DES PROGRES ONT ETE FAITS AU TIMOR ORIENTAL MAIS LA PAIX SOCIALE EST MENACEE PAR LE CHOMAGE ET LES PRIX ELEVES
Communiqué de Presse
CS/1161
DES PROGRES ONT ETE FAITS AU TIMOR ORIENTAL MAIS LA PAIX SOCIALE EST MENACEE PAR LE CHOMAGE ET LES PRIX ELEVES
20000321Les délégations sont préoccupées par les incursions des milices
Ce matin, le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, M. Hedi Annabi, a informé le Conseil de sécurité de l'évolution de la situation au Timor oriental depuis le 3 février 2000, date de la dernière réunion d'information que le Conseil a tenue sur la question. Il a ainsi évoqué la situation économique et sociale, celle en matière de sécurité ainsi que le retour des réfugiés. A ce jour, les versements effectués au Fonds d'affectation spéciale sélèvent à 22 millions de dollars. M. Annabi a encore rappelé que lors de sa visite au Timor oriental, le Président Wahid a convenu que l'Indonésie travaillerait avec l'ATNUTO pour faciliter la réouverture d'un commerce transfrontière et accepté la création dun couloir intérieur reliant lenclave dOecussi à la partie principale du Timor oriental. Outre la constitution de sa police civile dont la composition atteindra 987 policiers dici la fin de cette semaine, lATNUTO a également décidé la création dun Groupe de juges timorais et étrangers pour juger les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre lhumanité. Trois cents cas de meurtres, commis pour la plupart entre la fin avril et septembre 1999, font actuellement lobjet denquêtes. Concernant les réfugiés, M. Annabi a indiqué que 153 000 dentre eux ont regagné leur foyer. Le HCR et le Gouvernement indonésien sont en train de recenser ceux qui demeurent en dehors du territoire.
Tout en notant des progrès accomplis au Timor oriental depuis le 3 février dernier, les délégations ont toutefois souligné les difficultés liées au retour des réfugiés, en raison notamment des actes dintimidation des milices, des problèmes de sécurité et de la lenteur du processus de reconstruction. Pour faire face à ces difficultés, il a été préconisé une étroite coopération entre lATNUTO et toutes les parties concernées ainsi quavec les institutions financières internationales, en gardant constamment à lesprit que la réconciliation et la reconstruction doivent continuer de figurer au centre des priorités. Le Conseil de sécurité se réunissait sous la présidence de M. Anwarul Karim Chowdhury, Représentant permanent du Bangladesh.
Les représentants des pays membres du Conseil de sécurité suivants ont fait une déclaration : Royaume-Uni, Etats-Unis, France, Canada, Fédération de Russie, Argentine, Pays-Bas, Chine, Malaisie, Jamaïque, Namibie, Mali et Bangladesh.
LA SITUATION AU TIMOR ORIENTAL
M. HEDI ANNABI, Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, a présenté un rapport sur l'évolution de la situation au Timor oriental depuis le 3 février dernier. On note des faits importants tels la signature le 21 février 2000 d'un Accord entre l'Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO) et la Banque mondiale concernant un vaste projet sur le renforcement des capacités communautaires, le transfert officiel de l'autorité de la Force internationale au Timor oriental (INTERFET) à la composante militaire de l'ATNUTO le 23 février dernier, et la visite par le Président indonésien, M. Wahid, le 29 février. Le Secrétaire général a déjà fait un compte rendu au Conseil de sécurité sur sa visite au Timor oriental à la mi-février. Parmi les autres visites de haut niveau figuraient celles du Président du Portugal et du Premier Ministre de l'Irlande.
La situation économique et sociale au Timor oriental continue d'être au centre des préoccupations. Un taux de chômage et des prix très élevés continuent de menacer la paix sociale. Le très grand nombre de demandeurs d'emploi qui répondent aux efforts de recrutement de l'ATNUTO en témoigne. Des efforts en cours visent à créer des emplois, notamment grâce aux 18 projets d'impact rapides entrepris par l'ATNUTO pour la réparation de l'infrastructure locale avant la mise en uvre du projet beaucoup plus vaste sur le renforcement des capacités communautaires de la Banque mondiale. D'autres projets sont pris en charge par des donateurs bilatéraux. A la fin du mois de février, l'ATNUTO a versé des paiements réguliers à plus de 2 500 fonctionnaires. Un programme accéléré en matière d'éducation a progressé rapidement et permet maintenant la participation active de quelques 7 000 enseignants, assurant ainsi la scolarité de 130 000 enfants. A ce jour, les versements en numéraires effectués au Fonds d'affectation de l'ATNUTO s'élèvent à un peu plus de 22 millions de dollars.
Le projet sur le renforcement des capacités communautaires est d'un intérêt particulier. Tandis qu'il traite essentiellement de la restauration de l'infrastructure et de l'appui des activités génératrices de revenus, il assure en même temps le renforcement des capacités des sous-districts et des villages, par le biais de représentants élus, qui détermineront leurs priorités et gèreront la mise en uvre des projets qu'ils ont sélectionnés.
Au cours de la visite du Président Wahid, il a été convenu que le Gouvernement indonésien uvre en étroite coopération avec l'ATNUTO pour faciliter le rétablissement des documents et archives publics, la restauration des biens culturels et la réouverture du commerce transfrontière. Le Président Wahid a également convenu de la création d'un couloir reliant l'enclave d'Oecussi à la partie principale du Timor oriental. Le 4 mars dernier, les services de transports indonésiens Merpati ont repris les vols commerciaux entre l'Indonésie et le Timor oriental. Il a en outre confirmé l'accord de son Gouvernement en faveur de la création par l'ATNUTO d'un bureau de liaison à Kupang - Timor occidental -. Ce Bureau a été ouvert aujourd'hui même.
Depuis l'examen du rapport du Secrétaire général par le Conseil de sécurité le 26 janvier 2000, l'ATNUTO a adopté une législation approuvée par la Commission nationale consultative sur un certain nombre de questions, notamment en matière douanière, fiscale, d'exportation.
On note par ailleurs le déclin du nombre d'incidents. L'exécution des lois demeure faible, et les communautés et groupes timorais ont dans certains cas tenté d'imposer directement l'ordre. La police civile de l'ATNUTO comprendra 987 policiers d'ici la fin de cette semaine. Hier, 50 Timorais ont été recrutés au sein du nouveau Groupe d'assistance de police. Ce Groupe constitue une mesure transitoire en attendant la constitution d'une police civile locale. L'ATNUTO a également adopté une mesure créant un Groupe de juges timorais et étrangers pour juger les auteurs des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. Près de 300 meurtres, impliquant 627 victimes font actuellement l'objet d'enquêtes. La plupart de ces cas concernent la période allant de la fin avril à septembre 1999. L'ATNUTO négocie actuellement avec le Gouvernement indonésien un accord sur la coopération dans ces affaires, y compris l'échange de preuves et l'accès aux témoins.
En matière de sécurité, M. Annabi a fait observer que le transfert de l'INTERFET à la composante militaire de l'ATNUTO s'est déroulé dans de bonnes conditions. Toutefois, dès la semaine qui a suivi, la Force des Nations Unies a été mise à lépreuve par de nombreuses incursions des membres des milices proautonomes du Timor occidental. Au cours d'un incident le 5 mars, un villageois a été tué et un autre blessé. L'ATNUTO a institué des contrôles plus stricts. Les 9 et 10 mars, le Commandant de la Force et le Directeur politique de l'ATNUTO ont visité Jakarta pour discuter des incursions du Timor occidental avec les autorités indonésiennes. Ils sont repartis, assurés que des mesures fermes seraient prises contre les activités des milices, notamment la formation militaire à l'intérieur et à l'extérieur des camps de réfugiés.
S'agissant des réfugiés, M. Annabi a indiqué que plus de 153 000 réfugiés sont retournés dans leur foyer, principalement du Timor occidental. Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés estime qu'environ 50 000 autres réfugiés souhaiteraient regagner le Timor oriental. Les mouvements primaires et secondaires des réfugiés regagnant leur foyer sont gérés par l'Organisation internationale pour les migrations, des camps de réfugiés à la destination finale. Six Timorais anciens membres des forces armées indonésiennes ont effectué une visite à Ailieu à la fin de la semaine dernière pour discuter du retour de 59 anciens soldats et de leurs familles. Ils ont reçu les assurances des responsables locaux quils seraient bien accueillis à condition qu'ils rentrent non pas comme soldats mais comme Est-Timorais déterminés à contribuer à la reconstruction de leur pays. Le HCR, appuyé par l'ATNUTO, a demandé à l'Indonésie d'adopter une stratégie globale pour permettre aux réfugiés de décider soit de retourner dans leur foyer soit d'être réintégrés à l'Indonésie. M. Vieira de Mello se rendra à Jakarta la semaine prochaine dans le cadre du suivi des questions bilatérales.
M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a d'abord rendu hommage au Représentant spécial du Secrétaire général au Timor oriental et à l'ensemble de l'équipe de l'ATNUTO. Le représentant a ensuite soulevé trois questions qui, selon lui, demeurent préoccupantes. Il a ainsi mis l'accent sur la criminalité grandissante au Timor oriental qu'il a imputée à une situation anarchique dans un passé récent. Il a donc salué le Portugal pour avoir pris la tête dans le déploiement d'une unité de réaction rapide tout en se félicitant notamment de l'ouverture d'une école de formation pour la police. Le représentant s'est également montré préoccupé par la poursuite des activités des milices en citant les informations des médias selon lesquelles les forces armées indonésiennes seraient impliquées. Dans ce contexte, le représentant a salué la déclaration du Gouvernement indonésien qui a dit ne pouvoir tolérer aucune complicité résiduelle entre ses forces armées et les milices. Le représentant a appelé le Conseil à veiller à ce que ces promesses soient traduites en actes. Le Conseil doit dire clairement que toute complicité résiduelle serait tout à fait inacceptable, a insisté le représentant avant de soulever la question des ressources financières. Il a ainsi regretté la lenteur avec laquelle le Fonds d'affectation spécial est alimenté et demandé au Secrétariat de fournir des classifications en la matière.
Mme NANCY SODERBERG (Etats-Unis) a reconnu que la situation au Timor oriental est difficile et a donc exprimé sa gratitude à l'ATNUTO pour les efforts inlassables qu'elle accomplit sur le terrain. La délégation des Etats-Unis est très préoccupée par la participation de l'armée indonésienne aux actes de violence et en particulier par la livraison d'armes aux milices au Timor oriental. Mme Soderberg a demandé à toutes les milices de mettre fin aux incursions le long des frontières. Tout en notant certains progrès au Timor oriental, il est essentiel de mettre fin aux activités des milices qui visent à entraver les efforts déployés par l'ATNUTO, a souligné Mme Soderberg. La représentante a émis l'espoir que la Banque mondiale jouera un rôle crucial pour assurer la restauration de l'infrastructure du Timor oriental. Les Etats-Unis appuient les efforts de l'ATNUTO et versent une contribution au Fonds d'affectation pour le Timor oriental. Au cours de cette année, les Etats-Unis entendent dépenser environ 20 millions de dollars pour financer des projets de développement au Timor oriental. Les Etats-Unis entendent contribuer à la mise en place d'une force de police au Timor oriental. Les Nations Unies ont énormément investi pour assurer le succès de leur intervention au Timor oriental.
M. JEAN-DAVID LEVITTE (France) a jugé utile que le Conseil se penche à nouveau sur la situation au Timor oriental. Pour les Nations Unies, a-t-il dit, la Mission déployée dans ce territoire peut devenir exemplaire. Le représentant a ensuite posé la question du retour des 100 000 réfugiés qui sont toujours en attente en demandant si les autorités indonésiennes sont en mesure de respecter leur engagement d'empêcher toute complicité entre leurs forces armées et les milices et d'exercer un contrôle strict sur la hiérarchie militaire locale. Les retours se sont-ils accélérés ? a demandé le représentant, en souhaitant aussi savoir ce qu'il en est des informations faisant état de la volonté de certains miliciens de revenir au Timor oriental. Comment sont-ils accueillis par la population locale et quel rôle l'ATNUTO joue en la matière ? a insisté le représentant. Venant au fonctionnement du Conseil consultatif national, le représentant a demandé un premier bilan en souhaitant connaître le rythme des réunions et savoir si le Conseil est en mesure de traiter de l'ensemble des questions importantes. Le parti intégrationniste a- t-il fini par rejoindre le Conseil ? a encore demandé le représentant avant de poser une question concernant le long terme et la perspective de voir augmenter les ressources locales.
M. ROBERT FOWLER (Canada) a déclaré que son pays continue d'être préoccupé par les nombreuses escarmouches qui ont lieu le long des frontières entre le Timor oriental et l'Indonésie. En matière de droits de l'homme, le rapport établi par le Gouvernement indonésien constitue un progrès important sur la voie de la réconciliation. La délégation canadienne souhaite des précisions sur les conflits liés au retour des réfugiés dans leur foyer.
M. ANDREI E. GRANOVSKY (Fédération de Russie) a constaté que les tendances positives qui se font jour dans l'atmosphère aujourd'hui au Timor oriental prennent progressivement de la force. Cela a été possible grâce aux efforts ciblés de l'ATNUTO, a souligné le représentant tout en se montrant préoccupé par les actes des milices qui continuent de faire obstacle au retour des réfugiés. La solution en la matière, a estimé le représentant, dépend de la mise en uvre des objectifs de relèvement et de développement au Timor oriental. Le représentant a cité comme
autres conditions, le rétablissement d'une économie stable et l'instauration d'une gestion administrative efficace. Il est bon, a-t-il ajouté, que le Conseil de sécurité continue de suivre avec attention le développement de la situation dans ce territoire.
M. LUIS ENRIQUE CAPPAGLI (Argentine) a réaffirmé la nécessité pour le Conseil de sécurité de faire preuve de plus de transparence pour entendre les rapports sur les situations dont il est saisi. Grâce à l'étroite coopération du peuple timorais, l'ATNUTO a pu accomplir un certain nombre de progrès depuis le 3 février dernier. Des efforts importants ont été déployés pour faciliter le retour des réfugiés au Timor oriental. Pour ce qui est des incidents à la frontière, la délégation argentine se dit préoccupée par la recrudescence de la violence perpétrée par les milices. Il est essentiel que les milices mettent fin à ces actes et que l'on procède à leur désarmement. Le représentant a demandé des précisions sur la réaction de l'ATNUTO à la proposition indonésienne de nommer M. Dos Santos à un poste important.
M. ALPHONS HAMER (Pays-Bas) a estimé que la visite du Président indonésien au Timor oriental, le 29 février, a été une mesure importante de normalisation entre Jakarta et Dili. Le représentant a ensuite mis l'accent sur les difficultés rencontrées pour régler les questions des personnes déplacées et du retour des réfugiés en les imputant aux actes d'intimidation et de désinformation des milices. Dans ces conditions, a dit le représentant, il est difficile de prévoir si les réfugiés pourront se prononcer avant la date butoir du 10 avril sur leur volonté de retourner au Timor oriental. Le représentant s'est également déclaré préoccupé par les problèmes de sécurité au Timor oriental. Il a donc demandé ce que la constitution de forces armées peut apporter en la matière. En matière économique, le représentant a émis l'espoir que le projet d'habilitation communautaire de la Banque mondiale réussira. Il a, à cet égard, demandé comment la diaspora timoraise peut être encouragée à appuyer la reconstruction du pays et comment développer un secteur privé aux côtés du secteur public. Avant de conclure, le représentant a souhaité des détails sur les interlocuteurs locaux de l'ATNUTO et mis l'accent sur la nécessité de développer une classe dirigeante capable de relever les défis de l'avenir. Il s'est enfin félicité de la coopération entre les autorités indonésiennes et l'ATNUTO en ce qui concerne le enquêtes sur les violations des droits de l'homme.
M. WANG YINGFAN (Chine) a noté des faits positifs au Timor oriental, en particulier le bon déroulement du transfert de l'INTERFET à l'ATNUTO. Sa délégation félicite l'Administrateur de l'ATNUTO, M. Sergio Vieira de Mello, et tout le personnel de l'ATNUTO pour leurs efforts inlassables. La Chine a souhaité que toutes les parties concernées au Timor oriental uvrent en étroite coopération pour parvenir à la réconciliation et à la reconstruction du pays.
M. HASMY AGAM (Malaisie) s'est déclaré préoccupé par l'augmentation du nombre d'incidents transfrontière le long de la frontière avec le Timor occidental. Il a demandé la prise de mesures vigoureuses pour juguler toute tension. Le Timor oriental, a dit le représentant, doit être en mesure de se concentrer sur son processus de reconstruction. Il est donc important que la communauté internationale aide l'ATNUTO dans les efforts qu'elle déploie pour remettre en état l'économie du pays. La Malaisie est disposée à apporter son aide et elle donne d'ailleurs suite aux Accords intervenus lors de la visite de M. Xanana Gusmao en Malaisie. Le représentant s'est également arrêté sur la situation des réfugiés en plaidant pour leur retour ainsi que pour la réinsertion rapide des anciens combattants. Il a aussi souhaité une intensification des efforts de réconciliation qui seule peut garantir la paix et la stabilité à long terme. Ayant tiré les enseignements des expériences d'indépendance, le représentant a jugé essentiel de préparer, de façon appropriée, le peuple du Timor oriental dans cette dernière étape du processus. Il faut pour cela, a-t-il dit, l'établissement de structures démocratiques fortes.
M. CURTIS WARD (Jamaïque) a noté que depuis la présentation du dernier rapport sur la situation au Timor oriental, des progrès ont été accomplis, notamment la création d'un Service postal avec la coopération du Portugal et de l'Union postale universelle qui opérera le mois prochain, l'adoption d'un nouveau régime aux frontières et l'organisation des juridictions locales. La nouvelle réglementation sur la création de conseils de développement dans les sous- districts et les villages permettra d'établir le cadre nécessaire à la mise en uvre du vaste projet de la Banque mondiale sur le renforcement des capacités. A cet égard, la délégation jamaïcaine souhaite des précisions supplémentaires. La signature de l'Accord conclu avec la Banque mondiale, qui prévoit une dépense de 21,5 millions de dollars au cours des deux années et demie prochaines est une étape importante. La délégation de la Jamaïque estime que la mise en uvre rapide de ces mesures et de la libération préalable des fonds sont essentielles au processus de reconstruction. Les récentes visites du Secrétaire général des Nations Unies et du Président Wahid de l'Indonésie constituent également des faits importants. M. Curtis s'est déclaré toutefois inquiet par le taux élevé du chômage et la situation économique et sociale généralement précaire qui sévit au Timor oriental. Il s'est dit également préoccupé par les récentes incursions des milices. Ces incidents, a-t-il fait observer, contribuent à affaiblir la stabilité. A cet égard, l'ATNUTO doit continuer à maintenir une présence ferme en matière de sécurité sur l'ensemble du territoire. Le niveau des retours de réfugiés a été encourageant et ceci indique que le climat de confiance sest amélioré.
Mme SELMA NDEYAPO ASHIPALA-MUSAVYI (Namibie) s'est déclarée satisfaite par les progrès accomplis dans le déploiement de l'Autorité transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO), bien qu'il subsiste des domaines inquiétants. Le rythme lent qui marque le versement des ressources financières pour la reconstruction et le développement est une source de préoccupation en raison de l'état du pays et des attentes du peuple timorais. La délégation namibienne se dit convaincue que ces questions seront réglées dès que possible afin que la situation économique et sociale ne se détériore pas. Elle s'est félicitée de la récente visite du Président Wahid de l'Indonésie au Timor oriental. Les excuses qu'il a présentées au Timor oriental pour la violence perpétrée pendant l'occupation indonésienne constituent un acte important pour renforcer la réconciliation entre les deux pays. En même temps, la poursuite de réunions entre les Timorais et les responsables des milices sert de mécanisme vital à la création d'un climat de confiance et à la réconciliation entre les Timorais eux-mêmes. Mme Ashipala-Musavyi a toutefois exprimé sa préoccupation au sujet des attaques perpétrées contre le personnel des Nations Unies et contre les Est-Timorais le long des frontières. Ces actes compromettent gravement la sécurité du Timor oriental et il est nécessaire d'y faire face rapidement. Elle s'est félicitée des initiatives prises à cet égard par le Gouvernement indonésien pour mettre un frein aux activités des milices au Timor occidental. La délégation namibienne demande par ailleurs à M. Annabi d'indiquer si l'Indonésie a mis en place des programmes pour lintégration des réfugiés qui souhaitent demeurer au Timor occidental.
M. MOCTAR OUANE (Mali) a d'abord évoqué la question de la sécurité pour se féliciter des progrès réalisés tout en demandant si dans les conditions actuelles, les effectifs de l'ATNUTO ne sont pas supérieurs aux besoins. Le représentant a poursuivi en souhaitant que la question du retour des réfugiés reçoive une attention prioritaire. Précisant qu'ils sont au nombre de 100 000, le représentant a demandé des explications sur les activités de la Commission frontalière mixte. Evoquant le processus de réconciliation, il a salué la mise en place du Conseil consultatif national et demandé un premier bilan de ses travaux. Concluant sur les efforts de reconstruction, le représentant a souligné que l'exemple du Timor oriental montre que la recherche de solutions réside dans une coopération entre les institutions financières internationales, l'ONU et la population concernée.
M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a exprimé sa préoccupation à l'égard de la lenteur du déploiement de la police civile. Il a souhaité que les obstacles à un déploiement plus rapide soient levés. Sa délégation, tout en se félicitant du transfert du commandement militaire du territoire à l'ATNUTO, note que les zones aux frontières du Timor occidental sont sous le contrôle de milices. Les camps situés dans ces zones servent de base pour les milices. A cet égard, le Bangladesh qui souhaite que la fermeture de ces camps et le désarmement des milices seront réalisés prochainement, demande des précisions en la matière. Concernant le développement au Timor oriental, le représentant a estimé que les efforts de développement et de reconstruction doivent être étroitement coordonnés et les questions en suspens réglées. Les projets d'Impact rapide financés par l'UNICEF et le HCR sont porteurs de promesses et il serait souhaitable d'en évaluer les résultats. Notant que la tension sociale est compliquée par l'absence d'ordre public et du respect du droit, la délégation du Bangladesh réitère son appel pour le renforcement de la formation des juges locaux et d'une force de police locale. L'unité nationale et la réconciliation devraient continuer d'être au centre des priorités au Timor oriental dans le contexte de la reconstruction du pays. M. Chowdhury a demandé instamment une coordination plus étroite des efforts visant à encourager le retour des réfugiés.
Répondant aux commentaires et aux questions posées, le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, M. ANNABI, a d'abord commenté la question des ressources financières en soulignant qu'étant donné le niveau de destruction dans le pays, le relèvement et la création de capacités sera un processus difficile et plus lent que prévu. Le Fonds d'affectation spéciale, a-t- il expliqué, a surtout été créé pour financer les coûts répétitifs tels que les salaires des fonctionnaires. Au fur et à mesure que cette catégorie d'emplois augmente, il faudra davantage de fonds. Pour le moment, l'ATNUTO est en train d'identifier des partenaires pour développer des projets d'impact rapide et espère que le processus de déboursement s'accélèrera au moment du lancement des projets. Sur la question des réfugiés, M. Annabi a expliqué que 50 000 réfugiés sur les 150 000 enregistrés ont montré leur volonté de retourner au Timor oriental et a plaidé pour une certaine souplesse dans le respect des dates limites. En ce qui concerne la sécurité au Timor oriental, M. Annabi s'est montré convaincu par les assurances du Président indonésien. Il faut tout simplement, a-t-il dit, qu'il traduise ses promesses en actes.
Evoquant le fonctionnement du Conseil consultatif national, M. Annabi a expliqué qu'il se réunit sur une base régulière et qu'il est consulté sur toutes les questions importantes. Deux des trois partis prointégration s'y sont joints; le dernier négoçiant toujours sur la nomination de ses représentants. Sur les perspectives à long terme, en particulier sur la capacité du pays de générer
des ressources, M. Annabi a souligné que le niveau de destruction a été tel que la reconstruction implique aussi une reconstruction "intellectuelle", à savoir le renforcement des capacités nationales. Le processus sera long et difficile et la communauté internationale doit continuer de donner son aide, a-t-il dit, avant de s'arrêter sur le fonctionnement de la Commission mixte transfrontière. Des bureaux de liaison ont été mis en place, a-t-il expliqué, et des réunions régulières se tiennent avec le Commandant de la force indonésienne de la région; la dernière ayant eu lieu le 15 mars. Pour ce qui est de l'avenir de FRETILIN, M. Annabi a estimé qu'il s'agit d'une question délicate pour les Timorais. Des consultations ont commencé sur la question et parmi les 800 à 1000 membres identifiés certains veulent retourner à la vie civile et d'autres intégrer les forces de police.
Comment convaincre la diaspora timoraise de se joindre au processus de reconstruction, a demandé M. Annabi en écho aux délégations. Il a expliqué que la question a été soulevée et des efforts sont menés pour que certains Timorais qui ont étudié dans les universités indonésiennes soient encouragés à rentrer. D'autres part, l'Organisation internationale pour les migrations a lancé un programme pour encourager le retour de 300 Timorais de la diaspora. Il ne faut pas oublier, a souligné M. Annabi, que la diaspora, habituée à une vie meilleure, aurait quelques difficultés à accepter le niveau des rémunérations que le pays peut offrir pour l'instant. Il s'agit d'une question importante qu'il faut étudier. Quant à la création d'un secteur privé, M. Annabi a lié la question au processus global de reconstruction en soulignant que les choses partent de zéro. S'agissant de la coopération entre l'ATNUTO et les dirigeants timorais, M. Annabi l'a qualifiée de bonne tout en faisant état d'une certaine frustration partagée par les dirigeants timorais qui voudraient que la vie des Timorais s'améliore plus rapidement.
Terminant sur la question concernant les effectifs de l'ATNUTO, le Sous- Secrétaire général a affirmé que ces effectifs ne sont en aucun cas supérieurs aux besoins. D'ailleurs la Mission attend les éléments manquants, surtout depuis les récents incidents frontaliers. Une fois que la situation sera stabilisée, le Secrétaire général n'hésitera pas à suggérer au Conseil une réduction des effectifs, a souligné M. Annabi, avant d'évoquer le processus de réconciliation et de qualifier de bon départ, la réunion de Singapour. M. Annabi a encore pris le temps de répondre sur la question du déploiement des forces de police. Il a assuré que dans les deux prochains mois, la Mission aura procéder à un déploiement intégral.
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