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DH/G/1294

LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME POURSUIT SON DEBAT SUR LES DROITS CIVILS ET POLITIQUES

5 avril 2000


Communiqué de Presse
DH/G/1294


LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME POURSUIT SON DEBAT SUR LES DROITS CIVILS ET POLITIQUES

20000405

Genève, le 5 avril 2000 -- La Commission des droits de l'homme a poursuivi, ce soir, son débat sur les droits civils et politiques en entendant les déclarations d'une dizaine de pays, de l'Unesco et d'une vingtaine d'organisations non gouvernementales.

De très nombreuses voix se sont élevées contre l'intolérance religieuse et le non-respect de la liberté d'expression. De nombreux intervenants ont dénoncé les violations des droits civils et politiques qui se produisent dans de nombreux pays à travers le monde et qui se caractérisent par des actes de torture, des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées, des arrestations et détentions arbitraires ainsi que par des atteintes à de nombreux autres droits fondamentaux. Certaines délégations ont exposé les mesures prises par leur pays pour prévenir de telles violations.

Plusieurs orateurs ont plaidé en faveur de l'adoption d'un protocole facultatif à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants destiné à instaurer un système de visites préventives in situ dans les lieux de détention. D'autres ont insisté sur la nécessité, pour la Commission, d'adopter au plus vite un projet de déclaration sur les disparitions forcées, qui pourrait faire de ce type de disparitions un crime contre l'humanité.

Les représentants des pays suivants ont fait des déclarations : Honduras, Singapour, Géorgie, Égypte, Bélarus, Pays-Bas, Bosnie-Herzégovine, Koweït et Jamahiriya arabe libyenne. Le Bahreïn a exercé son droit de réponse. La représentante de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) a également pris la parole, ainsi que les organisations non gouvernementales suivantes : Organisation mondiale contre la torture, Amnesty International, Association of World Citizens, Association internationale pour la liberté religieuse, Internationale des résistants à la guerre, Organisation arabe des droits de l'homme, Conseil international de réadaptation pour les victimes de la torture, Human Rights Watch, Association internationale pour la défense de la liberté religieuse, Fédération internationale des journalistes, Mouvement

international pour l'union fraternelle entre les races et les peuples, Alliance internationale d'aide à l'enfance, Fédération mondiale des Associations des Nations Unies, Fédération internationale des ligues des droits de l'homme, Association internationale des juristes démocrates, Asian Legal Resource Centre, Article 19, Centre international contre la censure, World Evangelical Fellowship, International Council of Associations for Peace in the Continents, Asian Cultural Forum on Development, Comité consultatif mondial de la société des amis.

La Commission poursuivra demain matin, à 10 heures, son débat sur les droits civils et politiques.

Suite du débat sur les questions relatives aux droits civiles et politiques

MME GRACIBEL BU FIGUEROA (Honduras) a déclaré que son pays met en oeuvre une politique de protection et de promotion des droits de l'homme. Le Honduras a adopté la Convention interaméricaine pour la prévention, la répression et l'élimination de la violence contre les femmes. Une commission nationale des droits de l'homme a par ailleurs été instituée pour garantir le respect des droits consacrés par la Constitution. La représentante a également précisé que son pays s'est engagé dans un programme de démilitarisation de la police et que l'administration de la justice fait l'objet d'une modernisation. Un nouveau code de procédure pénale est entré en vigueur.

MME MARGARET LIANG YU YEE (Singapour) a commenté le projet de résolution présenté cette année par la Finlande sur le thème de l'objection de conscience en affirmant que ce projet semble provenir de propositions faites par des organisations non gouvernementales. La défense nationale est un droit souverain reconnu au niveau international, a souligné la représentante. Elle a estimé que ce projet de résolution pèse inutilement sur la charge de travail de la Commission. Il appartient en fait à chaque État de déterminer la manière dont il entend faire face à la question de l'objection de conscience, a-t-elle estimé. Comme l'atteste un texte distribué par Internationale des résistants à la guerre, ce projet de résolution vise l'abolition des armées, a averti la représentante singapourienne.

M. ALEXANDER KAVSADZE (Géorgie) a déclaré que des mécanismes ont été créés depuis longtemps dans son pays pour protéger les citoyens contre la torture. Ce système de surveillance relève du Ministère de la justice et non de l'intérieur. La torture existe dans l'humanité depuis les premiers temps et la seconde guerre mondiale a montré la vilenie humaine et a éveillé la *ðconscience+ð. Nous sommes d'accord avec le Groupe de travail qui étudie le projet de protocole à la Convention contre la torture. Les mécanismes d'application devraient être cependant renforcés. Il faut que les membres du Comité puissent se rendre sur les lieux de détention et interroger librement les détenus et enquêter sans entrave. La délégation de Géorgie demande aux organisations non gouvernementales qui ont effectué un excellent travail, comme Human Rights Watch ou Amnesty International, de coopérer plus étroitement avec les pays qui ont besoin d'assistance technique.

M. AMIR HAFEZ (Égypte) a affirmé que son pays est déterminé à promouvoir les droits de l'homme. Le pays s'efforce d'harmoniser ses lois avec les instruments internationaux auxquels il est partie, a déclaré le représentant. Il a souligné l'importance de la lutte contre le terrorisme. La coopération internationale en la matière n'a pas encore atteint un niveau suffisant pour être véritablement efficace. Il a appuyé l'idée de convoquer une conférence internationale traitant du terrorisme de façon générale, regrettant que des obstacles subsistent encore à la tenue de cet événement. La lutte contre le terrorisme est un des principaux défis que doit relever la communauté internationale. Le représentant a plaidé en faveur du renforcement de la coopération, soulignant que les États ne peuvent pas lutter seuls contre ce phénomène. Il a enfin insisté sur la nécessité de lutter contre le terrorisme dans toutes ses manifestations. Toutes les mesures doivent être prises pour s'assurer que les auteurs de crimes terroristes ne puissent obtenir, où que ce soit, un statut de réfugié politique.

M. STENISLAV OGURTSOV (Bélarus) a reconnu que son pays connaît une période difficile de son histoire, une période caractérisée par la mise en place de l'économie de marché. Toutefois, les principes démocratiques et la primauté du droit s'appliquent toujours au Bélarus. Le Bélarus a toujours lutté contre l'application de la torture et autres peines ou traitements inhumains ou dégradants. Le pays envisage de compter parmi les États parties à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Le représentant bélarussien a assuré la Commission que toute publication indépendante ou d'opposition peut librement paraître et être diffusée, y compris sur l'internet. Il a rappelé que l'indépendance des tribunaux est inscrite dans la loi fondamentale de 1995. Le représentant a indiqué que le Bélarus est prêt à organiser des élections parlementaires sur des bases saines.

M. SANDER COHEN (Pays Bas) a déclaré qu'aucun État n'a le droit de soumettre les détenus à des conditions de détention insuffisantes et dégradantes, sous prétexte d'un manque de ressources. De nombreux instruments existent mais l'ensemble des règles minima de 1957 et 1977, les protections prévues de 1998 ne sont pas appliqués. Le représentant néerlandais a demandé à tous les gouvernements de faire preuve d'une véritable volonté politique pour appliquer tous les instruments existants en matière de conditions de détention et de traitement des détenus.

M. NEDSAD HADZIMUSIC (Bosnie-Herzégovine) a déclaré que depuis la fin de la guerre, son pays recherche les personnes disparues. Il a souligné l'importance de l'aide de la communauté internationale dans ce domaine et reconnu que les résultats obtenus sont importants. Toutefois, ils sont loin de satisfaire toutes les familles. En dépit des progrès accomplis, il n'y a pas lieu d'être satisfaits de la situation générale en ce qui concerne la question des personnes disparues. Le représentant a souligné que 10 365 personnes ont été exhumées et seulement 50% ont pu être identifiées. Il y a encore 20 200 personnes portées disparues. Si le travail se poursuit à ce rythme, il faudra encore 40 ans et 40 millions de dollars pour assurer l'exhumation et l'identification de toutes les personnes disparues. Le représentant a appelé à davantage de soutien de la part de la communauté internationale.

MME ANNAR GASSAM (Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture, Unesco) a attiré l'attention de la Commission sur les nombreux conflits territoriaux ethniques ou religieux qui continuent de prospérer ici ou là sur le terreau fertile de l'intolérance et de la haine. Au-delà des facteurs politiques que l'on peut identifier, ces retranchements identitaires antagonistes sont dus à la méconnaissance de la longue histoire qui lie cultures, religions et traditions spirituelles. C'est précisément un travail de mémoire que l'Unesco entend promouvoir dans son approche du dialogue interculturel et du dialogue entre les civilisations. La représentante a souligné que l'une des recommandations des réunions sur le dialogue interreligieux organisées par l'Unesco a porté sur la nécessité pour l'Organisation de se doter d'un organe consultatif de haut niveau pour la promotion de ce dialogue. Le Directeur général de l'Unesco a par conséquent procédé à l'établissement d'un Comité consultatif international pour le dialogue interreligieux afin de mettre en lumière la dimension interreligieuse des grands enjeux actuels et débats de société.

MME AISHA AL-ADSANI (Koweït) a déclaré que son pays attache la plus haute importance au problème que représente le crime de la prise d'otages pendant les conflits armés. Il faut protéger les droits des otages, conformément aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l'homme et de la Convention internationale sur les droits civils et politiques. Il faut sanctionner quiconque se livre à de tels actes, qu'il s'agisse de gouvernements ou d'individus. Cette question exige des efforts résolus, fermes et concertés de toute la Communauté internationale.

M. SAID HAFIANA (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que l'intolérance religieuse frappe particulièrement l'Islam. Pourquoi une telle hostilité à l'égard de l'Islam, s'est demandé le représentant. L'Islam est considéré comme la source de danger qui menace les intérêts de l'Occident et de l'Amérique. Après l'effondrement du communisme, l'Islam est devenu l'ennemi. Le représentant a déclaré qu'une telle position favorise le conflit entre les civilisations et non le dialogue. L'Islam est une religion d'ouverture et de tolérance, a-t-il rappelé.

MME JULIA DOUBLE (Organisation mondiale contre la torture, OMCT) a attiré l'attention de la Commission sur le sort de douze prisonniers soudanais qui, depuis la précédente session de la Commission, ont été amputés de la main gauche. L'OMCT reste préoccupée par les graves violations des droits de l'homme qui persistent au Soudan. L'Organisation est en outre préoccupée par le fait que la pratique de la torture en Israël, bien que largement réduite, reste un problème. La situation des droits de l'homme à Bahreïn reste également préoccupante, notamment du point de vue du grand nombre d'enfants détenus. En outre, l'OMCT regrette que la situation des droits de l'homme reste préoccupante au Pérou. À cet égard, la décision du Pérou de se retirer de la Cour interaméricaine des droits de l'homme est préoccupante. L'OMCT appuie les efforts visant à établir un système de prévention de la torture par le biais d'un protocole additionnel se rapportant à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, qui prévoirait des visites sur les lieux de détention.

M. MARTIN MACPHERSON (Amnesty International) a déclaré que les demandes d'informations envoyés en Arabie saoudite concernant des allégations de violations des droits de l'homme n'ont jamais reçu de réponses et que l'accès au pays a été refusé à son organisation. De plus, la Commission a interrompu l'examen de l'Arabie saoudite sous la procédure 1503 confidentielle et a ainsi échoué en matière de surveillance des violations des droits de l'homme. En Chine, la situation est également préoccupante. La torture et les mauvais traitements sont des pratiques communes. Amnesty International demande que la Commission cesse de fermer les yeux et examine les faits, qu'elle agisse et ne se dérobe pas à ses responsabilités.

M. RENÉ WALDOW (Association of World Citizens) a attiré l'attention de la Commission sur les mesures prises en Chine à l'encontre de la secte Falun Gong. Le représentant a affirmé que de telles mesures témoignent de la peur du Gouvernement chinois. Or, la peur n'est pas bonne conseillère, a-t-il averti. Le représentant a estimé qu'il y a aujourd'hui en Chine des occasions d'intégrer les élites et la culture populaire. Mais une telle intégration suppose la liberté d'expression. Le représentant a insisté sur la nécessité de créer des liens entre les élites chinoises et les différentes cultures populaires du pays.

M. GIANFRANCO ROSSI (Association internationale pour la liberté religieuse) a déclaré qu'il est des traditions religieuses, produits de l'histoire, qui se démarquent des vrais enseignements des grandes religions et qui sont à la base de l'extrémisme religieux. Malheureusement, a-t-il poursuivi, ces traditions erronées sont encore fortement soutenues à notre époque par des représentants officiels des religions et par des États. La charia, par plusieurs de ses aspects, est contraire aux principes coraniques et aux droits de l'homme universellement reconnus. Elle est fortement discriminatoire à l'égard des femmes. Elle est également contraire à la liberté de conscience des non-musulmans mais encore plus des musulmans. La communauté internationale devrait aider les musulmans à se libérer des traditions intolérantes qui donnent une image déformée de leur religion. Elle devrait les encourager à redécouvrir le vrai Islam : une religion de tolérance et de liberté.

M. MICHEL MONOD (Internationale des résistants de la guerre) a attiré l'attention de la Commission sur les milliers de jeunes gens qui sont enrôlés chaque année dans une armée contre leur conscience, qui refusent d'apprendre à tuer et à faire la guerre. Le représentant a rappelé que la Commission a adopté, en 1998, une résolution en faveur de l'objection de conscience, mais elle n'est pas appliquée en dehors du cercle réduit de l'Union européenne et pays associés. Ceux qui ont les moyens financiers peuvent se libérer de leurs obligations militaires. Devant de telles injustices et de telles violations des droits humains, le représentant demande à cette assemblée d'insister auprès des gouvernements de tous les pays pour introduire dans leur constitution un article en faveur des objecteurs de conscience et une loi d'application en accord avec la résolution de la Commission.

M. MOHAMED SAFA (Organisation arabe des droits de l'homme) a attiré l'attention de la Commission sur la situation des civils libanais des territoires occupés. Il a dénoncé la souffrance et l'agonie des enfants et de leurs familles, rappelant qu'Israël détient 174 otages, dans 140 dans le camp de détention de Khia et 37 dans des prisons israéliennes. L'état de santé des otages, qui sont âgés de 15 à 70 ans s'aggrave, a affirmé le représentant. Malgré tous ces crimes commis contre les Libanais, pourquoi les Nations Unies n'ont-elles toujours pas décidé de la création d'une commission d'enquête pour vérifier ces allégations, s'est interrogé le représentant. Pourquoi n'y a-t-il pas un tribunal international pour juger les dirigeants israéliens en tant que criminels de guerre ? Nous demandons que tous les détenus libanais soient libérés, et que les victimes obtiennent droit à réparation.

MME INGE GENEFKE (Conseil international de réadaptation pour les victimes de la torture) a souligné que la torture se traduit notamment par l'exclusion sociale de la victime. Il a mis l'accent sur la responsabilité des États de reconnaître leur responsabilité en matière de prévention de la torture et de poursuivre en justice les auteurs d'actes de torture. Les États se doivent également de garantir la non-répétition des actes de torture, notamment en combattant l'impunité. Il faudrait accepter le plus tôt possible le projet de principes fondamentaux sur le droit à compensation et à réparation des victimes de violations des droits de l'homme et du droit humanitaire international. Les victimes de la torture devraient être consultées dans le cadre de l'élaboration du régime d'indemnisation.

M. WIDNEY BROWN (Human Rights Watch) a déclaré que les femmes, les enfants, les homosexuels, les lesbiennes, les bisexuels et transsexuels sont les victimes de la violence dans tous les pays du monde. Face à cette situation. les gouvernements ont montré leur incapacité à prendre sérieusement leurs responsabilités pour prévenir ces actes de violence. L'impunité dont jouissent les auteurs de ces attaques est le résultat direct des préjugés dont sont l'objet les femmes, les enfants, les homosexuels, les lesbiennes, les bisexuels et les transsexuels. L'organisation a exhorté la Commission de nommer des rapporteurs spéciaux afin de collecter des informations relatives à la violence commise sur les enfants et au haut Commissaire aux droits de l'homme de préparer un rapport analytique à destination du Comité des droits de l'enfant.

M. MAURICE VERFAILLIE (Association internationale pour la défense de la liberté religieuse) s'est félicité de l'organisation, dans le cadre du mandat du Rapporteur spécial sur l'intolérance religieuse, M. Abdelfatah Amor, de la Conférence internationale consultative sur l'éducation scolaire en relation avec la liberté de religion et de conviction qui se tiendra à Madrid du 23 au 25 novembre 2001. Il a apporté son soutien à la proposition faite par le Rapporteur spécial visant à modifier l'intitulé de son mandat en adoptant la désignation de *ðRapporteur spécial sur la liberté de conscience ou de religion+ð. Attirant l'attention sur les dérives d'États ou de milieux religieux en proie au fanatisme ou à la peur, le représentant a par ailleurs souligné que le dernier événement en date à cet égard, qui s'est produit en Ouganda il y a trois semaines, a atteint le paroxysme de l'horreur avec plusieurs centaines de personnes assassinées. Il a en outre exprimé sa préoccupation face aux arrestations dont ont été victimes en Chine les membres du mouvement Falun Gong; face à la situation en Bulgarie où la réforme de la loi sur la liberté religieuse, si elle était adoptée, établirait une inégalité flagrante devant la loi en accordant à l'Église orthodoxe le statut d'église nationale; et face à l'orientation prise par les débats parlementaires français face aux dérives religieuses, s'agissant particulièrement du projet de loi déposé par le sénateur About.

MME SARAH DE JONG (Fédération internationale des journalistes) a déclaré qu'en 1999 des journalistes ont été assassinés en diverses régions du monde. Si tous les meurtres n'ont pas été commandités par les États, il n'en reste pas moins que la plupart des auteurs de ces crimes ne seront jamais punis. Aussi longtemps que la communauté internationale assurera une impunité de facto aux criminels, il ne peut pas y avoir de liberté de la presse. La représentante a également attiré l'attention de la Commission sur la loi sur la presse promulguée en Serbie et qui

permet de réduire au silence les voix critiques du gouvernement. La représentante a exhorté la Commission des droits de l'homme à faire pression sur les autorités serbes pour qu'elles garantissent la liberté d'expression. Elle a également demandé à la Commission des droits de l'homme de demander à l'Éthiopie d'assurer l'accès à l'information pour tous les journalistes et de donner des précisions sur tous les journalistes qui sont actuellement détenus.

MME BERHANE RAS-WORK (Mouvement international pour l'union fraternelle entre les races et les peuples) a déclaré qu'il reste encore des centaines de personnes, anciens otages de la dictature militaire en Argentine, qui ne peuvent pas retrouver leur propre et véritable identité, connaître leur vraie famille, leur vraie histoire. L'État, depuis qu'il a récupéré le plein exercice de ses pouvoirs constitutionnels, a échoué sur ce thème. On continue a ignorer les recommandations internationales concernant les membres des forces armées accusés de violations des droits de l'homme et les recommandations de la Commission interaméricaine des droits humains de l'Organisation des États américains.

MME NATHALIE MANN (Alliance internationale d'aide à l'enfance) a indiqué que des études récentes menées par son organisation en coopération avec l'Organisation mondiale contre la torture et d'autres institutions oeuvrant dans le domaine des droits de l'homme ont révélé que les enfants sont quotidiennement torturés dans un grand nombre de pays à travers le monde. Il est donc urgent d'assurer que ni les facteurs culturels ni les facteurs religieux ne puissent excuser le recours à la peine capitale ou aux châtiments corporels qui ne sauraient, a fortiori lorsqu'ils sont infligés à des enfants, être compatibles avec le droit international. Il convient de faire en sorte que le Comité des droits de l'enfant et le Comité contre la torture adoptent des commentaires ou des directives concernant la définition internationale de la torture et tenant compte de l'âge s'agissant du seuil de souffrance physique et mentale.

M. HORACE PERERA (Fédération mondiale des Associations des Nations Unies) a exprimé sa déception devant la résolution 1999/39 de la dernière session de la Commission présentée par l'Irlande et pour laquelle 63 États se sont portés coauteurs. Le représentant a regretté que les dispositions de la résolution ne comportent aucune référence à la déclaration des Nations Unies sur l'élimination de toutes les formes d'intolérance et de discrimination fondées sur les convictions religieuses. Il a en outre déploré le fait que l'Irlande ait omis d'évoquer le droit des enfants à l'éducation. Le représentant a enfin regretté que la résolution ne fasse pas référence à la déclaration sur les droits des personnes appartenant à des minorités nationales ethniques ou religieuses.

M. VO VAN AI (Fédération internationale des ligues des droits de l'homme) s'est dit préoccupé par le manque de transparence qui a entaché les élections péruviennes. La situation des droits de l'homme en Tunisie compte aussi parmi les préoccupations de son organisation. Le rapport publié par son organisation en mars 2000 a conclu que c'est l'ensemble du système judiciaire tunisien qui n'est pas conforme aux normes internationales en matière des droits de l'homme. Le représentant a demandé à la Commission de garantir aux défenseurs des droits de l'homme la liberté d'action nécessaire.

M. PER SOLGI (Association internationale des juristes démocrates) a fait part de la profonde préoccupation de son organisation face à la situation en Iran où, selon des informations persistantes, le régime théocratique continue de violer les droits de l'homme. Selon certaines informations, depuis que le nouveau Président est entré en fonction en mai 1997, plus de 600 personnes ont été exécutées. La Commission, au-delà de tout calcul politique, devrait condamner fermement ces violations en adoptant une nouvelle résolution.

M. SANJEEWA LIYANAGE (Asian Legal Resource Centre) a attiré l'attention de la Commission sur les cas de disparitions forcées ou involontaires en Asie. Les disparitions continuent en Indonésie et dans l'est de la Papouasie. Il n'y a pas de volonté sérieuse du Gouvernement indonésien de lutter contre ce phénomène qui a provoqué la disparition de 30 000 personnes. Les Nations Unies sont informées de telles disparitions, mais ne poursuivent pas les responsables. Pour le représentant, il ne fait aucun doute que les disparitions massives au Sri Lanka constituent un crime contre l'humanité. Pour le représentant, elles ont été organisées afin d'assurer des victoires aux élections présidentielles ou générales. Ces disparitions ont créé un climat de terreur et ont permis la manipulation de l'opinion. En dépit de résultats obtenus par des commissions d'enquêtes mises sur pied par le gouvernement, les responsables des disparitions sont toujours en liberté. Le représentant a appelé la communauté internationale à traiter de cette question avec toute l'attention qu'elle mérite.

MME JUAN BAUER (Article 19, Centre international contre la censure) a réitéré sa préoccupation sur les lois contre la diffamation dans bien des pays, de nature civile et criminelle, qui restreint la libre circulation de l'information et des idées vers le public et empêche les critiques à l'égard des gouvernements ou de leurs fonctionnaires. La représentante a souligné que les lois pénales sur la diffamation ne peuvent être justifiées en tant que restriction de la liberté d'expression, sachant que la protection de l'honneur et de la réputation peut être assurée de façon adéquate par des lois civiles sur la diffamation. L'organisation appelle tous les États à veiller à ce que ces lois respectent le principe sus- mentionné et appelle le Rapporteur spécial à développer davantage son commentaire sur la loi de diffamation et ses normes.

MME ELIZABETH BATHA (World Evangelical Fellowship) a souligné que si les anciens pays communistes ont enregistré des progrès en matière de droits de l'homme et de démocratie, il est à craindre que ces progrès soient atténués par la législation limitant la liberté religieuse. Le modèle russe, qui exige l'enregistrement préalable des groupes religieux, a été suivi sous une forme ou une autre par presque tous les pays de la région, comme en témoigne l'exemple du Turkménistan. La représentante a exprimé sa préoccupation en ce qui concerne la situation des 46 chrétiens qui sont détenus au Laos. Au Pakistan, les chrétiens continuent de faire face à de longs emprisonnements et à des condamnations à mort en vertu de la loi sur le blasphème. L'Arabie saoudite continue d'interdire à ses citoyens de pratiquer une autre foi que l'Islam sunnite. En Inde, l'intolérance fondamentaliste a continué de détruire des vies. Il faut espérer que la visite que le Rapporteur spécial sur l'intolérance religieuse a effectuée en Turquie donnera l'élan nécessaire pour les changements qui s'imposent dans le domaine de la liberté religieuse dans ce pays.

MME VICTORIA RUIZ LABRIT (International Council of the Associations for Peace in the Continents) a attiré l'attention de la Commission sur les violation des droits de l'homme qui se sont produites dans son pays, Cuba. Elle a déclaré que la torture est une pratique courante dans les prisons cubaines et que les mauvais traitements sont fréquents. La représentante a également affirmé que l'année 1999 a vu une augmentation des cas de détention arbitraires. Elle a par ailleurs déclaré que fin février 1999, 15 journalistes ont été arrêtés pour avoir écrit sur le procès des responsables du *ðGroupe de travail de la dissidence interne+ð. La représentante a affirmé que le peuple cubain attend de la Commission des droits de l'homme une condamnation du Gouvernement cubain qui viole les droits de sa population.

MME NURAL ANWAR (Asian Cultural Forum on Development) a dénoncé les conditions d'arrestation et de détention de son père Anwar Ibrahim, ancien Vice Premier ministre et Ministre des finances de Malaisie. Elle a déclaré que son père n'est autre qu'un prisonnier politique, il a été traité plus mal encore que ne le serait un prisonnier de droit commun, il est gardé en isolement, son avocat ne peut pas toujours le visiter. L'entière

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