En cours au Siège de l'ONU

DSG/SM/82

LA VICE-SECRETAIRE GENERALE DECLARE QUE LE CONSEIL DE SECURITE A "REAFFIRME DE FA¦ON SPECTACULAIRE SON ENGAGEMENT DE LONGUE DATE ENVERS L'AFRIQUE"

7 mars 2000


Communiqué de Presse
DSG/SM/82
SC/6797


LA VICE-SECRETAIRE GENERALE DECLARE QUE LE CONSEIL DE SECURITE A "REAFFIRME DE FAÇON SPECTACULAIRE SON ENGAGEMENT DE LONGUE DATE ENVERS L’AFRIQUE"

20000307

On trouvera ci-après le texte de l’allocution prononcée par la Vice- Secrétaire générale, Mme Louise Fréchette, devant le Conseil de sécurité réuni le 31 janvier pour examiner la situation en Afrique:

Monsieur le Président, laissez-moi commencer par vous féliciter une fois encore votre pays et vous-même d’avoir donné une impulsion historique à l’activité du Conseil pour le nouveau millénaire. Cette salle a rarement, pour ne pas dire jamais, vu en l’espace d’un mois autant de chefs d’État ou de gouvernement ou de représentants éminents du pays hôte.

Vous avez convié les pouvoirs exécutif et législatif de votre pays à un niveau très élevé de représentation. Je crois qu’on peut dire que cela a permis à l’ONU et aux États-Unis de mieux se comprendre que par le passé. Et on peut espérer que cela marquera le début d’une nouvelle ère de participation constructive des États-Unis à tous les aspects des travaux de notre organisation.

Il est des plus encourageants que vous ayez saisi cette occasion pour appeler l’attention sur les problèmes auxquels nous faisons face en Afrique. Aucune autre partie du monde n’a autant besoin de notre aide. Et aucune ne pourrait mieux récompenser nos efforts si nous nous attelons intelligemment et sans plus attendre à la tâche.

D’après l’Economist Intelligence Unit, l’Afrique subsaharienne devrait être la région dont la croissance économique sera la plus forte dans le monde cette année. Et quel est le pays qui a pris la tête de cette croissance impressionnante? Le Mozambique, pays qui, il y a quelques années à peine, était déchiré par une guerre civile apparemment aussi insoluble que celles qui font actuellement rage ou qui menacent sur le continent.

Monsieur le Président, s’il est un pays au monde où les efforts de l’ONU, en matière de rétablissement de la paix, de maintien de la paix et de consolidation de la paix, ont été indéniablement déterminants, il me semble que c’est le Mozambique. Aucun «afro-pessimiste» ne peut donc dire que nous, c’est-à-dire aussi bien vous aux États-Unis, nous au Secrétariat, ou l’un ou l’autre membre de ce Conseil, perdons notre temps en essayant d’aider les Africains à résoudre leurs problèmes. Au contraire, je suis convaincue que si seulement nous parvenons à entretenir l’élan que vous avez imprimé, vos efforts de mobilisation de la communauté internationale, ainsi que du continent lui-même, auront des répercussions positives sur la paix, la stabilité et la prospérité en Afrique.

Et je suis heureuse de constater que vendredi dernier, les ministres de l’Union européenne ont à leur tour entamé un débat historique sur une «nouvelle relation stratégique» avec l’Afrique, axée sur la réduction de la pauvreté et des conflits.

Au cours de ce «Mois de l’Afrique», nous avons vu des signes concrets et encourageants de la compréhension, de l’intérêt, de la détermination et de l’engagement dont toutes les parties doivent manifester si nous voulons nous attaquer aux causes profondes des conflits et mettre un terme aux souffrances de tant d’Africains. Et nous avons tiré parti de la sagesse et de l’attention soutenue de plusieurs dirigeants africains éminents, dont le souci de résoudre les problèmes du continent va bien au-delà des intérêts nationaux immédiats de tel ou tel pays africain. Laissez-moi rendre hommage en particulier à la contribution de trois dirigeants africains qui sont encore parmi nous pour cette session finale : le Président de la Zambie, M. Chiluba; le Secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine, M. Salim Ahmed Salim; et le Président de l’Assemblée générale, M. Theo-Ben Gurirab.

Comme vous le savez, le Secrétaire général de l’ONU a lui aussi suivi vos débats avec le plus vif intérêt. Un autre conflit de longue date, celui de Chypre, l’oblige à être à Genève aujourd’hui, mais je peux vous assurer qu’il est présent avec nous par la pensée, et je lui ferai un compte rendu détaillé de vos délibérations lorsqu’il reviendra à New York demain.

En consacrant sa toute première session du nouveau millénaire au problème du sida, le Conseil a constaté que cette épidémie menace la sécurité de l’Afrique, non seulement parce qu’elle cause directement la mort de millions d’Africains, mais aussi parce qu’elle constitue un facteur d’instabilité sociale, économique et politique. Les membres du Conseil ont montré qu’ils étaient bien conscients que cela ne servirait à rien que la communauté internationale tente de régler les problèmes de paix et de sécurité du continent sans se préoccuper du VIH/sida.

Plusieurs propositions importantes ont été faites pendant le débat et doivent être concrétisées sans attendre. Somme toute, un nouvel élan a été donné à la lutte contre cette maladie particulièrement cruelle, et à l’alliance contre le sida en Afrique qui se forme actuellement sous la direction de l’ONUSIDA. Je me félicite tout particulièrement des promesses d’appui matériel faites à cet égard par le Vice-Président Gore et par d’autres représentants des pays donateurs.

Les débats consacrés au Burundi ont également montré les signes concrets d’une volonté résolue de sortir de l’impasse actuelle. La sagesse et la conviction du Président Mandela se sont une nouvelle fois avérées irremplaçables. Je le remercie du fond du cœur pour la confiance qu’il a témoignée au Conseil en venant participer à ce débat et pour les déclarations inoubliables qu’il a prononcées ici même et à Arusha.

De même, lorsqu’il a été question des problèmes encore plus complexes de la République démocratique du Congo, pas moins de sept chefs d’État africains se sont joints au Secrétaire d’État de votre pays, Monsieur le Président, pour nous donner un regain d’espoir par leur présence et leurs interventions. Ils se sont à nouveau déclarés résolus à trouver une solution pacifique à ce que Mme Albright a qualifié à juste titre de «première guerre mondiale de l’Afrique».

Cela a donné une nouvelle impulsion à l’Accord de Lusaka, qui est déjà en lui-même un exemple majeur de la détermination renouvelée de l’Afrique à résoudre ses propres problèmes. Tous les États qui l’avaient signé ont solennellement réaffirmé leur attachement à ce document. Et le fait qu’un homme d’État de la clairvoyance et l’autorité morale de Sir Ketumile Masire ait accepté de faire office d’intermédiaire lors de la prochaine phase des négociations est un élément très prometteur.

Le Conseil s’emploie à mettre définitivement au point une résolution qui nous permettrait enfin de déployer les 500 observateurs militaires et les troupes d’appui qui ont été promis. Si tout se passe bien, cela devrait déboucher sur une nouvelle opération majeure de maintien de la paix et de consolidation de la paix, qui ne permettra plus de douter que la communauté internationale est vraiment déterminée à résoudre le conflit en Afrique.

Le processus de paix en Sierra Leone est allé de l’avant, mais reste encore très fragile. L’ONU n’a assumé à l’heure actuelle aucune responsabilité aussi grande dans aucun autre pays d’Afrique. Je suis heureuse que les discussions de ce mois nous aient rapprochés du moment où nous nous verrons remettre le mandat et les ressources nécessaires pour nous acquitter de cette responsabilité et j’espère qu’au cours de la semaine prochaine, le Conseil sera en mesure d’adopter une résolution à cet effet, comme prévu.

S’agissant de l’Angola, vos discussions ont au moins permis de remettre cet interminable conflit sur le devant de la scène internationale et je vous en suis reconnaissante. Les importants travaux du Comité des sanctions du Conseil, que dirige l’Ambassadeur Fowler, doivent désormais avancer pour donner de meilleures chances à la paix.

Tout aussi important est le débat que vous avez consacré au grave problème des réfugiés et des personnes déplacées en Afrique. Ces derniers méritent notre attention tout autant que les autres réfugiés partout dans le monde. J’espère qu’en focalisant l’attention sur eux, vous aurez permis d’obtenir un financement plus généreux des appels humanitaires que l’ONU a lancés en leur nom. Et je dois également vous remercier, Monsieur le Président, d’avoir attiré l’attention sur la discrimination qui frappe souvent les personnes déplacées à l’intérieur de leur pays, problème qui préoccupe depuis longtemps la branche humanitaire de la famille des Nations Unies, mais qui avait rarement intéressé jusqu’à présent les dirigeants politiques ou les médias internationaux.

Si je devais résumer les résultats de ce mois en une seule phrase, je dirais que le Conseil a réaffirmé de façon spectaculaire son engagement de longue date envers l’Afrique et a à cette occasion fait preuve d’un plus grand sens de l’urgence qu’auparavant.

Mais nous savons tous que ce n’est pas dans cette salle que nous pourrons dire dans quelle mesure nous avons réussi, si tant est que nous avons réussi. On peut seulement le savoir sur le continent africain lui-même, où nous aurons su ou non rétablir ou maintenir la paix et atténuer les souffrances de tant d’innocents. La vraie question est donc : et maintenant, que faire?

Les présidences se succèdent au fil des mois mais l’Afrique, avec ses blessures et ses efforts héroïques, demeure avec nous mois après mois. Notre détermination à soigner ces blessures et à appuyer ces efforts ne vaut que pour autant que nous saurons la concrétiser efficacement et, surtout, durablement.

Et, Monsieur le Président, les dirigeants africains quant à eux ne doivent pas oublier quelque chose qu’ils ont entendu maintes et maintes fois dans cette salle ces dernières semaines : l’appui international ne pourra les aider que s’ils font preuve eux-mêmes de sens politique et d’une réelle détermination politique. Personne n’imagine que leur tâche est facile. La cause de la paix et du développement exige de nombreux

sacrifices difficiles et des compromis audacieux. Mais leurs efforts et les risques qu’ils auront pris seront sûrement récompensés s’ils donnent aux peuples d’Afrique une véritable chance de se construire un avenir pacifique et prospère, pour eux et pour leurs enfants.

Pour ma part, au nom du Secrétariat, je vous promets que nous ferons tout notre possible pour mettre à profit l’élan suscité par ce « Mois de l’Afrique », et pour garantir qu’il sera maintenu au sein du système des Nations Unies. Je suis convaincue que les membres du Conseil feront de même.

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