LE COMITE SPECIAL DE LA CHARTE ELIT SON BUREAU ET ENTAME SES TRAVAUX POUR L'AN 2000
Communiqué de Presse
CHARTE/77
LE COMITE SPECIAL DE LA CHARTE ELIT SON BUREAU ET ENTAME SES TRAVAUX POUR LAN 2000
20000410Le Comité spécial de la Charte des Nations Unies et du raffermissement du rôle de lOrganisation a entamé, ce matin, sa session de lannée 2000 à laquelle participait M. Hans Corell, Secrétaire général adjoint aux affaires juridiques et Conseiller juridique de lOrganisation. Le Comité a porté à sa présidence M. Saeid Mirzaee-Yengejeh (République islamique dIran), et à sa vice-présidence, MM. Georg Witschel (Allemagne), pour le Groupe des Etats dEurope occidentale et autres Etats; Roberto Lavalle-Valdes (Guatemala), pour le Groupe des Etats dAmérique latine et des Caraïbes; et Mme Juliet Semambo Kalema (Ouganda), pour le Groupe des Etats dAfrique. Mme Ioanna Gabriela Stancu (Roumanie), pour le Groupe des Etats dEurope orientale, a été élue au poste de Rapporteur.
Le débat général, qui a vu la participation dune dizaine de délégations, a porté en particulier sur la mise en oeuvre des dispositions de la Charte relatives à lassistance aux Etats tiers touchés par lapplication des sanctions imposées en vertu du Chapitre VII de la Charte. Des références ont été faites aux propositions du Groupe dexperts chargé de mettre au point une méthode dévaluation de limpact des sanctions. Les délégations ont convenu en particulier de la nécessité de mesurer au préalable limpact des sanctions, notamment au plan humanitaire, et, lorsque cela na pas été fait, de procéder au moins à une évaluation régulière. Des pays ont plus particulièrement estimé que lexamen de cette question devra comprendre létude des barèmes d'évaluation de l'aide à apporter et lexamen de la répartition des coûts entre les différents Etats Membres. Il a été demandé au Secrétaire général dexprimer ses vues sur cette question. Il a également été suggéré de fournir une aide aux pays touchés par les sanctions dans le cadre dun fonds daffectation spéciale.
Le débat général a également porté sur les moyens permettant daméliorer les méthodes de travail du Comité et de renforcer son efficacité. Des délégations ont exprimé leur désaccord quant au déséquilibre entre les prérogatives du Conseil de sécurité et celles de lAssemblée générale en matière de maintien de la paix, notamment en ce qui concerne limposition de sanctions. Des représentants ont insisté sur la nécessité de tenir des réunions communes entre ce Comité et les autres instances des Nations Unies en vue déviter les doubles emplois et de développer lefficacité du Comité. Dans cette optique, il a été proposé dinclure une clause-couperet sagissant de lexamen de certaines questions.
Les représentants des pays suivants ont pris la parole : Portugal (au nom de lUnion européenne et des pays associés), Colombie (au nom du Groupe de Rio), Fédération de Russie, République de Corée, Inde, Cuba, Chine, République-Unie de Tanzanie et Ukraine.
Le Comité se réunira à nouveau cet après-midi à 15 heures.
Informations de base
Le Comité spécial de la Charte des Nations Unies et du raffermissement du rôle de lOrganisation tiendra les travaux de sa session de 2000 du 10 au 20 avril, soit une semaine de moins que les années précédentes. Ses travaux porteront en priorité sur la question de la mise en uvre des dispositions de la Charte relatives à lassistance aux Etats tiers touchés par lapplication des sanctions imposées en vertu du Chapitre VII. Le Comité sappuiera, lors de ses travaux, sur le rapport du Secrétaire général qui transmet les vues communiquées par les Gouvernements de la Bulgarie, de la Turquie et du Yémen concernant le rapport de la réunion du Groupe dexperts sur laide aux Etats tiers touchés par lapplication des sanctions.
Le Groupe spécial dexperts sétait réuni à New York du 24 au 26 juin 1998. Ses membres avaient formulé des recommandations sur une méthode dévaluation de limpact des sanctions sur les Etats tiers et sur des mesures novatrices et pratiques dassistance internationale à ces Etats. Au rang de ces recommandations figurent notamment lélaboration dune liste provisoire des effets des sanctions qui pourraient être regroupées en trois catégories, à savoir les effets économiques, commerciaux et financiers; les effets sur le plan social et humanitaire; et les effets secondaires des sanctions. Les experts suggèrent de nommer un Représentant spécial chargé dévaluer les conséquences des sanctions sur les Etats touchés et de définir des mesures pour leur venir en aide. Pour les pays les plus gravement touchés, il est proposé denvoyer sur le terrain des missions spéciales dinformation ou dévaluation.
Les travaux du Comité seront également consacrés à lexamen, à titre prioritaire, des moyens permettant daméliorer ses méthodes de travail et de renforcer son efficacité. Le Comité poursuivra ses travaux sur la question du règlement pacifique des différends entre Etats et examinera les propositions formulées à ce sujet, notamment, celle visant à créer un mécanisme de règlement des différends qui interviendrait à un stade précoce soit de sa propre initiative, soit sur demande et celle concernant le renforcement de la Cour internationale de Justice.
Lamélioration des méthodes de travail du Comité et le renforcement de son efficacité, la recherche de nouveaux sujets détude afin de contribuer à la revitalisation des travaux des Nations Unies seront également à lordre du jour de la session du Comité.
Documentation
Rapport du Secrétaire général sur la mise en uvre des dispositions de la Charte relatives à lassistance aux Etats tiers touchés par lapplication des sanctions (A/53/312).
Rapport du Secrétaire général transmettant les vues communiquées par les gouvernements concernant le rapport de la réunion du Groupe spécial dexperts sur laide aux Etats tiers touchés par lapplication des sanctions (A/54/83/Add.1).
Débat général
M. JOAO MADUREIRA (Portugal), au nom de l'Union européenne et des pays associés, a déclaré qu'afin d'améliorer les méthodes de travail et de renforcer l'efficacité du Comité spécial de la Charte des Nations Unies et du raffermissement du rôle de l'Organisation, celui-ci devrait être rationalisé et recentré sur les sujets spécifiques indiqués dans son mandat par l'Assemblée générale. Tout double emploi et toute répétition du travail par d'autres organes des Nations Unies devraient être évités, notamment en matière de réforme des Nations Unies et de maintien de la paix et les propositions devraient être présentées suffisamment tôt pour permettre leur examen par les délégations.
Concernant la question de la mise en uvre des dispositions de la Charte des Nations Unies relatives à l'assistance aux Etats tiers touchés par l'application des sanctions en vertu du Chapitre VII de la Charte, l'Union européenne a pris note des mesures importantes prises par le Secrétaire général et souhaiterait, afin d'aider le Comité spécial à procéder à de plus amples discussions, entendre ses vues sur les suggestions du Groupe d'experts réunis en 1998, tel qu'il lui a été demandé par l'Assemblée générale. L'Union européenne se félicite du rôle joué par l'ECOSOC dans le contrôle de l'aide économique aux Etats tiers spécialement affectés par des sanctions. Concernant le développement de la capacité du Conseil de sécurité d'évaluer rapidement l'impact des sanctions, l'Union européenne se félicite des efforts du Conseil pour améliorer le fonctionnement des comités des sanctions en rationalisant leur méthode de travail et en facilitant l'évaluation de l'impact de la mise en uvre des sanctions sur les Etats tiers. L'Union européenne se réjouit de l'établissement par le Conseil de sécurité d'un Groupe de travail ayant pour mandat d'étudier les moyens d'améliorer l'efficacité des sanctions des Nations Unies. Le représentant a souligné que des sanctions ciblées permettraient de réduire les difficultés des populations civiles dans les pays tiers faisant l'objet de sanctions. A cet égard, l'Union européenne se félicite de la réunion du Comité d'expert à Interlaken en mars 1999 sur les sanctions financières ciblées et du séminaire de Bonn de novembre 1999 sur les embargos relatifs aux armes. L'Union européenne loue les efforts du Secrétaire général pour réduire le retard dans la publication des Répertoires et se félicite de la création, à l'initiative du Royaume-Uni, d'un fonds pour la mise à jour du Répertoire auquel tous les Etats Membres sont invités à y contribuer.
Mme MIRZA CRISTINA GNECCO (Colombie)a évoqué, au nom du Groupe de Rio, les méthodes de travail du Comité et a estimé que sa capacité de sacquitter de son mandat a été affaiblie par la prolifération dautres organes poursuivant les mêmes objectifs avec plus de dynamisme. La représentante a proposé, pour améliorer les méthodes de travail du Comité, didentifier des sujets possibles et de donner la priorité à ceux qui sont les plus à même de rallier le consensus et daboutir à un accord. La représentante a proposé au Comité de définir de nouvelles directives pour les délégations qui souhaitent faire des propositions.
Pour ce qui est de la mise en uvre des dispositions de la Charte des Nations Unies relatives à lassistance aux Etats tiers touchés par lapplication des sanctions, la représentante a estimé que le Comité devrait porter son attention sur les recommandations du Groupe dexperts, y compris les références au rôle de supervision, de suivi et dallégement des sanctions que pourrait jouer le Secrétariat des Nations Unies et au rôle que pourraient jouer les institutions financières internationales dans lévaluation des conséquences économiques et dans lassistance financière aux Etats tiers. La représentante a indiqué quelle adhère à certains éléments de la proposition présentée par la Fédération de Russie. Les sanctions doivent être imposées lorsquil existe une réelle menace à la paix et à la sécurité internationales, et quand tous les moyens de règlement pacifique ont été épuisés. Une fois imposées, les sanctions doivent faire lobjet dune évaluation constante. Elle a proposé que le Comité examine la possibilité détablir un mécanisme permettant dexaminer par anticipation limpact potentiel des sanctions.
Abordant la question du règlement pacifique des différends et, plus particulièrement, la proposition du Royaume-Uni intitulée Etablissement dun service de prévention et de règlement des différends, la représentante a fait part de lintérêt quy portent la Colombie et le Groupe de Rio en ce quelle réaffirme la responsabilité qui incombe au premier chef aux Etats. La représentante, évoquant la question du renforcement de la Cour internationale de Justice, sest félicitée de ladoption de la résolution 54/108 par lAssemblée générale tout en exprimant la préoccupation que lui inspire sa situation financière puisque le budget prévu au budget-programme 2000-2001 est insuffisant par rapport à son volume de travail en augmentation.
M. VLADIMIR TARABRIN (Fédération de Russie) a exprimé sa préoccupation face aux actions visant à saper les tentatives de fonder un système multipolaire sappuyant sur le respect de la Charte. Les mesures coercitives doivent se faire en conformité avec la Charte. Il faut de plus examiner les conditions du recours à la force dans le contexte de la mondialisation. Le document présenté par la Fédération de Russie et le Bélarus confirme l'immuabilité des dispositions de la Charte en matière de recours à la force et la nécessité de renforcer le rôle des Nations Unies en ce qui concerne le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Le Comité spécial est l'instance la plus appropriée pour étudier la question de la participation de la Cour internationale de Justice au processus dapplication des sanctions. Le problème de lévaluation de limpact des sanctions doit être étudié de manière prioritaire, notamment, en ce qui concerne lévaluation des conséquences humanitaires. Les travaux du Comité concernant laide aux Etats tiers doivent expliciter la question des dommages indirects, les barèmes pour lévaluation de laide à apporter, et la répartition des coûts entre les divers Etats Membres. La Fédération de Russie estime que ce sont les organes du système des Nations Unies qui doivent prioritairement évaluer l'aide aux Etats tiers touchés par les sanctions. Il conviendrait de procéder au développement des bases juridiques des opérations de maintien de la paix, incluent notamment la détermination précise de leur mandat, l'établissement des limites du droit des Casques bleus à la légitime défense, et le respect des principes de non-ingérence et de neutralité. La délégation russe propose la création dun groupe d'experts du Comité spécial de la Charte et du Comité spécial des opérations de la paix qui serait chargé détablir les bases juridiques des opérations de maintien de la paix. La délégation russe salue les efforts du Secrétaire Général pour limiter les retards dans la publication des Répertoires et estime qu'afin de renforcer l'efficacité du Comité spécial, il serait bénéfique de tenir des réunions communes avec d'autres comités afin d'éviter les doubles emplois.
M. PARK HEE-KWON (République de Corée) a évoqué lexamen des moyens permettant daméliorer les méthodes de travail du Comité. Il a estimé que le Comité a joué et continuera de jouer un rôle essentiel dans lexamen des aspects juridiques de lOrganisation. Il est toutefois essentiel que le Comité renforce davantage son efficacité en améliorant ses méthodes de travail. Il est regrettable à cet égard quaucun résultat visible nait été obtenu. « Nous soutenons le point de vue selon lequel des propositions doivent être présentées
le plus tôt possible tandis que le Comité doit définir des axes de travail prioritaires permettant déviter les doubles emplois ». Le représentant a plaidé en faveur de plus de coordination avec les différents groupes de travail de lOrganisation.
Il a en outre plaidé en faveur de limposition de sanctions, à condition quelles soient intelligemment ciblées, et quelles soient efficaces et humaines. Elles doivent être imposées lorsque tous les autres moyens pacifiques ont été épuisés, et devraient cibler des groupes particuliers de population. « La réaction initiale des Etats Membres au rapport du Groupe dexperts étant positive, nous espérons obtenir un débat riche sur cette question et nous invitons le Secrétaire général à présenter ses vues », a ajouté le représentant. Au sujet de la réforme du Conseil de tutelle, il a suggéré lélaboration dune instance au sein de laquelle les Etats Membres exerceraient leur tutelle sur les questions de portée mondiale comme leau ou lenvironnement.
M. NARINDER SINGH (Inde) a déclaré que la bonne mise en uvre de l'article 50 de la Charte relatif à l'octroi dune aide aux Etats tiers touchés par les sanctions est dune grande importance pour les pays en développement. L'Inde appuie les conclusions du Groupe d'experts. Le Conseil de sécurité doit évaluer l'impact des sanctions, notamment ses conséquences humanitaires sur les Etats visés et sur les Etats tiers avant de les mettre en uvre. La communauté internationale doit assumer les charges des sanctions ainsi que celles des opérations de la paix. Il est de la responsabilité du Conseil de sécurité d'attribuer des ressources suffisantes pour l'aide aux Etats tiers affectés par les sanctions.
M. RAFAEL DAUSA CESPEDES (Cuba) a estimé que le Comité aurait dû tirer parti de la réforme des Nations Unies, dune part, et de louverture de ses travaux à tous les Etats Membres, dautre part, pour améliorer ses méthodes de travail. Faute de cela, les travaux du Comité se soldent par des résultats modestes et, chaque année, la Sixième Commission insiste sur la nécessité de rationaliser ses travaux en réduisant la durée de ses sessions ou en convoquant le Comité tous les deux ans. Le représentant a estimé que lévaluation de lefficacité du Comité passe par une analyse du système des relations internationales, dont les travaux du Comité sont le reflet. Il a dénoncé la tendance selon laquelle certains ignorent les piliers juridiques sur lesquels repose lOrganisation des Nations Unies. Ces violations sont dictées, selon lui, par labsence de motivation et dappui vis-à-vis de cet organe qui vise, entre autres, la promotion de normes internationales entre les Etats.
Evoquant les nombreuses propositions faites depuis 1992 par son pays dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales, il a regretté le manque dintérêt de certaines délégations. Le représentant a évoqué la compétence de lAssemblée générale et du Conseil de sécurité dans ce domaine. La proposition cubaine réaffirme la nécessité de préserver et de renforcer les mandats des principaux organes de lOrganisation. « Nous assistons à la marginalisation de lAssemblée générale en raison du monopole quexerce le Conseil de sécurité, et ce déséquilibre doit être renversé ».
M. SU WEI (Chine) a déclaré que l'aide aux pays tiers touchés par l'imposition de sanctions doit se faire dans le cadre d'un fonds d'affectation spéciale. La communauté internationale doit s'efforcer d'atténuer par une aide multilatérale les difficultés des pays tiers touchés par les sanctions. Les sanctions doivent être réduites au minimum et leur impact doit être examiné à l'avance. La délégation chinoise est davis que l'adoption d'une norme juridique quant aux principes des sanctions revêt une importance prioritaire ainsi que l'élaboration d'un ensemble de principes directeurs pour les opérations de maintien de la paix. Il conviendrait à cet égard d'élaborer une déclaration. Il a souligné que les opérations de maintien de la paix doivent respecter les principes fondamentaux de la Charte et les dommages causés par ces opérations doivent être assumés par les pays contributeurs.
La question relative au règlement pacifique des différends appelle également un examen prioritaire. Concernant le Conseil de Tutelle, la délégation chinoise considère que, bien qu'il ait achevé sa mission historique, il n'est pas nécessaire de l'abolir ni de le reconstituer, ce qui impliquerait un amendement de la Charte. Son rôle doit être repensé dans le cadre de la réforme générale de l'Organisation.
M. TUVAKO N. MANONGI (République-Unie de Tanzanie) a souligné lurgence quil y a à examiner les voies et moyens daméliorer les méthodes de travail du Comité. Il a évoqué dans ce contexte la possibilité de créer des « clauses- couperets pour lexamen de certaines questions. Il a souhaité que des propositions spécifiques soient faites en ce qui concerne lapplication de ces dispositions couperet.
M. OLEH HERASYMENKO (Ukraine) a souligné la nécessité de prendre des mesures pratiques pour améliorer les méthodes de travail du Comité. Il a réitéré sa proposition visant linstauration de contacts officieux constants entre le secrétariat du Comité et dautres instances pour éviter les doubles emplois. Pour ce qui est des « clauses-couperets, il a souligné la nécessité de définir au préalable le mécanisme qui régirait un tel instrument. Lexamen des travaux du Groupe dexperts sur laide aux Etats tiers touchés par lapplication des sanctions représente un pas en avant et les résultats seront utiles pour minimiser les effets négatifs des résolutions du Conseil visant limposition de sanctions. Les résultats de la réunion du Groupe dexperts seront également utiles au renforcement de lautorité du Conseil de sécurité. Il est temps de passer des discussions à une nouvelle phase qui verrait lélaboration de principes directeurs concertés, a estimé le représentant qui a proposé que le Comité et son groupe de travail concentrent leurs efforts sur lexamen des propositions du Groupe dexperts et formulent des recommandations à lAssemblée générale.
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