LE CONSEIL EXAMINE LE ROLE DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DANS LE DESARMEMENT, LA DEMOBILISATION ET LA REINSERTION DES EX-COMBATTANTS
Communiqué de Presse
CS/1165
LE CONSEIL EXAMINE LE ROLE DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DANS LE DESARMEMENT, LA DEMOBILISATION ET LA REINSERTION DES EX-COMBATTANTS
20000323«Le maintien de la paix aujourd'hui a peu en commun avec sa forme initiale. Aujourd'hui les opérations de maintien de la paix s'efforcent non seulement d'apporter la stabilité aux zones en conflit mais également de s'attaquer à leurs causes profondes, ce qui exige une gamme variée d'activités. Dans de nombreuses situations, le processus de démobilisation, de désarmement et de réinsertion (DDR) se trouve au cur de ces efforts». C'est ainsi que le Secrétaire général a ouvert le débat que le Conseil de sécurité a consacré aujourd'hui à la question : Maintien de la paix et de la sécurité et la consolidation de la paix après les conflits. Placé sous la présidence du Représentant permanent du Bangladesh, M. Anwarul Karim CHOWDHURY, le débat a vu la participation d'une trentaine de délégations qui, dans leur grande majorité, se sont ralliées aux recommandations formulées par le Secrétaire général dans son rapport sur le rôle des opérations de maintien de la paix des Nations Unies dans le DDR. Pour de nombreux intervenants, les activités de désarmement, démobilisation et réinsertion constituent un outil pour garantir la continuité entre la cessation des hostilités et le développement durable des Etats. Pour être couronnées de succès, elles doivent être intégrées dans les accords de paix. Les délégations ont également fait part de leur soutien à l'analyse selon laquelle le succès de ces activités passe par la volonté politique des parties et la coopération de toute la population concernée; la multiplication de garanties de sécurité aux ex-combattants, des mesures d'incitation au désarmement; la lutte contre le trafic illicite d'armes dans un cadre régional; des modes de financement prévisibles et suffisants et l'amélioration de la coordination institutionnelle. Les interventions doivent tenir compte des besoins spécifiques des enfants soldats, ont encore déclaré les délégations.
Certaines délégations ont réaffirmé que la question économique relève d'autres organes des Nations Unies, notamment du Conseil économique et social. Certaines ont insisté sur l'importance d'une coopération entre le Conseil de sécurité et l'ECOSOC. D'autres ont avancé que l'examen de la question du trafic illicite d'armes relève de la compétence de l'Assemblée générale.
Les représentants des pays membres du Conseil, la Chine, la Fédération de Russie, les Etats-Unis, l'Argentine, la Namibie, la Malaisie, le Royaume-Uni, la Tunisie, les Pays-Bas, la Jamaïque, le Mali, la France, le Canada, l'Ukraine et le Bangladesh ont pris la parole. Les pays suivants ont également fait des déclarations: Algérie au nom du Président en exercice de l'OUA, Afrique du Sud, Portugal au nom de l'Union européenne et des pays associés, Norvège, Japon, Nouvelle-Zélande, Mongolie, Croatie, Bahreïn, Costa Rica, Singapour, Colombie, Guatemala, Indonésie et Egypte.
MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ ET LA CONSILIDATION DE LA PAIX APRES LES CONFLITS
Rapport du Secrétaire général sur le rôle des opérations de maintien de la paix des Nations Unies dans le désarmement, la démobilisation et la réinsertion (S/2000/101)
L'objet du présent rapport est de dégager certains éléments déterminants du succès du processus de désarmement, de démobilisation et de réinsertion, d'indiquer la manière dont les opérations de maintien de la paix ont participé à ce processus dans le passé et de proposer des mesures que l'ONU pourrait prendre pour appuyer plus efficacement les efforts futurs.
Le Secrétaire général examinant la phase de planification, rappelle que l'expérience passée montre que les bases d'un programme efficace devraient être établies dans l'accord de paix qui prévoit la cessation d'un conflit. Il estime que l'assurance de la part du Conseil de sécurité qu'il est prêt à déployer une opération de maintien de la paix dotée des spécialistes et des moyens financiers requis pour appuyer ces initiatives pourrait être un facteur déterminant pour amener les parties à accepter un programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion. Le Secrétariat devrait être représenté aux négociations de paix en vue de faciliter la mise en place d'un cadre réaliste pour les initiatives ultérieures.
D'autre part, afin de bien faire comprendre ce processus à la population locale, une stratégie d'information appropriée, dotée des moyens et ressources nécessaires, devrait faire partie intégrante des opérations de maintien de la paix chargées d'activités de désarmement, de démobilisation et de réinsertion.
Le cas échéant, il convient également de reconnaître, dès le début des négociations de paix, le rôle des enfants dans les conflits armés et de faire de leurs droits une priorité explicite. Dans ce contexte, Le Secrétaire général rappelle que le protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant qui porte de 15 à 18 ans l'âge minimum autorisé pour la participation aux conflits renforcerait la base juridique pour les interventions en faveur des enfants qui sont utilisés comme soldats.
Afin de respecter la dignité humaine de l'enfant et l'impératif de confidentialité, il faudrait prévoir suffisamment de temps et un personnel dûment formé, des nationaux si possible, pour donner un sentiment de sécurité aux enfants et faciliter les échanges d'information et de dialogue. En outre, les enfants devraient être consultés aux différents stades du processus de démobilisation et de réinsertion et associés aux décisions qui déterminent leur destin.
En ce qui concerne le désarmement, il peut être nécessaire de multiplier les garanties fournies aux ex-combattants avant et durant la phase de désarmement, notamment pour leur donner l'assurance que leur sécurité sera protégée; que leurs intérêts politiques seront pris en considération; que leurs besoins de première nécessité seront satisfaits et qu'ils ne se retrouveront pas en marge de la société.
Ainsi les opérations de maintien de la paix des Nations Unies contribuent à accroître la confiance, à instaurer un climat de sécurité, à donner une impulsion et à canaliser les compétences. Le Secrétaire général énumère également certains domaines dans lesquels il faudrait renforcer la capacité d'action de l'ONU à agir dans le processus de désarmement, notamment en ce qui concerne la disponibilité des compétences et des ressources nécessaires, les modalités pour disposer des armes et des munitions, la circulation des armes illicites et le désarmement des enfants soldats. Examinant les problèmes posés par les programmes de "rachat", le Secrétaire général suggère d'autres formes de remboursement fondées sur des récompenses non pécuniaires, notamment en établissant une corrélation entre les programmes de collecte d'armes et des projets d'action humanitaire ou de développement, portant, par exemple, sur la fourniture de vivres, une aide au logement ou la formation professionnelle.
En outre, la capacité, pour les opérations de maintien de la paix, d'appuyer un processus de désarmement particulier devrait être envisagée dans le contexte de mesures de prévention de long terme que la communauté internationale pourrait adopter et qui ont été mises en évidence dans le rapport sur les causes des conflits en Afrique (A/52/871-S/1998/318) et pourraient s'appliquer à d'autres régions. Le Secrétaire général signale également que le Département des affaires de désarmement à créé un fonds fiduciaire pour la consolidation de la paix par des mesures de désarmement pratique et que les ressources de ce mécanisme peuvent servir à financer des initiatives concrètes dans le contexte d'une opération de maintien de la paix.
Le Secrétaire général examine ensuite le rôle du maintien de la paix des Nations Unies dans la démobilisation, notamment en insistant notamment sur l'importance des moyens adéquats et sur la capacité de dissuasion. Il suggère aussi qu'à l'avenir le Conseil de sécurité souhaitera peut-être considérer que les activités de démobilisation, ou au moins leurs premières phases, doivent faire partie intégrante du mandat des opérations de maintien de la paix lorsque ces activités jouent un rôle crucial pour assurer la paix, de sorte qu'elles puissent être financées par les contributions statutaires au budget des opérations, ainsi que sur le besoin particulier de mesures spéciales en faveur des enfants soldats, y compris les filles.
En ce qui concerne le rôle des forces de maintien de la paix dans le processus de réintégration, le Secrétaire général estime que les opérations de réintégration doivent souvent inclure des mesures qui portent sur l'infrastructure physique, ainsi que sur le cadre politique et social. Il se penche ensuite sur le problème particulier posé par la réintégration des enfants soldats en indiquant que les programmes internationaux devraient prévoir une assistance à long terme pour les enfants soldats et renforcer les capacités des communautés à fournir des services essentiels à long terme.
Examinant l'harmonisation des efforts par les opérations de maintien de la paix, le Secrétaire générale indique que la coordination au sein du système des Nations Unies a été renforcée par le biais des structures du Conseil de direction, du système des comités exécutifs et de différents groupes de travail spéciaux. La coordination sur le terrain a été renforcée par le fait que l'autorité du Représentant spécial s'étend maintenant à l'ensemble des entités
des Nations Unies et peut l'être encore par la nomination du coordonnateur résident en tant que chef adjoint de mission. En outre, au-delà du système de l'ONU, les opérations de maintien de la paix doivent souvent renforcer leurs efforts en matière de réintégration par l'établissement de contacts avec les acteurs bilatéraux, les organisations régionales et les ONG.
Au niveau du renforcement de la coordination institutionnelle, le Secrétaire général estime que la capacité des opérations de maintien de la paix des Nations Unies pourrait être renforcée par le renforcement à long terme de la coordination au sein de la communauté internationale. Ainsi il serait souhaitable de renforcer davantage les relations avec les organisations régionales, de rechercher de nouveaux moyens d'associer les milieux d'affaires en tant que partenaires et catalyseurs du progrès. En outre, l'ONU pourrait examiner les moyens de jouer un rôle encore plus actif dans l'élaboration des codes de conduite commerciale, la promotion d'un engagement positif et, si nécessaire, l'exposition des problèmes existants. Dans ce contexte, le Conseil de sécurité souhaitera peut être examiner l'élaboration de mécanismes qui l'aideraient à engager un dialogue avec les entreprises.
En conclusion, le Secrétaire général propose certaines mesures qui renforcent la capacité d'une opération de maintien de la paix de faire avancer le processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration. Il importe notamment que ses fondements soient intégrés dans un accord de paix. En outre le processus de désarmement peut exiger la fourniture de compétences techniques et de ressources à une opération de maintien de la paix lui permettant d'offrir des incitations aux combattants pour qu'ils procèdent à la destruction de leurs armes. En ce qui concerne la démobilisation, il est essentiel qu'une opération de maintien de la paix joue un rôle politiquement actif et dispose de vastes ressources, y compris parfois de capacité de dissuasion.
Une opération de maintien de la paix peut apporter une contribution directe à la réintégration et aider à promouvoir la mise en place d'un cadre approprié, mais d'autres efforts sont nécessaires pour faciliter l'accès de l'ONU aux compétences et aux ressources requises dans ce domaine. On pourrait également renforcer la capacité des opérations de maintien de la paix de promouvoir la réintégration en améliorant la coordination institutionnelle au sein de la communauté internationale.
En ce qui concerne la situation des enfants soldats, il est essentiel que les donateurs adoptent une approche globale à long terme concernant la démobilisation et la réintégration des enfants soldats, qui comprenne également la réconciliation sociale et le développement économique. Parmi les mesures proposées, on note l'établissement de cantonnements séparés pour les enfants, le regroupement rapide des familles et la fourniture d'une assistance psychosociale à long terme. Ces mesures ont des incidences importantes en matière d'affectifs et de ressources et la réalisation de progrès véritables exigera un appui politique, moral et financier continu de la part du Secrétariat et des Etats Membres.
Dans la mesure où le succès ultime d'un processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration exige parfois la poursuite des efforts longtemps après le retrait d'une opération de maintien de la paix pluridisciplinaire, le déploiement d'une mission résiduelle peut aider à consolider les acquis et à réaliser de nouveaux progrès.
Déclarations
Le Secrétaire général des Nations Unies, M. KOFI ANNAN, a estimé que le maintien de la paix aujourd'hui a peu en commun avec sa forme initiale. Aujourd'hui les opérations de maintien de la paix s'efforcent non seulement d'apporter la stabilité aux zones en conflit, mais également de s'attaquer aux causes des conflits à leur source ce qui exige une gamme variée d'activités. Dans de nombreuses situations de conflit, le processus de démobilisation, de désarmement et de réinsertion (DDR) se trouve au coeur des efforts. Le Secrétaire général a ajouté qu'aucun effort ne peut se substituer à la volonté politique des parties à instaurer la paix.
Pour que les opérations de maintien de la paix fournissent un appui efficace aux programmes de DDR, il faut que les dispositions en la matière soient intégrés à tout accord de paix conclu. Lorsque cela est possible, les modalités à suivre pour disposer des armes et des munitions doivent être fixées dans le cadre des négociations de paix afin que la question ne bloque pas ensuite le processus. Il est clair qu'une opération qui vise à intégrer le processus de DDR peut exiger une dimension dissuasive considérable qui doit être prévue au moment du déploiement de la mission. Il est aussi essentiel que les questions relatives aux armes soient examinées dans le contexte régional, a poursuivi le Secrétaire général. Le succès d'une approche régionale dépend le partage bilatéral des informations, de la coopération entre les organisations régionales pertinentes et un soutien continu de la part du Conseil de sécurité. La lutte conte le trafic d'armes exige également qu'une attention particulière soit accordée aux transferts de fonds et aux flux financiers, y compris des informations sur l'origine des fonds dont disposent les chefs de factions et l'utilisation qui en est faite.
Le Secrétaire général a estimé que bien que la responsabilité de la réintégration des anciens combattants n'incombe pas au maintien de la paix, les opérations des Nations Unies peuvent jouer un rôle clé dans cet important élément de la reconstruction après les conflits. Les opérations de maintien de la paix peuvent notamment faire en sorte que toutes les factions considèrent le processus politique comme fournissant une alternative juste à la violence. Les factions doivent considérer que ce processus est conçu de façon qu'elles puissent raisonnablement espérer y participer. Pour faire face à ces défis, il faut que les opérations de maintien de la paix puissent disposer d'une palette d'outils plus vaste. Nous devons tout particulièrement consolider l'attention que nous portons aux besoins des enfants soldats. Ces éléments supplémentaires doivent comprendre la destruction des armes, la mobilisation de fonds pour les projets à impact rapide et des mesures particulières pour les enfants soldats et, en particulier, les petites filles. Il nous faut également trouver, dans le domaine du désarmement, des experts et des formateurs expérimentés qui seraient déployés sur le terrain dans le cadre des opérations de maintien de la paix.
Evoquant les nombreux acteurs du système des Nations Unies, y compris la Banque mondiale, qui interviennent dans les activités de DDR, le Secrétaire général a reconnu le rôle important que peuvent jouer les organisations régionales et les ONG. Il a engagé le Conseil à envisager les activités de DDR comme un élément d'une approche pluridimensionnelle du maintien de la paix. Nous pouvons faire davantage au niveau politique pour que les différences s'expriment de manière pacifique dans un environnement respectueux de l'état de droit, pour que les factions armées deviennent membres de la société civile;
pour alléger les souffrances des civils et pour qu'un lien soit établi entre la reconstruction des sociétés après les conflits et le développement durable. Ce n'est que dans un contexte aussi large que la communauté internationale pourra contribuer au succès des activités de consolidation de la paix après les conflits.
M. WANG YINGFAN (Chine) a estimé que le Conseil, qui a la responsabilité première en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales, devrait attacher une importance particulière à la question du désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) des anciens combattants et fournir des principes directeurs dans ce domaine. Nous nous joignons à l'analyse qui conclut que le processus de DDR devrait être intégré, au cas pas cas, aux accords de paix. Le processus doit faire l'objet d'une planification globale et les responsabilités des parties concernées et des Nations Unies doivent être clairement définies et les ressources financières identifiées. Compte tenu des implications politiques, économiques, militaires et sociales que ce processus implique, il faut que les Nations Unies respectent les points de vue de toutes les parties concernées, en particulier ceux des gouvernements, et recherchent des modalités de coopération. Le représentant a également mis l'accent sur la nécessité de garantir des conditions de sécurité en faveur des anciens combattants sans lesquelles ceux-ci ne rendraient pas les armes volontairement. Les parties doivent faire preuve de volonté politique et respecter le cessez-le- feu tandis que les Nations Unies doivent déployer une opération de maintien de la paix le plus rapidement possible pour aider à stabiliser la situation sur le terrain. Lors de ce processus de DDR, a ajouté le représentant, les Nations Unies et la communauté internationale doivent adopter une attitude impartiale et objective permettant aux anciens combattants de retourner à la vie civile ou d'être incorporés aux forces armées nationales.
Le représentant, abordant le trafic illicite des armes, a demandé la mise en oeuvre stricte des mécanismes régissant les embargos du Conseil de sécurité sur les armes. La série de directives relatives à la collecte et à la destruction des armes et à la démobilisation et à la réhabilitation des anciens combattants adoptées en avril 1999 par la Commission du désarmement doivent être respectées, mises en oeuvre et constituer la base des études qui seront réalisées à l'avenir par les organes des Nations Unies. Evoquant la nature complexe et pluridimensionnelle du processus de DDR, le représentant a fait sienne la proposition du Secrétaire général visant le renforcement de la coopération entre les institutions du système. Dans ce cadre, il est indispensable de garantir l'allocation de ressources financières suffisantes. La proposition du Secrétaire général visant l'amélioration de la coordination entre les contributions volontaires et les contributions statutaires mérite toute notre attention. Ses recommandations contenues dans son rapport S/2000/101 méritent un examen détaillé de la part du Conseil de sécurité. Nous soutenons l'adoption de la Déclaration présidentielle. Nous estimons en effet que les activités de DDR impliquant des aspects socioéconomiques devraient faire l'objet d'un examen holistique.
M. GENNADI GATILOV (Fédération de Russie) partage la conclusion du Secrétaire général selon laquelle le processus de DDR a une importance vitale et que la clef de son succès est la volonté politique des parties concernées par le conflit à respecter leurs engagements contractés dans les accords de paix passés. La Fédération de Russie appuie le renforcement du rôle de l'ONU dans les activités de DDR et pense qu'il est nécessaire à cet effet d'examiner la coordination des actions des différents organismes de l'ONU sous tous ses angles. La Fédération de Russie préconise que le Conseil de sécurité mette en place des missions de suivie des différentes tâches des processus de DDR.
Fort du constat que les tentatives de la communauté internationale de régler par la force les problèmes échouent en général, comme cela été le cas en Somalie, le représentant a insisté sur l'importance de la volonté politique des parties concernées et sur le fait qu'il faut inclure des dispositions allant dans le sens du processus de DDR dans les accords de cessez le feu et les accords de paix. Soulignant l'importance des ressources financières et techniques à allouer aux activités de DDR, la Fédération de Russie se félicite de la participation active de la Banque mondiale à l'appui financier et technique des efforts de DDR déployés par les Nations Unies. Le succès des processus de DDR dépend largement de la capacité à enrayer la prolifération des armes de petit calibre dans les zones de conflit, a poursuivi le représentant qui a déclaré qu'il fallait, par conséquent, renforcer les régimes d'embargo sur les armes dans ces zones. La Fédération de Russie continuera d'apporter une contribution pratique active aux activités de maintien de la paix de l'ONU en ce qui concerne les activités de DDR.
Mme NANCY SODERBERG (Etats-Unis) a estimé que le rôle essentiel du processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) est trop souvent sous-estimé alors même qu'il constitue un élément clef pour les efforts de consolidation de la paix après conflit. Elle s'est associée à la recommandation du Secrétaire général selon laquelle la capacité des futures opérations de maintien de la paix de promouvoir les objectifs du processus de DDR peut être renforcée en incluant des références spécifiques aux programmes de DDR dans les accords de paix; en garantissant un soutien financier et technique adéquat à ce type d'activités dans toutes les opérations; et en améliorant la coordination institutionnelle entre les différents acteurs de la communauté internationale. Elle a ajouté que, dans la mesure où l'on applique les leçons tirées d'expériences passées, la capacité de DDR sera améliorée. Toutefois, il est essentiel que le Conseil de sécurité mette l'accent sur le fait que le succès du processus de DDR dépend de la volonté politique des parties concernées à s'engager en faveur de la paix. Il repose sur la coopération de la population tout entière, des anciens combattants et des civils. La communauté internationale peut soutenir le processus de DDR, elle ne peut cependant pas se substituer à la volonté des parties, comme cela est démontré dans le cas de la Sierra Leone où l'on doute encore de l'engagement réel du Front révolutionnaire uni à respecter l'Accord de paix. De même, la reprise des violences au Congo illustre le fait que la communauté internationale ne peut s'acquitter de ses obligations si les parties impliquées dans le conflit ne respectent pas leurs propres engagements.
En ce qui concerne le désarmement, Mme Soderberg a mis l'accent sur le problème du surplus de petites armes et d'armes de petit calibre dans les situations post-conflit ce qui conduit souvent à de nouveaux affrontements et au banditisme. Par conséquent, effectivement collecter ces armes, et si possible les détruire, doit faire partie de tout processus de paix. Par ailleurs, le Conseil de sécurité doit être préparé à prendre des mesures, y compris des sanctions, en vue de limiter la circulation d'armes légères et d'autres types d'armes dans les zones où prend place un processus de DDR. Pour ce qui est de la démobilisation, Mme Soderberg a insisté sur la nécessité de fournir aux opérations de maintien de la paix les ressources nécessaires et le soutien politique requis afin qu'elles puissent s'acquitter de cette tâche. Elle a remarqué que, alors que les activités de désarmement et de démobilisation se trouvent sous la supervision du Conseil de sécurité, les activités de réintégration font-elles partie des efforts de consolidation de la paix après conflit et des activités de développement. Elles se caractérisent par leur complexité et l'intervention de multiples organisations et acteurs qui peuvent contribuer à leurs succès. Les Etats-Unis accueillent favorablement le renforcement de la coordination des activités des différentes organisations, y compris la Banque mondiale, dans les efforts de réintégration déployés en Sierra Leone. Ils soutiennent à la proposition du Secrétaire général visant à associer davantage le secteur privé à ce type d'activités.
Abordant la question des besoins spécifiques des enfants-soldats à tous les niveaux du processus de DDR, Mme Soderberg se félicite des efforts déployés par l'UNICEF et d'autres organisations dans ce domaine et accueille favorablement le consensus obtenu en janvier dernier sur l'adoption d'un protocole facultatif à la Convention relative aux droits des enfants portant sur la participation des enfants aux conflits armés. Elle a également mis l'accent sur le fait que les besoins spécifiques des femmes ex-combattants ont souvent été sous-estimés jusque-là dans les discussions sur les activités de DDR, et il faut remédier à cette situation en incluant des dispositions spécifiques dans les plans de DDR à l'avenir. De plus elle a noté que le succès des activités de réintégration constitue une condition préalable pour éviter de nouveaux conflits, or les femmes sont souvent exclues de ce processus.
M. LUIS ENRIQUE CAPPAGLI (Argentine) a reconnu que le processus de DDR ne peut pas être considéré comme un élément isolé du maintien de la paix. Il ne fait aucun doute que la base de ce processus est la volonté politique des parties qui doit être reflétée dans les accords de paix. Le représentant a évoqué un certain nombre d'éléments qui à ses yeux doivent être pris en compte en priorité lors du processus de DDR à savoir la nécessité de tenir compte des points de vue des Etats concernés et de prendre en considération les besoins des enfants qui se trouvent dans les zones de conflit. Leurs droits, a ajouté le représentant, doivent faire l'objet d'un examen prioritaire. Il a également plaidé en faveur d'une bonne coordination de l'action de tous les acteurs et d'une bonne planification des ressources pour faire des activités de DDR un succès. Le fait de parler du processus de DDR dans le cadre du maintien de la paix constitue un premier pas visant à prévenir la reprise d'un conflit et créer les conditions nécessaires au développement durable.
Mme SELMA ASHIPALA-MUSAVYI (Namibie) a déclaré que le désarmement, la démobilisation et la réintégration constituaient un volet indispensable de létablissement et du maintien de la paix. Elle a attiré lattention sur les pays pauvres dAfrique frappés par des conflits, soulignant quils ont besoin dune assistance internationale généreuse pour sortir de ces conflits et jeter les fondations dune paix durable, tout en écartant le risque dune résurgence du conflit. Il est important de promouvoir la réconciliation, dimpliquer la société civile et dassurer lengagement total des parties à la résolution pacifique du conflit. Celles-ci doivent montrer leur volonté et leur détermination de désarmer. Lorsque le conflit à des dimensions externes, il est important dexercer des pressions sur toutes les parties concernées. De lavis de la Namibie, les factions et les chefs rebelles devraient être tenus responsables du désarmement et de la démobilisation de leurs combattants.
Le désarmement, la démobilisation et la réintégration constituent un processus global dont tous les aspects doivent être traités dans la complémentarité, a poursuivi la représentante. Lorsque lon approuve des opérations de maintien de la paix, des mandats clairs doivent être donnés avec une division claire des responsabilités entre les différents organes de lONU. Elle a encore souligné limportance de la réhabilitation et des soins post- traumatiques aux victimes des conflits, en particulier aux enfants soldats. La situation des enfants et des enfants-soldats doit être prise en considération dès le début et lors de la négociation daccords de paix, a-t-elle dit. Dans ce contexte, elle sest félicitée de linclusion dun Conseiller pour la protection des enfants au sein des opérations de lONU en Sierra Leone et en République démocratique du Congo. Pour la Namibie, les femmes devraient elles aussi être impliquées dans les programmes de désarmement, de démobilisation et de réintégration. Enfin, la représentante a souligné limportance des opérations de déminage, de la reconstruction des structures de létat et de la restauration de la production agricole et industrielle dans le cadre de ce processus. Cest là que lassistance internationale est cruciale, a-t-elle ajouté. La représentante a, en conclusion, invité à tirer les leçons des opérations de lONU.
M. HASMY AGAM (Malaisie) a déclaré que le DDR devait faire partie de leffort global de paix. Cest un processus global et à long terme qui requiert la coopération entière de la société. Cest pourquoi toutes les parties au conflit doivent être sensibilisées à ce processus et faire preuve de la détermination nécessaire pour sa réussite. Son succès dépend, en effet, du succès de chacune de ses étapes successives, désarmement, démobilisation et réintégration. Le représentant a souligné le fait que la disponibilité de grandes quantités darmes, en particulier des armes légères et de petit calibre, contribuait pour beaucoup à la poursuite de certains conflits. Pour réussir le DDR, il peut être nécessaire dimposer un strict embargo régional sur les armes, a-t-il dit. M. Agam a aussi souligné limportance du processus de DDR des enfants-soldats, dont la participation dans les conflits armés est malheureusement en hausse. Il est impératif quils soient inclus pleinement dans les programmes de DDR et que leurs besoins spécifiques soient pris en compte, a-t-il ajouté, en soulignant les contributions importantes que peuvent apporter lUNICEF, les autres institutions pertinentes de lONU et les ONG dans la mise en oeuvre de ces programmes.
De lavis de la Malaisie, léducation et la formation des forces de maintien de la paix, en matière de DDR, sont aussi importantes pour assurer le succès de ces activités dans les zones de mission. Le représentant a encore déploré le problème du financement des programmes de DDR, soulignant le fait que laide généreuse de la communauté internationale est critique pour le succès de ces programmes, puisquil est évident que dans de telles situations, on ne peut attendre que peu ou pas de soutien au niveau local. A cet égard, le représentant a aussi souligné la nécessité dune plus grande coordination des contributions fondées sur les quote-parts et des financements volontaires. Il a appelé instamment les instances et organes de lONU à élaborer des arrangements répondant aux exigences des programmes spécifiques de DDR. Pour la Malaisie, tous les ex-combattants devraient être réintégrés, à lexception des personnes responsables de crimes de guerre et de crime contre lhumanité. Bien quil soit parfois difficile de poursuivre ces personnes en justice immédiatement après un conflit, la prescription ne devrait pas sappliquer pour ce genre de crimes, vu limportance de rendre justice dans le cadre dun processus de réconciliation nationale, a-t-il ajouté. M. Agam a appelé instamment le Conseil à continuer dexaminer la question du DDR sur une base régulière et a souhaité que le prochain rapport du Secrétaire général sur la question traite de la question cruciale du financement.
M. ALISTER HARRISON (Royaume-Uni) s'est associé à la déclaration du Portugal au nom de l'Union européenne. Il a tenu toutefois à souligner l'importance d'assurer un financement adéquat aux programmes de DDR et, dans ce contexte, a évoqué le cas de la Sierra Leone. Insistant sur l'importance du processus de DDR dans les efforts de maintien et de consolidation de la paix, il s'est associé à la recommandation du Secrétaire général concernant leur financement. Par ailleurs, le Royaume-Uni estime qu'il est indispensable d'assurer une bonne coopération entre tous les acteurs participant aux programmes de DDR et propose que les Nations Unies assurent cette coordination lorsque cela est possible.
M. SAID BEN MUSTAPHA (Tunisie) a souligné que le processus de désarmement, de démobilisation et de réinsertion est une dimension essentielle du maintien de la paix. La communauté internationale a déjà accumulé une expérience appréciable dans ce domaine qui nous fournit de nombreux enseignements au bénéfice des activités futures. Dans létape présente, il sagit denrichir cette expérience, de laffiner et de la consolider, a souligné le représentant. Ainsi, pour la Tunisie, lintégration systématique dans tout accord de paix de clauses relatives au processus de DDR constituerait un facteur de facilitation en ce quil favorise la fixation dans laccord dun certain nombre de paramètres du processus à mener. Un processus qui, a souligné le représentant, requiert lengagement politique des parties. M. Ben Mustapha a également mis en avant la nécessité dune bonne coordination de toutes les activités de DDR par lONU. Lappui substantiel et continu de la communauté internationale est une nécessité, en particulier pour lexpertise requise et les ressources financières, a-t-il poursuivi, soulignant le rôle important des donateurs et des institutions financières internationales. Enfin, de lavis de la Tunisie, la communauté internationale devrait accorder une attention soutenue à la question des enfants soldats, dont lenrôlement est devenu un phénomène systématique et tristement préoccupant dans un certain nombre de conflits armés. Le représentant a appuyé le projet de déclaration du Conseil de sécurité sur la question estimant quil reflète lensemble des préoccupations soulevées par sa délégation.
M. ALPHONS HAMER (Pays-Bas) a axé son intervention sur la nécessité de mettre en oeuvre des mesures de renforcement de la confiance dans le cadre du processus de DDR. Les opérations de maintien de la paix sont en elles-mêmes des facteurs de renforcement de la confiance qui peuvent être consolidées par des efforts de désarmement qui visent non seulement les anciens combattants mais également l'ensemble de la population civile pour éviter tout trafic et détournement d'armes. L'engagement politique de toutes parties est un élément indispensable au succès des activités de DDR. Les anciens combattants mais également la société civile ainsi que la communauté internationale, cette dernière par le biais d'un appui financier généreux, doivent participer activement et de façon coordonnée à ces programmes de DDR. Evoquant la Déclaration présidentielle sur les armes de petit calibre, le représentant a rappelé que son pays avait participé activement à l'élaboration du manuel sur la destruction des armes après les conflits d'une manière écologiquement rationnelle.
M. CURTIS WARD (Jamaïque) a rappelé les succès des programmes de DDR de lONU au Salvador, au Guatemala, au Mozambique et en République centrafricaine. Si lon veut multiplier ces succès, un certain nombre déléments cruciaux doivent être pris en considération, a-t-il dit. Tout dabord, le DDR doit être considéré comme un processus intégré dont chaque aspect doit bénéficier du soutien de la communauté internationale. Une volonté politique ferme des parties et de la communauté internationale est indispensable. La tâche complexe de la réhabilitation et de la reconstruction doit être appréhendée de cette perspective et considérée comme un processus inclusif, requérant la coopération totale de la population civile, des ONG, des organes régionaux, des institutions financières internationales et, en particulier, du secteur privé. Un autre élément crucial est la nécessité dassurer que les opérations de maintien de la paix continuent dêtre définies de manière claire et que limpartialité, la légitimité, lélan politique et les ressources soient maintenus. Une définition claire des tâches de DDR doit figurer dans les accords de paix, avec le consentement des parties.
Le Conseil de sécurité doit, pour sa part, surveiller étroitement les programmes en cours de DDR et continuer denvoyer des messages fermes aux groupes armés et soulignant que leur coopération aux efforts de DDR est cruciale pour le rétablissement de la paix et le développement économique à long terme. Le représentant a encore souligné limportance dun financement adéquat. La pratique du financement des activités de démobilisation et de réinsertion à partir de contributions volontaires pose un problème sérieux de ressources. La Jamaïque est davis quil faudrait financer ces activités dans le cadre du budget établi pour une opération de maintien de la paix. Il est également essentiel de répondre aux besoins spécifiques des enfants-soldats, y compris des fillettes, et de fournir à ces enfants la sécurité, les soins de santé, léducation et le traitement psychologique dont ils ont besoin. La Jamaïque appuie dailleurs linclusion de fonctionnaires chargés de la protection des enfants dans les opérations de lONU. Le représentant a encore engagé le Conseil à renforcer son rôle dans la lutte contre les flux illicites darmes, en décrétant des embargos sur les armes et en coordonnant ses activités avec celles des organismes régionaux dans ce domaine. La communauté internationale doit faire en sorte quune priorité suffisante soit accordée aux dimensions économiques du trafic darmes et que des mesures appropriées soient prises. Enfin, le représentant a souligné limportance de la reconstruction économique et de la réhabilitation à long terme, élément critique pour la réintégration réussie des ex-combattants. La recherche de la paix et du développement requiert des efforts bien après le retrait des missions de maintien de la paix. Le renforcement des capacités des sociétés sortant dun conflit doit être placé au centre de ces efforts. Cest pourquoi, la Jamaïque appuie la notion du déploiement de missions de suivi pour aider à consolider les progrès réalisés vers létablissement dune paix durable et le développement. Elle appuie, pour toutes ces raisons, la déclaration présidentielle du Conseil.
M MOCTAR OUANE (Mali) estime que l'établissement d'un climat de confiance entre les différentes couches de la société dans un pays sortant d'un conflit armé est la condition fondamentale de la réalisation d'une paix durable. Il a ajouté que la définition d'un cadre général de désarmement, de démobilisation et de réinsertion assorti d'un calendrier et de conditions techniques et financières de mise en oeuvre d'une opération de maintien de la paix participent à cette dynamique. Selon lui, le rôle central des Nations Unies à toutes les phases de ce processus constitue un élément de garantie et un gage d'impartialité. Toute intervention des Nations Unies doit toutefois s'inscrire dans le cadre d'un accord ou d'un engagement entre les différentes parties. Le Mali est en faveur de la recommandation du Secrétaire général tendant à faire du volet DDR une composante du mandat des opérations de maintien de la paix.
M. Ouane a mis l'accent sur la nécessité de mobiliser des moyens financiers et techniques adéquats à tous les stades du processus de DDR et sur la responsabilité du Représentant spécial du Secrétaire général en ce qui concerne la coordination de toutes les activités de DDR, en collaboration avec les différentes parties, les institutions des Nations Unies et les organismes de la coopération bilatérale et multilatérale.
S'agissant de la mise en oeuvre des modalités de disposition des armes et munitions ainsi que la limitation de la circulation des armes illicites, la coopération des organisations régionales est nécessaire, a poursuivi M. Ouane. Il a par ailleurs estimé que la consolidation du processus de réinsertion des anciens combattants exige la prise en compte de leurs besoins économiques fondamentaux, ainsi que des besoins en matière d'éducation, de formation professionnelle et le financement de leur installation. Il s'agit là d'éléments indispensables au parachèvement du processus de paix, a-t-il dit, et au Mali ce type de diplomatie préventive a remporté un grand succès. Selon le représentant une attention particulière doit être accordée au problème des enfants soldats qui méritent un encadrement spécial et un environnement réunissant les conditions propices à leur épanouissement. M. Ouane a également affirmé que l'appui de la communauté internationale s'avère crucial pour des pays sortant d'un conflit armé où le passage de la situation de conflit à une situation de développement économique et social est un défi majeur.
M. PASCAL TEIXEIRA DA SILVA (France) s'est associé pleinement à la déclaration qui sera faite par le représentant du Portugal au nom de l'Union européenne. Il a tout d'abord affirmé que le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des ex-combattants sont un élément indispensable du règlement des conflits. Mais cette tâche ne peut réussir durablement que si plusieurs conditions sont remplies à savoir que le désarmement et la démobilisation ne peuvent résulter que d'un accord entre toutes les parties belligérantes. Une absence de clarté sur ce point dans les engagements pris par les parties au conflit comporte en soi des risques et peut être lourde de conséquences par la suite. Par ailleurs, dans le triptyque DDR, le troisième terme est sans doute le plus important. En effet, il ne faut pas confondre les causes et les symptômes. Pour convaincre durablement les combattants à déposer les armes et, à ne pas les reprendre un jour, il faut leur donner une quadruple garantie sur la sécurité de leur personne, une participation équitable et effective à la vie politique, de réelles perspectives économiques et un statut social qui soit aussi attractif que celui de guerrier qu'ils sont invités à délaisser.
M. Teixeira da Silva a affirmé ensuite que la communauté internationale doit savoir rapidement montrer sa détermination à contribuer au succès de tels programmes de DDR afin d'établir un climat de confiance indispensable à leur réussite. A cet égard, la France propose trois axes d'efforts prioritaires dans une stratégie qui doit être globale et à long terme: l'intégration dans les mandats des opérations de maintien de la paix de dispositions relatives aux processus de DDR; et une meilleure coordination sur le terrain entre tous les acteurs concernés. M. Teixeira da Silva a souligné que, lorsque les mandats des opérations prévoient des activités de DDR, le Représentant spécial du Secrétaire général sur place devrait voir clairement affirmé son autorité dans ce domaine et reconnaître son rôle de coordination. Le troisième axe prioritaire est une mise en place sans retard des financements adéquats car le manque des ressources financières suffisantes est trop souvent la cause de l'échec de programmes de DRR. M. Teixeira da Silva a déploré qu'en dépit du caractère décisif reconnu aux activités de DDR pour la consolidation effective de la paix, ses activités sont encore trop souvent tributaires de contributions volontaires, par nature aléatoires. Il a estimé qu'un effort collectif plus déterminé doit pouvoir être envisagé qui, du moins au début, pourrait recourir aux budgets des opérations de maintien de la paix. A son avis, les initiatives présentées à cet égard par le Secrétaire général concernant les fonds de lancement inscrits aux budgets statutaires des missions pour des "projets à impact rapide" devraient être encouragées.
M. ROBERT FOWLER (Canada) a soutenu les recommandations du Secrétaire général visant à intégrer les activités de DDR dans les accords de paix et à coordonner, dans ce contexte, les activités des opérations de maintien de la paix à celles des institutions et autres organisations. Nous soutenons également ses conclusions selon lesquelles il faut adopter une approche multidimensionnelle à la problématique de la consolidation de la paix après les conflits. Pour être couronné de succès, le processus de DDR doit faire partie d'une série d'activités visant à renforcer la confiance et à faire de la population civile et des anciens combattants des acteurs dans le maintien de la stabilité de leur pays. Ceci exige des efforts de coopération de la part de la communauté internationale, du gouvernement concerné et de la population en vue d'améliorer les modalités régissant la conduite des affaires publiques et de la justice, le respect des droits de l'homme et d'édifier les infrastructures matérielles nécessaires à cette réforme.
Les nombreuses questions soulevées dans le rapport du Secrétaire général touchent à la capacité des Nations Unies à agir rapidement et efficacement. Comme le dit le rapport du Secrétaire général, le Conseil de sécurité doit être prêt à agir rapidement pour saisir les occasions qui s'offrent à lui de promouvoir des mesures de DDR dans les situations de consolidation de la paix après les conflits. Pour que les éléments de DDR contenus dans le mandat d'une opération de maintien de la paix revêtent une signification réelle, il faut que le Conseil fasse preuve de sa détermination à édifier des capacités de déploiement rapide. La mise en oeuvre des activités de DDR dicte à tous les acteurs du système des Nations Unies la nécessité de définir des mandats adéquats aux opérations de maintien de la paix dans le cadre de la consolidation de la paix après les conflits et fait valoir le besoin de dégager les ressources nécessaires à la réalisation d'activités de plus en plus variées. Nous attendons avec impatience la publication de l'étude sur les opérations de maintien de la paix des Nations Unies et encourageons les experts à se pencher sur les questions dont nous sommes saisis ainsi que sur les recommandations du Secrétaire général.
M. VOLODYMYR YEL'CHENKO (Ukraine) a déclaré que le processus de DDR constitue un élément essentiel dans la bonne marche d'un processus de paix et que son succès dépend à la fois de la volonté des parties au conflit qui ont la responsabilité première de la mise en oeuvre du processus DDR, et de l'inclusion des bases de ce processus dans tout accord de paix. A cet égard, il a estimé que le conflit du Kosovo peut servir d'exemple pour illustrer les effets négatifs de l'absence de cette inclusion. M. Yel'Chenko considère que si les parties concernées avaient conclu un accord de paix comprenant des dispositions relatives au processus de DDR, les résultats du processus de paix en cours auraient été beaucoup plus satisfaisants à ce jour.
L'Ukraine est préoccupée par les conséquences des conflits armés sur les enfants et condamne tout acte de violence à leur encontre. Dans ce contexte, elle se félicite de la finalisation du protocole facultatif à la Convention sur les droits de l'enfant portant sur la participation des enfants aux conflits armés et encourage son entrée en vigueur le plus rapidement possible. En matière de désarmement, l'Ukraine est en faveur de la mise en place d'une base de données d'experts en matière de DDR des pays fournissant des contingents. Tout en étant conscient du fait qu'il n'existe pas de modèle de processus de DDR unique, le représentant a tenu à souligner que ce type d'activités doit toutefois respecter les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies et se fonder sur l'accord des parties au conflit et sur leur engagement en faveur d'une réconciliation réelle. De plus, les Nations Unies devraient assumer le rôle de coordinateur du processus de DDR.
M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a estimé que le processus de DDR des anciens combattants contribue au renforcement des mesures de consolidation de la paix après les conflits et à l'instauration d'une paix durable. Nous soutenons les suggestions du Secrétaire général quant à la manière dont les opérations de maintien de la paix pourraient appuyer le processus de DDR. Pour cela, il faut s'assurer au préalable de la volonté des parties dans les accords de paix qui doivent détailler les responsabilités de tous. Le représentant a souhaité que l'Organisation des Nations Unies soit représentée dans les négociations de paix quand son rôle futur est pressenti. Le représentant a également insisté sur la nécessité de contrôler les flux commerciaux d'armes pour faire en sorte que les parties, au cours des négociations de paix, ne préparent pas la guerre. La collecte et la destruction des armes, les activités de déminage, l'instauration d'un climat de confiance et la reconstruction des sociétés sont autant d'éléments qui devraient être pris en considération lors de la définition des mandats des opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Le représentant a plaidé dans ce contexte pour l'allocation de ressources financières suffisantes et l'harmonisation des divers acteurs du processus de paix.
Seule une approche d'ensemble permettra aux programmes de DDR d'être couronnés de succès. Le représentant a trouvé encourageant le fait que les besoins particuliers des enfants-soldats aient été reconnus par le Conseil de sécurité et que des mécanismes, au sein des opérations de maintien de la paix, aient été mis au point dans ce domaine. Il a toutefois regretté que la question des femmes combattantes n'ait pas bénéficié de toute l'attention qu'elle mérite. Le Bangladesh est convaincu que seule une approche globale peut conduire à un désarmement, une démobilisation et une réintégration des ex-combattants efficace. Il a donné pour exemple l'accord de paix conclu en 1997 relatif aux Chihagong Hill Tracts dans le cadre duquel, le processus de DDR, couronné de succès, a permis d'assurer le développement économique et social de la région.
M. ABDALLAH BAALI (Algérie), intervenant en sa qualité de représentant du Président en exercice de lOrganisation de lunité africaine (OUA) a fait remarquer que la consolidation de la paix après les conflits dépasse le strict cadre de la démobilisation, du désarmement et de la réinsertion, en ce quelle englobe la recherche de solutions équitables, fiables et crédibles aux problèmes politiques, économiques et sociaux qui ont été à lorigine des conflits en question. Il sagit là dune action de longue haleine qui associe une volonté politique réelle aux plans local et parfois régional à un appui conséquent de la communauté internationale. La consolidation de la paix après les conflits doit, de plus en plus, sinscrire dans le cadre dune approche nouvelle basée sur les activités traditionnelles de maintien de la paix accompagnées par un ambitieux programme de consolidation de la paix, articulé autour de la relance des activités économiques, de lassistance électorale, de la réhabilitation des institutions publiques, de la formation dune armée nationale intégrée et représentative et parfois de la tenue de conférences régionales. Cette action de lONU ne peut, à lévidence se concrétiser que si le contexte politique interne et éventuellement régional sy prête. Ceci signifie que doit préalablement saccomplir, une réconciliation nationale véritable qui résulterait elle-même dun règlement politique négocié, sappuyant sur un partage du pouvoir et la consolidation des pratiques démocratiques. Ceci signifie aussi, lorsque les Etats voisins sont impliqués, que leur adhésion est souhaitable sinon nécessaire.
Les péripéties qua connues le programme de désarmement et de démobilisation des rebelles de lUNITA en Angola, dans le cadre du Protocole de Lusaka, ont été principalement à lorigine de la reprise des hostilités entre ce mouvement et les forces gouvernementales angolaises. Les multiples problèmes que connaît actuellement le processus de DDR de la rébellion du RUF en Sierra Leone, témoignent des difficultés auxquelles lONU est confrontée sur le terrain. Dans les cas des opérations de maintien au Mozambique et en République centrafricaine, les programmes DDR ont été menés globalement avec succès. Ils ont permis dans une large mesure aux pays concernés de progressivement retrouver la paix et la stabilité.
La mise en oeuvre des programmes DDR particulièrement en Afrique, renvoie à un problème crucial que lexpérience des dernières années a mis en exergue, a poursuivi le représentant. Il sagit du financement des opérations de réintégration des ex-combattants qui forment la troisième phase du processus après la démobilisation et le désarmement laquelle na pu jusque là faire lobjet dun traitement fiable et permanent. Il est regrettable que le financement de ces programmes, et notamment la réinsertion des ex-combattants dans la société civile, soit tributaire de fonds daffectation spéciaux, et de lappel à laide internationale. Ce caractère aléatoire tranche avec limportance de leffort financier global consenti dans le cadre de lopération de maintien de la paix en ce sens que le financement de la DDR, représente un montant relativement faible par rapport au total des ressources engagées. Cette situation mérite un examen approfondi, a estimé M. Baali. Lintégration des programmes de DDR dans le cadre des opérations de maintien de la paix devrait seffectuer selon une démarche claire et concertée notamment avec les autorités du pays concerné, en tant quélément de leffort de consolidation de la paix après les conflits. Les mesures de DDR devraient être inscrites dans une vision plus globale qui ait pour objectif de traiter les causes réelles à lorigine des conflits, notamment par ladoption de mesures de reconstruction et de réhabilitation des institutions politiques et de mesures à caractère économique et social. Cette vision densemble suppose au moins deux impératifs, à savoir le volet désarmement et démobilisation, devant être mis en oeuvre par les parties à lAccord de paix et grâce à la collaboration directe de la part de la Mission de la paix des Nations Unies, et le volet réinsertion, devant bénéficier de davantage dattention et financé sur des ressources allouées dans le cadre de la mission de lONU. La pratique du Fonds daffectation spéciale pourrait être poursuivie et devrait constituer une assistance dappoint à leffort principal. La mobilisation de ressources financières et techniques adéquates des institutions financières internationales et en particulier la Banque mondiale devrait être encouragée. Linclusion déléments de consolidation de la paix après les conflits dans le mandat des opérations de maintien de la paix ne devrait être envisagée que comme une mesure à caractère opérationnel.
M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud) a estimé que les défis posés par la démobilisation, le désarmement et la réintégration (DDR) des combattants demandent que le rôle et létendue des opérations de maintien de la paix des Nations Unies soient redéfinis. Reconnaissant limportance du processus de DDR pour la stabilisation des situations daprès conflit et la prévention de leur récurrence, le représentant a souligné qu'il est également impératif, lorsque cest possible, de prendre en considération lintégration de ce processus dès lélaboration des mandats des opérations de maintien de la paix. Au vu de lexpérience passée, il a indiqué que labsence de décision rapide dans ce domaine a un impact négatif sur la capacité réelle des Nations Unies à mettre fin à un conflit et à empêcher sa reprise.
Le processus de DDR, a poursuivi le représentant, constitue un pont important entre la cessation des hostilités et la construction dune paix durable en incluant, outre la sécurité, des objectifs politiques, économiques et sociaux. Il convient donc de sassurer, pour la mise en oeuvre de programmes de DDR dans le cadre des opérations de maintien de la paix, que celles-ci sont dotées de mandats précis et disposent des ressources adéquates. Il sest déclaré fermement convaincu que dassurer la légitimité de ces programmes et de faciliter leur mise en oeuvre rapide, il faut les inclure dans les accords de paix qui mettent fin à un conflit. A cet égard, il sest joint à lappel demandant aux parties en conflit de sengager vers la paix et de respecter les obligations quelles ont contractées. De même, les dirigeants politiques doivent sengager sur la voie de la réconciliation en adoptant des mesures concrètes. Il importe également dintégrer aux programmes de DDR des garanties de sécurité pour les combattants qui acceptent de déposer leurs armes et de prendre en considération les besoins particuliers des enfants soldats, des femmes et des personnes âgées. Il a insisté sur la difficulté de la décision prise par ceux qui acceptent de se désarmer et peuvent ainsi devenir les victimes de leurs anciens camarades. En dernier lieu, M. Kumalo a recommandé que tous les efforts soient faits pour accroître la participation dautres organisations que les Nations Unies dans la mise en oeuvre des programmes de DDR dont létendue demande le soutien de la communauté internationale.
M. ANTONIO MONTEIRO (Portugal) au nom de l'Union européenne et pays associés, a déclaré que l'Union européenne soutient dans l'ensemble les objectifs avancés dans le rapport du Secrétaire général sur le rôle des opérations de maintien de la paix des Nations Unies dans le désarmement, la démobilisation et la réinsertion (DDR), et demande instamment que le Conseil de sécurité, les institutions et départements concernés des Nations Unies, les autres organisations et les Etats Membres donnent suite aux recommandations qu'il comprend. M. Monteiro a mis l'accent sur la nécessité de fournir aux activités de DDR des Nations Unies les ressources financières et techniques adéquates et la volonté politique requise sur la base des mandats fixés par le Conseil de sécurité. Ces activités de DDR doivent être intégrées dans les opérations de maintien de la paix pluridisciplinaires. L'Union européenne considère que le moyen le plus efficace pour permettre cela est d'inclure ce type de programmes dans les accords de paix. Le rôle du Conseil de sécurité consiste alors à refléter l'importance de ces programmes en demandant que l'expertise et les ressources nécessaires soient mises à disposition. En ce qui concerne les enfants soldats, M. Monteiro a estimé qu'il faut tenir compte de leurs problèmes spécifiques, reconnaître leur existence dans les accords de paix et faire face à leurs besoins spécifiques dans la mise en oeuvre des programmes de DDR. L'Union soutient pleinement les recommandations du Secrétaire général relative aux enfants-soldats dans le processus de DDR.
M. Monteiro a réaffirmé le rôle crucial que peuvent jouer les Nations Unies, du fait de leur caractère impartial et de leur légitimité universelle, dans les programmes de DDR en établissant un climat de confiance et de sécurité et en canalisant l'expertise. Toutefois, comme le Secrétaire général le souligne, alors que les opérations de maintien de la paix jouent un rôle essentiel, le succès final des processus de DDR suppose des efforts continus bien après le retrait des opérations pluridisciplinaires. Par conséquent, M. Monteiro estime qu'il est nécessaire d'adopter une approche à long terme quant à savoir comment ce processus se poursuivra au-delà du mandat des opérations de maintien de la paix. A cet égard, une coordination efficace entre les activités du Siège, sur le terrain ainsi que celles des autres organismes et institutions internationales est essentielle ajoutant que l'exemple du Mozambique illustre bien une telle approche. L'Union européenne attend avec intérêt les résultats des travaux menés par la Division des enseignements tirés du Département des opérations de maintien de la paix sur l'élaboration des principes et des directives du processus de DDR.
En ce qui concerne le désarmement, l'Union européenne attache une attention particulière aux problèmes liés à la prolifération et à la circulation des armes légères et de petit calibre. A cet égard, l'Union a adopté une approche d'action commune sur les petites armes en décembre 1998 en vue de mettre en place un consensus dans les fora régionaux et internationaux concernés. Elle entreprend également des actions spécifiques à travers des aides financières et techniques aux programmes et projets liés au problème des armes légères.
Par ailleurs, en vue de renforcer la capacité des Nations Unies en matière de DDR, l'Union européenne soutient la proposition de mettre en place une banque de données d'experts en DDR et d'inclure ces activités dans les programmes de formation nationaux des casques bleus. Il faut également attacher une importance particulière à l'identification des motivations qui peuvent amener au désarmement, à la destruction des armes et au contrôle du trafic des armes à l'échelle régionale compte tenu de la dimension économique des flux d'armes. Dans ce contexte, l'Union européenne se félicite des travaux et initiatives du Groupe des États intéressés (GIS) qui soutient des projets de désarmement pratiques et sert de forum d'échange d'informations sur les leçons tirées dans ce domaine. Pour ce qui est des activités de démobilisation et de réinsertion, l'Union européenne partage l'opinion selon laquelle ce type d'activités doivent pouvoir disposer de ressources financières plus sûres. Elle est en faveur de mesures spécifiques en ce qui concerne les enfants soldats. Elle invite le Secrétaire général à explorer, inter allia, avec les Etats Membres et la Banque mondiale, un ensemble d'options possibles et de faire des recommandations détaillées sur cette question. En outre, l'Union estime que la coordination des activités de DDR au sein du Secrétariat, avec les institutions du système des Nations Unies ainsi qu'avec les organisations régionales, les organes intergouvernementaux, les programmes bilatéraux et les organisations non gouvernementales est essentielle au succès de ces activités et devrait être renforcée. Il faudrait par ailleurs consolider l'autorité des représentants spéciaux du Secrétaire général sur toutes les institutions des Nations Unies en la renforçant par la nomination du coordinateur résident comme adjoint au Chef de mission.
M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a fait part de son soutien aux recommandations du Secrétaire général. Dans le cadre de la consolidation de la paix après les conflits, les activités de DDR doivent bénéficier d'une approche holistique pour prévenir la résurgence de la violence. L'intégration des objectifs socioéconomiques, politiques et en matière de sécurité aux activités de DDR permet d'édifier un pont entre l'arrêt des hostilités et la paix durable. En tant que tel, le processus de DDR ne doit pas se limiter à des programmes de démobilisation à court terme mais constituer un élément faisant partie intégrante d'un processus à plus long terme visant à rapprocher des communautés hostiles et à réintégrer les anciens combattants, en particulier les enfants soldats et des autres groupes vulnérables. Il est indispensable dans ce contexte que les fonctionnaires des Nations Unies et ceux qui participent aux programmes de DDR aient une connaissance approfondie de tous les mécanismes qui entrent en jeu. Le représentant a évoqué la sécurité des anciens combattants comme un élément qui doit être intégré à tout programme de DDR.
La prolifération et l'accumulation excessive des armes légères et de petit calibre est également une source de préoccupation. Le représentant a rappelé que la Norvège accorde une aide aux Etats, aux organisations régionales et sous- régionales qui ont besoin d'un soutien en matière de collecte et de destruction des armes. Il a indiqué que son pays contribue au Fonds de contributions volontaire pour la collecte des armes mis sur pied par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Le représentant a également insisté pour que les mesures de désarmement et de destruction des armes soient conçues comme des éléments des processus de paix et pour que les opérations de maintien de la paix reçoivent à cet égard un mandat clair. Le financement des programmes de DDR est un défi qui se pose à la communauté internationale dans la mesure où un financement inadéquat peut miner les efforts de paix. La Norvège continuera d'accorder une aide importante par le biais de contributions volontaires. Elle a l'intention d'accroître son aide en faveur de la Sierra Leone et de l'Afrique en général. Evoquant la place particulièrement complexe de l'élément " réintégration" dans le processus de DDR, le représentant a souligné le rôle crucial que la communauté internationale doit jouer dans le cadre de programmes de réconciliation nationale, de reconstruction et de développement socioéconomique à long terme pour dissuader les anciens combattants de reprendre les armes. Combattre la pauvreté et le sous-développement est essentiel pour prévenir la résurgence des conflits.
M. HIDEAKI KOBAYASHI (Japon) a axé sa déclaration sur les trois points suivants: la nécessité de mettre en place une plus grande coordination, la question des enfants soldats et les moyens de garantir des ressources financières prévisibles. Evoquant le caractère multidimensionnel du processus de DDR, il a estimé qu'il était de la responsabilité de la communauté internationale de garantir la mise en oeuvre d'un mécanisme fiable et bien conçu pour aider à la réalisation des activités de DDR. L'amélioration des modalités de coordination doit se faire au niveau du Secrétariat des Nations Unies, des institutions connexes et notamment celles de Bretton Woods et enfin sur le terrain. Le représentant a plus particulièrement insisté sur l'importance de la coordination sur le terrain qui se trouve renforcée par le rôle joué par le Représentant spécial du Secrétaire général, s'il est bien choisi et s'il bénéficie de l'autorité et des ressources appropriées.
Au sujet des enfants soldats, le représentant a plaidé pour que cette question reçoive un traitement prioritaire. Il faut subvenir à leurs besoins physiques et psychologiques si l'on veut obtenir une paix durable. Dans ce contexte, il a accueilli favorablement la nomination de Conseillers pour la protection des enfants dans le cadre des opérations de maintien de la paix en Sierra Leone et en République démocratique du Congo. Il a encouragé le Secrétaire général à revoir d'autres opérations de maintien de la paix pour déterminer si la nomination d'autres conseillers pour la protection de l'enfant serait nécessaire. Le Japon est fermement opposé à l'enrôlement des enfants âgés de moins de 18 ans et il soutient dans ce contexte le Protocole additionnel à la Convention relative aux droits de l'enfant.
Pour ce qui est des ressources financières, le représentant a reconnu que la pratique actuelle visant à utiliser les ressources émanant de fonds de contributions volontaires présentait des avantages. Le Japon verse 960 000 dollars au Fonds d'affectation spéciale de soutien aux efforts de maintien de la paix des Nations Unies en Sierra Leone en vue d'un usage exclusivement aux fins du DDR. Nous estimons toutefois que l'allocation de ressources à partir du budget ordinaire améliorerait la stabilité financière de l'opération. Le Japon qui a lui seul verse 20% des contributions statutaires aux opérations de maintien de la paix est disposé à envisager une proposition du Secrétaire général contenue dans son rapport et qui porte sur l'examen des financements des processus de DDR dans le cadre des opérations de maintien de la paix.
M. MICHAEL POWLES (Nouvelle-Zélande) a indiqué que, dans la mesure où chaque situation est différente, il serait inutile de semployer à définir dans le détail une approche du maintien de la paix qui pourrait sappliquer à toutes les situations. En revanche, certains principes clés qui sappliquent à toutes les situations devraient être étudiés plus avant. Le plus important dentre eux, a-t-il estimé, est sans doute la rapidité de l'action. Il a rappelé quau Timor oriental, la Nouvelle-Zélande et dautres avaient, sous le commandement de lAustralie, fourni rapidement la force militaire nécessaire pour rétablir la sécurité et que les institutions des Nations Unies avaient fourni laide humanitaire durgence dans un délai raisonnable. En revanche, du fait des procédures bureaucratiques de recrutement, il semble plus difficile de répondre au besoin urgent de reconstruire une administration civile de base et un système judiciaire. Reconnaissant quil serait utopique de croire que la communauté internationale peut reconstruire le Timor oriental en peu de temps, il a insisté sur le fait que des réponses rapides dans des domaines qui vont au-delà de laide humanitaire durgence, notamment en faveur de lemploi, seraient une contribution importante aux efforts de consolidation de la paix.
M. Powles a ensuite attiré lattention sur la question de la composante de police civile des opérations de maintien de la paix. Il a reconnu quil est plus difficile de pallier au manque deffectifs dans ce domaine car les Etats nont pas de forces de police en attente qui pourraient être rapidement déployées. Toutefois, dans la mesure où le processus de DDR risque dêtre affecté si un nombre suffisant de policiers nest pas déployé à temps, il importe dexplorer de manière urgente les moyens daccroître la mise à la disposition des Nations Unies des effectifs de police suffisants. Il convient de mettre en place des systèmes de déploiement rapide du personnel de police civile et de fournir les moyens de reconstruire ladministration civile. Cest, a-t-il insisté, le défi auquel doivent maintenant répondre les Nations Unies.
Selon M. Powles, lun des défis fondamentaux consiste à identifier des rôles pour les ex-combattants. Les expériences du Timor oriental et de Bougainville ont souligné limportance dassocier rapidement la population locale au processus de reconstruction. Le développement communautaire peut permettre détablir un climat permettant aux factions hostiles de travailler ensemble, a-t-il indiqué en faisant notamment référence à la mise en oeuvre par son pays à Bougainville d'un programme de développement et de coopération associé au processus de paix, portant sur la restauration de l'autorité civile et sur un ensemble de programmes de formation professionnelle axé sur la réintégration, qui a permis à danciens opposants de travailler ensemble. Il a observé qu'en dépit de ces efforts, les ex-combattants avaient gardé leurs armes sans pour autant les utiliser contre la force non armée de maintien de la paix. En conclusion, M. Powles a appuyé les recommandations formulées par le Secrétaire général, notamment en faveur des enfants soldats et de la situation particulière des filles. M. JARGALSAIKHANY ENKHSAIKHAN (Mongolie) sest déclaré favorable aux recommandations du Secrétaire général en ce qui concerne l'inclusion des programmes de DDR dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Il a estimé que tout programme de consolidation de la paix après un conflit doit comprendre des mesures à court terme concernant le désarmement et la démobilisation des ex-combattants et lintégration des opposants politiques sur la base de leur bonne volonté et de la confiance mutuelle. Ces mesures à court terme devraient être suivies de programmes et de stratégies à long terme en faveur du renforcement des institutions nationales, de la bonne gouvernance et de la société civile, de la promotion des droits de lhomme, de léradication de la pauvreté et du développement durable. Les activités processus de DDR devrait être intégrés à la planification des opérations de maintien de la paix et soutenues par des ressources humaines et financières appropriées. En outre, il importe que les mesures, nationales et internationales, nécessaires à la réalisation du DDR figurent clairement dans laccord de paix.
Le représentant a observé que les organisations régionales ont un rôle particulier à jouer dans la prise en compte des problèmes des divers groupes à lissue du conflit sur la base du nouveau partage du pouvoir et des accords conclus. Sur la question du désarmement, il a indiqué que son pays accorde une importance particulière à la Conférence des Nations Unies sur le trafic illicite darmes légères et de petit calibre qui doit se tenir en 2001. Il sest déclaré favorable aux propositions du Secrétaire général concernant les enfants soldats. En dernier lieu, il a rappelé que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies doivent respecter les principes dindépendance politique, de souveraineté et dintégrité territoriale des Etats qui, pour leur part, doivent sacquitter des obligations qui leur incombent conformément au droit international.
M. IVAN SIMONOVIC (Croatie) a rappelé quau cours des neuf dernières années, la Croatie avait été le terrain de cinq opérations de maintien de la paix et en a tiré dimportantes leçons. Il a cité notamment le modèle de désarmement, le suivi de laide en matière de sécurité et les missions politiques qui ont suivi ladministration transitoire des Nations Unies pour la Slavonie orientale, la Baranja et le Srem occidental (ATNUSO), ainsi que les mesures concernant la réhabilitation et les réintégration des ex-combattants. Si lATNUSO a bénéficié dun environnement politique favorable et de la bonne volonté des parties, le processus de réintégration a néanmoins posé des difficultés techniques et bureaucratiques majeures. Il a observé que le processus de DDR avait non seulement été entamé dès le début de lopération, mais également rapidement achevé et complété par un programme innovateur de rachat des armes sur dix mois, mené conjointement par lATNUSO et le Gouvernement croate. La collecte des armes a ensuite continué et depuis août 1999, toute possession illégale darmes est pénalisée. Reconnaissant que de tels programmes de rachat ont eu des conséquences négatives dans certains pays, le représentant a affirmé quen Croatie, les résultats avaient été positifs.
Le représentant sest également félicité du rôle joué par la Force de police transitoire, composée de 40% de Croates, 40% de Serbes et 20% de membres des autres groupes ethniques de la région. Laide de la communauté internationale pour la formation a permis dassurer un bon niveau de professionalisme et le renforcement de cette capacité locale a été un apport inestimable en faveur de la réinsertion des ex-combattants et du maintien de lordre. Le Groupe de soutien des Nations Unies qui a, pendant neuf mois, surveillé les pratiques de la police civile a permis de consolider la normalisation de la vie dans la région. En outre, lOrganisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a également joué un rôle important dans la reconstruction de la prospérité. Il a insisté sur limportance des mesures économiques et sociales dans la réintégration des ex-combattants, notamment en privilégiant leur accès à léducation et à lemploi dans le secteur public, en leur accordant des crédits préférentiels, des assurances chômages et sociales. Ces mesures ont toutefois pesé lourd sur le budget national dune économie grevée par le fardeau de la reconstruction, par un taux dinvestissement faible et un taux de chômage élevé. En outre, le Gouvernement de la Croatie sest engagé dans un vaste programme de retour des réfugiés et aurait grandement besoin de lappui de la communauté internationale, a-t-il indiqué. Reconnaissant les limites qui pèsent sur les contributions des donateurs institutionnels, il sest déclaré favorable à la proposition du Secrétaire général d'explorer les mécanismes permettant daccroître le dialogue avec le secteur privé et les possibilités darrangements bilatéraux en faveur de lemploi et du commerce dans les économies des pays sortant de conflits.
En conclusion, le représentant a mis laccent sur la réconciliation, élément essentiel au succès des programmes de DDR. Létablissement de la vérité et de la responsabilité pour les crimes de guerre est indispensable à la réconciliation, a-t-il déclaré, en faisant remarquer que la réintégration des ex-combattant ne saurait sexercer sans cet élément de justice. Il a ajouté que son pays était conscient de ses obligations et de ses responsabilités dans ce domaine et sengage à coopérer pleinement et de manière responsable avec le Tribunal international pour lex-Yougoslavie. A ce propos, il a demandé au Conseil dutiliser toute son influence pour que tous les inculpés, y compris ceux qui se trouvent en Republika Sprska et en République fédérale de Yougoslavie, soient jugés.
M. JASSIM MOHAMMED BUALLAY (Bahreïn) a estimé que le processus de DDR est une ère important pour stabiliser la situation dans les zones de conflit, réduire les risques de nouvelles explosions de violence et favoriser le passage à une situation normale. C'est pourquoi il faut inclure les activités de DDR dans les accords de paix et préciser les stratégies à suivre ainsi que les calendriers et les dates butoir. Le Bahreïn considère que si l'on veut que le processus de DDR réussisse il faut que les parties au conflit fournissent des informations précises sur leurs effectifs et l'emplacement de leurs armes; convenir du cadre du processus de DDR dans l'accord de paix; les Etats Membres apportent l'appui politique nécessaire pour encourager les parties au conflit à respecter leurs engagements; rassurer les anciens combattants que leur sécurité sera assurée au cours du désarmement et après; faire cesser les flux d'armes illicites; convaincre toutes les parties que le recours à la guerre n'est pas envisageable et coordonner les efforts internationaux visant à appuyer le processus de DDR.
Le Bahreïn constate qu'il existe un lien indissoluble entre les activités de maintien de la paix et les activités de consolidation de la paix ce qui suppose par conséquent qu'il y ait une coordination soutenue entre les deux organes des Nations Unies qui sont chargés de ces deux aspects à savoir respectivement le Conseil de sécurité et l'ECOSOC. Le Bahreïn souhaite que ce lien soit renforcé notamment en organisant une réunion conjointe entre les membres de ces deux organes sur les questions de DDR.
M. BERND NIEHAUS (Costa Rica) a estimé que la paix ne se caractérise pas seulement par une absence de conflits armés mais également par l'harmonie entre les peuples et le refus de la haine dans les relations humaines. La violence armée est un affront continu à la dignité de la personne humaine. La normalisation des relations humaines passe toujours par un processus de paix difficile qu'un simple cessez-le-feu ne peut pas imposer. En Amérique centrale, a précisé le représentant, les missions des Nations Unies ont joué un rôle central dans la normalisation des relations entre pays mais on a également constaté comment l'excédent d'armes après la fin des hostilités se répand dans les pays voisins comme une épidémie. L'accumulation des armes est un obstacle réel à tout processus de paix. C'est pourquoi M. Niehaus appelle à la destruction des armes et à l'imposition d'une interdiction de livrer des armes à ceux qui ne respectent pas les normes internationales en la matière. Le Costa Rica souscrit au projet de code de conduite sur les transferts d'armes élaboré par son ancien Président, M. Oscar Arias Sanchez, qui a été signé par 19 Etats et organisations. Les gouvernements et groupes impliqués dans les conflits ont la responsabilité principale de s'acquitter des activités de DDR, a souligné le représentant. Tout en se félicitant de l'accent mis dans le rapport du Secrétaire général sur la situation des enfants dans les conflits armés, M. Niehaus a insisté sur la nécessité d'appuyer en particulier les familles des mineurs démobilisés. Il n'est pas non plus possible d'ignorer l'aspect économique du processus de DDR pour offrir aux militaires des alternatives viables à la guerre.
M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) a considéré que le fait même de parler du processus de DDR comme un aspect normal des opérations de maintien de la paix prouve à quel point ces opérations ont évolué. Compte tenu du caractère pluridisciplinaire qui caractérise de plus en plus les opérations de maintien, il s'est demandé si le terme "maintien de la paix" a un sens différent ou un sens unique. A cet égard, il s'est félicité de l'initiative du Secrétaire général de créer un groupe d'experts, sous la direction de M. Lakhdar Brahimi, chargé d'étudier tous les aspects du maintien de la paix. Fort du constat que le processus de DDR représente une nouvelle dimension du maintien de la paix, le représentant a mis l'accent sur le fait que le désarmement et la démobilisation sont des activités difficiles et dangereuses en soi, rappelant les difficultés rencontrées en matière de désarmement en Sierra Leone. Quant à la question de savoir dans quelles missions les Nations Unies se sont acquittées de manière satisfaisante des tâches de désarmement et de démobilisation, le représentant a remarqué que les échecs sont connus, la Somalie étant la meilleure illustration. Il a constaté toutefois que même dans les missions relativement couronnées de succès, le processus de DDR est resté un élément problématique. A la lumière du rapport du Secrétaire général, le seul exemple de succès fréquemment invoqué est le Mozambique. Il s'est félicité du fait que le Secrétaire général propose des facteurs clefs contribuant au succès du processus de DDR notamment la volonté politique des parties au conflit à respecter l'accord de paix; l'entière coopération de toute la population concernée, y compris les combattants et les civils; un mandat clair et vigoureux pour les activités de DDR dans le cadre du maintien de la paix; un soutien politique important de la part du Conseil de sécurité et de la communauté internationale; la mise à disposition rapide de ressources généreuses pour le processus de DDR et le déploiement rapide et une capacité de dissuasion considérable des opérations de maintien de la paix. Le représentant a remarqué que la conclusion logique qui découle du rapport est que le succès du processus de DDR dépend de la solidité conceptuelle et de la viabilité de toute opération de maintien de la paix qui est lancée. Le processus de DDR, seul, ne saurait déterminer le succès d'une opération, il peut cependant y contribuer. Il a insisté, par conséquent, sur l'idée que tout processus de DDR doit être abordé dans le cadre plus large de l'opération tout entière. Cela est d'autant plus important pour Singapour que les opérations de maintien de la paix lancées par le Conseil de sécurité n'ont pas toujours été couronnées de succès, ce qui est normal. Ce qui n'est pas normal à son sens c'est que les échecs ne sont pas ouvertement et franchement discutés au sein du Conseil. Invoquant les opérations de maintien de paix au Kosovo et au Timor oriental, le représentant a estimé que la première n'avait pas de bases conceptuelles saines pour les raisons que l'on sait, alors que la seconde semble avoir de bons fondements. Il a reconnu que la plupart des opérations de maintien de la paix ne sont pas lancées dans des circonstances idéales; toutefois, compte tenu de la difficulté de la tâche qui lui incombe, il est impératif pour le Conseil de sécurité d'identifier les facteurs essentiels qui permettent de favoriser le succès de telles opérations. Par conséquent, Singapour se félicite de l'attention soutenue que le Conseil de sécurité témoigne aux différents aspects clés des opérations de maintien de la paix, y compris le processus de DDR, et en particulier pour ce qui est de la question de la démobilisation des enfants soldats.
M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a réaffirmé le rôle du Conseil de sécurité dans les activités de DDR à travers les opérations de maintien de la paix. Il estime qu'un processus de DDR ne saurait être couronné de succès que s'il a été prévu dans les accords de paix et s'il est assorti de ressources adéquates. Soulignant que le Secrétaire général a présenté dans son rapport l'expérience des opérations de maintien de la paix en matière de DDR, la Colombie soutient ses recommandations relatives à la mise en place d'une banque de données d'experts en DDR et la formation du personnel de maintien de la paix à ce type d'activités. Pour la Colombie, la conclusion d'un accord de paix doit être considérée méritant l'appui le plus large possible de la communauté internationale. Toutefois, cet appui doit aller au-delà de cette étape critique et se poursuivre tout au long de la période de consolidation de la paix qui trop souvent ne jouit pas du soutien nécessaire. Par conséquent il est important de doter les Nations Unies d'outils efficaces leur permettant d'apporter un soutien continu en matière de DDR dans le cadre de la consolidation de la paix.
Abordant le problème du commerce illicite d'armes et de son impact négatif dans les zones de conflit, la Colombie se félicite des initiatives lancées par la communauté internationale pour juguler ce fléau. Par ailleurs, le représentant a insisté sur le fait que tout processus de DDR exige l'établissement d'un climat de confiance entre les parties, et que par ailleurs il faut mettre en place les conditions nécessaires au développement économique et social dans les zones post-conflit ce qui suppose que l'on fasse appel aux modalités de développement qui relèvent de la compétence des autres organes du système des Nations Unies.
M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a indiqué que les trois éléments de DDR ont reçu un traitement différencié mais interdépendant dans les Accords de paix du Guatemala. Le représentant a fait état de progrès notoires dans ces domaines et notamment en matière de réinsertion. Evoquant les modes d'interaction entre les acteurs nationaux et la communauté internationale, il a expliqué que l'une des leçons du processus de paix au Guatemala est que les acteurs nationaux tiennent le gouvernail. Le fait que la présence internationale n'ait pas été perçue comme une intrusion résulte de la neutralité des Nations Unies. Les activités de consolidation de la paix en cours sont étroitement liées aux efforts de développement. La mission de vérification des Nations Unies assure le suivi des aspects de développement et humanitaire en étroite collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). L'action de l'Organisation sur le terrain donne lieu à de multiples expériences qui pourraient faciliter l'application des objectifs de la Charte dans d'autres régions du monde.
M. MAKARIM WIBISONO (Indonésie) a déclaré que la dimension internationale des opérations de maintien de la paix demande que lon examine le rôle des Nations Unies et des organisations régionales dans leurs zones de compétence respectives. Lexpérience a montré que leur coopération peut avoir un impact positif sur le retour à la stabilité dans les régions de conflit. Toutefois, le succès de ces opérations dépend avant tout de la bonne volonté des parties concernées à respecter les termes des accords de paix et à renoncer à lusage de la force. Ceci est la condition sine qua none du processus de DDR. La remise des armes aux autorités compétentes et la démobilisation qui sensuit ont des conséquences positives sur la sécurité dans les situations daprès conflit. Le désarmement et la collecte des armes des civils contribuent à instaurer un environnement où les armes nont plus dutilité.
Au regard de la situation des enfants soldats, le représentant sest inquiété du danger que leur manque déducation fait planer sur lavenir de la société et a estimé quil importe de mettre en oeuvre des programmes appropriés de soutien. Le processus de DDR des enfants soldats demande que les droits qui leur sont garantis par la Convention relative aux droits de lenfant soient immédiatement restaurés, protégés et promus. Leur réintégration dans la famille et dans la société est fondamentale et il faut accorder la priorité à leur éducation scolaire, a ajouté le représentant. Par ailleurs, il faut également veiller à contrôler le trafic darmes illicites aux frontières. M. Wibisono est également attiré lattention sur la question du financement des programmes de réinsertion et de reconstruction dune économie ravagée. A cet égard, il convient de veiller à une distribution de lassistance sur une base équitable et juste entre les ex-combattants et la population civile.
M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte) a pris note de l'élargissement du mandat que le Conseil de sécurité donne aux opérations de maintien de la paix en matière de DDR des ex-combattants. Il a souligné, toutefois, que tout mandat de ce type doit faire l'objet de l'assentiment des parties au conflit, qui constitue la base pour le démarrage de telles activités. L'Egypte estime que dans les cas où le Conseil de sécurité donnerait mandat à une opération de maintien de la paix de s'occuper de telles activités, il doit s'assurer que les ressources nécessaires à l'accomplissement d'un tel mandat lui soient fournies, afin d'éviter toute situation comme en Angola. Abordant le problème du trafic illicite des petites armes dans les zones de conflits, l'Egypte estime que l'examen de cette question relève des compétences de l'Assemblée générale et que le Conseil de sécurité doit se limiter aux aspects opérationnels dans le cadre du désarmement. Par ailleurs, compte tenu du fait que les activités de consolidation de la paix relèvent des attributions de l'ECOSOC, l'Egypte insiste sur l'importance de la coordination des activités entre toutes les instances des Nations Unies impliquées à différents moments dans les activités de DDR.
Evoquant la situation en République démocratique du Congo, le représentant a noté que certains groupes armés dans l'est du pays ne font pas partie de l'Accord de paix de Lusaka constitue une cause importante de déstabilisation. Les Nations Unies ne devraient pas déployer entièrement une opération de maintien de la paix sans mettre en place un vaste programme de désarmement de ces groupes armés. Le représentant a émis l'espoir que la Commission militaire mixte et l'OUA, en étroite coopération avec les Nations Unies, seront en mesure d'élaborer un plan dans un proche avenir qui trace la voie à la mise en oeuvre des autres aspects militaires de l'Accord de paix. Pour ce qui est de l'opération de maintien de la paix qui est en cours en Sierra Leone, l'Egypte espère qu'elle constituera un exemple manifeste du rôle de l'ONU en matière de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des enfants soldats. Elle invite toutes les parties à prendre part aux efforts de DDR des ex-combattants et espère que les pays donateurs fourniront les ressources nécessaires pour mettre en oeuvre le programme de DDR élaboré à cette fin.
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