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SOC/CP/215

OUVERTURE DU CONGRES SUR LE CRIME : LA VICE-SECRETAIRE GENERALE DES NATIONS UNIES APPELLE AU RENFORCEMENT DE LA COOPERATION

10 avril 2000


Communiqué de Presse
SOC/CP/215


OUVERTURE DU CONGRES SUR LE CRIME : LA VICE-SECRETAIRE GENERALE DES NATIONS UNIES APPELLE AU RENFORCEMENT DE LA COOPERATION

20000410

Le Ministre de la justice de l’Afrique du Sud élu à la Présidence

Vienne, 10 avril -- A l’ère de la mondialisation, les organisations criminelles ont su tirer parti de l’ouverture des frontières et, s’appuyant sur les progrès technologiques, élargir leurs activités illégales pour augmenter encore leurs profits. C’est en rappelant ces faits que la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Mme Louise Fréchette, a ouvert ce matin le Dixième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants qui se tient à Vienne jusqu’au 17 avril. Il est plus important que jamais de rassembler tous les partenaires et de prendre conscience du fait que nous avons beaucoup à gagner à lutter ensemble au niveau mondial contre la criminalité organisée, a dit, en substance, Mme Fréchette. Parmi les formes les plus odieuses mais aussi les plus florissantes de la criminalité transnationale organisée, la Vice-Secrétaire générale a cité le trafic d’êtres humains, en particulier des femmes et des enfants. D’autres formes nouvelles de criminalité utilisent l’Internet pour passer les frontières des Etats, ce qui crée des défis sans précédent pour les législateurs et l’application de la loi. Mme Fréchette a encore cité la corruption, un cancer qui affaiblit la démocratie et la stabilité économique et des sociétés, le blanchiment d’argent, ainsi que le cercle vicieux du conflit et du crime. Face à tous ces défis, elle a prôné un effort mondial visant à créer un monde plus pacifique et plus prospère fondé sur les valeurs partagées de la justice, de la démocratie et des droits de l’homme.

Pour le Secrétaire général adjoint et Directeur général du Bureau des Nations Unies à Vienne, M. Pino Arlacchi, Secrétaire général du Congrès la lutte contre la “société incivile” passe par le renforcement de l’état de droit et du système de justice pénale. L’état de droit reflète le contrat social qui lie ensemble l’état et la société, a-t-il rappelé. Sans l’état de droit, les démocraties peuvent être injustes car si la démocratie signifie “une personne, un vote”, l’état de droit signifie “une loi pour tous”, sans que personne ne puisse se placer au-dessus de la loi. L’état de droit garantit la promotion d’un climat de sécurité humaine et par conséquent va au-delà du simple respect de la loi. Par ailleurs, sans le renforcement – et dans certains cas – la reconstruction de la quasi-totalité du système de justice pénale, il ne peut y avoir de sécurité humaine. Une société stable ne peut être garantie que par un système de justice pénale vigoureux et doté de ressources financières suffisantes, a affirmé M. Arlacchi.

Pour la majorité des intervenants qui ont ensuite pris la parole, le succès de la lutte contre la criminalité organisée dépendra de la mesure dans laquelle la communauté internationale se donnera des moyens à hauteur de ceux déjà utilisés par les organisations criminelles. Ainsi, des appels ont été lancés en faveur du renforcement de la coopération internationale, du transfert des technologies des pays industrialisés vers les pays en développement et de l’assistance technique à ces pays pour les aider à renforcer leurs institutions démocratiques et leur système judiciaire. Une telle aide sera particulièrement précieuse dans le cadre de l’application de la future convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée qui devrait être adoptée par l’Assemblée générale du millénaire.

M. Penuell Mpapa Maduna, Ministre de la justice et du développement constitutionnel de l’Afrique du Sud, élu en début de séance Président du Dixième Congrès, a souligné, pour sa part, que la Déclaration politique qui sera adoptée à l’issue du Congrès offrira l’occasion de s’entendre sur un cadre général de lutte contre la criminalité organisée dans la perspective des travaux de l’Assemblée sur cette question.

Ont fait une déclaration la Ministre de la justice de la Pologne, le Procureur général de l'Egypte et les représentants des pays suivants : Pologne, Egypte, Uruguay (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Guatemala (au nom du Groupe des Etats d’Amérique latine et des Caraïbes), Autriche (au nom des pays d’Europe occidentale et autres Etats), Ethiopie (au nom du Groupe africain) et Portugal (au nom de l’Union européenne et des pays associés).

En début de séance, le Président a indiqué que la Commission II serait présidée par la Croatie. La Commission I sera présidée par un pays du Groupe asiatique qui sera annoncé ultérieurement. Le débat de haut niveau sera présidé par la Colombie.

Le Congrès poursuivra ses travaux cet après-midi à 15 heures.

Ouverture du Congrès par Mme Louise Fréchette, Vice-Secrétaire générale de l’ONU

Mme LOUISE FRECHETTE : les Congrès précédents ont contribué à développer nombre de normes des Nations Unies en matière de prévention du crime et de justice pénale. Ils ont été la force motrice derrière un grand nombre de traités modèles et ont permis à la société civile de joindre la lutte contre la criminalité. Aujourd’hui, il est plus important que jamais de rassembler tous les partenaires et cela pour une raison qui peut se résumer en un mot: mondialisation. Nous devons prendre conscience du fait que nous avons beaucoup à gagner à apprendre à penser et à agir ensemble au niveau mondial. Malheureusement, certains de ceux qui sont parvenus à cette conclusion sont loin d’être des promoteurs du développement, de l’apprentissage universel et de l’activisme de la société civile. Ils représentent, plutôt, ce que le Secrétaire général appelle la “société incivile”. Ils ont sauté dans le wagon de la mondialisation pour créer des réseaux criminels transnationaux et augmenter les profits tirés d’une large gamme d’activités illégales. Or, celles-ci menacent les droits fondamentaux des individus, les intérêts des opérateurs légitimes des marchés et le développement et la stabilité de pays entiers.

Le trafic des êtres humains, en particulier des femmes et des enfants, compte parmi les formes les plus odieuses mais aussi les plus florissantes de la criminalité transnationale organisée. D’autres formes nouvelles de criminalité, allant de la fraude et du piratage informatique à la diffusion de matériel pornographique impliquant des enfants, utilisent l’Internet pour passer les frontières des Etats, ce qui soulève des défis sans précédent pour les législateurs et l’application de la loi. La corruption constitue une autre préoccupation majeure car, en sapant la confiance dans les institutions publiques, elle est un cancer qui affaiblit la démocratie et l’ennemi d’une économie saine. La corruption a des effets désastreux sur la stabilité et la prospérité des sociétés. Enfin, il y a le cercle vicieux du conflit et du crime. Les économies parallèles, le trafic d’armes et d’autres types de trafics qui prospèrent en période de conflit, ont tendance à se poursuivre après la fin de la guerre, sapant les efforts visant à restaurer la stabilité et à reconstruire les sociétés.

Les défis sans précédent posés par la criminalité moderne ont abouti à la reconnaissance du fait qu’aucun pays ne peut faire face à lui seul à l’augmentation de la criminalité organisée. Des questions traditionnellement considérées comme relevant exclusivement des gouvernements nationaux doivent être examinées aujourd’hui dans des instances internationales où des stratégies conjointes peuvent être décidées. Si les criminels embrassent la mondialisation, ceux qui luttent contre eux doivent aussi déclarer une lutte mondiale et créer des réseaux efficaces de coopération technique et juridique. Des réunions comme celle d’aujourd’hui et des instruments comme la prochaine convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, sur laquelle vous vous pencherez cette semaine, constituent des mesures dans la bonne direction. La lutte contre le crime doit faire partie d’un effort mondial visant à créer un monde plus pacifique et plus prospère fondé sur les valeurs partagées de la justice, de la démocratie et des droits de l’homme. C’est un objectif que nous ne pouvons réaliser qu’ensemble, en coopérant à l’établissement d’institutions publiques efficaces, en promouvant la transparence et l’obligation redditionnelle dans la gestion des affaires publiques, en protégeant les droits de l’homme et en garantissant la participation de tous les citoyens aux décisions qui les concernent.

Déclaration du Président du Dixième Congrès pour la prévention du crime et le traitement des délinquants et Ministre de la justice et du développement constitutionnel de l’Afrique du Sud, M. Penuell Mpapa Maduna

M. MADUNA : ce Congrès se réunit à un moment important dans l’histoire de l’humanité. C’est le premier des congrès des Nations Unies de ce siècle et il a lieu à un moment où des progrès technologiques offrent de nouvelles opportunités aux criminels et où le crime devient de plus en plus complexe par sa portée et ses dimensions, menaçant ainsi les fondements mêmes et la stabilité des nations. Le défi auquel les Etats Membres sont confrontés est donc de trouver des solutions innovatrices, efficaces et crédibles pour renforcer les efforts multilatéraux visant à combattre le crime. Ce Congrès nous permet d’échanger des idées, des expériences et des informations sur la promotion et le renforcement de l’état de droit ainsi que sur les progrès accomplis en matière de justice pénale afin de répondre aux nouvelles réalités. L’ordre du jour de ce Congrès exige également que nous nous penchions sur les questions de la coopération internationale pour lutter contre le crime transnational au XXIème siècle, de la prévention du crime à la lumière des progrès technologiques ainsi que sur celle d’un traitement juste des délinquants et des victimes. En discutant de l’importance de la prévention du crime en tant qu’instrument pour la promotion des droits de l’homme et de la sécurité, il faudra définir, d’une part, la relation entre la promotion de l’état de droit, les droits de l’homme et la démocratie et d’autre part, le développement durable. Pour nous, nations et peuples réunis aujourd’hui, la lutte contre le crime dépasse largement les questions du droit et de l’ordre. Elle est au coeur même d’une société démocratique que nous nous engageons tous à promouvoir. Le Congrès réaffirme également que la prévention du crime exige la coopération internationale et des stratégies coordonnées. L’impact du crime s’étend au-delà des frontières nationales. Le crime – ennemi auquel nous sommes tous confrontés – ne connaît et ne respecte aucune restriction et ne dispose d’aucun passeport. En conséquence pour que notre approche soit efficace, en particulier au niveau multilatéral, elle doit tenir compte de ces réalités. Les récents progrès technologiques s’ajoutant à l’évolution de la mondialisation ont rendu la communauté internationale de plus en plus interdépendante à tel point que les faiblesses existant sur une partie de notre planète ne peuvent être ignorées qu’au détriment de l’humanité tout entière.

Le débat de haut niveau constitue non seulement une innovation dans l'histoire des congrès sur la prévention du crime, mais la participation de hauts responsables dans ce domaine témoigne de l’importance et de la détermination avec lesquelles les Etats Membres traient la criminalité. La convention contre la criminalité transnationale organisée et ses protocoles suivis bientôt par la convention sur la corruption lorsqu’ils seront achevés, renforceront la capacité de la communauté internationale contre le crime.

Déclaration du Secrétaire général du Congrès, M. Pino Arlacchi, Secrétaire général adjoint et Directeur général du Bureau des Nations Unies à Vienne

M. PINO ARLACCHI : la tâche qui nous incombe est d’examiner comment, face à la menace d’ampleur mondiale que pose la criminalité organisée, nous pouvons garantir aux peuples du monde une vie régie par l’état de droit. Il s’agit du droit à une vie exempte de violence et d’intimidation – le droit à des services de base sur un pied d’égalité entre tous les peuples - le droit à la liberté et à la dignité. Lorsqu’on pense à l’état de droit, on tend à penser aux institutions du

système judiciaire – les lois, leur exécution, les juridictions et les prisons. Il est trop simple de considérer l’état de droit simplement comme le respect de ces institutions, en se conformant aux lois. C’est l’état de droit vu de haut en bas. Les peuples choisissent de se conformer aux lois. Certains d’entre eux décident également de ne pas s’y conformer. L’état de droit doit être considéré comme quelque chose de plus large, un concept lié à la culture politique. Il va au-delà de la législation. Il reflète le contrat social qui lie ensemble l’état et la société. Presque chaque écolier sait ce que signifie la démocratie, alors que trop peu de gens comprennent le sens réel de l’état de droit. Il existe plus de démocraties dans le monde qu’auparavant et cela pour le bien de tous. Toutefois, sans l’état de droit, les démocraties peuvent aussi être injustes. L’état de droit restreint le pouvoir de ceux qui sont au pouvoir, qu’ils soient élus démocratiquement ou non. L’état de droit rend tout le monde responsable au regard de la loi, y compris les dirigeants politiques. Si la démocratie signifie “une personne, un vote”, l’état de droit signifie “une loi pour tous”, sans que personne ne puisse se placer au-dessus de la loi.

L’état de droit garantit la promotion d’un climat de sécurité humaine et par conséquent va au-delà du simple respect de la loi. Il existe dans de nombreuses sociétés des lacunes en mesure de sécurité, qui ne peuvent être comblées par de simples mesures économiques et politiques. Sans le renforcement – et dans certains cas – la reconstruction de la quasi-totalité du système de justice pénale, il ne peut y avoir de sécurité humaine. Une société stable ne peut être garantie que par un système de justice pénale vigoureux et doté de ressources financières suffisantes. Dans de nombreux cas, la nouvelle frontière pour la défense de nos Etats et sociétés ne correspond plus aux frontières étatiques. C’est contre le crime sous toutes ses formes et manifestations, et en particulier contre le crime organisé transnational que nous devons édifier de nouvelles mesures plus efficaces. Comme le faisait observer Mme Fréchette, face à l’internationalisation de certaines formes de criminalité, il faut répondre par des solutions globales. La corruption en fait partie. Alors que dans le passé, il s’agissait d’une question largement locale, par sa nature, elle est devenue aujourd’hui mondiale. Des sociétés privées ou des individus cherchent un accès à des activités lucratives dans des pays lointains. Dans le cadre du système bancaire, il n’est plus nécessaire que l’argent soit sur le lieu du crime.

Si les institutions chargées de prévenir la corruption sont elles-mêmes corrompues, nous devons en effet retourner à la source. Nous devons examiner ce pacte qui existe entre le peuple et l’état. Cela prendra des années pour procéder aux changements nécessaires, mais ils doivent être accomplis si l’on souhaite que la paix et la prospérité prévalent. La décision préliminaire récente d’élaborer une convention contre la corruption témoigne de la magnitude du problème. Des progrès importants ont été réalisés en matière de participation de la communauté à la prévention du crime, notamment en Afrique du Sud, en Tanzanie et la Côte d’Ivoire, en Norvège, au Royaume-Uni, en France et aux Pays-Bas, aux Etats-Unis, au Canada, au Brésil, au Chili et en Nouvelle-Zélande. Toutefois, les statistiques de la criminalité soulignent la nécessité d’adopter des mesures pour empêcher que des crimes ne soient commis. Il est aussi important d’assurer que les femmes qui commettent des crimes soient traitées de manière humaine. L’inégalité des sexes dans la société est largement reflétée – et peut-être exacerbée – dans le système de justice pénale. Lorsqu’il existe une occasion pour intimider les témoins, il est difficile de garantir le succès des poursuites. C’est également dans ce domaine qu’il est nécessaire de déterminer les meilleures pratiques.

Le blanchiment de l’argent n’est certes pas une nouvelle forme de crime, mais il est florissant dans un âge de transactions bancaires électroniques. Le Fonds monétaire international (FMI) indique que chaque année environ 600 milliards de dollars sont ainsi blanchis. Il y a juste dix jours, 36 institutions bancaires off –shore ont convenu de coopérer avec les Nations Unies pour concilier leurs normes avec les normes internationales. Vingt autres de ces institutions devraient se rallier au nouveau programme intitulé “Forum Off-Shore”. Il incombe à chaque gouvernement d’appliquer les normes en vigueur. L’argent sale ne devrait trouver refuge nulle part. La Commission sur la prévention du crime et la justice pénale, le Centre pour la prévention internationale du crime constituent des instruments indispensables pour établir une stratégie à long terme et proactive afin de faire face aux nouveaux défis. L’état de droit est notre objectif tant au niveau national qu’au niveau mondial.

Déclarations

Mme HANNA SUCHOCKA, Ministre de la justice de la Pologne : l’une des tâches qui nous attend à l’aube du XXIe siècle est de comprendre les sources et la portée de l’expansion de la criminalité et de développer un mécanisme de lutte contre ce fléau. La prévention doit commencer à la source, être de très large de portée et impliquer les jeunes. Lutter contre la criminalité moderne requiert des agences d’application de la loi tout aussi efficaces que les organisations criminelles internationales. Le succès de cette lutte dépend d’une coopération efficace au niveau mondial. Les Etats doivent déployer des efforts en vue de développer des stratégies conjointes qui permettront de faire face à une criminalité en constante évolution. Dans ce contexte, un rôle important incombe au Congrès qui doit lancer un appel en vue du renforcement de la coopération internationale. Au cours des prochains jours, nous devrons analyser le modèle actuel de coopération entre les Etats et échanger les expériences en matière d’aide juridique, d’extradition et de coopération technique. Cela nous permettra d’identifier les liens faibles de cette coopération en vue de les modifier ou de les éliminer. Cela permettra aussi de définir les domaines de coopération qui doivent être approfondis. Il faudrait aussi voir s’il ne conviendrait pas de fonder cette coopération sur de nouveaux préalables incluant certains attributs traditionnellement réservés aux Etats. La création de la Cour pénale internationale constitue un premier pas dans cette direction.

La lutte contre la criminalité doit être universelle et la coopération juridique doit être réalisable et efficace, et ne pas permettre l’existence de “paradis” pour les criminels où ils seraient à l’abri de toute poursuite. Le cadre juridique pour cette coopération d’un nouveau style sera défini par la convention contre la criminalité transnationale organisée, développée à l’initiative de la Pologne. Il est urgent de finaliser cette Convention et de consacrer les ressources financières nécessaires pour en assurer l’application concrète. Parmi les autres tâches urgentes, l’une des plus importantes est la lutte contre la corruption, le blanchiment d’argent et la délinquance économique. Nous avons le devoir de créer des barrières anticorruption efficaces. Les efforts menés dans ce domaine au sein de l’OCDE et du Conseil de l’Europe constituent une bonne base pour l’élaboration d’un instrument juridique universel de lutte contre la corruption sous toutes ses manifestations.

Il est aussi de notre responsabilité commune de résoudre les problèmes liés aux actes de violence et de terrorisme, à la discrimination raciale, à la xénophobie et à l’intolérance qui y est associée, ainsi qu’aux délits informatiques. En outre, garantir un traitement adéquat aux victimes par les organes d’application de la loi et les organes judiciaires doit être considéré comme l’une des armes de la lutte contre la criminalité. Le moment est peut-être venu de modifier la Déclaration des Nations Unies de 1985 sur les principes fondamentaux de justice relatifs aux victimes de la criminalité et aux victimes d’abus de pouvoir pour en faire un instrument juridique contraignant.

M. MAHER ABDEL-WAHID, Procureur général de l’Egypte : le dixième Congrès sur la prévention du crime devraient renforcer ce qui a été accompli par le neuvième Congrès, tenu au Caire, en 1995. La lutte contre le terrorisme doit également être placée au centre des priorités du présent Congrès car le terrorisme a des conséquences dévastatrices sur la situation économique et sociale des pays. Pour relever ce défi, il est indispensable de renforcer les institutions judiciaires pénales et les mécanismes de prévention. Par le biais de la Commission de la prévention du crime, les Nations Unies devront être en mesure de faire face aux nouveaux défis en matière de criminalité. A cet égard, le renforcement de la coopération internationale est essentiel car ce n’est qu’unis que les Etats Membres pourront trouver des solutions globales à des problèmes globaux comme le celui des activités criminelles organisées. L’Egypte appelle de ses voeux la mise en place d’un mécanisme efficace pour lutter contre la criminalité transnationale organisée. Un avenir meilleur où régnera la primauté du droit est possible.

M. FRUCTUOSO PITTALUGA FONSECA (Uruguay) au nom du Groupe des 77 et de la Chine : une action concertée à tous les niveaux est indispensable afin de faciliter le développement dynamique dans le monde entier de politiques de lutte contre la criminalité fondées sur la justice sociale, le respect de la dignité humaine, la liberté, l’égalité et la sécurité. Nous ne pourrons atteindre aucun résultat sans nous attaquer aux causes socioéconomique de la criminalité. Une attention particulière doit être accordée aux pays en développement. Pour promouvoir la primauté du droit et renforcer la justice pénale, il faut consolider les transferts de technologies vers les pays en développement afin de les aider à renforcer leurs institutions démocratiques, garantir l’indépendance de leurs systèmes judiciaires, appliquer les normes internationales en matière d’administration de la justice pénale et prévenir la marginalisation des minorités et la discrimination. S’agissant de la future convention contre la criminalité transnationale organisée, le Groupe des 77 et la Chine est convaincu que les pays en développement devront bénéficier d’une assistance importante à long terme pour leur permettre de la mettre en oeuvre. Un fonds spécial d’assistance technique devrait être créé

La lutte contre la criminalité organisée exige que l’on s’attaque aux causes profondes qui soutendent ces activités illégales. Il faut notamment prendre des mesures pour renforcer la croissance dans les pays en développement. Il faut en outre promouvoir la coopération internationale par des partenariats fondés sur la responsabilité partagée et sur le respect des principes de la souveraineté, de l’égalité des droits et de la non intervention. La lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes devrait, par ailleurs, être renforcée. Il faudrait notamment éliminer les sources de financement des activités terroristes.

Nous sommes préoccupés par la menace croissante du trafic et de l’abus de drogues, ainsi que par le trafic d’être humains. Une action concertée est indispensable pour lutter contre ces fléaux, de même que contre le trafic d’armes à feu. De nouveaux instruments internationaux en vue de la prévention des délits informatiques devraient être élaborés. Le Groupe des 77 et la Chine se félicite de la proposition de créer un instrument de lutte contre la corruption. Pour assurer l’équité des procédures judiciaires, il conviendrait d’avoir davantage recours aux méthodes de justice réparatrice et aux mesures de substitution aux sanctions pénales et à l’incarcération. Des mesures concrètes devraient être prises pour réduire la surpopulation carcérale et s’attaquer aux problèmes de la délinquance juvénile. Les Congrès des Nations Unies devraient rester l’enceinte privilégiée en vue de faire des propositions concrètes dans le cadre de la lutte contre la criminalité organisée.

M. FEDERICO ADOLFO URRUELA PRADO (Guatemala), au nom du Groupe des pays d’Amérique latine et des Caraïbes (GRULAC) : il conviendrait d’inclure dans les législations nationales pénales les problèmes concernant les populations autochtones. Le crime organisé est de plus en plus transnational et mine les économies des pays en développement. C’est pourquoi, les pays du Grulac ont adopté des mesures vigoureuses visant à le combattre. Le Grulac estime que la participation très active et importante des Etats Membres contribuera largement au succès des négociations sur les questions à l’ordre du jour du dixième Congrès. La médiation et la conciliation constituent des mécanismes importants de règlement des différends qu’il ne faut pas négliger. Il est essentiel d’harmoniser les législations pénales nationales en vue de garantir une meilleure coordination des mesures de lutte contre le crime organisé. Il est également indispensable de prendre en compte les droits des travailleurs migrants et de lutter contre le racisme et la xénophobie. Des mesures appropriées doivent être prises pour assurer un développement social et économique durable afin de faire obstacle au crime organisé.

Mme IRENE FREUDENSCHUSS-REICHL (Autriche), au nom des pays de l’Europe occidentale et autres pays : nous fondons de grands espoirs en ce qui concerne les résultats de ce Congrès. C’est pourquoi nous nous réjouissons d’ores et déjà de l’esprit de coopération et de professionnalisme qui a prévalu lors des consultations qui ont précédé l’ouverture du Congrès, ainsi que des interventions déjà entendues ce matin qui ont montré une volonté de coopération en vue du renforcement de la lutte contre la criminalité organisée. En tant que représentante de l’Autriche, je suis très heureuse que ce Congrès ait lieu au Centre de conférences autrichien et souhaite plein succès aux participants à cet événement.

Mme MENBERE ALEMAYEHU (Ethiopie), au nom du Groupe des Etats d’Afrique : l’élection de l’Afrique du Sud à la présidence du dixième Congrès pour la prévention du crime témoigne de l’importance que l’Afrique attache à la question. L’Ethiopie est fermement résolue à lutter de manière vigoureuse contre la criminalité. C’est par le biais des délibérations qu’il sera possible d’adopter des instruments efficaces qui témoignent de la ferme détermination des Etats de ne pas accepter les conséquences dévastatrices de la criminalité sur leurs sociétés. Le Congrès doit indiquer clairement les besoins de chacun et envisager des solutions appropriées. Le Groupe africain attache une importance vitale à la mise en oeuvre des recommandations formulées par la réunion préparatoire régionale pour l’Afrique, tenue à Kampala en 1998. Les difficultés économiques et sociales auxquelles les pays africains font face, aggravées par les conséquences négatives de la

mondialisation, ont ouvert la voie aux activités criminelles organisées qui posent et continuent de poser un défi à l’existence même de l’homme. Le crime a une dimension globale qui exige une solution globale. La coopération internationale constitue le seul moyen de lutter contre ce phénomène. A cet égard, le Groupe africain appuie les congrès quinquennaux des Nations Unies pour la prévention du crime. En raison de l’internationalisation des activités criminelles et de leurs liens avec l’économie mondiale et les progrès technologiques, il est essentiel d’accorder une attention particulière à la situation dans les pays en développement. Par ailleurs, il faudrait renforcer et reconnaître la menace que le terrorisme pose aux droits de l’homme et à la stabilité des pays. Les pays africains appuient pleinement l’idée de convoquer une conférence internationale sur le terrorisme sous les auspices des Nations Unies. La pleine mise en oeuvre du nouveau projet de convention contre la criminalité transnationale organisée et ses protocoles dépendra de l’efficacité de la coopération internationale.

M. JOAO ROSA LA (Portugal), au nom de l’Union européenne et des pays associés : l’Union se déclare convaincue que sous la présidence de M. Mapuna, les objectifs du dixième Congrès pour la prévention du crime seront réalisés avec succès et dûment reflétés dans la Déclaration qui sera adoptée. L’Union européenne est pleinement engagée à s’acquitter du thème général et des différents points de l’ordre du jour adoptés par l’Assemblée générale. Elle souligne également la participation de la société civile à ce Congrès, notamment dans le cadre des réunions informelles.

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.