POP/716

LA REALISATION DES OBJECTIFS EN MATIERE DE SANTE REPRODUCTIVE PASSE PAR L'EDUCATION, PAR LA PARTICIPATION ACTIVE DES FEMMES AUX ACTIVITES ECONOMIQUES

27 mars 2000


Communiqué de Presse
POP/716


LA REALISATION DES OBJECTIFS EN MATIERE DE SANTE REPRODUCTIVE PASSE PAR L'EDUCATION, PAR LA PARTICIPATION ACTIVE DES FEMMES AUX ACTIVITES ECONOMIQUES

20000327

“La réalisation des objectifs fixés pour les dix prochaines années en matière de santé reproductive mais aussi en matière d’éducation et de lutte contre l’analphabétisme, reste liée à une participation des femmes dans toutes les sphères de la vie publique, non plus seulement comme bénéficiaires mais comme agents actifs” a affirmé la représentante de l’Algérie dans le cadre du débat de la Commission de la population et du développement sur le suivi des recommandations de la CIPD qui s’est poursuivi, cet après-midi. De nombreuses délégations ont insisté sur l’importance capitale de l’éducation pour les questions ayant trait à la population, déplorant parfois que la situation économique difficile de certains pays ait souvent des répercussions négatives sur l’accès universel et gratuit à l’éducation. En effet, qu’il s’agisse de la fécondité, de l’usage de la contraception, des mutilations génitales féminines, de la participation des femmes au développement ou encore de la mortalité maternelle, l’éducation a été évoquée comme l’un des facteurs permettant de faire face à ces problèmes. Pour sa part, le représentant de l’UNESCO a estimé que la question de l’éducation des filles et la réduction du taux d’analphabétisme constituent des objectifs importants à réaliser rapidement, ce qui signifie que la communauté internationale doit accorder une haute priorité aux investissements en faveur de l’enseignement.

Plusieurs délégations, notamment l'Afrique du Sud et la Fédération de Russie, se sont inquiétées des conséquences de la mondialisation sur la population, particulièrement les femmes et ont estimé nécessaire d'y répondre individuellement et collectivement. Selon lui, la mondialisation favorise les migrations internationales, diminue les opportunités des femmes et des filles, favorise le recours à la prostitution comme stratégie de survie et la propagation de la pandémie du VIH/sida. A ce propos, le représentant de l'Afrique du Sud a également attiré l'attention de la Commission sur l'aspect structurel de la pandémie du VIH/sida qui aura des conséquences dévastatrices sur les systèmes économiques.

Les délégations suivantes ont pris la parole: Nigéria; Algérie; Afrique du Sud; Canada; Bélarus; Italie et Belgique.

La Commission a également entendu des interventions des représentants des institutions suivantes: Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO); Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

M. Joseph Chamie et Mme Birgitta Bucht de la Division de la population et M. Mohamed Nizamuddin du FNUAP ont répondu à certaines questions soulevées par les délégations au cours du débat ainsi qu'aux demandes de précisions des représentants de la Suède, de la République islamique d’Iran et du Portugal.

En fin de séance, la Commission a élu par acclamation MM. Easton Williams (Jamaïque) et Mohamed Ali Zarie Zare (République islamique d’Iran) aux postes de vice-présidents.

La Commission entamera son débat général sur les expériences nationales en matière de population le 28 mars à 10 heures.

Suite donnée aux recommandations de la Conférence sur la population et le développement

Mme ANNA BARFKAYA (Fédération de Russie) a indiqué que son pays attache une importance particulière aux aspects sexospécifiques de la mortalité et des migrations internationales. Elle s'est félicitée du fait que le rapport sur le suivi des programmes relatifs à la population traite des problèmes spécifiques auxquels se heurtent les pays en transition dans un vaste contexte économique pour intégrer la problématique hommes-femmes aux programmes de population et de développement. Elle s'est félicitée du lien établi entre les problèmes de parité et développement. Dans ce contexte, elle a estimé qu'il faut attacher une attention particulière aux incidences spécifiques de la mondialisation.

Revenant sur la session extraordinaire de l'Assemblée générale, elle s'est félicitée des propositions d'approches concertées pour réagir à de nouveaux défis, notamment en ce qui concerne la prise en considération d'une perspective sexospécifique dans les programmes et politiques de population. Il faut s'attacher à promouvoir la parité entre les sexes et surtout, à créer des conditions permettant d'allier le respect des droits en matière de la procréation à la partcipation à l'économie.

M. Williams (Jamaïque) a accueilli favorablement les rapports qui ont été présentés dans le cadre de cette session. Il a souhaité toutefois présenter trois remarques spécifiques qui devraient permettre de rehausser la qualité des travaux. Compte tenu du fait que l’on reconnaît que les femmes sont sous-représentées dans les postes de haut niveau, une discussion des femmes des pays développés et des pays en développement sur cette question pourrait permettre de trouver des solutions à ce problème. Par ailleurs, la Jamaïque souhaiterait que le lien entre fécondité, grossesses fréquentes et pauvreté fasse l’objet d’études plus approfondies. Enfin, les questions de l’âge du mariage et de la transmission de maladies sexuellement transmissibles devraient également être analysées davantage. Par ailleurs, la délégation de la Jamaïque se félicite de la clarté du rapport portant sur les flux de ressources financières devant concourir à l’application du Programme d’action de la CIPD.

Mme LILIAN ONOH (Nigéria) s'est félicitée de l’importance accordée dans les rapports du Secrétaire général à l’éducation pour les questions relatives à la population, parité et développement. Elle a souligné qu’une meilleure éducation des femmes s’est traduite par des taux de fertilité plus bas et des choix plus avisés pour ce qui est du recours aux contraceptifs, l’espacement des naissances et a également eu des effets positifs sur le développement économique des sociétés. A cet égard, elle a déploré les effets de l’augmentation de la pauvreté causée par les programmes d’ajustement structurel en cours dans de nombreux pays à la demande du Fonds monétaire international. Le Nigéria partage l’opinion selon laquelle à la suite de la crise économique et de la restructuration de la dette des années 80, l’Afrique subsaharienne a vu les frais de scolarité augmenter et la qualité de l’éducation baisser. Dans ce contexte elle a évoqué l’exemple du Nigéria où certaines activités éducatives, tant au niveau du primaire, du secondaire que de l’université sont désormais payantes, ce qui a entraîné une baisse de la scolarisation. Le Nigéria est en faveur de la plupart des recommandations du Programme d’action et de celles figurant dans les documents dont la Commission est saisie, y compris celles relatives au mariage précoce, aux mutilations génitales féminines, et à la santé en matière reproductive. Ces questions pourront être

mieux abordées si l’éducation devient un élément clef des politiques nationales. A cet égard, le Nigéria lance un appel pressant pour que des mesures importantes soient prises afin d’alléger le fardeau de la dette des pays en développement afin de leur permettre d’allouer davantage de ressources à l’éducation.

Mme Onoh a ensuite abordé le problème de la pandémie du VIH/sida en Afrique qui atteint des niveaux inacceptables et dont les effets à long terme sur les populations seront dévastateurs. Elle regrette que les rapports ne mentionnent pas les problèmes d’accessibilité des médicaments pour les personnes infectées en Afrique, ainsi que ceux permettant d’éviter que le virus soit transmis de la mère à l’enfant. Ces drogues existent, cependant la plupart des gouvernements des pays en développement et des individus touchés ne peuvent pas se les permettre a-t-elle déclaré.

Par ailleurs, le Nigéria ne partage pas l’opinion selon laquelle en Afrique ce sont les traditions locales qui poussent des hommes âgés vers des femmes plus jeunes et, par conséquent, conduit à la transmission de maladies sexuellement transmissibles. C’est là une réalité mondiale, a affirmé Mme Onoh ajoutant que cette situation pourrait être améliorée grâce à l’éducation des femmes car ces dernières pourraient ainsi faire des choix plus judicieux pour se protéger de telles maladies. En ce qui concerne les migrations, le Nigéria se félicite du fait que les rapports tiennent compte des conditions difficiles que connaissent beaucoup de familles à cause de la distance à laquelle se trouve le père ou la mère.

M. JACQUES DU GUERNY, Organisation des Nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO), a retracé l'évolution des progrès accomplis dans l'intégration des questions d'égalité entre les sexes et de développement. Il a notamment cité l'exemple de la mortalité maternelle qui n'est pas simplement une question de santé en matière de reproduction, mais tient à la pauvreté, au manque d'éducation de femmes et des hommes et à leurs rôles spécifiques dans la société. Il a estimé que la piètre qualité des services sociaux ou leur inaccessibilité n'est pas nécessairement le seul facteur à prendre en considération ni le plus important. En effet, il a fait remarquer que l'amélioration des services fournis n'a pas toujours les effets escomptés sur le taux de mortalité maternelle; la pression sociale que subissent les femmes pour multiplier les grossesses afin d'avoir des garçons étant souvent plus forte que les considérations de santé. En ne ciblant que les femmes, les programmes visant à réduire la mortalité maternelle passent à côté de la question de relation entre les sexes pourtant essentielle à leur succès. Il a ajouté que les hommes qui sont souvent responsables des décisions concernant l'utilisation des ressources n'ont souvent pas conscience des risques et des situations qui peuvent conduire à la mortalité maternelle. Il importe donc de prendre en considération le contexte spécifique de développement dans lesquelles les politiques s'appliquent, car il convient de les assortir de mesures pour faire évoluer le contexte économique, social et culturel.

M. Du Guerny a ensuite indiqué que les questions d'égalité entre les sexes sont un aspect important des migrations. Dans les années 1960 et 1970, les femmes formaient la plus grande partie des migrants vers les villes alors que les hommes restaient sur place pour assurer la production agricole. Il faut noter que la participation des femmes à l'agriculture dans cette région est traditionnellement plus faible que dans d'autres régions. Cette tendance a eu des effets importants sur la composition par âge et par sexe des populations urbaine et rurale et a eu un

impact décisif sur le déclin de la fertilité. Ces flux de migrations caractéristiques de l'Amérique latine s'appliquent désormais à d'autres régions en développement, a-t-il observé, et la compréhension de ce phénomène exige que l'on prenne en considération notamment la question de l'excès d'offres d'emplois dans les zones rurales, encouragé par les politiques agricoles. Au vu des ces exemples, il a insisté sur le fait que les interactions entre les questions de parité et de développement ne sauraient être comprises hors du système des relations entre les aspects politiques, économiques, sociaux et historiques qui les produit.

Mme RACHIDA BENKHELIL (Algérie) a noté que les mesures prioritaires préconisées dans le cadre de l’évaluation à mi-chemin de la CIPD, mettent en relief en premier lieu les liens étroits entre les questions de population et le développement économique et social. En effet, les progrès accomplis en matière de réduction de la croissance démographique dans de nombreux pays du monde, tout comme les contraintes encore rencontrées en matière d’accès à l’éducation, aux soins de santé ou autres services de base, appellent à une approche plus ciblée, fondée sur les besoins réels des femmes et des hommes, et ce dans une perspective égalitaire. Mme Benkhelil a également souligné l’importance toute particulière du thème de cette session à savoir la condition de la femme et la parité à quelques mois de l’Assemblée générale consacrée à Beijing +5. Elle a affirmé que les politique en matière de population devront intégrer la perspective sexospécifique, y compris en matière de collecte de données. Par ailleurs, la santé en matière de reproduction restera, selon Mme Benkhelil, un axe fondamental des programmes de population, ce qui est largement justifié par les niveaux alarmants de la mortalité maternelle ou de la pandémie du VIH/sida. Elle a estimé que la réalisation des objectifs fixés pour les dix prochaines années en matière de santé reproductive mais aussi en matière d’éducation et de lutte contre l’analphabétisme, reste liée à une participation des femmes dans toutes les sphères de la vie publique, non plus seulement comme bénéficiaires mais comme agents actifs du développement. Elle a conclu en invitant la communauté internationale à mobiliser les fonds nécessaires correspondants aux engagements pris au Caire.

M. VAN ZUYDAM (Afrique du Sud) a mis l'accent sur la mondialisation, le problème du VIH/sida et sur la santé en matière de reproduction. Il a observé que la mondialisation a eu pour effet d'accroître la marginalisation de certains groupes qui, de ce fait, ont plus de mal à s'intégrer dans la société et à y jouer un rôle. Parmi les conséquences de la mondialisation sur la population, le représentant a relevé notamment qu'elle favorisait les migrations sans garantie d'une amélioration des conditions dans le pays d'accueil, diminuait les opportunités des femmes et des filles, favorisait le recours à la prostitution comme stratégie de survie, rendait la tâche difficile aux gouvernements dans la fourniture de services sociaux et favorisait la propagation de la pandémie du VIH/sida. Il a estimé nécessaire de répondre collectivement et individuellement aux problèmes posés par la mondialisation.

Sur la question du VIH/sida, il a estimé qu'il convient de développer une approche qui soit basée sur les liens entre la population, le développement et l'environnement. Il a indiqué que dans son pays, les données suggèrent que les groupes économiquement actifs, et particulièrement les femmes de ces groupes, sont les plus touchés. Selon lui, cet aspect structurel de la pandémie du sida aura des effets dévastateurs sur les systèmes économiques de sociétés qui ne peuvent pas se le permettre et provoquera des taux de dépendance inconnus jusqu'à ce jour. Citant l'exemple du taux de fertilité de l'Afrique du Sud qui la classe parmi les sociétés

en développement rapide, il a précisé que les indices traditionnels peuvent être trompeurs. Il importe donc d'assortir les mesures portant sur la santé en matière de reproduction et sur la planification familiale d'un cadre juridique et social comprenant les droits en matière de reproduction et la liberté de choix des femmes en matière de reproduction, des mesures en faveur de l'éducation de façon à accroître la mobilité sociale et économique, des mesures visant à l'éradication de la pauvreté et à la promotion d'une culture des droits de l'homme et de l'égalité.

Mme GINETTE LACHANCE (Canada) a souligné que, à la veille de l’évaluation du suivi des recommandations de la Conférence de Beijing, les liens entre le Caire et Beijing et leurs examens d’évaluation apparaissent clairement, ajoutant que cette session de la Commission contribuera à les renforcer davantage compte tenu de son thème spécial.

Elle s'est félicitée du fait que, au cours des dernières décennies, des progrès ont été faits pour ce qui est de la répartition plus équitable des bénéfices du développement entre les hommes et les femmes. Toutefois, les femmes et les fillettes sont toujours discriminées dans la plupart des aspects touchant à leur vie, ce dont témoigne notamment l’évaluation des progrès réalisés en matière de santé reproductive, de pauvreté féminine et de violence à l’égard des femmes. Par ailleurs, Mme Lachance a insisté sur l’importance de l’intégration d’une perspective sexospécifique dans les politiques et programmes de population en vue de promouvoir notamment la participation des femmes au développement, ce qui suppose également la ventilation des données démographiques par sexe. Dans ce contexte, le Canada se félicite des efforts déployés par la Division de la population en collaboration avec les institutions spécialisées, pour renforcer la collecte et la diffusion d’informations sur la population, en particulier en Asie et dans le pacifique, en Amérique latine et les Caraïbes, ainsi qu'en Afrique. Il encourage également la poursuite de ses travaux sur les données relatives aux migrations de population, y compris les réfugiés et les demandeurs d’asile.

Abordant la question de la mortalité maternelle dont les taux restent très élevés dans certaines parties du monde, Mme Lachance a déclaré qu’il fallait davantage remédier aux causes de ces décès à travers un accès universel aux informations de planning familial de qualité et à des services de santé reproductive. Par ailleurs, le Canada estime qu’il est essentiel d’améliorer l’éducation des femmes et des enfants en Afrique à un niveau permettant d’avoir des répercussions sur la fertilité, la contraception et la croissance démographique. Le Canada est préoccupé par le fait que les objectifs fixés au Caire ne seront pas atteints à cause d'un manque des ressources suffisantes allouées au planning familial et à l’éducation. Par conséquent, le Canada encourage le FNUAP a continuer de gérer les flux financiers prudemment.

Abordant la question de la violence à l’égard des femmes, Mme Lachance a réaffirmé qu’il s’agit là d’une violation des droits de l’homme et de leurs libertés fondamentales, mais que cela a également des conséquences sur la santé et la condition des femmes mais aussi sur la communauté tout entière. Elle a également souligné que les femmes les plus vulnérables sont celles vivant dans la pauvreté, les réfugiées, les migrantes illégales et les femmes vivant dans des

zones de conflit. Pour ce qui est des mutilations génitales féminines, le Canada soutient la déclaration conjointe des Nations Unies selon laquelle il est possible d’éliminer ce type de mutilations sans sacrifier les aspects culturels importants qui y sont rattachés, ajoutant que l’éducation et les services de santé jouent un rôle critique dans ce domaine.

Mme GASYUK (Bélarus) a relevé que grâce aux efforts internationaux, on a obtenu de réels progrès dans l'application du Programme d'action de la CIPD, notamment en matière d'accès à l'éducation des femmes et dans la baisse de la mortalité. Elle a indiqué qu'il importe d'agir à la fois aux plans national et international sur les questions relatives au taux de morbidité et au manque d'accès à l'information et aux services de santé en matière de reproduction. Elle s'est félicitée du fait que les problèmes spécifiques des pays en transition aient reçu une attention particulière lors de la session extraordinaire. Mme GASYUK a ensuite mentionné que son pays avait adopté plusieurs programmes pour veiller à la santé des femmes en matière de reproduction, à la propagation du VIH/sida et à l'accès à l'information des adolescents. Elle a indiqué qu'un Conseil national chargé d'étudier les aspects sexospécifiques des politiques de population est en voie de création dans son pays.

M. LOPEZ, Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), a estimé qu’il faut se pencher particulièrement sur l’éducation des filles et la réduction du taux d’analphabétisme, ce qui signifie que la communauté internationale doit accorder une haute priorité aux investissements en faveur de l’éducation. Le représentant a également souligné que plusieurs dimensions critiques du Programme d’action s’inscrivent particulièrement dans le mandat de l’UNESCO tels que la démarginalisation des femmes, la protection des droits à la santé et les effets des migrations. Il a affirmé que l’Unesco, en collaboration avec les gouvernements, la société civile et ses partenaires de la communauté internationale entend accélérer la mise en oeuvre des recommandations de la CIPD +5 et continue à participer activement aux activités inter-institutions visant à évaluer le suivi des recommandations des conférences internationales dans le cadre de son domaine d’intervention.

Mme ADRIANE MARTIN HILBER, Organisation mondiale de la santé (OMS) a pris note du programme de travail pluriannuel de la Division de la population et s'est félicitée de la perspective d'une collaboration, notamment dans le domaine des droits en matière de reproduction. Au vu des résultats de l'enquête sur le terrain menée par le FNUAP, elle s'est félicité du fait que 79 pays aient revu ou développé de nouvelles mesures en matière de population afin d'intégrer une perspective sexospécifique dans leur stratégie nationale de développement. Elle a réitéré l'engagement de l'OMS en faveur des objectifs dégagés au Caire qu'elle a jugés essentiels à la santé et au développement en général. A cet égard, elle a rappelé que le texte fondateur de l'OMS qui reconnaît la santé comme l'un des droits fondamentaux et regretté que ce droit ne s'applique pas de la même manière aux hommes et aux femmes. Elle a estimé que pour pallier à ces inégalités, il convient de procéder à une analyse ventilée par sexe des facteurs démographiques et sociaux associés à la mauvaise santé.

Mme Hilber a rappelé que la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à Caire + 5 a adopté des recommandations qui traduisent l'importance de la promotion de la femme et de la parité entre les sexes pour réaliser les objectifs de la CIPD. L'importance de la parité entre les sexes est renforcée également par l'intégration d'une perspective sexospécifique dans les préparatifs des sessions extraordinaires Beijing + 5 et Copenhague + 5, a-t-elle indiqué. A cet égard, elle a précisé que l'OMS s'assure qu'une perspective sexospécifique est intégrée à tous les programmes, politiques et recherches qu'elle mène. Ainsi, un Groupe de travail interdivisions a été mis en place en 1996 pour faire prendre conscience de la nécessité d'intégrer une perspective sexospécifique dans tous les programmes et de promouvoir cette approche au niveau de l'ensemble de l'Organisation. Ce Groupe a également permis la publication de directives techniques qui explorent certaines implications du passage de la prise en compte des "femmes dans le développement" à celle de la "parité dans le développement". Ce document a servi de catalyseur pour la formulation de la politique générale de l'OMS en matière de parité qui est actuellement en cours d'élaboration, a-t-elle affirmé.

Mme Hilber a ensuite présenté diverses mesures adoptées par les départements de l'OMS. Ainsi, le Département de la santé et de la recherche en matière de reproduction a établi, il y a cinq ans, un panel consultatif sur la parité chargé d'évaluer le travail du département en matière de parité et de droits de l'homme. Le même département coordonne aussi un cours à destination des décideurs politiques sur la mise en œuvre des objectifs de Beijing et du Caire. Mme Hilber a ensuite cité les initiatives de l'OMS pour intégrer dans les activités du département de la santé et du développement durable et dans les programmes nationaux de lutte contre les drogues une approche sexospécifique en ce qui concerne la lutte contre la tuberculose. En conclusion, elle s'est félicitée du thème spécial choisi par la Commission cette année et a réitéré l'attachement de l'OMS aux objectifs énoncés dans le Programme d'action du Caire.

M. GOLINI (Italie) a déclaré que son pays a le taux de fécondité le plus bas du monde (1,2 enfant par femme) et la plus longue longévité. L’effet conjugué de ces deux facteurs a conduit à un vieillissement très rapide de la population italienne. Les responsables politiques sont conscients de cette situation et de ses conséquences. Le Gouvernement italien a adopté une politique de promotion des chances de travail offertes aux femmes, et de protection en matière de procréation. Il a instauré des mesures permettant aux pères de bénéficier de congés parentaux. En ce qui concerne les personnes âgées, le Gouvernement est prêt à améliorer les soins à domicile et offre des avantages fiscaux pour encourager ceux qui optent pour cette solution. Par ailleurs, du fait de sa situation, l’Italie s’intéresse beaucoup aux migrations. A cet égard, il faut noter que l’Italie fait face à un déséquilibre important entre les sexes des migrants qu’elle accueille à savoir que les migrants originaires d’Afrique du Nord sont surtout des hommes alors que ceux venant d’Amérique latine sont surtout des femmes. Le représentant a également souligné que l’Italie participe activement aux activités du FNUAP et d’autres institutions chargées de questions relatives à la population.

M. CLIQUEZ (Belgique) s'est félicité du rapport établi par la Division de la population, mais a toutefois relevé une lacune dans ce document. Il aurait souhaité qu'une analyse soit faite sur l'interaction entre la question du genre, la participation au travail et la fécondité.

Mme Birgitta Bucht, de la Division de la population au Département des affaires économiques et sociales, a rappelé que la Division a publié il y a deux ans un rapport intitulé «Trop jeune pour mourir” : gènes ou genre?» qui apporte un certain nombre d’éléments d’informations sur la mortalité. Pour ce qui est du vieillissement de la population, la Division a organisé une réunion sur cette question en février 2000 dont les conclusions feront l’objet d’un rapport. Par ailleurs, des rapports ayant davantage trait aux questions relatives à sexospécificité et à la participation des femmes au développement sont en cours d'élaboration. Enfin, Mme Bucht a invité les délégations à faire leurs commentaires par écrit.

M. Mohammad Nizamuddin, Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a relevé que la plupart des commentaires ont porté sur la condition de la femme et sur les ressources. Il a offert de revoir les chiffres en ce qui concerne l'affectation des ressources afin de présenter une image plus précise de celles allouées aux programmes de population lors d'une prochaine présentation de ce document.

M. MOHAMMAD ALI ZARIE ZARE (République islamique d'Iran) a précisé que les pays en développement se sont efforcés de mobiliser les ressources nécessaires et que la communauté internationale est responsable des principales lacunes dans ce domaine.

En réponse au représentant iranien, M. Izzamudin a dit qu'il n'avait pas eu la possibilité de revoir les chiffres soumis par les divers pays pour savoir comment ces ressources sont ventilées. Il a précisé que les donateurs sont sensiblement les mêmes depuis longtemps, avec quelques variations. Il est quelquefois difficile de distinguer les fonds que les donateurs fournissent spécifiquement au titre de la réalisation des objectifs de la CIPD. Des efforts sont en cours dans ce domaine, a-t-il ajouté. En revanche, il importe de recevoir plus d'information concernant la mobilisation des ressources internes dans les pays en développement.

M. KENT EDBERG (Suède) a déclaré que les discussions relatives à la planification familiale devraient être intégrées au domaine de la santé reproductive. Il y a des problèmes lorsqu'il s'agit de séparer ce qui a été alloué spécifiquement au développement et au titre de la CIPD. Il a souhaité avoir plus de détails sur la ventilation de l'aide publique au développement, ainsi qu'une interprétation de la tendance à l'accroissement des flux de ressources en provenance des organisations non gouvernementales.

M. FINS-DO-LAGO(Portugal), au nom de l’Union européenne, a demandé à M. Joseph Chamie, Directeur de la Division de la population, si le Secrétariat est en mesure de confirmer l’information selon laquelle il a préparé deux projets de résolution et un projet de décision qui seront soumis à la Commission.

M. Joseph Chamie, a confirmé cette information expliquant que le Bureau précédent a demandé à la Division d’aider la Commission en préparant ces textes qui, par les passé, servaient de base aux discussions de la Commission.

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.