L'INTEGRATION D'UNE DIMENSION "EGALITE ENTRE LES SEXES" DANS L'ACTION DE L'ONU EST UN PROCESSUS QUI EXIGE DES CHANGEMENTS ORGANISATIONNELS
Communiqué de Presse
FEM/1080
L'INTEGRATION D'UNE DIMENSION "EGALITE ENTRE LES SEXES" DANS L'ACTION DE L'ONU EST UN PROCESSUS QUI EXIGE DES CHANGEMENTS ORGANISATIONNELS
20000301L'intégration d'une perspective sexospécifique dans les activités des organisations internationales est un processus à long terme qui exige des changements dans les pratiques d'organisation à tous les niveaux et l'élaboration d'instruments adéquats sur lesquels fonder des programmes efficaces. C'est ce qui est ressorti des déclarations faites cet après-midi devant la Commission de la condition de la femme par les représentants des institutions spécialisées du système des Nations Unies. Des mesures ont été prises au sein de chacune d'entre elles pour veiller à ce que les programmes tiennent compte de l'égalité entre les sexes et pour sensibiliser le personnel qui assure leur mise en uvre à cette question. Ainsi, la représentante de l'Organisation des Nations Unies pour léducation, la science et la culture, a-t-elle expliqué que l'UNESCO avait développé du matériel de formation et de sensibilisation à l'attention du Secrétariat de l'Organisation et des Etats Membres, ainsi que des indicateurs sensibles à la question de l'égalité entre les sexes dans tous ses domaines de compétences. Conscient de la nécessité de donner une formation spécifique à son personnel, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a, pour sa part, mis en place un plan de formation centré sur l'humain qui fournit un cadre d'analyse des différentes expériences des hommes et des femmes réfugiés et déplacés.
Les représentants des pays suivants ont fait une déclaration dans le cadre de la clôture du débat sur le suivi de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes (Beijing, 1995) et l'évaluation de l'application du Programme d'action : Pérou, Mongolie, Panama et Jordanie. Outre l'UNESCO et le HCR, les représentants de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) sont également intervenus. Les représentantes du Caucus mondial des femmes handicapées, du Caucus des ONG sur la violence contre les femmes, de la Fédération internationale des femmes universitaires et du Forum Asie-Pacifique ont participé au débat.
Auparavant, la Commission avait été saisie de projets de résolution sur la libération des femmes et des enfants pris en otage dans les zones de conflit armé; la situation des femmes et des filles en Afghanistan; la situation des Palestiniennes et l'aide à leur apporter; et sur les femmes et les filles face au virus VIH et au sida.
La Commission se réunira demain jeudi 2 mars à 15 heures pour se prononcer sur ces textes et terminer ainsi ses travaux. A partir du 3 mars, elle se constituera en Comité préparatoire de la session extraordinaire de l'Assemblée générale intitulée "Les femmes en l'an 2000 : égalité entre les sexes, développement et paix pour le XXIe siècle". Cette réunion qui se tient 5 ans après l'adoption du Programme d'action de Beijing est prévue du 5 au 9 juin 2000 à New York.
SUIVI DE LA QUATRIEME CONFERENCE MONDIALE SUR LES FEMMES
Examen et évaluation approfondis de lapplication du Programme daction
Présentation de projets de résolution
Le projet de résolution sur la libération des femmes et des enfants pris en otage dans les zones de conflit armé, y compris ceux qui ont été emprisonnés ultérieurement, (E/CN.6/2000/L.2), a été présenté par lObservateur de lAzerbaïdjan. Elle a ainsi rappelé que le Programme daction de Beijing stipule que les conflits et les actes de terrorisme continuent daffecter les populations civiles, en particulier les femmes et les enfants, dans toutes les régions du monde. La prise dotages de la population civile comme moyen de pression politique est devenue un phénomène courant en complète violation du droit international humanitaire. Cette situation exige une réunion des efforts pour obtenir la libération des victimes, a souligné la représentante avant dattirer lattention de la Commission sur laspect principal de la résolution qui demande que lon mette en lumière, sur la base des informations reçues des Etats et des organisations internationales, le cas des femmes et des enfants pris en otages lors des conflits armés. Ladoption de cette résolution constituera une action préventive et un obstacle à tous ceux qui se sont engagés dans la prise dotage. La représentante a émis lespoir que cette résolution sera adoptée par consensus comme cela a été le cas les années précédentes.
Par ce texte, la Commission de la Condition de la femme condamnerait les actes de violence contre les femmes et les enfants en situation de conflits et appellerait à une réponse efficace, y compris leur libération immédiate. La Commission demanderait aussi au Secrétaire général et à toutes les organisations internationales pertinentes à user de tous les moyens possibles pour faciliter cette libération.
Présentant le projet de résolution sur la situation des femmes et des filles en Afghanistan (E/CN.6/2000/L.4), la représentante des Etats-Unis a fait observer que le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la violence contre les femmes, a indiqué que dans les zones contrôlées par les Taliban, les violations des droits de la femme sont fréquentes et que la discrimination dont fait lobjet les femmes touchent tous les aspects de leur vie. Le Rapporteur reconnaît toutefois quen raison des pressions internationales, certains changements mineurs sont intervenus, en particulier dans les domaines de lenseignement primaire et de lemploi des femmes dans les services de santé. Le projet de texte présenté aujourdhui, a poursuivi la représentante, reconnaît les changements puisquelle se réfère aux restrictions aux droits de lhomme et non plus au déni comme cela était dans les résolutions précédentes. Pour la représentante, la Commission doit dire clairement que les souffrances infligées aux femmes nont aucun fondement culturel et sont tout à fait inacceptables. Le projet de texte doit être considéré comme laffirmation de la détermination de la communauté internationale de faire cesser la situation actuelle des femmes en Afghanistan.
Le texte recommande au Conseil économique et social dexhorter toutes les parties afghanes, en particulier les Taliban, à mettre fin sans retard à toutes les violations des droits fondamentaux des femmes et des filles et de prendre durgence des mesures pour assurer labrogation de toute disposition législative ou autre se traduisant par une discrimination à légard des femmes et des filles. Les mesures doivent également viser à assurer la participation effective des femmes à la vie civile, culturelle, économique et sociale du pays; le respect de légalité des droits des femmes au travail et leur réintégration dans leur emploi; le droit égal des femmes et des filles à léducation sans discrimination; louverture de poursuites à lencontre des responsables dagression physiques contre les femmes; le respect de la liberté de mouvement des femmes; et le respect de laccès effectif des femmes et des filles, dans des conditions dégalité, aux services nécessaires pour protéger leur droit de bénéficier des meilleurs soins de santé physique et mentale.
Présentant le projet de résolution sur la situation des Palestiniennes et l'aide à leur apporter (E/CN.6/2000/L.5), la représentante du Nigéria, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a rappelé que peu de progrès ont été réalisés en ce qui concerne la situation des femmes palestiniennes dans le Territoire occupé, y compris Jérusalem. Elle a indiqué que le projet de résolution comprenait deux nouveaux paragraphes par rapport à l'an dernier qui portent respectivement sur la nécessité de mettre en uvre le Mémorandum de Charm al-Cheikh et de respecter les accords existants, et sur la nécessité d'assurer la continuité et le succès du processus de paix et den garantir la conclusion avant la date convenue de septembre 2000, ainsi que l'obtention de progrès tangibles pour ce qui est d'améliorer la situation des Palestiniennes et de leur famille.
Le projet de texte recommande au Conseil économique et social de réaffirmer que l'occupation israélienne demeure un obstacle majeur à l'amélioration de la condition des Palestiniennes et d'exiger qu'Israël respecte pleinement les dispositions et principes de la Déclaration universelle des droits de l'homme, des Règlements annexés à la Convention de La Haye de 1907 et la Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre afin de protéger les droits des Palestiniennes et de leur famille. Israël devrait aussi prendre des mesures pour que les femmes et les enfants palestiniens réfugiés et déplacés puissent tous regagner leurs foyers et recouvrer leurs biens dans le Territoire palestinien occupé. La représentante a exprimé l'espoir que la Commission adoptera le texte par consensus comme les années précédentes.
Présentant le projet de résolution intitulé "les femmes et les fillettes face au virus de l'immunodéficience humaine et du sida" (E/CN.6/2000/L.6), la représentante de la Zambie, au nom du Groupe africain, a rappelé que le nombre de femmes infectées par le virus du sida est en augmentation constante. Les chiffres sont particulièrement alarmants en Afrique subsaharienne. Elle a souligné la nécessité de créer les mécanismes nécessaires pour faire face aux défis posés par le sida. Le Groupe africain souhaite que les diverses questions liées à l'épidémie du VIH/sida soient abordées et que des mesures soient prises pour éradiquer ce fléau. Dans ce contexte, elle a souligné l'importance de continuer d'adopter chaque année une résolution sur les femmes et le VIH/sida.
Aux termes de ce projet de texte, la Commission de la condition de la femme réaffirmerait le droit des femmes et des fillettes infectées par le VIH/sida d'avoir accès aux services de santé et d'éducation et aux services sociaux, et d'être protégées contre la discrimination, la stigmatisation, les mauvais traitements et l'abandon sous toutes leurs formes. Elles doivent aussi jouir des droits de la personne leur ouvrant un accès égal à l'éducation, à la formation professionnelle et aux possibilités d'emploi, moyen de les rendre moins vulnérables à l'infection par le VIH. En conséquence, la Commission engagerait les gouvernements à faire tout le nécessaire pour renforcer l'indépendance économique des femmes, protéger et défendre leurs droits et leurs libertés fondamentales. La lutte contre le VIH et le sida devrait, en outre, constituer une des priorités des programmes de développement. Le projet de texte engage aussi les gouvernements à susciter par des mesures appropriées un environnement incitant à apporter compassion et soutien aux personnes séropositives, à mettre en place un cadre juridique protégeant les droits des personnes vivant avec le VIH et le sida, à donner aux personnes vulnérables la possibilité d'accéder si elles le souhaitent à des services de conseils, et à encourager les efforts visant à réduire la discrimination et la stigmatisation. Il engage aussi les gouvernements, avec l'aide des institutions, fonds et programmes compétents des Nations Unies, à adopter des directives intégrées à long terme de prévention du sida, cohérentes et répondant à la situation actuelle, assorties de programmes d'information et d'éducation.
La représentante de la Zambie a engagé les Etats Membres à adopter le projet de résolution par consensus.
Fin du débat général
Mme NAFSIAH MBOI, Organisation mondiale de la santé (OMS), a mis laccent sur limpact de la dépression sur les femmes. Elle a ainsi expliqué que les femmes des pays développés et des pays en développement sont une fois et demie plus susceptibles de succomber à une dépression nerveuse que les hommes. En 2020, la dépression nerveuse devrait prendre la deuxième place dans le groupe des maladies les plus fréquentes.
Dans lheure qui vient de sécouler, a poursuivi la représentante, 260 filles ou femmes viennent dêtre infectées par le VIH/sida et plus de 50 femmes sont mortes des suites dun accouchement. Il existe aujourdhui dans le monde 200 millions de femmes fumeuses, chiffres qui devrait tripler dici lan 2025. La situation des femmes en matière de santé reflète à bien des égards leur situation générale. En conséquence, lOMS est préoccupée par le fait que le document proposé actuellement comme document final de la session extraordinaire de juin sur lévaluation quinquennale du Programme daction de Beijing ne comporte aucune mention explicite de la santé des femmes. LOMS appelle donc à laddition de références spécifiques dans chaque partie principale de ce document.
Mme GLASSOCOCK, Organisation internationale pour les migrations (OIM), a mis l'accent sur la prévention de la traite des femmes migrantes et sur les effets de l'émigration des femmes sur les familles qui restent au pays. Elle a souligné que les femmes jouent un rôle clé dans le processus migratoire. Cependant, les emplois auxquels elles ont accès sont souvent limités aux tâches domestiques, à l'industrie du spectacle et aux tâches hospitalières. En outre, elles sont souvent en butte à une double discrimination car elles sont moins bien rétribuées que les hommes et les femmes du pays d'accueil, mais aussi que les hommes immigrés. Quant à la traite des femmes, elle suppose de nombreux risques qui vont de l'insécurité au cours du voyage à la violence (et plus particulièrement la violence sexuelle), en passant par le déni d'accès aux services sociaux.
Dans le cadre de la lutte contre les migrants, l'OIM met l'accent sur la prévention par l'information et l'assistance sous la forme de secours et de mesures de réinsertion en faveur des personnes victimes de la traite. Etant donné le manque de données sur la féminisation des flux migratoires, l'Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme (INSTRAW) et l'OIM ont convenu en 1998 d'un projet de recherche conjoint qui a révélé que la plupart des femmes migrantes a amélioré sa situation économique, mais que ce gain a été au prix de conditions de travail difficiles et de traitements abusifs, tandis qu'un fardeau supplémentaire a été imposé aux fillettes et aux parents âgés restés au pays, qui ont dû par leur travail combler le vide laissé par les femmes. Une réunion d'experts sur cette étude conjointe a notamment souligné, en 1999, la nécessité pour les gouvernements de prendre acte de l'impact économique des femmes migrantes, d'organiser une formation préalablement à l'émigration et de faire en sorte que les femmes aient accès aux soins de santé.
M. KOFI ASOMANI, Directeur au Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), a indiqué qu'à travers le Système de gestion des opérations, le HCR est en train de créer une infrastructure interne pour assurer que les rapports des pays et les plans d'opération visent l'intégration de l'égalité entre les sexes. Les appels de fonds sont également sensibles à cette question. Des indicateurs visant à évaluer l'efficacité du nouveau Système de gestion des opérations sont en cours de développement. Ainsi, on cherche à établir des indicateurs applicables à diverses situations de mouvements de réfugiés afin d'assurer que les procédures appropriées visant à déterminer le statut de réfugiés pour les femmes demandeuses d'asile soient appliquées. L'une des stratégies pour l'intégration d'une perspective sexospécifique a été la création d'équipes pour légalité entre les sexes et le renforcement des réseaux pour cette égalité au sein du HCR. De tels réseaux assurent une approche multisectorielle qui a permis d'enregistrer des succès là où les réseaux ont développé des instruments pour la programmation et protection spécifiques aux régions. Depuis plus de dix ans, le HCR a eu recours à la formation planifiée orientée vers l'humain pour fournir au personnel du Haut Commissariat et à ses partenaires un cadre d'analyse des différentes expériences des réfugiés, de ceux qui sont rentrés dans leur foyer et des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays. Cette formation est en cours de révision en vue d'y intégrer une approche fondée sur les droits qui permettrait de corriger les déséquilibres et de redresser les inégalités fondées sur le sexe.
Pour que la participation du HCR aux programmes de reconstruction après conflit soit efficace, une analyse par sexe de toutes les activités et des mécanismes de coordination effectifs sont nécessaires pour assurer que les programmes veillent à promouvoir l'égalité entre les sexes tout au long du processus. L'un des défis les plus difficiles auquel il faut faire face est la diminution des ressources doù la nécessité de partenariats interinstitutions en vue de renforcer les efforts collectifs. Souvent, les politiques et actions visant à l'égalité entre les sexes sont considérées comme entrant en compétition avec les autres activités importantes plutôt que comme faisant partie intégrante des solutions, a déploré le représentant. Cette situation pose un dilemme particulier pour les organisations de terrain comme le HCR, prises entre la "tyrannie de l'urgence" et l'impératif de sauver des vies, et la pression des donateurs qui veulent qu'il leur soit rendu compte rapidement des résultats de manière quantitative plutôt que processive, ce qui met la question de la sexospécificité dans une situation désavantageuse. Le HCR s'inquiète de ce que la compétition pour l'obtention de fonds puisse avoir un effet négatif sur sa capacité à mettre en uvre sa stratégie d'intégration d'une perspective sexospécifique, a souligné le représentant. Il a souhaité que la création de partenariats plus forts permettent de compenser ces effets négatifs éventuels.
Après le succès des Initiatives pour les femmes rwandaises et pour les femmes bosniaques, le HCR a lancé une Initiative en faveur des femmes du Kosovo. Cette Initiative qui bénéficie d'un financement de 10 millions de dollars fournis par le Gouvernement américain vise à mobiliser les femmes du Kosovo, à les aider ainsi que leur famille à reconstruire leur vie, à promouvoir l'égalité et à habiliter les femmes en tant qu'agents du changement et de la solidarité. Parmi les autres initiatives lancées dans le cadre du suivi de Beijing, le représentant a encore cité plusieurs projets orientés vers les femmes en Afrique et en Amérique centrale. Des progrès ont été réalisés mais ce n'est qu'un début. Les réfugiés, les gouvernements, les ONG locales et internationales et les partenaires du Système des Nations Unies doivent poursuivre leurs efforts pour corriger les inégalités fondées sur le sexe et améliorer la vie des femmes et des hommes réfugiés, a conclu le représentant.
M MANUEL PICASSO (Pérou) a estimé que le Programme daction de Beijing a certainement été la cause de changements importants dans divers pays. En Amérique latine, le principe dégalité entre hommes et femmes a été confirmé et dans le cas du Pérou, la stratégie en la matière a été le pilier des efforts de développement. Des mesures ont été prises, en particulier dans les domaines de la santé et de léducation où lintégration de la dimension sexospécifique a fait chuter de 18 à 7% le taux danalphabétisme des filles, entre 1993 et 1999. Des mécanismes institutionnels ont été établis et la coopération avec les ONG sest intensifiée. Pour le représentant, lévaluation quinquennale du Programme daction doit permettre la prise de nouvelles initiatives pour consolider les acquis et faire avancer les choses. Le représentant a terminé en attirant lattention de la Commission sur le Consensus de Lima issu de la VIIème Conférence régionale sur la femme en Amérique latine et aux Caraïbes.
Mme ZOFIA OLSZOWSKA, Organisation des Nations Unies pour léducation, la science et la culture (UNESCO), a déclaré que l'UNESCO accorde une attention particulière à l'éducation des filles et des femmes en tant que moyen de les protéger contre l'épidémie du sida et en vue de renforcer leur accès aux études scientifiques et techniques, domaines dans lesquels on constate encore une discrimination à l'égard des femmes. L'égalité entre les sexes dans les processus de décision et l'élaboration des politiques constitue une autre priorité de l'UNESCO. Une grande partie des efforts sont consacrés à aider les femmes à accéder à des postes de responsabilité et de direction dans l'éducation, la science, la culture et les communications, ainsi que dans l'établissement de la paix et les structures politiques. Le Directeur de l'UNESCO a récemment lancé un appel à tous les médias du monde, les invitant à marquer la Journée internationale de la femme en chargeant les femmes journalistes du rôle de rédacteur en chef de leur média à l'occasion de cette Journée. La réponse à cet appel a été particulièrement encourageante, a souligné la représentante.
Au cours de l'année écoulée, l'UNESCO a été particulièrement active dans la promotion de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes par le biais de son Passeport pour l'égalité, adressé à la fois aux femmes et aux hommes. Une nouvelle version de ce Passeport incluant des informations sur le Protocole facultatif sera disponible prochainement dans dix langues. Cette publication est distribuée dans le monde entier et est utilisée comme instrument d'éducation par des centaines d'organisations de terrain. L'appui qu'apporte l'UNESCO au partenariat des femmes dans les efforts en vue de l'établissement de la paix se traduisent de diverses manières. Ainsi, en coopération avec l'Organisation de l'unité africaine, une conférence des femmes panafricaines, les Femmes pour la paix et la non-violence en Afrique s'est tenue à Zanzibar, Tanzanie, en mai 1999. Une avancée importante a aussi été l'intégration d'une perspective sexospécifique dans le projet mondial "World Water Vision" qui sera discuté lors du Deuxième Forum mondial sur l'eau qui se tiendra à La Haye en mars 2000. La représentante s'est félicitée de ce que la question cruciale de l'utilisation et de la gestion de l'eau soit discutée par les différents partenaires concernés en partant d'une véritable perspective sexospécifique. Pour assurer le succès de l'intégration d'une perspective sexospécifique, l'UNESCO accorde, enfin, une attention spéciale au développement de programmes de formation et de matériel de sensibilisation appropriés à l'attention du secrétariat de l'Organisation et des Etats Membres, ainsi qu'à l'élaboration d'indicateurs sensibles à l'égalité entre les sexes dans les domaines de compétence de l'UNESCO, a encore expliqué la représentante.
Parmi les diverses mesures prises par son pays, Mme SURD (Mongolie) a cité la loi sur le travail adoptée lannée dernière dont un chapitre est consacré aux femmes, les modifications apportées au Code civil en vue daccorder des droits égaux aux femmes, les amendements aux lois concernant les assurances sociales afin de garantir des pensions aux femmes enceintes et aux mères, ainsi que le Programme national dallégement de la pauvreté dont plus de 60% des bénéficiaires sont des femmes. La priorité du Gouvernement est désormais lamélioration de la situation des femmes rurales par léducation et des mesures sont en cours pour organiser le secteur de léducation informelle, créer de nouveaux emplois et fournir du bétail aux familles pauvres, en particulier aux foyers dirigés par des femmes, a-t-elle ajouté. En outre des progrès ont été réalisés dans le domaine de léducation, notamment par létablissement dun centre de formation pour les femmes.
La représentante a observé quune coopération constructive entre les institutions gouvernementales et les organisations non gouvernementales est nécessaire pour réaliser les objectifs de Beijing. A cet égard, elle a indiqué que son pays collabore activement avec lUNIFEM, afin de développer des indices pour évaluer et surveiller lapplication du Programme national daction et établir un budget adéquat. Toutefois, les difficultés économiques de la période de transition à laquelle est confrontée la Mongolie touchent particulièrement les groupes vulnérables, y compris les femmes, et il importe que des mesures soient prises pour réduire la pauvreté et le chômage, améliorer les services sociaux de base et promouvoir ainsi la situation des femmes.
Mme DETULIPANO (Panama) a indiqué qu'au Panama, les femmes occupaient des postes à responsabilités, notamment la Présidence du pays. La création du Ministère de la femme, de la jeunesse et de la famille témoigne de la volonté du Gouvernement du Panama de mettre en uvre le Programme d'action de Beijing. Dans le cadre d'un Plan d'action national, des mesures ont été prises en faveur d'une meilleure protection des droits des femmes et des enfants et de la promotion de l'égalité entre les sexes. Ainsi, un quota de 30% minimum est réservé aux femmes dans les organes politiques. Des progrès ont également été réalisés dans le domaine de la justice en ce qui concerne l'égalité des hommes et des femmes. Il y a eu en outre une mobilisation en faveur des femmes rurales et des avancées ont également été enregistrées de ce côté, notamment en ce qui concerne l'alphabétisation. Des mesures spécifiques ont été prises pour renforcer l'égalité des chances des hommes et des femmes dans le milieu du travail. Des obstacles subsistent toutefois. Ainsi, on constate une féminisation de la pauvreté. Poussées par le dénuement, les femmes sont de plus en plus nombreuses à migrer vers les villes. Le Panama reste néanmoins engagé à mettre en uvre le Programme d'action de Beijing en vue de parvenir à l'égalité entre les hommes et les femmes, a assuré la représentante.
Mme NASSER (Jordanie) a indiqué que son pays a introduit des changements importants notamment dans le domaine de léducation et de la santé. Toutefois, les progrès ne sont pas encore au niveau des aspirations et la situation des femmes nécessite de nouveaux efforts. Les succès enregistrés sont imputables à lidentification dobjectifs pratiques et au caractère adéquat des ressources mobilisées ainsi quau fait que les objectifs des programmes en faveur des femmes sont restés en parfaite conformité avec ceux du développement national. Bien que la Constitution et la législation jordaniennes consacrent légalité entre les sexes et limportance de protéger les droits des femmes, certaines lois comportent encore des dispositions discriminatoires. Elles font dailleurs, en ce moment, lobjet damendements. Compte tenu des problèmes socioéconomiques et de stabilité que la région connaît, la priorité est de faire comprendre aux populations les dangers dune croissance démographique trop soutenue et aux gouvernements la nécessité dadopter des mesures appropriées pour sassurer que la croissance démographique a lieu dans les limites des ressources disponibles et en tenant compte de lidentité culturelle des populations concernées.
La représentante du Caucus mondial des femmes souffrant de handicaps, a mis laccent sur la difficulté daccès des femmes handicapées aux nouvelles technologies. La possibilité dutiliser les ordinateurs qui jouent un rôle important dans la réinsertion est une question importante pour les femmes handicapées, en particulier pour celles des pays en développement qui nont pas le niveau déducation nécessaire. Les femmes handicapées invitent les Etats Membres des Nations Unies à sattaquer à cette question et à assurer une égalité des chances dans le domaine de léducation et de la réinsertion. La représentante a demandé aux Etats Membres dinclure des femmes handicapées dans les délégations de la session extraordinaire de juin sur « Beijing+5 » afin de démontrer leur détermination à intégrer les femmes handicapées à la société.
La représentante du Caucus des ONG sur la violence contre les femmes, a dénoncé certains faits qui constituent pour elle des actes de violence contre les femmes. Elle a ainsi attiré lattention de la Commission sur lInternet comme outil dexploitation des femmes et des enfants; la croyance traditionnelle selon laquelle des rapports sexuels avec une jeune fille vierge suffit à se prémunir du sida; et la montée des extrémismes religieux dont les politiques visent surtout à assujettir la femme. La représentante a également dénoncé les pratiques incestueuses, le recours au mariage pour échapper aux poursuites pour viols, les meurtres exécutés au nom de lhonneur de la famille, la séquestration des travailleuses migrantes dans certains pays, et le racisme qui conduit souvent à une marginalisation plus accrue des femmes et des filles.
La représentante de la Fédération internationale des femmes universitaires, a souligné que l'éducation est la base même du développement qui sous-tend tous les domaines critiques identifiés dans le Programme d'action de Beijing. L'évolution du monde exige que l'on revoit les programmes d'éducation. La sensibilité à la question de l'égalité entre les sexes doit en faire partie. Les compétences en matière d'activités à but lucratif doivent être élargies. Il faut prendre des mesures à la fois dans le cadre des structures éducatives formelles et informelles et, dans ce cadre, il serait judicieux d'évaluer les possibilités qu'offrent les universités virtuelles, a-t-elle dit. La représentante du Forum Asie-Pacifique a déclaré quen Asie, les femmes sont en prise avec deux ensembles de lois, celles de la constitution et les lois séculaires issues de la tradition, de la culture et de la religion qui déterminent souvent l'accès à la terre et aux ressources. Il s'agit là d'un défi extraordinaire à relever. Un autre défi important en Asie est la discrimination fondée sur la caste qui est particulièrement importante en Inde. Il faut s'attaquer à ces questions avec une attention particulière sinon il sera difficile de mettre pleinement en uvre la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes dans les pays concernés, a estimé la représentante. Dans ce contexte, elle a plaidé en faveur de l'octroi de ressources plus importantes aux ONG travaillant sur le terrain.
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