FEM/1078

L'ONUSIDA S'ALARME DE LA TENDANCE CROISSANTE A LA FEMINISATION DU SIDA

29 février 2000


Communiqué de Presse
FEM/1078


L'ONUSIDA S'ALARME DE LA TENDANCE CROISSANTE A LA FEMINISATION DU SIDA

20000229

Les délégations en expliquent les causes

Près de la moitié des 33,6 millions de personnes infectées par le virus du sida sont des femmes. L'Afrique subsaharienne compte à elle seule 23,3 millions de personnes infectées dont 55% sont des femmes. Dans cette région, le sida touche 17 à 22% des jeunes filles âgées de 15 à 19 ans, contre 3 à 7% des garçons du même âge. Tels sont les chiffres alarmants cités, cet après-midi, devant la Commission de la condition de la femme, par la représentante du Programme conjoint des Nations Unies sur le VIH/sida. Le sida est devenu une épidémie féminine qui se transmet aux enfants par le lait maternel, a-t-elle déclaré. Outre l'Afrique, les taux d'infection des femmes sont aussi à la hausse dans d'autres parties du monde, reflétant les inégalités sociales. Face à cette situation, l'ONUSIDA préconise de lutter sur plusieurs fronts. Un jalon important a été posé avec la création du Partenariat international pour la lutte contre le sida en Afrique, mais il faut encore améliorer l'accès des hommes et des femmes aux méthodes de prévention et promouvoir la recherche et une meilleure information sur la maladie, a déclaré la représentante. La vulnérabilité particulière des femmes et des filles au VIH/sida s'explique notamment par la persistance de schémas traditionnels et culturels qui encouragent le mariage précoce, tolèrent l'infidélité masculine, mais freinent l'usage généralisé du préservatif. En favorisant la prostitution, la pauvreté constitue un autre facteur de vulnérabilité, tout comme les situations de conflit à l'origine de mouvements massifs de population. Compte tenu de ces faits, les délégations ont mis l'accent sur la difficulté à lutter contre cette pandémie par la prévention qui est pourtant la seule solution, d'autant plus que les infrastructures de santé sont insuffisantes et que les médicaments en usage sont hors de prix pour de nombreux pays. Un appel au renforcement de la coopération internationale a été lancé par les délégations qui ont rappelé que le sida ne connaît ni les frontières, ni les cultures, ni les sexes.

Les représentants de la Géorgie, du Kirghizistan et de l'Ukraine ont évoqué, pour leur part, les conséquences de la transition économique sur la situation des femmes, indiquant que les indicateurs sociaux ont reculé à plusieurs égards, malgré les efforts déployés par leurs gouvernements. Ils ont invité la prochaine session extraordinaire « Beijing+5 » à accorder une attention particulière à leur situation.

Les représentants des pays suivants ont fait une déclaration : Brésil, Egypte, Sri Lanka, Ethiopie, République islamique d'Iran, Suède, Géorgie, Zimbabwe, Tunisie, Argentine, Zambie, Kirghizistan, Bangladesh, Guinée, Etats-Unis, Viet Nam, Iraq, République populaire démocratique de Corée, Allemagne, Pakistan, France, Ukraine, Philippines, Gabon, Soudan, Inde et Venezuela. Les représentants du Programme conjoint des Nations Unies sur le VIH/sida et du Programme des Nations Unies sur le développement (PNUD) sont également intervenus.

La Commission poursuivra ses travaux demain mercredi 1er mars à 10 heures. Elle devrait tenir une table ronde sur les approches novatrices des problèmes ayant des répercussions négatives sur la condition de la femme ou sur l'égalité entre les sexes.

SUIVI DE LA QUATRIEME CONFERENCE MONDIALE SUR LES FEMMES

Examen et évaluation approfondis de l’application du Programme d’action de Beijing

Fin du débat général

Mme AURORITA MENDOZA, Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIA), a rappelé que cinq ans après la Conférence de Beijing, le sida est devenu de plus en plus une épidémie féminine. Près de la moitié des 33,6 millions personnes infectées par le virus du sida sont des femmes. L'Afrique subsaharienne abrite 70% des personnes infectées. Dans cette région, 55% des 23,3 millions de personnes infectées sont des femmes. Les jeunes filles sont particulièrement vulnérables à l'épidémie. Selon les études, 17 à 22% des jeunes filles âgées de 15 à 19 ans ont déjà contracté le virus, contre 3 à 7% des garçons du même âge. Etant devenu une épidémie féminine, le sida est aussi devenu une épidémie infantile. La majorité des enfants infectés par le virus du sida en 1999 ont contracté la maladie par le lait maternel. Malheureusement, la maladie a fait reculer les succès qui avaient été enregistrés dans les programmes de santé maternelle et infantile dans les régions les plus touchées d'Afrique. Les taux d'infection des femmes sont aussi à la hausse dans plusieurs autres parties du monde.

L'épidémie du sida reflète les inégalités et les disparités. Ceux qui vivent dans la pauvreté, sont moins éduqués, ont moins de ressources économiques, bénéficient de soins de santé inadéquats, sont victimes de conflits, ne participent pas aux processus politiques, sont les plus vulnérables à la maladie. Il s'agit des populations que la Conférence de Beijing voulait aider. Vu que le sida nous oblige à examiner un grand nombre de questions qui ont un impact sur tous les aspects de la vie, la réponse à l'épidémie doit être liée aux questions relatives au comportement individuel, aux relations personnelles et sociales, aux structures communautaires, à l'élimination de la pauvreté, au développement de l'économie, à la résolution des conflits et à la responsabilité sociale. Il faut agir sur plusieurs fronts. Un jalon important a été posé avec la création du Partenariat international pour la lutte contre le sida en Afrique. Les parrains de cette initiative se sont engagés à réduire le nombre d'infections en Afrique dans un cadre cohérent et coordonné pour la programmation, la mobilisation des ressources et la création d'alliances stratégiques. Cela devrait permettre de mettre en œuvre un plan d'action global à hauteur de l'ampleur de l'épidémie en Afrique. La représentante du Programme ONUSIDA a notamment plaidé en faveur de l'amélioration de l'accès des hommes et des femmes aux méthodes de prévention du sida, de la promotion de la recherche et d'une meilleure information sur la maladie. Il faut que les hommes puissent agir aussi, ils ont en effet un rôle important à jouer en tant que partenaires dans cette lutte. La représentante a attiré l'attention sur les conséquences économiques du sida. Elle a estimé que la session « Beijing+5 » devait être l'occasion de montrer davantage de solidarité pour relever les défis posés par le sida, maladie qui ne connaît ni frontières, ni culture, ni sexe.

Mme MARCELA MARIA NICODEMOS.(Brésil) s’est déclarée consciente qu’en dépit des efforts déployés et des progrès réalisés dans son pays comme ailleurs, la réalisation des objectifs de l’égalité entre les sexes est encore très éloignée. Le processus de mondialisation, la pandémie de sida, les changements de la structure démographique, l’accès aux nouvelles technologies de l’information et les rôles changeants dans la société, sont quelques exemples des défis qui se dressent devant la communauté internationale et qui ne manqueront pas d’affecter la pleine mise en œuvre du Programme d’action de Beijing. Il est toutefois encourageant, a poursuivi la représentante, de noter la contribution remarquable des ONG dont la coopération avec les gouvernements s’est particulièrement avérée utile au Brésil. Au niveau international, a estimé la représentante, les Nations Unies ont joué un rôle crucial dans la promotion de la femme. Il faut, a-t-elle ajouté, continuer à accélérer l’élimination de tous les éléments qui font obstacle à la réalisation des objectifs identifiés par les quatre Conférences internationales sur les femmes et à la mise en œuvre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes ainsi que des autres instruments pertinents des droits de l’homme.

Mme ASTER ZAOUDE, Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a déclaré que si le monde d'aujourd'hui offre plus de chances et de ressources à ses habitants et si le produit national brut global a augmenté, cette situation dissimule cependant les effets négatifs de la mondialisation et les disparités entre les nations et entre les hommes et les femmes. L'objectif du PNUD est de réduire ces écarts. Des progrès ont certes été réalisés en faveur de la promotion des femmes. Pour sa part, le PNUD a œuvré en vue d'intégrer une perspective sexospécifique dans toutes ses politiques, programmes et procédures. Les efforts ont été multipliés pour intégrer une telle perspective dans les initiatives en faveur de l'élimination de la pauvreté, de la promotion de modes de vie durables, de la bonne gouvernance, de la protection de l'environnement, de la lutte contre le sida et des activités de développement. L'objectif est d'assurer que les hommes et les femmes bénéficient des mêmes opportunités de développer et d'utiliser leurs compétences, leurs connaissances et leurs talents. Le PNUD s'efforce aussi de réaliser un équilibre en son sein et dans son travail pour que les femmes participent sur un pied d'égalité à l'élaboration des politiques qui les concernent. Le PNUD s'efforce aussi de réduire les inégalités pour que toutes les femmes soient respectées en tant que citoyennes.

Mme Zaoude a encore mentionné la publication d'un manuel de directives en 1996 qui préconise l'allocation de 20% des ressources de base à la promotion de l'égalité entre les sexes. Les défis auxquels le PNUD doit faire face touchent essentiellement à la nécessité de réduire la pauvreté qui se féminise de plus en plus. Son atout est sa capacité à mobiliser toute la famille des Nations Unies par le biais du système du Coordonnateur-résident et de créer ainsi des partenariats solides, d’initier des interventions complémentaires et d’appuyer des réseaux d'ONG, de la société civile et du secteur privé. La représentante a lancé un appel pour que les ressources et l'expertise soient alliées pour assurer que les bureaux de pays bénéficient des meilleures compétences en vue d'intégrer la perspective sexospécifique en tant que question transsectorielle.

M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte) a indiqué que son pays a pour principal objectif de permettre aux femmes d’atteindre l’égalité avec les hommes pour réaliser le développement, conscient que seule une participation active des femmes dans toutes les sphères de la société peut garantir le développement durable. Dans ce contexte, les droits des femmes n’ont cessé de progresser en Egypte. La Constitution prévoit l’égalité entre tous les citoyens sans exception et des droits tels que le droit à l’éducation, le droit de vote et le droit de représentation sont garantis aux femmes sur une base d’égalité avec les hommes. Dans les projets et plans de développement, les stratégies concernant les femmes jouent un rôle crucial montrant ainsi la détermination de l’Egypte à mettre en œuvre les objectifs fixés par les conférences internationales des Nations Unies, en particulier, la Conférence de Beijing.

Un mécanisme de promotion de la femme vient d’être créé qui englobe plusieurs départements qui existaient déjà et une décision vient d’être adoptée pour établir un Conseil national de femmes, qui sera composé de personnalités ayant une grande expérience dans les affaires sociales et de représentants d’ONG. Ce Conseil sera chargé de mettre sur pied un plan d’action national pour la promotion de femme et de donner son avis sur les projets de loi relatifs aux femmes et la représentation des femmes dans les organes internationaux compétents. Le Conseil se concentrera aussi sur la mise en œuvre des recommandations de Beijing. Concluant, le représentant a souligné l’importance de la complémentarité entre les efforts nationaux et régionaux avant d’inviter, d’autre part, tous les gouvernements à donner effet à leurs engagements en ce qui concerne les ressources financières.

M. JOHN DE SARAM (Sri Lanka) a indiqué que les femmes avaient toujours joué un rôle important dans la société sri-lankaise. Les politiques sociales audacieuses en matière d'éducation et de santé ont bénéficié de manière significative à tous les secteurs de la population, y compris les femmes. L'éducation gratuite et l'accès égal à l'éducation pour les femmes et les hommes ont permis d’alphabétiser 90% des femmes. La prestation gratuite des soins de santé a permis de réduire les taux de mortalité infantile et d'augmenter l'espérance de vie des femmes qui s'établit aujourd'hui à 71 ans. Ces changements ont contribué à la promotion des femmes dans d'autres secteurs de la vie nationale. Les femmes occupent aujourd'hui des rôles dirigeants et assument de hautes responsabilités importantes dans la conduite des affaires des communautés. Le Sri Lanka est ainsi le premier pays à avoir eu pour Premier Ministre une femme, en 1960. En décembre dernier, Mme Chandrika Bandaranaike Kumaratunga a été réélue pour un deuxième mandat à la Présidence du pays.

Dans le cadre du suivi de la Conférence de Beijing, le Sri Lanka a adopté un Plan national d'action dans le cadre duquel on s'efforce d'identifier les domaines critiques et les mesures correctives à prendre. De nombreux problèmes continuent d'être préoccupants dont un grand nombre ne sont pas le fait de l'inadéquation de la législation nationale ou des institutions nationales, ni d'un manque de volonté politique, mais sont dus aux difficultés générales, économiques et sociales, qui affectent les pays en développement. Il s'agit notamment de l'inadéquation des ressources, de la persistance de la pauvreté, de l'accroissement des inégalités entre les riches et les pauvres, du terrorisme, de la dégradation des termes de l'échange, de l'accès limité aux marchés des pays développés, de la baisse des prix des matières premières, des conséquences négatives de la mondialisation et du fardeau de la dette.

Mme TAD ELECH H. MICHAEL.(Ethiopie) a déclaré que depuis la Conférence de Beijing, le Gouvernement éthiopien a formulé plusieurs politiques qui tiennent compte des impératifs de l’égalité entre les sexes. Les succès en la matière ont été obtenus grâce à la coopération entre le Gouvernement, les organisations gouvernementales et les ONG. La stratégie adoptée est fondée sur une reconnaissance de la capacité des femmes à participer au processus de prise de décisions et sur des campagnes de sensibilisation du public. Outre la mise sur pied de mécanismes institutionnels, des associations professionnelles ont vu le jour dont leurs activités consistant à se rendre dans les collectivités pour comptabiliser les besoins, monter des projets et assurer ensuite la mobilisation des ressources. Des associations ont, par exemple, créé des microbanques à l’intention des femmes. Ce type d’initiatives a d’ailleurs permis aux femmes de définir leurs priorités et de marquer leur préférence pour tel ou tel projet. Les organisations locales ont également été actives dans la formation des femmes. Elles sont à l’origine des stages de formation pour la gestion ou la création d’activités génératrices de revenus. Des stratégies pour l’éducation des filles ont aussi été développées en se fondant sur la discrimination positive, en particulier pour ce qui est des études techniques et supérieures. D’autre part, les lois discriminatoires ont été amendées.

Mme PAIMANEH HASTIE (République islamique d'Iran) a indiqué que le Parlement de son pays a approuvé l'introduction de la perspective sexospécifique dans le Troisième plan quinquennal, qui devrait entrer en vigueur au mois de mars. En vertu de ce plan, le Centre pour la participation des femmes doit, conformément aux principes de l'Islam et aux évolutions futures, identifier les besoins culturels et sociaux des femmes et élaborer des programmes appropriés visant à satisfaire leurs besoins, à créer des emplois, à rendre plus accessibles les questions légales et juridiques et à renforcer les ONG de femmes tant d'un point de vue qualitatif que quantitatif. Pour garantir la mise en œuvre de ce nouvel aspect du plan quinquennal des ressources financières spécifiques ont été prévues. Durant les 5 années écoulées depuis Beijing, le Gouvernement iranien a pris un certain nombre de mesures concrètes pour prévenir et éliminer la violence à l'égard des femmes. C'est ainsi qu'un Comité national et une politique d'action sur la question ont été établis et qu'une loi portant création d'une force de police spéciale de lutte contre la violence envers les femmes a été votée. Une campagne médiatique sur ce thème a également été lancée et les victimes disposent désormais de services d'assistance juridique gratuits.

Ces efforts se sont traduits par l'amélioration sensible de nombreux indices concernant les femmes. Le taux d'alphabétisation a par exemple augmenté de près de 70% et 96% des petites filles sont désormais scolarisées. En outre, le taux de mortalité maternelle a diminué de moitié et près de 100% des femmes en milieu urbain et 84% en milieu rural sont prises en charge par les services de santé. Ces progrès se retrouvent également dans le domaine de la vie publique, puisque aux élections de février 1999, plus de 1200 femmes ont été élues. Cette percée ouvre la voie d'une participation large des femmes à l'élaboration et à la mise en œuvre de plans de développement en Iran.

Mme LISE BERGH (Suède) a fait observer que la pleine mise en œuvre du Programme d’action de Beijing exige la mise sur pied de méthodes et d’outils efficaces tant il est vrai que l’intégration des femmes au processus de développement d’un pays donné exige préalablement l’énumération des besoins et l’analyse des politiques existantes. Dans ce contexte, il est important d’impliquer les hommes, en particulier dans la mise en œuvre de certains domaines critiques identifiés dans le Programme d’action. Par exemple, l’absence des femmes dans le processus de prise de décisions n’est pas due à un manque de ressources mais uniquement au manque de volonté politique, en l’occurrence celle des hommes puisque c’est eux qui dominent cette sphère. La question de la violence à l’égard des femmes exige l’implication des hommes, mais aussi la mise à disposition de données précises pour déterminer de quelle manière il convient d’améliorer la législation ou le système de protection des femmes existants. Ayant donné ces exemples, la représentante a dit attendre de la session extraordinaire de juin prochain, des discussions concrètes et ouvertes avec la participation des ONG sans lesquelles les résultats enregistrés n’auraient pas été possibles.

Mme SESILI GOGIBERIDZE, Vice-Ministre des affaires étrangères de Géorgie, a déclaré que les changements politiques, économiques et sociaux qui ont suivi l'ère soviétique avaient provoqué une transformation rapide du rôle des femmes dans la société. Les femmes ont été particulièrement affectées par ces changements. Elles sont aujourd'hui les plus touchées par le chômage. La situation économique difficile a poussé la population, et notamment les femmes, à migrer vers les villes. Ceci a eu pour conséquence une réduction du taux de natalité. Depuis 1991, la Géorgie est, en outre, confrontée au problème des personnes déplacées à l'intérieur du pays. En 1993, dans une opération de nettoyage ethnique en Abkhazie (Géorgie), la majorité de la population de la région a été expulsée, ce qui a exacerbé davantage encore la situation économique difficile. Selon les chiffres de 1998, la Géorgie compte plus de 320 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays. Les femmes en constituent la majorité. La plupart d'entre elles ont dû abandonner leur profession. L'Etat a pris des mesures pour aider ces personnes, malgré les difficultés. Celles-ci bénéficient d'une assistance et les allocations en vue de leur protection sont en augmentation constante.

La Georgie a adhéré à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et des institutions ont été créées pour assurer sa mise en œuvre au niveau national. La Constitution géorgienne et d'autres lois garantissent les droits des femmes et des enfants. La santé maternelle et infantile constitue une des priorités des hôpitaux. La Conférence de Beijing a inspiré les organisations féminines locales qui ont élargi leurs activités en faveur de la participation des femmes à tous les secteurs de la société. La recherche sur les problèmes sexospécifiques a été promue et des publications relatives aux questions féminines ont vu le jour. Un Plan d'action pour l'amélioration de la situation de la femme en Géorgie a été élaboré en collaboration avec le PNUD et est en cours de réalisation. La première phase de ce plan d'action a été menée à bien. Mais un appui est nécessaire pour assurer le développement durable des femmes. Les changements démocratiques dans le pays ont permis aux femmes de mieux défendre leurs droits. Elles doivent toutefois encore se voir donner les moyens de mieux promouvoir leurs propres buts, personnels et professionnels.

Mme LESABE (Zimbabwe) a affirmé que le Gouvernement de son pays est résolu à mettre pleinement en œuvre le Programme d’action de Beijing. Il a identifié quatre priorités parmi les douze domaines critiques identifiés à Beijing, à savoir la création des mécanismes institutionnels de promotion de la femme, la participation des femmes au processus de prise de décisions, l’éducation des femmes et leur place dans l’économie. Pour renforcer l’appareil national, le Gouvernement a créé, outre un Département pour la promotion de la femme, des points focaux dans les Ministères et les autres Départements. Dans ce contexte, une formation a été accordée aux fonctionnaires dans les domaines de la sexospécificité. En matière de participation au processus de prise de décisions, le Gouvernement a lancé un projet important mais il faut bien dire que malgré une augmentation de 3% des postes féminins, les femmes ne jouent toujours pas le rôle qui leur est dû dans les grandes instances de décision.

En ce qui concerne l’élimination de la pauvreté, les efforts du Gouvernement ont principalement consisté à lancer un programme d’aide aux communautés désavantagées qui met l’accent sur la création d’emplois et l’autosuffisance. Les institutions de crédit n’accordant habituellement pas de prêts aux femmes, ces dernières se sont mobilisées pour former des coopératives d’épargne et de crédit. Le Gouvernement travaille à la création d’une banque des femmes pour compléter les ressources nécessaires aux projets. Pour ce qui est de l’éducation à la sexospécifique, des efforts sont nécessaires pour changer les habitudes culturelles qui engendrent la discrimination à l’égard des femmes. Le Gouvernement a reconnu ce fait et intensifié les efforts en la matière, en mettant l’accent sur la socialisation de la fillette. Un projet est en cours d’élaboration pour garantir à la fillette un accès à l’éducation.

Mme ZOHRA BEN ROMDHANE (Tunisie) a déclaré que grâce à un environnement politique favorable, la politique de promotion féminine a connu en Tunisie durant les années 90 une importante impulsion, qui s'est traduite par une réelle dynamique au profit des femmes dans tous les domaines et à tous les niveaux. Au niveau de la législation, des réformes fondamentales introduites dans plusieurs codes législatifs ont sensiblement amélioré le statut de la femme. La Constitution a consacré en 1998 le principe de non-discrimination entre les sexes entant que principe fondamental devant régir toute organisation politique. Le code du statut personnel a abrogé le principe de soumission de l'épouse à son époux pour lui substituer le principe de respect mutuel et de partenariat dans la gestion des affaires de la famille. Le lien conjugal est devenu une circonstance aggravante pour la punition de la violence conjugale. La loi sur la communauté des biens permet à l'épouse d'accéder à la propriété. Au niveau des mécanismes institutionnels, la représentante a fait notamment état de la mise en place de mécanismes pour la protection des droits de la femme et de la fillette à travers l'institution d'un fonds de garantie de la pension alimentaire ainsi que de l'institution d'un réseau de délégués à l'enfance à travers tout le territoire, dont l'une des prérogatives est d'intervenir d'urgence en cas de violence contre l'enfant. Le Ministère de la femme et de la famille a vu son budget augmenter de 60% entre 1996 et 1999. Le Conseil National pour la femme et la famille s'est consolidé par la création de trois Commissions: La Commission de l'égalité des chances et de l'application des lois, la Commission de suivi de l'image de la femme dans les médias et la Commission de préparation des échéances nationales et internationales en rapport avec la femme et la famille. Dans ce contexte: un prix du Président de la république pour une image équilibrée de la femme dans les médias a été institué en 1999.

Au niveau de la planification stratégique pour le développement, le Plan d'action national de l'après-Bejing correspond en fait en Tunisie à la deuxième stratégie nationale "femme" menée dans le cadre du IX plan national de développement 1997-2001. L'approche "genre" a été institutionnalisée à travers la plupart des politiques sectorielles, ce qui s'est traduit par une amélioration sensible de tous les indicateurs notamment dans les domaines de la santé, de la formation professionnelle et surtout de l'éducation. Au niveau des programmes, le plan d'action national pour les femmes rurales qui a démarré en 1999 s'appuie sur des plans régionaux et la création de centres d'animation. D'autre par, l'adoption de mesures incitatives a permis de doubler le taux de présence des femmes dans la Chambre des députés qui est passé de 6 à 11,5% ainsi que dans les prochaines municipales où sur décision du chef de l'Etat, un quota de 20% au moins sera réservé aux femmes

La qualité de vie des femmes s'est améliorée, les femmes sont de plus en plus conscientes de leurs droits et assument de mieux en mieux leur citoyenneté. Néanmoins, des obstacles entravent encore cette avancée parmi lesquels l'existence d'un contingent résiduel de femmes analphabètes, la persistance de stéréotypes culturels, l'abandon scolaire des petites filles dans le milieu rural et surtout le manque de ressources.

Mme LILA SUBIRAN DE VIANA (Argentine) a estimé qu’on n'insiste pas toujours assez sur les mesures à prendre pour éliminer la pauvreté et l'exclusion et assurer un niveau d'éducation suffisant. La prise de conscience de la dimension sexospécifique a néanmoins permis d'enregistrer des résultats positifs. La représentante a dénoncé le fait que, sous prétexte de préserver la culture, on continue les pratiques qui maintiennent la femme en infériorité. Elle a estimé que l'un des grands défis est d'arriver à une intégration adéquate de la perspective sexospécifique dans toutes les activités de l'ONU, tout en mettant en place un mécanisme efficace d'évaluation. Dans cet esprit, un projet de résolution a été adopté lors de VIII Conférence régionale de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes qui s'est tenue à Lima le mois dernier. L'objectif de ce texte est de concentrer les informations relatives à tous les programmes et projets réalisés dans la région d'Amérique latine et des Caraïbes par les organismes et institutions des Nations Unies. En concentrant les informations en une base de données homogène, on facilitera leur diffusion et leur évaluation. Pour les gouvernements, il est nécessaire de bien surveiller la mise en place des politiques publiques par le biais d'évaluations concrètes de leur impact sur les hommes et les femmes. Il est nécessaire aussi d'élaborer des données ventilées par sexe. La représentante a invité les organisations internationales à aider les bureaux nationaux à recueillir des données précises.

Mme MULALE (Zambie) a fait part du Plan quinquennal pour la promotion de la femme mis sur pied par son pays et attiré l’attention de la Commission sur le plan stratégique actuellement en négociation. Elle a indiqué que les attitudes personnelles, les préjugés culturels et l’absence d’infrastructures ont été identifiées parmi les obstacles à la réalisation des différentes recommandations du Programme d’action de Beijing, en particulier en ce qui concerne la santé et l’éducation. Pour assurer la mise en œuvre du Programme, a dit la représentante, il convient d’examiner la question des ressources financières et celle des résistances à une réalisation complète de l’égalité entre les sexes.

Mme ELMIRA IBRAIMOVA (Kirghizistan) a déclaré que des mesures énergiques ont été prises dans son pays pour mettre en œuvre le Programme d'action de Beijing, ce qui a permis d'enregistrer certains succès. Une stratégie d'action nationale pour l'amélioration de la situation des femmes a été lancée. Elle vise notamment le développement de la capacité institutionnelle en vue de l'amélioration de la situation des femmes, le renforcement des lois protégeant les droits des femmes, l'éducation des femmes, la santé et la réduction des taux de mortalité maternelle et infantile, la réduction de la pauvreté féminine, la participation des femmes aux processus décisionnels, des programmes spéciaux pour les filles, l'élimination de toutes les formes de violence dont les femmes font l'objet, la question des femmes et des médias, les femmes et l'environnement et la situation des femmes rurales.

Un Programme national en faveur des femmes, 1996-2000, a été mis en œuvre. Les efforts déployés pour renforcer la participation des femmes au processus de décision se sont notamment traduits par les résultats électoraux du Parti démocratique des femmes du Kirghizistan qui a gagné la troisième place dans les élections de février de cette année. La représentante a encore mentionné l'existence de plus de 100 organisations féminines dans le pays. Les taux de mortalité infantile et maternelle ont baissé, même s'ils restent très élevés.

Toutefois des obstacles demeurent sur la voie de l'amélioration de la situation des femmes dont les difficultés économiques, le trafic de drogues, le trafic des femmes, la violence contre les femmes, la pauvreté. Le Gouvernement du Kirghizistan s'efforce de relever ces défis avec l’assistance des organisations internationales.

M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a observé qu’à l’heure où le Bangladesh entre dans la troisième année d’application du Plan national d’action adopté après la Conférence de Beijing, les femmes de son pays ont grandement bénéficié des succès des initiatives de microcrédit. L’attention particulière dévolue aux petites filles s’est traduite par une hausse de leur scolarisation et de meilleurs programmes de vaccinations. En outre, les femmes sont mieux représentées dans les institutions locales et gouvernementales. Il a précisé que ces progrès ont été possibles grâce à l’implication des femmes elles-mêmes dans l’application du Plan national d’action et à l’établissement de partenariats et de réseaux au niveau des communautés rurales.

M. Chowdhury a toutefois observé qu’il reste encore beaucoup à faire pour améliorer la situation des femmes rurales et des filles, pour enrayer la violence à l’encontre des femmes, notamment en agissant sur les stéréotypes, et accroître leur représentation et leur participation aux processus de décision. Il importe aussi d’examiner avec attention la situation des femmes dans les conflits armés. A cet égard, il est encourageant que le viol ait été déclaré crime de guerre dans ce contexte, même si ce n’est qu’un timide progrès. Les femmes, a-t-il poursuivi, participent activement à la construction de la paix et sont souvent des agents de la réconciliation. En conclusion, M. Chowdhury a soulevé la question des ressources nécessaires à la réalisation des engagements pris et a espéré que la Commission et la session extraordinaire de l’Assemblée générale examineraient cette question en détail.

Mme BRUCE MARIAMA ARIBOT, Ministre des affaires sociales, de la promotion féminine et de l'enfance de la Guinée, a expliqué que le programme cadre Genre et Développement (P.C.G.E.D) élaboré avec l'assistance du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et adopté en 1998 s'inscrit comme un volet important du Programme national de développement humain durable de la stratégie de développement socio-économique appelée "Guinée vision 2010". Pour sa mise en œuvre, outre l'implication de tous les Ministères sectoriels techniques, il fait une large place à l'action de la société civile, des ONG et des Groupements associatifs féminins. De nombreuses initiatives pour l'éradication de la pauvreté, de l'analphabétisme et de l'amélioration de la santé ont amélioré la condition des femmes de Guinée. L'action en faveur de la protection et de la promotion de la petite fille - femme du troisième millénaire, a enregistré une autre grande victoire avec le dépôt du couteau de l'excision par les excisseuses professionnelles d'une région qui était réputée pour cette pratique.

La Guinée a déjà révisé son plan d'action en cours et l'a harmonisé avec celui adopté lors de la 6e Conférence régionale africaine sur les femmes à Addis- Abeba pour la période 2000-2004. Mais le pays reste particulièrement confronté aux conséquences de l'instabilité dans la sous-région ouest-africaine. L'implication de la Guinée dans la résolution des conflits sévissant dans les pays voisins a négativement pesé sur les programmes auxquels le budget national devrait être consacré, notamment ceux en faveur des femmes et des enfants. La présence massive des réfugiés, 700 000 environ, soit 1/10 de la population guinéenne, depuis plus de 10 ans sur une bonne partie du territoire national, a de multiples conséquences négatives au plan social et sur l'environnement, source de revenu pour les femmes rurales, sur la sécurité et d'autres secteurs. Conscientes de tout cela, les femmes de Guinée se mobilisent pour faire entendre leurs voix. Du 24 au 26 janvier 2000, le Réseau des femmes africaines, Ministres et Parlementaires de Guinée, a organisé une Conférence sous-régionale à Conakry dans le cadre de la prévention et de la résolution des conflits. Mme Aribot a réitéré l'appel de son gouvernement à la communauté internationale pour une plus grande assistance et une solidarité active à son pays afin de lui permettre de poursuivre la mise en œuvre effective de son programme de développement socio-économique en général, et de promotion de la femme guinéenne en particulier.

Mme LINDA TARR-WHELAN (Etats-Unis) a souhaité que l’examen quinquennal du Programme d’action de Beijing soit l’occasion de réaffirmer l’engagement de tous à mettre en œuvre les recommandations présentées lors de la Conférence et d’adopter une approche holistique pour résoudre toutes les questions sexospécifiques. Il faut aller plus loin et, dans ce contexte, intensifier la coopération entre tous les acteurs concernés, en particulier les ONG dont la présence à la session extraordinaire de juin est essentielle. A cet égard, il faut espérer que le document final de la session sera concis et comprendra des recommandations précises et concrètes. Le document doit, en particulier, apporter des solutions aux questions non résolues depuis la Conférence de Beijing à savoir le pouvoir économique des femmes, question dont l’examen exige d’abord des statistiques ventilées par sexe. Et en fait, l’habilitation des femmes est un élément clé du développement économique. Une autre question non résolue est celle du problème de la violence à l’égard des femmes qui est l’un des signes les plus visibles des inégalités. Le trafic des personnes, en particulier des femmes et des enfants, est une autre question non résolue. Il s’agit d’une question globale. Les Etats- Unis ont adopté une stratégie de lutte contre ce trafic qui comprend trois volets : prévention, protection et assistance aux victimes, punition des trafiquants. En outre, les solutions à cette question doivent être trouvées par une collaboration entre les pays d’origine et les pays de destination. Les autres questions concernent les femmes dans les conflits armés et la situation des femmes et des filles en Afghanistan. Les Etats-Unis comptent d'ailleurs présenter, une nouvelle fois, une résolution sur cette question.

Mme TRAN MAI HUONG (Viet Nam) a déclaré que son Gouvernement a fait participer tous les secteurs de la société à la préparation du Plan d'action national adopté en octobre 1997, lequel se fonde sur les engagements pris dans le cadre du Programme d'action de Beijing. Onze objectifs concrets ont été fixés portant sur des domaines prioritaires de préoccupation. La mise en œuvre du Plan d'action repose notamment sur des mesures dans les domaines de l'emploi, où l'on s'efforce de créer des revenus pour les femmes, de l'éducation, de l'égalité entre les sexes, de l'amélioration de la situation des femmes et de l'augmentation de leur participation aux processus de prise de décisions. Le Comité national pour la promotion de la femme suit la mise en œuvre du Plan d'action par le biais des agences créées dans les diverses provinces. Cette mise en œuvre se fait toutefois sur fond de difficultés économiques. Le Viet Nam a fait de grands efforts dans les onze secteurs de préoccupation, ce qui a permis d'améliorer la situation des femmes, en particulier dans les zones rurales. Les organisations féminines jouent un rôle vital dans ce contexte, a souligné la représentante. Beaucoup reste à faire pour réaliser les objectifs fixés et il existe des contraintes qui font obstacle aux progrès. Des efforts plus importants sont notamment nécessaires dans le domaine de l'éducation. La représentante a souhaité échanger des informations sur les meilleures expériences avec d'autres pays.

M. MOHAMMED AL-HUMAIMIDI (Iraq) a affirmé que son pays accorde une attention particulière à la femme compte tenu de son rôle dans la société. Des mesures législatives ont donc été adoptées pour assurer la pleine égalité entre les hommes et les femmes. Pour l’Iraq, il est tout à fait naturel que la mise en œuvre des recommandations de Beijing s’appuie sur une coopération accrue entre les membres de la communauté internationale et les gouvernements pour faciliter la mise en application des stratégies nationales dans les pays en développement. A cet égard, il convient de rappeler que l’Iraq souffre d’un embargo injuste qui a été imposé, il a plus de 9 ans et qui n’a pas manqué d’affecter la promotion de la femme iraquienne. De même, les conditions économiques difficiles ont conduit un certain de femmes à abandonner leur travail pour se consacrer aux besoins de leur famille. L’embargo a, en outre, en un impact négatif sur les secteurs de la santé en raison de la pénurie de médicaments, de la malnutrition, et de la détérioration des infrastructures. D’après le dernier rapport de l’UNICEF, le taux de décès d’enfants de moins de cinq ans est aujourd’hui de 131 sur 1000 naissances. Dans ces conditions, la levée pure et simple des sanctions constitue une étape essentielle à l’amélioration de la condition de la femme en Iraq.

M. CHOE MYONG NAM (République populaire démocratique de Corée) est intervenu sur le thème de la violence contre les femmes qui, selon lui, demeure un obstacle majeur à la réalisation de l’égalité entre les sexes et des objectifs de Beijing. A cet égard, il a estimé qu’afin d’éradiquer la violence à l’encontre des femmes, il importe d’en comprendre les racines et d’adopter ou de renforcer les mesures judiciaires et législatives pour les en protéger. En outre, il a insisté sur la nécessité de juger et de punir les crimes du passé qui sont souvent à l’origine des abus d’aujourd’hui. Il a cité en exemple l’utilisation de nombreuses femmes asiatiques, y compris 200 000 Coréennes, pour le confort sexuel des troupes japonaises pendant la guerre, un crime qui n’a jamais été jugé et dont les survivantes sont aujourd’hui malades ou mourantes. Il est nécessaire que le Japon présente de sincères excuses et des compensations, afin de dépasser ce passé honteux, a-t-il ajouté.

Mme MARION THIELENHAUS (Allemagne) a plaidé en faveur d'une approche holistique pour transformer les engagements pris à Beijing en actions. La contribution de la société civile est cruciale à cet égard. C'est pourquoi, l'Allemagne est en faveur d'une large participation des ONG à la session extraordinaire. Le Gouvernement actuel de l'Allemagne a renforcé ses efforts en vue de garantir que les compétences des femmes sont mieux utilisées dans tous les secteurs de la société. L'an dernier un programme intitulé "les femmes et le travail" a été lancé en vue de donner un nouvel élan à l'égalité des sexes dans le monde du travail et promouvoir la participation égale des femmes dans la société. Le Protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes constitue une mesure clé sur la voie d'une meilleure protection des droits de la femme. L'Allemagne entamera le processus de ratification du Protocole facultatif dans le courant de cette année.

Le Gouvernement allemand a récemment mis au point un ensemble de mesures visant à combattre la violence contre les femmes. L'accent est mis notamment sur la prévention, la législation, la coopération entre institutions, les réseaux de services d'assistance, l'éducation des délinquants, la sensibilisation du public et la coopération internationale. Les cinq ans qui se sont écoulés depuis Beijing ont été trop brefs pour mettre en œuvre tous les engagements pris à Beijing. C'est pourquoi, la session extraordinaire de juin ne marque pas la fin du travail de la Commission. Au contraire, elle doit donner un nouvel élan aux efforts encore nécessaires pour mettre en œuvre pleinement le Programme d'action. Un bon nombre d'année devront encore être consacrée à l'élaboration de nouvelles mesures. La Commission est le forum adéquat pour en discuter et pour travailler ensemble à la réalisation de l'objectif commun de l'égalité entre les hommes et les femmes dans tous les domaines, a conclu la représentante.

M. JALIL ABBAS (Pakistan) a estimé que la session actuelle de la Commission de la condition de la femme fournit l’occasion d’évaluer l’engagement des pays en faveur des recommandations des quatre conférences sur les femmes. Il s’est déclaré heureux de constater que de manière globale, les gouvernements prennent davantage conscience de l’importance de la dimension sexospécifique dans leurs politiques, reconnaissant ainsi l’importance de la femme pour le développement durable. Depuis Beijing, des éléments économiques négatifs sont venus compliquer les efforts des gouvernements en matière de promotion de la femme. De plus, dans de nombreuses parties du monde, les conflits armés ont entravé encore davantage les progrès.

La défense des droits des femmes, a souligné le représentant, n’est pas seulement un impératif moral mais une nécessité économique. C’est la raison pour laquelle, le Pakistan a consolidé toutes les mesures prises depuis son indépendance en y intégrant la perspective sexospécifique. Depuis Beijing, le pays a accédé à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, et a publié un rapport sur la condition de la femme qui énumère les domaines où les réformes juridiques et administratives s’imposent. Le Gouvernement a, en outre, mis au point des politiques nationales pour développer dans la population des compétences en matière de sexospécificité et pour aider les ONG à collaborer entre elles. On s’efforce aussi de faire changer les attitudes traditionnelles pour lutter contre la violence qui affecte les femmes et augmenter leur contribution à la production nationale. Dans ce contexte, le Pakistan prévoit la création d’une Commission permanente sur la condition de la femme et d’un Bureau chargé exclusivement des questions d’égalité entre les sexes. Il s’agit en fait pour le Pakistan d’assurer l’avènement d’une société musulmane progressiste, a conclu le représentant.

Mme FRANCOISE GASPARD (France) a rappelé que les femmes ne constituent pas une minorité. Elles sont présentes dans toutes les catégories sociales, religieuses, ethniques et, dans toutes, discriminée (en droit ou en fait) en raison de leur sexe. Le fait de naître "femme" induit, toujours et partout, un possible handicap.

L'universalisme français regarde la personne comme n'appartenant à d'autres entités ou communautés que la nation, a expliqué la représentante. Les femmes sont donc censées ne pas (ou ne plus) exister en tant que femmes: ne sont-elles pas des hommes comme les autres dans la mesure où l'égalité formelle est acquise, inscrite dans les Constitutions et dans la loi? Une étape importante vient pourtant d'être franchie. Le Parlement a, en juin 1999, révisé la Constitution afin de permettre le vote de lois prévoyant l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats et fonction. Le Parlement débat aujourd'hui même d'un projet de loi qui fera, par exemple, qu'au terme des prochaines élections, la parité sera une réalité dans les conseils municipaux et régionaux et dans la représentation française au Parlement européen. La loi prévoit également que la fraction du Sénat élue au scrutin proportionnel sera paritaire et que les partis politiques qui ne présenteront pas autant de femmes que d'hommes aux élections législatives verront leur financement public amputé. La parité dans la décision est un moyen et non une fin. Elle constitue une exigence démocratique mais ne produira pas, à elle seule, de l'égalité. Le débat auquel la parité a donné lieu aura cependant permis démontrer les inégalités et de révéler à quel point les vieux stéréotypes sexistes demeurent présents.

Pour accélérer la marche vers l'égalité, le Gouvernement a adopté, en juin 1999, une plate-forme en faveur de l'égalité. Encore convient-il que les intentions affichées deviennent réalité. L'intégration dans toutes les politiques de la question du genre nécessite une volonté, au plus haut niveau, une action soutenue dans la durée et une évaluation régulière. La représentante a relevé notamment, au centre des préoccupations du gouvernement français l'égalité professionnelle, l'accès des femmes aux droits fondamentaux comme la contraception et l'interruption volontaire de grossesse (IVG) ainsi que la lutte contre les violences, des mesures destinées à faciliter la gestion des temps de vie. Elle a indiqué que la solidarité internationale est également un axe majeur de la politique gouvernementale. Ainsi, depuis un an existe au sein du Ministère des affaires étrangères un service chargé des politiques du genre. Une attention particulière est portée au renforcement et au soutien de la participation des femmes francophones dans les débats internationaux. Il convient également de souligner le rôle joué par la France lors de l'élaboration du Statut de la Cour pénale internationale pour des mesures de protection accrues des victimes et notamment des femmes victimes de violences sexuelles. La France est entrain de ratifier cette Convention portant statut de la Cour pénale internationale. Elle a par ailleurs signée, le 10 décembre dernier, le protocole additionnel facultatif à la Convention CEDAW dont la procédure de ratification est engagée.

M. VOLODYMYR KROKHMAL (Ukraine) a insisté sur la nécessité d'un ordre du jour qui soit davantage orienté vers l'action. Le plein potentiel du Programme d'action de Beijing ne sera réalisé que s'il constitue une base d'action pour tous. Le représentant s'est félicité du rôle essentiel joué par la Commission de la condition de la femme dans le suivi de la Conférence de Beijing, et a insisté sur l’importance de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et de son Protocole facultatif. En Ukraine, a-t-il déclaré, la protection des droits des femmes fait partie intégrante de la politique des droits de l'homme. Un Plan national d'action pour la période 1997- 2000 a été mis en œuvre en vue de l'amélioration de la situation des femmes et du renforcement de leur rôle dans la société. La législation ukrainienne consacre l'égalité des droits pour les hommes et les femmes dans les domaines d'activités publiques, politiques et culturelles, dans l'éducation et la formation professionnelle, dans l'emploi et la promotion. Ces droits sont garantis par des mesures spéciales qui protègent le travail et la santé, assurent des allocations de pension, renforcent le travail à temps partiel, fournissent différentes sortes d'appui à la maternité et aux enfants.

Le Gouvernement ukrainien estime que le trafic des femmes et des filles à des fins d'exploitation sexuelle et de prostitution constitue un danger pour la communauté internationale dans son ensemble, a poursuivi le représentant. L'expérience passée en Ukraine souligne à quel point une campagne contre ce type de trafic peut avoir un impact positif. Ce fléau ne se limite pas à un seul pays et la coopération internationale est indispensable pour l'éliminer. Le représentant a souligné qu'en raison des obstacles, essentiellement de nature économique, qui freinent l'amélioration plus avant de la condition de la femme, de nouvelles approches novatrices étaient nécessaires. Le progrès ne peut être obtenu de façon isolée. Il faut œuvrer avec les organisations de femmes et les organisations qui œuvrent en faveur de l'égalité entre les sexes. Dans les pays en transition, il est en outre nécessaire de renforcer la coopération internationale et l'appui aux efforts nationaux, a conclu le représentant.

Mme AMELOU BENITEZ REYES (Philippines) a fait observer que le sexe et la pauvreté sont deux facettes d’une même pièce. Les programmes de lutte contre la pauvreté ne peuvent donc réussir sans une lutte contre la féminisation de la pauvreté et sans la participation des femmes elles-mêmes. Conscient de ce fait, les Philippines ont adopté sens un Plan de 30 ans dont la mise en œuvre relève de la responsabilité du Gouvernement mais aussi de la mobilisation des ressources. Parlant des programmes spécifiques, la représentante a fait état des mesures prises pour protéger les travailleuses migrantes et pour intégrer les femmes dans les efforts de coopération économique au niveau régional. A cet égard, la représentante a indiqué que son pays a débloqué des prêts de 4 milliards en monnaie locale pour encourager les femmes à se lancer dans les affaires.

La représentante a suggéré aux institutions financières et aux pays donateurs de consacrer une partie de leurs fonds aux programmes de promotion de la femme. Pour leur part, les Nations Unies devraient lancer des programmes d’aide multilatérale sur les douze domaines critiques identifiés à Beijing. Les Phillipines, a dit la représentante, entendent proposer un Plan d’action sous la forme d’une résolution, convaincue que l’action de Beijing peut être renforcée par des efforts accrus pour donner plus de pouvoir aux femmes. La représentante a également appelé à la mise en place de mécanismes pour intensifier la coopération sud-sud. Après avoir lancé un appel pour une intensification de la coopération dans la lutte contre l’exploitation sexuelle dans le contexte de la mondialisation, la représentante a annoncé l’initiative de son pays d’accueillir avec les Etats-Unis, à la fin du mois de mars, une réunion régionale ayant pour titre « Initiative régionale contre le trafic des femmes et des enfants ».

M. ANGELIQUE NGOMA, Ministre de la famille et de la promotion de la femme, Gabon, a indiqué que suite au “Rapport général du séminaire sur le suivi de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes”, le Ministère chargé de la promotion de la femme dans son pays, appuyé par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l’Organisation internationale du Travail (OIT), a pris l’initiative de traduire ses orientations en un plan d’actions concrètes. Après adoption par le Conseil des Ministres du gouvernement gabonais, celui-ci a été traduit en un programme dénommé “Autonomisation et promotion sociale et économique de la femme gabonaise”. Initié par le PNUD, son premier bailleur de fonds, et exécuté par le Ministère de la famille et de la promotion de la femme, le programme propose la création d’un environnement et de cadres juridiques, économiques, institutionnels et sociaux, ainsi que de doter les populations féminines en terme de savoir et de savoir-faire ainsi que d’appuis financiers pour lever les principaux obstacles à la promotion de la femme gabonaise. La Ministre a précisé que le programme a reçu la promesse d’appui technique de l’Organisation internationale du Travail (OIT), du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de la Banque africaine de développement. Toutefois, la mise en œuvre du reste du programme connaît d’énormes difficultés, faute de moyens financiers conséquents, a-t-elle déploré.

Mme Ngoma a également expliqué que le programme a permis de créer une ONG chargée de la gestion de l’Observatoire des droits de la femme et de la parité, de mener une enquête visant à mesurer les différences de traitement entre les hommes et les femmes dans tous les secteurs de l’administration et de l’économie publique et privée, et d’organiser deux séminaires de formation pour les cadres du Ministère de la famille et de la promotion de la femme.

Mme HAG AHMED (Soudan) a réaffirmé l'engagement de son pays à mettre en œuvre le Programme d'action en faveur de la promotion de la femme. Le Soudan a établi une commission nationale de haut niveau chargée d'en suivre la mise en œuvre. Les autorités compétentes, les organisations volontaires et plusieurs experts nationaux ont travaillé à la préparation du Plan d'action national pour la promotion de la femme qui a été approuvé par le Gouvernement. Le Président soudanais a déclaré, dans ce cadre, qu'il était nécessaire d'encourager les femmes à participer davantage au développement de la société. Le Soudan a tenu compte, dans ce contexte, des domaines critiques définis à Beijing. Les libertés des femmes ont été renforcées au Soudan et leur rôle dans la vie publique et au sein de la famille est garanti par les lois. Un accent particulier a notamment été mis sur la situation des femmes pauvres, des veuves, des femmes réfugiées et des femmes rurales. Les efforts se poursuivent en vue de réduire les taux d'analphabétisme. Les organisations de femmes soudanaises sont très actives. La politique du Gouvernement soudanais tient compte du fait que les victimes des guerres sont en premier lieu des femmes et des enfants qui ont besoin d'une aide d'urgence. Les femmes sont aujourd'hui plus présentes dans les Conseils nationaux du Soudan. Une femme a d'ailleurs été nommée récemment à la Présidence de l'un des Conseils. Davantage d'efforts doivent cependant être déployés et une plus grande coopération de la part du système des Nations Unies est souhaitable pour appuyer les initiatives nationales, a conclu la représentante.

M. ASITH BHATTACHARJEE (Inde) s’est déclaré préoccupé par les répercussions en cascades de la mondialisation sur les pays en développement et particulièrement sur les femmes et les filles qui sont les premières à souffrir de la marginalisation et de la féminisation de la pauvreté. A moins que l’on adopte des politiques spécifiques en faveur des femmes, la compétition croissante pour l’accès aux ressources et à l’emploi risque d’exclure les femmes qui sont déjà en situation marginale, a-t-il observé. A cet égard, il a exhorté la Commission du développement social à examiner ces questions dans le cadre de son débat sur « l’accroissement de la protection sociale et la réduction de la vulnérabilité dans le contexte de la mondialisation », lors de sa 39ème session, l’année prochaine. Parmi les défis silencieux qui assaillent le monde en développement et qu’il convient de prendre en considération, il a également attiré l’attention sur le vieillissement de la population, notamment l’accroissement du nombre de veuves en précisant que dans son pays 63 pour-cent des femmes de plus de 60 ans et 80 pour-cent des femmes de plus 70 ans étaient veuves. De surcroît, a-t-il poursuivi, la mondialisation et la monétisation de l’économie provoquent des arrivées massives de femmes sur le marché du travail. C’est pourquoi, il faut se préoccuper de développer l’esprit d’entreprise chez les femmes et s’inquiéter de leur formation.

Abordant la question des services sociaux, M. Bhattacharjee a indiqué qu’il ne lui semblait pas que la privatisation de ces services permettrait d’assurer une meilleure couverture. En effet, le secteur privé est motivé par le profit, ce qui risque, au contraire, d’exacerber la marginalisation

des femmes. Ensuite, M. Bhattacharjee a rappelé les conclusions du Prix Nobel, le Professeur Armartya Sen, selon lesquelles l’inégalité entre les sexes accroît la pauvreté, alors qu’une plus grande participation des femmes favorise le développement. Il a mis en garde contre le fait que l’inégalité entre les sexes ne s’estompe pas automatiquement avec le progrès économique et qu’il faut donc prendre des mesures concrètes pour y remédier. En conclusion, il a mis l’accent sur les difficultés grandissantes qui se posent dans la gestion des ressources pour le développement social.

Mme REINA ARRATIA (Venezuela) a indiqué qu'en décembre dernier son pays a, par la voie d'un référendum consultatif, approuvé une nouvelle Constitution, qui est sans doute la plus avancée au monde en matière de sexospécificité. Ce texte consacre non seulement un nouvel ordre juridique mais aussi le principe de l'égalité entre les hommes et les femmes. Il prévoit aussi les mécanismes garantissant la jouissance des droits des femmes et élimine toutes les expressions sexistes employées dans ses dispositions. Une réforme de la loi sur le suffrage et la participation politique a été parallèlement introduite. Elle pose que 30% des candidats sur les listes électorales doivent être des femmes. Le Venezuela a aussi voté une loi sur la violence contre les femmes et sur la violence familiale, qui, ne se limitant pas à punir toutes les formes de violence, prévoit des programmes de rééducation pour les agresseurs ainsi que des programmes de prévention. En outre, en avril prochain, la loi sur la protection de l'enfance et de l'adolescence, qui répond aux exigences des conférences du Caire et de Beijing, devrait entrée en vigueur.

Des progrès substantifs ont aussi été réalisés dans le domaine de l'éducation, a poursuivi Mme Arratia. C'est ainsi que les stéréotypes et le contenu sexiste des programmes et des livres scolaires ont été éliminés grâce au Programme éducatif pour l'égalité. De plus, un décret du Ministère de l'éducation garantit aux adolescentes qui se retrouvent enceintes la possibilité de poursuivre leurs études.

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