DEBAT DE HAUT NIVEAU : LES DELEGATIONS INSISTENT SUR L'ADOPTION EN 2000 DE LA CONVENTION CONTRE LA CRIMINALITE TRANSNATIONALE ORGANISEE
Communiqué de Presse
SOC/CP/226
DEBAT DE HAUT NIVEAU : LES DELEGATIONS INSISTENT SUR LADOPTION EN 2000 DE LA CONVENTION CONTRE LA CRIMINALITE TRANSNATIONALE ORGANISEE
20000417VIENNE, 15 avril -- Lachèvement de la convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et de ses trois protocoles dans le courant de cette année a été jugé de la plus haute importance par une majorité de délégations ce matin au cours du débat de haut niveau organisé dans le cadre du Dixième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants. Plus nous tarderons à établir une coopération internationale, plus augmenteront le nombre de crimes impunis et les souffrances des victimes, a ainsi souligné le représentant de la Norvège.
Dans son état actuel, la future convention prévoirait notamment de criminaliser les délits commis par les groupes criminels organisés, y compris la corruption et les délits liés aux entreprises et aux sociétés; de prendre des mesures énergiques contre le blanchiment dargent et le produit du crime; daccélérer et létendre la procédure de lextradition; de protéger les témoins; et de renforcer la coopération pour rechercher et poursuivre les suspects. Trois projets de protocoles sont également en cours de négociation, portant respectivement sur le trafic des êtres humains, le trafic de migrants et le trafic darmes à feu. Comme lont souhaité de nombreuses délégations ce matin, le projet de traité devrait être prêt pour être adopté, à lautomne prochain, par lAssemblée générale du millénaire.
Ces instruments juridiques viendraient renforcer nos arsenaux juridiques et notre capacité de coopérer au-delà de nos frontières, comme le font déjà tous les criminels, a souligné la représentante des Etats-Unis, soulignant que la finalisation de ces textes constitue un priorité pour son pays. Lessentiel des préoccupations de la communauté internationale en matière de lutte contre le crime se retrouve dans le projet de convention et ses protocoles, a estimé pour sa part le représentant de la France. Pour que cet instrument ait une dimension universelle, sans laquelle il serait vide de sens, nous devons aboutir en tenant compte des spécificités de chacun sur des sujets qui sont au cur de nos sociétés et de la souveraineté des États, a-t-il ajouté.
Plusieurs pays ont appelé lONU et la communauté internationale à ne pas négliger les difficultés que pourraient rencontrer les pays disposant de faibles ressources humaines et financières dans la mise en oeuvre des dispositions de la convention et ont souhaité quune assistance technique soit prévue à cette fin.
Dans le cadre du débat de haut niveau, les personnalités suivantes sont intervenues : les Ministres de la justice des Pays-Bas, du Cameroun, de la Lituanie, de lAlbanie, de la Slovaquie, du Soudan, le Vice-Premier Ministre de la Roumanie, les Ministres de lintérieur du Yémen, de lAzerbaïdjan, et le Vice- Ministre de lintérieur de lUkraine. Les représentants des pays suivants ont également pris la parole : Espagne, Etats-Unis, France, Maroc, Chypre, Norvège, Suède, Italie, Indonésie et Liechtenstein.
Le Congrès poursuivra son débat de haut niveau, cet après-midi à 15 heures.
DEBAT DE HAUT NIVEAU
Coopération internationale pour lutter contre la criminalité transnationale : nouveaux défis au XXIe siècle; et projet de déclaration sur la criminalité et la justice : relever les défis du XXIe siècle
M. BENK KORTHALS, Ministre de la justice des Pays-Bas : le dixième Congrès pour la prévention du crime est une autre pierre angulaire dans les efforts conjoints de lutte contre la criminalité et le renforcement de la coopération mutuelle. Ce faisant, le Congrès saligne sur les propositions présentées récemment par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, dans son remarquable Nous, les peuples. Cet intitulé souligne limportance dun engagement commun pour sattaquer aux problèmes mondiaux. Aujourdhui, malheureusement, nous devons admettre que le phénomène de la criminalité transnationale organisée constitue un de ces problèmes globaux. Le projet de déclaration du Congrès reflète clairement les objectifs que les Etats Membres se sont fixés. Tout en attachant une importance particulière à la finalisation du projet de convention sur la criminalité transnationale organisée et de ses protocoles, les Pays-Bas estiment que ces instruments devraient inclure le blanchiment de largent, de la prévention et de la corruption. Les dispositions de la convention devraient permettre une application concrète et efficace de lexécution de la loi et de lentraide judiciaire.
Toutes les manifestations de corruption ne sont pas liées au crime organisé, toutefois il est indispensable dadopter une approche holistique qui dépasse le champ dapplication de la convention afin de garantir une lutte efficace contre la corruption. Cette approche sous-tend le Programme mondial contre la corruption. Cest exactement pour cette raison que les Pays-Bas y contribuent financièrement. Dans la même perspective, ils appuient lélaboration dun instrument des Nations Unies contre la corruption. En mai 2001, ils accueilleront à La Haye le deuxième Forum mondial sur la lutte contre la corruption et la protection de lintégrité. Par ailleurs, lamélioration de la protection des droits des victimes est en cours de processus dans le pays. Au cours de ces dernières années, des mesures spécifiques ont été introduites dans la législation pénale. Les victimes doivent bénéficier de tout le soutien psychologique et pratique nécessaires. Cest pourquoi, le Gouvernement néerlandais appuie toutes les initiatives, y compris celles relatives aux moyens financiers, visant à créer des organisations de défense des droits des victimes dans les pays où cette forme dappui nexiste pas.
M. JOSE LUIS GONZALEZ MONTES, Ministère de la justice de lEspagne : la lutte menée en Espagne contre la criminalité transnationale organisée comprend trois volets, lutte contre le terrorisme, lutte contre la délinquance juvénile et lutte contre les nouvelles formes de criminalité. LEspagne appuie pleinement lavant projet de déclaration politique du Congrès, en particulier la condamnation radicale du terrorisme et les dispositions relatives à la traite des êtres humains, à la corruption et à la pratique des pots-de-vin dans les transactions commerciales. LEspagne appuie aussi le point relatif aux victimes car elle est consciente de ce que le nouveau droit pénal doit aussi traiter des relations entre la victime et le circuit judiciaire pour quil ny ait pas de double victimisation. LEspagne a, pour sa part, pris des mesures spécifiques en faveur des victimes. Dans ce contexte, un système dindemnisation des victimes a notamment été mis en place. LEspagne estime que le soutien des Nations Unies est important dans tous les domaines de la lutte contre la criminalité transnationale organisée et appuie les activités de lONU dans ce domaine. Elle est également fidèle à laction de lUnion européenne contre ce fléau et souscrit, dans ce contexte, à la déclaration faite par le Portugal au nom de lUnion. Mme ELISABETH VERVILLE (Etats-Unis) : lengagement politique des Etats-Unis en faveur de la lutte contre la criminalité organisée est pris au niveau du Président. En 1995, le Président Clinton avait rendu publique la première Directive décisionnelle présidentielle en matière de criminalité organisée. Il avait donné des instructions à tous les ministères de redoubler defforts pour lutter contre la criminalité internationale. Il leur a demandé doeuvrer en étroite coopération et avec les autres pays pour combattre la criminalité internationale. Puis, en 1998, le Président Clinton a lancé la première Stratégie globale sur le contrôle de la criminalité internationale pour lutter contre un large éventail dactivités criminelles, y compris la corruption, le blanchiment de largent, le trafic des stupéfiants, les délits cybernétiques, lespionnage économique, les crimes en col blanc et les autres activités délictuelles et criminelles. La Stratégie est diffusée sur Internet. En outre, le Vice-Président a pour sa part lancé une importante initiative nationale et internationale contre la corruption. Le Forum mondial sur la corruption tenu en février 1999, sous la direction du Vice-Président Gore, a adopté une déclaration finale ferme sur la promotion des principes et pratiques efficaces visant à prévenir et à détecter la corruption. Dans le cadre du suivi et du renforcement des mesures déjà adoptées, les Etats-Unis attendent les conclusions du prochain Forum mondial sur la corruption, qui se tiendra aux Pays-Bas en 2001.
Lune des plus hautes priorités du Gouvernement américain est la finalisation cette année de la convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et ses trois protocoles. Il est toutefois nécessaire de tenir compte des réalités mondiales et de veiller à ce quils assurent les instruments appropriés à chaque pays. Ces instruments devraient permettre de renforcer nos arsenaux juridiques et notre capacité de coopérer au-delà des frontières tout comme les criminels. Le Séminaire ministériel pour lAsie et le Pacifique, sur le renforcement des capacités nationales en matière de lutte contre la criminalité transnationale coparrainé par la Thaïlande et le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues (PNUCID) a contribué considérablement aux travaux du Congrès. Bien quil soit prématuré de discuter de la mise en oeuvre du projet de Convention et de ses trois protocoles, il serait nécessaire de mettre laccent sur la formation des autorités chargées de lapplication de la loi, lassistance technique, le renforcement des procédures dextradition et de lentraide judiciaire ainsi que sur le recours à la technologie dans la lutte contre la criminalité.
M. ROBERT MBELLA MBAPPE, Ministre de la justice, Garde des sceaux du Cameroun : depuis quelques années, le Cameroun connaît une recrudescence de la grande criminalité. Sagissant plus particulièrement du phénomène des coupeurs de route, celui-ci est pratiqué dans nos campagnes et principalement dans les provinces septentrionales du pays par des malfaiteurs aguerris aux techniques de combat militaire. Quant à la Feymania, elle procède des manuvres subtiles descroquerie, basées sur les relations de confiance créées par le malfaiteur qui profite de la naïveté et de la cupidité de la victime. La criminalité violente est attisée et exacerbée par lexistence dune quantité massive darmes à feu et de munitions provenant des sources clandestines et illicites. Cette criminalité est favorisée par la porosité des frontières et le déplacement massif des populations occasionné par des conflits armés des pays limitrophes. Pour combattre ces fléaux, le Gouvernement camerounais a pris un certain nombre de mesures, notamment : le plan gouvernemental de lutte contre la corruption; le renforcement des effectifs des forces de sécurité et du personnel de la justice. La sous-région sest dotée entre autres, dun accord de coopération en matière de police criminelle dont le but est de permettre les enquêtes policières conjointes dans le cadre de la recherche du crime transnational organisé. Dautre part, le Cameroun renforce son réseau de coopération bilatérale et multilatérale en vue de combattre ce type de crime. Dans le cadre de la lutte contre le blanchiment dargent, le Cameroun développe une coopération avec des organisations gouvernementales et non gouvernementales parmi les quelles le Groupe daction financière internationale (GAFI).
Le Cameroun appuie fortement lélaboration sous légide des Nations Unies du projet de Convention relatif à la criminalité transnationale organisée assortie de ses trois protocoles additionnels, et souhaite que dans ladite convention, il soit tenu compte des principes dégalité de traitement, de réciprocité et déquité. Il soutient fortement la proposition du Groupe des 77 et la Chine tendant à la création dun fonds spécial pour moderniser dans les pays en développement les institutions de lutte, et la mise en place des programmes de formation de policiers et de magistrats ainsi que le personnel des autres secteurs impliqués dans le combat contre la criminalité.
M. PIERRE CHARASSE, Ambassadeur itinérant, chargé de la lutte contre la corruption et la criminalité organisée de la France : la constatation faite dans la Rome antique selon laquelle si la justice vient à manquer, les royaumes sont de vastes brigandages, est plus actuelle que jamais. Le développement du marché à léchelle planétaire a certainement apporté progrès et croissance. Mais nous ne pouvons pas nous en remettre uniquement à la loi du marché. Nos sociétés pour pouvoir sépanouir ont besoin dÉtats structurés et forts, dotés dinstitutions adaptées à leur histoire, à leurs traditions et à leur culture qui garantissent laccès de chaque citoyen à des ressources, à léducation, à la sécurité, aux services publics et à la justice sans lesquels il ny aura pas de progrès.
La prévention est évidemment à la base de tout et elle commence dès lenfance. La France développe actuellement des politiques de prévention dans une approche partenariale, intégrée et de proximité qui tend à la réinsertion des exclus dans la société. La délinquance aujourdhui, particulièrement si elle est astucieuse, ainsi que les actes de corruption sinscrivent dans une finalité économique. Les criminels savèrent de moins en moins sensibles à la privation de leur liberté mais sinquiètent de la diminution de leurs profits. Rendre impossible ou très risqué le blanchiment dargent est pour la France la clé de toute politique de lutte contre la criminalité et la corruption. Elle uvre, avec lunion européenne, pour que le plus grand nombre possible dÉtats se dotent de dispositifs de prévention et de répression du blanchiment en associant les professions concernées du secteur privé et les services publics en charge de ces questions. Elle approuve sans réserve linitiative du Groupe daction financière internationale (GAFI) de dresser la liste des pays et territoires non coopératifs. La corruption est un phénomène très ancien, aussi vieux que le monde.
Comme la plupart des pays, la France a été confrontée dans les vingt dernières années à une montée des affaires de corruption. Elle sest dotée dinstruments et de structures nouveaux dont lefficacité est aujourdhui visible. Elle a été un partenaire actif dans la négociation de la Convention de lOCDE sur la corruption des agents publics étrangers dans les transactions commerciales. Notre Parlement a voulu aller au fond des choses et vient dachever lexamen du projet de loi de transposition de cette Convention. Le moment venu mon pays acceptera, dans la sérénité, la procédure dévaluation à laquelle il sera soumis. Elle exprime son soutien à un instrument international contre la corruption dans le cadre des Nations Unies. Le développement spectaculaire des technologies de linformation et dInternet place les États, les individus et les entreprises devant des problèmes inattendus qui aujourdhui nous déconcertent.
Les États doivent travailler avec le secteur privé qui est à la fois victime dactes criminels via Internet et fournisseur de solutions techniques. La France a tenu à organiser à Paris dans les prochaines semaines une conférence du G8 qui réunira pour la première fois les services de police et de justice de ces pays avec des entreprises privées spécialisées. Lobjectif de cette rencontre est douvrir un dialogue entre les pouvoirs publics et le secteur privé sur la confiance et la sécurité dans le cyberespace et dexplorer les solutions techniques et juridiques acceptables par tous. Toutes ces activités délinquantes occasionnent des victimes. Tant que nous ne sommes pas capables de garantir leur sécurité, nous devons à ces personnes aide et réparation. Tout travail sur tel ou tel type de délinquance devrait donc comporter un volet relatif au droit des victimes. Lessentiel de ces préoccupations se retrouve dans le projet de convention sur la criminalité transnationale organisée et ses protocoles additionnels. La France attache une importance primordiale à ces futurs instruments. La France souhaite que le rythme des négociations soit maintenu, en ajoutant si nécessaire une session supplémentaire cet automne, afin de pouvoir signer la convention et ses protocoles additionnels à Palerme avant la fin de lannée. Pour que cet instrument ait une dimension universelle, sans laquelle il serait vide de sens, nous devons aboutir en tenant compte des spécificités de chacun sur des sujets qui sont au cur de nos sociétés et de la souveraineté des États. La France, comme vous le voyez, est active sur ces sujets qui conditionnent le monde de demain. Elle le montre aussi en consacrant dimportants moyens budgétaires (environ 120 millions de francs par, soit 20 millions dEuros) à la coopération technique bilatérale ou multilatérale précisément dans ces domaines.
M. ABDERRAHIM BENMOUSSA (Maroc) : la communauté internationale vit actuellement sous lempire dune métastase mondiale de trafics en tous genres qui ont infecté lessentiel des activités humaines. Selon lObservatoire de la mondialisation, le produit criminel mondial brut se situe bien au-delà des 1000 milliards de dollars par an soit léquivalent dun cinquième du commerce mondial. En dix ans, les réseaux de la grande criminalité, après réduction de tous les frais, y compris les pertes dues aux saisies et à la répression, ont accumulé léquivalent de 5000 milliards de dollars, soit plus de trois fois le montant des réserves en devises de toutes les banques centrales. Nous savons quil existe de par le monde un ensemble de centres financiers of shore installés dans des îles ou dans de grandes places financières où sont blanchies et réinvestis environ 350 milliards de dollars annuellement. Dailleurs, le FMI a évalué les avoirs financiers de ces paradis fiscaux à 5500 milliards de dollars en 1999, soit léquivalent de 15% du PNB mondial et 11 fois le revenu continental de toute lAfrique. A tout le moins, dans le cadre de notre déclaration, ne convient-il dinciter ces centres financiers off shore à adopter, volontairement ou autrement, un code de bonne conduite élaborée à partir de normes légales minima destinées à rendre plus efficace la lutte contre le blanchiment dargent? Le devoir dingérence invoqué si aisément ailleurs, ne trouve-t-il pas une judicieuse application dans ce cas?
Ce nest pas avec des colloques, des déclarations quinquennales ou la litanie des recommandations du Groupe daction financière internationale (GAFI) que les gouvernements triompheront de la grande criminalité transnationale organisée. Il demeure que présentement la communauté des nations, et particulièrement celles qui ont des responsabilités particulières dans la gestion des crises internationales, ne semblent pas donner des signes irréfragables de leur détermination à lutter contre le crime transnational.
La rivalité effrénée pour capter les flux financiers de toutes origines, même douteuses, au moyen dune dérégulation aveugle et dune levée de toute entrave à leur libre circulation, profite au premier chef à la grande criminalité et ses complices. Il y a donc, des niveaux de complaisance qui laissent rêveur.
Lopportunité de ce Xème Congrès, nous donne le moyen de vérifier si le financement de la lutte contre le crime concomitamment avec lallocation de ressources additionnelles en faveur du développement, peut prendre des formes nouvelles, sur la base du principe démolisseur/payeur. La société civile internationale se mobilise pour linstitution immédiate dune taxe Tobin internationale pour réduire les dégâts de la spéculation financière, et restaurer le rôle de lÉtat et de la démocratie dans une mondialisation débridée. En tout état de cause, et quelle que soit la formule utilisée, le lancinant problème du financement du développement humain et durable tout autant que lallocation de moyens adéquats pour lutter contre les fléaux sociaux mondiaux, nauront pas de solution ni de fin tant que la communauté internationale hésitera à résoudre des problèmes globaux par nature, au moyen de mesures également globales, par nécessité.
M. MYKOLA DZHYGA, Premier Vice-Ministre de lintérieur de lUkraine : face à laugmentation de la criminalité transnationale organisée, il est essentiel de consolider les Etats et de prendre des mesures concertées et efficaces pour lutter contre ce fléau. Cela exige notamment la mise en place dune coopération entre les organes judiciaires de tous les pays et lidentification de priorités. LUkraine a, pour sa part, conclu des accords bilatéraux avec de nombreux pays en matière dentraide judiciaire. Dans ce cadre, elle partage et reçoit des informations sur les membres de bandes criminelles qui pourraient se trouver en Ukraine ou en Europe centrale. Létablissement de priorités en matière de coopération est facilité par de nombreuses rencontres entre des organes de répression.
LUkraine estime que lentrée en vigueur rapide de la convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et ses protocoles sera un pas important sur la voie de lamélioration de lentraide et de la coopération entre les Etats. Conformément aux dispositions du protocole sur la traite des êtres humains, les pays devront élaborer un système dentraide beaucoup plus efficace dans ce domaine. Les possibilités de lUkraine de lutter contre ce phénomène sont limitées. Cest pourquoi, nous nous réjouissons du renforcement de la coopération. La lutte contre la corruption constitue une autre priorité en Ukraine. Un Comité présidentiel de coordination de la lutte contre la criminalité organisée et la corruption a été créé et le Gouvernement a adopté une loi sur la lutte contre la corruption. La corruption existe en Ukraine mais le Gouvernement fait tout son possible pour venir à bout de ce fléau.
Un autre problème qui nous préoccupe beaucoup est limmigration clandestine. Les itinéraires des migrants clandestins ont beaucoup changé au cours des dernières années et leur chemin de transit passe aujourdhui davantage par la Russie et lUkraine. Or, nous avons des moyens limités et avons besoin daide pour lutter contre ce fléau. Plusieurs méthodes concrètes pourraient être utiles dans cette lutte, comme léchange dinformations, la création dune banque de données sur les trafiquants, léchange de documents sur les immatriculations de véhicules automobiles. Il faudrait aussi veiller à avoir un instrument mondial de lutte contre le blanchiment dargent. LONU joue un rôle unique en cette époque de mondialisation et lUkraine appuie toutes ses activités dans la lutte contre la criminalité.
M. VALERIV STOICA, Vice-Premier Ministre et Ministre de la justice de la Roumanie : la Roumanie sefforce de mettre en place un système de justice juste, moral, équitable et efficace et recherche les stratégies les plus adéquates, en promouvant létat de droit. En tant que concept juridique, mais aussi culturel et social, létat de droit peut créer les conditions pour que lévolution sociale noutrepasse pas la loi et la jurisprudence. Une attention particulière est accordée en Roumanie à la protection de lindépendance des juges et autres fonctionnaires chargés de lapplication de la loi en vue de les mettre à labris de linfluence de ceux qui ont le pouvoir politique et économique, ainsi quà la formation professionnelle des juges, des procureurs et des policiers. La réforme de la justice pénale vise à la réalisation dun équilibre viable entre la protection des droits de lhomme et la lutte contre la criminalité.
Le Ministère roumain de la justice a élaboré un projet de loi sur laccélération de la réforme de la justice qui met notamment laccent sur la réforme du Code pénal et du Code de procédure pénale et prévoit, entre autres, la responsabilité pénale des personnes morales, la responsabilité pénale pour les délits de corruption perpétrés par des fonctionnaires internationaux, la protection des témoins, et des peines de substitution. Dautres projets de loi visent la lutte contre la corruption, le trafic et labus de drogues, ou créent les conditions en vue de lapplication en droit interne des conventions internationales en matière dextradition, dassistance judiciaire mutuelle et de transfert des condamnés.
La Roumanie qui aspire à adhérer à lUnion européenne, appuie pleinement la déclaration du Portugal au nom de lUnion européenne en ce qui concerne la nécessité dévaluer la situation actuelle dans le domaine de la justice pénale et de renforcer la coopération internationale en matière de lutte contre la criminalité. La détermination de la Roumanie à jouer un rôle actif dans la lutte contre la criminalité se reflète notamment dans le fait quelle a accueilli fin mars à Bucarest la Conférence régionale des pays dEurope centrale et orientale sur la lutte contre la corruption et a créé à Bucarest un Centre régional de lutte contre la criminalité transnationale organisée. Elle est convaincue que la coopération internationale doit être appréhendée de manière multidisciplinaire et globale avec la participation de tous les secteurs et être flexible en ce qui concerne lintégration progressive des normes internationales dans la législation nationale de chaque Etat. Elle doit veiller à créer des mécanismes de suivi visant à renforcer la confiance dans la viabilité des actions menées contre la corruption et assurer la complémentarité entre les actions et les mécanismes créés sous les auspices des divers organes internationaux.
M. LAZAROS SAVVIDES, Secrétaire permanent au Ministère de la justice et de lordre public de Chypre : depuis son indépendance il y a 40 ans, Chypre a réalisé des progrès considérables en matière de développement économique et social. Le Gouvernement a pris de fermes engagements en faveur des principes régissant le pluralisme démocratique, les droits de lhomme, létat de droit et léconomie de marché. Toutefois, les nouveaux défis de la criminalité transnationale organisée ont été favorisés par la situation géographique de lîle, qui la rend plus vulnérable aux incidences des conflits internes et internationaux dans les pays de la région. Aux problèmes sociaux, économiques et politiques caractérisant certaines pays de la région de la Méditerranée orientale, sajoutent le trafic des stupéfiants et le blanchiment de largent issu dactivités illicites. Chypre a pris des mesures appropriées, en vue de prévenir et de lutter contre le blanchiment dargent. Le Gouvernement de Chypre, qui attache une très grande priorité à la nécessité dune action appropriée et efficace, a établi un cadre juridique adéquat, promu les capacités dexécution de la loi, et mis en oeuvre des mesures efficaces. Dans ce contexte, il a renforcé la coopération bilatérale et multilatérale pour mieux répondre aux défis de la criminalité. Il a été crée un Service chargé de la lutte contre le blanchiment de largent, des autorités de contrôle de la Bourse, des compagnies dassurance et une Autorité consultative mixte associant les secteurs public et privé pour assurer la prévention du crime. En outre, Chypre a renforcé sa coopération régionale et internationale, notamment avec le Comité dexperts sur lévaluation des mesures contre le blanchiment de largent du Conseil de lEurope et le Groupe dexperts sur laction financière de lOCDE et autres institutions étrangères.
Mme KRISTINA RENNERSTEDT, Ministère de la justice de la Suède : la finalisation du projet de Convention contre la criminalité transnationale organisée et ses protocoles constitue le moyen le plus important de coopérer ensemble pour lutter contre cette menace. Pour garantir le succès de la lutte contre la criminalité transnationale organisée, il est également essentiel que les Etats mettent en oeuvre rapidement les instruments pertinents. A cet égard, les travaux accomplis par un Groupe dexperts contre la criminalité transnationale organisée dans les Pays baltes illustrent clairement la ferme volonté politique de ces pays.
Le traitement des délinquants est un autre aspect de la prévention du crime et doit accorder une attention particulière aux jeunes délinquants. Lorsquon ne peut éviter un emprisonnement traditionnel, la peine devrait être purgée conformément aux droits de lhomme. Sans escompter des résultats immédiats, il est extrêmement important que lemprisonnement soit associé à des mesures visant la réduction des risques de récidive. Les Nations Unies ont, dans ce cadre, déployé des efforts considérables pour promouvoir un traitement plus humain des prisonniers. Dans de nombreux pays, les conditions carcérales sont loin dêtre acceptables et aucun gouvernement ne peut prétendre quil nexiste aucun moyen de les améliorer. Il est souhaitable que les Nations Unies continuent daccorder une haute priorité au traitement des prisonniers et à la protection de leurs droits de lhomme. A cet égard, la Suède déplore profondément que le recours à la peine capitale ait connu une augmentation au cours de ces dernières années. Tous ceux qui oeuvrent en faveur dune politique de prévention du crime devraient aussi défendre labolition de la peine de mort. Notre ambition est dempêcher des membres de la société de devenir des victimes de crimes et comme on ne peut éliminer complètement la criminalité, on ne doit épargner aucun effort pour nous approcher de notre objectif. Cest pourquoi, le dixième Congrès devra contribuer de manière cruciale à une prévention efficace de la criminalité.
M. GINTARAS BALCIUNAS, Ministre de la justice de la Lituanie : alors que la Lituanie parachève sa transformation en une société démocratique et une économie de marché, il est extrêmement important de mettre en place un ensemble de mesures visant à prévenir les menaces liées à la criminalité organisée et à la corruption, comme lapparition dune économie parallèle ou illégale, limportation du crime organisé et de la corruption de lEst et de lOuest, et les influences sur le système politique de lEtat ou les tentatives visant à assujettir le pays et limiter sa souveraineté. La criminalité organisée et la corruption sont des phénomènes sociaux dérivés des activités économiques clandestines, liées aux privatisations illicites, à la contrebande de marchandises, au blanchiment dargent, à lévasion fiscale, au trafic de drogue, à la prostitution. La Lituanie a pris une série de mesures pour prévenir le crime et la corruption. Il sagit non seulement de mesures juridiques, mais aussi de mesures sociales, économiques, financières, et dans le domaine de linformation entre autres.
Des programmes spécifiques ont été mis en oeuvre en matière, notamment, de contrôle de limmigration, de la prévention de la criminalité économique et du contrôle des stupéfiants. Une stratégie nationale de prévention de la corruption est en cours dapplication.
Un nouveau code pénal et un nouveau code de procédure pénale seront adoptés cette année. La politique du Gouvernement soriente vers lamélioration des mesures dorganisation qui régissent les activités des organes judiciaires et dapplication de la loi. Nous avons des organes spéciaux denquête sur le crime organisé et une Unité spéciale a été créée pour prévenir les délits financiers. La loi anti-corruption prévoit la création dun Conseil de coordination dans ce domaine qui sera composé de hauts fonctionnaires de lEtat. Lan dernier, des tribunaux administratifs dotés de compétences spéciales sont devenus opérationnels dont lobjectif est dassurer la protection juridique des individus contre les abus des fonctionnaires de ladministration publique. La Lituanie souhaite encore souligner le rôle important du Centre pour la prévention du crime lituanien.
La Lituanie a adhéré à la majorité des conventions du Conseil de lEurope réglementant lentraide judiciaire, ainsi quà de nombreux instruments de lONU. De nombreux traités bilatéraux régissant les relations en matière dentraide judiciaire ont été conclus. Pour renforcer la protection de nos frontières, nous nous concentrons sur les frontières à lEst où nous essayons de bloquer le trafic de migrants et de drogues en provenance dAsie et qui transitent par lEurope orientale. La Lituanie coopère au sein dInterpol et élargit, par ailleurs, sa coopération avec lUnion européenne à laquelle elle souhaite adhérer.
M. HUSSEIN MOHAMMED (Yémen) : le Dixième Congrès pour la prévention du crime impose à tous les Etats membres de prendre des mesures vigoureuses pour lutter efficacement contre la criminalité transnationale. Soulignant que la coopération doit être développée à tous les niveaux, le Yémen réaffirme la nécessité de renforcer létat de droit. Il appuie tous les efforts déployés par la communauté internationale visant à combattre et à éliminer les différents aspects de la criminalité. Il faudrait mettre en place des mécanismes appropriés pour garantir un traitement humain des délinquants et les droits de leurs victimes. Le Gouvernement yéménite prévoit des mesures particulières en faveur des femmes afin de les protéger contre la violence et de leur permettre une participation plus active dans la vie publique et politique. Convaincu que le Congrès sera couronné de succès, le Yémen estime que cette réunion donnera des orientations claires aux gouvernements pour instituer les mesures indispensables à la prévention de la criminalité transnationale organisée.
M. RAMIL USUBOV, Ministre de lintérieur de lAzerbaïdjan : lAzerbaïdjan mène actuellement à bien la transformation de son économie et sa transition démocratique, en donnant la priorité absolue aux valeurs humaines. Récemment une stabilité sociale a pu être instaurée et la société civile rétablie. Létat de droit est fondé sur tout un ensemble de principes respectueux de la dignité humaine. Nous avons aussi un ensemble de lois visant à lutter contre la criminalité organisée. On assiste aujourdhui à une diminution du nombre de délits. Par 100.000 habitants, nous navons enregistré que 217 délits lan dernier.
LAzerbaïdjan prend une part active aux efforts de coopération de la communauté internationale dans le domaine de la lutte contre la criminalité et a adhéré à plusieurs instruments internationaux. Nous essayons détoffer cette coopération dans divers domaines, notamment en matière dentraide judiciaire, déchange dinformation, de la création de bases de données, et des questions des droits de lhomme. Nous avons déjà enregistré des résultats positifs et appuyons le renforcement de cette coopération. Il serait simpliste didentifier les processus de migrations avec les activités criminelles uniquement. De même, il importe dadopter une approche équilibrée en ce qui concerne les références aux concepts ethniques dans le projet de convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée.
LAzerbaïdjan est également préoccupé par laugmentation des nouvelles formes que prend le crime organisé, y compris les activités dorganisations terroristes et autres groupes criminels, ainsi que les assauts contre des Etats sous la forme dagression et de génocide. Il est bien connu que les activités de groupes séparatistes armés dans diverses régions et pays incluent des violations des droits de lhomme, des actes de violence, des attaques terroristes, lutilisation de mercenaires, le trafic illicite darmes à feu, la traite dêtres humains et nombre dautres crimes graves. On retrouve là toute la gamme de la criminalité transnationale organisée. LAzerbaïdjan a été victime de séparatisme armé avec lappui de lArménie voisine qui a entraîné loccupation illégale dune partie de son territoire. Tout cela a une influence négative sur la situation sociale du pays. LAzerbaïdjan compte sur lappui de la communauté internationale. Elle est convaincue que si lon ne sattaque pas à la question du séparatisme armé, on permettra à cette menace de croître davantage et de devenir lun des défis les plus graves du XXIe siècle. Cette menace devrait faire lobjet de dispositions condamnant le séparatisme armé dans le projet de déclaration du Congrès. Certains Etats devront résoudre un certain nombre de problèmes importants pour mettre en oeuvre au niveau national les dispositions de la convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée. LAzerbaïdjan apprécierait de recevoir une assistance technique à cette fin.
M. ILIR PANDA, Ministre de la justice de lAlbanie : dans des circonstances difficiles, le Gouvernement albanais a fait de son mieux pour mettre en oeuvre une nouvelle législation conforme aux normes internationales en vigueur. En quelques mois, les bâtiments abritant les juridictions nationales ont été reconstruits grâce à des ressources nationales et aux contributions généreuses de certains donateurs. En même temps, lAlbanie a pris les mesures juridiques nécessaires pour désarmer la population albanaise. En vertu de la nouvelle Constitution, le Gouvernement a réalisé à titre prioritaire une réforme fondamentale du cadre juridique et judiciaire. De nouvelles lois ont été promulguées insistant sur lindépendance du pouvoir judiciaire, la décentralisation et le contrôle. Des efforts considérables ont été accomplis pour améliorer les compétences et garantir lintégrité des juges, et pour lutter contre la corruption et la criminalité organisée.
Toutefois, laggravation de la situation politique et économique du pays dans les années 90 a entraîné une augmentation de la criminalité. A linstar dautres pays, la transition a été accompagnée par une plus grande liberté individuelle, ce qui a créé un climat propice à une criminalité florissante. En 1999, la police a appréhendé une quarantaine de groupes armés qui opéraient depuis 1997. La situation géographique de lAlbanie carrefour entre lEst et lOuest a facilité le transit des trafiquants. Les pays de lEurope occidentale devraient accorder un intérêt particulier à la fermeture des routes empruntées par les trafiquants.
Dans le cadre de sa lutte contre la corruption, lAlbanie a mis en place un nouveau plan ce mois pour renforcer le pouvoir judiciaire, létat de droit, lordre public et elle a institué un Ombudsman en tant que priorité. La nature transnationale de la criminalité a exigé une coopération étroite entre les autorités de police des pays de la région. A cet égard, lAlbanie appuie la position du Bureau italien pour les poursuites contre la Mafia concernant la création dun Bureau européen dans ce domaine. Le Gouvernement albanais se dit prêt à mettre en oeuvre le projet sur la réforme juridique et judiciaire, élaboré par la Banque mondiale.
M. JAN CARNOGARSKY, Ministre de la justice de la Slovaquie : nous avons été capables de défaire deux puissantes dictatures au cours de ce siècle, celle du communisme et celle du nazisme. Nous réussirons donc aussi à relever le défi de la criminalité organisée. Pour cela un effort international fondé sur des bases solides est nécessaire. Pour sa part, la Slovaquie a adhéré à plusieurs instruments internationaux de lutte contre la criminalité, dans les domaines notamment de la corruption et du blanchiment dargent. Lintégration dans la législation nationale des dispositions de la convention de lOCDE sur la corruption des agents publics étrangers dans les transactions commerciales internationales et de la Convention pénale européenne sur la corruption permettra de criminaliser la corruption active et passive de fonctionnaires publics et de renforcer les sanctions contre ces personnes.
Le problème du blanchiment dargent est réglementé par une loi séparée sur la lutte contre la légitimisation des profits du crime qui prévoit une série dinstruments visant à prévenir, détecter et sanctionner les actes dindividus et de personnes morales se livrant à ce type dactivités. Le Gouvernement slovaque a approuvé une Stratégie de prévention de la criminalité et prépare actuellement un projet de loi sur la prévention du crime et les autres activités anti-sociales, ainsi que sur un fonds de prévention du crime. Le Gouvernement a approuvé le 3 mars dernier la participation de la Slovaquie au Groupe des Etats contre la corruption, GRECO, mécanisme de contrôle du Conseil de lEurope dans la lutte contre la corruption. Dans le cadre du projet conjoint du Conseil de lEurope et de lUnion européenne Octopus I, le Gouvernement a demandé aux ministres de la justice et de lintérieur et au procureur général délaborer des mesures de lutte contre la corruption et la criminalité organisée. La Slovaquie participe aussi à la deuxième phase du projet Octopus II.
M. OYSTEIN MAELAND, Ministère de la justice de la Norvège : ladoption de la convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et de ses trois protocoles ouvrira un nouveau chapitre dans la lutte contre la criminalité transnationale organisée. Lachèvement de ces quatre instruments juridiques cette année est de la plus haute importance car, plus nous tardons, plus les criminels pourront profiter du vide actuel. La Norvège prendra, pour sa part, des mesures pour mettre rapidement en oeuvre les dispositions de la convention et de ses protocoles au niveau national. Il est essentiel que tous les pays participent aux négociations de ces instruments. Cest pourquoi, la Norvège a versé une contribution substantielle afin de permettre aux pays en développement dy prendre part.
Un domaine prioritaire est la lutte contre la corruption. La Norvège se réjouit donc de la volonté détablir un instrument juridique distinct sur cette question. Les trois protocoles traitent de domaines qui requièrent lattention urgente de la communauté internationale. La Norvège est particulièrement préoccupée de laugmentation de la traite des êtres humains, facilitée par les nouvelles technologies et lessor des voyages. Il est essentiel daméliorer lefficacité des actions de lutte contre lexploitation sexuelle et la pornographie impliquant des enfants et de sensibiliser davantage le public à la question. La Norvège souhaite que le protocole sur les armes à feu vise à prévenir de manière décisive laggravation du trafic darmes. La mise en place de programmes qui fonctionnent bien est une priorité pour la Norvège qui sattache à renforcer la coordination entre les autorités locales et la police. Un plan daction de prévention de la délinquance des mineurs a été lancé récemment qui vise notamment à aider les communautés locales à renforcer la coopération entre les écoles, les services sociaux, la polices et les organisations bénévoles. La police norvégienne a lobligation de se concentrer sur la résolution efficace du problème lorsquelle évalue les mesures à prendre dans la lutte contre le crime. Cela exige une bonne connaissance des conditions locales. Le contact avec la communauté constitue une priorité des services de police norvégiens.
La Norvège accueillera en mai prochain à Oslo une conférence internationale sur la criminalité informatique qui permettra dévaluer les défis que posent ce type dactivités criminelles. Elle se félicite du développement du Centre des Nations Unies pour la prévention du crime en un organe fournissant une assistance technique dans des domaines clés. Il est important que tous les organismes de lONU se concentrent sur les avantages comparatifs quils ont à offrir. Le Centre a, pour sa part, un rôle important à jouer dans le domaine de la police internationale et de lentraide judiciaire. Le Congrès va orienter notre future coopération. Les efforts régionaux ne doivent pas se substituer aux efforts mondiaux, mais on ne peut non plus oublier les défis qui se posent au niveau national dans la mise en oeuvre de la convention et de ses protocoles.
M. AMIN BANANI NEW, Ministre dEtat à la justice du Soudan : mon pays appuie la déclaration qui sera adoptée dans le cadre du dixième Congrès pour la prévention du crime, dans lesprit de nos efforts conjoints visant à lutter contre la criminalité et à respecter en même temps les particularités des pays et des peuples, et leur droit de préserver leurs cultures et convictions. Le Soudan est fermement engagé à coopérer avec la communauté internationale dans la lutte contre la criminalité. Comme nous lavons prouvé dans le passé, convaincu que la paix et la sécurité constituent des objectifs nobles, nous oeuvreront pour le bien et la prospérité de lhomme, sans distinction de sexe, de couleur ou de religion. Dans cet esprit, le Soudan a promulgué les lois nécessaires à la lutte contre la corruption, le népotisme et le blanchiment de largent. Pour garantir la transparence dans le système bancaire, de nouvelles mesures législatives sont entrées en vigueur.
A cause de la zone géopolitique dans laquelle il est situé le Soudan a attiré des millions de migrants et de demandeurs dasile provenant des pays voisins. De nombreux dentre eux sont devenus citoyens soudanais. La législation soudanaise couvre également le trafic des stupéfiants, une loi sévère ayant été prise dès 1929. Linterdiction des armes à feu repose sur une loi de 1932. En outre, des mesures prohibant le trafic des femmes et des enfants sont vigueur. Aujourdhui, le pouvoir judiciaire a été renforcé, et les citoyens sont encouragés à participer activement à la lutte contre la criminalité. La justice réparative et la détermination des communautés locales de prévenir la criminalité sont au centre des priorités du pays. A cet égard, le gouvernement a mis en place un système populaire des forces de police qui savère très efficace pour assister les forces de police régulières à préserver la sécurité et lutter contre la criminalité. Le Soudan souhaite la finalisation rapide du projet de convention contre la criminalité transnationale et ses protocoles.
M. GIUSEPPE AYALA, Ministère de la justice de lItalie : convaincue que la finalisation, à la fin de lannée, du projet de convention contre la criminalité transnationale organisée et ses protocoles constitue une priorité, lItalie souhaite que cet instrument soit signé lors de la prochaine conférence de Palerme. Le Gouvernement italien prépare activement la tenue de cette conférence dans la mesure où il considère que la convention constituera certainement un instrument clé pour la coopération internationale en matière de lutte contre la criminalité. La convention devrait ensuite être complétée par les protocoles également en cours de négociation, essentiels pour garantir le succès dune lutte efficace commune contre les formes particulières ou nouvelles de la criminalité transnationale. Le projet de protocole visant les êtres humains, en particulier des femmes et des enfants auquel lItalie attache une grande importance reflète lattention accrue quaccorde la communauté internationale à ce type de criminalité. Ces instruments ne constituent pas une liste exhaustive des moyens juridiques nécessaires à la lutte contre la criminalité de grande ampleur.
Notant que le projet de convention prévoit des dispositions équilibrées pour établir une entraide judiciaire, une coopération des autorités chargées de lexécution de la loi et des mesures visant à renforcer les systèmes de justice pénale nationaux, lItalie estime que ces dispositions contribueront à créer des mécanismes efficaces de coopération. Il est également important que le projet de convention et ses protocoles constituent une base juridique pour léchange des expériences nationales, tout en respectant le cadre juridique de tous les systèmes nationaux. Pour assurer le suivi de la mise en oeuvre de ces instruments, le gouvernement italien est prêt à appuyer des initiatives nationales.
M. RHOUSDY SOERIAATMADJA (Indonésie) : une coopération internationale stimulante est nécessaire pour assurer la prévention du crime au niveau mondial et appuyer les efforts nationaux visant à promouvoir les systèmes de justice pénale. Au niveau national, lIndonésie a adopté toute une gamme de mesures et de réformes juridiques pour faire face à la criminalité transnationale organisée comme le trafic de drogue, le trafic de migrants clandestins, le trafic darmes à feu et de munitions, et le blanchiment dargent, infractions graves qui ont un impact négatif sur la sécurité nationale et la stabilité sociale. LIndonésie a entrepris une politique de renforcement de ses mesures législatives visant à appuyer le processus de démocratisation et assurer la bonne gouvernance, la protection des droits de lhomme et la justice pénale. Les accords de coopération bilatérale en matière dentraide judiciaire en sont le témoin. Les différences entre les systèmes pénaux et labsence daccords bilatéraux avec un pays ne devraient pas constituer un obstacle en matière de lutte contre la criminalité transnationale organisée. Dans cette optique, les pays doivent renforcer ensemble leurs mesures de lutte contre la criminalité, un renforcement qui doit aussi se produire au niveau régional. La lutte contre la criminalité mondiale est en effet une responsabilité commune. LIndonésie appuie lélaboration de la convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et de ses protocoles. Elle salue les efforts réalisés par les organes de lONU afin de développer une vision globale permettant dappréhender la criminalité organisée, de servir doutil de référence et daider les Etats Membres à affiner leurs priorités en matière de lutte contre la criminalité.
LIndonésie a particulièrement souffert de la crise financière qui sest accompagnée dune crise politique majeure et dun soulèvement social conséquent à cette calamité. Cette situation a créé toute une série de problèmes dont le Gouvernement actuel a hérité. Aujourdhui, nous sommes confrontés à des tensions ethniques et religieuses dans certaines régions du pays. Le Gouvernement est résolu à restaurer la stabilité sociale et politique, et à remettre léconomie sur les rails dune croissance durable le plus rapidement possible. Le Gouvernement a pris des mesures vigoureuses contre la corruption et le népotisme et pour renforcer la transparence. Ce sont là des objectifs ambitieux mais la volonté de collaborer avec la communauté internationale pour élaborer un instrument de lutte contre la corruption témoigne de son engagement. LIndonésie appuie le projet de déclaration politique du Congrès qui pourrait être soumis au Conseil économique et social puis à lAssemblée générale du millénaire pour un examen approfondi et son adoption.
Mme MARIA-PIA VON LIECHTENSTEIN (Liechtenstein) : la mondialisation a rapproché les populations et ce rapprochement est tel que la coopération internationale est indispensable pour faire face aux défis posés par le XXIe siècle. En raison de sa petite taille, le Liechtenstein ne connaît pas de crimes comme le trafic illicite des stupéfiants. Dès son adhésion à lAssociation européenne de libre-échange (AELE) en 1995, le Liechtenstein a pris des mesures vigoureuses contre le blanchiment de largent. En 1999, un Groupe dexperts chargé de la question du blanchiment de largent sest réuni au Liechtenstein. Le Gouvernement a préparé une série de mesures sur la base des conclusions et recommandations formulées par ce Groupe dexperts. En matière dentraide judiciaire, le gouvernement entend confisquer les avoirs de groupes soupçonnés dactivités illicites. Quand on parle de coopération internationale, il est essentiel que chaque Etat assure sa part dans la lutte contre la criminalité transnationale.
* *** *