SG/SM/7345

ALORS QUE LE SPECTRE DU GENOCIDE CONTINUE DE HANTER LA PLANETE, LES JUSTES PARMI LES NATIONS FONT FIGURE DE MODELES POUR LES TEMPS PRESENTS

4 avril 2000


Communiqué de Presse
SG/SM/7345


ALORS QUE LE SPECTRE DU GENOCIDE CONTINUE DE HANTER LA PLANETE, LES JUSTES PARMI LES NATIONS FONT FIGURE DE MODELES POUR LES TEMPS PRESENTS

20000404

On trouvera, ci-après, le texte de l'allocution du Secrétaire général, M. Kofi Annan, à l'occasion de l'inauguration de l'exposition "Visas pour la vie : des diplomates Justes parmi les nations", lue en son nom par la Sous-Secrétaire générale aux relations extérieures, Mme Gillian Sorensen, le 3 avril au Siège des Nations Unies :

C'est un honneur et un plaisir que de vous accueillir tous aux Siège des Nations Unies. Permettez-moi de vous transmettre les salutations du Secrétaire général qui regrette de ne pouvoir être parmi vous ce soir. Il vous sera peut- être de quelque consolation de savoir qu'il est en route pour Genève, où il doit s'adresser à la Commission des droits de l'homme. Je le mentionne pour illustrer son engagement dans une cause qui est aussi la vôtre : la lutte pour la dignité humaine dans un monde brutal sans relâche. Il m'a demandé de vous lire le message suivant :

« L'événement tout à fait remarquable qu'est cette exposition très émouvante et vous-mêmes ont tout naturellement leur place ici, aux Nations Unies. L'aspiration à une Organisation des Nations Unies est née en effet en réaction au fléau du fascisme et du nazisme, et sa Charte a été rédigée au moment où le monde entier prenait pleinement la mesure de l'horreur de l'Holocauste. Aujourd'hui, votre combat - contre la haine et l'intolérance, et pour la justice et le souvenir - est aussi le nôtre.

L'image des diplomates généralement répandue n'est guère flatteuse. L'on dit souvent de la diplomatie qu'elle "sert à faire et à dire les choses les plus désagréables de la manière la plus charmante possible". L'on dit aussi parfois que les diplomates manquent de conscience morale et qu'ils exécutent passivement les ordres de leurs dirigeants et régimes, taisant leurs convictions politiques et éthiques - ou leur absence de conviction.

Cela est peut-être vrai pour certains. Mais cela n'est résolument pas le cas de ces personnes hors du commun dont l'histoire nous est contée dans "Visas pour la vie". Certains sont célèbres, d'autres ne sont connus que de quelques-uns, mais tous forment une galerie d'individus courageux, qui, défiant une force inhumaine qui était en train de détruire sans distinction vies et sociétés, ont pris des risques énormes pour sauver les Juifs et les autres personnes persécutées et en danger. Ce sont de véritables héros; en vérité ce sont même les tout premiers défenseurs des droits de l'homme de leur temps. Alors que le spectre du génocide continue de hanter notre planète, ce sont aussi des modèles pour les temps présents.

Les Nations Unies s'efforcent de poursuivre cette tradition; tout d'abord et avant tout, en sauvant des vies, mais également en montrant que l'imagerie populaire relative à la diplomatie n'est qu'une caricature injuste. C'est pourquoi les Nations Unies s'attachent à démasquer l'injustice partout où elle se cache. C'est pourquoi nous construisons des institutions telles que la Cour pénale internationale; afin que personne - des dirigeants aux soldats de première ligne - ne jouisse de l'impunité et ne soit exempt de l'application de la loi. C'est pourquoi, l'année prochaine en Afrique du Sud, nous tiendrons une Conférence sur le racisme où l'antisémitisme, convient-il de le souligner, sera identifié comme l'une des formes d'intolérance exigeant des mesures. Et c'est pourquoi enfin le personnel des Nations Unies continue de travailler dans les zones de conflit et dans d'autres lieux à risque - beaucoup d'entre eux, dont Dag Hammarskjöld, ayant servi la paix au sacrifice ultime de leur vie.

Je tiens à féliciter les différents groupes et individus qui ont rendu ce projet possible. Vous faites bien davantage que documenter des histoires qui méritent d'être transmises de génération en génération. Vous expliquez au monde que chacun d'entre nous a le devoir de se sentir concerné et de se tenir informé, et de parler haut et fort devant la souffrance, les préjugés et la violence. S'il y avait eu plus de diplomates et de personnes Justes tout au long de ces années, notre monde serait peut-être meilleur. Et demain, avec davantage d'individus de cette envergure, il peut encore l'être. C'est dans cet esprit, chargé d'espoir, que je vous demande d'accepter mes meilleurs voeux en cette soirée mémorable. »

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