LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME POURSUIT SON DEBAT SUR LES DROITS FONDAMENTAUX DE LA FEMME ET LA VIOLENCE CONTRE LES FEMMES
Communiqué de Presse
DH/G/1301
LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME POURSUIT SON DEBAT SUR LES DROITS FONDAMENTAUX DE LA FEMME ET LA VIOLENCE CONTRE LES FEMMES
20000410Genève, le 10 avril 2000 -- La Commission des droits de l'homme a poursuivi, cet après-midi, son débat sur l'intégration des droits fondamentaux de la femme et la question de la violence contre les femmes.
Nombre de pays ont fait part des mesures qu'ils ont prises, y compris des mesures d'action positive, en vue de promouvoir la condition de la femme et de lutter contre des phénom ènes tels que la violence domestique ou le harcèlement sexuel. Plusieurs orateurs ont également insisté sur la nécessité de lutter contre le phénomène de la traite des femmes et ont appelé dans ce domaine au renforcement de la coopération internationale.
L'accent a également été mis sur l'importance des services de santé génésique. À cet égard, il a été rappelé que 350 millions de femmes dans les pays en développement n'ont toujours pas accès à des méthodes de planification familiale efficaces et sûres.
Les représentants des pays suivants ont fait des déclarations : ex-République yougoslave de Macédoine, République islamique d'Iran, Israël, Paraguay, République populaire démocratique de Corée, Bélarus, Albanie, Jamahiriya arabe libyenne, Yémen, Islande, Viet Nam, Suisse et Jordanie.
Des représentant du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont également pris la parole, de m ême que les représentants des organisations non gouvernementales suivantes : Asian Legal Resource Centre; Worldview International Foundation Assemblée permanente pour les droits de l'homme; Lila Pilipina; International Human Rights Group; Institut catholique pour les relations internationales; Asia Pacific Forum on Women and Development; Confédération internationale des syndicats libres; Union des avocats arabes; Australia Council for Overseas Aid; Third World Movement against the Exploitation of Women.
La Turquie et la Jordanie ont exercé leur droit de réponse.
La Commission achèvera demain matin, à partir de 10 heures, son débat sur les droits fondamentaux de la femme. Dans l'après-midi, elle entendra des déclarations de délégations qui souhaitent réagir à l'intervention faite la semaine dernière par la Haut-Commissaire aux droits de l'homme, Mme Mary Robinson, à son retour de la visite qu'elle venait d'effectuer en Fédération de Russie, y compris en Tchétchénie.
Débat sur les droits fondamentaux de la femme et la violence contre les femmes
M. BASHIR MUNTASSEK (Fonds des nations unies pour la population, FNUAP) a souligné que la nécessité de disposer de services de santé génésique et d'informer, voire d'éduquer le public en la matière se faisait toujours aussi durement ressentir dans le monde. Il y a encore dans les pays en développement 350 millions de femmes qui n'ont pas accès à toute une série de méthodes de planification familiale efficaces et sûres. Chaque année, plus de 585 000 femmes meurent des suites de problèmes liés à l'accouchement et à la grossesse. En outre, 70 000 femmes décèdent chaque année des suites d'avortements pratiqués dans des conditions présentant des risques. La réduction de l'incidence des maladies sexuellement transmissibles, notamment le sida, constitue une autre priorité car on recense chaque année 330 millions de nouveaux cas de ces maladies. D'autre part, il convient de relever que plus de la moitié des femmes ont à souffrir à un moment ou un autre de leur vie de violence simplement parce qu'elles sont femmes. Chaque année, 2 millions de fillettes et de jeunes femmes sont exposées à des mutilations génitales féminines susceptibles d'entraîner des infections, des hémorragies graves, voire la mort. En outre, la grande majorité des 22 millions de personnes déplacées suite à des guerres ou à des catastrophes naturelles sont des femmes et des enfants.
Afin de renforcer les droits des femmes en matière de santé génésique, les gouvernements concernés devraient retirer les réserves qu'ils ont émises à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et apporter leur soutien à l'élaboration d'un protocole additionnel à la Convention qui porterait sur cette catégorie de droits.
MME ELIZABETA GIORGIEVA (ex-République yougoslave de Macédoine) a souligné que l'un des problèmes les plus importants auxquels les femmes doivent faire face est le commerce de leurs corps et de leurs vies, ce qui représente aussi l'une des plus grandes hypocrisies de l'humanité. Le combat contre ces problèmes est souvent difficile et son pays soutient les efforts de la communauté internationale dans ce domaine.
Au niveau national, a fait valoir la représentante, l'ex-République yougoslave de Macédoine accorde beaucoup d'importance à la promotion de l' égalité entre les hommes et les femmes. Les efforts portent en particulier sur la promotion des femmes dans les processus de prise de décision, en particulier dans le domaine du pouvoir politique.
MME ZAHRA TAHERI (République islamique d'Iran) a déclaré que dans la mise en oeuvre de la constitution iranienne, et en conformité avec les clauses du Programme d'action de Beijing, son gouvernement a élaboré un plan national pour les femmes. Presque toutes les institutions iraniennes et organisations publiques ont établi des unités spéciales pour la promotion de la condition de la femme. La représentante a ajouté qu'il faut favoriser le développement des organisations non gouvernementales de femmes et les institutions gouvernementales qui s'occupent des questions des femmes tout en assurant davantage de cohérence et en éliminant le double emploi.
En conclusion, la représentante a souligné qu'elle accueillait favorablement la convocation de la session extraordinaire de l'Assemblée générale qui se tiendra en juin 2000. Cet événement devrait permettre de traduire les stratégies en actions concrètes pour réaliser les objectifs du Programme d'action de Beijing et renforcer de la cause des femmes dans le monde.
MME ADY SCHONMANN (Israël) a souligné qu'une coalition impressionnante de femmes députés de la Knesset, appartenant à divers partis, a conjugué ses efforts pour promouvoir une politique d'action positive en faveur des femmes et pour promouvoir la condition de la femme dans la société israélienne. En 1998, la Knesset a adopté une législation avant-gardiste s'agissant des questions de harcèlement sexuel. Cette loi s'applique tant dans le contexte civil que dans celui de l'armée ou de la police.
La représentante israélienne a par ailleurs indiqué qu'une Autorité statutaire pour la promotion de la condition de la femme a été créée en Israël afin de conseiller les différents ministères dans le cadre de la mise en oeuvre de lois pour l'intégration de la sexospécificité dans le fonctionnement des organes de l'État.
MME LETICIA CASATI (Paraguay) a souligné qu'en 1992, le Secrétariat de la femme a été créé au sein de la Présidence de la République afin de coordonner et d'incorporer les perspectives d'égalité sexuelle au sein des politiques du gouvernement.
La représentante a reconnu que, si des progrès considérables ont été réalisés par son pays pour assurer la promotion de la femme et protéger ses droits, il reste encore beaucoup à faire. Par ailleurs, la représentante a fait valoir que son gouvernement s'engageait à mettre l'accent sur le développement humain de manière à que tous les Paraguayens puissent bénéficier du bien-être économique et social.
M. KIM SONG CHOL (République populaire démocratique de Corée) a déploré que la violence sexuelle contre les femmes est encore utilisée comme moyen de faire la guerre, dans les conflits ethniques et armés. Cette violence, en particulier le viol en temps de guerre, prévaut encore aujourd'hui dans de nombreuses régions où ont lieu des conflits armés, notamment parce que l'on n'a pas encore réglé la question de la violence sexuelle contre les femmes coréennes et asiatiques par les Japonais au cours de la seconde guerre mondiale.
À cet égard, le représentant coré en a salué le rapport soumis par Mme Gay McDougall, Rapporteuse spéciale sur l'esclavage sexuel en temps de guerre, et a exhorté les autorités japonaises à enquêter et rendre public les pertes humaines et matérielles infligées au peuple coréen, d'en châtier les coupables, de présenter des excuses publiques et de verser une indemnisation aux victimes. Ce n'est qu'en agissant ainsi que l'on pourra prévenir les crimes contre l'humanité comme la violence sexuelle contre les femmes et faire en sorte que le Japon devienne un membre digne de la communauté internationale.
MME IRINA ANANICH (Bélarus) a rappelé que les femmes constituent la majeure partie de la population et de la main-d'oeuvre du Bélarus, de sorte qu'elles ont subi de plein fouet la diminution des niveaux de revenus et la dégradation des services de santé que connaît le pays. Bien qu'au Bélarus, le niveau d'éducation des femmes soit supérieur à celui des hommes, leurs salaires sont considérablement moins élevés et le taux de chômage qui les frappe est beaucoup plus important que celui des hommes. Dans ces conditions, il est devenu encore plus difficile pour les femmes d'élever leurs enfants.
Le Bélarus espère pouvoir bénéficier d'aide sous forme d'experts, ainsi que d'une assistance financière pour contribuer à résoudre les problèmes concernant la situation des femmes dans le pays, qu'il s'agisse de problèmes anciens ou de problèmes plus récents tels que celui de la traite des femmes.
MME MARGARITA GEGA (Albanie), a fait observer qu'après le renversement du système communiste, l'Albanie a connu une amélioration de la situation de la femme. La femme albanaise a acquis des droits et des libertés dont elle ne jouissait auparavant que de manière formelle. La représentante a toutefois reconnu que son gouvernement avait encore des progrès à faire dans différents domaines.
La représentante albanaise a exprimé la préoccupation de son gouvernement en ce qui concerne la situation dans laquelle se trouvent des milliers de femmes kosovares. Selon elle, le calvaire de leurs terribles souffrances en tant que femmes violées, en tant que mères qui ont perdu des enfants et en tant qu'épouses qui ont perdu leurs maris, tous victimes du nettoyage ethnique serbe, n'a pas pris fin avec la fin de la guerre. Parmi les femmes détenues dans les prisons de Serbie, Mme Flora Brovina a été condamnée par le régime serbe à 12 ans de prison pour ses activités de défense des droits de l'homme. La représentante a réitéré son appel pour sa libération et pour la remise à la justice de tous ceux qui ont commis des crimes odieux contre les femmes kosovares en particulier et contre l'ensemble du peuple kosovar.
MME NAJAT AL-HAJJAJI (Jamahiriya arabe libyenne) a souligné que la femme et l'homme sont égaux devant la prière et le travail, selon la volonté divine. Il a déclaré que la question de l'égalité entre l'homme et la femme dans le Coran n'est pas simplement une question de foi mais une question qui s'inscrit dans une perspective historique. Cette perspective doit s'adapter aux relations sociales. C'est pourquoi il faut s'attacher au message profond et non à la lettre. En Libye, l'application de la loi tient compte de la reconnaissance de l'égalité entre l'homme et la femme.
Le représentant libyen a souligné la nécessité d'assurer l'égalité entre l'homme et la femme. Il a mis en garde contre des interprétations erronées du Coran, notamment du verset 282, certains estimant qu'il voulait dire que le témoignage d'une femme vaut la moitié du témoignage d'un homme.
M. ABDULKARIM ALERYANI (Yémen) a déclaré que la situation de la femme au Yémen a enregistré une nette amélioration qualitative ces dernières années. L'égalité entre hommes et femmes devant la loi est inscrite dans la Constitution, de sorte que la participation de la femme sur un pied d'égalité est garantie à tous les niveaux.
Le représentant a rappelé que le Yémen a adopté en 1997 une stratégie nationale en faveur de la femme. En outre, le taux de participation des femmes yéménites aux dernières élections nationales s'est élevé à plus de 40%. Deux femmes ont été nommées vice-ministres et de nombreuses femmes collaborent au bureau de la Présidence.
M. BENEDIKT JONSSON (Islande ) a rappelé que, lors de la Conférence de Beijing, il y a cinq ans, chacun s'était accordé pour reconnaître que les droits des femmes étaient des droits fondamentaux et qu'il convenait de prendre des mesures efficaces pour les promouvoir et les protéger. S'il est clair qu'aujourd'hui le monde a progressé sur la voie des objectifs fixés à Beijing, il reste encore beaucoup à faire. La situation est même devenue tellement grave que l'on parle aujourd'hui de féminisation de la pauvreté.
La représentante islandaise a attiré l'attention de la Commission sur la situation des femmes afghanes qui sont privées de tout moyen d'intervenir sur leurs conditions de vie. Elle a souligné que la réalisation de l'égalité des droits des femmes requiert l'implication des femmes mais aussi des hommes. Elle a ajouté que l'une des raisons de la discrimination pratiquée à l'encontre des femmes réside dans le déséquilibre entre hommes et femmes s'agissant de leur rôle dans la vie de famille. Le Gouvernement islandais envisage à cet égard de corriger la situation en présentant au Parlement un projet de loi garantissant l'égalité de droits entre hommes et femmes en mati ère de congé maternité et de congé parental.
MME JANE COTTINGHAM (Organisation mondiale de la santé) a déclaré que son organisation est résolument engagée en faveur de la promotion des droits de l'homme et reconnaît que la violation des droits des femmes affecte gravement leur santé. Le fait de ne pas contrôler, comprendre et agir sur ces violations constitue un déni de leurs droits tels que garantis par les instruments internationaux. Les femmes souffrent de discrimination et de violations de leurs droits à la santé, droits niés également aux fillettes. Ces violations cumulatives ont des conséquences sur leur santé. Ainsi, la malnutrition pendant leur jeune âge entraîne des séquelles comme la cécité, l'anémie et des maladies osseuses à l'âge adulte. Il existe d'importantes différences entre hommes et femmes en matière de santé. Un système de santé qui manque de services spécifiques pour la femme est discriminatoire. Pour les femmes, nombre de difficultés de santé sont liées aux maladies sexuellement transmissibles, à la mortalité maternelle et infantile et les cancers de l'appareil reproductif. Le manque de contrôle a également pour conséquence que les femmes sont plus vulnérables au sida. Près de trois millions de femmes ont été infectées par le virus VIH l'an dernier.
M. DOUNG CHI DUNG (Viet Nam) a déclaré que l'émancipation des femmes et la promotion de la parité entre hommes et femmes sont des notions qui ont toujours été prises en compte dans les politiques suivies par le Viet Nam. La Constitution de 1992 stipule que les hommes et les femmes jouissent de droits égaux dans tous les domaines. La condition de la femme vietnamienne s'est aujourd'hui beaucoup améliorée et les femmes représentent 13,1% des ministres du gouvernement. Avec plus de 26% de députés qui sont des femmes, le pays se place au deuxième rang de la région Asie-Pacifique pour ce qui est de la représentation des femmes au Parlement.
Le Viet Nam considère comme illégale la traite des femmes et estime que cette pratique a de graves conséquences sociales à long terme. Pour traiter cette question, le Viet Nam a, ces dernières années, pris toute une série de mesures sur la base d'activités conjointes impliquant toutes les branches administratives. Les tribunaux vietnamiens ont sévèrement puni les organisations et les individus impliqués dans la traite des femmes, plus de 80% des accusés ayant été condamnés à des peines d'emprisonnement. Toute la société devrait être encouragée à participer à la lutte contre la traite des femmes, avec la pleine coopération de la communauté internationale.
MME ANDREA AEBY (Suisse) a déclaré que sa délégation apporte tout son soutien à certaines recommandations de Mme Radhika Coomaraswamy, Rapporteuse spéciale sur la violence à l'égard des femmes concernant la traite des humains, notamment en ce qui concerne la proposition de pallier l'absence de définition en donnant des éléments essentiels de la traite. La représentante a estimé que la définition proposée semble utile pour lutter contre ce phénomène choquant et en particulier parce qu'elle vise à protéger les victimes au lieu de les pénaliser. L'absence actuelle de définition ne doit pas servir de prétexte pour s'abstenir de lutter contre toutes les formes de traite.
La Suisse est très engagée dans les négociations d'un protocole concernant la traite se rapportant à la Convention contre la criminalité transnationale organisée. Il convient d'assurer au mieux la protection des victimes de la traite par l'introduction d'une norme relative aux droits de la personne dans le projet de protocole. La réintégration dans la dignité des victimes de la traite dans leur pays d'origine devrait aussi figurer parmi nos objectifs principaux.
MME SAJA MAJALI (Jordanie) a déclaré que les pratiques traditionnelles qui affectent la santé des femmes et la violence contre les femmes sont des problèmes qui requièrent une action immédiate et adéquate. La représentante a salué les efforts et le rapport de Mme Halima Warzazi, Rapporteuse spéciale de la Sous- Commission, chargée de la question des pratiques traditionnelles affectant la santé des femmes.
La représentante a souligné que la violence contre les femmes est un problème grave qui ne devrait pas être toléré. Elle a estimé que les crimes d'honneur sont le résultat de traditions et de coutumes, ainsi que de l'endoctrinement. Des mesures légales, éducatives et sociales doivent être prises pour combattre ce problème largement répandu. À cet égard, les médias sont devenus plus efficaces pour mettre à jour ce problème. La représentante a salué l'inclusion, dans les statuts de la Cour pénale internationale de crimes sexuels tels que la grossesse forc ée, la stérilisation et les viols en tant que crimes contre l'humanité
MME LIN CHEN (Asian Legal Resource Centre) a rappelé que, dans sa communication écrite à l'attention de la Commission, son organisation a mis l'accent sur plusieurs formes de violence perpétrée contre les femmes en Birmanie, en Inde et au Pakistan. Elle a ensuite attiré l'attention de la Commission sur la gravité des menaces à la vie et des violations systématiques des droits de l'homme dont sont victimes les femmes dalits en Inde. Elle a dit partager l'analyse de la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes selon laquelle la
vulnérabilité des femmes face au phénomène de la traite, dont elles sont victimes, doit être appréhendé dans le contexte du droit à la liberté de mouvement, tant il est vrai que les trafiquants profitent des tentatives des gouvernements de restreindre les mouvements et les migrations des personnes.
MME MYA MYA AYE (Worldview International Foundation) a déclaré que, dans la société birmane, deux phénomènes touchent particulièrement les femmes. Le viol, surtout des femmes des communautés ethniques comme les Karens, perpétrés par les militaires birmans pour démoraliser ces groupes, mais aussi la traite des femmes. La situation des femmes appartenant à des communautés ethniques est alarmante. Elles sont violées ou emprisonnées, et ces phénomènes sont exacerbés par le conflit armé. Les femmes et les filles ont très peu de possibilité de travailler et deviennent des marchandises qui peuvent rapporter l'argent dont ont besoin les familles. La pauvreté et l'absence de démocratie fait que l'on refuse aux femmes nourriture et soins de santé. La communauté internationale doit faire le nécessaire pour que les droits fondamentaux des femmes soient restaurés en Birmanie.
M. HORACIO RAVENNA (Assemblée permanente pour les droits de l'homme) a attiré l'attention de la Commission sur la violence contre les femmes, tant au sein de la famille qu'à l'extérieur, qui représente un problème grave pour un grand nombre de femmes en Argentine. Dans ce pays, près de 30% des femmes victimes de meurtre sont assassinées par leurs maris. Face à cette situation grave, le pays a adopté une loi sur la violence familiale, mais il n'existe quasiment aucun personnel formé pour faire face à ces situations dans les commissariats. Le manque de refuges pour les femmes battues aggrave encore davantage les difficultés en matière de protection des victimes. Un autre problème aigu en Argentine est celui de la santé génésique, la prévention des naissances n'étant pas considérée comme une question de santé. Aussi, les avortements clandestins représentent-ils la troisième cause de décès de femmes en âge de procréer. D'après certains chiffres, pour l'année 1994, 37,76% des femmes enceintes en Argentine ont avorté. Bien que l'on ne dispose d'aucune statistique officielle, on estime entre 300 000 et 400 000 le nombre annuel d'avortements en Argentine.
MME NELIA SANCHO (Lila Pilipina) a déclaré que cette organisation est une organisation de femmes ayant survécu aux viols et à l'esclavage sexuel commis en temps de guerre et de défenseurs des droits des femmes. Depuis sa fondation en 1994, cette organisation a demandé, au nom des anciennes femmes de confort des Philippines, des excuses officielles et des indemnisations de la part du Gouvernement japonais. Elle a salué les travaux de la Rapporteuse spéciale pour leur clarté quant à la description du phénomène de la traite des femmes et a exhorté les gouvernements à étudier la section du rapport portant sur la définition de la traite. Elle a demandé à la Commission de noter surtout ce qu'a dit la rapporteuse spéciale sur la traite qui s'apparente selon elle à de l'esclavage et à du travail forcé plutôt qu'à des abus uniquement sexuels.
MME BELQUIS AHMADI (International Human Rights Group), a déclaré que des formes extrêmes de violence à l'égard des femmes sont commises en Afghanistan; elles ne peuvent porter leurs vêtements traditionnels et sont exclues de la vie politique et sociale. Aucun régime dans le monde qui traite les femmes comme le font les Taliban ne devrait être autorisé à participer aux organisations internationales. En Bosnie-Herzégovine, il y a ce que l'on appelle l'Arizona Market qui est un lieu où les femmes sont vendues pour quelque milliers de marks; elles sont ensuite enfermées dans des bordels. En conclusion, le représentant a demandé à tous les États de lutter contre la traite des personnes afin de faire respecter les droits de l'homme.
MME CHRISTIANE DEHOY (Institut catholique pour les relations internationales) a attiré l'attention de la Commission sur la situation des femmes rohingya de Birmanie qui font l'objet d'une traite à destination du Pakistan. La cause principale de ce problème est la politique d'oppression du Gouvernement birman à l'égard de cette minorité musulmane de l'État d'Arakan. Le Gouvernement birman a en effet rendu ces personnes apatrides en refusant de leur octroyer la nationalité birmane, renforçant ainsi leur vulnérabilité à la traite. Les camps de réfugiés au Bangladesh sont des terrains d'action idéaux pour les trafiquants qui peuvent y recruter les femmes rohingya venues chercher refuge dans ces camps, a ajouté la représentante. Il incombe à la Commission de se pencher sur la situation des femmes rohingya et de l'apatridie au Myanmar.
MME TATI KRISMAWATI (Asia Pacific Forum on Women and Development) a dénoncé les violations des droits de la femme en Indonésie perpétrées de façon systématique, notamment le massacre de plus de 30 femmes dans plusieurs zones de l'île de Java fin 1999 et début 2000. Les enquêtes de la Commission nationale sur la violence contre les femmes ont indiqué que ces massacres avaient été organisés et exécutés par des tueurs professionnels afin de faire diversion sur les activités illégales des militaires et de terroriser les civils et intimider les communautés. Le Gouvernement indonésien, en coopération avec un certain nombre d'organisations, oeuvrent activement pour suivre les recommandations de la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes. La Commission est sollicitée afin de condamner toutes les formes de violence contre les femmes indonésiennes, d'exhorter le Gouvernement indonésien à mener une enquête sur les massacres à Java et d'inviter le Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires dans le pays.
MME MARIE-THÉRÈSE BELLAMY (Confédération internationale des syndicats libres) a souligné que, si la mondialisation a ouvert de nouvelles perspectives pour de nombreuses femmes, elle a aussi eu un impact négatif sur de nombreuses autres femmes. Les politique de mise en oeuvre de la libéralisation du commerce est restée aveugle sur ces incidences désastreuses sur l'emploi, la pauvreté et le bien-être des femmes. Il faut que les femmes aient les même salaires que les hommes, ainsi qu'un accès égal aux mêmes fonctions. Elle a souligné qu'en Inde, celui qui est plus pauvre qu'un pauvre, c'est un intouchable, mais plus pauvre qu'un intouchable, c'est une intouchable. Mme Bellamy a souligné qu'une attention particulière devait être accordée aux femmes vulnérables, à savoir les jeunes femmes, migrantes, lesbiennes, handicapées et âgées.
M. MOHAMAD OBEID (Union des avocats arabes) a attiré l'attention de la Commission sur la situation des femmes qui vivent dans les territoires libanais occupés et sont sans cesse exposées aux agressions israéliennes, en particulier dans les villages soumis aux bombardements et aux raids israéliens. Ces femmes vivant dans les zones du Sud-Liban et de la Bekaa-Ouest occupées par Israël sont en état d'alerte continue et craignent à tout moment de voir leurs foyers envahis par les forces israéliennes. Le représentant a également dénoncé la situation des femmes libanaises qui se trouvent dans les prisons israéliennes, en particulier dans le camps de détention de Khiam où elles subissent fréquemment des tortures.
MME SURAIYA KAMARUZZANAB (Australia Council for Overseas Aid) a déclaré prendre la parole au nom de millions de femmes indonésiennes et a demandé à la Commission d'exercer davantage de pression sur le Gouvernement indonésien pour qu'il ratifie le récent Protocole facultatif habilitant le Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes à recevoir des plaintes et pour qu'il applique la Convention le plus tôt possible. La Commission doit exhorter l'Indonésie à appliquer les recommandations de la Rapporteuse spéciale présentées lors la session de la Commission de l'an dernier et en particulier l'établissement d'un programme de protection des victimes. Elle doit aussi l'exhorter à mettre un terme à l'impunité et à traduire en justice les coupables de violations des droits humains, notamment le viol et les abus sexuels. Elle doit enfin encourager le Gouvernement indonésien à impliquer davantage les femmes dans le processus de paix et dans la résolution du conflit.
MME ITA NADIA (Third World Movement against the Exploitation of Women) a estimé que les violences contre les femmes en Indonésie pourraient être qualifiées de crimes contre l'humanité. Les auteurs de ces violations des droits fondamentaux des femmes commettent leurs exactions un peu partout, notamment au Timor Oriental et en Papouasie. Cette violence contre les femmes s'étend en fait contre toutes les populations. Le représentant a demandé instamment au Gouvernement indonésien de promulguer des lois sexospécifiques pour lutter contre la discrimination.
Droit de réponse
La représentante de la Turquie a répondu à la déclaration faite ce matin par la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, Mme Radhika Coomaraswamy, en exprimant sa surprise de voir son pays mentionné s'agissant de meurtres de femmes. En effet, la Rapporteuse spéciale n'a pas échangé la moindre information avec la Turquie au sujet d'un seul de ces meurtres. Les crimes d'honneur sont punis en Turquie, a souligné la représentante.
La représentante de la Jordanie a répondu à la déclaration faite ce matin par la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes en se disant surprise que Mme Coomaraswamy mentionne dans son rapport les crimes d'honneur s'agissant de la Jordanie. Contrairement à ce qu'affirme la Rapporteuse spéciale, en Jordanie, les crimes d'honneur sont en diminution. Ces crimes procèdent de coutumes sociales qui ne peuvent prendre fin en quelques jours et, en tout état de cause, sont punis par le code pénal. * *** *