LA REPUBLIQUE DU CONGO FAIT PART DE SON ENGAGEMENT A FAIRE RESPECTER LES DROITS DE L'HOMME ET INSTAURER L'ETAT DE DROIT
Communiqué de Presse
DH/258
LA REPUBLIQUE DU CONGO FAIT PART DE SON ENGAGEMENT A FAIRE RESPECTER LES DROITS DE LHOMME ET INSTAURER LETAT DE DROIT
20000313Les experts jugent insuffisantes les réponses à leurs questions, en particulier sur l'amnistie
Les autorités du Congo semploient, dans un contexte difficile, à faire respecter tous les droits de lhomme sur tout le territoire du pays, notamment en prenant des mesures pour assurer un comportement adéquat des forces armées légales et de maintien de lordre envers la population, a déclaré, cet après- midi, M. Basile Ikouebé, Représentant permanent de la République du Congo auprès des Nations Unies, devant le Comité des droits de l'homme. Le Comité procédait à lexamen du deuxième rapport périodique présenté par la République du Congo sur les mesures arrêtées par ce pays et qui donnent effet aux droits énoncés dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. La République du Congo a adhéré au Pacte, ainsi quà son premier Protocole facultatif le 4 octobre 1983.
Le représentant permanent de la République du Congo a souligné que la guerre civile de laquelle sort le Congo, a incité les autorités du pays à la plus grande vigilance en ce concerne le strict respect de la défense des droits de lhomme, notamment dans les zones les plus affectées par le conflit. Le rapport ayant été élaboré en 1996 la délégation a présenté des informations nécessaires à sa mise à jour. Le rapport est essentiellement fondé sur la Constitution de 1992 qui a ensuite été abrogée.
LActe constitutionnel de 1997 met en avant légalité entre les citoyens et entre les sexes, et le respect de la vie est un des soucis majeurs qui ont guidé laction du Congo en matière de droits de lhomme et la rédaction du rapport, a déclaré Mme Oba-Omoali, Directrice des droits de lhomme au Ministère congolais de la justice. Quant aux violations de la liberté de circulation des personnes dans la région du Pool, elles ont en fait été commises par les milices armées fidèles à lancien régime, a affirmé la représentante.
Au cours de l'échange de questions et de réponses qui a suivi la présentation du rapport, les experts du Comité ont fait part de leurs préoccupations devant linsuffisance des réponses apportées par la délégation congolaise aux questions écrites qui lui avaient été soumises. Le Comité a posé à la délégation du Congo une série de questions orales complémentaires, portant notamment sur les conditions de détention pénitentiaires, les mesures damnistie, et linstauration de létat dexception.
La délégation de la République du Congo était composée de M. Basile Ikouebe, Représentant permanent auprès de lOrganisation des Nations Unies; M. Sylvain Bayalama, Conseiller administratif et juridique du Ministre des affaires étrangères, de la Coopération et de la Francophonie; Mme Rébecca Oba- Omoali, Directrice des droits de l'homme au Ministère de la Justice et de M. Blaise Gotienne, Ministre Conseiller à la Mission permanente du Congo auprès des Nations Unies.
Le Comité poursuivra lexamen du rapport de la République du Congo demain mardi 14 mars, à partir de dix heures.
EXAMEN DU DEUXIEME RAPPORT PERIODIQUE DE LA REPUBLIQUE DU CONGO Rapport (CPR/C/63/Add.5)
Ce rapport périodique est le deuxième présenté par le Gouvernement de la République du Congo conformément au paragraphe 1 de larticle 40 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Il complète et actualise le rapport initial soumis le 12 février 1986. Ce rapport a été établi après que le Code institutionnel congolais ait subi deux modifications majeures provoquées premièrement par le vote dune nouvelle Constitution nationale en République du Congo, Constitution dont le préambule fait référence à La Déclaration universelle des droits de lhomme de 1948, à la Charte africaine des droits de lhomme et des peuples de 1981, et à tous les textes internationaux pertinents et relatifs aux droits de lhomme ratifiés par le Congo. La nouvelle Constitution de la République du Congo incorpore aussi les données nouvelles de la Charte de lunité nationale et de la Charte des droits et libertés adoptées par la Conférence nationale souveraine le 29 mai 1991 à Brazzaville. La deuxième modification apportée au Code institutionnel congolais provient des amendements apportés aux lois sur la procédure pénale et à la réorganisation du système judiciaire afin dadapter la politique judiciaire aux normes établies par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, est-il déclaré dans ce rapport.
Il est stipulé dans ce document que, comme le prévoit le paragraphe 2 du Pacte, la Constitution du Congo prévoit que le peuple congolais a le droit de disposer de lui-même et de raffermir son indépendance, et de coopérer avec tous les peuples qui partagent ses idéaux de paix, de liberté, de justice, de solidarité humaine, sur la base des principes dégalité, dintérêt réciproque et de respect mutuel, de souveraineté et dintégrité territoriale. Cette Constitution garantit à toutes les communautés de la nation congolaise la liberté de lutilisation de leurs langues et de la pratique de leurs cultures à la condition de ne pas porter préjudice à autrui. Concernant les droits de résidence, de circulation et de mouvement des Congolais et des étrangers, le texte dit que tout citoyen jouit de la liberté de circulation sur le territoire national et de choisir librement son lieu de résidence. Les citoyens congolais ont le droit de sortir librement du territoire et dy revenir sils ne font pas lobjet de poursuites judiciaires. Les étrangers jouissent des mêmes droits et libertés que les citoyens congolais, à lexception de ceux garantis aux nationaux par les articles 5, 6, 7 et 25 de la Constitution. Il leur est reconnu le droit de former des associations apolitiques et dy adhérer, et il convient de signaler que les nouvelles dispositions leur permettent daller et venir en liberté, alors que naguère, toute sortie hors du territoire national était soumise à une autorisation de sortie délivrée par le Ministère de lintérieur. Les étrangers ne peuvent faire lobjet dune expulsion quà la suite dune décision de justice dûment rendue, elle-même subordonnée à la commission dune infraction.
Concernant légalité devant la loi, la Constitution congolaise, est-il stipulé dans le rapport, assure légalité de tous les citoyens devant la loi, sans discrimination dorigine, de situation sociale et matérielle, dappartenance raciale, ethnique et régionale, de sexe, dinstruction, de langue, dattitude vis-à-vis de la religion ou de la philosophie, et du lieu de résidence. LEtat a, dautre part, le devoir de veiller à lélimination de toute forme de discrimination à légard de la femme et dassurer la protection de ses droits dans tous les domaines de la vie privée et publique en respect des Déclarations et Conventions internationales ratifiées par le Congo. Les garanties de droits de recours sont assurées par la Constitution conformément au paragraphe 3 de larticle 2 du Pacte. Tout individu peut intenter une action en justice devant un Tribunal de grande instance. Si le jugement ne le satisfait point, il peut faire appel devant la Cour dAppel et peut ensuite se pourvoir en cassation devant la Cour suprême si larrêt de la Cour dappel ne le satisfait pas. Tout citoyen a le droit dester en justice sil subit un préjudice du fait dune action de ladministration.
Concernant les questions de torture et desclavage, le rapport du Congo précise que la nouvelle Constitution dispose en son article 16 que «tout acte de torture, et tout traitement inhumain ou dégradant sont interdits.» Quiconque se rend coupable de ces actes est puni conformément à la loi. Cette évolution de la loi fondamentale devrait permettre à la République du Congo dadhérer à la Convention internationale contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Quant à lesclavage, il est interdit sous toutes ses formes, et nul ne peut être astreint à un travail forcé, sauf dans le cas dune peine privative de liberté prononcée par un tribunal. Il est dautre part interdit demployer des enfants de moins de 18 ans à des travaux pouvant compromettre leur moralité et leur santé.
Concernant les dispositions du Code de procédure pénale, les textes prévoient que toute personne arrêtée en vertu dun mandat damener et qui a été gardée plus de 72 heures en maison darrêt sans avoir été entendue, est considérée comme arbitrairement détenue, et tous magistrats ou fonctionnaires ayant ordonné ou sciemment toléré cette détention doivent être punis selon les termes des articles 119 et 120 du Code pénal. Les conditions de détention légales sont réglées par les dispositions du Code, qui stipule que chaque maison darrêt doit comprendre deux quartiers distincts suivant le genre de vie des prévenus, et chaque quartier doit lui-même être divisé en entités réservées respectivement aux hommes et aux femmes, de telle façon quil ne puisse y avoir aucune communication entre eux. Les délinquants primaires doivent être séparés des récidivistes; les jeunes des adultes; les mineurs des autres délinquants, et les prévenus des condamnés.
Concernant les libertés politiques et de réunion et dassociation, la Constitution du Congo déclare que tout citoyen a le droit de créer un parti, un syndicat, des associations, ou dy adhérer, et tous les citoyens ont le droit de se réunir paisiblement sans déclaration ni autorisation. Les rassemblements et manifestations pacifiques sur la place publique sont réglementés et la liberté de cortège est garantie, la loi déterminant les termes de sa jouissance. Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques stipulant quen période de danger public proclamé par un acte officiel, les Etats parties peuvent déroger à leurs obligations quand la situation lexige, le Congo, qui a connu ce genre de période difficile, a inclus dans sa Constitution des dispositions pour y répondre. Aux termes de la Constitution, le Président de la République peut décréter en Conseil des ministres un état durgence sur tout ou partie du territoire national, et un état de siège en cas de menace étrangère, dinsurrection à main armée, ou de faits graves survenus lors de létat durgence. Dans les deux cas, le Parlement se réunit de plein droit sil nest pas en session, pour apprécier la légalité de la décision du Président de la République, et la prorogation de létat de siège et de létat durgence au-delà de quinze jours ne peut être autorisée que par le Parlement.
Au moment de la parution de ce rapport, seuls le Gouvernement et le Parlement étaient déjà mis en place en République du Congo. Les textes prévoyant et organisant la mise en place dautres institutions, comme la Haute Cour de justice, la Cour suprême, le Conseil supérieur de la magistrature, le Conseil constitutionnel, le Conseil économique et social et le Conseil supérieur de linformation et de la communication étaient cependant déjà pris par le Gouvernement. Les auteurs du rapport stipulent que le Forum national pour la culture de la paix, qui sest tenu à Brazzaville du 19 au 24 décembre 1994, a identifié les causes des perturbations sociopolitiques qui ont menacé lunité du pays et mis en péril les institutions. Lintolérance, la violence, et linsécurité observées ces dernières années tendent progressivement à disparaître, et le Gouvernement et lensemble de la population congolaise travaillent à renforcer la dynamique de la paix en mettant un accent sur: la promotion et le respect des droits de lhomme, sur la culture de la démocratie et de la paix, et sur la recherche permanente des causes des conflits et la défense des libertés fondamentales.
Liste des questions écrites des experts à la République du Congo (CCPR/C/68/L/COG)
Les questions écrites soulevées par les experts portent notamment sur le cadre constitutionnel et juridique dans lequel le Pacte est appliqué (art.2). A cet égard, les experts souhaitent obtenir des informations sur la période de transition entamée en octobre 1997 et sur le processus devant conduire à létablissement dune nouvelle constitution et à lorganisation délections générale, tant présidentielles que législatives. Ils veulent savoir quelle est la place du Pacte en droit congolais, sil peut être invoqué devant les tribunaux et sil est appliqué par les tribunaux, et demandent des exemples concrets. Les experts veulent aussi savoir sil existe un mécanisme indépendant dobservation des violations des droits de lhomme et dexamen des plaintes, si lObservatoire congolais des droits de lhomme subit, comme cela est souvent affirmé, des entraves dans la conduite de ses activités, et si tel est le cas, pourquoi. Ils demandent, en outre, des renseignements sur les activités de sensibilisation et de formation visant à faire connaître le Pacte aux agents de la fonction publique, aux enseignants, aux juges, aux avocats, aux membres de la police et des forces armées et à dautres parties concernées par le Pacte. Ils veulent également obtenir des renseignements sur la façon dont la jouissance des droits au titre du Pacte est affectée par laction des milices privées et par les interventions armées étrangères.
En ce qui concerne le droit à la vie; les disparitions et le traitement des personnes et des détenus; et le droit à la liberté et à la sécurité de la personne (art.6, 7, 9, 10 et 16), les experts veulent savoir quelles sont les mesures juridiques qui sont prises pour faire obstacle aux violations des droits de lhomme par les forces de sécurité, dont les forces armées nationales et étrangères, et par les milices, violations qui se manifestent, notamment, par des exécutions extrajudiciaires, des disparitions, des enlèvements, la torture, des détentions arbitraires et des viols. LEtat partie a-t-il mené ou entend-il mener des enquêtes et traduire les auteurs de tels crimes en justice, interrogent les experts, en demandant des informations détaillées à cet égard.
Les experts du Comité des droits de lhomme sinterrogent, par ailleurs, sur légalité des sexes et le principe de non-discrimination (art.3 et 26). Ils demandent quelles mesures ont été prises par lEtat partie pour éliminer toutes les formes de discrimination à légard des femmes, quelles sont les mesures quil a prises ou envisage de prendre pour lutter contre les sévices de toutes sortes dont la femme est victime, y compris la violence au foyer, les viols, en particulier ceux commis par les forces armées et les milices, et de quels
recours disposent les victimes. Ils demandent aussi quelles mesures la République du Congo envisage de prendre pour promouvoir la participation de la femme à la vie politique, économique et sociale du pays et souhaitent obtenir des données chiffrées sous forme de pourcentages.
Pour ce qui est du droit à la libre circulation (art.12), les experts demandent des renseignements sur les déplacements de population et sur les moyens de protéger les personnes déplacées, notamment à Brazzaville et à Pointe Noire. Ils demandent aussi à la République du Congo de fournir des informations sur les conditions du retour des réfugiés dans leur propre pays.
Sagissant du droit à un procès équitable (art.14), les experts demandent quelles mesures concrètes la République du Congo envisage de prendre pour assurer lindépendance effective de la magistrature et mettre la justice à labri de toutes les interférences, dont les interférences politiques, et souhaitent obtenir des précisions sur les garanties réelles entourant la condition des juges. Ils demandent aussi dans quelles conditions le secret de la correspondance peut être levé et quelle est la pratique en la matière. La République du Congo est invitée à préciser si les écoutes téléphoniques continuent à être utilisées et le cas échéant dans quelle mesure.
Pour ce qui est du droit à la liberté dexpression et de réunion (art.19 et 21), les experts demandent quelles sont les mesures concrètes que lEtat partie envisage de prendre à leffet de garantir les libertés de réunion et dexpression, y compris la liberté de la presse et la protection des journalistes contre les pressions et les intimidations.
Les experts sinterrogent aussi sur la protection de lenfance (art.24). Ils demandent quels sont les règles et mécanismes pour la protection des enfants et, en particulier, des enfants abandonnés et, dune manière générale, ceux qui sont en situation vulnérable. Des informations sont aussi demandées sur lenrôlement et le rôle des enfants dans les milices privées. Enfin, en ce qui concerne le droit à légalité et à la non-discrimination, et le droit des personnes appartenant à des minorités (art.8, 26 et 27), les experts demandent des précisions sur la condition des groupes ethniques, et en particulier de la population pygmée, qui serait marginalisée dans le domaine de la santé et de lemploi et qui subirait encore un système d'esclavage.
Présentation et réponses de lEtat Partie aux questions du Comité
M. BASILE IKOUEBE, Représentant permanent du Congo auprès de lONU a déclaré que les autorités du Congo semploient, dans un contexte difficile, à faire respecter les droits de lhomme sur tout le territoire du pays, notamment à travers des mesures dordre politique, législatif, administratif, juridique et bientôt par la promotion de lenseignement et la diffusion des droits de lhomme, notamment en milieu très ciblé comme celui de la force publique, cest-à-dire les agents de larmée, de la police, de la gendarmerie. Le représentant a insisté sur la difficulté à garantir le respect des doits de lhomme dans le contexte de guerre civile dont sort le Congo, en soulignant que durant de telles périodes, les autorités doivent faire preuve de la plus grande vigilance.
Le Rapport de la République du Congo a été élaboré en 1996, cest-à-dire avant les troubles sociopolitiques, les guerres civiles de 1997, 1998 et 1999. Le Cadre constitutionnel était à cette période-là établi par la Constitution du 15 mars 1992, qui a été abrogée par lActe fondamental du 24 octobre 1997. Le fonctionnement du régime parlementaire institué par la Constitution de 1992 nétait pas encore entré dans les moeurs de la classe politique. Linterpétation de larticle 75 de la Constitution de 1992 aux termes duquel le Président de la République devait avoir la prérogative de nommer un Premier Ministre sur la base des résultats des élections législatives, a été à lorigine de troubles après lesquels le régime parlementaire a été abrogé et le régime présidentiel a été institué.
Le rapport que nous présentons, a dit Mme REBECCA OBA-OMOALI, Directrice des droits de lhomme au Ministère congolais de la justice, fait fréquemment référence à la Constitution de 1992 et sa première partie traite du droit à lautodétermination, tandis que la seconde est relative à légalité de tous les citoyens. LActe fondamental a réaffirmé le principe de légalité de tous les citoyens, et entre les hommes et les femmes. La troisième partie du rapport porte sur les articles qui mettent en exergue le respect de la vie, qui interdisent lesclavage, la torture, et qui prônent la sécurité de la personne. Ces normes font partie de tout larsenal juridique du Congo et sont appliquées sans faille. Concernant la question spécifique des droits des enfants, il existe des textes précis en ce domaine, dont lapplication est entièrement respectée et assurée par les organes judiciaires nationaux. Sur un autre chapitre sensible, cest-à-dire les conditions pénitentiaires, le bon traitement des détenus est garanti par les textes en vigueur aujourdhui. Concernant la liberté de mouvement des personnes, une question qui semble être au coeur des débats en ce qui concerne le Congo, il faut savoir quavec la signature des accords de cessez-le-feu, et la fin de la guerre civile, bientôt les populations auront retrouvé leur entière liberté de mouvement dans la région du Pool. A lépoque des troubles, cette liberté a été entravée par les milices Ninjas et Cocoyes qui sont originaires de cette région et qui ont voulu la récupérer et la retenir comme étant leur patrimoine. Quant aux libertés politiques fondamentales, la représentante a déclaré au Comité que le contexte actuel daccalmie, de réconciliation et de retour à la paix civile est de plus en plus favorable à la liberté de parole, dexpression et de réunion.
En ce qui concerne la période de transition entamée en octobre 1997 et au sujet du processus devant conduire à létablissement dune nouvelle Constitution et lorganisation délections générales, Mme Oba-Omoali a rappelé que le Président Sassou Nguesso a organisé en 1997 un Forum national pour la reconstruction, lunité et la démocratie qui a débouché sur la constitution dun Conseil national de transition. Celui-ci a fixé une période de transition de trois ans flexible. Après un recensement administratif et la création dune Commission chargée délaborer la nouvelle constitution, la période de transition devair sachever par des consultations électorales. La Commission constitutionnelle a été mise en place en juillet 1998 afin de rédiger lavant- projet de la nouvelle constitution. La situation financière caractéristique des périodes daprès-guerre a cependant empêché de terminer les consultations prévues au niveau local.
Le Représentant permanent, M. BASILE IKOUEBE, a précisé que la période de transition devait être flexible du fait du contexte difficile qui prévalait en 1997 au Congo. Lidée était que cette période ne dépasse pas trois ans. Malheureusement, dès la première année, une guerre terrible a ravagé quatre des dix régions du Congo, y compris la capitale. Le tiers de la population a été déplacé à lintérieur et hors des frontières du pays, empêchant lorganisation délections. En outre, toutes les infrastructures de base avaient été saccagées par les milices armées. Dici quelques mois, toutes ces personnes devraient avoir réintégré leur foyer, a déclaré M. Ikouebe. Nous sommes en mesure de réinstaller ladministration. Nous attendons de la communauté internationale quelle nous aide dans ces opérations de réinsertion, de restauration des infrastructures. Nous avons aussi un volet dialogue politique. Nous ne pouvons donc pas précipiter notre propre réflexion sans nous être assurés avec lensemble de la société du nouveau calendrier à mettre en place. La restauration des infrastructures et des services administratifs devrait aussi faciliter la tenue délections. Un référendum constitutionnel va avoir lieu sous peu et établira le cadre juridique qui permettra dorganiser les nouvelles échéances.
En ce qui concerne la place du Pacte en droit congolais, Mme OBA-OMOALI, a indiqué quil avait valeur supralégale et faisait partie des règles juridiques applicables par les juridictions du Congo. Le Conseil national de transition a, à son ordre du jour, une réflexion sur cette nouvelle période. Mme Oba-Omoali a ensuite répondu à la question du Comité concernant les mécanismes indépendants dobservation des droits de lhomme, et les allégations dentraves aux activités de lObservatoire congolais des droits de lhomme (OCDH). Elle a précisé quil y avait une séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire au Congo. Le pouvoir judiciaire possède, par le biais de ses tribunaux, un mécanisme indépendant dobservation des violations des instruments relatifs aux droits de lhomme. Tout citoyen qui sestime lésé peut saisir ces juridictions. Le Conseil national de transition, cest-à-dire le Parlement, est habilité à veiller à la défense et à la promotion des droits de lhomme. Il peut interpeller par écrit ou oralement les membres du gouvernement. Au sein du Ministère de la justice, la Direction de la protection et de la promotion des droits de lhomme qui peut être saisie de plaintes, mène des enquêtes et travaille en étroite collaboration avec le Procureur de la République. A ce propos, la représentante a insisté sur le fait que lOCDH navait jamais été inquiété, bien que cette ONG divulgue parfois des informations diffamatoires. Cette ONG participe même à part entière aux travaux du Gouvernement dans le domaine de la protection des droits de lhomme. La Fédération internationale des droits de lhomme (FIDH) a été invitée à venir au Congo observer la situation. Mme Oba-Omoali a souligné le fait que les activités de sensibilisation et de formation visant à faire connaître le Pacte, notamment aux agents de la fonction publique, sont au coeur même de laction du Ministère de la Justice.
Répondant à la question du Comité concernant la façon dont la jouissance des droits au titre du Pacte est affectée par laction des milices privées et par les interventions armées étrangères, la représentante a informé le Comité que les milices privées avaient été dissoutes. Elle a reconnu quil pouvait exister des résidus de milices privées dans la région du Pool, tout en insistant sur le fait que le chef de ces milices est en faveur de leur dissolution définitive.
Reprenant la parole, le Représentant permanent du Congo, M. IKOUEBE a jugé erroné de parler de la présence darmées ou de forces étrangères au Congo. Il est vrai, a-t-il dit, que lors de la guerre civile de 1997, alors que le pouvoir en place à lépoque avait procédé au recrutement de mercenaires - qui ont été arrêtés, présentés les forces du général Sassou Nguesso ont effectivement bénéficié de lappui de lAngola qui est intervenu au Congo dans le cadre de la défense de ses intérêts nationaux. En octobre 1997, les aéroports de Brazzaville et de Pointe-Noire étaient occupés par les bandes de lUNITA et par des éléments de ce quon appelle le Front de libération de lenclave de Cabinda. Aujourdhui, un rapport qui va être discuté au Conseil de sécurité, semble indiquer que le Président Lissouba a bénéficié de lappui de lUNITA. Il est cité nommément dans le rapport de trafic darmes et de diamants. A cette époque, notre pays a violé les sanctions contre lUNITA. Je le confirme, a dit le représentant, pas pour enfoncer des absents, mais jai, à lépoque, été saisi, en tant que Secrétaire général du Ministère des affaires étrangères, dune demande pour autoriser louverture dune représentation diplomatique de lUNITA à Brazzaville. Il a dit avoir alors attiré lattention sur le fait que ceci serait contraire aux directives internationales. A la fin de la guerre, nous avons demandé à nos alliés angolais de nous aider à réorganiser nos forces armées qui nexistaient plus, a-t-il ajouté.
Répondant ensuite à la question portant sur le droit à la vie, Mme OBA- OMOALI a déclaré quaprès la signature des accords qui ont mis fin à la guerre, il y a eu de grands changements. Des milliers de rebelles sont sortis des forêts. Les populations civiles qui avaient été prises en otages comme boucliers humains ont réintégré leur habitat normal. Cette évolution sest faite grâce au Gouvernement du Congo dont les actions en faveur du processus de paix ont aussi permis le retour au pays de nombreux exilés politiques qui se sont joints au mouvement en faveur de la paix et de la réconciliation. Des actions en faveur du retour des populations déplacées par le conflit dans leurs régions dorigine ont été lancées par le Gouvernement et avec le soutien du Comité international de la Croix-Rouge. Les autorités du Congo sont fermement décidées à faire appliquer dans la pratique les textes qui existent en faveur de la protection des droits de lhomme. La représentante a affirmé que même sil y a une loi damnistie, les requêtes dénonçant les violations de droits humains sont suivies par des enquêtes. Il y a une ferme volonté de ne pas permettre lexistence dune culture dimpunité au Congo, et sil y a des manquements, ils sont la conséquence dun manque de moyens dont les magistrats et les forces de lordre ont besoin pour faire respecter la loi, a dit la représentante.
Concernant les conditions de détention dans les prisons, un membre de la FIDH a récemment déclaré que même à Fleury-Mérogis (prison française) la qualité des conditions de détention ne valent pas celles de la maison darrêt de Brazzaville, a affirmé Mme Oba-Omoali. Il y a des téléviseurs dans chaque compartiment. Le CICR a le droit de visite. Les autres centres pénitentiaires du Congo sont certes de qualité discutable, mais la volonté du Gouvernement de les améliorer est évidente. Ainsi, un budget de 400 millions de Francs CFA a été débloqué pour la réhabilitation de la maison darrêt de Pointe-Noire, malgré le difficile contexte économique actuel.
En réponse à la question concernant légalité des sexes, Mme Oba-Omoali a rappelé que le Congo est partie à la Convention internationale pour lélimination de toutes formes de discrimination à légard des femmes. Mais les comportements culturels ont tendance à prévaloir sur les textes. Les veuves par exemple, souvent, ne saisissent pas les juridictions lorsque leurs droits sont violés, car elles craignent des pratiques occultes contre leurs enfants. Souvent donc, les femmes préfèrent ne pas porter au grand jour les abus dont elles sont victimes. Les femmes au Congo se battent néanmoins pour que les textes issus des grandes conférences sur les femmes, dont celle de Beijing, soient appliqués.
M. IKOUEBE, Représentant permanent, a reconnu que des viols avaient effectivement été commis lors du conflit. Ils étaient essentiellement le fait de bandes de jeunes qui se sont trouvés en possession darmes et ont exercé des violences contre les personnes les plus vulnérables. Au moment du retour à la paix, le Gouvernement a cependant sévi chaque fois que des victimes reconnaissaient des auteurs de ces violences.
En ce qui concerne la liberté de circulation et de mouvement, et notamment les problèmes qui se sont posés, Mme OBA-OMOALI a réaffirmé la responsabilité des milices Ninjas et Cocoyes. Mais aujourdhui, avec la signature des accords, cette liberté se rétablit progressivement. Le Gouvernement, a-t-elle dit, sest attelé à rétablir des conditions de vie normales, notamment à travers la réouverture des axes de communications, dont le chemin de fer Congo-Océan.
M. IKOUEBE a souhaité apporter des informations supplémentaires sur les conditions du retour des réfugiés, des milliers de Congolais qui étaient principalement en République démocratique du Congo (RDC) et au Gabon. Il y a plusieurs mois, un accord a été signé avae la RDC et avec le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) et, durant les derniers mois, ces personnes ont regagné Brazzaville en masse. Quant aux populations qui se trouvaient au Gabon, elles rentrent librement depuis lAccord de décembre 1999. Elles redoutaient surtout de revenir dans des zones en conflit et de servir de boucliers humains aux milices. Il ny a plus de problème de ce côté-là. Beaucoup de celles qui étaient en Amérique ou en Europe sont rentrées aussi et participent au processus de dialogue. Dautres attendent peut-être quil y ait ce quon a appelé une table ronde politique comptant peut-être quil serait alors plus facile de mieux se partager le gâteau politique.
Mme OBA-OMOALI a affirmé que lActe fondamental consacre le secret de la correspondance et des télécommunications. Elle a reconnu que lorsquune procédure est engagée pour des besoins denquête, il peut y avoir des entorses à ce principe. Cependant par manque de moyens techniques, ces entorses en pratique ne se produisent pas. Elle a précisé que le Garde des Sceaux pouvait donner des instructions au Procureur de la République sur lopportunité dengager des poursuites, ou de les arrêter dans lintérêt de lordre public et de la paix. Mais en fonction du principe selon lequel la parole est libre, et la plume est serve, le Procureur de la République peut prendre des décisions contraires aux orientations du Garde des Sceaux. Le Siège qui est appelé à prononcer les décisions ne reçoit aucune injonction. Les décisions sont issues des délibérations de la Cour. Les textes affirment lindépendance de la magistrature, mais les ressources financières, humaines, ainsi que les possibilités de formation doivent être suffisantes pour que cette indépendance soit effective, a souligné la représentante.
Questions du Comité
M. ABDELFATTAH AMOR , Expert de la Tunisie, a salué la volonté et la détermination des autorités de la République du Congo à changer les choses et à le faire le plus rapidement. Le tableau demeure inquiétant. Les exécutions sommaires et extrajudiciaires, la torture, les viols, les atteintes à la liberté dexpression, ont-t-ils disparu? a-t-il demandé. LExpert a noté que les viols avaient été particulièrement nombreux en 1999 et se poursuivaient aujourdhui, selon le Coordonnateur de laide humanitaire. Il a souhaité savoir ce que font les autorités pour endiguer ce phénomène. Il reste 410.000 personnes déplacées au Congo, a rappelé M. Amor, demandant quelles sont les mesures prises pour garantir le retour de ces personnes en toute sécurité, afin quelles participent aux prochaines élections. La politique de la main tendue accompagnée dune politique damnistie permettent-elles damnistier ce qui est inamnistiable, a- t-il également demandé. Comment concilier la politique de la main tendue, la politique damnistie, avec le problème de limpunité qui se pose avec une acuité particulière? LExpert a aussi demandé des informations supplémentaires sur lapplication et les effets concrets du dernier accord de cessez-le-feu de décembre 1999. Il a souhaité savoir dans quelle mesure les partis politiques ont été réellement démilitarisés et les milices effectivement dissoutes. En ce qui concerne les forces armées, M. Amor a noté quelles sont politisées. Il a ajouté que beaucoup de viols étaient imputés aux forces armées congolaises, mais aussi étrangères. Il a plus particulièrement évoqué les troupes angolaises qui ont été accusées de graves crimes LExpert a voulu savoir savoir si ces troupes étaient encore présentes au Congo et ce qui a été fait pour tenter de poursuivre les membres de ces troupes soupçonnés de crimes. Il a demandé des précisions sur lindépendance de la magistrature. La justice peut-elle fonctionner à labri des interférences politiques et ethniques? Il sest étonné que de ce que la délégation du Congo affirme que les autorités ne pouvaient pas violer le secret de la correspondance par manque de moyens technologiques. Des violations de ce secret, suivies deffets, y compris contre des enfants, ont eu lieu par le passé, a déploré M. Amor, qui a souhaité savoir si ce genre de violations continuait.
M. MAXWELL YALDEN, Expert du Canada, a demandé à la délégation congolaise sil existait un mécanisme indépendant dobservation des violations des droits de lhomme et dexamen des plaintes. Le seul élément de début de réponse au souci que se fait le Comité sur ce plan, a-t-il dit, vient dun document dans lequel il est brièvement fait mention de la création future dun mécanisme national de défense des droits de lhomme. Mais cette commission jouira-t-elle réellement de lindépendance que ce genre dorganes doit avoir vis-à-vis des structures publiques ? Le Comité aurait voulu dautre part savoir si les normes et les standards énoncés sur le plan international en faveur de la promotion de la femme sont réellement respectés, et si la situation des femmes congolaises répond à lévolution que lon attend sur la base des textes et des sommets internationaux.
Prenant ensuite la parole, M. SOLARI YRIGOYEN, Expert de lArgentine a relevé que la délégation de lEtat Partie na pas répondu à la question de savoir dans quelle mesure les Congolais pouvaient réellement exercer leurs droits et leurs libertés politiques. On note que le Conseil national de transition, composé de 75 membres, tient indirectement son mandat du Président de la République. Le pouvoir exécutif semble dominer. Où est donc, dans ce cas, le principe de la séparation des pouvoirs ? Dautre part, cest laction armée initiée par M. Sassou Nguessou qui a empêché la tenue des élections prévues en 1997, a déclaré M. Yrigoyen. Où en est-on aujourdhui ? Les élections prévues en lan 2000 et en 2001 auront-elles lieu ? Et en ce qui concerne les troupes étrangères, dont lAmbassadeur du Congo a nié la présence sur le territoire de son pays, le Président Nguesso a clairement reconnu dans un entretien avec le journal « Jeune Afrique », quil y avait une « faible présence militaire angolaise au Congo ». Les réponsesapportées par la délégation congolaise sur ce point ne sont pas claires, a estimé lExpert. Quant aux responsabilités des atrocités commises pendant la guerre civile, il est clair quelles ne sont pas seulement le fait des milices Cocoyes et Ninjas, mais aussi des Cobras, a-t-il continué, en relevant que le nombre des victimes de la guerre reste inconnu. Le Gouvernement congolais semble incapable de faire la lumière sur les questions qui lui sont posées sur cet aspect de la situation : est-ce à dire quil le fait par volonté de laisser impunis les auteurs des sévices ? La délégation du Congo na donné aucune réponse sur la manière dont justice sera rendue aux victimes.
M. ECKART KLEIN, Expert de lAllemagne, a remercié la délégation pour le matériel distribué. Il a fait part de sa préoccupation au sujet des retards du processus de normalisation. Il a jugé que le retard dans lorganisation des élections porte atteinte aux droits de lhomme en général, car il est à lorigine dincertitudes qui favorisent les violations. LExpert a noté quon lit à larticle 82 de lActe fondamental que le Pacte reste en vigueur alors que larticle 81 stipule que les traités internationaux restent tributaires du principe de réciprocité. Quelles sont les conséquences pour lapplication du Pacte ? Et quel sera le statut du Pacte dans le cadre de la nouvelle Constitution ? Il a demandé aussi des précisions sur la composition du Forum national de la reconstruction du Congo. Il est évident que le Conseil national de transition, dont les membres sont élus par le Forum, nest pas un parlement au sens démocratique du terme, a-t-il estimé. Il a souhaité savoir sil y a une volonté réelle de poursuivre les personnes qui ont commis des crimes atroces, alors quil existe dans le même temps une loi damnistie. Lexpérience a démontré que limpunité nest pas la bonne voie à suivre, a-t-il déclaré.
Mme CHRISTINE CHANET, Experte de la France, a salué lesprit douverture dont ont fait preuve les autorités du Congo au moment de la visite de la FIDH ainsi que lincorporation de membres de lopposition dans le processus dinstauration de la paix. LExperte, se penchant sur la question des prisons, a souhaité savoir si la dignité inhérente à la personne humaine était respectée en détention à létablissement pénitentiaire de Brazzaville, qui parait être devenu une prison modèle du point de vue matériel. Elle a demandé ce quil en était de la séparation entre les adultes et les mineurs. Elle a également cité la lettre dun détenu congolais emprisonné dans un autre établissement, qui fait état de la cohabitation avec des bêtes en tout genre, cafards, souris, serpents, et des maladies qui sévissent dans sa prison, et qui demande notamment au Ministre de permettre aux détenus de jouir de tous les droits qui sont les leurs en dehors du droit à la liberté.
Relevant que selon la délégation, il y a une « léthargie coupable » dont font preuve les magistrats, qui prononceraient cinq condamnations fermes par an à Brazzaville, et un surpeuplement des prisons, lExperte a demandé si ces détentions ont été ordonnées dans des conditions régulières. Ont-elles ont été prononcées à une période antérieure? Elle a noté un problème quant à la conformité de la structure judiciaire avec les normes du Pacte. Elle a salué les mesures de formation des magistrats et suggéré que cette formation commence par les tribunaux et non par la Cour Suprême. LExperte a indiqué avoir limpression que le Code pénal nest pas appliqué concrètement. Elle a souhaité savoir les raisons de ces dysfonctionnements.
La série de questions orales sest poursuivie avec lintervention de M. NISUKE ANDO, Expert du Japon, qui a demandé sil y avait eu des cas où des dispositions du Pacte avaient été invoquées devant les tribunaux. Il a ensuite demandé si les femmes bénéficiaient dans le cadre dun code civil, et en cas de divorce ou dhéritage, dune égalité de traitement avec les hommes. Enfin, concernant les détentions pénitentiaires, il a souhaité quon lui fournisse des précisions sur le fonctionnement des prisons gérées par le secteur privé.
M. LOUIS HENKIN, Expert des Etats-Unis, a fait remarquer que lon devrait sassurer que des moyens de prévention et de dissuasion sont mis en place pour que des événements comme ceux qui se sont déroulés au Congo ne se reproduisent plus. LExpert a voulu savoir qui jouit de limpunité, qui jouit de limmunité et qui sest vu accorder lamnistie. Il a aussi demandé quels crimes avaient été commis par ces personnes ? Qui a été puni ? Et qui est poursuivi ?
M. MARTIN SCHEININ, Expert de la Finlande, est ensuite intervenu pour poser des questions sur les notions détat durgence ou dexception au Congo. Apparemment, a-t-il relevé, ces mesures nont pas été déclarées ni notifiées pendant la période trouble comme le prévoit le Pacte. En ce qui concerne le nombre de détentions, les chiffres ne démontrent-ils pas quil y a des cas de détention arbitraire non déclarés, ce qui laisserait supposer des pratiques de torture ? sest-il demandé.
LORD COLVILLE, Expert du Royaume-Uni, a noté que la loi sur lamnistie stipule que tout acte perpétré dans le cadre de la guerre nest pas considéré comme un crime, alors quun crime motivé par des intérêts personnels est couvert par le Code pénal. Qui décide de classer les actes dans lune ou lautre catégorie ? LExpert a demandé combien de jugements ont été rendus en conformité avec cette loi ? Il a souhaité savoir comment fonctionne la justice dans les régions où les tribunaux ne fonctionnent pas.
* *** *