objectifs communs réalisables. Les ministres des finances et du développement ont un rôle essentiel à jouer, en particulier au moment où se poursuivent activement les consultations concernant l’organisation, l’an prochain, d’une réunion intergouvernementale de haut niveau sur le financement du développement. Les ministres des finances, en particulier, ne peuvent pas se permettre de définir leur tâche de façon restrictive. Votre mandat est aujourd’hui très large; on ne vous demande pas simplement de financer tel ou tel programme ou de satisfaire tel ou tel besoin, mais d’aider à trouver des solutions.

Vous êtes nombreux à arriver tout juste de Washington où vous avez assisté aux réunions annuelles des institutions de Bretton Woods. Nul besoin de vous rappeler, j’en suis sûr, car vous en avez été témoins, la véhémence avec laquelle le public débat des avantages et des inconvénients de la mondialisation, fait part de ses exigences à nos organisations et nous demande de faire plus et mieux.

Il nous faut transformer ce malaise, cette énergie contestataire en quelque chose de constructif – quelque chose qui profite à tous et que tous puissent appuyer.

Je vous remercie. »

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