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FEM/1086

L'ONU MARQUE LA JOURNEE INTERNATIONALE DES FEMMES EN PLAIDANT POUR LA RECONNAISSANCE DE LEUR ROLE EN FAVEUR DE LA PAIX DANS LE MONDE

8 mars 2000


Communiqué de Presse
FEM/1086


L’ONU MARQUE LA JOURNEE INTERNATIONALE DES FEMMES EN PLAIDANT POUR LA RECONNAISSANCE DE LEUR ROLE EN FAVEUR DE LA PAIX DANS LE MONDE

20000308

La première Journée internationale de la femme du siècle est consacrée au thème “Les femmes unies pour la paix” résumant ainsi les deux missions des Nations Unies, à savoir la paix et les droits égaux des hommes et des femmes. C’est ce qu’a souligné, ce matin, le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, à l’occasion de la célébration de la 23ème Journée internationale de la femme. Pour le Secrétaire général, les femmes connaissent le prix des conflits et sont bien souvent mieux équipées que les hommes pour les prévenir et les résoudre. Par l’éducation et la tradition, de générations en générations, les femmes ont tranmis une culture de la paix. Il y a cinq ans, le Programme d’action de la Conférence mondiale sur les femmes a sommé le monde de tracer la voie d’une culture de la paix. Le temps est venu pour que cette culture prenne racine, a déclaré le Secrétaire général en appelant chacun de nous à profiter du travail des femmes dans le monde pour réaliser la paix pour les générations à venir. Le Conseil de sécurité, organe des Nations Unies chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales, prend de plus en plus conscience de la nécessité de faire promouvoir le rôle des femmes en tant qu’architectes de la paix, a affirmé, pour sa part, le Président du Conseil et Représentant permanent du Bangladesh, M. Anwarul Karim Chowdhury. Annonçant la publication, pour la première fois, d’une déclaration du Conseil sur les femmes et la paix internationale, le Président du Conseil a souligné qu’il proposerait au Conseil de réfléchir davantage à la nécessité d’accroître la présence de femmes dans toutes les étapes des processus de paix, y compris les opérations de l’ONU, et d’intégrer une perspective sexospécifique dans toutes les activités liées au maintien et à la consolidation de la paix.

La paix n’est pas seulement l’absence de guerre, a précisé le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Mme Mary Robinson. La paix est construite sur l’interdépendance des normes sociales et culturelles qui sont régulées par les principes inscrits dans les instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme lesquels doivent être mis en oeuvre par le biais de systèmes juridiques nationaux. Mme Robinson a donc appelé chaque Etat à élaborer un plan d’action national incluant les douze domaines critiques d’action définis dans le Programme d’action de Beijing et à travailler en collaboration avec les représentants de la société civile.

Elle a aussi engagé les Etats parties à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et les institutions financières internationales à évaluer l’impact de leurs politiques et programmes sur les femmes et sur la jouissance de leurs droits.

Les questions de la protection des femmes dans les situations de conflit armé et de l’importance qu’il y à reconnaître le rôle déterminant qu’elles peuvent jouer dans le règlement des conflits a été au coeur du débat qui a suivi. “Ce sont les Maliennes qui ont poussé les combattants à abandonner les armes et incité le Gouvernement à déclarer un moratoire sur les armes légères. Ce sont les femmes d’Irlande du Nord qui ont maintenu l’élan vers la paix. Ce sont les mères d’Argentine qui, chaque jour, ont rappelé au bon souvenir du monde les victimes de la dictature militaire.” Ces propos ont été tenus par la représentante de l’ONG “International Alert” du Royaume-Uni qui a annoncé que pour appuyer les efforts des femmes du monde en faveur de la paix, son ONG avait décidé de créer un prix du Millénaire récompensant une femme méritante à cet égard. Les souffrances des femmes du Kosovo, de Bosnie, de Croatie, de la Sierra Leone ont été rappelées avec émotion par des représentantes des ONG “Femmes en noir” (République fédérale de Yougoslavie)et “Sierra Leone Youth Empowerment Organization”. Ces femmes de même que les représentantes de “Women and Media Collective” du Sri Lanka et de la Commission de vérité et de réconciliation d’Afrique du Sud, autres invitées au débat, ont témoigné des efforts déployés par les réseaux de femmes dans l’élaboration de nouvelles stratégies en faveur de la paix.

Déclarations

M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a d’abord dit sa fierté de voir aujourd’hui aux Nations Unies, les femmes unies pour la paix. Se félicitant que les deux modératrices soient deux journalistes expérimentées, M. Annan a dit ne pouvoir penser à aucune question dans l’actualité ou dans l’ordre du jour des Nations Unies qui ne soit une question intéressant les femmes. Les femmes, a-t-il estimé, sont en tout point aussi affectées que les hommes par la paix et la sécurité, par la sécurité humaine, par les droits de l’homme. Il est donc juste et, en fait, nécessaire que les femmes soient là pour couvrir ces questions à force égale et à nombre égal, a souligné le Secrétaire général. La première Journée internationale de la femme du XXIe siècle est consacrée au thème des femmes unies pour la paix, a-t-il rappelé avant de souligner qu’il s’agit là d’un thème qui rassemble deux parties essentielles de la mission des Nations Unies.

Décrivant la nature des conflits qui secouent le monde actuel, le Secrétaire général a affirmé que les femmes, qui connaissent aussi le prix de ces conflits, sont souvent mieux armées que les hommes pour les prévenir et les résoudre. Quand les sociétés s’effondrent, a—t-il dit, les femmes jouent un rôle essentiel pour assurer que la vie continue. Quand les tensions ethniques causent et exacerbent les conflits, les femmes ont tendance à construire des ponts plutôt que des murs. Quand on réfléchit à l’impact et aux implications de la guerre et de la paix, les femmes pensent d’abord à leurs enfants et à leur avenir avant de penser à elles-mêmes. Par l’éducation et la tradition, de générations en générations, les femmes ont transmis la culture de la paix. Aux Nations Unies, a poursuivi le Secrétaire général, nous sommes les premiers à mesurer l’appui inestimable que les femmes apportent aux soldats de la paix. C’est en partie pour cette raison que nous déployons des efforts particuliers pour recruter davantage de femmes dans nos missions de maintien et de consolidation de la paix et pour sensibiliser davantage nos missions aux questions sexospécifiques. Nous redoublons d’efforts, a dit le Secrétaire général, pour recruter plus de femmes qualifiées dans les opérations de paix à la fois sur le terrain et au Siège.

Il ne peut y avoir de paix sans développement, a-t-il souligné, comme il ne peut y avoir de développement sans une pleine participation des femmes. Cela signifie qu’il faut éliminer les obstacles à l’implication des femmes dans la prise de décisions et leur donner l’accès à la terre. Cela signifie aussi qu’il faut protéger leur sécurité et celle de leur famille. Cela signifie enfin qu’il faut leur assurer la pleine jouissance de leurs droits humains et politiques. Les Nations Unies travaillent avec leurs partenaires des gouvernements et de la société civile pour réaliser ces objectifs. Beaucoup d’entre eux ont d’ailleurs été adoptés par les gouvernements lors la quatrième Conférence mondiale sur les femmes à Beijing, il y a cinq ans. Le Programme d’action de Beijing nous somme de tracer la voie d’une culture de la paix. Il est temps, a estimé le Secrétaire général, que cette culture prenne racine car dans le monde actuel ce qui affecte une nation nous affecte tous. Alors, unissons nos efforts pour tenir la promesse du Programme d’action de Beijing. Profitons du travail des femmes partout dans le monde pour réaliser la paix pour les générations à venir. Laissons-nous guider par la puissance des femmes unies pour la paix, a conclu le Secrétaire général.

M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY, représentant permanent du Bangladesh et Président du Conseil de sécurité pour le mois de mars, a rappelé que ce sont souvent les femmes et les filles qui sont les plus touchées par les conflits armés, qui constituent la majorité des réfugiés et des personnes déplacées et qui sont les premières victimes de violences et de sévices perpétrés dans ce contexte. M. Chowdhury a notamment souligné le fléau que constitue la prolifération d’armes légères dans les zones de conflit. Il est évident qu’il faut intensifier nos efforts pour protéger les personnes innocentes, a-t-il déclaré. Le Conseil de sécurité a un rôle important à jouer dans ce domaine et doit s’y engager plus activement. Par le passé, le Conseil a condamné à plusieurs reprises la violence contre les civils, en particulier les femmes et les enfants et a demandé aux parties en conflit de protéger ceux-ci contre les abus, en particulier les abus sexuels. Néanmoins, la question ne figure pas encore en priorité et de façon constante à l’ordre du jour du Conseil.

Une dimension qui n’a pas encore été prise suffisamment prise en compte est le rôle des femmes dans la paix, a poursuivi M. Chowdhury. Les femmes ont adopté des stratégies novatrices pour œuvrer en faveur d’un monde pacifique, tant au niveau de leur région ou de leur pays, qu’à l’intérieur de leur foyer. Ainsi, le Premier Ministre du Bangladesh est une femme attachée à la paix qui a permis de mettre fin à une discorde de 23 ans avec des groupes rebelles auxquels elle a accordé l’autonomie. Le Conseil de sécurité commence à prendre conscience de la nécessité de jouer un rôle dynamique pour protéger les femmes des violences des conflits mais aussi de promouvoir leur rôle en tant qu’architectes de la paix. M. Chowdhury a indiqué qu’il avait proposé que le Conseil envoie un message vigoureux sur cette question et qu’une déclaration en ce sens serait approuvée ce matin même. Ceci n’est qu’une première étape, a-t-il souligné. Il faut examiner davantage les questions auxquelles le Conseil peut contribuer à l’avenir. Une présence substantielle des femmes dans les missions de paix peut contribuer à la paix, notamment avec l’implication des femmes locales. Il faut aussi encourager une politique intégrant une perspective sexospécifique dans toutes les activités liées à l’établissement et au maintien de la paix. Il est temps que le Conseil de sécurité se penche sur cet aspect de la question. M. Chowdhury a encore indiqué qu’il avait proposé au Conseil d’évaluer la situation des femmes dans les conflits armés et de faire des recommandations sur cette base. Il a, en conclusion, tenu à assurer toutes les femmes du monde que le Conseil intensifiera son travail en leur faveur et soutiendra les initiatives des femmes qui cherchent à encourager la paix.

Mme MARY ROBINSON, Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a rappelé qu’au début l’établissement d’une Journée internationale des femmes a suscité des interrogations quant à savoir s’il faut en faire une journée de protestations ou une journée de célébration. Pour Mme Robinson, ce doit être les deux, en particulier être une journée d’action pour consolider les stratégies existantes et en élaborer de nouvelles. Aujourd’hui, l’accent est mis sur les femmes unies pour la paix et la paix n’est pas l’absence de guerre. La paix est bâtie sur l’interdépendance des normes sociales et culturelles qui sont régulées par les principes consacrés dans les instruments internationaux des droits de l’homme devant être traduits dans les systèmes législatifs nationaux. Le jour où tous les Etats auront réalisé cela alors l’aspect célébration de la Journée internationale des femmes prédominera, a dit Mme Robinson. Or aujourd’hui, le spectre de la violence contre les femmes est toujours vivace; l’absence d’accès au pouvoir économique, aux soins de santé, au processus de prise de décisions, la vulnérabilité au HIV/sida, sont tous des obstacles importants à la réalisation d’une existence pacifique. L’instauration d’un monde pacifique exige que l’on se tourne vers les Etats et que l’on examine la nature de leur responsabilité dans la protection des droits de l’homme.

Les femmes continuent d’être les victimes de la violence même si des progrès ont été enregistrés comme la qualification, dans les statuts des deux Tribunaux spéciaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda, du viol dans les situations de conflits armés comme acte de génocide. Mme Robinson a également mis l’accent sur la nécessité de combattre de manière plus efficace la violence domestique, en soulignant que pour son Bureau, l’objectif est de trouver des solutions durables et pratiques. Les Etats, a-t-elle dit, doivent être encouragés à ratifier le Protocole facultatif se rapportant à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, à éliminer les réserves et à donner effet au contenu de cette Convention. A cet égard, Mme Robinson a souligné que le droit de participer à la vie publique est un des droits les plus importants de la Convention. Il y aura égalité, a-t-elle dit, lorsque les femmes auront aussi le droit de faire des fautes, d’avoir autant tort que les hommes sans que cela ne soit imputé à leur sexe.

Il est particulièrement important que les femmes jouent un rôle dans le règlement des conflits, a affirmé Mme Robinson en appelant les institutions internationales à tenir compte de l’expérience des femmes et de leurs besoins dans l’évaluation de leurs programmes. Elles doivent reconnaître l’interdépendance entre les droits et assurer une analyse sexospécifique au début de la période de reconstruction et non des années plus tard. Les 12 domaines critiques identifiés à Beijing sont la base non seulement de l’égalité entre les sexes mais aussi de la protection des droits de la femme, condition préalable à la réalisation de la paix. La fin de la marginalisation des femmes dans le domaine de la vie publique aura une incidence directe sur la réponse des gouvernements aux questions soulevées par les domaines critiques du Programme d’action de Beijing, a affirmé Mme Robinson.

Présentant ses recommandations, Mme Robinson a exhorté chaque Etat Membre à mettre au point un plan d’action qui intègre tous les 12 domaines critiques. Pour elle, les représentants de la société civile doivent pouvoir travailler en coopération avec les gouvernements pour assurer une mise en œuvre effective du plan national. Enfin les Etats parties en coopération avec les institutions financières internationales doivent analyser l’impact de leurs politiques et programmes sur les femmes et donner plein effet aux recommandations du Programme d’action de Beijing.

Débat public

Introduisant le débat, Mme CAROL JENKINS, Présentatrice et réalisatrice d’une émission télévisée de New York, a indiqué que les discussions porteraient sur les stratégies que les femmes développent dans leur communauté et dans le monde en faveur de la paix. A ce jour, les stratégies appliquées dans le cadre des processus de paix ont ignoré la contribution des femmes. Les femmes du monde entier sont pourtant parmi les activistes les plus engagées. On ne peut donc se permettre d’ignorer leur voix. Il faut donner leur chance aux femmes. Elles représentent la moitié des communautés et devraient donc être la moitié des solutions.

Mme NORA AHMETAJ, représentante de l’organisation non gouvernementale “Femmes en noir” de la République fédérale de Yougoslavie, a expliqué qu’elle était d’origine albanaise et que l’organisation qu’elle représente est opposée à la guerre et à toutes les formes de violence. Nous sommes des féministes mais aussi des pacifistes réunies au sein d’un groupe créé le 9 octobre 1991. Nous avons manifesté contre le régime de Belgrade. Nous encourageons une morale de la connaissance de l’autre qui implique que l’on s’oppose au fascisme. Nous ne voulons pas que la communauté serbe parle en notre nom. Nous n’acceptons pas le langage de la haine et nous nous opposons à la politique de la répression et des massacres. Nous nous opposons à la politique menée par l’Etat dont nous venons et dénonçons les viols par des soldats serbes de femmes en Bosnie, en Croatie et au Kosovo, ainsi que chez eux, a-t-elle déclaré. Cette année, nous avons aidé des femmes et des enfants dans des camps de réfugiés. Nous n’avons jamais cessé de parler aux autres et de traverser les frontières car nous croyons en la démocratie. “Femmes en noir” soutient les hommes qui refusent de faire la guerre, les déserteurs et autres hommes avec qui, pendant toutes ces années de souffrance, l’organisation n’a jamais cessé de travailler. L’organisation travaille avec des femmes réfugiées de Bosnie et de Croatie et publie des déclarations communes contre la guerre menée par le régime serbe. “Femmes en noir” est représentée dans le monde entier.

A la demande de Mme Ahmetaj, une minute de silence a été observée à la mémoire des prisonniers albanais et des victimes de la guerre.

Répondant à la question d’une participante au nom de la Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme, Mme ANGELA KING (présente dans la salle mais aphone), Mme Zohreh Tabatabai, responsable des questions relatives aux femmes au Bureau de la Conseillère spéciale, a précisé qu’il y avait plusieurs types de missions de paix et que des femmes servaient au sein de plusieurs d’entre elles. Pour le moment, il n’y a toutefois pas de femme à la tête d’une mission. Elle a précisé que chaque année, une évaluation du nombre de femmes présentes dans les efforts de paix était réalisée. Le Secrétaire général inclut les questions relatives à l’égalité entre les sexes dans chacun de ses discours. Il est pleinement conscient de ces questions. D’autres hauts responsables de l’ONU en parlent aussi régulièrement. A la question relative à l’éducation en matière de paix, elle a répondu que l’UNESCO y donnait suite.

Mme EUGENIA PISA LOPEZ, représentante de l’organisation “International Alert” du Royaume-Uni, a expliqué que l’organisation qu’elle représente s’attache à la prévention et au règlement des conflits. Faisant part de son expérience, Mme Lopez a indiqué qu’elle avait rencontré tout au long de son travail des femmes remarquables luttant pour leur survie, celle de leur famille et de leur communauté qui gardent la foi en un monde meilleur. Ce sont les femmes du Mali qui ont poussé les combattants à abandonner les armes et qui ont fait pression pour que le gouvernement déclare un moratoire sur les armes légères. Ce sont les femmes d’Irlande du Nord qui travaillent pour maintenir vivante la recherche de la paix. Ce sont les mères en Argentine qui ont œuvré chaque jour pour garder la mémoire des victimes de la dictature. Les femmes dans le monde entier œuvrent pour la paix. Pourtant, elles sont toujours exclues des négociations de paix et mises en marge des processus de reconstruction.

Pourquoi les visions des femmes vis-à-vis de la paix sont-elles mises de côté, s’est demandée Mme Lopez. Nous voulons que les femmes soient placées au cœur de l’ordre du jour pour la paix. A cette fin, elle a proposé la création de partenariats avec les gouvernements pour que les femmes fassent partie des efforts de paix. Indiquant que son organisation œuvrera à une telle campagne, elle a exprimé l’espoir que les femmes représentent 50% des décideurs. A cette fin, elles doivent bénéficier d’un soutien. Aussi, pour les soutenir, “International Alert” a-t-elle décidé de lancer un prix du millénaire pour les femmes en faveur de la paix. La représentante appuie la tenue d’une session publique du Conseil de sécurité sur les femmes dans les conflits armés. Dans le monde entier, les femmes luttent pour survivre mais aussi pour créer un avenir meilleur pour tous. Nous ne voulons plus de paroles vides mais des actes. Elle a regretté que les hauts responsables de l’ONU qui ont assisté au début de la réunion n’aient pu rester tout au long de la matinée.

A la question de Mme Lopez sur les mesures qui pourraient être prises en faveur d’une plus grande participation des femmes dans les processus de paix, Mme TABATABAI a renvoyé les participants à la déclaration que doit adopter le Conseil de sécurité ce matin.

Une participante a évoqué l’échec des négociations au Moyen-Orient et une demande a été faite de penser aux femmes et aux mères des prisonniers palestiniens, aux réfugiées palestiniennes et aux mères israéliennes qui prient tous les jours pour la paix. La nécessité d’investir plus de ressources humaines et financières pour l’édification de la paix a aussi été avancée. Illustrant la manière dont la paix sociale a été édifiée en Afrique du Sud, un ancien membre de la Commission de la vérité et de la conciliation, Mme PUMLA GOBODO-MADIKIZELA a expliqué que ce sont les femmes qui ont joué un rôle déterminant dans le processus de lutte contre la violence en Afrique du Sud. Ce sont elles qui ont reconstitué les communautés et tendu la main aux auteurs des crimes. Pour elle, la Commission a été une première mesure étant donné qu’il reste beaucoup à faire dans le pays en matière de violence, en particulier de violence contre les femmes.

Mme KISHALI PINTO JAYAWARDENE, représentante de “Women and Media Collective” du Sri Lanka, a souligné le rôle important des femmes du Sri Lanka dans l’élaboration de nouvelles stratégies en faveur de la paix. “Women and Media Collective” travaille à l’amélioration de la situation des femmes du Sri Lanka. Dans ce contexte, des programmes ont été lancés en collaboration avec des groupes de femmes et de droits de l’homme pour créer un Sri Lanka multiethnique et multireligieux. Un réseau de femmes pour la paix a notamment été créé. Nous demandons que cessent les hostilités entre l’Etat et les différents mouvements d’insurrection, a déclaré la représentante. Des femmes venant des zones de conflits ont, dans ce cadre, été invitées à Colombo pour dire, de vive voix, aux représentants du Gouvernement qu’elles veulent la paix. “Women and Media Collective” travaille de près avec des groupes de droits de l’homme et organise des séminaires sur plusieurs questions liées aux femmes. Elle a expliqué l’action de sensibilisation menée par l’organisation auprès du Gouvernement et de la population en vue de mettre fin aux hostilités.

Une participante a rappelé qu’en 2001, l’ONU tiendra une Conférence internationale contre le racisme et a demandé ce que l’on pouvait espérer s’agissant de l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. A cette question, Mme GOBODO- MADIKIZELA, d’Afrique du Sud, a indiqué que le chemin à parcourir restait long. En traversant les lignes entre la paix et la violence, mais restant toujours du côté de la paix, la population d’Afrique du Sud a montré ce qu’il était possible de faire. Avec vigueur et entêtement, on peut obtenir des résultats. Il faut aller de l’avant et se concentrer davantage sur cette question. On pense souvent que la fin des conflits politiques est la fin de la violence. Mais, la violence contre les femmes est une violation de leurs droits fondamentaux qui doit être examinée par les organisations des droits de l’homme. Il faut agir de façon plus active. Le mouvement anti-apartheid était soutenu de par le monde. Maintenant, c’est aux Sud-Africains de continuer.

Une participante a suggéré qu’il était temps de disposer d’un rapport sur la situation des femmes dans les conflits armés et a plaidé en faveur de la désignation d’un Rapporteur spécial sur cette question. Par la voix de Mme Tabatabai, Mme King a approuvé entièrement cette proposition. La situation des femmes pauvres dans le monde, tant dans les pays en développement que dans les pays développés, a été mise en avant par une autre participante. Il ne saurait y avoir de paix quand les gens ont faim et n’ont pas de foyer, a-t-elle dit, lançant un vibrant appel en faveur de l’égalité économique des femmes.

Mme ADIATU TERESA DEIGH, représentante de “The Sierra Leone Youth Empowerment Organisation” (SLYEO), a décrit la situation terrible des femmes et des enfants victimes du conflit en Sierra Leone. Elle a indiqué que l’organisation qu’elle représente a été active dans la recherche de la démocratie et a soutenu activement la constitution d’un gouvernement élu. La SLYEO a présenté ses vues sur la réconciliation et donné des conseils pour aider les victimes des violences à surmonter les traumatismes. La représentante a lancé un appel en faveur d’un soutien accru aux victimes du conflit en Sierra Leone.

Dans ce contexte, elle a plaidé en faveur d’un appui plus grand au Fonds en faveur des victimes de la guerre et de l’établissement d’un secrétariat et d’un centre d’informations destiné aux jeunes qui aiderait le pays à revenir à la normale. Elle a indiqué que son organisation souhaitait établir des liens avec d’autres organisations de jeunes dans le monde.

Mme MAYERLY SANCHEZ, Mouvement des enfants pour la paix de la Colombie, a d'abord souligné qu'aujourd'hui des millions d'enfants de moins de dix-huit vivent dans des guerres qui ne sont pas les leurs. Le Mouvement des enfants a comme objectif de revendiquer le droit à la vie et le droit à la paix étant donné qu'en Colombie, plusieurs femmes et filles demeurent victimes de la violence, que 800 000 personnes dont des enfants ont été déplacés et qu'1,2 million de filles travaillent ou combattent auprès des guérilleros. A la suite de cette déclaration, une question a été posée sur la contribution spécifique des filles dans ce Mouvement. Il s'agit d'abord de les faire sortir de l'anonymat, a répondu Melle Sanchez, en ajoutant que les filles peuvent donner ce qu'ont en commun toutes les femmes, à savoir le sentiment humain et des solutions désintéressées pour le bien de tous. Comment augmenter la participation des femmes aux processus de règlement, a demandé une autre participante après une autre qui a demandé la levée des sanctions contre l'Iraq pour le bien-être des femmes iraquiennes.

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