En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/7325

LE SECRETAIRE GENERAL INSISTE SUR LA NECESSITE DE LEVER LES OBSTACLES QUI EMPECHENT LES FEMMES DE PARTICIPER AU PROCESSUS DE PRISE DE DECISIONS

17 mars 2000


Communiqué de Presse
SG/SM/7325
WOM/1190


LE SECRETAIRE GENERAL INSISTE SUR LA NECESSITE DE LEVER LES OBSTACLES QUI EMPECHENT LES FEMMES DE PARTICIPER AU PROCESSUS DE PRISE DE DECISIONS

20000317

On trouvera, ci-après, le texte du discours prononcé par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, à l’occasion de la célébration de la Journée internationale des Nations Unies pour les droits de la femme et la paix, le 8 mars :

Je suis très heureux d’être ici parmi vous. Nombre de femmes dans cette salle font œuvre remarquable pour promouvoir la condition de la femme et la paix dans le monde. Mme Robinson, Mme King, et vous toutes ici présentes qui œuvrez pour la paix dans vos communautés et dans vos pays, permettez-moi de dire combien je suis fier que les femmes se soient rassemblées aujourd’hui à l’ONU pour célébrer la paix.

Je constate aussi avec plaisir que nous avons pour animatrices deux femmes journalistes de talent. Je crois qu’il n’est pas un seul sujet d’actualité ou une seule question à l’ordre du jour de l’ONU qui ne concerne pas les femmes. Les femmes sont tout aussi concernées que les hommes par la paix et la sécurité, la sécurité de l’individu, les droits de l’homme, ce qui explique et justifie qu’elles soient ici en grand nombre pour s’attaquer avec force à ces problèmes.

Cette première Journée internationale de la femme du XXIe siècle est consacrée au thème suivant : les femmes unies pour le maintien de la paix. C’est un thème qui réunit deux aspects fondamentaux de la mission de l’Organisation des Nations Unies. La Charte stipule que notre Organisation a pour but de préserver les générations futures du fléau de la guerre; elle proclame en outre l’égalité des droits de l’homme et des femmes. Ce sont là deux défis que nous devons relever.

Le siècle qui vient de s’achever a vu l’apogée puis le déclin de la période des grandes guerres entre États qui n’a fait que céder le pas à la période des guerres ethniques et civiles. Les petites guerres de l’époque actuelle ne sont pas moins meurtrières que les grandes guerres du passé. Certes les armes légères tuent une personne à la fois, mais elles n’en restent pas moins des instruments de mort. Bien souvent, les guerres éclatent dans les sociétés qui sont le moins en mesure d’y faire face, elles s’abattent sur ceux qui le méritent moins, et frappent plus durement ceux qui sont les moins armés pour se défendre. Les civils sont devenus les principales cibles des guerres. Des viols et des déplacements de populations au non-respect du droit à la nourriture et aux médicaments, les femmes portent plus que leur part du fardeau.

Cependant, les femmes qui connaissent le prix des conflits sont aussi, bien souvent, mieux équipées que les hommes pour les prévenir ou les régler. Lorsque la société s’effondre, les femmes jouent un rôle vital en veillant à ce que la vie continue. Lorsque les tensions ethniques causent ou aggravent les conflits, les femmes tendent davantage à lever des ponts qu’à dresser des murs. En réfléchissant à l’impact et aux conséquences de la guerre et de la paix, les femmes pensent d’abord à leurs enfants et à l’avenir qu’ils auront avant de penser à elles-mêmes.

Nous sommes dans une nouvelle ère où le changement est la seule constante, mais la force des femmes existe depuis que le monde est monde. Par l’éducation et la tradition, d’une génération à l’autre, les femmes ont transmis une culture de paix. Selon la tradition ancienne du Caucase, lorsqu’une femme jette son foulard entre deux belligérants, ceux-ci doivent cesser le combat. Sur le continent africain dont je suis originaire, c’est généralement la mère, la tante ou la grand-mère qui inculque aux très jeunes enfants les qualités et valeurs humaines qui permettront une coexistence pacifique au sein de la communauté et entre les différentes communautés.

Dans certaines sociétés ravagées par la guerre, les femmes ont servi d’intermédiaire entre les belligérants, en recherchant un terrain d’entente. Elles se sont rendues dans des camps de réfugiés pour aider les femmes et les enfants déplacés. Elles ont bravé le mépris, et vaincu le manque de confiance des soldats, jusqu’à ce que leur demande de paix soit satisfaite.

A l’ONU, nous sommes bien placés pour reconnaître l’aide inestimable que les femmes apportent à notre personnel de maintien de la paix – en organisant des comités, des associations de femmes au sein d’organisations non gouvernementales et d’associations religieuses – en vue d’apaiser les tensions, et amener les hommes à signer la paix. C’est aussi pour cette raison que nous nous efforçons tout particulièrement de recruter plus de femmes pour nos opérations de rétablissement et de maintien de la paix et d’amener toutes les missions à se soucier davantage des spécificités de chaque sexe. Plusieurs missions (en Afghanistan, au Kosovo et au Timor oriental notamment) comprennent maintenant des groupes chargés des femmes civiles. Nous redoublons d’efforts pour recruter plus de femmes qualifiées dans les opérations de maintien de la paix, à la fois sur le terrain et au Siège. Une fois de plus, j’exhorte les États Membres à inclure des femmes dans les contingents qu’ils nous envoient, et à désigner des femmes parmi les candidats qui postulent pour des emplois à l’ONU, à tous les niveaux.

Les organes des Nations Unies s’emploient quotidiennement à aider les femmes, prendre soin des réfugiés et établir des normes juridiques relatives aux droits de la femme dans les conflits armés. Ils envoient des missions spéciales dans les pays touchés par la guerre, dispensent des soins de santé et des soins post-traumatiques. Ils collaborent avec les femmes une fois que les armes se sont tues dans les pays dévastés par la guerre en aidant les femmes et les hommes à rebâtir les institutions et la société.

Nous savons qu’il n’y a pas de paix durable sans développement. Nous savons aussi qu’il ne peut y avoir de développement si les femmes n’y jouent pas pleinement leur rôle. Cela suppose qu’on élimine les obstacles qui empêchent les femmes de participer à la prise des décisions et qu’on donne aux femmes la possibilité d’accéder à la terre. Cela suppose aussi qu’on veille à leur sécurité et à celle de leur famille, qu’on s’assure qu’elles exercent pleinement leurs droits fondamentaux et politiques. L’ONU travaille de concert avec ses partenaires au sein des pouvoirs et de la société civile sur le plan national aussi bien qu’international – pour atteindre ces objectifs.

Ces objectifs ont été pour la plupart adoptés il y a cinq ans par les gouvernements lors de la quatrième Conférence internationale sur les femmes, à Beijing. En juin de cette année, l’Assemblée générale tiendra une session extraordinaire pour évaluer les progrès accomplis dans la réalisation de ces objectifs. Le Programme d’action de Beijing a recommandé que les femmes soient protégées et leurs droits fondamentaux respectés en cas de conflits. Il a aussi préconisé que les femmes participent davantage au processus de prise de décisions sur le règlement des conflits, et qu’on adopte pour un grand nombre de conflits des formes non violentes de règlement. Bref, le Programme d’action nous engage tous à ouvrir la voie à une culture de paix.

Il est temps à mon sens que cette culture prenne racine car, dans le monde actuel, ce qui touche une nation nous concerne tous. Ce n’est pas notre race, ni notre croyance, ni notre appartenance à une zone géographique qui font de nous des êtres humains. Ce qui donne un sens et du poids à notre existence, c’est l’espoir que nos enfants et nos petits enfants pourront mener une vie décente, libérés de toute crainte et de tout besoin. Assurément, c’est là notre vœu commun.

Unissons donc nos efforts pour tenir les promesses du Programme d’action de Beijing. Tirons parti du travail accompli par les femmes dans le monde pour instaurer la paix pour les générations futures. Mettons à profit le pouvoir des femmes unies en faveur de la paix.

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