LE COMITE DES DROITS DE L'HOMME ACHEVE LES TRAVAUX DE SA SOIXANTE-HUITIEME SESSION
Communiqué de Presse
DH/277
LE COMITE DES DROITS DE LHOMME ACHEVE LES TRAVAUX DE SA SOIXANTE-HUITIEME SESSION
20000331La prochaine session du Comité aura lieu du 10 au 28 juillet prochains à Genève
Le Comité des droits de lhomme a achevé ce matin les travaux de sa soixante-huitième session au cours de laquelle il a examiné les rapports périodiques de la République du Congo, du Royaume-Uni (Jersey, Guernesey, Ile de Man), de la Mongolie, et du Guyana. Dans ce cadre, les dix-huit experts qui siègent à titre indépendant ont adopté des observations finales qui seront transmis à ces Etats parties. Ils ont aussi adopté les listes des questions qui seront soumises aux Etats parties dont lexamen des rapports est prévu à sa prochaine session, c'est-à-dire le Kirghizistan, le Koweït, l'Irlande et l'Australie. Les experts ont aussi adopté une Observation générale numéro 28 sur larticle 3 du Pacte, qui porte sur légalité entre les hommes et les femmes - Observation générale numéro 28.
Le Comité a également, au cours de cette session, débattu des propositions de son groupe de travail sur lamélioration de ses méthodes de travail. Il a, dans ce cadre, examiné des propositions pour un plan daction sur les communications; de même que sur les rapports des Etats parties, et sur les réunions entre présidents de comités. Dans le cadre du rapport du même groupe de travail, le Comité a également discuté de lintégration et du traitement, dans ses travaux, des indicateurs mis au point par les organes du système des Nations Unies pour faire un bilan commun des pays; de la coopération avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD); de la réunion commune avec les rapporteurs spéciaux du système de lONU, et des méthodes de consultations officieuses du Comité avec les gouvernements.
Ayant été invité par le Bureau du Haut Commissaire aux droits de lhomme à New York à apporter sa contribution aux préparatifs de la prochaine Conférence mondiale contre le racisme qui aura lieu en 2001 en Afrique du Sud, le Comité a décidé au cours de sa session, denvoyer lun de ses membres, M. Solari Yrigoyen, Expert de lArgentine, le représenter à la réunion du Comité préparatoire de cette Conférence qui se tiendra en mai prochain à Genève. Le Comité soumettra, dans ce cadre, une compilation de ses travaux en matière de lutte contre le racisme au Comité préparatoire.
Observations finales sur les rapports des Etats parties
En ce qui concerne le deuxième rapport périodique de la République du Congo, le Comité a accueilli avec intérêt les renseignements écrits complémentaires portant sur la période qui sest écoulée depuis la rédaction de ce rapport, en 1987. Il a regretté, cependant que le rapport ait été de manière plutôt formelle, se limitant à la description de données juridiques sans références à leur mise en uvre pratique. Sur la situation en République du Congo, le Comité exprime sa satisfaction quant au retour à leur foyer de plus de la moitié des personnes déplacées et espère que ce processus aboutira à son terme dans les meilleurs délais. Le Comité est gravement préoccupé par les informations sur les exécutions sommaires et extrajudiciaires, des disparitions et des détentions arbitraires commises au cours des sept dernières années par les forces armées et aussi par les milices et autres groupes paramilitaires, ainsi que par les soldats étrangers, contrairement aux articles 6, 7 et 9 du Pacte. Le Comité constate que la volonté politique damnistie pour les crimes commis pendant les périodes de guerre civile peut comporter une forme dimpunité qui serait incompatible avec le Pacte. Il considère que les textes en vertu desquels sont amnistiées des personnes ayant commis des crimes graves, ne permettent pas dassurer le respect des obligations souscrites par la République du Congo au titre du Pacte. Le Comité estime que lEtat partie devrait garantir linvestigation au sujet de ces graves violations des droits de lhomme, ainsi que la poursuite des responsables de ces violations et la réparation adéquate aux victimes ou à leurs familles.
Pour ce qui est des observations finales relatives aux quatrième et cinquième rapports périodiques du Royaume-Uni et de ses dépendances, les Iles de Jersey, Guernesey et Man, le Comité a noté avec satisfaction que les tribunaux de ces Iles ont invoqué des dispositions du Pacte dans leurs décisions. Il a salué le retrait par l'Etat partie de ses réserves portant sur le sous paragraphe c) de l'article 25 du Pacte qui concernait, entre autres, la constitution des jurys dans l'île de Man. Le Comité a également salué les mesures prises dans ces territoires pour lutter contre toutes les formes de discrimination due au sexe ou à la race, et particulièrement dans le régime successoral de Sark, et, à Jersey, en ce qui concerne l'égalité des droits des enfants nés hors du mariage et de ceux nés de parents mariés. Le Comité a recommandé que des enseignements en matière de droits de l'homme soient dispensés aux membres des forces de police, aux avocats et aux autres personnes impliquées.
En ce qui concerne le quatrième rapport périodique de la Mongolie, le Comité a regretté le manque dinformations fournies non seulement dans le rapport, mais aussi dans nombre de réponses données verbalement par la délégation, au sujet des droits énoncés dans le Pacte. Cette absence dinformation, a-t-il souligné, empêche le Comité dévaluer comme il convient la situation pour ce qui est de lapplication du Pacte. Le Comité a constaté avec satisfaction que lEtat partie a accueilli favorablement une aide internationale en matière de création dinstitutions et de renforcement des capacités, en particulier pour ce qui a trait à la défense des droits de l'homme. Il sest félicité de la loi sur la liberté de la presse et sest réjouit également des améliorations intervenues au sujet de la liberté dassociation, grâce à la Loi de 1997 sur les organisations non étatiques et lapparition dun barreau libre. Le Comité a jugé quil subsiste de nombreux
sujets de préoccupation pour ce qui est de la discrimination à légard des femmes et de lincapacité de celles-ci à jouir pleinement des droits énoncés dans le Pacte. A ce propos, le Comité a notamment attiré lattention de la délégation sur le grave problème de la mortalité maternelle, imputable entre autres aux avortements non médicalisés, ainsi que sur la discrimination à légard des femmes en matière demploi dans le secteur privé, allant de pair avec limpunité de fait des employeurs malgré les jugements des tribunaux.
Dans ses observations finales sur le deuxième rapport périodique de la République du Guyana, le Comité se réjouit de ce que son dialogue avec lEtat partie ait repris après plus de dix ans. Il regrette cependant que le rapport porte sur la situation qui y a prévalu jusquen 1987 et ne fournisse pas dinformations sur lapplication pratique des droits protégés par le Pacte. Il regrette également que la délégation du Guyana nait pas été en mesure de fournir des renseignements sur la situation actuelle du pays, sur la base de la liste des points à traiter et des questions des experts. Le Comité note avec satisfaction les efforts que déploie le Guyana dans le cadre de la transition démocratique pour harmoniser de nombreux aspects de son ordre juridique avec les normes internationales. Il se félicite également de la promulgation de la loi de 1996 sur la violence familiale et du fait que sa portée ait été étendue aux enfants. Le Comité juge néanmoins préoccupant le fait que tous les droits visés par le Pacte nont pas été incorporés dans la constitution actuelle du pays et ne peuvent donc pas être appliqués directement, et il déplore que la peine de mort continue dêtre appliquée au Guyana.
Observations générales
Compte tenu de lexpérience quil a acquise au cours des 20 dernières années, le Comité a décidé dactualiser son Observation générale sur larticle 3 du Pacte, remplaçant ainsi lObservation générale 4, adoptée à sa treizième session en 1981, par lObservation générale 28 intitulée Egalité des droits entre hommes et femmes. Cette révision avait pour but de souligner lincidence considérable de cet article sur la jouissance, par les femmes, des droits protégés par le Pacte. Larticle 3 suppose que tous les être humains doivent jouir des droits prévus par le Pacte sur un pied dégalité et dans leur intégralité. LObservation générale 28 examine notamment les inégalités dont les femmes sont victimes du fait des traditions et des attitudes religieuses; dans le cadre de conflits armés internes ou internationaux; ainsi que les mesures prises par les Etats pour empêcher diverses violations de larticle 3, y compris la traite des femmes et des enfants, tant sur leur territoire quau-delà de leurs frontières, et pour lutter contre la discrimination contre les femmes dans des domaines comme la législation sur la sécurité sociale, ainsi que dans le domaine de la citoyenneté ou des droits des non citoyens.
Le Comité a également entrepris lexamen du projet dObservation générale sur larticle 4 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques sur les droits qui ne sont pas susceptibles de dérogation, en soulignant limportance primordiale que revêt cet article pour le système de protection des droits de lhomme dans le cadre du Pacte. Dans le cas où un danger public exceptionnel menace lexistence de la nation et est proclamé par un acte officiel, larticle 4 autorise lEtat partie à adopter unilatéralement des mesures dérogeant à une partie
des obligations qui lui incombent en vertu du Pacte. Mais ces mesures ne doivent pas être incompatibles avec les autres obligations quimposent le droit international à lEtat partie et ne doivent pas non plus entraîner une discrimination fondée uniquement sur la race, la couleur, le sexe, la langue, la religion ou lorigine sociale.
Informations de base
Le Comité des droits de l'homme est l'un des six organes d'experts chargés de contrôler l'application des conventions et pactes relatifs aux droits de l'homme, en l'occurrence le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
Le Comité est actuellement composé des dix-huit experts suivants qui siègent à titre indépendant : Mme Cecilia Medina Quiroga (Chili), Présidente du Comité; Mme Elizabeth Evatt (Australie); M. Abdelfattah Amor (Tunisie); M. Prafullachandra N. Bhagawati (Inde); Lord Colville (Royaume-Uni); M. Nisuke Ando (Japon), M. Eckart Klein (Allemagne), M. David Kretzmer (Israël), M. Rajsoomer Lallah (île Maurice), M. Hipólito Solari Yrigoyen (Argentine), M. Roman Wieruszewski (Pologne), M. Louis Henkin (Etats-Unis), Mme Christine Chanet (France), M. Pilar Gaitan de Pombo (Colombie), M. Martin Scheinin (Finlande), M. Maxwell Yalden (Canada) et M. Abdallah Zakia (Liban). Au cours de la session, M. Fausto Pocar, Expert de l'Italie, a quitté le Comité pour se consacrer à d'autres fonctions.
La prochaine session du Comité des droits de lhomme aura lieu du 10 au 28 juillet prochains à Genève.
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