CS/1176

LE CONSEIL CREE UNE INSTANCE DE SURVEILLANCE POUR POURSUIVRE L'ENQUETE SUR LES VIOLATIONSDES SANCTIONS CONTRE L'UNITA, PARTIE AU CONFLIT EN ANGOLA

18 avril 2000


Communiqué de Presse
CS/1176


LE CONSEIL CREE UNE INSTANCE DE SURVEILLANCE POUR POURSUIVRE L'ENQUETE SUR LES VIOLATIONSDES SANCTIONS CONTRE L'UNITA, PARTIE AU CONFLIT EN ANGOLA

20000418

Il encourage des conférences d'experts sur les armes, le pétrole et le diamant

Un mois après l'examen du rapport du Groupe d'experts chargé d'étudier les violations des sanctions imposées, de 1993 à 1998, à l'Uniao Nacianal para a independencia total de Angola (UNITA), pour l'amener à respecter le Protocole de Lusaka signé en 1994, le Conseil de sécurité prie le Secrétaire général d'établir une instance de surveillance pour recueillir des renseignements supplémentaires et examiner les pistes relatives aux violations des sanctions dont celles relevées par le Groupe d'experts. Cette décision figure dans une résolution de six pages, résolution 1295 (2000), que le Conseil a adoptée, cet après-midi, à l'unanimité à la suite d'un débat qui a connu la participation d'une trentaine d'orateurs.

Donnant ainsi suite aux 39 recommandations du Groupe d'experts, le Conseil décide que l'instance de surveillance sera composé de cinq experts au maximum et devra présenter son rapport au Comité des sanctions le 18 novembre 2000, au plus tard. Le Conseil désigne également le 18 novembre, comme date butoir pour étudier la possibilité de prendre de mesures contre les Etats dont il aura constaté qu'ils ont violé les sanctions, sur la base des informations collectées. Au cours du débat, les représentants des pays mis en cause dans le rapport du Groupe d'experts, comme le Burkina Faso, le Togo, le Gabon et le Rwanda ont fait état de mesures prises par leur gouvernement pour enquêter sur les allégations les concernant. La création de nouvelles sanctions contre les Etats supposés avoir violé les sanctions ne constituent pas de véritables solutions, a estimé la France, en soulignant que ce n'est pas en multipliant les Etats parias qu'on les incitera à se remettre dans le droit chemin. Toujours d'ici au 18 novembre, le Conseil s'engage à étudier la possibilité de prendre d'autres mesures contre l'UNITA et de définir d'autres moyens d'action pour rendre plus efficaces les mesures déjà imposées.

Tels sont les principaux éléments du dispositif de la résolution qui énonce ensuite des recommandations pour le respect de l'ensemble des sanctions imposées à l'UNITA portant sur les armements, le commerce du pétrole et des produits pétroliers, le commerce de diamants, les avoirs financiers, les voyages et représentations à l'étranger. Ainsi, en matière d'armements, le Conseil encourage tous les Etats à soumettre les exportations d'armes à un contrôle et à une réglementation efficaces, notamment quand elles sont le fait de marchands d'armes privés. Mentionnée dans le rapport du Groupe d'experts comme la source de la majorité des armements achetés par l'UNITA depuis 1997, la Bulgarie a, au cours du débat, indiqué qu'une commission gouvernementale a été chargée d'enquêter sur les implications potentielles des institutions ou de nationaux bulgares dans les violations des sanctions.

(à suivre – 1a) - 1a - CS/1176 18 avril 2000

Le Conseil invite les Etats à examiner la proposition de tenir des conférences des pays producteurs ou exportateurs d'armes et demande instamment que les représentants de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) y participent. Le rôle de la SADC est particulièrement souligné dans les questions relatives au commerce du pétrole et des produits pétroliers. Ainsi le Conseil demande la tenue d'une conférence d'experts sur la question pour concevoir un régime propre à empêcher la livraison illégale de pétrole à l'UNITA et surtout pour étudier le rôle que la SADC peut jouer dans l'application d'un tel régime. Le Conseil demande aussi à la SADC d'étudier la possibilité de mettre sur pied des activités de contrôle dans les zones frontalières limitrophes de l'Angola; de mettre en place un mécanisme d'échange d'informations avec la participation des compagnies pétrolières et de créer une base de données afin de déterminer l'origine du carburant pris à l'UNITA. A ce propos, le Zimbabwe, à l'instar d'autres délégations de l'Afrique australe qui ont demandé l'appui technique et financier de la communauté internationale, a précisé que si la SADC est prête à assumer ces responsabilités, elle devra solliciter une aide en matière de communication et d'équipements de surveillance afin de revitaliser le centre régional d'informations mis en place, il y a trois ans.

Le Conseil engage vivement les Etats et les organisations internationales à fournir une aide financière et technique à la SADC. Pour ce qui est du Gouvernement angolais, le Conseil lui demande de recourir à des mesures de contrôle et à des procédures d'inspection internes supplémentaires.

En ce qui concerne le commerce de diamants, la résolution encourage les Etats ayant un marché de diamants à prendre des mesures sanctionnant lourdement la possession de diamants bruts importés en violation des sanctions. A cet égard, des félicitations sont adressées au Gouvernement belge et au Conseil supérieur du diamant qui a mis en place avec les autorités angolaises un système de certificats d'origine plus fiables. La Belgique a rappelé qu'elle est le seul pays de l'Union européenne doté d'un système d'autorisations légales d'importation et d'exportation pour le diamant. En outre, la Belgique envisage l'adoption d'une loi portant sur l'extraterritorialité des délits concernant le secteur des diamants. Le Conseil félicite, d'autre part, l'Afrique du Sud pour avoir proposé d'accueillir, cette année, la première conférence d'experts chargée d'accroître la transparence et le respect de l'obligation de rendre des comptes en ce qui concerne le contrôle de la circulation des diamants depuis le point d'origine jusqu'aux bourses aux diamants.

Une conférence d'experts est également souhaitée, par le Conseil, pour étudier les possibilités de renforcer l'application des mesures financières à l'UNITA. Le Ministre des affaires étrangères de l'Angola a regretté que les Nations Unies aient tant tardé à mener une enquête sur les violations des sanctions et à identifier les responsables. Il a appelé les organisations régionales notamment l'Organisation de l'unité africaine (OUA) à soutenir, à l'exemple de la SADC, l'application des résolutions de l'ONU et des recommandations du Comité des sanctions. Le Président du Conseil et Ministre des affaires étrangères du Canada a indiqué que son Gouvernement apportera 100 000 dollars pour aider l'instance de surveillance à préparer son rapport. Il s'est également dit disposé à parrainer la conférence d'experts sur le trafic de diamants qui permettraient d'élaborer un nouveau système de vérification et renforcerait l'obligation de rendre compte du marché du diamant depuis la source jusqu'aux bourses diamantaires du monde entier.

(à suivre – 1b) - 1b - CS/1176 18 avril 2000

Dans son rapport, le Groupe d'experts avait identifié la capacité de l'UNITA de vendre des diamants ou de les échanger contre des armes comme principal moyen lui permettant de poursuivre ses activités politiques et militaires. Le 15 mars, lors de la première lecture du rapport, le Conseil avait décidé de convoquer une réunion ultérieure pour étudier les moyens de donner une suite efficace aux 39 recommandations du Groupe d'experts et entendre des éclaircissements des personnalités incriminées. Publié le 10 mars 2000, le rapport du Groupe d'experts, créé par la résolution 1237 du 7 mai 1999, révèle les moyens et les méthodes dont se sert l'UNITA et son chef, M. Jonas Savimbi, pour contourner les sanctions. Les experts ont dévoilé le réseau d'intermédiaires que l'UNITA a pu se constituer principalement en Europe et en Afrique, et dans lequel certains dirigeants sont, selon ce rapport, directement impliqués.

Outre le Président du Comité des sanctions contre l'UNITA, M. Robert Fowler (Canada) et les Ministres des affaires étrangères de l'Angola, du Canada et du Burkina Faso, les représentants des pays suivants ont pris la parole : Royaume- Uni, Fédération de Russie, France, Etats-Unis, Mali, Pays-Bas, Argentine, Chine, Malaisie, Namibie, Jamaïque, Tunisie, Bangladesh, Ukraine, Portugal, au nom de l'Union européenne et des pays associés, Belgique, Bulgarie, Mozambique, Nouvelle- Zélande, Tanzanie, Gabon, Brésil, Espagne, Togo, Zimbabwe et Rwanda.

LA SITUATION EN ANGOLA

M. ROBERT FOWLER, Président du Comité du Conseil de sécurité créé en vertu de la résolution 864 (1993) concernant la situation en Angola, a souligné que les sanctions que le Conseil a adoptées contre l'UNITA ont maintenant des incidences qui se font réellement sentir et les travaux du Groupe d'experts ont contribué à cette évolution heureuse. L'adoption du projet de résolution présenté aujourd’hui démontre l'engagement du Conseil à s'assurer que les sanctions continuent à limiter la capacité de l'UNITA de poursuivre la guerre. Le projet de résolution donne un délai de sept mois au Conseil avant qu'il n'envisage des mesures à prendre à l'égard des Etats qui continueraient de violer les sanctions contre l'UNITA. Au cours de ces sept mois, les Etats concernés auraient la possibilité de démontrer qu'ils respectent toutes les exigences du régime des sanctions. Le projet de résolution propose la création d'un mécanisme de surveillance composé par le Groupe d'experts qui sera chargé d'informer, de faire des enquêtes et de vérifier les informations fournies par toutes les sources. Le Conseil puiserait ainsi dans trois sources, à savoir le rapport du Groupe d'experts, les informations communiquées par les Etats et les rapports du mécanisme indépendant de surveillance. Le projet de résolution ne cite personne nommément et ne prévoit aucune mesure à prendre contre ceux qui auraient violé les sanctions. Cela ne veut pas dire que les Etats s'en tirent à bon compte. Au contraire, le projet de résolution vise à fournir aux Etats concernés l'occasion de répondre aux recommandations du Groupe d'experts. Le projet de résolution stipule que le Conseil ne sera pas immobile face aux violations des sanctions. Il démontre la volonté d'aller plus loin si cela s'avère nécessaire et il réaffirme l'engagement du Conseil en faveur de la paix en Angola et sa détermination à utiliser tous les moyens de parvenir à la paix en Angola.

M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a insisté sur la nécessité de priver l'UNITA des moyens de continuer sa guerre. Lorsqu'un dirigeant et son organisation rejettent la paix et nient la volonté de la population, les sanctions sont un instrument approprié qu'il faut s'efforcer de rendre opérationnel. Reconnaissant le travail du Groupe d'experts qui envoie un important message à l'UNITA, il a observé que la résolution qui sera adoptée, aujourd'hui, demande une plus grande coopération des Etats Membres et une assistance technique à certains Etats voisins de l'Angola. Compte tenu du fardeau que cette résolution fait peser sur les Etats voisins, il a félicité la SADC qui s'est proposée d'assurer le suivi de la résolution. Toutefois, a-t-il insisté, les mesures proposées demandent que la communauté internationale trouve les moyens d'aider les pays voisins à appliquer les dispositions ayant trait, notamment, au contrôle. C'est donc, a-t- il ajouté, à l'ensemble des Etats Membres de se montrer à la hauteur.

M. SERGUEY LAVROV (Fédération de Russie) a confirmé sa position selon laquelle la responsabilité de la poursuite du conflit en Angola incombe à l'UNITA. Il faut donc continuer de faire pression sur cette partie, a-t-il dit, pour la conduire à respecter les exigences de la communauté internationale, mettre fin au conflit armé et revenir sur la voie du règlement politique. La Fédération de Russie comprend la position du Gouvernement angolais selon laquelle l'attitude de l'UNITA l'a disqualifiée de la gouvernance du pays, a dit M. Lavrov, en ajoutant que l'UNITA détient en otage des citoyens russes dont un est mort aujourd'hui. Cela démontre que face à l'UNITA, le Conseil fait face à un mépris des vœux de la communauté internationale, a insisté le représentant en qualifiant alors d'importante la création d'un mécanisme de contrôle de l'application des sanctions.

Saluant le rapport du Groupe d'experts, le représentant s'est félicité que la résolution se fonde sur les recommandations de ces experts. La mise en œuvre de la résolution, a-t-il dit, contribuera à une meilleure application du régime des sanctions et épuisera la capacité de l'UNITA à poursuivre une guerre qu'elle continue d'imposer au peuple angolais.

M. JEAN-DAVID LEVITTE (France) a estimé que la résolution que le Conseil se prépara à adapter envoie un message clair et ferme au Dr. Savimbi et à l'UNITA pour qu'ils mettent immédiatement fin aux hostilités et s'acquittent des obligations qui leur incombent en vertu du Protocole de Lusaka. Il s'est félicité que cette résolution reprenne plus des trois quarts des recommandations faites par le Groupe d'experts relatives aux livraisons d'armes, carburants, trafic de diamants, ressources financières, déplacements et séjour des dirigeants de l'UNITA. Ces recommandations, notamment les dispositions relatives au commerce international des diamants, au contrôle des ressources financières ou aux transports aériens, appellent à la coopération active de nombreux acteurs et les Etats Membres devront s'assurer, dans l'exercice de leurs compétences, de la coopération de tous les acteurs concernés.

Il a observé qu'il est indispensable que la communauté internationale appuie les efforts des pays concernés, notamment en Afrique. Il ne suffit pas de se contenter de mettre en lumière les violations des sanctions, ni de nommer et couvrir de honte, il faut apporter une aide concrète là où cette aide sera nécessaire, a-t-il déclaré. Il a souhaité que le comité des sanctions engage un dialogue suivi avec les Etats Membres pour surveiller l'application des sanctions, échanger les informations et recevoir leurs commentaires, dans un objectif de plus grande efficacité. Seul un effort solidaire de la communauté internationale permettra de tarir à la fois les sources de revenus et d'approvisionnement en armes de l'UNITA, a-t-il souligné.

Il s'est félicité des mesures prises par plusieurs Etats pour enquêter sur les informations faisant état de défaillance et, le cas échéant, y mettre un terme et qui commencent déjà à produire des effets. Se félicitant l'approche constructive, pédagogique et solidaire adoptée par le Conseil en vue de garantir l'isolement complet de l'UNITA et de Jonas Savimbi, il a remarqué que la création de nouvelles sanctions contre les Etats supposés avoir violé les sanctions ne constitue pas une véritable solution. "Ce n'est pas en multipliant les Etats parias que nous inciterons ceux-ci à se remettre dans le droit chemin, a-t-il ajouté. D'une part, l'augmentation exponentielle du nombre de régimes existants risquerait de poser des problèmes de gestion au moment où l'ONU a tant de mal à faire appliquer les 9 embargos existants. D'autre part, les critères de choix des pays violateurs pourraient être sujets à de nombreuses contestations et l'autorité du Conseil pourrait en sortir amoindrie. En dernier lieu, il a souhaité que le comité des sanctions puisse approfondir ses travaux et préciser certaines informations. Il faut également que le comité des sanctions parvienne à une meilleure appréciation de l'importance respective des différents circuits d'approvisionnement de l'UNITA.

M. RICHARD HOLBROOKE (Etats-Unis) s'est dit heureux d'adopter le projet de résolution en rendant hommage au Président du Comité des sanctions qui a prouvé qu'il est possible de faire avancer les choses aux Nations Unies. Selon le représentant, la délégation canadienne a établi une norme par laquelle il sera désormais possible d'évaluer le travail des autres comités des sanctions. S'adressant au Ministre des affaires étrangères de l'Angola, le représentant lui a demandé de faire savoir au Président angolais à quel point le Conseil poursuit ses efforts pour mettre fin aux souffrances du peuple angolais. Du fait de l'UNITA, a poursuivi le représentant, les attentes de la communauté internationale ne sont toujours pas satisfaites. Le représentant a tout de même salué le fait qu'au cours des quatre dernières années, un gouvernement de réconciliation nationale et une assemblée multipartite ont pu être créés. Il a insisté sur le fait que la principale cause de la situation en Angola est le refus de l'UNITA de se rallier aux termes du Protocole de Lusaka. L'étau se resserre, a-t-il dit, en invitant l'UNITA à mettre fin à sa politique. Le représentant s'est félicité de l'annonce selon laquelle les élections se tiendront en Angola, ce qui montre que le Gouvernement a compris la nécessité de mettre en route un processus démocratique. Les Etats-Unis ne pourront qu'appuyer les élections si elles se déroulent de manière démocratique, avec un bon contrôle. Les parties angolaises, a insisté le représentant, doivent avoir la possibilité de s'exprimer librement et d'instaurer la démocratie dans le pays, et ce malgré les actions de l'UNITA. L'évidence montre aujourd'hui que le dévouement du Canada a constitué une grande contribution à l'évolution actuelle, a conclu le représentant.

M. MOCTAR OUANE (Mali) s'est félicité que le projet de résolution endosse la plupart des recommandations contenues dans le rapport du Groupe d'experts et contribue à renforcer le fonctionnement du comité des sanctions sur l'Angola. Ce faisant, a-t-il poursuivi, le Conseil apporte un appui positif au renforcement des sanctions contre l'UNITA et participe à l'effort en vue du renforcement de la paix en Angola. Estimant qu'il importe de couper ses sources d'approvisionnement en armes, il a indiqué que son pays soutiendrait le projet de résolution soumis aujourd'hui à adoption et a vivement condamné la guerre menée par l'UNITA. Il s'est également félicité des dispositions visant à renforcer le travail du comité des sanctions. Solidaire de la lutte du peuple angolais, il s'est déclaré convaincu que le texte adopté aujourd'hui permettra de tarir les ressources de l'UNITA et de faire avancer la cause de la paix.

M. ADRIAAN KOOIJMANS (Pays-Bas) s'est félicité que bien avant l'adoption de la résolution, certains pays aient pris des mesures de correction demandées dans le rapport du Groupe d'experts. Il a particulièrement salué les efforts de la Belgique en dénonçant, en même temps, d'autres pays qui ont choisi d'ignorer les recommandations du Groupe d'experts. En conséquence, le représentant a espéré que le nouveau mécanisme de contrôle, créé par la résolution, prendra le relais du Groupe d'experts en se fondant sur les informations collectées jusqu'ici. Il est essentiel, a insisté le représentant, que le nouveau mécanisme puisse opérer de manière indépendante. Notre but ultime, en renforçant les sanctions est non pas de punir simplement l'UNITA, mais de réduire sa capacité à poursuivre la guerre et à faire obstacle à un règlement pacifique de ce conflit sanglant. La résolution présentée aujourd'hui vise à créer une situation dans laquelle les offensives militaires ne seront plus nécessaires pour réaliser un règlement pacifique, a dit le représentant en précisant que le fait que le Conseil tienne l'UNITA pour responsable de la situation actuelle ne diminue en rien la responsabilité du Gouvernement angolais de contribuer substantiellement au bien-être des Angolais. Citant le dernier rapport du Secrétaire général, le représentant a attiré l'attention du Conseil sur les allégations faisant état de graves violations des droits de l'homme commises par les deux parties et sur la situation humanitaire dramatique. Le Gouvernement angolais a une dette non seulement envers le peuple angolais mais aussi envers la communauté internationale qui vient de prendre des mesures renforcées pour l'assister dans ses efforts de pacifier le pays. En concluant, le représentant a estimé que les progrès du Conseil dans le dossier des sanctions contre l'UNITA ne doit pas divertir de la nécessité d'analyser la question générale des conflits nourris et prolongés par l'accès aux ressources minières.

M. ARNOLDO M. LISTRE (Argentine) s'est félicité de la prise de conscience que ce rapport a permis et particulièrement de la réflexion qui a été menée sur l'application des régimes de sanctions. Il a souhaité que la résolution apporte une contribution significative à la paix. Il s'est félicité des éléments nouveaux visant à renforcer le fonctionnement du comité des sanctions et de la prolongation des travaux du Groupe d'experts. Abordant les recommandations formulées dans la résolution, il a observé qu'elles reprennent les propositions faites par le Groupe d'experts et a jugé important l'appel lancé aux Etats pour qu'ils exercent une plus grande vigilance sur la destination finale des armes vendues. Concernant le commerce des diamants, il s'est déclaré satisfait des mesures proposées qui faciliteront le contrôle de leur provenance. Reconnaissant que la continuité du conflit en Angola dépend de plusieurs facteurs, il a néanmoins espéré que les mesures adoptées aujourd'hui aideront à mettre le processus de paix sur la bonne voie en renouvelant la volonté politique de mettre fin au conflit.

M. WANG YINGFAN (Chine) a estimé qu'en dépit des différences entre la conviction du Groupe d'experts et les réponses apportées et des divergences entre l'évaluation de la situation faite par le Groupe et d'autres évaluations faites par ailleurs, le rapport du Groupe d'experts a joué, sans aucun doute, un rôle positif dans l'intensification des efforts du Conseil de sécurité et de la communauté internationale de renforcer les sanctions contre l'UNITA. Le représentant a appuyé la création d'un mécanisme de contrôle chargé de continuer à enquêter sur les violations des embargos contre l'UNITA et de présenter des propositions au Conseil de sécurité dans les six mois. De nombreuses recommandations du Groupe d'experts concernant la Communauté pour le développement de l'Afrique australe (SADC), le représentant a souligné que sans l'implication et le dévouement de la SADC, la réalisation de nombreuses propositions seraient impossibles et les sanctions contre l'UNITA resteraient lettre morte. Il a, en conséquence, appelé la communauté internationale à continuer à fournir à la SADC l'assistance nécessaire.

M. HASMY AGAM (Malaisie) a fait l’éloge du travail effectué par M. Fowler à la tête du comité des sanctions. Il a estimé que le projet de résolution dont le Conseil est saisi est d'une grande importance et a appuyé la mise en place d'un mécanisme de contrôle composé de 5 experts pour une période initiale de 6 mois. Il a espéré que les experts seront rapidement nommés. Concernant le commerce des armes, le représentant s'est félicité des dispositions visant à renforcer le contrôle de la documentation appropriée concernant les ventes d'armes. Il a jugé important que la SADC soit invitée à participer à une réunion sur ce sujet et a estimé que les Etats de la SADC doivent recevoir une aide pour les aider à appliquer les dispositions de la résolution.

Toutefois, il a regretté l'absence de dispositions permettant la saisie immédiate de diamants illégaux et l'absence d'appel aux Etats pour qu'ils punissent sévèrement le commerce illicite de diamants. Les diamants étant une importante source de financement pour l'UNITA, il importe d'en contrôler complètement le commerce et de tarir ses ressources, a-t-il souligné. Il a ajouté que les personnes incriminées dans le rapport devraient pouvoir fournir des éclaircissements et a avancé la date limite du 18 novembre pour leur permettre de le faire.

M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a estimé que le Conseil de sécurité est sur le point d'adopter une autre "résolution historique" qui, si elle est mise en œuvre, cette fois, est susceptible d'apporter la paix en Angola et dans la région toute entière. Le représentant a estimé que la création d'un mécanisme de contrôle constitue un important facteur. Il a plaidé pour qu'un appui technique et financier adéquat soit offert à ce mécanisme. Le représentant a considéré que le Conseil de sécurité doit être préparé à prendre des mesures, dès le 18 novembre, contre ceux qui ont été désignés comme les responsables des violations des sanctions contre l'UNITA. Il serait injuste, a dit le représentant, que pour le peuple angolais qui souffre depuis trop longtemps, cette résolution ne soit qu'une résolution comme une autre. La prise de mesures contre les Etats, les sociétés commerciales et les individus qui ont violé les résolutions pertinentes du Conseil sera le message clair de la détermination du Conseil à punir les personnes concernées. C'est le minimum que le Conseil puisse faire pour le peuple angolais.

Le représentant s'est ensuite félicité des mesures prises par le Gouvernement de la Belgique pour appliquer, de manière plus efficace, les sanctions imposées à l'UNITA et, en particulier, des mesures du Haut Conseil du Diamant, prises en collaboration avec le Gouvernement angolais. Le représentant a lancé un appel à tous les Etats Membres et aux institutions concernées pour qu'ils aident le Gouvernement angolais dans son processus de réforme interne nécessaire à l'amélioration de l'efficacité de la mise en œuvre des sanctions contre l'UNITA. Le représentant a pris note des décisions de certains gouvernements africains et non africains de traduire en justice les ressortissants accusés de violations des sanctions. Le représentant s'est, par ailleurs, attardé sur la question de l'utilisation de mercenaires par l'UNITA. Il a lancé un appel à tous les Etats pour qu'ils encouragent leurs nationaux à ne pas servir dans les rangs de l'UNITA. Il a appuyé, à cet égard, les mandats d'arrêts lancés contre les individus qui jouent un rôle clé dans la violation des résolutions du Conseil.

Le représentant a souligné que les pays de la SADC n'ont pas les moyens techniques et financiers de mettre en œuvre avec succès les programmes relatifs au respect des sanctions. La SADC est plus que jamais disposée à jouer son rôle dans le renforcement des sanctions et l'assistance de la communauté internationale est essentielle, à cet égard, a conclu le représentant.

Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) s'est associée aux déclarations précédentes concernant la résolution dont le Conseil est saisi et a remercié M. Fowler pour avoir revitalisé le comité des sanctions. Elle a estimé important d'envoyer un message clair pour affirmer que les résolutions du Conseil de sécurité doivent être respectées. En effet, a-t-elle rappelé, toutes les possibilités ont été données à l'UNITA pour rétablir la paix, mais ses dirigeants en ont profité pour détourner les dispositions du protocole de Lusaka. Elle a jugé que ceux qui aident à détourner les sanctions partagent la responsabilité de la poursuite de la guerre qui ravage l'Angola et décime sa population. Ainsi, il faut réaffirmer la condamnation de l'UNITA et de son chef, Savimbi. Elle a insisté sur les obligations qui incombent aux Etats Membres d'appliquer les sanctions décidées contre l'Angola et s'est félicitée de l'institution de mécanisme de contrôle dont le rapport est attendu en novembre 2000. Elle s'est également déclarée satisfaite des dispositions qui offrent aux personnes incriminées la possibilité de fournir des éclaircissements.

M. SAID BEN MUSTAPHA (Tunisie) a estimé que la ténacité du Président du Comité des sanctions contre l'UNITA et celle du Groupe d'experts ont permis de lancer un message sans équivoque quant à la détermination du Conseil à faire respecter ses résolutions et à démontrer à l'UNITA qu'elle ne peut continuer indéfiniment de menacer la paix et la stabilité en Angola et dans la sous-région. Le représentant a relevé que le rapport du Groupe d'experts a suscité des interrogations sur certaines de ses conclusions et recommandations. Il s'est dit convaincu que bien que nécessitant des preuves irréfutables à la mesure de l'importance des faits relatés, ce rapport a suscité une attention particulière et un examen sérieux de la part de nombreux Etats et parties. Les réactions officielles adressées au Conseil à la suite de la publication du rapport ainsi que les mesures déjà prises par certains pays qui ont notamment institué des commissions nationales d'enquête prouvent sans nul doute le sérieux avec lequel cette question a été appréhendée en Afrique et ailleurs. Elles constituent, pour le représentant, des apports importants dont il faut tenir compte pour jeter toute la lumière sur les violations du régime des sanctions contre l'UNITA. Elles ne manqueraient pas, a-t-il conclu, d'aider le futur mécanisme de contrôle dans l'accomplissement de sa mission.

M. SHAMIM AHMED (Bangladesh) a estimé que la résolution que le Conseil s'apprête à adopter se contente de reprendre l'ensemble des recommandations formulées par le Groupe d'experts et qu'il est nécessaire de mettre en place un mécanisme pour améliorer le travail du Groupe d'experts et le protéger des critiques. Il a soutenu qu'une coopération générale de la communauté internationale est nécessaire pour mettre fin à la situation tragique dans laquelle se trouve l'Angola depuis de nombreuses années. Il s'est félicité des dispositions de la résolution tout en soulignant qu’il faut mobiliser la volonté politique pour dépasser les obstacles à l'application des sanctions. Il importe que le Gouvernement et les entreprises angolaises mettent en place un dispositif permettant d'assurer le respect des sanctions. Il s'est déclaré encouragé par les propositions des pays de la SADC de supporter une part des responsabilités du suivi de l'application de cette résolution et a estimé qu'il faut les aider dans cette entreprise.

M. VOLODYMYR YEL'CHENKO (Ukraine) a considéré que l'objectif principal de la résolution présentée aujourd'hui devant le Conseil de sécurité vise à améliorer la mise en œuvre des mesures existantes contre l'UNITA. Il a dit voir dans cette résolution une distinction claire entre les groupes de pays qui ont des responsabilités dans des domaines particuliers. Ces groupes comprennent, par exemple, les pays voisins de l'Angola, les pays impliqués dans la production et la vente d'armes, les pays étroitement impliqués dans l'industrie du diamant et d'autres pays encore. Le représentant a jugé important que par la résolution, le Conseil adresse des recommandations spécifiques à chacun de ces groupes de pays. En décidant de la création d'un mécanisme de contrôle chargé de collecter des informations et d'enquêter sur les allégations faisant état de violations des mesures imposées à l'UNITA, a dit le représentant, le Conseil effectue une étape décisive dans le renforcement de ses propres capacités à faire respecter son régime des sanctions en Angola, en particulier, et sa politique de sanctions, en général. Le représentant a dit, à cet égard, attacher une grande importance à la relation étroite entre le mécanisme de contrôle et le comité des sanctions contre l'UNITA. Relevant un autre élément de la résolution, il a mis l'accent sur la mise en garde que la résolution lance aux Etats impliqués dans la violation des mesures imposées à l'Angola. Les dispositions pertinentes prouvent la détermination du Conseil à mettre fin à la culture de l'impunité en ce qui concerne le régime des sanctions, a-t-il estimé.

M. LLOYD AXWORTHY, Ministre des affaires étrangères du Canada, a retracé les menaces qui pèsent sur les civils angolais dans un pays largement pourvu de richesses, mais très pauvre sur le plan de la sécurité humaine. Cette nouvelle violence qui a étouffé les espoirs du pays, ne se serait pas produite si l'UNITA n'avait pas mal employé les revenus provenant des richesses du pays pour servir ses fins. Il a rappelé que le Conseil de sécurité a pris une mesure sans précédent en approuvant la création d'un Groupe d'experts d'indépendants ayant pour mandat de recueillir des renseignements précis sur le respect et le non- respect des dispositions du régime de sanctions et de présenter au Conseil des recommandations sur la façon de les mettre en œuvre.

Il importe maintenant que le Conseil fasse son travail et s'emploie à faire appliquer les recommandations du Groupe d'experts, grâce à une action précise visant à mettre fin au trafic de diamants et à intensifier les restrictions financières et autres imposées aux chefs des rebelles. Le Canada, a-t-il indiqué, apportera une contribution de 100 000 dollars pour aider l'organe de vérification indépendant, prévu par la résolution dont le Conseil est saisi, à préparer son rapport sur l'opportunité d'imposer des sanctions additionnelles aux parties réputées agir en violation des sanctions actuelles.

Le Ministre a insisté que les pays voisins ne doivent pas être seuls à porter la responsabilité de la mise en œuvre du régime des sanctions. Il s'est dit disposé à apporter une aide technique et financière aux pays de la SADC pour accroître l'efficacité de leurs efforts. En outre, le Canada est prêt à parrainer la conférence d'experts sur le trafic de diamants dont il est fait mention dans le projet de résolution. Cette conférence permettrait d'élaborer un nouveau système de vérification et renforcerait l'obligation de rendre compte du marché des diamants, depuis la source jusqu'aux bourses diamantaires du monde entier.

Le Ministre a souligné la responsabilité des autorités angolaises envers leurs citoyens. Il a engagé les deux parties, l'UNITA et le Gouvernement angolais, à faire preuve d'initiative et à négocier -- et à mettre en œuvre intégralement -- une entente sur la base du Protocole de Lusaka. Il s'est félicité des mesures proposées pour faire respecter les sanctions et a souligné qu'elles nécessitent la mobilisation d'une volonté et de ressources considérables. Toutefois, a-t-il ajouté, si ces mesures portent fruit, elles pourraient servir de modèle pour une action bien ciblée contre les belligérants dans d'autres situations de conflit. En dernier lieu, il a fait valoir que les conclusions du Groupe d'experts soulignent que même si les décisions du Conseil reflètent la volonté de la communauté internationale, leur mise en œuvre dépend de l'action de chacun des membres.

M. JOAOA BERNARDO DE MIRANDA, Ministre des relations extérieures de l’Angola, a rappelé qu’il y a 7 ans, lorsque les premières sanctions ont été imposées aux rebelles de l’UNITA, il était convaincu que l'autorité politique du Conseil et les moyens qu'il s'était donnés garantiraient le respect de toutes les dispositions contenues dans la résolution 864 (1993) et dans celles qui ont suivi en 1997 et 1998. Il a regretté que l’absence d’un mécanisme de contrôle du respect des sanctions et la mauvaise foi de M. Savimbi et de ceux qui s'enrichissent du trafic des armes, des diamants et de la crise en Angola aient permis la violation des sanctions. Regrettant que certains Etats et individus continuent de soutenir M. Savimbi et de bafouer l’autorité du Conseil, il a jugé inacceptable que l’on soutienne celui qui s'est retourné contre l’ordre constitutionnel et mène une guerre contre un Gouvernement démocratiquement élu.

Regrettant que les Nations Unies aient tant tardé à mener une enquête sur les violations des sanctions et à identifier les responsables, il s’est félicité des recommandations adoptées qui démontrent l’objectivité et la transparence qui a présidé à l’élaboration du rapport du Groupe d’experts. Il appartient désormais au Conseil d’assumer ses responsabilités et de justifier de la confiance que lui témoignent les Etats Membres, a-t-il ajouté avant de demander aux membres du Conseil d'utiliser tous les moyens à sa disposition pour s’assurer que les Etats respectent ses décisions et particulièrement les résolutions 864 (1993), 1127 (1997( et 1173 (1998). Se félicitant de la résolution adoptée aujourd’hui, il a espéré que tous les gouvernements coopèreront avec le comité des sanctions dans le but d’isoler M. Savimbi de ses appuis extérieurs. Il a appelé les organisations régionales, notamment l’Organisation de l'unité africaine dont l’Angola est membre, à soutenir, à l’exemple de la SADC, l’application des résolutions de l’ONU et des recommandations du comité des sanctions. Il a également demandé à l’OUA d’utiliser ce rapport du Groupe d’experts comme document de référence dans toutes les initiatives relatives à la prévention, la gestion et la résolution des conflits.

M. YOUSSOUF OUEDRAOGO, Ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, a rappelé son intention de faire ressortir les faiblesses et les insuffisances du rapport afin de servir la cause de la paix par une investigation fondée sur la rigueur, l'impartialité, la transparence, la fiabilité, l'équité et la justice. Il a réaffirmé que son pays est solidaire des mesures décidées par le Conseil de sécurité et a rejeté, une nouvelle fois, les conclusions qui accusent nommément le Président du Burkina Faso ainsi que celles qui impliquent le Burkina Faso dans la violation des sanctions imposées à l'UNITA.

Il a porté à l'attention des membres du Conseil et de la communauté internationale que son Gouvernement a décidé de mettre en place, dès le 22 mars 2000, un Comité interministériel chargé du suivi de la mise en œuvre des sanctions contre l'UNITA. Ce comité a pour mission de veiller à la stricte application de ces sanctions, de faire prendre toutes les mesures nécessaires par les départements ministériels concernés et de procéder à l'évaluation périodique de l'application de ces mesures. Il est chargé de mener des enquêtes au niveau national sur la validité des éléments de preuve fournis par le Comité des sanctions. Il soumet, en cas de besoin, des rapports au Gouvernement burkinabé et au Comité des sanctions. En outre, le Gouvernement a donné des instructions pour que les services de sécurité prennent les mesures idoines, afin de renforcer les dispositions existantes, notamment celles interdisant l'entrée sur le territoire burkinabé de toute personne visée par les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

Le Ministre a ajouté que le Comité interministériel s'est déjà attelé au travail et a élaboré un mémorandum qui sera déposé dès demain devant le Comité des sanctions sur l'Angola. Il a accueilli favorablement la création par le Conseil d'un organe de surveillance chargé de poursuivre les investigations et d'enquêter sur les allégations de violation des sanctions en Angola, pourvu, évidemment, que cet autre groupe d'experts fasse son travail dans la transparence et l'équité. A cette condition, le Gouvernement du Burkina Faso est prêt à coopérer avec cet organe.

M. ANTONIO MONTEIRO (Portugal), s'exprimant au nom de l'Union européenne et des Etats associés, a dressé le bilan de l'application des sanctions imposées à l'UNITA et a insisté sur le fait qu'il importe de mettre fins à leurs violations. A cet égard, il s'est félicité des mesures préconisées par la résolution dont le Conseil est saisi et qui prévoit, notamment, la poursuite par un organe de contrôle indépendant du travail entrepris par le Groupe d'experts. Il s'est déclaré favorable à la perspective de l'examen de la situation au plus tard le 18 novembre 2000. L'Union européenne, gravement préoccupée par la situation en Angola, continuera de faire tous les efforts possibles pour favoriser une solution pacifique et politique au conflit qui ravage l'Angola. Pour cela, il faudrait que l'UNITA se transforme en un parti politique de bonne foi et accepte les dispositions prévues dans le Protocole de Lusaka. Il ne peut y avoir qu'une seule administration en Angola: il s'agit du Gouvernement d'unité nationale et de réconciliation. Il ne doit y avoir qu'une seule armée en Angola: il s'agit de l'armée nationale.

Pour sa part, a-t-il poursuivi, le Gouvernement angolais doit faire tous les efforts nécessaires pour créer des conditions favorables à la reprise par l'administration nationale des zones sous contrôle de l'UNITA. Les Nations Unies ont un rôle important à jouer pour aider le Gouvernement angolais à atteindre cet objectif et il faut se féliciter de la décision du Conseil de reconduire pour six mois le mandat du Bureau des Nations Unies en Angola (BUNUA). L'Union européenne, a-t-il indiqué, demeure prête à aider le Gouvernement angolais à faire face aux défis de la reconstruction du pays dans un cadre démocratique. Une attention particulière sera accordée à l'aide humanitaire dans le but d'alléger les souffrances du peuple angolais. En dernier lieu, il a insisté sur la coopération internationale nécessaire pour mettre en œuvre les dispositions figurant dans la résolution dont le Conseil est saisi. Il a réaffirmé la volonté de l'Union européenne d'appuyer les efforts internationaux en faveur de l'application stricte des sanctions imposées à l'UNITA et d'examiner attentivement l'aide qu'elle pourrait fournir aux Etats de la SADC dans ce domaine.

M. ANDRE ADAM (Belgique) a rappelé que la Belgique est le seul pays de l'Union européenne à avoir un système d'autorisations légales d'importation et d'exportation de diamant. Au contrôle douanier s'ajoute un second contrôle de vérification physique par des experts assermentés de chaque importation ou exportation. Le pays envisage également l'adoption d'une loi portant sur l'extraterritorialité des délits concernant le secteur des diamants. Le contrôle de la provenance et de l'origine des diamants, a convenu le représentant, constitue un élément essentiel de la problématique dont la complexité ne peut en aucun cas être sous-estimée. Malgré les difficultés en la matière, la Belgique reste persuadée que des procédures efficaces destinées à contrôler le commerce de diamants peuvent être mises au point et le pays continue donc à encourager les recherches entreprises dans ce domaine. De plus, a précisé le représentant, la Belgique est la seule à disposer de statistiques détaillées, qui permettent de dégager des tendances. Faisant part des efforts entrepris par le Conseil supérieur du diamant, le représentant a expliqué qu'il a fait des démarches destinées à aboutir à une meilleure application des sanctions. Il a mis en place avec les autorités angolaises un système de certificats d'origine plus fiables. Il s'est aussi engagé, à la demande du Gouvernement de revoir ses procédures, a dit le représentant avant de mentionner aussi qu'un autre groupe de travail, incluant des représentants du Gouvernement belge et du Conseil supérieur a été créé avec pour mission d'élaborer un programme de mesures à prendre. Le Conseil supérieur du diamant, a poursuivi le représentant, a aussi signé avec les autorités judiciaires compétentes un protocole d'accord en vertu duquel il s'engage à centraliser et à communiquer toutes les informations qui viendraient à sa connaissance et qui concerneraient des personnes ou des activités criminelles. Une réflexion est en cours au sein du Conseil supérieur et des premiers contacts ont été pris pour voir dans quelle mesure un système de contrôle comparable à celui qui existe en Angola est possible pour la Sierra Leone. Depuis l'introduction des sanctions concernant l'UNITA, aucun cas de malversation n'a été constaté, a affirmé le représentant en déclarant néanmoins que le statut administratif des experts chargés du contrôle des arrivages et des expéditions à Anvers, doit faire l'objet

d'une réforme. Une négociation est en cours entre les autorités gouvernementales compétentes et le Conseil supérieur du diamant. Le représentant a conclu en annonçant la tenue à Anvers d'une conférence internationale regroupant des représentants de tous les centres diamantaires.

M. VLADIMIR SOTIROV (Bulgarie), s'associant à la position du Portugal au nom de l'Union européenne, a rappelé les réserves formulées sur les méthodes de travail du Groupe d'experts indépendants et sur la crédibilité de ses sources, ainsi que sur son objectivité. Lorsqu'un Etat Membre est incriminé d'avoir contribué à la violation des sanctions décidées par le Conseil de sécurité, celui- ci doit avoir accès à tous les éléments de preuve invoqués pour préparer sa réponse. Il s'est déclaré insatisfait par la réponse qui a été fournie à la demande de sa délégation sur le rapport du Groupe d'experts selon laquelle le rapport se suffit à lui-même. Il a réfuté la validité de cette affirmation qui ne suffit pas lorsqu'un Etat est mis en cause. Il a espéré que les six mois supplémentaires dévolus au complément d'enquête permettront de remédier aux défaillances de ce rapport.

Le représentant a annoncé les mesures prises par son Gouvernement pour donner suite aux allégations du rapport. Ainsi une commission gouvernementale a été nommée pour enquêter sur les implications potentielles des institutions ou d'individus bulgares dans les violations des sanctions. Les résultats préliminaires de cette enquête ont été déjà portés à la connaissance des membres du Conseil et figurent au document paru sous la cote S/2000/267 et 315. Il a également rappelé que son pays avait collaboré de bonne foi avec le Groupe d'experts et demeurait prêt à collaborer avec le nouvel organe de contrôle. Il a souhaité que des leçons soient tirées de l'expérience acquise. Il importe que le nouvel organe de contrôle travaille en toute transparence, en se fondant sur des preuves vérifiables fournies par des sources fiables. En outre, la composition du nouvel organe doit refléter les principes d'objectivité, d'impartialité et de non- sélectivité. Ainsi aucun des pays mentionnés dans ce rapport ne devrait être représenté au sein de ce nouvel organe. Il s'est également demandé s'il serait sage que des experts ayant participé à la première enquête soient autorisés à travailler au sein du nouveau mécanisme. En dernier lieu, il a insisté que les mesures préconisées dans la résolution dont le Conseil est saisi demandent la coopération de la communauté internationale et s'est félicité de ce qu'elles prévoient un renforcement du contrôle sur le commerce des armes légères et de petit calibre.

M. CARLOS DOS SANTOS (Mozambique) a noté qu'un certain nombre de paragraphes du rapport du Groupe d'experts mentionne la Communauté pour le développement de l'Afrique australe (SADC) et le rôle que peuvent jouer ses membres dans l'application des mesures visant à renforcer les sanctions contre l'UNITA. Pour la SADC, il s'agit surtout du commerce du pétrole et de la faculté des membres de l'UNITA de se déplacer. Il est clair que pour appliquer les mesures préconisées par le rapport, les pays de la SADC auront besoin d'un appui technique et financier important de la part de la communauté internationale, a dit le représentant. Aujourd'hui, a-t-il poursuivi, la crédibilité du Conseil est en jeu. Il a pris une décision audacieuse qui doit être menée à bien et qui représente en fait un changement de cap dans la façon dont il fait respecter ses décisions et conduit ses affaires. L'occasion s'offre au Conseil de faire des progrès importants et de réaffirmer son autorité comme garant de la paix et de la sécurité internationales. La résolution est à la hauteur de la tâche et fait justice à l'excellent travail du Président du Comité des sanctions et du Groupe d'experts, a conclu le représentant.

M. MICHAEL JOHN POWLES (Nouvelle-Zélande), retraçant la dureté de la situation en Angola, a insisté sur l'importance d'appliquer strictement les sanctions décidées par le Conseil. Il importe de priver l'UNITA des moyens de faire la guerre et d'exiger des Etats Membres le respect total des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Pour ménager sa crédibilité, il est essentiel que le Conseil réagisse contre les violations des sanctions qu'il a imposées, c'est pourquoi la résolution dont le Conseil est saisi revêt une importance particulière.

M. DAUDI N. MWAKAWAGO (République-Unie de Tanzanie) a estimé que le rapport du Groupe d'experts est à compter au nombre des succès de la politique des sanctions du Conseil de sécurité. Il s'est félicité de la décision du Conseil de créer un Groupe d'experts chargé d'améliorer l'efficacité des sanctions des Nations Unies. Il a souligné que l'efficacité des sanctions dépendra de la façon dont le Conseil réagira face aux violations dénoncées par le premier Groupe d'experts. Si les responsables des violations des sanctions ne subissent aucune conséquence de leurs actes, la légitimité des sanctions sera entamée. L'application de certaines des recommandations du Groupe d'experts dépend aussi de la capacité des pays, qui, en l'occurrence, connaissent des contraintes réelles, a dit le représentant avant d'estimer que l'UNITA s'est trop longtemps moquée du Conseil et il n'a pas été le seul. Le représentant s'est félicité de la création d'un mécanisme de surveillance pour enquêter plus avant sur les violations des sanctions en rappelant que la gravité des accusations portées à l'endroit de ceux qui se prétendent innocents, dont des Chefs d'Etat, ne peut être atténuée que par la justesse du processus. En définitive, il serait bon de permettre à certaines branches de tomber où elles peuvent, a dit le représentant, en insistant qu'il est temps que les responsables des violations des sanctions assument leur responsabilité. Le représentant a conclu en accueillant avec satisfaction la proposition du Canada de convoquer une conférence d'experts pour élaborer un régime régissant le recours aux sanctions.

M. DENIS DANGUE REWAKA (Gabon) a retracé l'engagement du Gabon dans la recherche d'une solution pacifique au conflit qui sévit en Angola et de la collaboration des autorités angolaises et gabonaises en vue d'amener l'UNITA à s'acquitter des obligations qui lui incombent en vertu des accords conclus. Compte tenu des accusations portées contre le Gabon dans le rapport du Groupe d'experts, il a demandé des précisions concernant les dates exactes de livraisons de carburants et l'immatriculation des aéronefs incriminés. Il a regretté que le Groupe d'experts n'ait pas été en mesure d’étayer ses accusations concernant la livraison de carburant à l'UNITA, son ravitaillement par aéronefs et l'accueil d'un représentant officieux, et qu'il n'ait pas répondu à la demande d'informations de son Gouvernement. Il a jugé déplorable que le Groupe d'experts n'ait pas pris la peine de se rendre au Gabon et a demandé s'il suffit que le Conseil de sécurité affirme quelque chose sans en apporter la preuve pour que les parties mises en cause soient tenues responsables des faits allégués. Il a en outre posé la question de savoir si une telle pratique ne risquerait pas de ruiner le crédit et l'autorité du Conseil et s’il n'y avait pas là un défaut de transparence.

Réaffirmant que le Gabon n'a rien à se reprocher, le représentant a indiqué qu'il avait toutefois procédé à de premières investigations en collaboration avec les services de l'ambassade de l'Angola à Libreville pour retrouver, notamment, M. Francisco Camalata. Il a dit compter sur la coopération du Groupe d'experts pour aider le Gabon, au cas où sa vigilance aurait été trompée, à identifier les éventuels responsables afin de les sanctionner et d'empêcher la répétition de ces actes.

M. GELSON FONSECA (Brésil) s'est félicité qu'après la frustration du Conseil, à la suite du retrait de la dernière Mission des Nations Unies en Angola, le Gouvernement angolais soit aujourd'hui en mesure de réduire la capacité de l'UNITA à poursuivre une guerre classique. Il s'est félicité en outre que les Nations Unies aient pu reprendre leurs relations avec Luanda. La résolution dont est saisi le Conseil de sécurité, apporte un espoir de paix et témoigne de la sincérité de la délégation canadienne à l’égard des principes des Nations Unies. Le rapport du Groupe d'experts sur lequel se fonde la résolution lance un défi qui consiste à travailler efficacement pour mettre fin au non-respect des résolutions du Conseil, a déclaré le représentant en estimant que la résolution constitue une base juridique pertinente pour mettre hors-la-loi tout appui à l'UNITA. La résolution envoie un message clair au Chef de l'UNITA auquel il signifie qu'il n'est plus un interlocuteur valable dans le processus de paix. Pour le représentant, la tâche la plus difficile sera de reconstruire le pays et entre- temps, il s'est félicité que le Gouvernement angolais ait décidé d'organiser des élections générales en l'an 2001 et de procéder à l'élaboration d'une nouvelle constitution de ce pays. Le Bureau des Nations Unie en Angola a un rôle important à jouer en la matière et le représentant a espéré qu'il sera très prochainement opérationnel en subordonnant cette éventualité à l'incapacité de l'UNITA de poursuivre ses activités. Le représentant a lancé un appel à "ceux qui continuent d'apporter de l'aide à l'UNITA" pour leur demander d'être conscients qu'ils prorogent les souffrances du peuple angolais et que l'opprobre ne tardera pas à tomber sur eux. Le Conseil doit être ferme à l'égard de l'UNITA, c'est la seule façon de réaliser la paix en Angola.

M. INOCENCIO F. ARIAS (Espagne) s'est associé à la déclaration faite par le Portugal au nom de l'Union européenne et s'est déclaré convaincu du caractère indispensable des sanctions imposées par le Conseil à l'UNITA. Il a accueilli favorablement le rapport du Groupe d'experts et ses recommandations en vue de renforcer les sanctions qui constituent le seul moyen d'amener l'UNITA à un règlement pacifique. Il s'est déclaré convaincu que le Conseil doit être à même de répondre aux violations des sanctions et s'est donc félicité des recommandations imaginatives formulées dans ce domaine.

M. JOKONYA (Zimbabwe) s'est félicité du fait que le rapport du Groupe d'expert identifie bien la cupidité au titre des motivations de l'UNITA dans sa guerre déclarée contre le Gouvernement et le peuple angolais. Il a observé que les motivations économiques attisent les conflits en Afrique, comme c’est le cas de la République démocratique du Congo. Il a souligné que l'Angola, à l’instar de la RDC, sont victimes de la violence parce qu'elles disposent de richesses qui peuvent être pillées et dont les origines peuvent être falsifiées. Il a estimé que le pillage dans l'impunité des ressources de l'Angola par l'UNITA a encouragé le Rwanda et l'Ouganda à se servir librement des richesses naturelles de l'Est de la République démocratique du Congo. Le Rwanda qui ne dispose pas de richesses naturelles est à la recherche de biens qu’il veut s’approprier et c’est la raison pour laquelle il a déployé de nouvelles troupes composées de milliers d'hommes dans l'objectif de s'emparer du centre de le RDC et de mener une marche finale sur Kinshasa. Il a insisté sur le fait que son pays appuie sans réserves les mesures recommandées contre l'UNITA mais a observé que tant que le Rwanda occupe une partie du territoire de la RDC, l'UNITA disposera d'une ligne de vie pour faire passer des armes et des diamants sur ce territoire.

Comme l'a établi le rapport du Groupe d'experts, Kigali est en passe de devenir le centre des opérations extérieures de l'UNITA et il est probable que la route qui passe par Kigali et l'est de la RDC offre la possibilité d'acheminer des armes à l'UNITA. Il a rappelé les recommandations de la SADC visant la création d'un mécanisme de liaison interdépartementale entre les Etats Membres en vue du partage d'informations entre l'aviation civile, les autorités d'immigration, les services de renseignements, l'armée et la police. En outre, une force spéciale a été mise en place pour surveiller les vols suspects au-dessus de la région et les postes frontières et pour enquêter sur les allégations relatives aux activités de l'UNITA dans la sous-région, ainsi que sur les violations de l'espace aérien angolais. Cette force veillera à l'application des sanctions contre l'UNITA.

Cette force spéciale a également recommandé la création d'un centre régional d'information qui a rassemblé un important dossier concernant les individus et les entreprises qui ont des relations avec l'UNITA, informations qui ont été mises à la disposition du Groupe d'experts lors de sa visite à Harare. Ce travail a permis de souligner l'importance de la coopération entre les Etats et l'allocation de ressources suffisantes. Ainsi, si la SADC est prête à appliquer les dispositions de la résolution que le Conseil s'apprête à adopter, cette dernière devra faire appel à la communauté internationale pour qu'elle mette à sa disposition les ressources nécessaires à leur application, y compris en matière de communication et d'équipement de surveillance, car il est essentiel de moderniser et de revitaliser l'infrastructure que la SADC a mise en place il y a trois ans.

M. JOSEPH W. MUTABOBA (Rwanda) a indiqué que depuis l'examen du rapport du Groupe d'experts, les autorités et les services spécialisés de son pays n'ont épargné aucun effort pour enquêter sur les allégations faisant état d'une collaboration avec l'UNITA. Ils sont arrivés aux mêmes conclusions; ces allégations sont sans fondement. Le représentant a demandé que des enquêtes supplémentaires soient menées pour mettre à jour les informations précédentes. Il s'est félicité que la résolution présentée aujourd'hui fasse référence aux informations récentes et aux réponses apportées par les Etats mentionnés dans le rapport tout en appelant un plus grand nombre d'Etats à fournir des informations et des commentaires. Le représentant s'est félicite que la résolution équilibre ainsi l'impression produite par le premier rapport du Groupe d'experts. Le représentant n'a pas rejeté l'idée de la création d'une nouvelle équipe d'experts mais a souhaité une plus grande indépendance, une plus grande représentativité et un plus grand professionnalisme.

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