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CS/1158

MESURES A PRENDRE EN SIERRA LEONE : DESARMEMENT, RECONCILIATION, EXTENSION DE L'AUTORITE DE L'ETAT ET RENFORCEMENT DE SA CAPACITE A ASSURER LA SECURITE

13 mars 2000


Communiqué de Presse
CS/1158


MESURES A PRENDRE EN SIERRA LEONE : DESARMEMENT, RECONCILIATION, EXTENSION DE L’AUTORITE DE L'ETAT ET RENFORCEMENT DE SA CAPACITE A ASSURER LA SECURITE

20000313

Les membres du Conseil imputent la lenteur du processus de paix au Front révolutionnaire uni (FUR) et à Foday Sankoh

La responsabilité des obstacles à la mise en oeuvre des volets de l'Accord de paix de Lomé de juillet 1999, relatif au processus de paix en Sierra Leone, et notamment à un déploiement plus avant de la Mission des Nations Unies, a, pour une large part, été attribuée au Parti du Front uni révolutionnaire (PFUR) et à son Chef, M. Foday Sankoh, lors d'une réunion d’information sur la situation dans ce pays, tenue ce matin par le Conseil de sécurité. Réunis sous la présidence d’Anwarul Karim Chowdhury, Représentant permanent du Bangladesh, les membres du Conseil ont entendu un exposé du Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, M. Annabi, qui a fait part de l'évolution de la situation en ce qui concerne la sécurité, le désarmement, les droits de l'homme et les efforts humanitaires. Au titre des progrès tangibles, M. Annabi a cité la création de divers organes prévus par l'Accord de paix tels que la Commission pour le renforcement de la paix, le Comité de révision de la Constitution, la Commission électorale ou encore la Commission des gestion des ressources stratégiques, de la reconstruction nationale et du développement (CMRRD). M. Annabi a, en revanche, relevé le refus du RUF de coopérer avec la MINUSIL et les déclarations hostiles de Foday Sankoh vis-à-vis de la Mission. Il a également mentionné la faiblesse du nombre et de la qualité des armes restituées par les anciens combattants du Front, ainsi que ses actes de harcèlement envers la population civile et son obstruction à l'action humanitaire.

Il est tout à fait juste d'attribuer au FUR la responsabilité des obstacles au déploiment de la Mission des Nations Unies et au progrès dans la mise en oeuvre du processus de paix, a déclaré le Représentant du Royaume-Uni de retour d'une visite de deux jours dans le pays, effectuée du 8 au 10 mars. Le Royaume-Uni participe aux réunions du Comité conjoint de mise en oeuvre en sa qualité d'observateur. Mettant l'accent sur le manque de crédibilité de la Mission aux yeux de la population sierra-léonaise, le représentant a ainsi affirmé que le peuple est venu à penser que les Nations Unies étaient responsables du départ de l'ECOMOG, le Groupe de contrôle de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (ECOMOG), en qui il avait confiance, pour les remplacer par des contingents onusiens mal équipés et dotés d'un mandat différent. Le représentant a insisté pour que la Mission dispose de contingents au grand complet tant du point de vue qualitatif que quantitatif. Il a annoncé la tenue le 27 mars à Londres, d'une Conférence internationale des donateurs à laquelle participera

(à suivre – 1a)

- 1a - CS/1158 13 mars 2000

notamment le Président sierra-léonais, M. Ahmed Kabbah. Après avoir rendu compte de la réunion de haut niveau de la CEDEAO, convoquée les 1er et 2 mars dernier par le Président malien, Président en excercice de la CEDEAO, le représentant du Mali a souscrit, à l'instar des autres délégations, aux recommandations du Secrétaire général sur les mesures à prendre pour l'avenir.

Explicitées aujourd'hui par le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, ces recommandations visent à faciliter la détermination des priorités et des responsabilités de toutes les parties. M. Annabi a classé les mesures à prendre en quatre rubriques, à savoir, le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des anciens combattants; l'extension de l'autorité de l'Etat à l'ensemble du territoire; la réconciliation nationale et la démocratisation; et le renforcement de la capacité de la Sierra Leone d'assurer sa propre sécurité. Les progrès en la matière, a-t-il déclaré, sont une condition préalable à la tenue des élections parlementaires et présidentielles prévues au printemps 2000 ainsi qu'à la relance économique du pays. La réalisation de ces objectifs dépend certes des ressources matérielles et financières disponibles mais d'abord et surtout de l'engagement des parties en faveur du processus de paix, a insisté le Sous-Secrétaire général. Fixant comme priorité le processus de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des anciens combattants, le représentant de la Sierra Leone a plaidé pour l'établissement d'un calendrier réaliste en la matière et pour ce faire, pour la fourniture par le PFUR d'informations complètes sur le nombres de ses combattants et pour leur adhésion au processus.

A la fin de la réunion, le Président du Conseil a cité les éléments qui doivent figurer dans la déclaration qu'il entend faire à la presse. Il s'agit d'approuver les recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général; de réaffirmer l'importance de la mise en oeuvre des Accords de Lomé; de dire la déception du Conseil face à la lenteur des progrès dans le processus de paix; de demander à tous les signataires des Accords, en particulier le FUR, de prouver leur engagement au processus de paix par le rétablissement de l'autorité de l'Etat dans l'ensemble du territoire et le dépôt des armes; de réaffirmer les sanctions notamment sur les déplacements des membres du FUR; et de se féliciter de la tenue le 27 mars de la Conférence des donateurs. Le Conseil a en outre décidé de modifier la périodicité des rapports du Secrétaire général, en la fixant à 60 jours plutôt qu'à 45 jours.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole : Royaume-Uni, Malaisie, Pays-Bas, Ukraine, Chine, Jamaïque, Mali, Namibie, Tunisie, Argentine, Etats-Unis et Bangladesh. M. Annabi a répondu aux questions posées par les délégations.

Troisième rapport du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (S/2000/186)

Le Secrétaire général indique que depuis le 7 février 2000, des progrès ont été réalisés dans la création et le fonctionnement des divers organes, tels que la Commission pour le renforcement de la paix et le Comité de révision de la Constitution, conformément à l’Accord de paix de Lomé du 7 juillet 1999. Le Parlement a commencé, pour sa part, l’audition, en vue de leur confirmation, de plusieurs candidats appelés à siéger à la Commission électorale nationale et à la Commission de gestion des ressources énergétiques, de la reconstruction nationale et du développement (CMMRRD). Par ailleurs, un plan de réinsertion militaire est en cours d’élaboration dont le premier stade a commencé le 24 février. Il est prévu que ceux qui ne seront pas aptes à servir dans l’armée soient intégrés au programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion. La MINUSIL, souligne le Secrétaire général, est prête à apporter son concours à ce projet crucial, dans les limites de son mandat et de ses capacités.

Du côté de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Secrétaire général indique que le 24 janvier, son Président en exercice, le Président du Mali, Alpha Oumar Konaré, a convoqué la deuxième réunion du Comité conjoint de mise en œuvre qui a adopté plusieurs recommandations visant à accélérer la mise en œuvre de l’Accord de Lomé, en particulier pour ce qui est de l’application des dispositions relatives au processus de désarmement, au cessez-le-feu et à la liberté d’accès des organisations d’aide humanitaire. Les 1er et 2 mars, la CEDEAO a organisé une réunion extraordinaire pour appeler les parties concernées à traduire en mesure concrètes leur engagement en faveur du processus de paix. Dans d’autres domaines du processus de paix, regrette le Secrétaire général, les progrès ont été lents. Le désarmement n’a guère progressé dans les régions septentrionale et orientale et des groupes rebelles ont continué d’y entraver les activités humanitaires et les patrouilles de la MINUSIL et à harceler la population civile.

Après avoir donné le détail de la situation en matière de sécurité; des efforts de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des anciens combattants – qui d’une manière générale, demeure tendue et explosive -; des aspects humanitaires, et de l’axe autour duquel doivent tourner les mesures à prendre, le Secrétaire général observe qu’il reste beaucoup à faire pour promouvoir le processus de paix. Il insiste sur le caractère considérable des ressources matérielles et financières nécessaires. Le Secrétaire général attire donc l’attention de la communauté internationale sur la Conférence des donateurs qui doit se tenir à Londres, le 27 mars et sur la nécessité de verser des contributions au Fonds d’affectation spéciale de la Banque mondiale pour couvrir le manque à recevoir – 20 millions de dollars – et pouvoir financer ainsi le programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion. Le Secrétaire général juge néanmoins qu’il serait utile que les mécanismes des Nations Unies apportent une assistance financière pour divers autres aspects du processus, tels que les petits projets à impact rapide, les affaires civiles, la reconstitution de la police civile, le soutien des partis politiques et d’autres initiatives de démocratisation.

Sur le plan politique, le Secrétaire général affirme qu’il demeure très préoccupé par l’attitude souvent “négative et déconcertante” de M. Sankoh, Chef du Parti du Front uni révolutionnaire (PRUF), à l’égard des principaux éléments du processus de paix et du rôle confié à l’ONU. Selon le Secrétaire général, on conçoit très aisément que la situation actuelle amène à douter sérieusement de la volonté de M. Sankoh d’appliquer scrupuleusement l’Accord de paix. Il invite donc M. Sankoh à dissiper ces doutes d’une manière concrète et sans équivoque. Il condamne aussi la poursuite des violations du cessez-le-feu à l’encontre de civils et de soldats de la paix. Le Secrétaire général dit donc espérer que le renforcement constant de la présence de la MINUSIL contribuera à instaurer un climat de confiance et à accélérer le processus de désarmement, l’acheminement de l’aide humanitaire et le retour à la vie normale de tous les Sierra-Léonais. Il juge nécessaire de réitérer que cette opération de maintien de la paix a été mise en place à la demande des signataires de l’Accord de Lomé qui souhaitaient la présence d’une force neutre de maintien de la paix “dont M. Sankoh”.

Exposé du Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix

M. HEDI ANNABI, Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, a présenté le troisième rapport du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies en Sierra Leone. Il a attiré l'attention sur un fait important survenu depuis la parution du rapport, à savoir la convocation le 9 mars, d'une réunion de haut niveau de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour assurer le suivi de la réunion extraordinaire qui s'est tenue à Bamako, les 1er et 2 mars. Cette dernière réunion a permis la prise de plusieurs décisions concernant l'accès de la MINUSIL et des organisations humanitaires à l'ensemble du pays; la suppression de zones sous contrôle de tel ou tel groupe de combattants; et le contrôle par le gouvernement de toutes les parties du pays. Les décisions prévoient aussi que le désarmement commence dans les provinces Nord et Est du pays et ensuite dans les autres zones, et ce, au fur et à mesure que les infrastructures seront mises en place. M. Annabi a également annoncé que le lendemain, soit le 10 mars, une réunion a été organisée avec les parties sierra-léonaises pour appeler les factions à lever leurs postes de contrôle dans les 48 heures. Poursuivant, le Sous-Secrétaire général a fait part de plusieurs incidents qui ont eu lieu entre la MINUSIL et d'anciens éléments rebelles, après la parution du rapport. Au cours de ces incidents, les forces de maintien de la paix ont été obligées d'abonner leurs armes aux groupes armés. Depuis, des mesures ont été prises pour prévenir de tels incidents à l'avenir. M. Annabi a souligné que l'essentiel des armes prises par les rebelles aux troupes guinéennes n'ont toujours pas été rendues par le RUF. Le 23 janvier, a-t-il ajouté, le convoi d'un bataillon indien a été bloqué par des ex-combattants bien armés du RUF. La MINUSIL, a expliqué le Sous-Secrétaire général, est déployée dans plusieurs villes, comme le précise le rapport du Secrétaire général, et des efforts supplémentaires ont été faits pour déployer des troupes dans la partie orientale du pays. Ces efforts se heurtent toujours au refus du RUF, a précisé M. Annabi. Le 10 mars néanmoins, un convoi de 65 hommes a pu effectuer une mission de reconnaissance mais d'après les rapports reçus aujourd'hui, le déploiement du convoi indien a été interrompu.

Le programme de désarmement s’est poursuivi à un rythme assez lent, a expliqué M. Annabi en expliquant qu’à cette date, 18 332 anciens combattants ont été démobilisés alors que le nombre et la qualité des armes remises reste faible par rapport au nombre connu d’ex-combattants, de nombreux combattants ne se présentant qu’avec des munitions ou des grenades à mains. Passant en revue la situation en matière de droits de l'homme, M. Annabi a affirmé qu’elle demeurait fortement préoccupante, particulièrement dans les zones contrôlées par le RUF.

D’une manière générale, il a estimé qu'il convient d’établir des priorités et de définir les responsabilités de toutes les parties concernées, de fournir à la communauté internationale des repères permettant d'évaluer les progrès réalisés. Les mesures à prendre peuvent être classées sous quatre rubriques : désarmement; démobilisation et réintégration; extension de l'autorité de l’Etat à l'ensemble du pays; réconciliation et démocratisation; et enfin renforcement de la capacité du pays d'assurer sa propre sécurité. Les progrès en la matière sont une condition préalable à la tenue des élections parlementaires et présidentielle prévues pour le printemps 2001. La réalisation de ces objectifs, a souligné M. Annabi, exige l'engagement de tous les intéressés au processus de paix et la mobilisation de ressources matérielles et financières supplémentaires. Avant de conclure, M. Annabi a proposé au Conseil de modifier la périodicité des rapports qui seraient présentés tous les 60 jours au lieu de 45 jours comme c’est le cas aujourd'hui.

Déclarations

M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a fait état de sa visite en Sierra Leone du 8 au 10 mars et a confirmé l'analyse de la situation faite par le Secrétaire général. Le représentant a constaté que la grande majorité des habitants aspirait à la paix et à une vie normale. Il incombe donc maintenant aux dirigeants politiques de répondre à ce désir de paix. Le Président Kabbah a déjà montré qu'il est disposé à faire des concessions importantes pour mettre un terme au conflit. Je n'ai pas eu la même impression de la part des dirigeants des factions principales du pays, en particulier Foday Sankoh, a souligné le représentant. Le Secrétaire général a parfaitement raison de montrer Sankoh et le RUF du doigt et de leur attribuer la responsabilité des obstacles au déploiement de la Mission des Nations Unies ainsi qu'aux progrès en général dans la mise en œuvre du processus de paix. Foday Sankoh a toujours nié cette accusation, comme il a nié avoir autorisé des meurtres comme stratégie politique, ou avoir dépossédé les soldats guinéens de leurs armes ou encore avoir vendu des diamants pour acheter des armes. Il a été prouvé que le RUF a commis de telles actions, a souligné le représentant. L'autorité du Conseil se trouve amoindrie tout comme elle l'a été avec les violations des interdictions sur les déplacements. La mise en œuvre effective des décisions du Conseil est un moyen important de faire pression sur les parties.

Le représentant a estimé que la création d'une force de police et d'une armée démocratique responsables sont des éléments essentiels pour renforcer le système de sécurité nationale. Tout autant importante est la tenue des élections. Nous devons, si cela est possible, nous en tenir aux dates prévues qui sont, pour les élections présidentielles, fin février 2001 et, pour les élections parlementaires, trois mois plus tard. Le processus électoral doit aider la Sierra Leone à suivre la voie du Mozambique plutôt que de l'Angola. Il faut reconnaître que la MINUSIL a pris un départ difficile, et peut-être pas couronnée de succès. Le peuple de la Sierra Leone, en effet, en est venu à penser que les Nations Unies étaient responsables du départ de l'ECOMOG, en qui il avait confiance, pour les remplacer par des contingents onusiens mal équipés et munis d'un mandat différent. La perte des armes du contingent guinéen a renforcé cette perception. Le Conseil doit garantir la neutralité de la MINUSIL et sa capacité à s'acquitter de ses obligations si les parties en font de même. Le représentant a insisté pour que la MINUSIL fonctionne à pleine capacité, avec des contingents au complet tant du point de vue qualitatif que quantitatif, et il a encouragé M. Adeniji à lancer une campagne publique d'information pour que les habitants de la Sierra Leone comprennent l'importance que revêt pour eux la Mission.

Au sujet des ressources, le représentant a rappelé que les efforts de maintien de la paix en Sierra Leone sont actuellement les plus importants de toutes les opérations dans le monde et doivent donc être énergiquement soutenus. Le représentant a indiqué que son pays organise à Londres le 27 mars prochain une réunion de haut niveau des donateurs qui verra la participation du Président Kabbah dont le but est de redynamiser le soutien politique et financier à la Sierra Leone. Il est urgent de fournir une aide si nous voulons préparer le terrain à la tenue d'élections libres et démocratiques. Le représentant a souhaité, comme signe de détermination de la part de la communauté internationale, que le Conseil fasse une déclaration directement à la presse. Les membres du Conseil devraient notamment clairement indiquer qu’ils entérinent les recommandations du Secrétaire général; qu’ils accordent une grande importance à la mise en œuvre rapide de tous les aspects de l'Accord de Lomé; qu’ils sont déçus et préoccupés par la lenteur du processus de démobilisation, de désarmement et de réintégration des anciens combattants; et qu’ils demandent aux signataires de l'Accord de Lomé et en particulier à Foday Sankoh et au RUF, de réaffirmer leur réel engagement à l’égard de l’Accord de Lomé en autorisant l'extension de l'autorité de l'Etat sur tout le territoire sierra-léonais.

M. AGAM HASMY (Malaisie) a condamné l'attitude et les actions d'obstruction du PRUF en soulignant que cette situation ne fait que nourrir les doutes sur l'attachement de M. Sankoh et de son Parti au processus de paix. Il a noté l'amélioration de la situation des droits de l'homme dans les régions où est déployée la MINUSIL tout en regrettant la précarité de la situation dans les autres régions. Le représentant a donc recommandé l'augmentation du nombre de soldats de paix. Il a terminé sa déclaration en appuyant sans réserve la fermeté de la MINUSIL en matière des droits de l'homme et des violations au processus de la paix. Il a aussi souligné la nécessité de mobiliser davantage de ressources matérielles et financières.

M. ALPHONS HAMER (Pays-Bas) a estimé que la MINUSIL se déploie courageusement malgré les attaques dirigées contre son personnel et les violations généralisées des droits de l'homme. Cette situation est inadmissible et la responsabilité principale revient à Foday Sankoh et au RUF, comme cela est indiqué dans le rapport du Secrétaire général. Le processus de démobilisation est en difficulté en raison des activités du RUF. Il est clair que M. Sankoh essaie d'intimider la communauté internationale et d'enrayer le processus de paix. Le temps est venu de montrer que la patience du Conseil à l'égard de M. Sankoh est épuisée. Nous ne devons épargner aucun effort pour que la MINUSIL soit pleinement déployée dans toutes les parties du pays. Tant que ce déploiement n'est pas achevé, a précisé le représentant, il est nécessaire que les bataillons de l'ECOMOG demeurent sur place.

M. VOLODYMYR YEL’CHENKO (Ukraine) s'est montré préoccupé par la lenteur des progrès accomplis dans les domaines du désarmement, des droits de l'homme et de l'accès des organisations humanitaires. Il a donc invité les parties concernées à maintenir une coopération constructive avec la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL). Avec l'élargissement de la Mission, a souligné le représentant, la communauté internationale a fait part de sa détermination à réaliser les termes de l'Accord de paix de Lomé du 7 juillet 1999. La communauté internationale est donc en droit, a indiqué M. Yel’Chenko, d'exiger des parties des gestes réels et concrets pour montrer leur attachement à l’Accord de paix. Le représentant a appuyé l'idée du Royaume-Uni de faire une déclaration à la presse en ce sens.

M. CHEN XU (Chine) a estimé que la situation a progressé dans l'ensemble même si des éléments d'instabilité existent encore. La non-coopération du Front uni révolutionnaire (RUF) avec la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL) constitue l'un des principaux obstacles à la mise en œuvre du processus de paix et notamment la lenteur du processus de désarmement, démobilisation et réintégration. La situation humanitaire est encore très grave. La délégation de la Chine fait sienne l'analyse du Secrétaire général sur les quatre étapes fondamentales que doit suivre le processus de paix et demande au RUF de s’acquitter sans retard des engagements pris dans le cadre de l'Accord de Lomé, notamment de coopérer avec la MINUSIL pour l'accès au Nord et à l'Est du pays et de mettre fin à ses violations des droits de l'homme. L'idée de publier les rapports du Secrétaire général tous les 60 jours remporte notre adhésion, a indiqué M. Wang.

Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a jugé que la volonté de paix de la population sierra-léonaise rend encore plus inacceptable la poursuite des atrocités dont elle fait l'objet. En matière de désarmement, la représentante s'est dite préoccupée par les obstructions faites par certains dirigeants du RUF aux efforts de désarmement. Elle s'est également arrêtée sur les événements positifs qui sont survenus en matière de création d'organes institutionnels et a demandé à connaître l'évolution de la situation pour ce qui est de la nomination à la tête de la Commission de gestion des ressources stratégiques, de la reconstruction nationale et du développement, d'un commissaire. Revenant sur la situation humanitaire, la représentante a souhaité que le Conseil envoie un message fort aux forces du pays les invitant à coopérer avec les organisations de secours humanitaire. Et avec la MINUSIL, a-t-elle ajouté, en condamnant le refus du PRUF de coopérer avec la Mission.

La représentante a terminé en demandant qu'une fois la stabilité revenue dans le pays, l'attention de la communauté internationale se porte sur les questions de développement économique et social. A cet égard, elle a insisté sur l'importance de la Conférence internationale des donateurs qui doit se dérouler le 27 mars, à Londres, sous les auspices du Royaume-Uni. Il s'agira d'une occasion unique d'exprimer un appui tangible au développement de la Sierra Leone. Le pays, a ajouté la représentante, est aujourd'hui une société où les femmes et les enfants ne voient qu'un avenir d'hostilités et de terreur. Il faut tout mettre en œuvre pour créer un climat de sécurité dans ce pays, a dit la représentante, en souscrivant aux quatre domaines prioritaires fixés par le Secrétaire général dans son rapport.

M. MOCTAR OUANE (Mali) a estimé que la situation en Sierra Leone est précaire même si des progrès modestes ont été réalisés. Il a réitéré l'engagements des pays de la CEDEAO à rétablir la paix dans le pays. C’est aux Sierra-Leonais eux-mêmes qu’incombe en premier la responsabilité d’instaurer une paix durable dans le pays. Le représentant a évoqué la réunion de haut niveau organisée les 1er au 2 mars derniers par la CEDEAO à Bamako (Mali). Le représentant a rappelé qu'à cette occasion les questions de la mauvaise interprétation de l'Accord de Lomé, notamment sur la création d'une force des Nations Unies, la lenteur du déploiement de la MINUSIL, le rétablissement des institutions gouvernementales, ont été abordées. Lors de cette réunion, il a également été décidé que le RUF devait lever immédiatement les obstacles à la mise en œuvre du mandat de la MINUSIL, qu'il devait restituer les armes confisquées aux contingents guinéens et kenyans, démanteler les barrages routiers et accélérer la mise en place des centres de démobilisation. Le représentant a fait siennes les recommandations du Secrétaire général et a estimé que l'appui politique et financier de la communauté internationale, compte tenu de la phase actuelle de déploiement de la MINUSIL, sont indispensables.

Mme SELMA ASHIPALA-MUSAVYI (Namibie) a demandé aux dirigeants de la Sierra Leone ainsi qu'aux pays voisins de traduire leurs engagements dans les faits. La situation en matière de sécurité est une source de préoccupation, a indiqué la représentante qui a insisté dans ce contexte sur l'importance de confier un mandat approprié à toute opération de maintien de la paix. La taille et les capacités d'une force de maintien de la paix doivent être proportionnels à l'ampleur du problème. Nous avons toujours estimé que la taille de la MINUSIL n'est pas appropriée, a souligné la représentante. Le fait que les conditions de sécurité se soient améliorées dans les zones de patrouille de la MINUSIL est révélateur. D'après le rapport du Secrétaire général, la MINUSIL semblerait être dépassée par le Front uni révolutionnaire (RUF). Evoquant les conséquences négatives du conflit sur l'ordre public et le respect des lois, la représentante a appelé la communauté internationale à apporter une aide à la formation de la police de la Sierra Leone et à fournir matériel et équipement. Elle a également demandé à la communauté internationale de soutenir le programme de désarmement. La représentante a accueilli favorablement le lancement le 20 février dernier d'un programme communautaire de redressement et de réinsertion qui constituera une mesure d'incitation à l'abandon des armes de la part des anciens combattants.

Pour ce qui est de la situation des droits de l'homme, elle a rappelé que les auteurs de violations des droits de l'homme à l'encontre de la population civile et des agents humanitaires ne bénéficieront pas de l'amnistie qui est prévue par l'Accord de Lomé. Elle a pris note du fait que la situation dans les zones qui se trouvent sous contrôle du RUF est la plus critique. Elle a soutenu le déploiement rapide d'une force crédible des Nations Unies dans tout le pays pour créer le climat de confiance et les conditions de sécurité nécessaires à la mise en œuvre des divers aspects du processus de paix. Nous soutenons les mesures proposées, a ajouté la représentante. La mise en œuvre rapide de mesures de désarmement, démobilisation et réintégration des anciens combattants; l'extension de l'autorité de l'Etat, y compris le maintien de l'ordre, à tout le pays; la réconciliation nationale et la démocratisation ainsi que le renforcement de la capacité nationale en matière de sécurité sont nécessaires au rétablissement de la paix et de la sécurité. Nous tenons à souligner que les mesures d'incitation au désarmement des anciens combattants devraient éviter de faire naître des attentes irréalistes. La représentante a soutenu la tenue d'une Conférence des donateurs à Londres prévue le 27 mars prochain.

M. SAID BEN MUSTAPHA (Tunisie)a réaffirmé l’attachement de son pays à la mise en œuvre intégrale et rapide des dispositions de l’Accord de paix en Sierra Leone, qui représente une véritable chance de salut au peuple sierra-léonais. La délégation tunisienne exprime sa profonde préoccupation à l’égard du non-respect par les rebelles de leurs engagements contractés volontairement dans le cadre de l’Accord de Lomé. Elle estime primordial que ces derniers, et particulièrement M. Sankoh et son parti, s’acquittent de bonne foi de leurs responsabilités à l’égard de leur peuple et de leur pays. A cet égard, il est nécessaire que le Conseil de sécurité maintienne sa pression sur les parties récalcitrantes et signifie, de la manière la plus ferme et la plus vigoureuse, son engagement à assurer le retour à la paix, à la sécurité et à la stabilité dans le pays, conformément aux dispositions de l’Accord de paix. Cet engagement est d’autant plus urgent que les entraves à l’assistance humanitaire, les obstacles posés devant la mise en œuvre du programme de désarmement, de démobilisation et de réintégration, ainsi que les manœuvres d’obstruction des activités de la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL) et les attaques perpétrées contre le personnel de la Mission, constituent désormais des pratiques quotidiennes.

Appuyant les propositions du Secrétaire général visant à créer un climat de confiance et les conditions nécessaires à l’application des divers aspects du processus de paix, M. Ben Mustapha a souligné notamment l’urgence de la mise en place d’une force de maintien de la paix efficace sur tout le territoire, la fourniture d’équipements appropriés aux soldats de la paix pour leur permettre de bien s’acquitter de leur mandat et de s’assurer la crédibilité nécessaire, le respect rigoureux des règles d’engagements par les troupes de la MINUSIL, ainsi que l’accélération du déploiement des agents de police. Il a ajouté qu’en faisant figurer parmi les priorités le développement en Sierra Leone, on contribuera non seulement à la mise en œuvre avec succès du programme de démobilisation et de réinsertion des anciens combattants, mais également à réinstaller les réfugiés et les personnes déplacées dans leur pays et à prémunir les Sierra-Leonais contre toute tentation de se rallier aux côtés des forces destructrices.

M. ARNOLDO M. LISTRE (Argentine) a déclaré que le contenu du rapport du Secrétaire général est un sujet de grande inquiétude pour l'Argentine. La poursuite des attaques par les rebelles, l'existence d'une rhétorique hostile à l'égard de la MINUSIL et les obstacles à son déploiement, ainsi que la lenteur du processus de désarmement en raison du manque de coopération des rebelles sont pour le moins préoccupants, a dit le représentant, avant de condamner les violations des droits de l'homme perpétrées par les rebelles et de rappeler que l'amnistie prévue par les Accords de Lomé ne couvre pas les actes commis après leur signature. Compte tenu de la situation, le représentant a plaidé pour que le régime des sanctions imposées par le Conseil de sécurité soit appliqué avec la plus grande sévérité. Prenant note du fait que l'élargissement de la MINUSIL a commencé à avoir des résultats positifs comme le montre la situation des droits de l'homme dans les zones où elle est déployée, le représentant a jugé nécessaire que les parties qui ont elles-mêmes demandé le déploiement de la Mission respecte les engagements pris en vertu des Accords de paix et garantissent la sécurité et la liberté de mouvement du personnel des Nations Unies. Avant de conclure, le représentant a, à son tour, appuyé les recommandations du Secrétaire général sur les mesures à prendre dans le futur et souligné qu'il faut au préalable disposer d'un engagement clair des parties et plus particulièrement des rebelles, en faveur du processus de paix.

Mme NANCY SODERBERG (Etats-Unis) a jugé que l'opération de maintien de la paix en Sierra Leone comptait parmi les plus difficiles que l'Organisation ait jamais organisées. La représentante a identifié deux problèmes principaux. D'une part, Foday Sankoh n'est pas disposé à respecter ses engagements et de là découle toute une myriade de problèmes. Il nous faut adopter une démarche directe tant en privé qu'en public et dans cette optique, nous appuyons le projet de déclaration à la presse du Royaume-Uni. Le deuxième problème vient du fait que le MINUSIL ne fonctionne pas avec des effectifs complets. Il faut lui accorder les ressources nécessaires à un plein déploiement. Il faut éviter une situation où les soldats du RUF en arriveraient à désarmer les Soldats de la paix. Tant que nous ne disposerons pas d'une opération de maintien de la paix au complet, il sera difficile de s'attendre à ce que la MINUSIL remplisse son mandat.

M. ANDRAS VALMOS-GOLDMAN (Canada) s’est inquiété du fait que, sans une base de ressources appropriée, la capacité de la MINUSIL à protéger les civils risque de s’éroder au fil des confrontations. Il s’est déclaré préoccupé par les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire perpétrées notamment par d’anciens éléments de l’Armée de la Sierra Leone dans la région de Port Loko. Toutes les parties en Sierra Leone ont l’obligation de protéger les civils et d’assurer le retour volontaire des réfugiés et des personnes déplacées, a-t-il ajouté. Il s’est en outre inquiété des informations selon lesquelles le Front révolutionnaire unifié (RUF) installe des champs de mines près de Bendu, sans doute dans l’intention de gêner le déploiement de la MINUSIL dans cette région, ce qui constitue une violation grave des Accords de Lomé.

Le représentant a rappelé la déclaration du Conseil du 8 mars qui demande que le RUF et son leader, M.Foday Sankoh, s’engagent clairement dans le processus de paix. Ainsi, le RUF, à l’instar des autres factions armées, doit déclarer le nombre exact de ses troupes, restituer l’équipement dont il s’est emparé, le 10 janvier, lors d’une embuscade contre un bataillon guinéen de la MINUSIL. Pour sa part, M. Sankoh doit respecter les restrictions de déplacements que lui impose la résolution 1171 et se garder de faire des déclarations publiques contre la MINUSIL. L’obstruction du RUF a empêché la distribution de l’aide humanitaire à quelque 2,6 millions de Sierra-Leonais et gêné les efforts du Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) en vue de faciliter le retour des réfugiés, a-t-il déclaré, avant d’exhorter toutes les parties à participer au programme de désarmement, de démobilisation et de réintégration.

M. ANDREI E. GRANOVSKY (Fédération de Russie) a estimé que des progrès avaient été réalisés dans l'application de l'Accord de Lomé et le déploiement de la MINUSIL. En revanche, l'intensification des tensions entre les soldats du RUF et de la MINUSIL, les entraves posées à la liberté de circulation des membres de la MINUSIL et les déclarations hostiles à leur égard sont des sources de préoccupation grave. Il faudrait que le Conseil prévienne Foday Sankoh qu'il sera tenu directement responsable des conséquences de ses actes. Le représentant a appuyé les quatre mesures que propose le Secrétaire général et qui sont regroupées sous les quatre rubriques suivantes : désarmement, démobilisation et réintégration des anciens combattants; extension de l'autorité de l'Etat et maintien de l'ordre; réconciliation nationale et démocratisation; et renforcement de la capacité nationale en matière de sécurité. La Russie est prête à continuer à apporter sa contribution aux efforts de paix. Le déploiement d'une unité russe de soutien aérien dans le cadre de la MINUSIL est à un stade avancé.

M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) s’est félicité des progrès accomplis en Sierra Leone et du rôle joué par les puissances régionales en vue de faciliter l’application des Accords de Lomé, et particulièrement du Président Konaré du Mali. Il s’est déclaré préoccupé par les problèmes qui affectent le déploiement de la MINUSIL, de fait de l’obstruction, de la saisie de ses armes, et du refus de coopération des groupes rebelles et notamment du Front révolutionnaire unifié. Au regard de la composition de la MINUSIL, il a posé à M. Annabi la question de savoir comment s’était passée l’intégration des troupes ayant servi dans le Groupe d'observateurs militaires de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (ECOMOG). Par ailleurs, au vu de la réticence du RUF à communiquer la liste de ses combattants et à restituer ses armes, M. Chowdhury a estimé que le Conseil devrait se tenir prêt à prendre des mesures spécifiques en vue d’obliger M. Sankoh et le RUF à respecter les Accords de Lomé.

Faisant part de sa préoccupation au regard de la lenteur du Programme de désarmement, démobilisation et réintégration, le représentant a estimé qu'il convient d’aborder également ce problème par une restructuration de la police et des forces armées. Un véritable processus de désarmement, démobilisation et réintégration doit être un processus national et ne peut être entrepris que sous l’égide d’une autorité crédible, avec la participation de toutes les parties. A cet égard, il a demandé à M. Annabi s’il envisageait la possibilité à court ou moyen terme que la police sierra-léonaise devienne une force effective qui puisse être déployée sur les sites de démobilisation. Il a rappelé que le désarmement, la démobilisation et la réintégration ne seraient possibles que grâce à l’élection d’un gouvernement national, contrôlant tout le territoire, y compris les provinces du Nord et de l’Est, ainsi que l’activité économique. Considérant que le mandat de la MINUSIL ne lui permet pas d’intervenir pour prévenir le trafic illicite de diamants et d’autres ressources qui permet le réarmement des combattants, il a estimé que le Conseil devrait porter sans tarder son attention sur cette limitation au mandat de la Mission.

M. SYLVESTRE ROWE (Sierra Leone) a salué la visite effectuée par une délégation britannique dans son pays comme une décision exemplaire et opportune, en particulier dans le contexte de ce qui doit être fait pour faciliter le processus de paix. Le Gouvernement sierra-léonais, a poursuivi le représentant, a constamment donné la preuve de son engagement en faveur de tous les aspects du processus de paix en soulignant que l'on ne peut en dire autant de l'autre partie au processus de paix. Il a donc accueilli avec satisfaction l'évaluation du Secrétaire général selon laquelle des doutes graves persistent quant à l'engagement du FUR à l'égard du processus de paix. Le représentant a poursuivi en attirant l'attention du Conseil sur l'initiative de son Président d'entamer une première série de visites dans plusieurs régions du pays, dans le cadre de la campagne de désarmement. Il a ainsi affirmé que les appels du Président ont été suivis du désarmement massif des Forces de défense civiles. Le Gouvernement avait espéré, a insisté le représentant, que le FUR et les autres éléments armés suivraient cet exemple.

Le Président Kabbah, a-t-il encore dit, a mis au défi tous les anciens combattants de se désarmer pour le bien de la nation. Il a ainsi lancé un défi à tous ceux qui disent "il n'y a pas de guerre en Sierra Leone" tout en refusant de déposer les armes. Le représentant a espéré que M. Sankoh et les autres entendront le message et prendront immédiatement les mesures nécessaires pour relever ce défi. Il est inacceptable que M. Sankoh continue de tenir toute une nation en otage, a dit le représentant, en affirmant que des milliers d'anciens membres du FUR seraient prêts à remettre leurs armes. Selon lui, le désarmement et la démobilisation demeurent la première des priorités. Il a donc, à cet égard, fermement appuyé le point de vue du Secrétaire général selon lequel il est nécessaire que toutes les parties conviennent d'un calendrier réaliste pour le désarmement et la démobilisation de tous les combattants. Il a appuyé le Secrétaire général qui préconise que comme première étape, le FUR fournisse, de toute urgence, des informations complètes sur le nombre de ses combattants et veille à ce qu'ils suivent le processus de désarmement et de démobilisation. Il faut à tout prix fixer une date butoir pour le désarmement et la démobilisation, a insisté le représentant avant de déclarer que le processus ne peut être prolongé indéfiniment.

Répondant aux questions des délégations, M. ANNABI, a expliqué que le Programme de réhabilitation communautaire porte sur les créations d'emplois, des programmes d'enseignement, d'alphabétisation et d'assistance sociale. Ces projets seront financés par la Banque Mondiale et la Banque africaine de développement. Au sujet de la Commission de gestion des ressources stratégiques, il a expliqué que l'objectif d'un tel organisme est de faire en sorte que l'exploitation des ressources naturelles du pays comme les diamants, soit utilisée en appui du processus de paix et de reconstruction. Foday Sankoh préside cette Commission qui n'a pas encore adopté un programme de travail et ne fait pas mine de vouloir suivre les efforts du Gouvernement. Répondant aux questions relatives aux membres d’une police civile des Nations Unies, le représentant a indiqué que pour l'instant les offres reçues portaient sur la moitié des effectifs souhaités. Evoquant l'incorporation de soldats de l'ECOMOG à la MINUSIL, il a indiqué que le Nigéria, la Guinée et le Ghana fournissaient des troupes à la Mission des Nations Unies. Deux bataillons du Nigéria ont déjà été incorporés, deux autres sont en cours d’incorporation. Un contingent guinéen a connu une incorporation partielle et difficile en raison des attaques des soldats du RUF qui se sont emparés de leurs armes. La Force de police sierra-léonaise est active à Freetown mais ses activités sont difficiles dans le reste du pays. Le Sous-Secrétaire général a indiqué que M. Bernard Miyet qui est actuellement en République démocratique du Congo pour préparer le déploiement de la mission autorisée par le Conseil, se rendra également en Sierra Leone.

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