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SG/SM/7337

LE SECRETAIRE GENERAL ENGAGE LE CONSEIL DE SECURITE A CONSIDERER LE DESARMEMENT, LA DEMOBILISATION ET LA REINSERTION COMME UN ELEMENT DU MAINTIEN DE LA PAIX

23 mars 2000


Communiqué de Presse
SG/SM/7337
SC/6831


LE SECRETAIRE GENERAL ENGAGE LE CONSEIL DE SECURITE A CONSIDERER LE DESARMEMENT, LA DEMOBILISATION ET LA REINSERTION COMME UN ELEMENT DU MAINTIEN DE LA PAIX

20000323

On trouvera ci-après le texte de la déclaration que le Secrétaire général, M. Kofi Annan, a faite, ce jour, devant le Conseil de sécurité réuni pour examiner le rôle des opérations de maintien de la paix de l’ONU dans le désarmement, la démobilisation et la réinsertion :

Permettez-moi tout d’abord, Monsieur le Président, de vous remercier, ainsi que les membres du Conseil, d’avoir organisé cette réunion.

Comme vous le savez, les opérations de maintien de la paix ne ressemblent plus guère à ce qu’elles étaient à l’origine. Aujourd’hui, elles visent non seulement à restaurer la stabilité dans les zones de conflit, mais aussi à en traiter les causes profondes.

Cela suppose de répondre à de multiples besoins d’ordre politique, social et économique. Dans de nombreuses situations de conflit, le désarmement, la démobilisation et la réinsertion sont au centre des activités menées à cet effet.

Cela dit, je voudrais souligner que les efforts que nous déployons ne peuvent en aucun cas se substituer à la volonté politique des parties concernées de rétablir la paix. Mais le déploiement des opérations de maintien de la paix de l’ONU a souvent joué un rôle décisif, ne serait-ce qu’en contribuant à créer un climat propice à l’expression de cette volonté.

Si nous sommes réunis ici aujourd’hui, c’est parce que nous sommes tous résolus à rendre l’Organisation mieux à même d’aider efficacement les sociétés concernées à résoudre les problèmes complexes que sont le désarmement, la démobilisation et la réinsertion.

J’espère que le débat d’aujourd’hui débouchera sur la manifestation d’une plus ferme détermination à doter les opérations de maintien de la paix des mandats et des ressources dont elles ont besoin pour remplir cette mission. Je voudrais faire quelques observations sur certaines des grandes questions relatives à ce processus, mais je vous invite instamment à lire attentivement mon rapport. Les problèmes qui se posent sont abordés dans leur ensemble.

Si l’on veut que les opérations de maintien de la paix favorisent effectivement le désarmement, la démobilisation et la réinsertion, il importe d’intégrer dans tous les accords de paix des dispositions relatives à ces trois objectifs. Vous verrez dans mon rapport que je me propose d’inclure, chaque fois que possible, les arrangements concernant l’élimination des armes et des munitions parmi les points à débattre lors des négociations de paix de sorte que cette question ne constitue pas un obstacle par la suite.

Par ailleurs, il est évident que toute opération visant à régler le problème de la démobilisation exige une forte capacité de dissuasion, laquelle doit être prévue dès la première phase du déploiement.

Il est en outre essentiel dans bien des cas que la question des armes soit réglée à l’échelon régional. Le succès de la démarche suppose la conclusion d’accords bilatéraux sur les échanges de renseignements et d’informations, la coopération des organisations régionales concernées, et l’appui du Conseil de sécurité.

La lutte contre le trafic d’armes exige que l’on s’intéresse aux mouvements de capitaux afin, notamment, de déterminer l’origine des fonds fournis aux chefs de faction, les établissements où ils sont déposés et la manière dont ils sont dépensés.

S’il est vrai que la question de la réinsertion sort en grande partie du champ d’activité des opérations de maintien de la paix, j’estime néanmoins que celles-ci peuvent contribuer de manière décisive au succès de ce volet important des activités de reconstruction après un conflit.

Les opérations de maintien de la paix peuvent notamment amener toutes les fonctions concernées à voir dans l’action politique un moyen de lutte pacifique qui constitue une alternative raisonnable et légitime à la violence.

Pour réussir à relever ce défi majeur, nous devons enrichir la panoplie des instruments dont disposent les opérations de maintien de la paix. Nous devons en particulier poursuivre et renforcer l’action engagée pour répondre aux besoins spécifiques des enfants soldats.

En d’autres termes, il s’agit d’assurer le suivi des décisions que nous avons prises tout récemment dans le cadre de deux opérations – en Sierra Leone et en République démocratique du Congo – de créer un poste de conseiller chargé de la protection des enfants, dont la mission est d’identifier les besoins de ces derniers durant les phases de planification, de désarmement, de démobilisation et de réinsertion.

Il faudrait aussi que le Conseil de sécurité assouplisse les règles régissant le financement au moyen de crédits mis en recouvrement des principaux éléments du processus de désarmement, de démobilisation et de réinsertion afin que des activités puissent être lancées cependant que l’on mobilise des contributions volontaires.

Dans le cadre de ces trois éléments, il s’agit d’assurer la destruction des armes, de fournir un capital de départ pour des « projets à impact rapide » et de financer des mesures spéciales en faveur des enfants soldats, notamment les filles.

Enfin, nous devons nous doter des moyens de trouver plus facilement des spécialistes en désarmement et des formateurs expérimentés pouvant être affectés à des opérations de maintien de la paix sur le terrain. Le Département des opérations de maintien de la paix a mis au point, l’année dernière, des matériaux de formation dans ce domaine à l’usage des États Membres et poursuivra ses efforts dans ce sens.

Les opérations de maintien de la paix s’appuient à présent sur une multitude de partenaires du système des Nations Unies, dont la Banque mondiale, pour mener à bien les activités touchant le désarmement, la démobilisation et la réinsertion. Elles se tournent aussi de plus en plus souvent vers d’autres partenaires extérieurs au système. Ainsi, les organisations régionales et les organisations non gouvernementales locales et internationales peuvent contribuer aux activités de désarmement et de démobilisation et, comme nous l’avons vu récemment au Kosovo, participer à la remise en état de l’infrastructure sociale et politique nécessaire à la réinsertion.

Je voudrais, en conclusion, engager le Conseil à considérer le processus de désarmement, de démobilisation et de réinsertion comme un élément parmi d’autres de la démarche pluridimensionnelle que nous devons adopter si nous voulons que les activités de maintien de la paix soient couronnées de succès au XXIe siècle.

Nous devons redoubler d’efforts sur tous les fronts, sachant que nous pouvons faire plus dans le domaine politique pour canaliser les divergences de manière pacifique en assurant la primauté du droit; dans les domaines militaire et de la sécurité, pour aider les factions armées à se transformer en organisations politiques civiles; dans le domaine humanitaire, pour alléger les souffrances des civils, premières victimes de la guerre et derniers bénéficiaires de la paix; et dans le domaine socioéconomique, pour lier les activités de reconstruction après les conflits à l’aide pour le développement durable.

Ce n’est qu’à condition d’adopter cette perspective plus large que la communauté internationale pourra contribuer de manière décisive au succès de cet élément crucial de la reconstruction après les conflits.

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