DEBAT DE HAUT NIVEAU : L'ACCENT EST MIS SUR LA NECESSITE DE RENFORCER L'ENTRAIDE JUDICIAIRE DANS LA LUTTE CONTRE LE CRIME
Communiqué de Presse
SOC/CP/225
DEBAT DE HAUT NIVEAU : LACCENT EST MIS SUR LA NECESSITE DE RENFORCER LENTRAIDE JUDICIAIRE DANS LA LUTTE CONTRE LE CRIME
20000414VIENNE, 14 avril -- La nécessité de renforcer la coopération entre les Etats dans le domaine judiciaire et de la prévention du crime, et de mettre au point des stratégies novatrices pour lutter efficacement contre les nouvelles formes de la criminalité transnationale organisée, a été soulignée cet après- midi par la majorité des personnalités qui ont participé au débat de haut dans le cadre du Dixième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale. Le crime transnational prolifère comme un virus et les vieilles méthodes de lutte contre la criminalité ne sont plus efficaces aujourdhui. Les criminels travaillent de concert et coopèrent depuis longtemps. Il est urgent que nous fassions de même, a ainsi déclaré Ministre de la justice et des douanes de lAustralie.
Intervenant à titre dexpert, le juge espagnol Balthasar Garzon, a appelé la communauté internationale à renforcer la coopération judiciaire, mécanisme indispensable dans la lutte contre la criminalité organisée. Lextradition répond à un concept archaïque qui est celui du respect de la souveraineté nationale du pays sur le territoire duquel lacte criminel a été commis. Il faudrait réfléchir sérieusement à lélaboration de mécanismes dextradition appropriés. M. Garzon a aussi jugé indispensable denvisager une convention qui définisse la coopération judiciaire en matière de lutte contre le terrorisme, lune forme de criminalité organisée.
Les liens entre les groupes terroristes, le trafic darmes, le trafic de drogue et dautres activités illicites, en tant que source de financement importante, ont été mis en avant par plusieurs délégations. Le Vice-Ministre des affaires étrangères de lOuzbékistan a appelé la communauté internationale à chercher de nouveau moyens de lutter contre le fléau du terrorisme et rappelé que, dans cette optique, le Président ouzbek a proposé la création dun Centre international de lutte contre le terrorisme. Dautres pays, comme la Turquie, ont, dans ce contexte, fait part des mesures quils ont prises en matière de lutte contre le blanchiment de largent tiré des activités illicites des groupes terroristes et criminels. Plusieurs délégations ont à nouveau soulevé le problème difficile à cerner et à combattre de la corruption. Le Procureur général adjoint du Mexique a expliqué que son pays avait pris des mesures pour prévenir la corruption des fonctionnaires des services publics, notamment de ladministration de la justice et de lapplication de la loi, cibles principales de la corruption, en les faisant notamment passer par le détecteur de mensonges.
Ont également fait une déclaration dans le cadre du débat de haut niveau : le Ministre de la sécurité de lAfrique du Sud, les Ministres de la justice de lArgentine, de la Chine, du Canada, de la Bolivie, de la Hongrie, de lAustralie, de la Turquie, du Bénin et de la Colombie, le Ministre de lintérieur de Malte, le Vice-Ministre des affaires étrangères de lOuzbékistan, les Vice-Ministres de la justice de la Croatie et du Pérou, les Vice-Ministres de lintérieur de lArabie saoudite, de la République tchèque et de la Malaisie, le Procureur général du Japon, le Procureur général adjoint du Mexique, ainsi que le représentant du Guatemala.
Le débat de haut niveau se poursuivra demain samedi 15 avril à 10 heures.
DÉBAT DE HAUT NIVEAU
Coopération internationale pour lutter contre la criminalité transnationale : nouveaux défis au XXIe siècle; et projet de déclaration sur la criminalité et la justice : relever les défis du XXIe siècle
STEPHEN VUKILE TSHWETTE, Ministre de la protection et de la sécurité de lAfrique du Sud : la coopération internationale dans la lutte contre la criminalité transnationale organisée devrait sexercer à tous les niveaux, avec la participation de tous partenaires nationaux. Pour renforcer cette coopération, les Etats qui nont pas encore ratifié la Convention des Nations Unies contre le trafic illicite des stupéfiants de 1988 devraient le faire et ceux qui lont déjà ratifiée, devraient établir des procédures nationales appropriées pour en garantir la mise en oeuvre. A cet égard, lAfrique du Sud se félicite de la signature de la Convention de lOCDE et des initiatives récentes adoptées dans le cadre de la Communauté de développement en Afrique australe (SADC) en matière de lutte contre la corruption. Outre le renforcement de la coopération, léchange dinformations sur la criminalité organisée est dune importance cruciale. Cela devrait inclure également lexpertise dans le domaine des communications, de la surveillance électronique et de la création de banques de données. Pour lutter efficacement contre le blanchiment de largent, la mise ne place de centres dintelligence financière est indispensable. A cette fin, la communauté internationale devrait assister les différentes initiatives régionales contre la criminalité organisée qui sont actuellement lancées. Dans le cadre de la SADC, lAfrique du Sud bénéficie des mesures de coopération entre les polices de la région, notamment en matière denquêtes.
Tout en encourageant les Etats à promulguer une législation nationale appropriée, il serait nécessaire de les aider à renforcer leurs capacités nationales permettant de détecter et de poursuivre de manière efficace les crimes. Cela ne peut se faire que si les institutions nationales chargées de lexécution de la loi et de ladministration de la justice pénale sont dotées de lexpertise et des infrastructures nécessaires pour leur permettre de faire face aux défis posés par la criminalité organisée. Pour lAfrique du Sud, le projet de convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et ses protocoles constitue une étape importante dans les efforts de lutte contre ce phénomène. Les mesures de lutte contre la criminalité transnationale organisée devraient tenir compte de lenvironnement économique et social qui, trop souvent, encourage lémergence de la criminalité organisée. Ces crimes sont souvent liés à la pauvreté et aux privations sociales. Il est donc urgent de finaliser le projet de convention et ses protocoles. Le débat de haut niveau, unique dans lhistoire des Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime, devrait donner une orientation politique et un élan à ces projets dinstruments.
M. RICARDO GIL LAVEDRA, Ministre de la justice de lArgentine : la criminalité transnationale organisée constitue une véritable menace à la paix et dresse de graves obstacles à la primauté du droit, empêchant légalité de tous devant la loi, encourageant la corruption des fonctionnaires publics et la violence à leur égard. Elle contribue à éroder la confiance dans les instances publiques. Toutes les réponses à ce fléau doivent se fonder sur létat de droit et aucune exception ne peut être tolérée. Il ne peut y avoir de lutte efficace contre la criminalité transnationale organisée sans la mise en place de structures communes et la participation de tous les pays. Les délits doivent
être considérés comme étant similaires où quils se produisent si lon veut disposer de moyens similaires de lutter contre la criminalité. Les auteurs de délits doivent pouvoir être jugés nimporte où. Les Etats doivent adopter des mécanismes souples à cette fin et aux fins denquêtes efficaces. Au cours des dix dernières années, la communauté internationale a fait des progrès considérables en la matière. La lutte que mènent les pays développés nest cependant pas la même que celle des pays en développement. Nous ne sommes pas tous égaux car nous navons pas les mêmes ressources ni les mêmes nécessités. Cest pourquoi la lutte contre la criminalité ne sera un succès que si elle se fonde sur la solidarité et la coopération entre les pays.
En ce qui concerne la corruption, lArgentine est en faveur de lélaboration dune convention générale sous légide de lONU. Les progrès de la technologie informatique se font sentir dans quasi tous les domaines de notre existence, pourtant il nexiste pas de riposte appropriée pour lutter contre la criminalité informatique. Là aussi nous devons coordonner nos efforts. Il faut notamment veiller à éviter les conflits de compétence lorsque lon fait face à la cybercriminalité. Il faudrait dans ce domaine aussi élaborer des normes sous légide de lONU. LArgentine appuie lélaboration de la convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée dici la fin de lan 2000. Elle attache aussi beaucoup dimportance au protocole relatif à la traite des êtres humains et estime important que des conventions de caractère universel sur la corruption, les délits informatiques, viennent compléter les instruments existants.
M. TONIO BORG, Ministre de lintérieur de Malte : le projet de convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée constitue lune des initiatives les plus courageuses dans la lutte contre ce fléau. La criminalisation de la corruption, constitue une première sur le plan mondial, bien que le projet de convention soit fondé sur les travaux extrêmement utiles et réussis du Conseil de lEurope dans ce domaine. Toutefois, limportance accordée pour la première fois aux droits des victimes par le projet de convention doit être soulignée. Malte souhaite la finalisation rapides de cet instrument et a lintention de lintégrer dans sa législation nationale. Le Gouvernement de Malte a déjà approuvé les amendements à son code pénal qui lui permettront de signer la convention le plus rapidement possible.
La lutte contre le trafic des migrants à des fins illicites est une activité criminelle qui intéresse particulièrement Malte. Tout en renforçant la coopération bilatérale avec les pays voisins, notamment lItalie, le gouvernement de Malte fait sienne toute initiative visant le renforcement de la coopération internationale dans le domaine. Malte envisage damender son code pénal pour inclure également des dispositions interdisant les infractions liées au trafic illicite des migrants. A cet égard, lélaboration du protocole pertinent constitue une étape dans la bonne voie. Malte conviendra de coopérer en vue de rechercher les trafiquants et les victimes afin didentifier les méthodes de trafic utilisées, le recrutement, les circuits et les liens entre les individus et les groupes de trafiquants. En Europe, des contacts ont été établis entre Malte et Europol. Par ailleurs, soucieuse de garantir les normes minimales dans le traitement des prisonniers, Malte a mis en place un nouveau complexe carcéral pour mieux séparer les différentes catégories de prisonniers. De nouvelles dispositions seront prochainement introduites dans le code pénal pour interdire et réprimer les actes de nature raciale.
M. GAO CHANGLI, Ministre de la justice de la Chine : les activités criminelles transnationales portent gravement préjudice à léconomie, la stabilité politique et le développement social des pays. Sans coopération internationale, nous ne pourrons relever les défis avec succès. Au cours des dernières années, la Chine a introduit de nombreux amendements à sa législation pénale. Des agences spécialisées, responsables du contrôle et de la prévention du crime organisé ont été créées au début des années 1990. En 1998, une force de police anti-contrebande a été établie. Au cours des dernières années, les autorités chargées de lapplication de la loi ont réussi à démanteler un certain nombre de groupes criminels similaires à la mafia, de groupes se livrant à la criminalité économique et dautres se livrant à la contrebande. La Chine a signé des traités dassistance avec 31 pays et des traités dextradition avec 11 pays. Elle a en outre adhéré à 20 conventions multilatérales dans le domaine de lassistance judiciaire mutuelle. Outre la coopération avec ces pays, la Chine coopère au cas par cas avec des pays avec lesquels elle nest pas liée par des traités.
La Chine appuie lélaboration dune convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée dici la fin de lannée. La portée de lapplication de cette convention doit cependant être définie de manière raisonnable. La convention ne devrait sappliquer quaux crimes ayant un caractère transnational et organisé. Elle doit garantir le respect de la souveraineté des Etats, de leur égalité et des bénéfices mutuels, prendre en considération les méthodes de lutte contre la criminalité transnationale organisée établies dans le cadre des conventions existantes et les principes fondamentaux de lextradition et de lassistance juridique, et renforcer les dispositions des instruments internationaux. Pour être universellement acceptée, elle doit tenir pleinement compte des contextes économique, politique et culturel, ainsi différences entre les systèmes juridiques. Il devrait aussi y figurer des dispositions prévoyant lassistance technique aux pays en développement pour renforcer leurs capacités dans le domaine de la lutte contre la criminalité transnationale organisée et les aider à mettre en oeuvre la convention. Enfin, la convention devra devenir la base de coopération en matière dextradition et dassistance judiciaire. La Chine appuie ladoption, à lissue du Congrès, dune déclaration politique qui sera lexpression de la volonté politique des Etats Membres de prévenir et de contrôler la criminalité, en particulier la criminalité transnationale organisée.
M. SHAIKH SAAD AL-NASIR AL-SUDIRI, Vice-Ministre de lintérieur de lArabie Saoudite : en dépit des efforts constants visant à maintenir létat de droit et à prévenir le crime, la communauté internationale continue de faire face non seulement à la criminalité traditionnelle mais également à de nouvelles formes de criminalité. Il est essentiel de comprendre les causes sous-jacentes de la criminalité pour adopter des mesures de lutte appropriées. La pauvreté, lignorance, leffondrement des valeurs familiales et spirituelles et les incidences des films violents ont aggravé le phénomène de la criminalité. On assiste à de nouvelles formes de la criminalité, notamment les activités criminelles sur Internet.
En Arabie Saoudite, cest la Charia qui a force de loi. Les cinq principes coraniques fondamentaux ont put être préservés. Tous les efforts nécessaires et possibles pour lutter contre la criminalité transnationale organisée sont déployés par les autorités saoudiennes. Il ne fait pas de doute que les pays se rapprochent et coopèrent entre eux dans le domaine de la justice
pénale. Il ne faut pas affaiblir cet élan si lon souhaite réduire de manière sensible la criminalité transnationale organisée. A cet égard, le projet de convention sur la criminalité transnationale organisée et ses trois protocoles contribueront largement à une lutte efficace.
M. EDUARDO IBARROLA NICOLIN, Procureur général adjoint du Mexique : au cours des dernières années, le Mexique a été particulièrement affecté par la criminalité organisée, spécialement le trafic de drogue et les délits connexes. Outre quil est un pays producteur de drogues comme la marijuana et la gomme dopium, le Mexique est aussi un pays de transit pour la cocaïne destinée au marché des consommateurs de lhémisphère nord avec lequel nous avons plus de 3 000 kilomètres des frontières terrestres. Ce qui est plus grave, cest que lon constate aujourdhui une augmentation de la consommation locale de drogue, en particulier dans les villes et dans la région nord du pays. Cest pourquoi, le Gouvernement a déclaré le trafic des stupéfiants lune des principales menaces pesant sur le pays et sest attelé avec tous les moyens à sa disposition dans la lutte contre ce fléau. On a aussi constaté au cours des dernières années une augmentation préoccupante des crimes violents, particulièrement les homicides, les séquestres et les vols de tous types. Nombre de ces délits ordinaires sont liés à la criminalité organisée.
Un système national de sécurité publique a été mis sur pied. Il sagit notamment dune réforme constitutionnelle qui a permis de moderniser les instances de sécurité publique et les instances judiciaires, et de créer des bases de données permettant de mener une enquête scientifique sur les délits et les crimes. Une police fédérale préventive a, en outre, été créée. 2,5 millions de dollars ont été investis lan dernier et 1,2 est prévu cette année. Plusieurs changements législatifs importants ont été adoptés visant notamment à la confiscation des biens découlant de la criminalité organisée. Des réformes pénales ont été introduites.
La criminalité organisée est essentiellement un phénomène transnational. Elle est souvent mieux équipée que les autorités chargées de faire appliquer la loi. Nous devons donc nous doter doutils solides pour lutter contre ce phénomène et veiller à ce que les profits tirés de ces activités ne puissent être légitimés. La coopération internationale est fondamentale pour lutter contre le blanchiment dargent. Le personnel des institutions chargées de la sécurité publique, de la poursuite des délits et de ladministration de la justice constitue les principales cibles de la corruption. En mars 1997, un Centre de contrôle de la confiance a donc été créé au sein du Bureau du Procureur général, chargé, notamment au moyen dun détecteur de mensonge, de vérifier que les fonctionnaires publics sont loyaux. Le Mexique appuie lélaboration dun instrument international efficace de lutte contre toutes les formes de corruption.
Ce Congrès est une occasion unique de mieux comprendre quelles sont nos responsabilités respectives dans les divers domaines de la prévention et de la lutte contre le crime. Le Mexique appuie la poursuite de la tenue de tels congrès et, dans cette optique, propose daccueillir le prochain Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants.
M. FEDERICO URRUELA PRADO (Guatemala), au nom du Groupe des pays dAmérique latine et des Caraïbes (GRULAC) : le Guatemala appuie la proposition faite par le Mexique daccueillir le prochain Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants. Les pays de la région estiment quil est vital que ce type de forum se tienne régulièrement. Ces instances offrent une occasion unique pour promouvoir les échanges didées et dexpériences entre les membres de la communauté internationale, dans le domaine de la prévention du crime et de la lutte contre la criminalité organisée. Le Groupe latino-américain et des Caraïbes fait sienne la proposition du Mexique visant à définir de nouvelles méthodes de travail pour garantir de meilleurs résultats.
M. BALTASAR GARZON REAL, Juge à la Cour dappel de Madrid (Espagne) : il est nécessaire de réfléchir à une définition claire et précise de la criminalité organisée et surtout de la corruption. La communauté internationale doit insister sur le renforcement de la coopération judiciaire, mécanisme indispensable dans la lutte contre la criminalité organisée. Lextradition répond à un concept archaïque qui est celui du respect de la souveraineté nationale du pays sur le territoire duquel lacte criminel a été commis. Mais, on a tendance à confondre les fondements politiques et les fondements juridiques. Dans le cadre du projet de convention contre la criminalité transnationale organisée qui sera finalisé et adopté, il faudrait réfléchir sérieusement sur les mécanismes dextradition appropriés.
Le terrorisme, quant à lui, sassimile à une forme de criminalité violente et organisée. Il est donc indispensable denvisager une convention qui définisse la coopération judiciaire adaptée à la lutte contre ce type dactivités. La criminalité transnationale organisée augmente et ignore les frontières et cest pourquoi, il incombe à tous de réagir ensemble de manière prompte et efficace.
Mme ANNE McLELLAN, Ministre de la justice du Canada : il est de notre responsabilité, en tant que responsables politiques, de sensibiliser lopinion publique aux menaces de la criminalité transnationale organisée et didentifier des solutions qui aideront les communautés à répondre et à prévenir ce type dactivités. Le crime organisé se nourrit des inégalités économiques et sociales. Cest pourquoi, la tâche de combattre le crime organisé ne doit pas être laissée uniquement à la justice pénale. Cest une tâche qui doit être largement partagée par toute la société. Les communautés, les services sociaux et le secteur privé doivent sintéresser à ce problème. Tous ont un rôle à jouer et doivent participer à une stratégie incluant la prévention. Il est essentiel que nous travaillions ensemble pour renforcer la sécurité, et les structures économiques et politiques dans tous les pays pour prévenir lémergence des conditions qui favorisent le crime organisé.
Le Canada estime quil est de lintérêt commun de disposer dune convention contre la criminalité transnationale organisée et, en particulier de dispositions relatives à lassistance à lassistance juridique mutuelle et à lextradition. Le Canada est particulièrement fier du rôle de chef de file quil joue dans la coordination des travaux sur le protocole à la convention contre le trafic darmes à feu, instrument essentiel pour la sécurité humaine. Les deux autres protocoles fourniront des instruments et le cadre juridique nécessaire pour lutter contre la traite des êtres humains. Il y a encore beaucoup de travail mais nous devons réaffirmer notre engagement à conclure nos négociations dici la fin de cette année.
Les nouvelles formes de la criminalité liée aux technologies de pointe et aux technologies de linformation exigent des approches novatrices. Les concepts traditionnels de coopération doivent être revus afin de renforcer laction internationale. Nous devons identifier les solutions qui permettront de protéger les citoyens, tout en appuyant la mondialisation des communications et du commerce. Le Canada participe, au sein du Conseil de lEurope, à lélaboration dun instrument juridique sur la criminalité informatique transnationale. Il participe également à des initiatives dans ce domaine au sein de lOrganisation des Etats américains et du Commonwealth. Léducation, la formation et léchange dinformations dans le domaine de la criminalité informatique devraient, de lavis du Canada, constituer une priorité de lONU. Le Canada appuie, par ailleurs, lélaboration dun instrument mondial contre la corruption et encourage la criminalisation de la corruption en tant que délit lié au blanchiment dargent et aux profits illicites. Enfin, il appuie la création de partenariats internationaux entre les forces de police et ceux chargés de lapplication de la loi.
M. KEISUKE KITAJIMA, Procureur général du Japon : les groupes criminels traditionnels au Japon connus sous le nom de Boryokudan ainsi que les nouveaux groupes japonais ou dorigine étrangère sont de plus en plus actifs dans le trafic illicite des armes à feu ou de stupéfiants, les activités économiques illicites, notamment les fraudes bancaires et le trafic de migrants. Outre ces groupes, le Japon continue dêtre préoccupé par les activités illicites du groupe Aum-Shinrikyo, qui avait commis un empoisonnement au gaz dans le métro de Tokyo, il y a cinq ans. En 1999, le Japon a promulgué une nouvelle législation pour contrôler les activités illicites de ces groupes. Le Parlement japonais avait adopté en août 1999 trois lois dans le cadre de la lutte contre la criminalité transnationale organisée. Dautres mesures ont été prises pour faire face au blanchiment de largent.
Engagé activement à promouvoir les travaux des Nations Unies dans le cadre de la prévention du crime, le Japon versera prochainement 480 000 dollars pour aider les délégations des pays en développement à participer au Comité spécial chargé de lélaboration de la convention contre la criminalité organisée. De nombreux séminaires et ateliers de travail ont été organisés par le Gouvernement japonais, sur limmigration, les fraudes de passeports, le trafic des armes à feu, notamment le Séminaire international sur la fabrication et le trafic illicite des armes à feu, tenu en juin 1999. Le Japon appuie loffre faite par la Thaïlande daccueillir le prochain Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime.
M. HIKMET SAMI TURK, Ministre de la justice de la Turquie : laugmentation de la xénophobie et de la discrimination raciale que lon constate particulièrement dans les pays occidentaux font partie des impacts négatifs de la mondialisation. La Turquie est particulièrement préoccupée par ce phénomène et est déterminée à contribuer aux stratégies internationales de prévention du crime qui ont pour objectif de prévenir ce type dintolérance. Le plein respect de létat de droit dans tous les pays constitue le principal remède qui permettra de surmonter ce type de menaces à lhumanité.
La Turquie, située sur la route des Balkans par laquelle passe le trafic dhéroïne vers lOccident, est aussi un pays de transit, de lOrient vers lOccident, pour la cocaïne, les drogues synthétiques comme le captagon et lecstasy et les substances chimiques utilisées dans la fabrication de lhéroïne. Elle poursuit depuis des années une lutte vigoureuse contre le trafic de drogue, qui constitue lune des sources les plus importantes de
revenus illicites et un moyen de constituer une base financière solide pour le trafic illicite darmes par les organisations terroristes. La Turquie a donc pris un certain nombre de mesures contre le blanchiment dargent, prévoyant notamment des sanctions pénales et la saisie des avoirs liés au blanchiment dargent.
La mondialisation a donné une nouvelle dimension à la corruption et a rendu la détection et la pénalisation de ce type de crime plus difficile. La Turquie suit de près les évolutions au niveau international et est partie à plusieurs instruments dans ce domaine. Pour lutter contre les organisations criminelles, la législation turque autorise les services denquête à utiliser certaines techniques spéciales comme lenregistrement et linterception les télécommunications, la surveillance clandestine, ou encore le recours à des agents secrets. Mais pour préserver les droits de lhomme, ces mesures ne peuvent être mises en oeuvre que sur décision des juges. En tant que carrefour de lAsie, du Moyen-Orient et de lEurope, la Turquie est confrontée au problème du trafic des êtres humains, autre domaine où une coopération internationale efficace est essentielle. Des personnes pauvres entrent illégalement, avec laide dorganisations criminelles, dans des pays étrangers, dans lespoir de trouver du travail dans nimporte quel pays même à des salaires peu élevés, ce qui les rend vulnérables à lexploitation.
Lachèvement de la convention des Nations Unies et ses protocoles constituera une étape très importante dans la lutte contre la criminalité transnationale organisée, surtout si elle couvre toutes les activités de ce type, y compris le terrorisme. Si lon ne reflète pas le lien évident entre le terrorisme et le crime organisé dans la convention, nous aurons un instrument avec des lacunes dont les criminels pourront tirer parti. Dans la pratique, les pays rencontrent des problèmes énormes en ce qui concerne lapplication des conventions en raison des différences dinterprétation qui peuvent rendre ces instruments nuls et non avenus. Cest pourquoi une interprétation commune de leur contenu et lharmonisation des pratiques par les autorités chargées de lapplication de la loi sont tout aussi importants que la négociation de ces conventions.
M. JUAN ANTONIO CHAHIN LUPO, Ministre de la justice et des droits de lhomme de la Bolivie : la réforme judiciaire en Bolivie est considérée comme un des piliers de lEtat. Pour mettre fin à une lenteur asphyxiante des procédures judiciaires, le Gouvernement bolivien entend prendre des mesures vigoureuses pour établir létat de droit et la justice. Dautres mesures ont été prises pour mieux adapter les institutions aux nouvelles réalités. En collaboration avec les universitaires, les avocats, les médias et les organisations non gouvernementales, la Bolivie a ouvert la voie à la coopération internationale. Cest avec une volonté authentique que le Gouvernement bolivien met en place la réforme des procédures pénales. La réforme du système judiciaire devrait être terminée en mai 2001. Le gouvernement envisage un institut de formation des magistrats. Aujourdhui, il est déjà possible de mesurer les progrès réalisés dans cette voie.
Par ailleurs, une campagne de lutte contre la corruption a été lancée ayant pour objectif de promouvoir la déontologie individuelle et collective et en particulier la transparence des décisions. Il est nécessaire de réfléchir à la modernisation des institutions nationales en garantissant la bonne gouvernance et lefficacité. Le Conseil de surveillance bancaire a pour rôle de
lutter contre le blanchiment de largent. Il faut rompre le cercle vicieux du trafic illicite des stupéfiants, mais cet objectif ne pourra être réalisé sans une coopération étroite tant des partenaires nationaux que des partenaires régionaux et internationaux
Mme IBOLYA DAVID, Ministre de la justice de la Hongrie : bien quelle ne soit pas encore membre de lUnion européenne, la Hongrie fait siennes les préoccupations communes définies au sein de lUnion et son programme dharmonisation du droit en témoigne. La Hongrie appuie le projet de déclaration intitulée criminalité et justice : relever les défis du XXIe siècle car elle renforce lengagement des Etats à sinvestir dans les domaines les plus importants, notamment le fonctionnement du système judiciaire, laide aux victimes, la corruption, le blanchiment dargent et la lutte contre la traite des êtres humains. Depuis longtemps, la Hongrie oeuvre pour faire face aux problèmes judiciaires et pour répondre aux nouveaux défis de la criminalité. Les instruments juridiques hongrois ont été élaborés en vue de restreindre la criminalité traditionnelle. Toutefois, la lutte contre la criminalité transnationale organisée et ses principaux moyens le blanchiment dargent et la corruption nécessitent de nouvelles ressources. Il convient donc daccroître lefficacité des ressources matérielles, intellectuelles et celles liées à la coopération internationale. Les ressources financières, le recours à la législation et à lapplication du droit ainsi quà la coopération internationale sest imposé pour contenir la criminalité transnationale organisée. A laube du XXIe siècle, la réponse judiciaire apportée au niveau national aux nouveaux défis de la criminalité suppose une coopération internationale aussi large que possible.
Mme AMANDA VANSTONE, Ministre de la justice et des douanes de lAustralie : le crime transnational prolifère tel un virus et les vieilles méthodes de lutte contre la criminalité nont sont aujourdhui dépassées. Nous sommes tous conscients que les problèmes ne pourront être surmontés que grâce à la coopération internationale. Le crime organisé ne cesse dévoluer et de croître. Les criminels travaillent de concert et coopèrent. Nous devons faire de même. Au niveau de lAustralie, des accords bilatéraux et multilatéraux permettent lassistance judiciaire mutuelle et lextradition. Il existe aussi une coopération informelle, comme léchange de renseignements et le partage des compétences et des capacités. Pour que ces réseaux de coopération soient véritablement efficaces, il faut une plus grande harmonie entre les services juridiques des pays. La coopération doit commencer chez soi car sil ny a pas de coopération au niveau national, il ne peut y en avoir au niveau mondial. Nos gouvernements et nos institutions de répression doivent sunir pour lutter contre les forces du crime qui semploient à saper le fondement de nos sociétés et le bien-être de nos citoyens. A lintérieur de nos frontières, nos institutions doivent optimiser lefficacité de leur coopération.
Reconnaissant que la traite des êtres humains est lune des activités principales du crime organisé, lAustralie a voté des lois très dures, renforçant les peines prononcées contre les trafiquants. Elle a aussi pénalisé les infractions commises par des Australiens à létranger, en particulier pour ce qui est des crimes liés au tourisme sexuel impliquant des enfants. LAustralie a été parmi les premiers pays à mettre en oeuvre des mesures visant à contrer les activités de blanchiment dargent et à criminaliser ces activités. Elle considère que la convention contre la criminalité transnationale organisée
doit permettre de surmonter les différences entre les traditions juridiques des Etats et doit être terminée le plus rapidement possible. LAustralie est davis que le projet de déclaration politique offre beaucoup de possibilités aux Etats pour sentendre sur des stratégies à long terme de lutte contre le crime organisé.
M. PETR IBL, Vice-Ministre de lintérieur de la République tchèque : depuis 1989 date de son entrée sur la voie démocratique la République tchèque na été épargnée par aucun effet négatif de la mondialisation et a attiré la criminalité transnationale organisée. De 1990 à 1992, seuls les groupes criminels organisés étrangers opéraient en République tchèque. Toutefois, la situation a changé rapidement depuis lors. Les activités principales de la criminalité organisée sur le territoire tchèque portaient essentiellement sur le trafic illicite des stupéfiants, les vols de véhicules, la prostitution et le trafic des migrants. Au cours de ces dernières années, le gouvernement a pris une série de mesures de prévention et de lutte contre la criminalité transnationale organisée ayant, notamment entrepris la réforme du Code pénal et la mise en place de nouvelles structures de police spécialisées. En dépit des progrès réalisés, il est nécessaire de renforcer les instruments juridiques internationaux dans ce domaine. Cest pourquoi, la République tchèque appuie pleinement lélaboration du projet de convention contre la criminalité transnationale organisée et ses protocoles. Elle est aussi en faveur dun instrument juridique séparé sur la corruption et le blanchiment de largent.
Par ailleurs, le Gouvernement tchèque se félicite du Programme mondial contre le trafic illicite des êtres humains et se réjouit de pouvoir participer au projet européen. Ce projet qui est sur le point dêtre lancé, contribuera considérablement à combattre le trafic des femmes sur lensemble du continent européen. De lavis de la République tchèque, le projet de déclaration constitue un document complexe dune grande importance qui répond aux besoins les plus urgents dans ce domaine. Il établit à la fois un équilibre entre une législation de haute qualité et le développement économique et social, et englobe un problème essentiel, celui de la xénophobie, du racisme et des actes criminels racistes.
M. JOSEPH H. GNONLONFOUN, Garde des sceaux du Bénin : parmi les trafics de toutes sortes que lon déplore au Bénin, celui des enfants est une préoccupation majeure compte tenu de la puissance de lenfant dans notre tradition. Ce phénomène est lune des conséquences de la pauvreté. Les populations surtout rurales estiment que les villes et les grandes métropoles africaines peuvent constituer une réponse à leur misère. Elles placent facilement leur confiance en des personnes qui se révèlent souvent de véritables trafiquants denfants. Un réarmement civique et moral de tous est indispensable. Aucune disposition interne ne peut prospérer sans une mobilisation internationale contre ce trafic honteux, nouvel esclavage des temps modernes.
La corruption conduit nos pays au népotisme, à lethnocentrisme, au tribalisme. Elle est une hydre qui sinsinue et sincruste dans les moindres rapports au sein de la société et la désagrège jusquen son coeur : lÉtat, tout lappareil de lÉtat. La lutte contre la corruption ainsi comprise doit devenir un élément essentiel des politiques nationales et une composante nécessaire des programmes daide au développement. Il est indispensable que les États adoptent des stratégies appropriées contre ce fléau. Pour sa part, le
Bénin a la volonté politique dentrer en guerre contre la corruption en exigeant du commis de lÉtat un véritable esprit de serviteur. Et lautre corruption, celle qui est liée aux marchés internationaux, celle des éléphants blancs des routes, de la vente des chasse-neige à un pays tropical? Cest en tenant compte de sa diversité que toutes les composantes de la société béninoise sont engagées dans cette lutte. Ainsi par exemple le Front des organisations nationales anti- corruption (FONAC) participe aux opérations douverture et de dépouillement des offres. Le Bénin développe contre la corruption deux types de stratégie : une stratégie préventive et une stratégie répressive. Dans le cadre de la stratégie préventive notamment des séminaires de formation à la gestion de la chose publique ont été organisés et la presse et la télévision ont été associées à la conscientisation du citoyen.
Nous avons la conviction quaucune lutte ne connaîtra un quelconque aboutissement sans le respect du bien public et sans une éducation civique conséquente. En ce qui concerne la répression, la mise en place des cadres légaux et institutionnels appropriés visant à combattre la corruption est en cours. Lenrichissement illicite, le blanchissement dargent, la constitution de sociétés offshore sont des situations dont la répression intégrera le plus rapidement possible lordonnancement juridique pénal béninois. LAssemblée nationale est saisie de projets de lois dans ce sens.
M. ISAN MUSTAFAEV, Vice-Ministre des affaires étrangères de lOuzbékistan : mon pays appuie la conclusion rapide de la convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée. Son engagement dans la lutte contre le crime organisé sest notamment traduit par lorganisation récemment à Taschkent dun Séminaire régional sur ce sujet.
LOuzbékistan est particulièrement préoccupé par laugmentation des actes terroristes. Au cours des dernières années, le terrorisme a dépassé les frontières nationales et sest transformé en un facteur de déstabilisation grave des relations internationales. Il constitue aujourdhui lune des principales menaces à la paix et la sécurité internationales. La participation active dorganisations terroristes au trafic darmes, de drogue et dautres activités illégales en tant que sources de financement est particulièrement inquiétante. Les travaux au niveau régional visant à prévenir et lutter contre le terrorisme méritent toute lattention de la communauté internationale.
Le terrorisme se manifeste aujourdhui sous de nouvelles formes. Le combat contre ce fléau doit aussi évoluer et de nouvelles méthodes de prévention et de lutte doivent être élaborées. Cest dans cet esprit que le Président de lOuzbékistan a proposé la création dun Centre international de lutte contre le terrorisme qui serait notamment chargé de coordonner laction internationale visant à la prévention et à la lutte contre le terrorisme, ainsi quà lélimination de ses sources de financement. Il est crucial pour la paix mondiale de réaliser des progrès tangibles contre le terrorisme. Seule la coopération internationale permettra datteindre cet objectif.
M. DATOCHOR CHEE HEUNG, Vice-Ministre de lintérieur de la Malaisie : la mondialisation ouvre de nouvelles portes à ceux qui tirent profit de la criminalité transnationale organisée. De toute évidence, les groupes criminels bien organisés figurent parmi les bénéficiaires. Aujourdhui, nous sommes confrontés à de nouvelles formes qui ne sont pas seulement diverses, mais complexes et plus étendues. Les crimes économiques utilisent extensivement les nouvelles technologies. Dans le monde de la finance, le mouvement non
réglementé des capitaux à court terme et le laxisme du contrôle du système financier mondial a encouragé le développement de la criminalité transnationale, dans limpunité. La communauté internationale doit faire face à ce vide juridique qui contribue à perpétuer la puissance des groupes criminels organisés. Les efforts en cours ne sont pas appropriés pour faire face de manière efficace aux nouveaux défis de la criminalité transnationale organisée. En dépit de la coopération internationale, il na pas été possible de mettre fin à la fuite des auteurs de cette criminalité.
Reconnaissant limportance de renforcer la coopération internationale dans la lutte contre la criminalité, la Malaisie estime que les communications et les échanges dinformations sont essentielles à une coopération et à une assistance efficaces et promptes. Les initiatives nationales visant à moderniser la législation et les mesures dapplication de la loi sont inefficaces lorsquil existe des divergences dans linterprétation des législations nationales. Dans le cadre de la coopération régionale, la Malaisie estime que le Plan daction de lAssociation des nations du Sud-Est (ANASE) asiatique constitue un instrument vital pour une meilleure coopération avec dautres pays. Elle fait sienne également loffre faite par la Thaïlande daccueillir le prochain Congrès pour la prévention du crime.
M. RANKO MARIJAN, Vice-Ministre de la justice de la Croatie : on nenregistrera des succès dans la lutte contre la criminalité transnationale organisée quen réalisant une coopération internationale efficace en harmonisant les législations nationales avec les normes du droit international et en mettant en oeuvre les instruments internationaux et les législations nationales dans les activités quotidiennes de chaque secteur du système de justice pénale. La Croatie sefforce daméliorer le fonctionnement de son système de justice pénale en mettant laccent sur la mise en oeuvre. Elle est déterminée à empêcher dans ce domaine tout obstacle ou tout ralentissement. Cest dans cet esprit quelle participe activement à tous les travaux du Congrès. La priorité du Gouvernement est de promouvoir la primauté du droit et son impact direct sur le renforcement du fonctionnement du système de justice pénale. La Croatie doit encore améliorer ses standards démocratiques tout en assurant la mise en oeuvre de létat de droit la pratique.
Une autre priorité du Gouvernement est la lutte contre toutes les formes de corruption, un combat qui ne peut être mené avec efficacité que dans le cadre dun Etat organisé et démocratique, et en coopération avec la communauté internationale. La Croatie sefforce, en outre, de mettre en oeuvre autant que possible les dispositions des instruments internationaux auxquels elle est partie dans le domaine de la lutte contre les différentes formes de criminalité. Elle appuie le projet de déclaration politique qui doit être adoptée à lissue du Congrès et convient de ce que chaque Etat a la responsabilité détablir et de maintenir un système de justice pénale fiable, éthique, équitable et efficace, conforme aux principes de la Charte de lONU et du droit international. Elle convient aussi de la nécessité dune coordination et dune coopération entre les Etats dans la lutte contre le crime, en tant que responsabilité partagée de la communauté internationale. La Croatie plaide en faveur de lachèvement rapide du projet de convention contre la criminalité transnationale organisée et de ses trois protocoles.
Mme ANA REATEGUI NAPURI, Vice-Ministre de la justice du Pérou : il est important de renforcer les liens entre les pays pour établir des mesures de lutte efficace contre la criminalité, en particulier dans le cadre de lassistance judiciaire. La culture de coca qui est passée de 121 300 hectares en 1990 à 34 000 hectares, aujourdhui, témoigne des efforts considérables que le Gouvernement déploie pour démanteler le trafic illicite des stupéfiants. Le Pérou continuera à poursuivre sa politique prioritaire de lutte contre la criminalité transnationale organisée. Cest pourquoi, le Gouvernement du Pérou appuie pleinement les engagements qui seront pris dans le cadre du dixième Congrès pour la prévention du crime.
M. ROMULO GONZALEZ TRUJILLO, Ministre de la justice de la Colombie : les études et enquêtes réalisées montrent que la mondialisation a ouvert la voie à de nouvelles formes de criminalité organisée, affaiblissant ainsi une situation économique et sociale déjà précaire dans un certain nombre de pays en développement. La création et le maintien dun cadre juridique viable pour lutter contre la criminalité transnationale organisée est un des défis majeurs auxquels est confrontée la communauté internationale. Récemment, la Colombie a mis en place un mécanisme visant à démanteler les groupes criminels organisés, notamment dans le domaine du trafic des stupéfiants. Soucieux de rétablir la paix sociale, la Colombie compte sur la participation active de tous les secteurs pour mener une lutte efficace contre les différentes formes de criminalité organisée. De même, la coopération internationale exige la participation égale de tous les Etats.
Par ailleurs, le gouvernement a déjà pris des mesures pour combattre la corruption dans la fonction publique. La Colombie entend sinspirer des mesures prises par les Etats-Unis pour garantir la transparence dans différents secteurs de léconomie du pays. Dès 1996, une stratégie contre le blanchiment dargent a été mise en place. Dautres mesures ont été prises pour réglementer les jeux du hasard et contrôler les fraudes bancaires. La délinquance et la criminalité organisée doivent impérativement être éliminées pour garantir le développement, un climat de sécurité et le respect des droits de lhomme.
M. THOMAS SANON (Burkina Faso) : au niveau national : il appartient à chaque État de prendre les mesures idoines pour renforcer létat de droit, reformer son appareil judiciaire afin de soutenir les politiques et les stratégies de prévention et de lutte contre la criminalité. Dans ce cadre, les pays en développement ont besoin de coopération et dassistance. La participation de la collectivité est essentielle pour la prévention de la criminalité. Dune manière générale, la législation de chaque pays fait obligation au citoyen de dénoncer les crimes ou délits dont il a connaissance. Seulement, dans la plupart des pays africains où le poids de la tradition est assez lourd, ce devoir civique est souvent battu en brèche, doù la nécessité de mettre en uvre des mesures daccompagnement telles que léducation de la population et linstitution de cours dinstruction civique dans les établissements scolaires.
La situation en ce qui concerne lAfrique est aggravée par plusieurs facteurs : économie précaire, conflits, prolifération et trafic des armes, flux de réfugiés. Il importe donc dappuyer les efforts et les activités des organisations sous régionales et régionales africaines de lutte contre la criminalité, notamment lInstitut africain pour la prévention du crime et le traitement des délinquants. Il faudrait procéder à lélaboration de nouveaux instruments juridiques de coopération et de prévention, promouvoir la
coopération et lentraide judiciaire et harmoniser les législations nationales. Le Burkina Faso a vu la nécessité de signer des accords de coopération en matière de justice avec la France, mais aussi avec des États africains, dans le cadre dorganisations panafricaines ou non.
La communauté internationale doit soutenir les efforts des pays africains et de certaines organisations sous-régionales pour combattre le trafic darmes à feu. Dautre part des programmes régionaux de lutte ont été élaborés contre le trafic de drogue grâce à lappui du Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues ; la plupart des États ont également mis en place des structures nationales de coordination. Malheureusement celles-ci manquent souvent de moyens et dexpertise. Il serait par ailleurs judicieux de créer tant au niveau national quinternational des organes de régulation et de contrôle du développement informatique. Le Burkina Faso se réjouit de lélaboration dune convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée. Il sera nécessaire daccroître la coopération et lassistance techniques pour aider les pays en développement à faire face à leurs obligations découlant de lapplication de la Convention. Aussi, nous appuyons lidée de créer un fonds spécial à cet effet.
M. MARIO GUILLERMO RUIZ WONG, Ministre de la gestion des affaires publiques du Guatemala : le 29 décembre 1996, les Accords de paix au Guatemala ont mis fin à un conflit armé interne qui a sévi pendant 30 ans. Ces Accords constituent un vaste programme visant à éliminer les problèmes structurels qui semblaient justifier le conflit et à créer une administration de justice et de prévention du crime. La Mission des Nations au Guatemala (MINUGUA) a permis au gouvernement guatémaltèque de prendre les mesures nécessaires pour établir létat de droit et faire respecter les droits de lhomme. Sur le plan international, le Guatemala nest pas épargné par limpact négatif de la mondialisation. Le Guatemala est confronté à une pauvreté généralisé de la population, à une culture de la violence, à labsence de confiance à légard des institutions nationales. Les attentes de la population guatémaltèque nont pas été satisfaites.
Pour tenter de combler les nombreuses lacunes, le gouvernement a doté lAcadémie de police de cours supplémentaires pour garantir un meilleur professionnalisme. Des contacts constants sont établis avec les représentants de la société civile notamment en matière de sécurité. La coordination et la coopération que tous les programmes de prévention du crime nécessitent sont mis en place par le Ministère de lintérieur avec la coopération de la police. Sur onze projets de lois sur le système pénitentiaire, un seul est entré en vigueur. En matière dimmigration, les lois pertinentes sont en cours de réexamen. Le Guatemala procède à la création dun département civil de renseignements et danalyse des informations pour lutter contre la criminalité organisée et la délinquance ordinaire.
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