LE SECRETAIRE GENERAL DES NATIONS UNIES S'ADRESSE A LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME
Communiqué de Presse
DH/G/1290
LE SECRETAIRE GENERAL DES NATIONS UNIES S'ADRESSE A LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME
20000404la Commission entend de hauts responsables du Népal et du Pakistan et poursuit son débat sur les droits économiques, sociaux et culturels
Genève, le 4 avril 2000 -- La Commission des droits de l'homme a entendu ce matin une allocution du Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, qui a souligné que les violations des droits de l'homme ne sont plus considérées comme relevant des affaires intérieures des États.
Le Secrétaire général a rappelé que le droit international relatif aux droits de l'homme insiste sur le fait que, lorsqu'il y a violation des droits de l'homme, la communauté internationale a le droit et le devoir d'intervenir et de venir au secours des victimes de ces violations. M. Kofi Annan a par ailleurs incité la Commission à donner un nouvel élan aux efforts communs visant à mettre le développement au service des droits de l'homme et les droits de l'homme au service du développement. *ðUne fois pour toutes, il faut dire très clairement que les droits que nous défendons ne sont pas les droits des États ou des factions, mais le droit qu'a chaque être humain de vivre dans la dignité, de connaître la liberté+ð, a déclaré le Secrétaire général.
M. Chakra Prasad Castola, Ministre des affaires étrangères du Népal, a déclaré que l'extrême pauvreté est un obstacle à la jouissance effective des droits de l'homme consacrés dans les divers instruments internationaux. Sans une éradication de ce phénomène, l'idéal des droits de l'homme restera une utopie. Pour sa part, Mme Attiya Inayatullah, Membre du Conseil de sécurité national du Pakistan, a déclaré que le Gouvernement pakistanais met en oeuvre une approche globale de la question des droits de l'homme. Elle a ajouté que la paix et le progrès seront impossibles à instaurer dans la région tant que la question du Cachemire ne sera pas réglée.
Poursuivant son débat sur les droits économiques, sociaux et culturels, la Commission des droits de l'homme a entendu Mme Fatma Zohra OUHACHI VESELY, Rapporteuse spéciale sur les mouvements illicites de déchets toxiques, qui a déclaré que les pays en développement d'Afrique et d'Amérique latine sont plus susceptibles d'être les cibles du trafic illicite de produits toxiques. Ces pays ne disposent pas de moyens adéquats pour connaître la nature des produits qui entrent sur leurs territoires.
La Commission a entendu des représentants des pays suivants : Madagascar, Mexique, Équateur, Chili, Norvège, Zambie, Indonésie, Soudan, Bangladesh, Fédération de Russie, République de Corée, Israël, Bélarus et Suisse, ainsi qu'un représentant du Comité international de la Croix-Rouge.
La Commission des droits de l'homme poursuivra cet après-midi, à 15 heures, son débat sur les droits économiques, sociaux et culturels.
Déclaration du Secrétaire général des Nations Unies
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré qu'il a toujours considéré la Commission comme l'un des organes les plus importants de l'Organisation des Nations Unies. Aujourd'hui, cette opinion se justifie plus que jamais. *ðNous tous - organisations internationales, États membres et organisations non gouvernementales - pouvons faire davantage et mieux pour combler le fossé qui sépare le droit de la réalité+ð, a-t-il déclaré. Il n'est plus possible d'ignorer l'aspiration universelle à un monde de droit et de dignité et de libertés, d'égalité et de non-discrimination, de paix et de justice. Les grands instruments relatifs aux droits de l'homme sur lesquels repose le travail de la Commission permettent de juger de la façon dont tous les États sans exception s'acquittent de leurs obligations vis-à-vis de leurs citoyens et vis-à- vis du monde entier. À cet égard, aucun État, qu'il soit développé ou en développement, ne peut se vanter d'avoir atteint son but , a souligné le Secrétaire général. *ðUne fois pour toutes, il faut dire très clairement que les droits que nous défendons ne sont pas les droits des États ou des factions, mais le droit qu'a chaque être humain de vivre dans la dignité, de connaître la liberté+ð, a-t-il insisté.
Estimant que des progrès ont été faits par les gouvernements pour aligner leur constitution et leur législation sur les normes relatives aux droits de l'homme et pour les faire appliquer par leurs tribunaux, le Secrétaire général a souligné que l'obligation qui incombe aux gouvernements est d'autant plus grande que la défense des droits de l'homme par nature est universelle. *ðLes violations des droits de l'homme ne sont plus considérées comme relevant des affaires intérieures des États+ð, a affirmé M. Annan. *ðLe droit international relatif aux droits de l'homme insiste sur le fait que, lorsqu'il y a violation des droits de l'homme, la communauté internationale a le droit et le devoir d'intervenir et de venir au secours des victimes de ces violations+ð, a-t-il ajouté. Il est de plus en plus largement admis que les dispositions de la constitution et de la législation nationales ne doivent pas prévaloir sur les obligations internationales d'un État - et le doivent moins encore qu'ailleurs dans le domaine des droits de l'homme, où le sort de groupes entiers est parfois en jeu, a déclaré le Secrétaire général. En ratifiant un instrument international, un État reconnaît tout au contraire l'obligation d'harmoniser sa législation nationale avec les normes internationales.
Le Secrétaire général a par ailleurs incité la Commission à donner un nouvel élan aux efforts communs visant à mettre le développement au service des droits de l'homme et les droits de l'homme au service du développement. Là où toute opinion dissidente est interdite, où l'expression n'a pas libre cours, où la diffusion des idées et les échanges de vues sont limités par la force, le bien-être humain et la prospérité sont menacés et les risques de conflits plus fréquents, a poursuivi M. Annan. Nul ne peut nier que le succès économique et le développement dépendent en grande partie de la qualité des dirigeants de chaque pays. L'état de droit, la transparence et l'obligation redditionnelle dans la gestion des affaires publiques, le respect des droits de l'homme et la pleine participation de tous les citoyens à
la prise des décisions gouvernementales sont autant de conditions essentielles du modèle de croissance et de prospérité sur lequel repose le développement. *ðTelles sont les leçons des 50 dernières années qui nous dictent à tous de protéger chacun de nos droits de l'homme si nous ne voulons en perdre aucun+ð, a déclaré le Secrétaire général.
M. CHAKRA PRASAD BASTOLA, Ministre des affaires étrangères du Népal, a déclaré que les différentes catégories de droits de l'homme sont d'égale importance. Tous les individus devraient pouvoir jouir de leurs droits sans crainte. Ce n'est malheureusement pas le cas dans de nombreuses situations, a regretté le Ministre. Partant, il a appelé la communauté internationale à se saisir de la question des droits de l'homme en redoublant d'efforts. Le ministre a souligné que l'extrême pauvreté est un obstacle à la jouissance effective des droits de l'homme consacrés dans les divers instruments internationaux. Sans éradication de la pauvreté, l'idéal des droits de l'homme restera une utopie. Dans ce contexte, le ministre a insisté sur la nécessité de mesures d'allégement de la dette. Il a également appelé de ses voeux une assistance économique généreuse aux pays en développement.
Le Ministre népalais des affaires étrangères a déclaré que son pays est pleinement acquis à la cause de la promotion des droits de l'homme. Le Népal est partie à seize instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme. La constitution actuelle du Népal garantit la jouissance des droits de l'homme, l'état de droit, le multipartisme, l'indépendance du pouvoir judiciaire. La peine de mort a été abolie et des mesures législatives ont été adoptées afin de promouvoir l'égalité entre les hommes et les femmes. Le Ministre a déclaré que son pays est confronté au grave problème du trafic d'enfants et de femmes, mais a pris des mesures pour lutter contre ce phénomène.
Le Népal élabore actuellement un Plan d'action national en matière de droits de l'homme. Dans ce contexte, le Ministre a tenu a remercier la Haut-Commissaire aux droits de l'homme pour l'assistance technique fournie en ce qui concerne le renforcement des capacités, l'administration de la justice ou la promotion de la société civile. Il a émis l'espoir que la coopération pourra se poursuivre à l'avenir. Le Ministre a évoqué le *ðconflit avec les maoïstes+ð, soulignant que le gouvernement a pris des mesures visant à les réintégrer dans le système politique afin d'assurer l'unité politique du pays. Il a enfin demandé son assistance à la communauté internationale pour régler le problème humanitaire que pose l'accueil de nombreux réfugiés sur le territoire népalais.
MME ATTIYA INAYATULLAH, membre du Conseil de sécurité national du Pakistan, a déclaré qu'elle est fière de représenter aujourd'hui un gouvernement qui cherche à réaliser le droit du peuple à la paix, à l'intérieur et à l'extérieur, à une gouvernance saine et efficace, à la croissance économique et à l'emploi, à la dignité humaine au sein d'une société démocratique. Le 12 octobre dernier, le peuple pakistanais a rejeté un semblant de démocratie, le point de non-retour ayant été atteint avec des tentatives de créer des dissensions au sein de l'armée dont l'intégrité et l'unité sont vitales pour la stabilité et la sécurité du Pakistan, a-t-elle dit. Lorsque la Constitution a été mise en veilleuse et la législature suspendue, les droits fondamentaux sont restés intacts.
Le gouvernement pakistanais a adopté une approche incluant la question des droits de l'homme et des libertés fondamentales par le biais de décisions, actions et mesures importantes dont nombre d'entre elles sont relatives à l'application des droits économiques, sociaux et culturels.
Par ailleurs, la représentante a déclaré que le Pakistan estime que la paix et le progrès seront impossibles à instaurer dans la région tant que la question du Cachemire continuera à créer des tensions et faire peser le risque d'une éventuelle guerre dévastatrice entre l'Inde et le Pakistan. Par conséquent, une solution après 53 années de dispute sur le Cachemire est impérative.
Présentation du rapport sur les conséquences néfastes des mouvements et déversements illicites de produits et déchets toxiques et nocif
MME FATMA ZOHRA OUHACHI VESELY, Rapporteuse spéciale sur les mouvements illicites de déchets toxiques, a déclaré qu'elle a donné la priorité, à dessein, à l'Afrique et à l'Amérique latine où se trouvent des pays en développement susceptibles d'être les cibles du trafic illicite de produits toxiques. Les constations, les conclusions et recommandations élaborées à l'issue des visites qu'elle a effectuées dans ces pays restent valables. Il convient de les garder à l'esprit lors de l'examen du présent rapport.
La Rapporteuse spéciale a trouvé utile de se rendre aussi dans certains pays industrialisés dont l'Allemagne et les Pays-Bas, où il lui a été permis de constater à quel point ces deux pays prennent au sérieux les problèmes environnementaux d'une manière générale que la question du déversement illicite de déchets et produits toxiques en particulier. À cet égard, ils appliquent des mesures en vigueur visant à minimiser les risques de trafic illicite. Le rapporteur spécial a souligné que l'Allemagne dispose d'une procédure de rapatriement de déchets qui auraient été frauduleusement exportés d'Allemagne vers d'autres pays. Cette procédure, a-t-elle estimé, devrait être adoptée par d'autres pays industrialisés et être connue des pays susceptibles d'en bénéficier.
La Rapporteuse spéciale a fait remarquer que les préoccupations de certaines organisations non gouvernementales concernant les bateaux destinés à des opérations de recyclage extrêmement dangereuses sont fondées. En effet, ces opérations portent gravement atteinte à la vie et à la santé des personnes et à l'environnement. Les problèmes juridiques, économiques, sociaux, humains et environnementaux rattachés à ce phénomène méritent une attention particulière dans les instances internationales en vue d'une solution appropriée, a signalé la Rapporteuse. D'autre part, les organisations non gouvernementales s'inquiètent de l 'augmentation du commerce des pesticides à usage intensif et aux conditions impropres de leur utilisation, ainsi qu'à l'existence de stocks périmés dans nombre de pays en développement. La Rapporteuse spéciale est convaincue que cette question risque de se trouver au premier plan des préoccupations.
En conclusion, la Rapporteuse spéciale a réitéré ses appels précédents et ses recommandations relatifs notamment aux besoins d'assistance technique multiforme en faveur des pays en développement, qui ne disposent pas de moyens adéquats pour connaître la nature des produits qui entrent sur leur territoire, souvent de façon sophistiquée et suivant des filières clandestines ne permettant pas la l'application de mesures préventives efficaces.
M. MAXIME ZAFERA (Madagascar) a rappelé que divers documents soumis à la Commission cette année font ressortir qu'un cinquième de l'humanité est dans la pauvreté et que plus de 1,3 milliard de personnes dans le monde, dont une majorité de femmes, vivent dans la pauvreté absolue, en particulier dans les pays en développement. Le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) estime à plus de 855 millions le nombre d'analphabètes adultes dans le monde. Cette situation est inadmissible et requiert des actions urgentes tant au niveau national qu'au niveau international. Le Gouvernement malgache, qui a placé la lutte contre la pauvreté au premier rang des priorités nationales, a pris d'importantes mesures, notamment dans le domaine de l'éducation et de la santé, démontrant ainsi sa volonté de s'acquitter de ses obligations conventionnelles. La délégation malgache estime que pour la plupart des pays pauvres qui ont adhéré aux deux Pactes internationaux des droits de l'homme de 1966, la volonté politique ne fait pas défaut mais l'ampleur de la pauvreté est telle que plusieurs pays rencontrent d'énormes difficultés pour mettre en oeuvre ces deux instruments de façon complète.
En dépit des mesures d'allégement de la dette, a poursuivi le représentant malgache, le fardeau du service de la dette continue de peser lourdement sur le développement économique des pays pauvres. Cette situation est aggravée par le tarissement des capitaux privés, l'insuffisance des investissements étrangers directs, la baisse de l'aide publique au développement, les conséquences dévastatrices des catastrophes naturelles et celles non moins dramatiques du VIH/sida et d'autres maladies endémiques ou épidémiques. S'agissant des catastrophes naturelles, et pour ne parler que de Madagascar, le troisième cyclone dévastateur de l'année vient de frapper l'île, alourdissant les dégâts déjà considérables causés par les deux précédents ouragans. Tant qu'un règlement juste et durable accompagné de programmes d'investissement et de financement adéquats n'est pas porté à ce problème, les chances de réduire le fossé entre les pays riches et les pays pauvres et de diminuer de moitié d'ici à 2015 le nombre de personnes vivant dans la pauvreté, comme cela a été proclamé lors du Sommet de Copenhague, paraissent illusoires. La délégation malgache souscrit aux recommandations contenues dans le rapport de l'Experte indépendante sur l'extrême pauvreté, Mme Anne-Marie Lizin, notamment en ce qui concerne la création d'une alliance mondiale pour l'élimination de l'extrême pauvreté.
M. TOMAS DIAZ DIAZ (Mexique) a déclaré que la pauvreté est l'obstacle majeur à la jouissance des droits de l'homme, qu'il s'agisse des droits économiques, sociaux et culturels ou civils et politiques. C'est pourquoi le Mexique est convaincu que la promotion des droits de l'homme doit reposer sur des mesures visant l'éradication de l'extrême pauvreté. Pour le Mexique, la lutte contre la pauvreté doit être une priorité pour la communauté internationale et pour les gouvernements. Il est du devoir de chaque gouvernement et de la communauté internationale de créer un environnement favorable à la pleine jouissance des droits économiques, sociaux et culturels.
Dans ce contexte, le représentant a estimé que le défi consiste à concilier croissance économique et préservation des droits sociaux. Le Mexique s'efforce de faire de son droit au développement une réalité. À cette fin, il a adopté des mesures visant la stimulation de la croissance économique et de l'emploi. Dans son action, le Gouvernement mexicain tente de s'attaquer aux causes de la pauvreté en mettant l'accent sur l'éducation, la santé, l'accessibilité à l'eau potable. Le représentant a affirmé que la mise en oeuvre de cette politique a permis des avancées sociales dans le pays. Pour lui, le Mexique a démontré de par l'action de son Gouvernement, sa ferme volonté de faire du développement une priorité. Le représentant a enfin souligné que la pauvreté affecte davantage les femmes. Elles paraissent plus vulnérables au phénomène de la pauvreté. C'est pourquoi le Mexique favorise l'accès des femmes à la propriété de la terre et au crédit. Convaincu de l'utilité d'une telle action, le Mexique présentera à la présente session de la Commission un projet de résolution sur la femme et les droits à la terre et à la propriété.
M. LUIS GALLEGOS CHIRIBOGA (Équateur) a déclaré que la globalisation a accru les écarts entre pays riches et pauvres et dans certains cas a produit des effets dévastateurs pour l'économie. L'économie globalisée qualifiée par le Directeur de l'Organisation internationale du Travail *ðd'économie de casino+ð a bénéficié à certains pays développés mais est préjudiciable pour les économies de pays plus vulnérables. Le représentant a estimé qu'il est important que les pays membres de la Commission des droits de l'homme demandent avec vigueur l'application des droits économiques, sociaux et culturels comme c'est le cas des droits civils et politiques. Il faut comprendre, a-t-il dit, que les conséquences des violations des droits économiques, sociaux et culturels tels que la marginalisation économique, l'isolement financier et le protectionnisme commercial conduisent à la pauvreté et engendrent la violence.
M. PEDRO OYARCE (Chili) a estimé qu'en ce qui concerne les questions de la dette, la préoccupation de la Commission devrait aller au-delà du simple aspect financier des choses si l'on veut réellement contribuer à une réflexion qui est déjà avancée dans les institutions de Bretton Woods ainsi qu'au sein du Conseil économique et social. Il conviendrait en effet de tenir compte de la dimension humaine de ces problèmes et des questions d'économie politique qui s'y rapportent. Cette analyse est également valable pour les questions d'ajustement structurel.
Le représentant chilien a jugé nécessaire de trouver un moyen d'aborder de manière globale les questions visiblement liées entre elles qui sont examinées au titre des droits économiques, sociaux et culturels. Il faudrait donc élaborer une stratégie pour que cette Commission présente à d'autres organes et instances du système et de la communauté internationale un projet de développement humain qui puisse être pris en compte dans le cadre d'un dialogue intégré portant sur le financement du développement, la dette extérieure, l'extrême pauvreté et les politiques d'ajustement structurel.
MME INGRID OLLESTAD SYLOW (Norvège) a réaffirmé le caractère indivisible de tous les droits de l'homme. En effet, la jouissance des droits à la santé ou à l'éducation est liée à l'exercice des droits civils et politiques. De la même façon, la liberté d'expression ou d'association est indispensable à la promotion des droits économiques, sociaux et culturels. Soulignant que la réalisation de tels droits représente un défi important, la représentante a informé les membres de la Commission que l'agence de développement norvégienne est sur le point d'achever la rédaction d'un guide relatif à l'évaluation des projets de développement, qui exigera la mise au point de meilleurs outils et techniques d'évaluation des progrès réalisés dans le domaine des droits de l'homme. Pour la Norvège, le droit au développement n'est rien d'autre que la pleine réalisation de tous les droits de l'homme. La coopération pour le développement doit être centrée sur l'individu. La Norvège est favorable à la poursuite des négociations sur le protocole facultatif à la Convention relative aux droits économiques, sociaux et culturels permettant au Comité de recevoir et d'examiner des plaintes. Il reste à clarifier un certain nombre de dispositions du projet afin de créer un mécanisme efficace.
La promotion des droits économiques, sociaux et culturels incombe au premier chef aux États, a rappelé la représentante. Quel que soit leur situation économique, les États ont le devoir de créer un environnement favorable à l'épanouissement de l'individu. Dans ce contexte, la représentante a insisté sur l'utilité d'une action concertée des gouvernements et de la société civile. La communauté internationale doit être solidaire de l'action des gouvernements, a-t- elle ajouté. Cette solidarité doit se manifester dans des domaines tels que la dette extérieure, le commerce international, la coopération.
M. PALAN MULONDA (Zambie) a noté que le manque de ressources est souvent invoqué quand il s'agit de la réalisation des droits économiques, sociaux et culturels. C'est pourquoi il faut annuler la dette des pays les plus pauvres afin de générer les ressources qui pourraient alors être destinées à la mise en oeuvre de mesures d'application des droits économiques, sociaux et culturels. Le représentant a exhorté les dirigeants des institutions financières internationales à étudier le rapport du Rapporteur spécial sur la dette extérieure et de l'Expert indépendant sur les effets des ajustements structurels afin qu'ils se rendent compte de l'ampleur du problème. La communauté internationale doit désormais agir avec détermination, notamment par la réduction de la dette, afin de permettre la réalisation des droits économiques, sociaux et culturels. Le représentant a également souligné l'importance de la réalisation du droit à l'éducation qui doit aider les pays à progresser sur le plan économique.
MME LUCIA RUSTAM (Indonésie) a souligné que son pays, en tant que pays en développement tout juste sorti de la crise économique, ne sait que trop bien combien la pauvreté a entravé la jouissance effective de tous les droits de l'homme, en particulier les droits économiques, sociaux et culturels. Elle a rappelé que l'élimination de la pauvreté doit donc constituer la priorité de la communauté internationale. Pour sa part, le Gouvernement indonésien a accordé un rang de priorité élevé à l'atténuation de la pauvreté. À cet égard, l'Indonésie peut se targuer d'avoir réduit la proportion des personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté de 60% de la population totale en 1970 à 15% en 1995. Toutefois, la récente crise monétaire et économique qui a frappé le monde a entraîné une stagnation économique avec de graves répercussions sur l'emploi, ce qui n'a pas manqué d'accroître sensiblement la pauvreté et d'engendrer une certaine instabilité sociale. Le pays a connu un sévère recul puisque la proportion de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté à la fin de l'année 1998 était estimée à 49% de la population totale. Cette année, l'Indonésie peut néanmoins espérer un taux de croissance de 4 à 5%. Cela devrait permettre au pays d'accroître sa capacité à améliorer les droits économiques, sociaux et culturels, notamment en ce qui concerne les droits à l'alimentation, au logement, à l'éducation et à la santé.
Rappelant l'objectif fixé par l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) de réduire la pauvreté de moitié d'ici 2015, la représentante indonésienne a souligné que l'on estime aujourd'hui que le nombre de personnes vivant dans la pauvreté pourrait atteindre 1,9 milliard d'ici quinze ans si des efforts concertés ne sont pas déployés dès maintenant et dans les années à venir, tant aux niveaux national qu'international. Cela justifie qu'une attention renouvelée soit apportée au rôle des activités opérationnelles pour le développement du système des Nations Unies en matière d'éradication de la pauvreté.
M. HASSAN EL TALIB (Soudan) a déclaré qu'en dépit des difficultés auxquelles il est confronté suite au conflit civil armé et aux catastrophes naturelles, le Soudan a pu restructurer son économie afin de créer les conditions propices au développement d'un marché libre et ouvert. Les mesures de réformes entreprises ont permis, jusqu'à présent, d'atteindre un taux de croissance du PIB de plus de 6,5% et de ramener l'inflation à environ 11% alors qu'elle atteignait plus de 60% il y a seulement quelques années. Au mois d'août dernier, et de nouveau ce mois- ci, le Fonds monétaire international a salué les efforts du Gouvernement du Soudan pour les réformes économiques majeures qu'il a entreprises.
Le Soudan a remporté de grands succès en ce qui concerne l'exploitation de ses ressources nationales dans les secteurs des mines et de l'agriculture. Au mois d'août, l'exportation du pétrole soudanais a repris et les revenus accrus contribueront à l'amélioration du bien-être de la population. Le représentant soudanais a souligné que la Constitution de son pays garantit la liberté d'association et l'égalité des chances pour tous les citoyens quel que soit leur sexe, leur race, leur croyance et leur affiliation politique. Au Soudan, l'assurance sociale est devenue obligatoire pour les employés tant du secteur privé que du secteur public. Les mesures coercitives unilatérales constituent l'un des obstacles majeurs pour la pleine réalisation des droits économiques, sociaux et culturels, a déclaré le représentant soudanais. Il a exprimé sa profonde préoccupation face au recours à de telles mesures destructrices de la part de
certaines grandes puissances et face à l'application de lois internes qui vont à l'encontre des droits légitimes de certains pays, en particulier les moins développés. La délégation soudanaise se réjouit du Sommet Europe/Afrique qui se tient actuellement au Caire. Ce Sommet crée un climat propice au traitement des questions mutuellement bénéfiques, en particulier s'agissant de la dette des pays pauvres et des relations économiques en général.
M. HEMAYETUDDIN (Bangladesh) a déclaré que la communauté internationale dans son ensemble est à présent déterminée à mettre en oeuvre les deux catégories de droits de l'homme, sans discrimination. Alors que la déclaration universelle des droits de l'homme n'établit aucune hiérarchie entre droits civils et politiques d'un côté et droits économiques, sociaux et culturels de l'autre, il faut bien admettre que les droits civils et politiques ont davantage mobilisé l'attention.
Le représentant du Bangladesh a souligné que la jouissance des droits économiques, sociaux et culturels restera une illusion tant que la pauvreté ne sera pas éliminée. La lutte contre la pauvreté doit se concentrer sur la promotion des secteurs les plus faibles et vulnérables de la société, et concerner en priorité les enfants et les femmes. Les efforts déployées par les pays en développement en matière de promotion des droits économiques et sociaux doivent être soutenus par des transferts de ressources. Aussi, il importe que les pays développés remplissent leurs engagements au titre de l'aide publique au développement. Pour leur part, les pays en développement doivent consacrer 20% de leur budget national à la mise en oeuvre de programmes de développement. Le représentant a lancé un appel au renforcement des partenariats Nord-Sud. Il a enfin déclaré que son pays agit en faveur de l'élimination de la pauvreté en favorisant la croissance économique, l'investissement dans le domaine social. Ces investissements ont atteint le taux de 40% du budget national du Bangladesh, a-t- il fait valoir.
M. ANDREI NIKIFOROV (Fédération de Russie) a déclaré qu'outre les efforts déployés par les pays pour régler les problèmes sociaux, il est important que les institutions financières internationales et toutes les institutions des Nations Unies apportent également leur concours. Il s'agit également de porter une attention particulière aux pays en transition, sachant que la récente crise économique a montré que les droits économiques, sociaux et culturels sont d'une importance capitale, notamment avec l'apparition de phénomènes tels que le terrorisme international, le nationalisme armé, les conflits interethniques, le trafic d'armes et de drogues, mais aussi le sida et les maladies infectieuses.
La Fédération de Russie appuie la déclaration de l'Assemblée générale dans laquelle il est dit qu'un État ne peut prendre de mesures économiques ou autres dans le but d'exercer des pressions sur un gouvernement, sachant que ces mesures touchent surtout la population. La Fédération de Russie a toujours dit toute son opposition à l'utilisation de mesures et de lois qui touchent au commerce intérieur des États, car elles portent atteinte à la coexistence des pays. La Russie a pris des mesures pour améliorer les conditions de vie de la population et favoriser la cohésion sociale. La Fédération de Russie appuie les efforts en faveur des droits économiques, sociaux et culturels en accordant à cette question un rang prioritaire. Elle exprime l'espoir que les efforts communs pourront approcher la communauté internationale des principes définis à Copenhague en 1995.
M. GIL-SOU SHIN (République de Corée) s'est félicité que la Haut-Commissaire aux droits de l'homme considère l'élimination de la pauvreté comme le principal défi à relever dans les prochaines années. Elle trace ainsi clairement la voie à suivre pour promouvoir la jouissance des droits de l'homme dans le monde. Le représentant s'est également félicité que le thème *ðPauvreté et jouissance des droits de l'homme+ð ait été choisi pour le dialogue spécial de la présente session de la Commission.
Le représentant a insisté sur l'interdépendance des droits de l'homme. Il importe, a-t-il affirmé, d'oeuvrer à la promotion équilibrée de tous les droits de l'homme. L'État est le premier garant de cette exigence, il doit s'efforcer de renforcer la bonne gouvernance. Le représentant a également souligné l'importance du droit à l'éducation, rappelant que l'accès insuffisant à l'éducation est une des causes principales de la pauvreté. Il a par ailleurs déclaré que le lien entre éducation et emploi devrait être à la base de toute politique visant à réaliser l'autonomie économique des individus. Il a réitéré que protéger et assurer le droit à l'éducation est la clé de la croissance économique et de la promotion de la bonne gouvernance. Le représentant a finalement déclaré qu'une des tâches essentielles de la communauté internationale dans les prochaines années sera de trouver comment la mondialisation peut devenir l'instrument de la promotion des droits économiques, sociaux et culturels.
M. YAKOV PARAN (Israël) a souligné que l'un des droits les plus fondamentaux qu'Israël s'efforce de garantir à l'ensemble de sa population est le droit à la santé. L'objectif d'Israël en la matière est d'assurer à chacun, du plus riche au plus pauvre, le droit au niveau de soins de santé le plus élevé possible. C'est dans cette optique qu'est entrée en vigueur en 1995 la loi sur l'assurance santé nationale. Cette loi constitue le dispositif législatif le plus ambitieux du pays dans le domaine social. Elle énonce le principe selon lequel les soins de santé sont un droit. Elle assure également que chacun a droit, sur le plan juridique, à un ensemble de services garantis par le gouvernement. Cette loi garantit en outre que le gouvernement financera les services de santé à hauteur d'un montant permettant de couvrir le coût des soins. Cette loi permet à tous les résidents d'Israël de bénéficier désormais de l'assurance-santé. Elle a également permis d'améliorer le niveau des services ainsi que l'équité du système de santé, réduisant notamment le fossé entre Arabes et Juifs.
M. SYARGEI MIKHNEVICH (Bélarus) a déclaré qu'alors que s'ouvre le XXIe siècle, c'est la question de la survie qui est d'actualité et non le progrès. Il faut aujourd'hui mettre en place des processus qui permettront d'effacer les écarts et inégalités entre les conditions de vie des populations. À ce jour, la communauté internationale n'a pas encore réagi face aux violations des droits économiques, sociaux et culturels. Le Bélarus a une grande expérience en matière de réalisation de politiques économiques et sociales. Dans ce pays, les politiques tiennent compte de l'histoire et de la culture, en assurant à toute personne capable de travailler les conditions nécessaires à son épanouissement et en garantissant une sécurité sociale à ceux qui ne peuvent pas travailler.
Le représentant bélarussien a souligné que la santé morale et physique de la jeunesse est également un aspect important des politiques menées par son gouvernement, dans un pays où la culture et l'enseignement pour les jeunes sont très développés, les bases juridiques relatives aux jeunes sont bien établies, des programmes de formation et de qualification ont été lancés et les associations oeuvrant pour la jeunesse se sont multipliées. Le Bélarus a conservé ses acquis culturels et le gouvernement